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00:00 (Générique)
00:08 - Soyez les bienvenus sur le plateau des informés.
00:10 Votre rendez-vous de décryptage de l'information à la radio France Info et sur la télévision France Info,
00:15 Canal 27, les informés ce matin avec Benjamin Sportouche.
00:18 - Bonjour Benjamin. - Bonjour.
00:19 - À nos côtés Géraldine Vossner, rédactrice en chef au Point.
00:22 - Bonjour. - Merci d'être là.
00:23 Et à vos côtés Aurélie Herbemont du service politique de France Info
00:26 qu'on retrouve tous les matins dans le brief politique sur l'antenne de France Info Radio à 7h24.
00:31 Le premier thème Benjamin, on est évidemment à deux jours du Salon de l'agriculture,
00:35 pour ceux qui seraient passés à côté, et l'exécutif aimerait bien quand même apaiser les esprits.
00:40 - Eh oui, mais ce n'est vraiment pas gagné. La prise de parole d'hier de Gabriel Attal n'a visiblement pas suffi.
00:45 Certes, le Premier ministre a annoncé une nouvelle loi EGalim d'ici l'été pour une meilleure rémunération des producteurs.
00:51 C'est le sujet du revenu et il est essentiel.
00:53 Il a également annoncé des mesures sur les pesticides, sur les visas des saisonniers.
00:57 Mais il s'agissait essentiellement, disons-le, d'un point d'étape sur tous les chantiers engagés.
01:03 Bref, montrer que le gouvernement est à la tâche et désamorcer ou tenter de désamorcer au maximum l'attention à deux jours,
01:10 donc, de cette visite du Salon de l'agriculture par le président de la République.
01:13 Mais la colère est toujours très forte.
01:15 Hier, 200 manifestants ont envahi au siège de l'actalis le numéro 1 mondial du lait à l'appel de la Confédération Paysanne.
01:22 C'était assez impressionnant.
01:23 Et à l'origine de cette action, la Confédération Paysanne.
01:26 On va écouter sa porte-parole, Laurence Marandola.
01:29 La priorité des priorités, on ne va pas attendre l'été.
01:32 C'est maintenant, plutôt que, voilà, en deux, trois mois, on peut défaire des arrêtés préfectoraux.
01:37 En deux semaines, on peut défaire des questions sur les phytos.
01:39 Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas, en deux semaines ou en un mois, se doter d'une loi qui protège le revenu des paysans ?
01:45 Ça, c'est la première chose.
01:46 Et l'autre chose, si vous les avez bien entendus, il n'a pas garanti un prix minimum
01:50 qui permette de couvrir notre émunération et nos coûts de production.
01:54 Ça, on n'a pas entendu.
01:55 On sera très vigilants.
01:56 C'est aussi pour ça qu'on est là aujourd'hui.
01:58 Voilà, grande vigilance.
01:59 Donc, tous les regards sont désormais tournés vers Emmanuel Macron.
02:03 Les agriculteurs attendent du chef de l'État lui-même d'aller beaucoup plus loin
02:07 que les 62 engagements déjà pris.
02:09 Mais le peut-il vraiment ?
02:10 N'est-ce pas mission impossible ?
02:11 Tant la détresse est grande et le tempo de la concrétisation des mesures annoncées,
02:16 bien plus lent que l'urgence que ressentent les céréaliers,
02:19 les élèves ou encore les véticulteurs.
02:21 Il y a quelques instants, sur ce plateau, la ministre déléguée à l'agriculture,
02:25 Anne Espagnol-Henachy, disait qu'il y aurait des annonces pendant ce salon de l'agriculture,
02:29 Aurélie Herbemont.
02:30 Que peut faire, que peut dire de plus le président de la République ?
02:34 De toute façon, il va bien falloir qu'Emmanuel Macron prenne la parole de manière très forte
02:38 puisque c'est vrai que les mobilisations se poursuivent,
02:41 les agriculteurs continuent à maintenir la pression
02:43 parce que c'est vrai qu'Emmanuel Macron, finalement, l'a assez peu entendu.
02:46 C'est Gabriel Attal qui est en première ligne depuis le début de la crise.
02:50 Donc, maintenant, ils attendent la parole du grand patron.
02:53 Donc, forcément, et quelle meilleure reconnaissance...
02:55 Parce que les oeufs de parole n'ont pas suffi aussi.
02:57 N'ont pas suffi parce qu'il faut dire qu'il y a des revendications extrêmement diverses
03:00 et qui ne peuvent pas se résoudre à coup de baguette magique, si vous me permettez l'expression.
03:04 Donc, il y a des chantiers qui sont sur du plus long terme,
03:06 notamment ce qui concerne l'Union européenne.
03:09 Donc, ils attendent forcément la parole d'Emmanuel Macron,
03:13 notamment sur le volet international
03:15 puisque sur ce qui est sur les traités de libre-échange
03:18 dont on a un peu moins parlé ces jours-ci,
03:20 mais qui restent au cœur du problème,
03:22 c'est pas Gabriel Attal qui pouvait faire des annonces là-dessus.
03:25 Donc, il faut qu'Emmanuel Macron pèse de tout son poids,
03:27 même si dans la majorité, tout le monde vous le dit,
03:29 c'est sûr qu'on ne va pas faire capoter le Mercosur.
03:31 On peut éventuellement obtenir des améliorations,
03:33 mais voilà, donc il faut maintenant la parole d'Emmanuel Macron,
03:37 la parole performative du chef de l'État.
03:39 C'est ça qui est toujours très attendu à forcerer dans notre régime assez présidentiel.
03:43 Géraldine Vosnier, du point, vous pensez que le président, il en a encore sous le pied ?
03:46 Je pense qu'ils attendent de lui un message politique essentiel.
03:53 Ils, ce sont les agriculteurs ?
03:54 Les agriculteurs qu'on n'a pas encore eu.
03:56 On n'efface pas en trois semaines 20 ans de désamour,
04:00 et même s'il y a eu beaucoup de choses annoncées,
04:03 il faut quand même souligner que depuis trois semaines,
04:04 le gouvernement a vraiment pris la mesure de l'ampleur de la crise.
04:08 Il y a eu énormément de choses, des mesures sectorielles,
04:11 des mesures immédiates d'urgence,
04:14 une vraie fenêtre d'opportunité qui s'est ouverte à Bruxelles,
04:17 et on en a profité pour peser.
04:20 Les chantiers sont lancés,
04:22 mais il y a quand même des gros manquements sur la philosophie,
04:24 sur le cap, où est-ce qu'on va dans 10 ans ?
04:26 Et ça, les agriculteurs ne le savent pas.
04:29 Je vais vous donner un exemple.
04:31 Alors, rapidement, avant le fil info.
04:32 Ouais, maintenant.
04:33 Allez-y.
04:34 Alors, je vais vous donner un exemple.
04:35 Sur le terrain, la simplification,
04:38 les préfets rencontrent les agriculteurs pour simplifier les choses,
04:42 et ça ne se passe pas bien sur le terrain,
04:44 parce que souvent, les préfets, ils notent,
04:46 ils disent "Ah oui, oui, j'ai bien compris,
04:47 mais moi, ça, j'y peux rien, c'est pas de mon ressort".
04:50 En fait, l'État a perdu la main sur son administration,
04:54 et pour changer ça, il faut un changement législatif,
04:58 il faut un rééquilibrage entre l'impératif de protéger l'environnement
05:03 et l'impératif de protéger l'agriculture.
05:06 Gabriel Attal a proposé de mettre dans la loi
05:10 le fait que l'agriculture soit un intérêt fondamental de la nation,
05:14 ça ne suffit pas, ça ne suffit pas pour les agriculteurs,
05:17 parce que ça, ça n'aura pas de portée juridique.
05:20 Ce qu'il demande, c'est que ce soit reconnu d'intérêt général.
05:22 On revient sur cette question, Géraldine Vosner, Aurélie Herbement et Benjamin Sportouche.
05:26 Dans un instant, lors de ces informés,
05:28 juste après le fil info de Sophie Echelle, il est 9h11 sur France Info.
05:32 Après celle de Judith Godrech, de nouvelles accusations contre Benoît Jacot,
05:36 cette fois par la comédienne Iside Lebesco,
05:39 chez nos confrères du Parisien, aujourd'hui en France.
05:41 Elle dit avoir vécu une emprise destructrice avec le réalisateur,
05:44 avec qui elle a vécu une relation quand elle avait 16 ans et lui 52.
05:48 Iside Lebesco se dit prête à porter plainte.
05:51 Greenpeace France a mené des actions simultanées dans différents départements français,
05:55 tôt ce matin, contre des groupes agro-industriels,
05:58 dans la Sarthe, en Ille-et-Vilaine ou encore dans le Calvados,
06:01 le siège de la FNSEA à Paris a également été visé.
06:04 L'ONG réclame une meilleure rémunération des agriculteurs.
06:07 Joe Biden s'en prend verbalement à Vladimir Poutine.
06:10 Le président américain traite son homologue russe de "son of a bitch",
06:13 qu'on pourrait traduire en français par "enfoiré".
06:16 Joe Biden promet par ailleurs des sanctions majeures contre la Russie,
06:19 en réponse à la mort d'Alexei Navalny.
06:21 Le gouvernement l'annonçait dimanche.
06:23 Le décret qui acte 10 milliards d'euros de coupes budgétaires dans une trentaine de domaines
06:27 vient d'être publié au journal officiel,
06:29 avec notamment 2 milliards d'euros de moins pour les programmes
06:32 écologie, développement et mobilité durable.
06:35 Retour sur le plateau des informés avec Benjamin Sportouche,
06:50 Géraldine Vosner et Aurélie Herbemont-Benjamin.
06:53 Il y a un des éléments des annonces de Gabriel Attal hier,
06:56 qui est un changement d'indicateur sur les phytosanitaires, sur les pesticides.
06:59 Sans rentrer dans le détail, il y avait un indicateur français,
07:02 qui s'appelait Nodu, qui était décrié par les agriculteurs,
07:05 qui était plutôt aimé par les écologistes.
07:07 Et puis la France dit "non, finalement, on va reprendre l'indicateur européen".
07:12 Et là, on pense que c'est un peu une victoire de la FNSEA.
07:15 Est-ce que le gouvernement a topé avec le principal syndicat des agriculteurs ?
07:19 C'est une concession énorme, disons-le.
07:21 C'est clair, les agriculteurs voulaient absolument ce changement d'indicateur,
07:24 ils disaient qu'ils étaient lésés par l'indicateur français,
07:27 notre indicateur franco-français, par rapport à celui européen.
07:29 Donc oui, c'est une grande victoire pour eux.
07:31 Et ça s'inscrit dans une forme de cogestion qui existe avec les syndicats agricoles
07:35 depuis des années maintenant. Faut-il y rester ?
07:38 En tous les cas, pour l'instant, on y est,
07:39 parce que les gouvernements successifs n'ont pas trouvé d'autres solutions.
07:42 Et pourquoi, Géraldine l'a dit, c'est parce qu'il n'y a pas eu de vision de long terme.
07:46 Ça fait des années qu'il n'y a pas eu de loi pluriannuelle,
07:49 de perspective pour les agriculteurs.
07:51 Le président de la République a dit "mais on avait eu des intuitions".
07:53 Encore fallait-il les mettre en œuvre.
07:55 Quand il y a des choses qui sont faites comme la loi EGalim sur le terrain,
07:57 il n'y a pas de concrétisation non plus.
08:00 Et sur cet aspect écologique, c'est pas rien.
08:03 Les organisations non gouvernementales écologiques disent
08:06 "voilà, c'est une défaite pour nous parce qu'on va se retrouver avec une agriculteure
08:09 qui va continuer à utiliser des pesticides".
08:12 Alors que l'objectif est toujours le même,
08:14 c'est-à-dire diminuer tout de même de 50% à 2030.
08:17 Donc vous voyez, il y a quand même un deux.
08:19 On est sur un pas de deux assez incompréhensible.
08:22 Géraldine Vosner, sur ces indicateurs d'usage des pesticides.
08:26 Il y a beaucoup d'incompréhension, d'instrumentalisation politique
08:29 d'un indicateur qui était mal fichu dès le départ.
08:31 Nous on l'a construit à la Vavit en 2008,
08:34 en prenant en compte uniquement la quantité de produits.
08:37 Et pour parler très simplement,
08:39 quand vous remplacez 100 mg de morphine par 3 g de paracétamol,
08:45 ça pèse plus lourd.
08:47 Donc en fait, cet indicateur, ce que lui reprochent les professionnels,
08:50 mais aussi pas mal de chercheurs,
08:52 parce que ce n'est pas seulement les agriculteurs,
08:54 c'est qu'il invisibilise les efforts.
08:57 Un autre chiffre, en 2009, on vendait 5000 tonnes par an
09:01 de substances les plus dangereuses.
09:03 En 2021, c'était 47 tonnes.
09:06 Et l'indicateur, il montre quoi ?
09:08 Que l'utilisation progresse.
09:10 Donc ça n'était plus possible.
09:12 Ça devenait même contre-productif.
09:14 Les ONG, elles disent que l'usage des pesticides,
09:16 selon l'indicateur européen, baisse de 32%,
09:19 alors que selon l'indicateur français,
09:21 elle augmente de 3%. On n'y comprend rien.
09:23 Oui, parce que l'indicateur européen prend en compte
09:25 la toxicité des molécules.
09:27 Le fait qu'on prend peut-être plus en quantité de molécules,
09:31 mais elles sont beaucoup moins dangereuses
09:33 pour l'environnement et pour la santé.
09:34 C'est pris en compte dans l'indicateur européen, imparfaitement.
09:37 Attention, il n'est pas parfait cet indicateur.
09:39 Mais au moins, on voit la réalité des progrès réalisés.
09:44 Et surtout, on voit où frapper,
09:46 parce que là, avec l'indicateur français, on est dans le flou.
09:48 On a l'impression que c'est une urgence,
09:50 que ça se fait tout ça, et du coup, on a vraiment l'impression
09:52 que c'est une concession très forte qui se fait aux Allemands.
09:54 L'indicateur européen, ce n'est pas dans l'urgence,
09:56 il existe depuis 2019.
09:58 Le gouvernement a au jeu de dire
10:00 "autant être aligné sur ce que font nos partenaires européens",
10:03 parce qu'il y a de la concurrence, mine de rien,
10:05 entre les pays européens,
10:07 donc autant jouer avec les mêmes armes.
10:09 On est déjà à armes très inégales face à l'importation
10:12 des produits qui viennent hors de l'Union européenne,
10:14 qui ne sont pas du tout sur les standards
10:16 ni européens ni français en matière
10:18 de réduction des pesticides.
10:20 Donc le gouvernement dit "bon voilà, on relâche un peu
10:22 la pression en déjà, en s'alignant
10:24 sur ce que font nos voisins européens".
10:26 - Mais ce n'est pas une défaite de l'ambition écologique ?
10:28 - L'ambition écologique, de toute façon,
10:30 ces dernières semaines, du côté du gouvernement,
10:32 on voit qu'elle est toujours érigée en principe,
10:35 mais voilà, il y a donc sur les pesticides
10:37 la variable d'ajustement.
10:39 Ce matin, on apprend qu'effectivement,
10:41 dans les décrets officiels
10:43 des économies du gouvernement
10:45 qui ont été promis par Bruno Le Maire,
10:47 il y a 2 milliards qui sont coupés sur les budgets écologiques.
10:49 - 2 milliards sur les 10.
10:51 - 2 milliards sur les 10 qui sont sur l'écologie.
10:53 Donc on voit bien, même si le gouvernement
10:55 aura beau jeu de vous dire,
10:57 on fait encore beaucoup, beaucoup plus que ces dernières années,
10:59 on fait plus que nos voisins européens,
11:01 on fait plus dans tous les domaines,
11:03 mais évidemment ça ne va pas du tout assez vite
11:05 pour, d'après ce que pensent les écologistes,
11:07 et avec le mur du changement climatique
11:09 et du dérèglement et de toutes les
11:11 manifestations tangibles
11:13 que chacun peut mesurer quasiment.
11:15 - Pourquoi pas changer ? Mais tout ça se fait quand même dans la précipitation.
11:17 Sur beaucoup de sujets
11:19 qu'on vient d'aborder,
11:21 la loi Egalit, tout d'un coup, se dit,
11:23 "il faut un 4e volet parce qu'il y a 3 volets".
11:25 Certains disent même "c'est 5", donc on s'en sort plus.
11:27 Chacun a ses calculs sur le nombre de lois
11:29 qu'il y a dans ce domaine-là.
11:31 Et d'ailleurs, encore une fois,
11:33 concrètement, il n'y avait pas eu de contrôle.
11:35 Tout d'un coup, on a des centaines de contrôles
11:37 qui se déplacent.
11:39 - Dans les supermarchés, ils sont identifiés.
11:41 - C'est vrai que là, pour le coup,
11:43 peut-être qu'il aurait fallu que tout le monde
11:45 se mette autour de la table pour éviter ce procès
11:47 en cogestion et de faire en sorte qu'on ait l'impression
11:49 qu'il y a une parole des agriculteurs
11:51 beaucoup plus forte que d'autres
11:53 et notamment des écologistes.
11:55 Pourquoi, sur cet indicateur-là,
11:57 il n'y a pas eu une grande table ronde pour dire
11:59 "Vous avez votre avis, vous ONG,
12:01 vous agriculteurs, essayons
12:03 de nous entendre".
12:05 - Il y a eu des tentatives.
12:07 - Là, ça vient d'en haut pour tenter de calmer une colère
12:09 dans la précipitation, dans une sorte de fébrilité.
12:11 - Gestion de crise.
12:13 - Ça fait des années que ces revendications étaient sur la table.
12:15 - Tant que ça n'explose pas
12:17 dans la place publique,
12:19 forcément, on n'en parle pas.
12:21 - Les informés, au cœur des discussions, il y a la question
12:23 des prix pour une meilleure rémunération
12:25 et un meilleur partage de la valeur
12:27 en faveur, évidemment, des agriculteurs.
12:29 Hier, on a entendu Gabriel Attal dire
12:31 qu'il faut que les prix se basent
12:33 d'abord sur les prix de production
12:35 de la matière agricole.
12:37 Ce qui est assez fou, c'est qu'on avait l'impression
12:39 qu'Egalim, à la base, c'était un peu ça l'idée.
12:41 - Moi, ce que je trouve formidable,
12:43 pardon, c'est unpopular opinion,
12:45 Egalim, je vous l'annonce,
12:47 on pourrait avoir un Egalim 27,
12:49 que ça n'y changera rien.
12:51 Encadrer les négociations,
12:53 bien sûr, c'est une bonne idée.
12:55 Sauf que, on est dans un marché
12:57 européen, ouvert
12:59 et international.
13:01 Et les grandes enseignes, elles ont parfaitement le droit
13:03 de ne pas acheter français et d'aller acheter
13:05 en Pologne, en Allemagne.
13:07 Elles en ont le droit. Donc, sauf à
13:09 fermer complètement les frontières et à bloquer
13:11 les prix, ça ne change pas rien.
13:13 - Mais dans ce cas-là, il ne faut pas que sur les Egalim, il marche pas rien.
13:15 - Donc, il faut un Egalim européen.
13:17 - Est-ce que la souveraineté, ça ne veut pas dire, alors à me dire, c'est l'économie
13:19 administrée, on est en retour dans le passé.
13:21 Mais est-ce qu'on a, aujourd'hui,
13:23 dans le domaine culturel,
13:25 une exception culturelle, on a un prix unique
13:27 du livre, on veut faire une exception agricole.
13:29 Excusez-moi, c'est un mot qu'on a beaucoup entendu.
13:31 Pourquoi il n'y a pas des produits sur lesquels il y a un prix unique ?
13:33 - Mais ça veut dire sortir de l'Europe, pardon ?
13:35 - Sur le lait, par exemple, on est un énorme
13:37 producteur de lait, on voit des variations
13:39 énormes. On dit que l'actaliste est en train de
13:41 se remplir les poches au détriment des
13:43 agriculteurs. Est-ce qu'à un moment donné, sur ces produits
13:45 de base, il ne devrait pas y avoir une forme de prix
13:47 unique agricole ? Mais ça, c'est une
13:49 question, honnêtement, qu'on ne voit pas et qu'on ne voit pas
13:51 émerger. Ou en tous les cas, laquelle je n'ai pas à moi de...
13:53 - Parce qu'on est aussi dans un marché européen.
13:55 - Pardon, excusez-moi, en même temps,
13:57 on nous dit qu'il faut une souveraineté.
13:59 Donc il y a quand même une contradiction.
14:01 - Mais c'est un débat européen. - Souveraineté ne veut pas dire protectionnisme.
14:03 - Eh bien oui, mais sauf que là, on est dans une démarche
14:05 hyper-protectionniste. - Un égalime européen
14:07 aurait vraiment du sens et d'ailleurs, ce serait
14:09 un beau projet à discuter dans le cadre
14:11 des élections européennes, certainement.
14:13 - C'était d'ailleurs une des annonces, une des premières
14:15 annonces de l'exécutif de dire
14:17 qu'il faudrait un égalime, pardon,
14:19 européen. Est-ce qu'il peut y avoir
14:21 une lassitude des Français de
14:23 tous ces débats qu'on a depuis des semaines ?
14:25 Alors je disais tout à l'heure qu'il était difficile de passer
14:27 à côté du Salon d'agriculture, on va encore
14:29 en avoir pendant deux semaines. Et c'est évidemment
14:31 une très bonne chose, parce que c'est très important de parler
14:33 de notre agriculture, mais cette lassitude,
14:35 à quoi elle peut mener ? - Pour l'instant,
14:37 on voit quand même que dans les études d'opinion,
14:39 les Français soutiennent toujours massivement
14:41 les agriculteurs et puis on peut se dire que c'est
14:43 quelque chose de sectoriel qui concerne
14:45 finalement une petite partie de la population,
14:47 mais non, en fait, ça nous concerne tous.
14:49 C'est ce qu'on met dans nos assiettes.
14:51 C'est ce qu'on met dans nos assiettes, c'est ce qu'on mange,
14:53 c'est la qualité ou pas la qualité, c'est aussi
14:55 le prix, parce que, évidemment,
14:57 il faut du revenu pour les agriculteurs, mais on est dans
14:59 une période économique tendue, avec une inflation
15:01 ralentie, mais qui est toujours là.
15:03 Les Français, quand ils font leurs courses,
15:05 aussi c'est le problème. On peut essayer de les responsabiliser
15:07 en disant "achetez français, achetez français",
15:09 mais il faut qu'eux soient aussi
15:11 prêts à payer sans doute plus cher.
15:13 - Achetez français aussi peut-être des médicaments !
15:15 Ça va être notre deuxième débat,
15:17 les informer dans un instant, après le
15:19 Fil info de Sophie Echelle à 9h21.
15:21 (Générique)
15:23 Malgré les nouvelles mesures annoncées par Gabriel Attalier,
15:25 les agriculteurs ne se sentent pas entendus
15:27 et restent mobilisés à l'approche de l'ouverture
15:29 du Salon de l'Agriculture à Paris.
15:31 Environ 200 producteurs de lait ont envahi
15:33 le siège de l'Actalis hier en moyenne,
15:35 avant d'être délogés par des CRS
15:37 dans la soirée. L'Allemagne,
15:39 première économie européenne sombre dans la crise,
15:41 le gouvernement revoit à la baisse
15:43 sa prévision de croissance pour cette année.
15:45 0,2% contre
15:47 1,3% anticipé précédemment,
15:49 et cela risque de ne pas s'arranger avant
15:51 2028. En Russie, Boris
15:53 Nadeydin va contester la décision
15:55 de la Cour suprême, qui rejette
15:57 son recours contre le refus d'enregistrer
15:59 sa candidature à la présidentielle
16:01 sans réelle opposition. Vladimir
16:03 Poutine semble a priori parti pour
16:05 effectuer un nouveau mandat. La SNCF
16:07 impose désormais une limite dans le
16:09 nombre et la taille des bagages que vous pouvez
16:11 emporter dans les TGV et les intercités,
16:13 deux valises et un petit sac
16:15 par personne maximum. La SNCF
16:17 qui confirme par ailleurs que les trains
16:19 circuleront normalement ce week-end,
16:21 malgré la grève des aiguilleurs.
16:23 Un retour sur le plateau des
16:35 informés de Benjamin Sportouche avec
16:37 Géraldine Bouchard
16:39 du point pardonnez-moi, et
16:41 Aurélien Baumont de France Info. Non, j'étais perturbé
16:43 parce que je pensais à ce deuxième débat qu'on est
16:45 en train de lancer, qui est aussi en lien avec
16:47 la souveraineté, qui est aussi en lien avec la production
16:49 française, on parle du médicament. Oui, peut-être parce que vous êtes vous-même
16:51 allé en pharmacie, Laurent Aimé, que vous n'avez pas trouvé
16:53 les médicaments que vous souhaitez. Oui, et c'est un problème
16:55 du quotidien qui exaspère les Français de
16:57 sortir de la pharmacie sans avoir
16:59 leur ordonnance complète
17:01 avec les médicaments qui leur ont été prescrits.
17:03 Parce que la pénurie est de plus en plus prononcée
17:05 et les tensions d'approvisionnement se sont amplifiées
17:07 ces dernières années partout en Europe.
17:09 Écoutez bien, l'an dernier, près de 5000
17:11 signalements et risques de rupture de stock
17:13 ont été recensés par l'Agence
17:15 Nationale de Sécurité du Médicament.
17:17 Et sur des médicaments phares, encore une fois, du quotidien,
17:19 les antibiotiques, le paracétamol
17:21 ou bien encore les corticoïdes, c'est un
17:23 tiers de plus quasiment qu'en
17:25 2022. Alors pourquoi ? Écoutez
17:27 le président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques
17:29 de France, Philippe Bessé, il était ce matin sur France Info.
17:31 En fait, nous sommes
17:33 de plus en plus nombreux sur la planète et
17:35 les pays qui sont en voie de développement
17:37 veulent maintenant soigner leur population,
17:39 c'est bien normal. Et ça, ça génère
17:41 une compétition mondiale sur
17:43 l'utilisation des médicaments.
17:45 Donc ça veut dire que la première des réponses
17:47 c'est de reproduire, c'est de produire
17:49 les médicaments sur notre sol français et européen.
17:51 Moi, j'appelle vraiment,
17:53 on va rentrer à une élection européenne,
17:55 ce doit être le grand projet européen
17:57 de réindustrialisation de notre continent
17:59 dans les médias, dans ces pays.
18:01 On est complètement dépendants économiquement
18:03 des pays asiatiques, c'est pas possible
18:05 de continuer comme ça. - C'est pas possible de
18:07 continuer comme ça, la dépendance à la souveraineté, c'est donc
18:09 un sujet politique par excellence et le gouvernement
18:11 a donc annoncé hier quelques mesures
18:13 concrètes pour tenter d'enrayer ces pénuries,
18:15 notamment un suivi renforcé de la disponibilité
18:17 des médicaments prioritaires, des efforts
18:19 donc de relocalisation, comme le souhaite
18:21 Philippe Bessé, et de hausse de la capacité
18:23 de production pour près de 150
18:25 médicaments stratégiques, mais aussi
18:27 une rationalisation plus forte dans
18:29 la distribution des antibiotiques, dont
18:31 nous sommes, on le sait,
18:33 des très gros consommateurs, mais des trop
18:35 gros consommateurs. - Géraldine Wautnier,
18:37 c'est un sujet européen, mais c'est en fait
18:39 un peu aussi une spécificité
18:41 française, sachant qu'on a
18:43 une industrie du médicament où les prix
18:45 sont encadrés, où les prix sont
18:47 relativement bas, et que parfois c'est plus
18:49 rentable d'aller vendre les médicaments à l'étranger.
18:51 - Alors, l'assurance maladie
18:53 nous explique que
18:55 c'est pas vraiment lié au prix en réalité.
18:57 Elle est passionnante, cette crise,
18:59 parce que, effectivement, c'est la
19:01 conjonction de différents
19:03 problèmes mondiaux, mais aussi
19:05 les Français, 20 ans de
19:07 désindustrialisation, aujourd'hui
19:09 80% des principes hastifs sont fabriqués
19:11 en Asie, 40%
19:13 des génériques, c'est dans deux labos au monde
19:15 seulement, le fait que
19:17 la consommation progresse mondialement,
19:19 c'est plutôt une bonne nouvelle, ça veut dire que le monde va mieux,
19:21 mais ça veut dire aussi peut-être
19:23 que les Français vont devoir un peu changer
19:25 leur pratique, et c'est un...
19:27 Ce que je trouve
19:29 intéressant, c'est que c'est peut-être aussi l'occasion
19:31 de réformer enfin
19:33 notre pratique, à nous, Français, qui est quand même
19:35 complètement délirante, parce que vous dites "on surconsomme",
19:37 on consomme
19:39 45% de plus d'antibiotiques
19:41 que les autres pays de l'OCDE,
19:43 c'est complètement fou, les gens se disent
19:45 "on trouve plus d'amoxycyline", mais parce
19:47 qu'on en avale des quantités
19:49 industrielles. - On en consomme beaucoup dans notre agriculture aussi.
19:51 - L'antibiotique, ça a des conséquences
19:53 sur l'antibioresistance,
19:55 assez dingue, aujourd'hui, des otites,
19:57 du nourrisson, on a des souches résistantes, mais parce que
19:59 les Français ne savent pas se restreindre,
20:01 et ça, ça fait 20 ans que les
20:03 gouvernements successifs échouent à contraindre
20:05 les pratiques des médecins, c'est peut-être l'occasion
20:07 enfin de s'y mettre.
20:09 - Avec un, en bon français,
20:11 un turnover total à la tête
20:13 du ministère de la Santé, la réunion qui s'est
20:15 tenue hier sur ce fameux médicament,
20:17 elle aurait dû être programmée il y a 6 mois,
20:19 ensuite il y a 3 mois, mais en fait, ça a toujours changé
20:21 de ministre.
20:23 Là aussi, on parlait de direction pour
20:25 l'agriculture, il faut aussi une
20:27 direction pour le médicament. - Ah ben, ça c'est
20:29 sûr qu'on ne peut pas dire qu'il n'y ait pas eu des
20:31 changements récurrents au
20:33 ministère de la Santé, après, il y a quand même derrière une
20:35 espèce de continuité de l'État, alors à chaque fois quand un nouveau
20:37 ministre arrive, il prend en charge les dossiers,
20:39 mais là, en l'occurrence, Frédéric
20:41 Valthou, qui est le nouveau ministre délégué
20:43 à la Santé, c'est des sujets qu'il ne découvre
20:45 pas totalement, puisqu'il a été
20:47 patron de la Fédération
20:49 hospitalière, des hôpitaux.
20:51 Donc oui, c'est vrai,
20:53 c'est un sujet, en fait, dont on parle depuis le Covid,
20:55 où on s'était rendu compte,
20:57 alors ça avait commencé avec ces affaires de masques,
20:59 où on s'était rendu compte que, ben, dans ce
21:01 monde globalisé où c'était tellement facile
21:03 de pouvoir commander des masques ou des
21:05 médicaments, ça arrivait tout de suite, automatiquement
21:07 de Chine, et puis là on s'est retrouvé au pied du mur
21:09 genre "ah ben non, ça n'arrive pas". Donc,
21:11 effectivement, il y a un vrai sujet
21:13 de relocalisation de production
21:15 pharmaceutique
21:17 chez nous, parce que c'est vrai que c'est quand même un sujet... - Mais c'est en cours !
21:19 - C'est en cours ! - Est-ce qu'on peut dire que c'est en cours ?
21:21 - C'est en cours, bien sûr, mais ça ne se fait pas en 5 minutes !
21:23 - On est sur la bonne voie !
21:25 - De re... de... de... avoir une échelle de production...
21:27 - Il y a des usines qui sont en train d'être comprises... - Il y a des crédits du plan
21:29 France Relance qui sont dévolus à cette...
21:31 - Et bien sûr, ça va prendre des années ! - Ça va prendre des années de rattrapage !
21:33 Et c'est vrai que là aussi, encore une fois, on n'a pas eu
21:35 d'anticipation de cette crise, et juste,
21:37 vous le disiez Géraldine Wessner, moi je trouve que c'est
21:39 important, c'est aussi le sujet de la prévention.
21:41 On est un des pays en
21:43 Europe qui fait le moins de prévention par
21:45 rapport à nos voisins anglais, par exemple, qui consomment
21:47 beaucoup moins d'antibiotiques, parce qu'on n'a pas cette
21:49 culture de la prévention, plutôt on est dans la guérison,
21:51 et c'est là aussi qu'il y a toute une
21:53 philosophie à revoir, mais c'est vrai qu'en même temps,
21:55 on a été tellement mal habitués, qu'on
21:57 a du mal aussi, et bien, à se
21:59 déshabituer, à se dire qu'il y a d'autres
22:01 manières de se soigner en étant dans la prévention.
22:03 D'ailleurs, le ministère de la Santé s'appelle le
22:05 Ministère de la Santé et de la Prévention, encore faut-il
22:07 que ce terme-là soit mis en application.
22:09 - Et c'est vrai qu'il y a certains pays
22:11 qui utilisent la prescription
22:13 au nombre de médicaments, c'est-à-dire qu'on n'a pas
22:15 une boîte pleine, parce qu'il y a des pénuries de médicaments quand on a le choix,
22:17 mais si on faisait le tour des placards des Français,
22:21 je pense qu'il reste des médicaments.
22:23 - Merci beaucoup Aurélie Herbemond de France Info,
22:25 qu'on vous retrouve évidemment dans le Brief politique.
22:27 - Demain, 7h24. - 7h24 sur l'antenne
22:29 de France Info Radio, Géraldine Vosner,
22:31 rédactrice en chef au Point, et merci beaucoup
22:33 Benjamin Sportouche de m'avoir accompagné.
22:35 Les informés reviennent ce soir à 20h, avec notamment
22:37 Bérengère Bronte. Merci beaucoup.
22:39 - Merci.
22:41 ♪ ♪ ♪