• il y a 3 jours
Avec Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine et chef du service des urgences de l’Hôpital Pompidou

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##L_INVITE_POLITIQUE-2025-01-13##

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Transcription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Notre invité, Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine, chef du service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou.
00:13J'insiste bien parce que je vais commencer avec les difficultés rencontrées dans les hôpitaux.
00:19Et nous parlerons ensuite de la vie politique, évidemment, de la réforme des retraites, du budget,
00:25du discours de politique générale de François Bayrou, de la situation avec l'Algérie.
00:29Mais Philippe Juvin, vous êtes chef des urgences d'un grand hôpital parisien.
00:35Ce qui se passe à Paris se déroule partout en France.
00:39– En pire, parce qu'à Paris, honnêtement, on est quand même plus gâté.
00:44– Plus gâté, bien.
00:46Mais vous avez de nombreux patients sur des brancards au service des urgences.
00:51– Bien sûr, écoutez, on s'étonne chaque année qu'en hiver il fasse froid et qu'on ait la grippe,
00:55et qu'en été il fasse chaud, qu'on ait la canicule.
00:57Et chaque année c'est pareil, vous me réinviterez exactement dans un an,
01:00et je vous dirai la même chose.
01:01Oui, les urgences de France sont submergées aujourd'hui, avec plusieurs faits.
01:05Premièrement, nous ne sommes pas encore au pic de la grippe, donc ça va continuer à augmenter.
01:10Deuxièmement, les gens viennent aux urgences et la plupart du temps, évidemment,
01:13quand vous avez une grippe qui arrive aux urgences, vous renvoyez le patient plutôt chez lui.
01:18Il se trouve que cette année, nous devons les hospitaliser deux fois plus,
01:22pour comprendre les enjeux, que l'année dernière.
01:24Donc la grippe est beaucoup plus grave.
01:25Parce que la grippe est plus grave.
01:27Absolument.
01:27Et parce que la population est peut-être moins vaccinée.
01:31Alors ça nous ne le savons pas, nous le saurons secondairement quand on fera les statistiques.
01:36Comme nous saurons si oui ou non le vaccin a été adapté,
01:38sachant que le vaccin contre la grippe n'est pas très efficace,
01:40c'est de l'ordre de 40 à 70% selon les années d'efficacité,
01:44mais c'est mieux que rien quand même.
01:46Donc voilà, on est dans une situation où il y a des gens sur les brancards,
01:49la conséquence c'est quoi ? C'est que vous allez avoir forcément des décès,
01:52puisqu'on sait qu'il y a une condition.
01:54Et la semaine dernière, plusieurs décès, et notamment en région parisienne.
01:58Il y a une corrélation qui a bien été montrée, mais scientifiquement,
02:01par un papier qui a été fait par une équipe parisienne d'ailleurs,
02:04publié dans un journal international,
02:06qui montre que plus vous avez des patients qui dorment sur des brancards,
02:09parce qu'il n'y a pas de lit dans l'hôpital pour les accueillir,
02:11plus vous avez un taux de mortalité élevé.
02:13C'est-à-dire qu'aujourd'hui, certaines personnes qui sont sur des brancards,
02:18et si elles sont sur des brancards, on peut rester combien d'heures ?
02:20Des heures sur un brancard, parce que personne ne vous prend en charge ?
02:24Alors non, ce n'est pas tout à fait ça.
02:25Alors comment ça se passe ?
02:26Ce qui se passe, vous arrivez, vous avez une situation suffisamment grave
02:30pour que je ne puisse pas vous renvoyer chez vous,
02:32et je dois vous hospitaliser.
02:33Sauf que dans l'hôpital dans lequel je travaille,
02:35que ce soit à Paris ou en province,
02:38je n'ai pas de lit pour vous accueillir parce que tous les lits sont occupés,
02:42ou sont fermés parce qu'il n'y a pas suffisamment de personnel,
02:45en particulier infirmiers.
02:46Qu'est-ce qui se passe ?
02:47Je ne peux pas vous hospitaliser, je m'occupe de vous, je vous examine,
02:50je vous donne éventuellement des antibiotiques si c'est nécessaire,
02:52et je vous mets sur un brancard.
02:54Le brancard…
02:55– Et vous attendez ?
02:56– Et vous attendez qu'on vous trouve un lit, voilà.
02:58Donc on a ce sujet majeur de surcharge de travail aux urgences,
03:03mais ce qui m'ennuie, l'épidémie, le personnel à soins,
03:07c'est que c'est prévisible, chaque année c'est pareil.
03:10– Mais si on est pris en charge, pardon, si on est pris en charge,
03:14je pense à toutes celles et ceux qui nous écoutent,
03:17si on est pris en charge, si on est installé sur un brancard,
03:20on est pris en charge, on est vu par un infirmier ou un médecin.
03:23– Absolument.
03:24– C'est la même chose que si on était dans une chambre.
03:25– Mais c'est aussi le témoin d'une surcharge de travail du système
03:28qui fait que le médecin ou l'infirmière est débordé
03:31et n'a pas suffisamment de temps à vous consacrer individuellement
03:34par rapport aux voisins parce qu'il y a plus de monde.
03:35Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
03:37D'abord il faut former beaucoup plus de médecins,
03:39mais ça fait des années que je le dis dans le désert,
03:41tout le monde dit oui, oui, oui, personne ne le fait.
03:43Deuxièmement, il faut faire venir beaucoup plus de médecins étrangers,
03:46il y en a 20 000 l'année dernière qui voulaient venir travailler en France,
03:49on en a pris 2400, on en prend plus, ou plus exactement,
03:52on prend tous ceux qui ont le niveau.
03:54– Mais il y a une partie de la classe politique qui s'y oppose, Philippe Juvin.
03:59– Il y a une partie de la classe politique qui dit n'importe quoi.
04:01Troisièmement, le masque FFP2, je pense qu'il faut qu'on le mette.
04:05FFP2 c'est très embêtant dans les urgences parce que c'est très inconfortable.
04:08Et dernier point, on en avait parlé il y a trois ans,
04:11tout le monde avait dit c'est formidable, on va le faire,
04:13mais ayons une politique d'aération des locaux,
04:18ce sont des transmissions par voies aériennes.
04:22On a réglé le problème du choléra il y a 100 ans grâce à l'eau qui était épurée,
04:28mais il faut faire pareil avec la butelette, il faut épurer l'air.
04:32Et ça, ça fait des années qu'on dit on va filtrer l'air dans les bâtiments,
04:35regardez ici, partout, et on ne le fait pas.
04:37Eh bien voilà, il faut le faire.
04:39– Il faut le faire.
04:40– Et donc la situation, vous dites la situation est sérieuse là.
04:42– La situation est sérieuse, et puis les équipes sont très fatiguées,
04:45elles sont elles-mêmes malades, donc on est dans une situation…
04:48– Est-ce que l'hôpital public, je vais être excessif dans mes propos,
04:52est-ce que l'hôpital public est à l'abandon ?
04:54On peut le dire ou pas, non ?
04:56Parce que je lis ça, je lis ça là encore.
04:58– Vous savez le problème des termes, il faut s'en méfier.
05:00Ce qui est certain, c'est qu'on paye beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent
05:04collectivement pour la santé, il ne faut pas dire qu'en France
05:06on ne met pas de l'argent sur la santé, mais pour un résultat
05:09qui n'est pas à la hauteur de ce qu'on dépense.
05:11Mais c'est vrai pour la justice, c'est vrai pour l'éducation nationale,
05:13c'est vrai pour beaucoup de choses.
05:15Les services publics sont en déshérence, oui, ça je peux vous le dire.
05:17– Donc il faut dépenser.
05:18– Je vais venir au budget.
05:20– Il faut dépenser mieux, il faut que l'argent aille aux soins.
05:23Il faut que l'argent aille aux endroits où c'est nécessaire.
05:27Par exemple, en France, on a beaucoup de petits hôpitaux
05:30où la qualité des soins est moyenne et qui consomment des ressources médicales.
05:34– Alors on ferme ces petits hôpitaux ?
05:36– Absolument M. Bourdin, il faut dire les choses.
05:38Il y a des endroits aujourd'hui…
05:40– Celui qui habite à 100 kilomètres d'un CHU…
05:44– Oui mais…
05:45– Philippe Juvin, il a le droit d'être soigné lui aussi,
05:49et d'être pris en charge.
05:51– M. Bourdin, la grande différence entre vous et moi,
05:53c'est que je sais où me faire opérer, pas vous.
05:55Mais surtout je sais où ne pas me faire opérer,
05:57mais pas vous M. Bourdin.
05:58– Oui.
05:59– Donc vous voyez, la grande inégalité de santé elle est là.
06:01Je sais qu'il y a des endroits, oui, où la qualité des soins est moins bonne.
06:04Mais on le sait tous.
06:05Mais pardon, c'est pareil dans l'éducation nationale.
06:07Quand vous arrivez dans une commune,
06:09quelle est la première question que posent les parents ?
06:11Où est la bonne école ?
06:13La bonne école, ça signifie bien qu'il y a une école qui est moins bonne.
06:16Et bien c'est pareil en santé, mais c'est normal.
06:18Donc il faut réfléchir à la répartition des moyens.
06:22On a trop de petits hôpitaux médiocres.
06:24Et je préfère, moi, avoir des endroits…
06:26– Donc il faut les fermer.
06:27– Il faut les fermer, ou les faire transformer en EHPAD,
06:31qui nous manque aussi, parce qu'on manque aussi de médico-social.
06:33En tout cas, les ressources médicales, elles sont finies,
06:37elles sont limitées, et il faut les utiliser au mieux.
06:40On l'a déjà fait, par exemple, vous savez, les polytraumatismes.
06:43Quand vous avez un accident très grave, avec un risque de mourir,
06:47il y a 30 ans, on vous envoyait dans n'importe quel hôpital.
06:50Tout le monde le faisait.
06:51Et on sait que seules les équipes qui sont très au point,
06:54qui en font beaucoup, sont performantes.
06:56Aujourd'hui, les polytraumatismes ne vont que dans quelques hôpitaux.
06:59On a fermé les équipes de polytraumatismes dans beaucoup d'hôpitaux.
07:02Et ça marche, et on est mieux soignés.
07:04– Le budget. François Bayrou, discours de politique générale demain.
07:08Qu'est-ce que vous attendez de ce discours ?
07:10– J'attends qu'ils disent les choses et que la classe politique
07:12arrête d'être sur une autre planète,
07:14où elle invente tous les jours des nouveaux impôts,
07:17et tous les jours de nouvelles dépenses.
07:19Je vous le dis, comme je le répète depuis des années,
07:22mais là aussi j'ai l'impression de parler dans le désert,
07:25tout est là, tout est sur la table, on a tous les rapports qu'il faut.
07:29Ce qui va se passer c'est qu'un jour, on va dire à la France,
07:31on ne vous prête plus, parce que vous n'êtes pas sérieux.
07:34La semaine dernière, que vos auditeurs le sachent,
07:36pour la première fois dans son histoire,
07:38la France a emprunté à 10 ans à des taux supérieurs à la Grèce.
07:42C'est-à-dire qu'il y a des gens qui ont dit, on est prêt à vous prêter,
07:45mais votre signature, on ne fait pas tellement confiance,
07:48en tout cas on fait moins confiance à la signature de la France
07:50qu'à la signature de la Grèce.
07:52Ça devrait nous avertir.
07:54– Le danger est immédiat, il va arrêter de nous prêter.
07:57– Alors, François Bayrou cherche une voie, on l'a compris.
08:03– Il a raison.
08:04– Une voie, pourquoi ? Parce qu'il veut un budget,
08:06et il veut éviter une censure.
08:08Donc pour chercher une voie, il travaille avec une partie de la gauche,
08:12je dis bien une partie de la gauche,
08:14Or, il négocie sur la réforme des retraites.
08:18Alors, il y a plusieurs mots qui sont employés,
08:22certains parlent de suspension, d'autres de pause,
08:25d'autres de, je ne sais pas moi, délai accordé
08:29pour repréendre des négociations autour de la réforme des retraites.
08:33Et j'ai lu Laurent Wauquiez,
08:35il ne faut pas suspendre la réforme des retraites.
08:38D'accord ?
08:40Mais, une reprise des négociations sur la réforme des retraites,
08:44vous êtes favorable ou opposé ?
08:46– Premièrement, tout est important dans ce que vous avez dit,
08:48mais évidemment, ce n'est pas oui ou non,
08:50il y a également de la subtilité, vous êtes un homme subtil,
08:52et vous avez raison.
08:53Premièrement, geler la réforme actuelle des retraites pour rien,
08:57c'est 3 milliards et demi cette année,
08:59et 10 milliards en 2027.
09:01Donc ça, on ne peut pas se le payer.
09:02Deuxièmement, faut-il rouvrir les négociations sur les retraites ?
09:06Oui, pourquoi ?
09:07Parce que la réforme actuelle, l'application de la réforme actuelle,
09:10la situation actuelle, c'est un déficit de 60 milliards tous les ans.
09:14C'est-à-dire, tous les ans, l'État doit sortir de son porte-monnaie
09:1760 milliards pour payer les retraites.
09:19Et ça, ce n'est pas tenable.
09:21Donc moi, je suis favorable à la réouverture des négociations sur les retraites,
09:26à la condition qu'on se mette bien d'accord,
09:28c'est que l'objectif final, c'est d'arriver à l'équilibre.
09:31Donc, arriver à l'équilibre.
09:32– Donc, rouvrir des négociations en parlant du financement.
09:38– Exactement.
09:39– Sur la table, comme objectif principal, assurer le financement.
09:43– Mais M. Bourdin, il n'y a que ça d'important.
09:45Vous savez, toutes les politiques, la retraite, la sécurité, l'immigration,
09:48la santé, on s'en fiche.
09:50Le seul sujet, c'est l'argent.
09:53Si vous n'avez pas l'argent pour payer l'éducation, la santé, la retraite,
09:56en réalité, vous parlez dans le vide.
09:58Donc, la vraie question, c'est comment je finance les retraites.
10:00Aujourd'hui, les retraites, le système actuel est en déficit de 60 milliards.
10:04Donc, on ne va pas tenir éternellement comme ça.
10:06On n'est pas au ciel.
10:07Et donc, je suis favorable à la réouverture,
10:09à condition que l'idée, ça ne soit pas de dire,
10:11on gomme la réforme d'il y a un an,
10:14et puis, on rentre chacun chez soi.
10:17On peut la suspendre à la condition,
10:19à la condition que derrière, on mette en place des négociations
10:22qui nous permettent de dire, oui, le but, c'est d'être à l'équilibre,
10:25c'est-à-dire pas 60 milliards de déficit comme actuellement.
10:27– C'est une négociation tripartite, entre le patronat, les syndicats et l'État.
10:30– Absolument. Et d'ailleurs, je vous...
10:32Les partenaires sociaux gèrent les retraites du privé.
10:35Ils les gèrent beaucoup mieux que l'État,
10:37parce que la Gircarco est à l'équilibre.
10:39– Oui, elle a même 80 milliards d'euros dans ses caisses.
10:42– Oui, mais attendez, parce que c'est un système...
10:44– Que l'État veut fonctionner.
10:45– Parce que c'est un système par points.
10:47– C'est un système, en tout cas, vertueux et mieux géré.
10:50– Vous êtes favorable, d'ailleurs, à remettre sur le tapis
10:53cette histoire de retraite par points ?
10:54– Moi, je suis favorable.
10:55D'abord, je n'ai aucun a priori, je veux que le truc soit à l'équilibre.
10:57Je ne veux pas que ce soit mes arrière-petits-enfants
10:59qui payent ma retraite et votre retraite.
11:01– Vous aussi, d'ailleurs, l'IRCANTEC,
11:03votre retraite complémentaire, c'est par points ?
11:05– Absolument.
11:06Premier point, oui, je ne suis pas défavorable au point.
11:09Pourquoi pas ?
11:10Deuxièmement, je pense qu'il faut une dose de capitalisation collective obligatoire
11:13qu'on associe à la répartition.
11:15Troisièmement, le 64 ans pour tous, tout ça, c'est de la blague.
11:21– Pas de limite d'âge, quoi.
11:23– Non, écoutez, il ne faut pas que ça soit le même pour tous.
11:29Moi, j'ai 60 ans.
11:31J'envisage de travailler le plus longtemps possible.
11:34Si je peux travailler jusqu'à 68-70, je travaillerai sur 68-70.
11:37En revanche, le brancardier dans mon service
11:39qui pousse des brancards qui sont lourds,
11:41probablement, lui, il ne pourra pas aller jusqu'à 64 ans.
11:43Donc, l'idée que tout le monde parte à même âge est une idée absurde.
11:47Voilà, c'est assez simple, il faut du bon sens.
11:50Mais en tout cas, vous comprenez bien,
11:52le seul point qui doit tous nous animer,
11:54c'est de dire qu'il faut qu'on ait un système à l'équilibre
11:56qui n'est pas à l'équilibre aujourd'hui, malgré la réforme de l'année dernière.
11:59– Alors, parlons politique.
12:00Une question de base, qui est la question essentielle,
12:03comment éviter une censure et ne pas aggraver la dette de la France ?
12:07– Il faut baisser les dépenses.
12:08Il faut baisser les dépenses et il faut travailler plus.
12:10C'est ça le sujet.
12:11On ne travaille pas assez en France et on dépense trop
12:15pour, en plus, un résultat qui est assez médiocre.
12:17On en a parlé sur les hôpitaux, la justice, l'éducation.
12:19– Est-ce que vous pourriez censurer le gouvernement Bayrou ?
12:22– Vous m'avez posé exactement la même question
12:24quand je suis venu vous voir au début du gouvernement Barnier.
12:26Vous m'aviez dit que vous voteriez le budget Barnier.
12:28Je vous avais dit, en l'État, à l'époque, je ne le voterais pas.
12:31D'ailleurs, je n'ai pas voté le budget Barnier.
12:33Pourquoi ? Parce qu'il y avait une augmentation des impôts
12:36et il n'y avait pas beaucoup de dépenses en moins.
12:38Donc, ma réponse est exactement la même.
12:40Suis-je allé jusqu'à voter la censure ? Non.
12:42C'est un problème d'équilibre.
12:44En tout cas, aujourd'hui, je ne voterai pas un budget
12:47qui ne baisse pas la dépense publique
12:49d'une manière très forte et rigoureuse.
12:51Pourquoi ? Parce que si on ne fait pas ça,
12:53nous allons vers des déconvenus majeurs.
12:55Et je vous le dis, un jour, le Fonds monétaire international
12:57sera à Paris et dira, on ne paye plus les fonctionnaires.
13:00C'est ça qui va se passer.
13:01– Oui. Est-ce que vous êtes pour l'abandon
13:03des trois jours de carence pour les fonctionnaires
13:05en arrêt maladie ?
13:06– Écoutez, moi je pense qu'il faut déjà
13:08le jour de carence d'ordre public,
13:10c'est-à-dire le premier jour, vous ne venez pas travailler,
13:12et bien vous n'êtes pas payé.
13:14Et en plus, il ne peut pas y avoir de complémentaires
13:16qui viennent compléter ça, ni d'assurance, ni aucun système.
13:20Oui, on a bien montré qu'un jour de carence
13:24dans l'éducation nationale avait fait reculer
13:26de 40% l'absentéisme.
13:28– Donc, il faut absolument instaurer ces jours de carence.
13:32– Il faut travailler plus.
13:33Nous ne travaillons pas assez en France.
13:35En gros, ceux qui travaillent, sont des gens
13:39qui travaillent à peu près comme nos voisins,
13:41mais il y a beaucoup de gens qui ne travaillent pas du tout.
13:43Et moi je préférerais toujours celui qui se lève
13:45pour aller travailler le matin, à celui qui reste
13:47les fesses dans le canapé à regarder Netflix,
13:49il y en a beaucoup.
13:50– Et si François Bayrou échoue, Emmanuel Macron
13:53pourra-t-il rester président de la République ?
13:56C'est la question de fond.
13:57– Mais non, institutionnellement oui,
13:59il pourra nommer un autre ministre.
14:01Le vrai sujet c'est, est-ce que…
14:03– Est-ce que l'échec de François Bayrou
14:05peut entraîner sa démission ?
14:07– La démission du président de la République ?
14:10– Oui.
14:11– On peut tout imaginer.
14:12Institutionnellement, la réponse c'est non.
14:14– Oui, institutionnellement.
14:15– Voilà, donc je vous réponds institutionnellement,
14:17sinon après c'est de la politique fiction.
14:18En tout cas, ce qui est certain, vous avez raison,
14:20c'est que plus il va y avoir un échec
14:22de nomination de premier ministre,
14:24plus tout le monde sera fragilisé, dont le président.
14:27Mais je crois que ça ne serait vraiment pas un service
14:30à rendre au pays que d'appeler à la démission
14:32du président de la République,
14:33dans une période où tout est instable.
14:35Vous voyez, on va arrêter à multiplier
14:37les facteurs d'instabilité.
14:38– Mais il y a une alliance objective, selon vous,
14:41entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui ?
14:43– En tout cas, ils ont des intérêts communs.
14:45C'est que Bayrou n'y arrive pas,
14:47que le budget ne soit pas bouclé.
14:49On voit bien qu'il y a des gens
14:52qui ont intérêt à ce que ça ne marche pas.
14:54– Bien.
14:55– Quel que soit d'ailleurs l'amour qu'il porte à la patrie,
14:57je n'ai aucun doute sur le fait que Mélenchon et Le Pen
14:59sont des patriotes, c'est pas le sujet.
15:00– Vous vous sentez dans la même majorité
15:02que Voix et LR, que Renaissance, Le Modem et Horizons ?
15:05– Oui, on y est de fait.
15:07– Vous êtes au gouvernement ?
15:09– Oui, parce qu'il faut bien faire fonctionner le truc.
15:11Et vous avez devant vous le député républicain
15:13qui depuis deux ans dit qu'il faut un accord.
15:15– Oui, c'est vrai.
15:16– Donc je ne vais pas dire le contraire
15:18de ce que je disais il y a deux ans.
15:19Sauf qu'il faut que nous apprenions à bâtir
15:22et à faire travailler une coalition.
15:24Vous voyez, c'est compliqué une coalition.
15:26Ça demande de l'humilité.
15:28Il ne faut pas vexer son partenaire.
15:29Il ne faut pas exiger quelque chose
15:31que son partenaire ne veut pas.
15:32Ça demande un exercice intellectuel
15:35dont tout le monde n'est pas capable habituellement.
15:38En fait, c'est un état d'esprit aujourd'hui, gouverner.
15:42L'état d'esprit d'abord, c'est de dépenser moins,
15:45je vous l'ai dit, de travailler plus,
15:46de dépenser mieux, c'est déjà un état d'esprit.
15:48C'est un état d'esprit d'arriver à trouver des accords
15:52avec des gens qui étaient vos adversaires hier.
15:54– Des compromis.
15:55Les Français d'ailleurs, j'ai regardé les sondages,
15:57ils n'ont pas ce mot, mais c'est idiot.
15:58– 2 Français sur 3 pensent que l'opposition doit faire des compromis
16:00avec le gouvernement pour éviter la censure.
16:02– Mais il faut déjà que la majorité fasse des compromis avec la majorité.
16:05Avant qu'on demande à l'opposition de faire des compromis,
16:07parce qu'à partir du moment où vous avez un Renaissance,
16:10un Modem, un centriste, je ne sais plus, un républicain
16:13et peut-être même un socialiste au gouvernement,
16:15il faut que tous ces gens qui se sont opposés
16:17acceptent de travailler ensemble,
16:18c'est-à-dire de se taire sur certains sujets.
16:23Avec un seul but, c'est qu'il faut donner un budget à la France,
16:25un budget avec moins de dépenses.
16:26Moins de dépenses, M. Bourdin.
16:28Résumez ces trois mots, mon intervention de ce matin.
16:31– Oui, j'ai compris.
16:32– Philippe Juvin, un autre sujet qui vous concerne,
16:35vous êtes député, l'Assemblée nationale débattra-t-elle,
16:38début février, du projet de loi fin de vie ?
16:42– François Bayrou, il est opposé.
16:44– Oui, ben écoutez, j'espère…
16:45– Vous aussi d'ailleurs.
16:46– Oui, je me suis opposé à cette affaire.
16:48D'abord, il y a d'autres priorités, pardon.
16:50Deuxièmement, la fin de vie, moi, tous les jours, je suis médecin,
16:54vous m'entendez, tous les jours, j'aide les gens à mourir.
16:56– Oui.
16:57– Sauf que je ne les tue pas.
16:58Je les aide à mourir en les accompagnant,
17:00en les soulageant, psychologiquement, physiquement, en soulageant…
17:03– Vous êtes en la loi.
17:04– Oui, mais ça signifie que l'aide à mourir, ce n'est pas l'euthanasie.
17:08L'aide à mourir, c'est aider les gens à mourir, y compris en les accompagnant.
17:12Et donc, c'est la priorité des priorités.
17:14Or, aujourd'hui, quand vous avez besoin de soins palliatifs en France,
17:17une fois sur deux, si vous ne connaissez personne,
17:20une fois sur deux, vous n'avez pas accès aux soins palliatifs.
17:22Donc, la priorité des priorités, c'est évidemment, dans ce domaine,
17:26de faire en sorte que les soins palliatifs soient accessibles à tous.
17:29Et puis, il y a la question sociale.
17:31Vous croyez que quand vous n'avez pas beaucoup d'argent,
17:33quand vous vivez seul dans un studio au sixième sans ascenseur,
17:36votre fin de vie, elle est plus facile ou moins facile
17:39que celui qui a beaucoup d'argent et qui est entouré,
17:41qui a des aides et de la famille.
17:43Donc, on voit bien aussi qu'il y a ce sujet d'entourage.
17:46Toutes les demandes d'euthanasie, toutes,
17:48que j'ai connues dans ma vie professionnelle et que je connais encore,
17:51elles se résolvent toutes, toutes,
17:53quand on apporte une solution à la famille ou aux patients, toutes.
17:57Donc, la vraie question de la fin de vie,
17:59c'est l'isolement et la souffrance physique et psychologique.
18:02Apportez une réponse, et vous verrez, les demandes d'euthanasie disparaissent.
18:06– Philippe Juvin, j'ai une dernière question,
18:08je change complètement de sujet.
18:10La crise diplomatique entre la France et l'Algérie, crise sérieuse,
18:14comment en sort-on ?
18:16– On dénonce les accords de 1968,
18:18qui font qu'aujourd'hui les Algériens
18:21ont des avantages considérables par rapport à d'autres pays.
18:24Comme Darmanin l'a proposé, c'est très malin,
18:28fin de la libre circulation de la nomenclatura algérienne,
18:32qui en Algérie tape sur la France en disant que nous sommes des afro-colonisateurs,
18:36mais quand ils ont un cancer ou un infarctus,
18:38ils viennent se faire soigner dans nos hôpitaux.
18:40– Vous envoyez, j'allais y venir, vous envoyez arriver dans vos hôpitaux ?
18:44– Oui, évidemment, on sait bien que c'est…
18:47Où la nomenclatura algérienne se fait-elle soigner quand elle est très malade ?
18:51A votre avis, c'est en Algérie ou c'est en France ?
18:53– C'est en France. – Elle paie au moins ?
18:56– Il y a un grand sujet, vous savez qu'il y a une note
18:59que l'Algérie n'a toujours pas payée dans les hôpitaux français.
19:02Je suis médecin, je suis pour soigner tout le monde,
19:05mais c'est facile de taper sur la France en Algérie,
19:08en nous traitant de tous les mots M-A-U-X et M-O-T-S,
19:11et puis profiter du système.
19:13– Parfois, si quelqu'un est malade, on l'accueille.
19:16– Oui, bien sûr, mais dans ces cas-là, qu'il arrête de nous cracher à la figure.
19:19– Et qu'il paie la note. – Et qu'il paie la note, oui.
19:22– Oui, bien, ok.
19:24Dernier mot, vous êtes sur Twitter ?
19:27– Je suis sur Twitter depuis très longtemps.
19:29– Vous allez quitter Twitter ou pas ?
19:30– Absolument pas, écoutez, Elon Musk, moi je rêverais qu'on ait un Elon Musk français,
19:34ce type a créé des entreprises, des richesses, il fait de l'innovation,
19:39ben voilà...
19:41– Ça ne vous gêne pas, ces prises de position,
19:44cette ingérence dans la politique européenne ?
19:47– Il y a des lois qui sont là pour réguler,
19:49mais on ne supprime pas les réseaux sociaux,
19:52dès lors qu'ils n'appellent pas à l'insurrection, vous comprenez ?
19:55Non, non, moi je ne comprends pas cette haine anti-Musk,
19:59si ce n'est celle d'un pays qui a du mal aujourd'hui
20:02à se projeter dans l'avenir et à faire de l'innovation.
20:05– Merci Philippe Juvin d'être venu nous voir sur l'antenne de Sud Radio ce matin.
20:09Parlez vrai, c'est l'objectif de Sud Radio évidemment.
20:13Merci Patrick Roger, juste après les informations de 9h.

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