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00:00Ravis de vous retrouver comme chaque matin pour les informer. Votre émission de
00:11décryptage de l'actualité politique en votre compagnie Renaud Delis, bonjour.
00:16Bonjour Adrien, bonjour. Et avec nos informés ce matin Julie-Marie Lecomte,
00:20bonjour Julie, chef du service politique de France Info et Henri Vernet,
00:24bonjour Henri. Vous êtes rédacteur en chef adjoint au Parisien, aujourd'hui en
00:29France. Nous allons parler, Renaud, de ce sujet qui revient encore de
00:32l'actualité, c'est bien sûr la réforme des retraites. Va-t-elle être remise en
00:36cause et le parti socialiste va-t-il obtenir du gouvernement, et bien non pas
00:43l'abandon, mais en tout cas un retour sur cette réforme ? En tout cas ce sujet, vous
00:46avez raison Adrien, est au cœur des discussions engagées entre le
00:49gouvernement d'une part et puis la gauche hors LFI sans les insoumis
00:54d'autre part, c'est-à-dire les socialistes mais aussi les écologistes
00:56et les communistes. On sait qu'il y a eu des réunions cette semaine et il y aura
00:59probablement d'autres encore dans les heures et les jours qui
01:02viennent, en tout cas avant mardi. Pourquoi mardi ? Mardi c'est le jour de la
01:06déclaration de politique générale de François Bayrou à l'Assemblée nationale
01:09et on le sait, les insoumis ont déjà annoncé qu'ils déposeront une motion de
01:13censure qui devrait être débattue et soumise au vote deux jours plus tard et
01:16le Premier ministre doit évidemment essayer d'échapper à la censure et donc de
01:20convaincre une partie de la gauche, à commencer par les députés socialistes, de
01:24ne pas la voter. Les mêmes députés socialistes réclament donc des avancées,
01:28des concessions remarquables dit Olivier Faure et en particulier sur la question
01:32de la réforme des retraites. Jusqu'où le gouvernement est-il prêt à aller ? Est-il
01:34vraiment ouvert à la discussion, à la remise en cause de cette réforme qui
01:38semblait emblématique du second mandat d'Emmanuel Macron ? Voici ce qu'en disait
01:42hier chez nos confrères de public Sénat, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de
01:45la transition écologique. Il n'y a pas de tabou sur la réforme des
01:49retraites et pour avancer il faut des compromis et la porte est ouverte, la main
01:53est tendue, c'est très clair. Et donc sur la réforme des retraites,
01:56bien sûr qu'on est prêt à avancer, mais on est prêt à avancer de manière à ne
02:01pas reculer sur une chose qui est essentielle, qui est le financement des
02:06retraites. Parce que je rappelle que cette réforme de retraite, elle visait une
02:10chose, sauver notre système de retraite.
02:13Avancer certes, mais sans reculer, c'est pas simple, sans reculer sur la question du
02:17financement évidemment, l'équilibre financier du système de retraite, mais on
02:21l'entend, pas de tabou, c'est ce que dit Agnès Pannier-Runacher, comme l'ont dit
02:24précédemment plusieurs membres du gouvernement, à commencer par d'ailleurs
02:27le ministre de l'économie Éric Lombard. Est-ce qu'effectivement le gouvernement
02:31peut envisager d'aller jusqu'à la remise en cause du départ de l'âge légal à 64
02:37ans ? De quelle façon ? Gêles, suspensions, réouverture de discussions au long cours ?
02:43Et puis quelles pourraient être les conséquences à la fois économiques,
02:46financières, mais aussi politiques d'une telle décision ?
02:48Julie-Marie Lecompte, est-ce que ce que l'on décrit et les questions qu'on peut
02:53poser, par exemple encore il y a quelques minutes avec Patrick Cannaire sur
02:56l'ouverture du gouvernement, etc.
02:58Est-ce que c'est véritable ou est-ce que c'est de la posture, cette ouverture ?
03:05Oui, non, non, non, c'est une vraie ouverture.
03:09D'ailleurs, même Emmanuel Macron est prêt à y aller.
03:14C'est ce que fait savoir son…
03:16C'est pourtant une réforme qu'il a défendue.
03:18C'est une réforme qu'il a défendue, mais il ne faut jamais perdre de vue que ce n'est
03:21pas sa réforme idéale.
03:23Le report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, lui, sa réforme idéale, c'était
03:27la réforme par points.
03:28Il l'a même redit très clairement lors d'une interview.
03:32Dans mon souvenir, pendant la campagne des Européennes, il regrettait, il le disait
03:37déjà, de ne pas avoir fait la réforme par points.
03:41Donc, François Bayrou va rouvrir la discussion.
03:45Il l'a dit très vite après sa nomination.
03:48Patrick Cannaire nous disait que la négociation pourrait s'ouvrir pendant six mois et non
03:54pas neuf, comme l'avait indiqué le Premier ministre dans un premier temps.
04:00Cette question de l'âge de départ, elle va être remise sur la table.
04:05Est-ce que, pour autant, in fine, on reviendra dessus ?
04:10Ça, c'est une autre question.
04:12Parce que la condition sine qua non, c'est de trouver une autre solution.
04:16Le deal que passe François Bayrou, c'est de dire OK, vous ne voulez pas de l'âge
04:20de départ à 64 ans.
04:22Vous m'expliquez qu'il y a d'autres solutions.
04:23Allons-y. Souvenons-nous, comme il avait été compliqué et comme la réforme de la
04:29retraite par points s'était enlisée.
04:32Parce que c'est très, très, très compliqué de trouver une alternative et
04:36définitivement enterrer pendant le Covid.
04:39Henri Vernet, qu'est-ce qui s'est passé pour qu'on ait une telle évolution des
04:43positions ? Même si Julie dit effectivement que ce n'était pas la réforme idéale
04:47d'Emmanuel Macron. Cette réforme, je crois me souvenir qu'elle a été défendue
04:51plutôt sérieusement par Elisabeth Borne en son temps, qui a même utilisé le 49-3,
04:57par Gabriel Attal. Ça a été un feuilleton politique assez long.
04:59Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:00Un feuilleton politique. Et puis en plus, ça avait été passé avec une certaine
05:03force, c'est-à-dire des millions de manifestants dans la rue, un rejet global
05:07des Français et puis les difficultés politiques que l'on sait.
05:10Or, on sait bien que les présidents en France aiment bien réformer, justement,
05:13un peu dans la douleur, parce que c'est ça, selon eux, c'est un adage un peu
05:16curieux, mais comme ça d'un cinquième, qui marque les vraies réformes.
05:19Même si je suis d'accord, la vraie réforme serait celle du permis de la
05:22retraite à points, très, très clairement.
05:24Le permis de la retraite à points, c'est faire.
05:25Oui, c'est bien aussi, mais donc en effet, il y a vraiment, et en plus, ça
05:30correspond en effet à des impératifs tout à fait, comment dire, d'équilibre
05:35financier. Donc, ce qui s'est passé, c'est que les uns et les autres ont
05:38besoin d'avancer, ont besoin de bouger.
05:40François Bayrou, tout simplement, pour assurer une survie au-delà de son
05:43discours de politique générale, au moins jusqu'au budget et peut-être après.
05:46Donc, lui, a intérêt à faire des concessions.
05:48À gauche, on voit bien, mais ça, je crois qu'on en reparlera, il y a également
05:51cette idée de devoir avancer.
05:52Donc, c'est ça qui a bougé.
05:54Et je me souviens, nous, on avait vu Amélie de Montchalin, qui préparait tous
05:57ses rendez-vous la semaine dernière, qui disait bien que le tout, c'était de
05:59bâtir une proposition qui ne soit ni de droite, ni de gauche, ni de centre, en
06:03quelque sorte, qui soit un budget, une formule où tout le monde s'y
06:07retrouverait un peu, donc, avec ce thème de la retraite.
06:10Donc, ce qui peut bouger, c'est ça.
06:11Mais néanmoins, ce qui ressort quand même de tout ce qu'on a entendu comme
06:14intervention, c'est qu'on est vraiment dans la négociation.
06:17C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de poker-monteurs, en quelque sorte.
06:20On ne sait pas exactement où il faut aller.
06:22C'est-à-dire que personne ne s'est engagé, pour l'instant, à dire oui, l'âge
06:25de la retraite, on va...
06:27Quand on entend Agnès Pannier-Rinacher, alors, elle ne s'est pas en charge de ce
06:31sujet-là. Mais voilà, ce n'est pas non plus si clair, ce n'est pas on est
06:34prêt à abandonner.
06:35Exactement, et notamment la question du sel suspensionnel.
06:36Rouvrir la discussion, ça ne veut pas nécessairement dire y renoncer.
06:43C'est-à-dire qu'on remet sur la table cette question des 64 ans, mais ça ne
06:47veut pas dire que...
06:48Il faut lire les petites lignes, comme d'habitude.
06:49Ça ne veut pas dire qu'à la fin, on ne restera pas sur les 64 ans.
06:54Mais si Emmanuel Macron laisse son Premier ministre agir, c'est parce que
06:57François Bayrou, c'est son Premier ministre de la dernière chance.
07:00Donc, si François Bayrou saute maintenant, derrière, de nouveau, on l'a dit
07:07beaucoup, c'est Emmanuel Macron qui sera en difficulté.
07:09Oui, vous avez raison.
07:11Et en même temps, c'est vrai que suspendre cette mesure aujourd'hui, et
07:14François Bayrou lui-même l'avait dit au moment de sa nomination...
07:15C'est techniquement compliqué.
07:16Alors, d'abord, il y a la complication éventuellement technique.
07:20Il y a évidemment l'impact financier, mais il y a aussi le fait, et c'était
07:23François Bayrou qui l'avait dit au moment de sa nomination, qu'il était à ce
07:25moment-là plutôt contre la suspension, contre le gel.
07:28Parce que quand on suspend, on n'y revient jamais ensuite.
07:30Et c'est vrai qu'il est probable que, si jamais Patrick Cannaire, tout à l'heure
07:33le président du groupe socialiste au Sénat, ait esquissé un chemin sur
07:37l'éventuelle suspension du dispositif qui vise à rallonger d'un trimestre,
07:41d'un semestre ou d'un trimestre tous les trois ans afin d'arriver à 64 ans.
07:46C'est ça en 2027.
07:47Il a estimé le coût autour de 2 milliards d'euros.
07:50Ça, c'est l'estimation des socialistes.
07:51Il esquisse un chemin en évoquant l'hypothèse de financer ça en piochant
07:55dans le fonds de réserve des retraites et donc de rouvrir
08:00la discussion sur le fonds à plus long terme, y compris sur le système parpoint.
08:04Le problème, c'est que François Bayrou disait lui-même que si jamais
08:07il y a un gel ou une suspension des 64 ans dans les semaines qui viennent,
08:11on imagine mal que dans neuf mois, le gouvernement dise finalement,
08:14si, si, on revient à 64 ans.
08:16C'est déjà, d'une certaine façon, abdiqué.
08:18Ce qui est vrai, et ça aurait un impact politique et un impact dans l'opinion
08:22terrible, évidemment, pour le gouvernement.
08:23Mais ce qui est vrai, c'est que ce qui a changé, c'est la situation politique.
08:24Vous avez raison du fait qu'Emmanuel Macron est, en quelque sorte,
08:27le prochain sur la liste, en tout cas dans l'esprit des oppositions,
08:29si jamais ce gouvernement tombait après la chute du gouvernement Barnier
08:33et que donc François Bayrou a besoin de s'entendre avec une partie de la gauche
08:37et en l'occurrence avec les socialistes.
08:38Et c'est aussi leur intérêt à eux.
08:41Maintenant, la difficulté politique,
08:43parce qu'il y a toute la dimension économique et financière capitale.
08:46Évidemment, l'impact sur les marchés financiers, le financement,
08:50la façon dont l'Union européenne, aussi la Commission,
08:53prendrait un recul de la France sur l'âge de la retraite ou les agences de notation.
08:57Et puis, il y a les difficultés politiques, mais celles-là,
08:59elles viendront peut-être plus probablement du côté de la majorité
09:02et de la droite d'ailleurs.
09:03C'est évidemment de ce côté-là que faire avaler un recul
09:05sera plus délicat sur le plan politique.
09:06Vous venez de lancer, Renaud, les deux thèmes qu'on va aborder.
09:10Effectivement, quelles conséquences, que ce soit des conséquences financières
09:14ou des conséquences politiques en cas de recul sur cette réforme des retraites ?
09:18C'est juste après le Fil-Info, 9h15, Marie Maheuve.
09:22Ce sont les incendies les plus dévastateurs de l'histoire de la Californie,
09:26dit Joe Biden.
09:27Ils ont fait au moins dix morts, selon le dernier bilan.
09:30Le président américain a promis des moyens fédéraux pour y faire face.
09:34Les deux principaux feux sont toujours hors de contrôle.
09:37Plusieurs centaines de militaires sont attendus sur place.
09:40Donald Trump, lui, connaîtra aujourd'hui sa peine dans l'affaire Stormy Daniels.
09:44À dix jours seulement de son investiture, en mai dernier, il a été reconnu coupable
09:49de paiement dissimulé à cette actrice de film porno dans le contexte
09:53de l'élection présidentielle de 2016.
09:56En France, 18 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende.
09:59Les réquisitions de la justice à l'encontre de Stéphane Plaza.
10:03L'agent immobilier et animateur est jugé pour violences conjugales
10:07sur deux anciennes compagnes et des violences physiques, mais aussi psychologiques.
10:12Restez prudent si vous habitez le nord de la France.
10:14Trois départements sont en vigilance.
10:16Orange-Neige, Verglas, le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme.
10:19Six autres, toujours dans le nord, sont aussi en orange, mais pour risque de crues.
10:34Et toujours avec Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien,
10:38aujourd'hui en France, c'est Julie-Marie Lecomte,
10:40chef du service politique de France Info.
10:42Je le disais, Julie, je voulais parler des conséquences,
10:46et Renaud les a esquissées, conséquences possiblement politiques.
10:49En cas de recul sur la réforme des retraites,
10:51est-ce qu'effectivement, ce n'est pas quelque chose qui risque de fracturer,
10:54d'une certaine façon, ce qui fut la majorité d'Emmanuel Macron,
10:57mais aussi la droite, peut-être, qui n'imagine pas forcément revenir sur cette réforme ?
11:02J'ai entendu que Laurent Wauquiez n'avait pas l'air très emballé.
11:05Évidemment pas, mais d'un point de vue, encore une fois, très théorique.
11:10Bien sûr, ça va pincer, ça va piquer dans la majorité.
11:14Imaginez-vous quand même Elisabeth Borne en train de prononcer
11:17le discours de politique générale devant le Sénat mardi prochain,
11:21puisqu'elle est la numéro 2 du gouvernement,
11:25pour annoncer que cette réforme, pour laquelle elle s'est tant battue…
11:31Qu'il l'a même abîmée, diront certains.
11:33Voilà, que cette réforme est réformée, alors qu'elle expliquait
11:36que c'était le seul, l'unique possibilité, la seule et l'unique voie de passage.
11:42Sauf qu'en réalité, dans la majorité, tout le monde a bien conscience
11:47que là, il faut trouver une issue.
11:51Donc, d'une certaine manière, le pragmatisme va l'emporter nécessairement,
11:57pour les raisons qu'on évoquait tout à l'heure, c'est-à-dire que la majorité,
12:00elle sait que si François Bayrou tombe, va se poser la question d'une nouvelle dissolution,
12:08puis la question de savoir s'il ne faut pas aligner des législatives et une présidentielle.
12:12Et la majorité, aujourd'hui, soyons très clairs,
12:15elle est incapable de gagner des élections.
12:18Quant à la droite, est-ce qu'elle est capable de gagner des élections ?
12:20Elle a 47 députés aujourd'hui.
12:22Et est-ce qu'elle a seulement un candidat derrière, en cas de présidentielle anticipée ?
12:27La réponse se lit sur notre visage.
12:29– Je ne vais pas donner la réponse, j'attendais que vous le fassiez.
12:31– Non, mais la réponse est non.
12:32Aujourd'hui, à droite, on parle d'une guerre des chefs entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez.
12:36Est-ce qu'un des deux, aujourd'hui, demain, après-demain,
12:38a la capacité de gagner une présidentielle ?
12:40La réponse est non.
12:41– Alors, l'autre question qui va se poser, et là aussi, Renaud l'a esquissée,
12:45Henri Vernet, c'est quand même aussi la question financière.
12:47On nous a expliqué que, sans cette réforme des retraites,
12:49sans le passage de l'âge légal de départ à 64 ans,
12:52c'est tout le système qui s'effondrerait et les marchés nous attaqueraient,
12:55et ce serait une forme de catastrophe financière.
12:58J'exagère peut-être un peu…
12:59– Voilà, c'est un argument qui est toujours un peu agité.
13:01– Eh bien oui, mais n'empêche qu'il a été là.
13:03Est-ce que la classe politique devrait s'inquiéter, peut-être,
13:08de ce recul, s'il devait avoir gagné ?
13:10– Non, mais ce serait très bien, en effet, qu'elle emprunte toutes les responsabilités,
13:12toute la mesure.
13:13Très concrètement, ça veut dire que, par exemple, un gel,
13:16aujourd'hui, une suspension de la réforme,
13:18ça serait un coût pour les finances publiques
13:19d'environ 3 milliards et demi pour cette année,
13:21et à terme, de beaucoup plus.
13:22Les calculs qui ont été présentés,
13:25ça veut dire que ce serait 16 milliards à trouver, à dépenser pour 2032.
13:29Donc, à cet horizon-là, si on s'en tient, en effet, à ce report de l'âge.
13:33Moi, sincèrement, je doute vraiment que ce soit ça qui ait atterri.
13:36C'est qu'il y aura d'autres formules.
13:37En tout cas, le gel, la suspension, pour être simple, paraît vraiment difficile.
13:42Mais il n'y a pas que les partis politiques,
13:43il y a également les partenaires sociaux.
13:45Parce que pendant que les deux ministres de Bercy,
13:47Éric Lombard et Emeline Monchalin, recevaient les partis,
13:49les patrons des formations des forces politiques,
13:53François Bayrou, lui, recevait les forces publiques, les syndicats.
13:56Et notamment, par exemple, le patron du Medef,
13:58Patrick Martin, a bien expliqué que pour lui, l'âge, il ne faut pas y toucher.
14:02Donc, en revanche, ça veut dire vraiment qu'il faudra aller chercher ce financement.
14:06On voit d'ailleurs des pistes qui émergent un peu,
14:09comme par exemple la disparition de l'abattement,
14:11pour les retraités, qui existent encore, les 10%.
14:14Il y a pas mal de mesures qui sont comme ça.
14:16Donc cet argent, oui, il faudra aller le chercher, c'est très clair.
14:18– Justement, ces négociations, elles ont lieu avec la gauche,
14:22le Parti socialiste, qui, à en croire Jean-Luc Mélenchon,
14:24se prend pour les organisations syndicales, puisqu'il négocie lui-même.
14:28En tout cas, Renaud, on peut se demander si le Parti socialiste
14:30n'est pas finalement en train de reprendre une forme de leadership sur la gauche.
14:34– En tout cas, cette discussion, effectivement, a des conséquences assez lourdes
14:37au sein du nouveau Front populaire,
14:38dont la fracture, voire le divorce, semble désormais consommée.
14:41On évoquait les conséquences pour l'ex-majorité,
14:44notamment Elisabeth Borne, d'avaler un éventuel recul, évidemment,
14:48ou gel sur l'âge, la question de l'âge.
14:50On évoquait les réticences à droite, même s'il faut rappeler au passage
14:52que les Républicains, qui sont aujourd'hui réticents,
14:54n'ont pas voté la réforme des retraites à l'époque.
14:56Donc aujourd'hui, ils expliquent que pour des raisons financières,
14:58il faudrait maintenir une réforme qu'ils n'ont pas approuvée.
15:01Pour ce qui est de la gauche, en revanche, très clairement,
15:02on voit aujourd'hui deux gauches, sont-elles encore réconciliables ?
15:05On le verra, mais trois groupes, effectivement,
15:08qui, à l'initiative du Parti socialiste,
15:09sont allés discuter avec le gouvernement,
15:11les socialistes, les communistes, les écologistes,
15:12et ils ont laissé sur la touche les Insoumis,
15:14qui, de toute façon, ne voulaient pas parler avec le gouvernement.
15:17Résultat, Jean-Luc Mélenchon ne décolère pas.
15:20Il tweet, comme c'est fréquemment le cas pour manifester ses humeurs.
15:25Il dénonce, je le cite, une forfaiture d'un irrespect total
15:28pour le nouveau Front populaire.
15:30Il qualifie même les autres partis de gauche de ridicules de servilité.
15:34Fin de citation, parce qu'il discute donc avec le gouvernement.
15:37La réponse de Patrick Cannaire, le président du groupe socialiste au Sénat,
15:40qui était votre invité il y a quelques minutes.
15:43Monsieur Mélenchon s'agite, nous, on agit.
15:46Lui, il s'agite, nous, on agit.
15:48C'est la réalité.
15:50Et si, encore une fois, dans la négociation,
15:52qui peut-être n'aboutira pas, je n'en sais rien au moment où je vous parle,
15:56si nous ramenons des mesures positives pour le pays,
16:00une stabilité politique,
16:01tout en restant dans une opposition ferme et déterminée,
16:04j'estime que la gauche du gouvernement,
16:07celle qui aspire à gouverner,
16:09qui aspire à l'alternance dans les années à venir,
16:12et en particulier en 2027,
16:14eh bien cette gauche du gouvernement aura fait le travail.
16:17Julie Marie Lecomte, entre septembre 2024 et janvier 2025,
16:22il ne s'est pas passé beaucoup de temps quand même,
16:24on a un parti socialiste qui est passé de
16:26« on censure Michel Barnier » à « on discute,
16:29on est prêts à avancer, à travailler ».
16:31Qu'est-ce qui s'est passé dans la tête des dirigeants socialistes ?
16:33– Patrick Canard dit la même chose qu'Olivier Faure.
16:36On préfère aller chercher des victoires que d'être la gauche du rien,
16:40le parti socialiste, il sait surtout qu'aujourd'hui,
16:46on est toujours un peu dans la même logique,
16:48c'est-à-dire qui est prêt à aller à des élections anticipées,
16:52qui est prêt à aller aux élections, le parti socialiste n'est pas prêt.
16:56Et donc est dans une autre logique évidemment que Jean-Luc Mélenchon,
17:01qui lui mène le combat qui d'ailleurs est aussi celui de l'extrême droite,
17:07qui est de provoquer des élections anticipées.
17:13Parce que c'est, encore une fois, ça qui va se passer,
17:15c'est-à-dire que quand on fait tomber Michel Barnier,
17:18on sait que derrière il va y avoir un nouveau gouvernement,
17:22en ayant quand même un espoir que très, très, très vague,
17:26qu'Emmanuel Macron aille nommer un Premier ministre à gauche.
17:29Donc, en fait, on sait ce qui va se passer.
17:30Emmanuel Macron va de nouveau choisir un nouveau Premier ministre,
17:35plus ou moins Macron compatible.
17:36Sauf que le deuxième Premier ministre, sa chute,
17:40là, elle entraîne des élections anticipées et l'EPS n'est pas prêt.
17:44– Henri Vernet.
17:45– Il y a en effet deux logiques différentes.
17:47On voit que l'EPS, ce qu'il cherche, ce sont les mots,
17:49de Parti Cannaire à l'instant, c'est de montrer qu'il est devenu,
17:53vraiment redevenu, disons, un parti d'opposition,
17:56mais de gouvernement, un parti de gouvernement qui est apte.
17:58– Pardon, je vous coupe, mais ça, ça peut être utile ?
18:01Ça peut servir ?
18:02– Alors, c'est là, justement, que je vais au bout du raisonnement.
18:05Ça peut être utile s'il arrive, notamment, déjà à embarquer avec lui
18:08dans cette optique-là, déjà, deux des trois autres partenaires du NFP,
18:12c'est-à-dire, en l'occurrence, les écologistes et les communistes.
18:14Si vraiment, il faut qu'il arrive à ça, d'une part,
18:17et d'autre part, qu'en effet, ils obtiennent un trophée réaliste,
18:20qu'au minimum, se gèle cette suspension de la réforme,
18:24dont je disais tout à l'heure que je doutais, vraiment, sur le fond.
18:26Donc, on verra bien.
18:27Mais d'une part, il faut ça, et d'autre part, il faut, en effet,
18:31que derrière, les militants, la base, sinon les militants,
18:34en tout cas, les électeurs de ces formations-là, soient convaincus.
18:37Or, ça, c'est moins sûr, parce qu'ils sont moins aptes,
18:39ils sont moins intéressés par les jeux d'appareil,
18:40les rivalités entre Mélenchon et les trois autres composantes du NFP.
18:44Et en revanche, Jean-Luc Mélenchon, lui, quand Patrick Cannaire dit
18:48« Mélenchon s'agite et nous, on agit »,
18:50oui, mais Mélenchon, il s'agit, il jette des anathèmes.
18:52C'est vrai que c'est très insultant, quand on dit ses partenaires,
18:54quand on les traite de serviles,
18:55ce n'est pas exactement la meilleure manière de rassembler.
18:58Néanmoins, est-ce que vraiment, il est si mécontent que ça, Mélenchon ?
19:01Pas forcément, parce que, quelque part,
19:04on a même l'impression qu'intérieurement, il jubile,
19:06parce qu'il voit bien que c'est lui qui reprend le flambeau.
19:08Ben oui, parce que c'est lui qui reprend le flambeau de la vraie opposition,
19:11et que si jamais demain, ces scénarios qui ont été décrits,
19:14c'est-à-dire qu'on arrivait à un Macron en première ligne,
19:17un Macron pourquoi pas démissionnaire et pourquoi pas présidentiel, on l'anticipait,
19:20aujourd'hui, qui sera en état de mener une gauche ?
19:23Là, je parle vraiment auprès des électeurs, auprès des militants,
19:26auprès vraiment de la base elle-même.
19:27Pour l'instant, il reste encore Mélenchon, en quelque sorte, en impopularité.
19:31Eux, ils sont prêts.
19:32Ils mènent d'ailleurs, ils préparent déjà presque une campagne présidentielle,
19:35ce n'est pas le cas des autres.
19:35– Le PS sur un fil, donc, Renaud Desbordes.
19:37– Oui, je ne suis pas tout à fait d'accord avec Henri Vernet,
19:40c'est-à-dire que d'ailleurs, il y a une contradiction,
19:41parce que d'un côté, effectivement, si Jean-Luc Mélenchon est en position de force,
19:45aujourd'hui, pour une présidentielle anticipée à gauche,
19:47ça c'est clair, je suis d'accord avec vous,
19:48c'est bien la raison pour laquelle, a priori, notamment politiquement,
19:51les socialistes n'ont pas intérêt à faire chuter le gouvernement aujourd'hui.
19:55Même si le chute du gouvernement ne générerait pas forcément,
19:57évidemment, une présidentielle anticipée,
19:59rien ne contraint Emmanuel Macron à la démission, il faut le rappeler.
20:02Donc, c'est bien pour ça qu'a priori,
20:03on s'oriente peut-être vers un scénario de non-censure
20:05qui ferait que les échéances auraient lieu à terme en 2027.
20:08Et est-ce que d'ici 2027, si la France insoumise continue de tambouriner dans son coin,
20:12mais d'être finalement foncièrement isolée et de ne pas servir à grand-chose,
20:16Jean-Luc Mélenchon sera en aussi bonne position si jamais la gauche,
20:19dite de gouvernement, effectivement, elle, réussit à obtenir peu à peu des choses,
20:23à impulser, à influencer, à arracher des choses,
20:26des aménagements, des avancées sur les retraites ou sur d'autres dossiers ?
20:30Ce n'est pas évident que Jean-Luc Mélenchon soit en aussi bonne position dans deux ans.
20:33C'est bien pour ça qu'il veut, lui, une présidentielle anticipée dès maintenant.
20:36À l'arrivée, je ne suis pas sûr qu'il soit gagnant si jamais il y a un accord.
20:39Ce qui, effectivement, l'agace encore un peu plus que d'habitude, si j'ose dire,
20:44c'est que les socialistes aient embarqué avec eux les écologistes et les communistes avant-hier à Bercy.
20:49Ça, effectivement, ça montre l'isolement aujourd'hui des insoumis.
20:52Et on voit effectivement les socialistes qui renouent avec leur culture de gouvernement
20:57qu'ils ont exercée, c'est-à-dire une forme de réformisme.
21:00Parce que si jamais il n'y a pas d'avancée, d'accord, de suspension, de gel,
21:05quelle que soit la formule, on en reste à la réforme actuelle.
21:07Parce que contrairement à ce que prétendent les insoumis, cette réforme, la réforme actuelle,
21:11la réforme qui a été adoptée en 2023 dans les conditions qu'on connaît,
21:14ne peut pas être abrogée avec le Parlement tel qu'il est aujourd'hui.
21:17On le sait, même s'ils disent à chaque fois il y a une majorité à l'Assemblée nationale,
21:21si on additionne en clair nos voix avec celles du Rassemblement national et de toute la gauche.
21:25De toute façon, vu la configuration politique du Sénat et la procédure parlementaire,
21:30il ne peut pas y avoir d'abrogation de la réforme actuelle avec l'État du Parlement tel qu'il est aujourd'hui.
21:36Donc, Jean-Luc Mélenchon et les insoumis vivent sur ce mythe aussi à chaque fois.
21:39Comme c'est une proposition de loi, à l'arrivée, l'initiative reviendrait à l'exécutif
21:44de convoquer à l'issue d'une commission mixte paritaire qui aurait échoué,
21:47de convoquer l'Assemblée nationale pour une dernière lecture.
21:49Évidemment que le gouvernement ne le ferait pas.
21:51Donc, c'est pour ça que les socialistes sont en position de force.
21:54Il ne peut pas y avoir d'abrogation de la réforme,
21:56donc ils tentent effectivement d'obtenir une réforme de la réforme en quelque sorte.
22:00– Merci Renaud Delis pour ces explications.
22:03Merci à vous Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien Aujourd'hui en France.
22:07Merci Julie Marie Lecomte, chef du service politique de France Info.
22:11Merci de nous avoir suivis.
22:12Les informés reviennent bien sûr ce soir 20h sur France Info.