• la semaine dernière
Les informés du matin du 16 janvier 2025

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Les informés du matin sur France Info avec Renaud Dely, bonjour Renaud, et avec nous
00:10autour de la table ce matin du beau monde, Etienne Girard, rédacteur en chef à l'Express,
00:14bonjour, Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info, bonjour, et Nicolas
00:19Teillard, journaliste à la rédaction internationale de Radio France, bonjour.
00:23Renaud Dely, on commence par une bonne nouvelle, un accord de cesser le feu a été conclu
00:27dans la bande de Gaza.
00:28Oui, un accord a été conclu entre Israël et le Hamas hier, un accord de cesser le
00:33feu après 15 mois d'une guerre terrible qui a fait des dizaines de milliers de victimes,
00:37un accord qui doit entrer en vigueur normalement dimanche, le 19 janvier, et qui a été conclu
00:41sous la pression en particulier des Etats-Unis, et aussi grâce à la médiation du Qatar,
00:46à l'annonce de cette nouvelle on l'a vu, des scènes de joie dans la bande de Gaza,
00:50cet accord est en plusieurs phases, au cours d'une première phase d'ailleurs de 6 semaines
00:56normalement, 33 otages israéliens détenus par le Hamas depuis le 7 octobre 2023 devraient
01:00être libérés en échange d'un millier de prisonniers palestiniens détenus en Israël,
01:07plusieurs phases, plusieurs incertitudes dans ce cesser le feu donc qui a été enterriné,
01:12puis des questions, évidemment, beaucoup de questions qu'on va se poser, combien d'ailleurs
01:17y a-t-il effectivement d'otages détenus, combien sont vivants, et puis quelle est la
01:24situation dans la bande de Gaza qu'on va découvrir au fur et à mesure, et quel est
01:30aussi encore aujourd'hui l'état, la situation du Hamas, et puis toute première question
01:36d'ailleurs, est-ce que cet accord va effectivement être enterriné et entrer en vigueur dès
01:41dimanche comme c'est prévu, ça passe notamment par la validation aujourd'hui par le cabinet
01:46Netanyahou en Israël.
01:47On va justement prendre la direction de Jérusalem où nous attend notre correspondant Thibault
01:51Lefebvre, bonjour !
01:53Bonjour !
01:54Thibault, un accord a été annoncé, mais il y a encore des incertitudes, c'est ça ?
01:59Il y a beaucoup d'incertitudes, oui, en fait ce qui se passe depuis cette annonce de l'accord,
02:05cette annonce de Donald Trump d'abord, puis du premier ministre qatarien, c'est qu'Israël
02:12régulièrement montre des failles, assure que les discussions sont encore en cours à
02:19Doha, et en fait c'est pour ça qu'on attend la convocation de ce qu'on appelle le cabinet
02:24de sécurité, en fait c'est l'organe en Israël, l'organe institutionnel qui permet
02:28de valider cet accord, c'est à partir du moment où le cabinet de sécurité va valider
02:32cet accord qu'on pourra dire qu'il a été signé par les deux belligérants, et en fait
02:37on attend, le cabinet de sécurité devait se réunir, donc 15 ministres devaient se
02:41réunir à 11h ce matin, puis on a appris il y a quelques minutes que la réunion avait
02:46été reportée, parce qu'il y aurait encore des détails, entre guillemets, à régler
02:52dans cet accord, selon les informations que j'avais tôt ce matin, les ministres, en fait
02:56les 15 ministres qui vont participer à ce cabinet de sécurité n'ont pas encore été
03:00convoqués, ce qu'il faut savoir c'est qu'une fois qu'il sera convoqué, parce qu'il y a
03:04un moment ou un autre, ça va survenir, une fois qu'il va être convoqué, en fait les
03:10ministres vont voter à la majorité simple et donc valider cet accord, c'est pour ça
03:13que les deux ministres notamment d'extrême droite qui participent à ce cabinet de sécurité
03:18n'ont finalement pas de possibilité d'apposer leur veto, et donc cet accord devrait être
03:25in fine validé, s'en suivra une réunion d'un cabinet plus large pour entériner l'accord,
03:31puis une émission d'une liste de prisonniers palestiniens libérables, cette liste va être
03:37soumise aux Israéliens, qui auront, n'importe quel citoyen aura à ce moment-là 10h pour
03:43faire un recours devant la cour suprême, c'est l'équivalent du conseil d'état, voire
03:48du conseil constitutionnel, et c'est seulement à ce moment-là que les premières modalités
03:53d'application de cet accord pourront être mises en place, avec donc toujours ce matin
03:59les premières libérations d'otages et d'échanges de prisonniers palestiniens, donc attendus
04:04pour dimanche.
04:05On voit que le processus est encore long, il va falloir attendre, merci beaucoup, merci
04:12beaucoup Thibaut Lefebvre pour toutes ces informations en direct de Jérusalem, notre
04:17correspondant France Info, le cabinet de sécurité israélien, donc il doit se réunir, Nicolas
04:21Teilhard, pour valider cet accord, ce sera seulement à ce moment-là que l'accord se
04:27sera entériné.
04:28Et ça traduit bien la fragilité d'ensemble de l'édifice ou de l'architecture de cet
04:33accord, parce que si l'on s'oriente vers un cessez-le-feu, vers une première libération
04:38d'otages à partir de dimanche, ce serait d'abord trois otages, puis progressivement
04:43au fil des jours, pendant six semaines, c'est-à-dire jusqu'à la fin du mois de février, des libérations
04:47successives pour atteindre 33 otages, c'est l'objectif en tout cas qui a été fixé,
04:52on sent qu'il y a encore beaucoup de limites, d'abord parce que les différentes phases
04:56qui doivent se succéder, il n'y a que la première qui est détaillée, et même dans
04:59celle-là, on s'est dit, on commence à rediscuter dans deux semaines de la suite des opérations.
05:04Sur le papier, il y a trois phases, c'est ce qu'a annoncé le président américain Joe
05:06Biden.
05:07La première, même, elle est appelée reconstruction de Gaza, là-dessus, on n'a absolument aucun
05:11élément permettant d'y aller.
05:13La deuxième phase, qui doit débuter au mois de mars, qui serait en gros la suite de la
05:18libération des otages, elle dépend intégralement de la manière dont va se passer la première
05:23et dont, en gros, les deux prochaines semaines vont se dérouler, donc il y a beaucoup d'incertitudes,
05:28qui reposent notamment sur la manière dont on envisage l'avenir de Gaza des deux côtés,
05:33parce que tout repose sur le retrait complet de l'armée israélienne.
05:36C'était longtemps une ligne rouge du Hamas dans ces discussions, le Hamas voulait obtenir
05:42ce symbole d'un retrait complet.
05:44Là, pendant les prochains jours, l'armée israélienne doit reculer, mais va rester
05:49dans une sorte de zone tampon.
05:50Est-ce que l'opinion israélienne, est-ce que les membres de la coalition, et notamment
05:54les plus durs en Israël, accepteront de voir la présence militaire totalement reculer
06:00et s'absenter de la bande de Gaza ? C'est loin d'être évident.
06:03Nicolas Taillard, vous prenez des précautions, ce matin, tout comme Thibault Lefebvre en
06:06direct de Jérusalem, tout à l'heure, seulement le président américain, Joe Biden, lui,
06:10il dit que c'est la fin de la guerre, il l'a annoncé.
06:13C'est aussi un président qui va quitter son poste dans trois jours, et qui a besoin,
06:17sans doute, d'une forme de symbole, de la même manière que Donald Trump verra la veille
06:22de son investiture la première libération des otages si tout va bien d'ici dimanche.
06:26On a ici deux symboles d'une diplomatie américaine qui jusque-là n'arrivait pas à faire pression
06:31sur Israël parce que le plan qui est présenté aujourd'hui, c'est quasiment mot pour mot
06:34celui qui a été proposé par Joe Biden il y a pratiquement un an, en mai 2024, et jusqu'ici,
06:41Benjamin Netanyahou a été sourd, justement, à ses appels.
06:44Si aujourd'hui, il s'avance, c'est aussi parce que, de son côté, les objectifs de
06:47guerre sont de plus en plus difficiles, flous, et qu'il a obtenu énormément de victoires
06:53militaires et symboliques au cours de l'automne, avec l'axe de la résistance, c'est ce qu'on
06:58a appelé cette alliance entre l'Iran, le Hezbollah au Liban et puis le Hamas du côté
07:03de la bande de Gaza, qui a été quasiment anéantie, où en tout cas, tout le monde
07:08a admis une forme de supériorité israélienne et ne peut plus venir au secours du Hamas
07:13à Gaza.
07:14On a vu les réactions à l'image des Palestiniens qui, évidemment, ont fait éclater leur joie
07:19à l'annonce de cet accord qui entraîne une trêve dans cette guerre.
07:25Qu'est-ce qui peut se passer dans les prochains jours pour eux ?
07:27Il y a beaucoup de questions, parce que là encore, il reste des pointillés dans cet accord.
07:31Personne n'a lu le document officiel pour l'instant, ce sont des fuites de tous les
07:36côtés et notamment des émissaires qataris qui ont mené cette médiation.
07:40On ne sait pas si les Palestiniens pourront circuler à l'intérieur de la bande de Gaza
07:44dans les prochains jours.
07:45Est-ce que ce sera à pied ou est-ce que ce sera en voiture ? Quelle aide alimentaire,
07:50quelle aide humanitaire ? Plus largement, jusqu'ici, les camions passaient au compte-gouttes.
07:54Il y a eu beaucoup de pillages aussi, il n'y a plus de police dans la bande de Gaza.
07:57Comment est-ce que cette aide humanitaire va entrer ? Est-ce que ce sera massif ?
08:01Est-ce que la frontière avec l'Egypte va s'ouvrir ? Est-ce que des Palestiniens de la bande de Gaza
08:06vont décider de passer et pourront passer côté égyptien ?
08:09Tout ça, ce sont des questions qui sont sans réponse aujourd'hui.
08:11Et il y a la question des otages.
08:13Incertitude dit ce matin le ministre des Affaires étrangères.
08:15Incertitude sur les deux otages français.
08:17Là aussi, on n'a pas la liste des otages qui pourront être libérés.
08:20Et incertitude plus large, personne ne sait aujourd'hui combien d'otages sont encore en vie.
08:23On parle aujourd'hui d'une centaine d'otages qui seraient encore à Gaza.
08:28Un peu plus de 90 sans doute.
08:30L'armée israélienne estime qu'il y en a 34 qui sont morts.
08:33Il en resterait 60.
08:35Mais les preuves de vie manquent jusqu'ici.
08:37Il y a 7 Américains.
08:38Et là aussi, on en revient à la médiation, à l'intervention de Washington
08:43dans ce dossier qui font partie de ces otages.
08:45Il y a deux franco-israéliens.
08:48Les premières libérations doivent concerner plutôt des femmes, des enfants,
08:51des personnes de plus de 50 ans.
08:54Il y a aussi des soldats israéliens dont, symboliquement, le coût est très important.
08:59On peut aussi imaginer une première phase de libération.
09:02Mais rien ne dit que le Hamas ne voudra pas conserver une sorte de monnaie d'échange
09:07dans les prochaines semaines ou les prochains mois.
09:09Ça peut durer.
09:09Et une dernière précision.
09:10Nicolas Teilhard, vous parliez de l'objectif de guerre flou de Benyamin Netanyahou.
09:16Il disait au début de la guerre vouloir éradiquer le Hamas.
09:19Aujourd'hui, il a dû négocier avec le Hamas.
09:21Oui, parce que le terme de victoire totale, il est de plus en plus difficile à atteindre.
09:26Mais comme ça avait été le cas avec le Hezbollah, par exemple, en 2006 au Liban.
09:31Ça veut dire quoi, éradiquer le Hamas ?
09:34On a vu hier, dès l'annonce d'un possible cessez-le-feu des combattants ressortir des tunnels.
09:38Il faut rappeler que l'armée israélienne a lancé une offensive très importante cet automne
09:43sur la partie nord de la bande de Gaza.
09:45Il y a 50 soldats israéliens, au moins, qui ont été tués.
09:48Donc, il y a quand même encore une force de frappe du Hamas.
09:51Et puis, il y a eu cette phrase d'Anthony Blinken, il y a quelques jours, qui disait...
09:54Est-ce qu'on est américain ?
09:55Il y a sans doute autant de militants du Hamas qui sont nés durant les 15 derniers mois de guerre
10:00que ceux qui ont été tués, abattus.
10:03Il y a tout de même une faiblesse aujourd'hui de l'organisation islamiste
10:08qui a été décimée, notamment du côté de sa chaîne de commandement
10:12et dont il est très difficile de mesurer la légitimité ou la popularité dans la bande de Gaza,
10:18qui est sous les bombes depuis 15 mois et où, je le rappelle, aucun journaliste ne peut entrer non plus.
10:22Merci, Nicolas Taillard, pour toutes ces informations.
10:25Journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
10:28Dans un instant, on revient en France, justement, la politique en France.
10:31Mais d'abord, c'est le Fil-info de Maureen Suynard.
10:34Il n'y a jamais eu autant de morts à cause de la grippe depuis 2019.
10:38Dans son bilan hebdomadaire, Santé publique France indique que l'épidémie continue de progresser.
10:43Plus de 7% des décès la semaine dernière ont été provoqués par la grippe.
10:47Les autorités appellent toujours à la vaccination.
10:50L'aide humanitaire doit inonder le plus rapidement possible.
10:53La bande de Gaza, affirme sur France Info, médecin du monde.
10:56Il espère que 500 camions d'aide pourront rentrer chaque jour, comme avant le début de la guerre.
11:00Un accord entre le Hamas et Israël est annoncé par les États-Unis et le Qatar.
11:04Une première phase avec une trêve de six semaines, la libération de 33 otages et des détenus palestiniens.
11:11Le gouvernement israélien doit entériner formellement cet accord aujourd'hui.
11:15Une bonne nouvelle si vous êtes au tarif réglementé de l'électricité.
11:18La commission de régulation de l'énergie va annoncer aujourd'hui la baisse du tarif réglementé,
11:23moins 14% dès le mois prochain.
11:25Et puis, il est le vétéran du tennis français et se qualifie pour le troisième tour de l'Open d'Australie.
11:30Gaël Monfils, 38 ans, a écarté l'allemand Daniel Altmaier.
11:34Monfils qui est en pleine forme après avoir gagné le tournoi ATP d'Auckland le week-end dernier.
11:39France Info
11:44Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
11:50Et les informés continuent avec Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express,
11:54avec Victor Iacoussa, journaliste au service politique de France Info.
11:57On revient en France, Renaud Dely, c'est aujourd'hui qu'est examinée la motion de censure à l'Assemblée Nationale.
12:02Motion de censure déposée par la France Insoumise, deux jours après la déclaration de politique générale de François Bayrou.
12:07Il reste une incertitude, c'est l'attitude du groupe socialiste qui est très divisée.
12:12Les socialistes voteront-ils ou ne voteront-ils pas la censure ?
12:15Il s'interroge depuis plusieurs jours.
12:17La déclaration de politique générale de François Bayrou avant-hier avait provoqué un effet déceptif
12:22dans une bonne partie du groupe socialiste parce qu'il n'avait pas prononcé la suspension de la réforme des retraites,
12:28qui est au cœur des discussions qui se sont engagées entre les socialistes en particulier et le gouvernement.
12:33Hier, François Bayrou a fait de nouvelles avancées, de nouvelles concessions.
12:37Non seulement, on le sait, il propose d'ouvrir dès demain des négociations entre partenaires sociaux
12:42pendant une durée de trois mois sur la réforme des retraites sans tabou,
12:46c'est-à-dire que même la question de l'âge légal pourrait être en débat, sera en débat.
12:50Mais de surcroît, hier, le Premier ministre a annoncé qu'il pourrait présenter un texte sur les retraites au Parlement,
12:59même s'il n'y a pas d'accord global des partenaires sociaux, mais simplement ce qu'il appelle des progrès.
13:04Est-ce que cette concession peut suffire à convaincre les socialistes de ne pas voter la censure ?
13:09En tout cas, ce n'est pas le cas pour Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes,
13:13qui était votre invitée sur ce plateau il y a quelques minutes.
13:16Non, mais moi, je pense que ce qui est lancé doit continuer maintenant.
13:20La vraie question, c'est sur quoi ça peut déboucher.
13:23Alors, en fait, ce qu'on comprend, c'est que ça retournera à l'Assemblée nationale que s'il y a un accord.
13:27Un accord partiel ?
13:28Oui, mais un accord partiel, ça veut dire que quand même les gens sont d'accord.
13:30C'est-à-dire qu'en fait, l'Assemblée nationale ne pourra se prononcer que ce sur quoi le MEDEF est d'accord,
13:35et le MEDEF, encore une fois, n'aura qu'un intérêt à bouger.
13:38Moi, ce qui m'importe, une fois que j'ai dit ça, c'est qu'on puisse arriver sur des choses plus justes.
13:42Alors, le MEDEF, certes, mais pas seulement. Il y a l'ensemble des partenaires sociaux,
13:46et notamment des syndicats de salariés qui sont amenés à discuter.
13:48D'ailleurs, Marie-Lise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, ce matin, juge que c'est une opportunité inédite qui s'ouvre
13:55et que refuser de négocier, ce serait, dit-elle, trahir les travailleurs.
13:58Alors, est-ce que la gauche en général, et les socialistes en particulier, peuvent tourner le dos aux partenaires sociaux et à la CFDT
14:05pour voter la motion de censure des insoumis ?
14:09Ou est-ce qu'à l'inverse, ils vont faire le choix, peut-être, de tourner le dos aux insoumis
14:12pour continuer cette démarche de discussion pour essayer d'obtenir des améliorations qu'ils ont entamées il y a une dizaine de jours ?
14:18Victoria ?
14:19Les socialistes, aujourd'hui, sont déchirés. Ils sont déchirés.
14:22Ils se sont enfermés, les députés, les 66 députés, hier pendant trois heures.
14:26Et à l'issue, rien.
14:28Aujourd'hui, ils doivent se revoir avant la motion de censure pour tenter d'affiner une position de groupe,
14:31ce qui n'est même pas sûr à la fin d'avoir lieu.
14:34Ils sont déchirés parce que dans les deux cas, ils peuvent perdre.
14:38S'ils censurent, ils braquent le gouvernement.
14:40Et derrière, ça veut dire grosses difficultés à négocier sur le budget,
14:44puisque le budget, c'est aussi le moment d'avoir d'autres victoires.
14:48Ça, ils le savent.
14:49Et s'ils ne censurent pas, ils vont se mettre à dos leur partenaire du Nouveau Front Populaire
14:54et offrir un boulevard à LFI qui va continuer de leur taper dessus en les faisant passer pour des traîtres.
14:59Ils ont aussi à perdre s'ils censurent leur électorat fidèle,
15:03celui qui n'est pas parti chez Emmanuel Macron,
15:05celui qui a voté notamment Raphaël Glucksmann aux dernières européennes et qui veulent de la stabilité.
15:09Mais s'ils ne censurent pas, ils font aussi une croix sur l'électorat plus à gauche,
15:14celui de Jean-Luc Mélenchon, que Olivier Faure continue de viser malgré tout.
15:18Donc l'équation est très compliquée aujourd'hui pour les socialistes.
15:21Et peut-être que la porte de sortie est de laisser les députés s'exprimer chacun pour soi.
15:27Mais c'est notamment Philippe Brun qui dit ça, le député PS,
15:31qui lui est favorable à ne pas voter la censure.
15:35Lui, il dit que le risque, en faisant ça, en laissant chacun s'exprimer,
15:38c'est que et les macronistes et les insoumis fassent derrière leur marché chez nous
15:41et donc aillent tenter de récupérer les uns et les autres.
15:44C'est ce que dit les insoumis et un petit coup de pression quand même de Jean-Luc Mélenchon
15:48qui dit que les socialistes qui ne voteront pas la censure s'excluent d'eux-mêmes du NFP
15:53et d'ailleurs on permet de mettre une option sur leur circonscription aux prochaines élections.
15:57Ça, ça va jouer quand même dans le choix des députés socialistes.
15:59Probablement. Il y a en toile de fond cet enjeu d'une possible dissolution
16:04et de ce que deviendraient ces députés en cas de nouvelle élection.
16:08Ils ont pris un risque, les socialistes.
16:10Il y a eu un pari en début d'année de discuter avec François Bayrou
16:13avec l'objectif d'obtenir une vraie victoire sur la réforme des retraites.
16:17On en discutait d'ailleurs aux informés la semaine dernière
16:19et il y avait un optimisme sur le fait que le gouvernement donnerait quelque chose.
16:24Une suspension carrément de la réforme.
16:26Et en réalité, le blocage, il vient de là.
16:30Les socialistes, ils ont fait le boulot, on peut dire.
16:33Ils se sont montrés ouverts à la discussion.
16:35Là où ce n'est pas mûr, là où ce n'est pas prêt,
16:38là où il n'y a pas cette volonté-là, c'est du côté du gouvernement
16:41où on considère que la réforme des retraites est une bonne chose.
16:46Et il fallait écouter François Bayrou dans les détails,
16:50détailler lui son calcul du déficit des retraites en France.
16:54Il a un calcul qui n'est pas partagé par tout le monde,
16:57mais lui, il chiffre à 55 milliards le déficit des retraites.
17:01Ce qui montre bien dans son esprit qu'il n'est pas du tout dans l'objectif
17:07et l'idée de remettre en cause l'équilibre global de la réforme qui a été votée.
17:12Ça met les socialistes dans une position très difficile.
17:15De toute façon, quel que soit le choix qui sera fait cet après-midi,
17:19c'est un mauvais choix parce qu'ils n'apparaîtront pas
17:23comme ayant obtenu des choses.
17:26Après, il n'y a rien de rédhibitoire, quoi qu'il en soit.
17:29On a vu que la gauche, en cas d'élection,
17:33pouvait se réunir très très rapidement, très très largement.
17:36Ils peuvent se retrouver de toute manière.
17:38Et de l'autre côté, en réalité, le gouvernement aura besoin des socialistes.
17:43Ce n'est pas non plus l'intérêt du gouvernement de se tourner
17:46dès demain uniquement vers le Rassemblement National.
17:50C'est un très mauvais moment à passer pour le Parti Socialiste.
17:53De toute façon, mais il y aura d'autres séquences,
17:56il y aura d'autres moments, la politique continue.
17:58Mais quand même, si les socialistes votent la censure aujourd'hui,
18:01bon, ils rentrent à la maison du NFP, d'accord,
18:03mais est-ce qu'ils ne donnent pas les clés au Rassemblement National
18:07pour, justement, peser de tout leur poids sur le gouvernement ?
18:11Le premier vainqueur, effectivement, si jamais les socialistes votent la censure,
18:15ce serait le RN qui retrouverait un rôle d'arbitre des élégances parlementaires,
18:19rôle qu'elle a perdu en votant la censure pour faire chuter le gouvernement Barnier.
18:24Donc, c'est sûr que dès lors, arithmétiquement,
18:27il suffit de regarder l'Assemblée actuelle,
18:28si vous voulez neutraliser, marginaliser le RN d'un côté
18:31et les Insoumis de l'autre.
18:32Les Insoumis, on sait qu'ils voteront, de toute façon,
18:34systématiquement la censure de tout gouvernement
18:36qui ne soit pas conduit par le Nouveau Front Populaire.
18:39Le seul moyen, c'est que le reste des partis de l'arc dit républicain
18:44qui vont de la gauche à la droite s'entendent.
18:47Donc là, si les socialistes ne participent pas à cette entente,
18:50effectivement, ça redevient Marine Le Pen qui a le sort du gouvernement
18:54entre ses mains.
18:56A priori, aujourd'hui, le RN ne devrait pas voter la censure,
18:59mais il pourrait très bien le faire sur le budget dans quelques semaines.
19:02Pour les socialistes, je pense que ce n'est pas juste un choix d'opportunité.
19:05Je pense que l'enjeu est plus lourd.
19:08Certes, à un moment ou à un autre,
19:10le gouvernement aura besoin des socialistes,
19:12mais ce n'est pas juste un jeu entre le gouvernement,
19:14les socialistes, les Insoumis, qui se passe à l'Assemblée.
19:16Il y a des électeurs.
19:17Il y a l'opinion qui regarde ce qui se passe.
19:19D'ailleurs, des députés socialistes disent
19:22qu'ils entendent, dans leur circonscription,
19:23l'Assemblée de leurs électeurs dire qu'ils veulent un peu de stabilité,
19:26qu'ils ne veulent pas juste rajouter du désordre au chaos, etc.
19:29C'est-à-dire, ce qui est plutôt une logique assez réformiste, on va dire.
19:32Je pense que les socialistes sont effectivement à la croisée des chemins,
19:34surtout quand on voit l'attitude des partenaires sociaux.
19:36Certes, François Bayot n'a sûrement pas envie de remettre en cause
19:38toute la réforme des retraites, même si tout est ouvert.
19:40La question de l'âge légal viendra en discussion,
19:43dans ces trois mois de discussion,
19:44après une mission dite flash de la Cour des comptes,
19:47justement, pour un audit de la situation financière des retraites.
19:50Il n'a sûrement pas très envie, je suis d'accord avec Étienne Gérard,
19:54mais les partenaires sociaux, d'une façon ou d'une autre,
19:56commencé par la CFDT, dont il faut se souvenir du rôle moteur
19:59dans le mouvement social il y a deux ans,
20:01peuvent contraindre, pousser, pour obtenir davantage.
20:04Mais il dit que la négociation est biaisée.
20:05Marine Tourdelier, à cette place-là, il y a quelques minutes,
20:07elle disait que c'est biaisé. Le MEDEF, en fait, a le choix.
20:10Oui, mais une négociation entre partenaires sociaux,
20:12il y a des représentants du patronat.
20:14Ça ne s'appelle pas une négociation.
20:15Je suis d'accord avec vous.
20:16S'il y avait une négociation juste entre l'EFI et la CGT,
20:19c'est vrai que ça irait plus vite.
20:21Mais ça ne serait pas vraiment une négociation.
20:23Le MEDEF est favorisé parce que s'il n'y a pas d'accord,
20:25de toute manière, la réforme reste telle qu'elle.
20:26Donc le MEDEF n'a aucune raison de négocier.
20:28C'est pour ça que François Bayrou a fait cette avancée hier,
20:30en disant que même s'il y a des progrès,
20:32il pourrait soumettre un autre texte,
20:33même s'il n'y a pas d'accord global.
20:34Après, il faut se souvenir que le MEDEF n'était pas moteur,
20:36n'était pas à l'initiative de la réforme des retraites en 2023.
20:39Ce n'était pas le plus demandeur.
20:41Le plus demandeur, à l'époque, c'était quand même Emmanuel Macron.
20:43Ce qui explique aussi les divisions entre députés socialistes,
20:45c'est l'origine de leurs circonscriptions,
20:48la sociologie de leurs circonscriptions, comme on dit.
20:51On voit que ceux qui viennent d'une circonscription un peu plus rurale
20:55hésitent à voter la censure,
20:58et les autres qui viennent de milieux plus urbains,
21:01au contraire, veulent aller dans le sens de la censure,
21:04puisqu'il y a effectivement les électeurs plus à gauche
21:08qui se trouvent dans ces circonscriptions-là.
21:10C'est aussi pour ça qu'il peut y avoir une inquiétude de leur part,
21:13aussi du côté de LFI,
21:15puisque quand LFI dit que c'est la fin du NFP,
21:18ce n'est pas vrai, parce que le Nouveau Front Populaire n'existe pas.
21:20C'est une alliance électorale, il ne s'est jamais structuré.
21:23Le seul risque, et la menace d'ailleurs,
21:26qu'agit Jean-Luc Mélenchon,
21:28c'est de présenter des candidats LFI
21:31dans ces circonscriptions clés socialistes
21:34qui ont fait gagner des places et des sièges aux socialistes.
21:37Donc il faut attendre bien avant la motion de censure,
21:41du moins l'examen de la motion de censure
21:43à l'Assemblée Nationale cet après-midi.
21:45Ce sera vers quelle heure ?
21:4615h, il me semble.
21:47Donc les socialistes vont annoncer leur position juste avant ?
21:50C'est l'idée.
21:51Il y a une réunion juste avant
21:52où ils vont tenter de déterminer une position de groupe,
21:55mais encore une fois, rien n'est sûr.
21:57Bon, suspense, on attend.
21:58Merci beaucoup à tous les trois.
21:59Victoria Coussa, journaliste au service politique de France Info.
22:02Merci à Etienne Girard aussi, rédacteur en chef à L'Express.
22:05L'Express qui vous propose dès aujourd'hui
22:07la dernière leçon de sagesse du philosophe André Conspondeville.
22:11Le bonheur, la mort, le libéralisme, mais aussi Mélenchon.
22:14Tiens Etienne, L'Express qu'on retrouve où ?
22:17Plus que jamais à Courrées-Lacheté, dans tous les bons cas.
22:19A lire absolument plus encore aujourd'hui
22:21avec cet entretien avec André Conspondeville.
22:23Effectivement, merci.
22:24A lire toutes les semaines, bien sûr Etienne.
22:26Merci Renaud.
22:27Les informés du soir, c'est à partir de 20h
22:29avec Aurélie Hervemont et Jean-Rémi Maudeau.