Jeudi 16 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Jean-Jacques Ohana (Consultant indépendant - Membre du Board de la fintech, Ai For Alpha)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:14Le thème ce soir, c'est le thème de l'analyse des marchés mais augmenté avec les outils
00:19d'intelligence artificielle au service de l'allocation d'actifs tels qu'ils sont
00:23développés chez AI4Alpha, je le refais, la fintech dont vous êtes membre du board
00:30Jean-Jacques Oana à mes côtés au plateau, bonsoir Jean-Jacques.
00:32Bonsoir Grégoire.
00:33Vous êtes consultant indépendant et vous nous apportez les enseignements de cette analyse
00:38de marché augmentée comme je dis à travers les outils d'intelligence artificielle.
00:43Le sujet qui vous intéresse et qui intéresse l'intelligence artificielle d'AI4Alpha,
00:49c'est le thème des matières premières et c'est vrai que c'est un thème qui est
00:52à nouveau sur le devant de l'actualité depuis ce début d'année ou depuis quelques
00:56semaines Jean-Jacques ?
00:57Absolument, c'est le thème surprise de début d'année donc on a l'habitude maintenant
01:02de la hausse de l'or puisque l'or est ancré dans une tendance très haussière depuis
01:062024.
01:07L'année dernière, c'est 27% de hausse face au dollar, 35% de hausse face à l'euro
01:15puisque dans un environnement inhabituel où l'or est monté et l'euro s'est déprécié
01:21face au dollar.
01:22Mais on s'était plutôt, on avait quitté l'année 2024 sur une faiblesse structurelle
01:29ou en tout cas conjoncturelle des matières premières avec finalement aussi bien les
01:35métaux de base que le pétrole ou même les marchés agricoles dans une tendance baissière.
01:40Il y avait peut-être une exception sur des marchés qui sont emblématiques sur la consommation
01:49comme le cacao, le café.
01:51Mais c'est anecdotique dans l'ensemble des matières premières.
01:56Et ce qu'on voit finalement depuis le début de l'année, c'est l'or, ça continue,
02:01plus 3%, le cuivre plus 8%, le pétrole plus 10%, le gaz aux Etats-Unis plus 15%, c'est
02:11un marché très volatile, et puis finalement l'indice des matières premières dans son
02:18ensemble plus 5,5%.
02:19Donc on a une hausse généralisée des matières premières, pour l'instant, c'est un rebond,
02:25c'est pas une tendance.
02:26Cependant, c'est un rebond qui est suffisamment étayé et suffisamment diversifié pour qu'on
02:33en parle, pour qu'il soit à souligner.
02:36Ce rebond est à mettre en perspective aussi avec finalement des hausses sectorielles,
02:41et je dirais qu'il est conforté par des hausses sectorielles sur les indices boursiers.
02:45Premier secteur aux Etats-Unis, le pétrole, 8% sur les actions, et premier secteur en
02:54Europe, malgré la hausse du luxe aujourd'hui, les pétrolières.
02:59Donc on a finalement un mouvement qui est cohérent et qui semble être partagé.
03:05La seule, je dirais, ce qui dénote encore, c'est la hausse du dollar, et notamment la
03:11faiblesse de certaines devises liées aux matières premières, comme le dollar australien
03:17ou le dollar canadien.
03:19Mais autrement, on semble avoir quelque chose qui est nouveau, qui est partagé au sein
03:27du complexe de matières premières et qu'il faut donc aujourd'hui analyser.
03:31Et il y a une lecture globale à faire, c'est ce que vous dites, on peut trouver derrière
03:34chaque matière première une histoire plus ou moins spécifique, des drivers, des facteurs
03:39plus ou moins explicatifs, mais le fait d'avoir cette hausse généralisée et qui se retrouve
03:45également dans les marchés actions des secteurs concernés, vous dites, ça doit appeler une
03:51analyse un peu globale ?
03:52Oui.
03:53Et c'est ce qu'on voit également sur les marchés taux, puisque les marchés taux,
03:57on l'a vu avec la hausse des taux longs, la baisse hier, mais finalement, à remettre
04:03en perspective...
04:04Parce qu'avec le pétrole, la corrélation pétrole et taux longs, elle est quand même
04:06très forte.
04:07Elle n'était pas si forte jusqu'en décembre et là, elle est revenue forte.
04:11Et d'autre part, il y a quand même un nouveau élément que nous apporte une information
04:17que nous apportent les marchés de taux américains, c'est que désormais, le moteur de la hausse,
04:24c'est la hausse des points morts d'inflation aux Etats-Unis.
04:26C'est-à-dire qu'on est revenu à 2,5%, on a aussi une pontification de la courbe, donc
04:31ça veut dire un écart entre le 10 ans et le 2 ans qui maintenant est 40 points de base.
04:35Donc ça, c'est beaucoup pontifié, c'est le plus haut niveau depuis 2022.
04:40Pendant la pontification, c'est aussi l'anticipation d'une prime de risque de terme sur la courbe
04:47des taux et de plus d'inflation.
04:48Donc voilà, globalement, on a plus d'inflation et puis même quand on revient en perspective
04:55sur, j'allais dire, la surprise microscopiquement positive d'hier, d'une inflation qui était
05:03plus basse qu'attendue en effet, mais globalement, l'inflation, quand on regarde, elle reste
05:11ancrée à 2,5%, hors effet volatil de l'énergie et de l'alimentation.
05:17Sur certaines métriques d'inflation, on est encore à 3%, sur les CPI-Current, on est
05:26bien de ça finalement, de l'objectif des 2% de la Fed.
05:30Il y a un indicateur, c'était intéressant, parce que c'est le CPI-Current américain,
05:36il était à 3,2% hier, il est resté 41 mois au-dessus des 3%, c'était à ne pas arriver
05:43depuis les années 90.
05:44Donc en fait, il se passe vraiment quelque chose sur l'inflation, en fait, on est dans
05:49une sorte de déni, sans mentir, certains banquiers centraux aussi, en disant oui, on
05:56est sur la bonne piste, on est sur la bonne...
05:57C'est le dernier kilomètre.
05:59Voilà, et en fait, on n'arrive pas...
06:01Il en fait déjà 100, le dernier kilomètre.
06:03Voilà, et bon, peut-être qu'on recède, mais on recède beaucoup trop lentement par
06:07rapport à l'objectif auparavant, et ce qu'on voit, c'est que depuis que la Fed a baissé
06:13ses taux, on a une accélération des break-even, c'est-à-dire des points morts, donc des
06:17anticipations d'inflation, qui est rapide.
06:20Donc on voit très bien que dès qu'on relâche la contrainte sur la politique monétaire,
06:26on a tout de suite quelque chose qui réaccélère.
06:29Donc il y a des événements qui sont plus, comme vous l'avez dit, qui sont spécifiques
06:34aux matières premières, chacune des matières premières.
06:36Par exemple, le pétrole, eh bien, évidemment, il y a une saison hivernale qui est très
06:41froide, il y a des stocks de gaz qui sont très bas en Europe, il y a un approvisionnement
06:48énergétique qui pose vraiment problème en Europe, mais aux Etats-Unis aussi, même
06:54si les Etats-Unis sont le premier producteur mondial de très loin, en fait, on voit que
06:59maintenant il y a des sanctions contre la Russie, mais aussi contre l'Iran, donc ça
07:03fait pas mal d'offres qui sont sorties du marché.
07:05Peut-être demain le Venezuela, on verra ce que fait l'administration Trump là aussi.
07:09C'est bien possible.
07:10Il y a des possibilités d'intervention militaire contre le régime des Molas, on ne sait pas,
07:17mais ce n'est pas aussi à exclure.
07:20Donc il y a une série finalement de problèmes géopolitiques conjugués à des problèmes
07:27climatiques aussi liés à la saison qui font que finalement il y a un manque d'offres
07:33de pétrole.
07:34Alors il y a eu la Chine qui a constitué une aide, la baisse de la demande chinoise
07:40qui a été un amortisseur à la tendance haussière du pétrole, et c'est ça qui
07:46a permis de maintenir le pétrole dans sa fourchette basse entre, si vous voulez, 70
07:51et 90 dollars.
07:52Maintenant on est revenu à 81 dollars, donc pile au milieu.
07:55Mais maintenant on voit bien que la Chine essaye de relancer, peut-être qu'à un moment
08:00ça va un peu marcher.
08:01On le voit peut-être aujourd'hui avec la hausse des marchés du luxe, c'est à temporiser,
08:07on verra.
08:08Mais encore une fois, le pire n'est pas certain non plus pour la Chine, et d'autre part on
08:15voit bien qu'au-delà du pétrole, il y a un rebond qui est assez général sur les
08:21métaux précieux, sur le platine, sur le palladium, on voit aussi par exemple les métaux
08:29industriels rebondir même au-delà du cuivre.
08:32J'allais dire que si, par exemple, en fait il y a des transferts de consommation de matières
08:38premières.
08:39Par exemple si ceux qui nous disent oui la demande de pétrole va peut-être, en tout
08:42cas la croissance de la demande va fléchir parce qu'il y a de la consommation de véhicules
08:45électriques, la consommation de véhicules électriques ou la transition énergétique,
08:50c'est le cuivre.
08:51Ou le platinum, ou d'autres.
08:52Voilà, donc en fait si on n'a pas la croissance sur une matière première, on a la croissance
08:56sur une autre.
08:57En réalité c'est un transfert.
08:58Donc finalement quand on remet tout cela dans ce contexte, on voit qu'il se passe quelque
09:06chose, que c'est vraiment à suivre, parce que finalement on voit que l'inflation est
09:11peut-être provoque aussi la hausse des matières premières mais en retour la hausse des matières
09:17premières peut régénérer de l'inflation et il est assez ironique de voir hier le marché
09:21rebondir sur les meilleures surprises sur l'inflation aux Etats-Unis et dans ce contexte
09:29de voir toutes les matières premières monter fortement hier.
09:32Donc finalement je dirais que dans un environnement macroéconomique où la dette reste très
09:40forte, on a des taux d'endettement des pays industrialisés qui sont au plus haut, où
09:47les déficits dans certains pays, je suis désolé de le dire, les Etats-Unis, il y a
09:53la France aussi, où le déficit est hors de contrôle, quand je dis hors de contrôle
09:58c'est qu'on n'arrive pas, qu'on est à 6, 7 aux Etats-Unis, on est à 6,5% dans un environnement
10:02de croissance.
10:03Il n'y a pas une volonté délirante de rectifier ça.
10:07Alors il y a certains discours etc. mais en fait on s'aperçoit que finalement pour l'instant
10:13ils ne résistent pas à l'épreuve de la réalité, c'est-à-dire qu'encore une fois
10:17les Etats-Unis vont redevoir encore, relancer en Californie, vous voyez par exemple par
10:22rapport aux conséquences des incendies et l'Etat fédéral n'aura pas le choix que
10:27de payer et de reconstruire et donc il y a encore une fois un effet inflationniste potentiel
10:33avec un manque de capacité sur la construction, peut-être un manque de matériaux etc.
10:38Tout cela n'est pas négatif, c'est positif sur l'économie mais c'est inflationniste
10:42aussi et de la même manière même si on commence à avoir en France ou en Europe des
10:49gouvernements qui ont des velléités de réduire le déficit, en fait on se heurte à des principes
10:56de réalité qui nous en empêchent, en tout cas partiellement.
11:01Donc de ce point de vue-là, dans un environnement où le déficit est compliqué à résoudre,
11:06finalement il y a un principe physique j'allais dire qui s'applique, c'est le principe de
11:14moindre résistance, vous savez qu'on emprunte toujours le chemin de moindre résistance
11:20et ce principe s'applique aussi à la macroéconomie et le chemin de moindre résistance c'est
11:26le chemin où finalement les banquiers centraux sont un peu complaisants, c'est le chemin
11:35où les banquiers centraux baissent les taux alors qu'ils ne devraient pas forcément
11:39le faire ou sont plutôt accommodants et donc le chemin de moindre résistance c'est celui
11:44de l'inflation.
11:45Et donc le compartiment des matières premières dans son ensemble est un edge anti-inflation
11:51Absolument, et c'est un compartiment à surveiller, c'est un compartiment aussi qu'utilisent
11:57les fonds que nous décryptons chez AI4Alpha, par exemple aujourd'hui dans les fonds qui
12:03sont dits risk parity, c'est le principal moteur de performance depuis le début de
12:08l'année, donc c'est à surveiller.
12:09Toutes les approches CTA ou autres sont évidemment exposées à ces grands marchés de matières
12:15premières.
12:16Merci beaucoup Jean-Jacques, merci pour ce focus sur la thématique des matières premières
12:20qui marque effectivement ce début d'année, il y a les taux, il y a le dollar et les
12:24matières premières, c'est le très petit clé de ce début d'année.
12:26Jean-Jacques Oana, consultant indépendant, membre du board de la fintech AI4Alpha avec
12:30nous dans ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.