Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Bonjour Frédéric Buzyn, vous êtes chef d'entreprise et vous avez créé une entreprise qui s'appelle Corom
00:08et c'est toute une aventure votre carrière parce que d'abord vous êtes passé par les entreprises prestigieuses
00:16qui forment bien, vous êtes passé par Mazars, vous êtes passé par Deloitte bien sûr
00:22et puis dans ces cas-là on pense qu'on est un peu sur une trajectoire mais brutalement ça a changé ?
00:28Non ça n'a pas tant changé, j'ai toujours eu une fibre d'entrepreneur et j'ai toujours aimé ce qu'on appelle aujourd'hui l'économie réelle
00:36c'est-à-dire comment avec des vrais travailleurs et des vrais gens qui investissent on crée de la vraie valeur.
00:41Et l'économie réelle c'est effectivement ce qui nous manque le plus en ce moment, la compréhension de l'économie réelle, c'est surtout ça qui est important.
00:47Donc vous avez créé votre société qui s'appelle Corom et qui est spécialisée dans les produits d'investissement immobilier
00:54en l'occurrence des SCR, assurance vie, des plans d'épargne retraite.
00:58Alors tout ça veut dire beaucoup de choses pour moi et rien du tout.
01:01Donc quelle est votre spécificité ?
01:03Alors d'abord on ne fait pas que des produits immobiliers, on fait aussi des produits obligataires.
01:06Donc dans un cas soit on achète des immeubles qu'on loue à des entreprises, soit on prête directement de l'argent à des entreprises.
01:12Donc votre métier c'est quoi ?
01:14Mon métier c'est de gérer l'argent que me confient des épargnants.
01:20Donc ils sont un peu plus de 120 000 aujourd'hui et on gère près de 8 milliards d'épargne des français.
01:25Et vous vous adaptez, parce que c'est énorme, mais vous avez quand même choisi des créneaux particuliers.
01:31Comment vous investissez cet argent ?
01:33Alors on essaye de faire quelque chose qui va vous paraître peut-être logique,
01:37mais on essaie d'aligner d'abord nos intérêts avec ceux de nos clients.
01:40C'est-à-dire que nous on est un prestataire de service, on rend une prestation de service à nos clients
01:44qui consiste à investir leur argent, faire en sorte que leur capital soit autant que possible protégé
01:50et ensuite qu'ils leur ramènent de l'argent, soit sous forme de dividendes, mensuellement on leur paye un dividende,
01:55soit sous forme de création de valeur en revendant soit un immeuble, soit une obligation et en faisant un profit dessus.
02:02Est-ce qu'il y a une sécurité ? Parce qu'il y a une vraie sécurité à investir chez vous ?
02:06Non il n'y a pas plus de sécurité qu'ailleurs.
02:09Pas plus qu'à la banque, pas plus que chez un trader ?
02:11Je ne peux pas avoir cette prétention Sophie, ça serait complètement décalé.
02:14Par contre, en effet, on essaye de faire en sorte que les faits parlent pour nous, que les résultats parlent pour nous
02:18et depuis 12 ans on n'a pas réussi à...
02:20Mais quand même vous avez de l'assurance vie aussi.
02:21Alors on est une compagnie d'assurance vie.
02:23Vous avez une compagnie d'assurance vie, donc en principe l'assurance vie on est tranquille.
02:26Oui mais alors ça c'est un peu comme l'immobilier, vous savez on vous dit immobilier valeur refuge ?
02:30Non l'immobilier ce n'est pas une valeur refuge, c'est une valeur tangible.
02:33L'assurance vie c'est quoi ? En fait c'est un cadre dans lequel vous avez la certitude de récupérer votre argent,
02:39c'est ce qu'on appelle la liquidité, très rapidement.
02:41Et puis vous avez aussi un gain fiscal au bout d'un certain nombre d'années.
02:45Mais derrière tout ça il y a une réalité, c'est dans quoi on investit à travers son assurance vie ?
02:50Où est-ce qu'on investit son épargne ?
02:52Qui crée la valeur en fait pour son épargne ?
02:55Et c'est ça la vraie question.
02:56Et la valeur c'est toujours quelque part une vraie entreprise avec des vrais gens qui travaillent
03:00et des vrais gens qui ont investi leur argent.
03:02C'est très juste.
03:03Est-ce que vous êtes un peu inquiet en ce moment ?
03:05Parce qu'on a quand même un bouleversement du monde qui est fou avec l'élection de Trump aux Etats-Unis
03:11qui rassure plutôt a priori les milieux financiers.
03:14Mais avec des guerres, avec un gouvernement en France qui rend les chefs d'entreprise dingues, il faut le dire.
03:20Sans savoir ce qui se passe, tout bouge.
03:24Qu'est-ce que vous faites dans ces cas-là ?
03:26Quand tout bouge, il y a plutôt des opportunités à saisir que dans un monde où tout est stable.
03:32C'est-à-dire que c'est beaucoup plus facile de faire la différence en allant chercher des opportunités et se décaler.
03:36Pour chercher des opportunités quand tout bouge et se casse la figure, on fait comment ?
03:40Vous m'avez posé la question de savoir ce qui pouvait m'inquiéter.
03:43La chose qui m'inquiète c'est qu'on a une guerre à 1800 kilomètres de Paris.
03:46L'élection d'un président américain c'est quelque chose d'un peu plus éloigné pour moi français et européen.
03:51Le vrai sujet c'est qu'est-ce que je fais aujourd'hui quand j'ai de l'argent que je vais épargner ?
03:55Par exemple parce que je suis inquiet, on n'a pas eu de gouvernement pendant quelques mois en France.
03:59Pour l'instant le budget des détats n'est pas financé.
04:02Qu'est-ce que je fais pour peut-être anticiper des hausses d'impôts ?
04:04Où est-ce que je vais mettre mon argent pour essayer de créer de la valeur ?
04:07Avoir un peu plus au moment où j'aurai retiré cet argent que j'en ai aujourd'hui ?
04:10C'est la question que je me pose à mes clients.
04:12Quand il y a une guerre, la bourgeoise que je suis me dit qu'il faut peut-être de l'or.
04:17Oui et moi ce que je propose à mes clients aujourd'hui c'est d'investir aux Etats-Unis.
04:22Vous n'investissez plus en Europe a priori ?
04:24Si, on a beaucoup investi en Europe. On a peu investi en France depuis 12 ans.
04:28On vient de réinvestir quand le marché immobilier a baissé parce que nous on aime bien les crises.
04:32C'est là qu'on fait les bonnes affaires en espérant que rapidement la crise sera derrière nous
04:37et ce qui nous permettra peut-être de revendre plus cher.
04:39De quoi avez-vous peur en France aujourd'hui ?
04:41J'ai peur d'une chose en France, c'est qu'on oublie qu'un pays c'est avant tout une cohésion.
04:51Derrière le mot pays il y a juste le mot nation qui est une notion politique
04:55et pas une notion politique au sens positif du terme, au sens éthique du terme.
05:00C'est un peu comme une équipe, une nation. Un pays c'est comme une équipe.
05:04Donc il faut d'abord qu'on serve les intérêts collectifs avant de servir les intérêts individuels
05:08et ma crainte c'est qu'on est un pays dans lequel pour servir des intérêts individuels
05:14qui s'additionnent les uns aux autres, on en vient à desservir l'intérêt collectif.
05:18Mais en gros, en filigrane, vous êtes en train de me dire qu'on a peur de l'argent d'abord.
05:23Alors on a peur de l'argent, c'est une chose, c'est culturel.
05:26Oui, on ne l'a pas toujours été.
05:29C'est un peu culturel.
05:31Mais surtout il faut prendre en considération tous les intérêts,
05:37tout aussi le sujet de la solidarité qui n'est pas vraiment,
05:40mais au bout d'un moment la solidarité elle est limite,
05:42c'est comment est-ce que je la finance et qu'il faut trouver des moyens de financement
05:46mais que les moyens de financement ne doivent pas devenir à un certain stade
05:49une forme de spoliation pour ceux qui ont créé de la valeur.
05:52Donc tout ça c'est un équilibre et les fins électoralistes
05:55ne doivent pas conduire, de mon point de vue, l'intérêt collectif d'un Etat.
06:00Et dernière question, vous avez toujours pris des risques, ça me paraît évident pour réussir.
06:04Quels sont les risques aujourd'hui que vous ne prendriez pas ?
06:08Je crois que je n'ai pas pris de risques.
06:10J'ai su peut-être voir des opportunités là où certains voyaient plutôt des risques.
06:14Par exemple, on a investi énormément en Angleterre après le Brexit,
06:18parce qu'on considérait que le Brexit était plutôt une opportunité
06:21avec un livre qui avait peut-être perdu 20%.
06:24Et vous avez eu raison ?
06:25Je crois que j'ai eu raison, parce que le livre a beaucoup remonté
06:28et que le Brexit finalement ça n'a pas mis fin à la vie de tous les Anglais
06:33et l'Angleterre est toujours là.
06:34Et bien c'est le mot de la fin, c'est l'espoir finalement.
06:37Merci infiniment et on va vous suivre attentivement.
06:40Merci Sophie.