Lors de Midi News présentée par Sonia Mabrouk le 14/01/2025, Sophie Audugé, spécialiste des politiques éducatives et de l’enfance, était invitée sur le plateau. Elle a évoqué le livre de Maurice Berger «Mineurs violents, Etat inconsistant».
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00:00Alors en fait c'est ce que justement Maurice Berger présente dans cet ouvrage qui est un ouvrage de synthèse de tous ses travaux.
00:08Ce qui est important c'est que Maurice Berger est un docteur donc c'est un travail scientifique.
00:12C'est le troisième, il clôt une trilogie qui visait à faire la synthèse de son parcours de 30 à 40 ans d'accompagnement de profils de mineurs violents.
00:24Vous évoquez quelque chose qui est très important, c'est la notion d'intégrité du corps.
00:29Alors c'est vrai que c'est quelque chose qu'on évoque très rarement et justement dans ce livre, dans les premières pages,
00:35Maurice Berger fait l'analyse que si nos politiques ne prennent pas la mesure de la situation et de la gravité de la situation,
00:44c'est qu'ils n'ont pas pris en considération l'importance de sanctuariser l'intégrité du corps.
00:51Et à ce titre-là, il a une formule que je trouve vraiment intéressante, c'est-à-dire qu'il dit
00:56il n'y a pas que les agresseurs qui sont des barbares, ceux qui ne protègent pas le corps rendent barbare la société.
01:02D'une certaine manière, il ouvre son dernier opus en interpellant les personnalités politiques,
01:10en leur disant si vous ne protégez pas la société, vos concitoyens, des agresseurs qui vont évidemment avoir des actes d'extrême violence
01:19sur le corps des autres, vous contribuez à générer une société barbare.
01:24Et de ce point de vue-là, c'est un ouvrage qui je pense clôt tout un travail qu'il a mené toute sa vie durant,
01:31qui en fait un expert mondial de la violence des mineurs.
01:35Ce qui est très important dans ce qu'il évoque, c'est qu'il met en évidence également qu'il y a une érosion des sanctions
01:42face à une violence accrue, c'est-à-dire qu'il explique qu'on est dans un moment historique où on observe une montée sans précédent
01:52des actes violents des mineurs, des actes de plus en plus violents sur des mineurs de plus en plus jeunes,
01:57qui est accompagnée d'une diminution des peines effectives, ce qui est une aberration.
02:02Et à ce titre-là, il exerce ce que Georges présente souvent ici, c'est-à-dire la concomitance de deux phénomènes,
02:10à la fois des évolutions législatives successives et puis un changement de mentalité politique et judiciaire.
02:18Et il évoque également une distinction qui me paraît très importante, qui va revenir sur un terme que vous avez utilisé tout à l'heure.
02:26Il distingue les mineurs violents des mineurs de la violence extrême et il explique effectivement que le mineur délinquant
02:34qu'on connaissait dans les années 60, 70, 80, qui enfreint la loi, il sait qu'il transgresse.
02:40Alors que le mineur violent d'extrême violence, il rejette toute autorité éducative.
02:45Dans un cas, il y a des solutions éducatives pour répondre à votre question et dans l'autre, il n'y en a pas.
02:49Il répond à des lois qui ne sont plus les lois de la République, qui sont les lois du plus fort, les lois du clan, les lois du quartier.
02:59Et la motivation de l'acte de violence extrême est souvent gratuite et destructeur.
03:05C'est-à-dire que l'acte violent vise à détruire l'autre.
03:08Il ne vise pas uniquement à montrer à l'autre qu'il le domine ou qu'il veut l'intimider, il vise à le détruire.
03:14Et c'est pour ça que Maurice Berger utilise le terme de violence extrême et refuse le terme qu'on utilise beaucoup dans les médias ou dans les politiques d'ultra-violence.
03:23Parce que pour lui, le terme de violence extrême correspond à un état de fait scientifique et médical
03:28qui consiste à dire que l'auteur de l'acte de la violence va utiliser la force dans l'extrémité de ce qu'il peut produire pour anéantir l'autre.
03:38Et cette violence extrême, il la met en perspective de la genèse.
03:43C'est-à-dire qu'il dit « est-ce qu'on est violent avec l'adolescence ? »
03:47Et Assela y répond « non, la violence naît très tôt, on en a parlé souvent ensemble d'ailleurs, dans les cours de récréation maternelle déjà on l'observe.
03:55Et c'est parce qu'on ne la prend pas en charge, on la laisse se développer qu'elle va devenir d'une extrême puissance de violence.
04:04Parce qu'Assela va s'ajouter évidemment l'adolescence et la force physique évidemment qui est liée à ces jeunes-là.