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Notre-Dame a été reconstruite grâce à des actions de mécénat d’ampleur menées par de grandes structures. Le mécénat des PME et ETI est, lui aussi, essentiel, surtout pour les collectivités locales. Mais les outils manquent souvent à ces entreprises.

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00:00Générique
00:05Le Zoom de Smart Impact consacré au mécénat d'entreprise avec Anastasie Andrieux, bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue, vous êtes la présidente de La Belle Fille, pourquoi vous l'avez créée ? Présentez-nous rapidement La Belle Fille.
00:17Alors avec plaisir, déjà merci de me recevoir. La Belle Fille c'est surtout l'expérience d'une première aventure professionnelle dans le mécénat.
00:27J'ai été directrice d'un fonds de dotation pendant un peu plus de 4 ans, le fonds de dotation Verrequia qui existe encore aujourd'hui.
00:33Et en fait, au cours de cette expérience, au cours de ces 4 ans à la tête de cette structure, je me suis rendu compte vraiment de deux constats.
00:39Le premier, c'est que le mécénat souffrait encore d'un gros déficit d'images.
00:43On pense tout de suite aux grosses entreprises, aux grands donateurs et on pense un petit peu moins aux entreprises type PME qui sont en fait les premières qui s'infiltrent dans le dispositif du mécénat.
00:52Et surtout le deuxième constat, c'est que le mécénat souffrait aussi de cette approche assez complexe.
00:57On l'imagine vraiment compliquée à mettre en oeuvre, on ne sait pas trop comment ça se passe, une grande opacité des dispositifs.
01:03Et donc l'idée est venue de là, après qu'on m'ait approchée plusieurs fois, moi aussi je voudrais monter mon fonds de dotation mais je ne sais pas comment.
01:09Donc l'envie s'est concrétisée dans la structuration d'une agence qui permet aujourd'hui la création et ensuite la gestion d'entités philanthropiques dans le temps.
01:17Alors justement, quels services vous proposez à vos clients ?
01:21Alors on va dire qu'il y a vraiment deux pôles, il y a vraiment un premier pôle qui est celui de la création de structures philanthropiques,
01:27donc notamment des fonds de dotation parce que c'est la forme à laquelle je suis la plus à l'aise.
01:31Ça va être vraiment du début, j'ai envie de m'engager, jusqu'à l'immatriculation de la structure.
01:36On a vraiment un accompagnement, 360 clés en main vraiment sur toute cette première partie qui est celle de la définition de la mission,
01:44de la caractérisation de l'intérêt général et ensuite évidemment la rédaction des statuts, vraiment tout cet aspect juridique et fiscal.
01:50Donc on accompagne en fait le client du début jusqu'à l'immatriculation de la structure et ensuite le deuxième service ça va être la gestion.
01:56En fait moi j'ai été moi-même directrice d'un fonds de dotation et je pense qu'on sous-estime encore beaucoup la charge de travail
02:03et les compétences qui sont nécessaires en fait pour piloter une entité philanthropique.
02:06Aujourd'hui en France, 95% des fonds de dotation qui sont pilotés par une ou deux personnes, enfin c'est vraiment des équipes qui sont très réduites
02:13et donc on les accompagne dans la gestion de ces outils, donc vraiment ça va être la publication des comptes,
02:17ça va être la rédaction des rapports d'activité, vraiment tout ce qui va venir rythmer et réglementer en fait l'avis de ces entités philanthropiques.
02:24Un fonds de dotation, alors quand il y a votre expérience puis celle de vos clients, c'est quoi ?
02:30C'est examiner des projets, des dossiers, choisir qui on va aider ?
02:35Ça semble très simple quand je le dis mais...
02:38Non non au contraire parce que c'est souvent une question qui se pose, en fait on se rend compte qu'aujourd'hui il y a deux typologies de fonds de dotation
02:43et les fonds de dotation qui sont redistributeurs et ceux qui sont opérateurs.
02:46Donc concrètement ça va être une entité juridique qui est vraiment dédiée à l'intérêt général
02:50et dans laquelle soit on insuffle des fonds pour derrière les redistribuer à des associations qui sont en adéquation avec les valeurs de la structure
02:57mais ça peut être aussi des fonds opérateurs, dans ce cas-là il y a vraiment un programme qui est dédié, une équipe qui est dédiée
03:02et qui peut accomplir en fait des actions en fonction souvent du secteur d'activité.
03:05Donc pour vous citer un exemple, le fonds de dotation Verica que j'ai dirigé pendant 4 ans,
03:09Verica est un promoteur immobilier qui est construit avec de la pierre de taille massive
03:12et le fonds de dotation qu'on avait monté avait tout un narratif autour de la pierre de taille
03:16donc c'était des résidences d'artistes autour de la pierre de taille
03:19qui étaient abritées au sein des immeubles qui étaient en attente de construction.
03:23On pense vraiment à des choses assez créatives, vraiment ciblées sur le secteur d'activité des fondateurs.
03:28Est-ce que la France est une terre de mécénat d'entreprise ?
03:31Oui tout à fait, déjà parce qu'on a des lois qui sont très incitatives,
03:36on a une réglementation qui est très incitative, qui pousse aussi les entreprises
03:40ou en tout cas les favorise en tout cas le climat du mécénat.
03:43Et puis ensuite on se rend compte qu'il y a une grande passion du mécénat territorial en France.
03:48Donc c'est vrai qu'on pense toujours aux grandes actions de mécénat,
03:52notamment avec Notre-Dame récemment,
03:54mais on pense un peu moins justement à ces structures type PME
03:57qui vont venir donner un ticket pour rénover une école, rénover un préau,
04:01donner un coup de pouce à une association locale.
04:03Et la France est véritablement une terre de mécénat.
04:06Il y a une baisse des dotations des collectivités locales,
04:10des budgets des collectivités locales en ce moment.
04:13C'est un des enjeux majeurs de cette année 2025.
04:15Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que des fonds de dotation vont pouvoir parfois prendre le relais ?
04:20Oui, alors le fonds de dotation n'est qu'une des formes qui sont possibles
04:24en tout cas pour les entreprises d'explorer dans le cadre du mécénat.
04:26Il y a aussi la fondation d'entreprise et puis il y a aussi le mécénat en direct
04:29parce qu'une association d'intérêt général peut tout à fait toucher du mécénat hors fonds de dotation.
04:34Mais c'est vrai qu'on se rend compte qu'en ce moment et surtout dans le contexte actuel,
04:37il y a beaucoup d'entreprises qui se font le relais,
04:39un peu justement de ces politiques culturelles, de ces politiques publiques.
04:43Et on se rend compte que c'est pour différentes raisons.
04:45La plupart du temps, c'est pour agir sur l'attractivité de l'entreprise,
04:47notamment sur les sujets d'employabilité, de recrutement, de fidélisation des talents.
04:52Aujourd'hui, les jeunes générations ont envie de s'investir, ont envie de s'engager
04:55auprès d'entreprises qui ont elles-mêmes des valeurs fortes.
04:57Et donc souvent, l'entreprise se fait un peu le relais, vient aider par-ci, par-là,
05:01sur des actions qui sont très ciblées.
05:03Et moi, je trouve qu'on est vraiment dans un environnement qui est très, très propice au mécénat.
05:06Mais alors, vous nous dites la France est une terre de mécénats.
05:10Quels sont les freins ? La complexité, la paperasse ?
05:14Je pense que c'est un peu des deux.
05:16Je vous avais cité en général les deux mots qui viennent justement en frein.
05:19Alors la complexité, parce que c'est vrai qu'on ne comprend pas toujours très bien comment on le met en œuvre.
05:24Qui est éligible ? Comment ça se passe ?
05:26Donc il y a vraiment, d'abord, je pense, un peu une opacité de ces dispositifs.
05:29Alors on a la chance en France d'avoir des agences comme l'AMICAL ou d'autres
05:33qui se font des vrais relais d'informations sur ces sujets.
05:35Mais c'est vrai que l'information n'est pas toujours simple à obtenir.
05:37Et puis ensuite, il y a effectivement un peu cette pluralité d'interlocuteurs
05:41et cette complexité parce que c'est une matière qui reste juridique,
05:45c'est une matière qui reste un peu fiscale.
05:47Mais dès qu'on en comprend les rouages et qu'on comprend surtout comment ça peut s'intégrer dans une stratégie d'entreprise,
05:52c'est un peu, chez La Belle Fille, c'est ce qu'on essaie d'adopter,
05:54vraiment d'adopter tout le verbatim, tout le vocabulaire des entreprises
05:57pour qu'elles comprennent qu'elles ont tout avantage à donner
06:00et que ça s'inscrit vraiment dans un levier de développement et de stratégie entrepreneuriale.
06:03Et quel retour sur investissement, je mets des guillemets, mais bon, quand même, on comprend bien l'idée,
06:08peuvent en attendre les entreprises ?
06:10Il y a des chiffres, alors évidemment, vous imaginez bien que je les connais par cœur,
06:13mais il y a des études qui ont été faites.
06:15Donc un premier retour sur don, peut-être qu'on pourrait le dire,
06:18c'est ce côté attractivité des talents.
06:20Donc on se rend compte qu'aujourd'hui, il y a un baromètre du Medef qui a été publié,
06:2382% des jeunes générations qui ne s'engagent que pour des entreprises qui portent des valeurs fortes.
06:30Donc retour tangible, vraiment sur ce côté fidélisation des talents, moins de turnover.
06:35Ensuite, il y a la préférence des consommateurs, c'est un baromètre IFOP cette fois-ci,
06:3991% des consommateurs qui préfèrent acheter auprès d'entreprises qui portent des valeurs fortes.
06:44Et puis en dernier lieu, aujourd'hui, c'est les investisseurs aussi qui regardent justement ces critères,
06:47alors qu'on appelle ESG qui sont environnemental, social et gouvernance,
06:51mais qui regardent maintenant ces lignes, 78% d'entre eux avant d'investir dans une entreprise
06:55parce que ça mesure un peu la durabilité, la résilience justement de ces structures.
06:58Est-ce que c'est vrai aussi des collectivités, c'est-à-dire qu'on voit des collectivités locales
07:02qui commencent à conditionner des subventions, des choix d'investissement justement à ces critères ESG ou RSE ?
07:10Oui, et peut-être d'une certaine manière, tant mieux.
07:12Alors je ne sais pas si c'est conditionné, en tout cas ça pousse à penser à l'écosystème dans lequel on va venir s'implanter.
07:18Moi je pense très directement au secteur du bâtiment et de la construction parce que j'y ai moi-même passé un peu de temps.
07:24C'est vrai qu'aujourd'hui, on considère vraiment la responsabilité finalement de ces acteurs du bâtiment
07:29quand ils s'implantent dans un quartier, quand ils s'implantent dans un écosystème.
07:32Finalement, plutôt que d'arriver et de poser un bâtiment, comment on fait le lien avec les associations, comment on s'implante ?
07:38Et je pense que les collectivités effectivement invitent et poussent à la réflexion sur ces sujets.
07:43Vous nous avez détaillé un certain nombre de retours sur dons, retours sur investissement.
07:49Moi je me pose la question de la communication.
07:51Est-ce que les entreprises qui pratiquent du mécénat via des fondations ou des fondations, elles osent en parler ?
08:00Vous voyez ce que je veux dire ?
08:02Oui, mais de plus en plus.
08:04Je vais répondre en deux parties.
08:06Déjà, elles en parlent.
08:08Mais c'est vrai que la communication d'intérêt général a quand même toujours cette subtilité.
08:11C'est d'abord l'impact et ensuite la communication.
08:15Ça c'est un premier point.
08:17Oui, mais elles en parlent différemment.
08:19Ça va moins être des campagnes un peu vertigineuses, comme on peut l'imaginer, de la communication peut-être un peu plus standardisée.
08:25C'est toujours fait avec des pincettes.
08:27Pourquoi c'est fait avec des pincettes ?
08:29Parce qu'on a peur d'être attaqué sur autre chose ?
08:31Parce qu'on a peur d'être accusé de social ou de greenwashing ?
08:34Oui, au-delà de ça, parce que je pense que ce n'est pas forcément le but premier.
08:37Je pense que le fait c'est d'abord soutenir, c'est peut-être aussi s'ancrer différemment.
08:41Je pense que la communication vient à un moment évidemment se mettre en jeu,
08:46mais parfois on laisse aussi l'association bénéficiaire s'occuper de la communication, de l'annonce.
08:51Je pense que c'est fait de manière un peu plus subtile, un peu plus délicate.
08:54Parce que ce n'est pas le but premier de l'action.
08:57Mais je répondrais ensuite derrière en disant que peut-être qu'il y a une invisibilité
09:01de certaines actions de mécénat quand elles sont un peu moins retentissantes que des grandes opérations,
09:05comme on peut le voir sur Notre-Dame, qui sont évidemment plus que nécessaires.
09:09Mais c'est vrai que sinon on a un combat chez la Belfi.
09:11C'est vraiment de rendre en tout cas ces structures plus modestes, PME, TPE d'ailleurs,
09:16toutes ces acteurs un peu territorieux.
09:17Et ce serait bien d'avoir peut-être un peu plus de visibilité, un peu plus de communication
09:21sur ces acteurs de l'ombre un peu qui partent par salle de relais.
09:23La communication c'est aussi un moyen de créer des vocations chez d'autres.
09:27Vous voyez ce que je veux dire ?
09:28Est-ce que vous voyez cet effet d'entraînement à l'œuvre ?
09:31Je ne le vois pas assez.
09:32J'aimerais le voir d'autant plus que je pense que certaines entreprises,
09:36en tout cas certaines PME, sentent encore le frein de la légitimité.
09:40Est-ce que moi je suis en mesure de donner ?
09:43Parce qu'il y a cette image du mécène qu'on attribue encore aux grandes fortunes
09:48et moi c'est ce truc-là.
09:49Et je pense qu'il y aurait effectivement un effet d'entraînement.
09:52Il n'y a que 9% des entreprises en France qui sont mécènes.
09:54Donc il y a tout un boulevard à aller explorer là-dessus.
09:57Oui, il y a encore, même si vous nous dites que la France est une terre de mécènes,
10:00il y a encore des progrès à faire.
10:02On peut prendre un exemple d'action dans lequel la belle-fille est partie prenante,
10:08c'est la biennale Multitude en Seine-Saint-Denis.
10:10Alors c'est quoi ? Quelle entreprise ? Expliquez-nous.
10:13Tout à fait.
10:14C'est un très bel exemple puisque vous le citez.
10:16Donc on travaille maintenant avec le conseil départemental de Seine-Saint-Denis depuis plusieurs mois.
10:20Et le conseil départemental dans sa mission et sa vocation évidemment de rayonnement, des cultures.
10:25Le 93 a été quand même une terre de diversité et d'inclusion qui est assez incroyable.
10:31Donc ils portent une biennale.
10:32La première édition avait lieu l'année dernière.
10:35Enfin plutôt il y a deux ans parce qu'on est en 2025 depuis peu.
10:39Et donc la deuxième aventure se passe cette année.
10:44Et donc ça va être une série de concerts, une série de démarches, de démonstrations, de manifestations, etc.
10:50Il y a même une parade qui va avoir lieu.
10:52Et là l'objectif pour nous ça va être d'accompagner le département qui lui peut recevoir du mécénat
10:57dans l'identification de qui au sein du tissu économique extrêmement fructueux du 93 va pouvoir donner
11:04dans le cadre de cette œuvre charitable.
11:06Et donc on fait vraiment la stratégie d'identification des mécènes.
11:09Et on accompagne les entreprises qui vont donner dans le meilleur accompagnement.
11:13Donc est-ce que c'est du mécénat de compétences ? Est-ce que c'est du mécénat financier ?
11:16Est-ce que c'est du don en nature ? Il y a une multitude de manières de donner.
11:19Quelques chiffres pour conclure.
11:2276% des actions de mécénat ont lieu au niveau local ou régional.
11:25Ça rejoint tout ce que vous nous avez dit.
11:2678% des entreprises interviennent financièrement auprès des porteurs de projets.
11:30Et puis alors ce chiffre très intéressant, 46% des entreprises donnent moins de 5000 euros par an.
11:34Il faut communiquer et inciter les plus petites entreprises à y aller.
11:40Oui tout à fait.
11:41Moi j'ai l'impression que de toute façon ici ça fait peu de partie des valeurs qu'on porte de manière commune.
11:47Mais oui effectivement il faudrait rendre plus visibles ces actions.
11:50Parce qu'effectivement des petits dons accumulés font toute la différence.
11:54Et moi je suis assez optimiste sur le futur.
11:57Merci beaucoup Anastasie Andrieux et à bientôt sur BeSmart4Change.
12:00On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

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