Avec Professeur Raphaël Pitti, médecin humanitaire et président de l’association HuSoMe (Humanité, Solidarité, Médecine) créée en 2018
On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.
---
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
---
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2025-01-25##
On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.
---
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
---
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2025-01-25##
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00SUD RADIO, on décrypte le monde.
00:04Et on essaye de décrypter ce qu'on espère être la fin de la guerre à Gaza.
00:09Mais on n'en est pas sûr, puisqu'on est encore en phase de cesser le feu.
00:12Hier, le Hamas a donné le nom des 4 otages israéliennes.
00:17Ce sont des soldats, des membres de l'armée israélienne, qui doivent être remis à Israël.
00:20Je dis remise, parce que dans les 33 qui doivent être remis à Israël,
00:24on sait qu'il y en a 10 qui sont malheureusement décédés.
00:27C'est pourquoi, d'ailleurs, l'attente est absolument insoutenable pour leurs proches.
00:30Parlons maintenant de la situation de l'autre côté.
00:33La situation humanitaire dans la bande de Gaza au terme de 15 mois de guerre
00:37et probablement de plusieurs dizaines de milliers de victimes.
00:40On en parle avec notre invité, le professeur Raphaël Pitti.
00:43Bonjour.
00:44Bonjour.
00:45Soyez le bienvenu sur SUD RADIO.
00:46Merci.
00:47Merci de revenir chez nous, d'ailleurs, sur SUD RADIO.
00:49Vous êtes médecin humanitaire, président de l'association USOMEH, Humanité, Solidarité, Médecine.
00:54Vous avez beaucoup suivi la situation à Gaza, notamment pour tirer l'alarme, sonner l'alarme,
01:00notamment pendant la guerre.
01:02On imagine qu'au terme de ces 15 mois, la situation est absolument désastreuse sur un plan humanitaire.
01:07D'abord, est-ce qu'on arrive à savoir combien, à peu près, il y a eu de victimes,
01:11sans donner des chiffres, qui seraient de la propagande d'un côté ou de l'autre ?
01:14Écoutez, ce dont on est sûr, et ce sont les chiffres qui sont donnés,
01:18c'est qu'on est à environ 46 000 morts.
01:21On est à plus de 90 000 blessés, en tous les cas.
01:24Et bien évidemment, on est bien en dessous de la réalité, puisque beaucoup ont disparu.
01:30Tous les chiffres qui sont donnés par le ministère de la Santé du Hamas sont totalement vérifiés,
01:35c'est-à-dire que l'on a l'identité.
01:37Il est vrai que pendant les périodes où je me suis retrouvé à l'hôpital européen,
01:42les morts venaient systématiquement au niveau de l'hôpital.
01:45C'était le seul lieu où pouvait se faire l'enregistrement administratif des morts.
01:49Et donc, parce qu'il n'y avait pas, bien évidemment, d'administration dans Arafat en particulier.
01:55Donc l'enregistrement qui était fait, était fait au niveau de l'hôpital.
01:59J'étais là présent, il y avait les blessés qui arrivaient et au même temps les morts qui étaient enregistrés,
02:03qui permettaient d'avoir un certificat médical pour enregistrer le décès des personnes.
02:08De notre côté, j'ai vu sous les décombres des pancartes des familles
02:12qui savaient que leurs proches étaient sous les décombres,
02:15et qui mettaient des pancartes pour dire, attention, là, il y a des morts qu'il faudra pouvoir récupérer.
02:21Bon, la situation était effectivement extrêmement dure, quoi qu'il arrive.
02:25On va aussi rappeler qu'il y a eu beaucoup de bombardements pour l'instant.
02:28Ce que vous avez comme retour sur place, c'est que le cessez-le-feu est à peu près respecté.
02:34Oui, tout à fait. En tout cas, à Gaza, il l'est.
02:36Il n'est pas en Céjordanie, mais à Gaza, il l'est pour l'instant.
02:40Et ce à quoi on assiste, c'est le déplacement des populations de Rafah qui remontent vers le nord.
02:45Et là, ça nous pose un vrai problème, parce que jusqu'à présent, nous avions installé,
02:49avec Médecins du Monde et une autre, ONG et Caritas International,
02:53nous avions installé sept centres de soins primaires,
02:56cette petite dispensaire qui permettait de prendre en charge la population.
03:00Nous distribuons aussi de l'eau, et d'un seul coup, nous sommes en train de voir les camps se volatiliser.
03:06Ils sont en train de se déplacer en emmenant, bien évidemment, leurs tentes,
03:09et en emmenant tout leur pactage, etc., vers eux,
03:12parce qu'ils savent pertinemment que dans le nord de Gaza, ils ne vont rien retrouver,
03:16et qu'il faudra globalement qu'ils reconstituent leurs camps.
03:19Et donc, ça nous pose un vrai problème, parce que nous aussi,
03:21nous sommes obligés de nous déplacer pour pouvoir les suivre.
03:23Oui, effectivement. Alors, on le rappelle, d'ailleurs, plusieurs dizaines de milliers,
03:27voire centaines de milliers dans certains cas, de Gazaouis avaient fui le nord,
03:31lourdement bombardés pour aller au sud, à la frontière égyptienne.
03:34Ils n'ont pas fui, mais obligés de se déplacer. On les a obligés de se déplacer.
03:39Il y a eu plusieurs déplacements forcés par les forces israéliennes.
03:43Effectivement. Et là, dans ce cas-là, en ce moment, ils sont en train de remonter.
03:47S'ils remontent, ça veut dire aussi qu'ils ont bon espoir que la trêve,
03:50on ne va pas parler de paix, mais la trêve soit durable.
03:52Oui, absolument. En tout cas, ils veulent revoir leur maison pour voir ce qu'il en est.
03:58Ils veulent pouvoir se retrouver un peu chez eux, retrouver leurs repères, etc.
04:02Donc, ils sont en train de se déplacer. Avec le risque, bien évidemment,
04:06et nous en sommes tous conscients, que cette trêve, à tout moment,
04:09elle est fragile et qu'à tout moment, peut-être, la guerre va reprendre.
04:13Surtout, ce que nous craignons, c'est au moment de la libération totale des otages.
04:16C'est-à-dire ?
04:18On pense que dans les 42 jours, le gouvernement israélien aura la volonté,
04:24peut-être, de continuer à rebombarder, etc.
04:27Parce que, tout compte fait, le Hamas est toujours présent.
04:30C'est toujours avec le Hamas que cela se négocie.
04:32C'est le Hamas qui décide, effectivement, des personnes.
04:34Donc, le Hamas est là.
04:36Et l'objectif de Netanyahou, c'était de éradiquer le Hamas.
04:40Mais le Hamas est là et il est bien vivant.
04:42Donc, est-ce qu'ils voudront accepter, après la libération des otages,
04:45de laisser et de trouver une autre voie ?
04:49Bien évidemment, en prenant en compte la présence du Hamas.
04:52On peut poser aussi la question en miroir, d'ailleurs.
04:54Est-ce qu'une organisation comme le Hamas, dont le but est la destruction de l'État d'Israël,
04:57sera prête à respecter la trêve durablement ?
05:00Ce qui n'est pas garanti.
05:02On a des aléas, bien évidemment.
05:04Évidemment. Parlons maintenant de la situation.
05:06On a vu les images, notamment, après l'annonce.
05:08C'était assez poignant, d'ailleurs.
05:10L'annonce de la libération des premiers otages.
05:13On a vu ces pauvres filles, franchement,
05:16qui étaient traînées par des combattants du Hamas, en uniforme,
05:20qui les remettaient autour d'une foule plutôt d'hommes, d'ailleurs, qui exultaient.
05:23On était étonnés. Ce sont des images de propagande, par définition.
05:26Il faut les prendre comme telles.
05:27Malgré tout, elles détonnent avec la situation humanitaire qu'on nous décrivait sur place.
05:31On avait une population qui célébrait comme une victoire, en quelque sorte.
05:34Est-ce que c'est vraiment l'état d'esprit sur place ou pas ?
05:37Écoutez, ce qu'il en est, c'est qu'il y a une liesse,
05:40dans la mesure où il y a une trêve,
05:42que les bombardements ont cessé.
05:44Et donc, d'une certaine manière, il y a une véritable joie.
05:47Cette trêve, elle était attendue.
05:49Cette trêve, elle était espérée pour la population de Gaza.
05:51Cette population est totalement innocente.
05:53Et elle a subi, elle a été martyrisée durant tous ces mois.
05:57On leur a enlevé la nourriture, on leur a enlevé l'eau potable,
06:00on a détruit les structures de soins,
06:02on a détruit non seulement les hôpitaux, mais aussi tous les centres éducatifs, etc.
06:08On les a obligés à se déplacer, on les a déshumanisés,
06:11à les vivre dans des conditions extrêmement difficiles.
06:14Donc, on peut comprendre que la trêve est vue comme une période où la paix arrive.
06:20Et donc, il y a de la liesse, bien évidemment.
06:22Le Hamas a montré sa force, a voulu faire une démonstration de force, etc.
06:28C'était de la propagande, bien évidemment.
06:30Mais de notre côté, pour la population, par contre,
06:33c'était vraiment une liesse totalement ressentie.
06:36Nous sommes en relation tous les jours, tous les jours,
06:38avec nos responsables de nos centres de soins, etc.
06:42Nous connaissons la situation pour eux aussi.
06:44C'est une période, dans tous les cas, de joie.
06:47Dernier point, parce que c'est important, on a parlé de risque de famine.
06:51Est-ce que famine, il y a sur place ou pas, en ce moment ?
06:53Alors, non, pas dans le Sud.
06:55Mais la famine, il faut l'avoir surtout dans le Nord,
06:57où il était impossible de pouvoir acheminer de l'aide humanitaire vers le Nord.
07:01Et s'il y a famine, et de manière assez importante,
07:04il y a eu des morts par dénutrition chez les enfants et chez les personnes âgées,
07:08essentiellement dans le Nord, bien évidemment.
07:11Dans le Sud, on a de la dénutrition et nous essayons, nous, de la combattre.
07:15Nous distribuons des aliments protéinés.
07:18Nous distribuons aussi du lait infantile,
07:20parce que les mères qui allaient n'ont pas suffisamment de lait pour leurs enfants.
07:23Ça, nous le faisons.
07:25On reparlera de la situation, pourquoi pas avec vous, d'ailleurs.
07:27Merci beaucoup, professeur, d'avoir pris la parole ce matin sur Sud Radio.
07:32Je rappelle, professeur Raphaël Pity, que vous êtes médecin humanitaire
07:35et président de l'association Humanité, Solidarité et Médecine.
07:39On reparlera de cette situation, notamment avec vous.
07:41On continuera à suivre, d'ailleurs, ce conflit absolument épouvantable qui a commencé
07:46il y a maintenant plus près de deux ans.