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00:0013h-14h, Europe 1-13h. 13h43 sur Europe 1, Europe 1-13h, dernière partie, vous écoutez Céline Giroy avec vous aujourd'hui, Céline,
00:08le directeur adjoint de la rédaction du Journal du Dimanche, Raphaël Stainville et l'avocat Gilles-William Gonnadel.
00:13Et après trois jours de commémorations suite aux attentats de Charlie Hebdo il y a dix ans, que reste-t-il de l'esprit Charlie ?
00:21Cet indicateur, les amis, 46% des jeunes se disent choqués que l'on caricature le prophète.
00:27C'est ce qui ressort d'une enquête de l'IFOP et de la fondation Jean Jaurès, l'idée de se moquer des religions en général passe mal,
00:35comme l'explique, vous allez l'entendre, cette lycéenne de la région parisienne.
00:39Quand ils ont voulu représenter, j'estime, la personne musulmane du coup, ils ont mis un sort de foulard au-dessus de sa tête.
00:45On voit surtout ça dans les pays arabes qui n'ont rien à voir techniquement avec l'histoire musulmane ou l'islam en elle-même.
00:50Même quand ils ont voulu représenter le prêtre, ils ont représenté un homme boudelé un peu.
00:54Certains vont un peu trop loin, que ce ne soit même pas que Charlie Hebdo,
00:56parce que beaucoup font des caricatures sur la religion.
00:58Je pense que sur les caricatures, il y a des limites et qu'on ne peut pas faire des caricatures sur tous les sujets.
01:02Voilà, Gilles-William Golnadel.
01:03Elle parle très vite, cette jeune fille, et elle mélange un peu tout.
01:07On est beaucoup sur l'aspect finalement physique des caricatures.
01:11Il y a plusieurs choses à dire.
01:14Moi, je vous avoue que ça ne me plonge pas dans l'hilarité qu'on se moque de la religion.
01:23Ce n'est pas ma tasse de thé.
01:25De là, d'une part, sur France Inter par exemple,
01:33les humoristes ont invité Jésus-Christ d'aller se faire enculer.
01:39Ils ne l'auraient pas fait pour le prophète.
01:41Il y a déjà une différence d'approche.
01:43Il y en a qui rigolent et il y en a d'autres qui ne rigolent pas.
01:46Et deuxièmement, qu'est-ce que ça a à voir ?
01:48Vous avez le droit de ne pas être d'accord.
01:50Je suis un peu, mais je ne suis pas sûr d'avoir rigolé avec ce qu'on a fait aux gens de Charlie.
01:56Et de ce point de vue-là, c'est encore pire aujourd'hui, pardon de le dire.
02:02Quand est arrivé l'hyper cachère, je pensais qu'on avait atteint le sommet de l'antisémitisme.
02:09J'étais loin du compte.
02:11Et quand on a commémoré hier, sur France Inter, l'hyper cachère,
02:18je peux vous dire que les mots antisémitisme n'étaient pas utilisés
02:22ou que le mot islamiste n'était pas utilisé.
02:25Alors que moi, j'ai été l'avocat d'une des personnes,
02:28Philippe Raham, dans l'affaire de l'hyper cachère.
02:32J'ai été l'avocat dans les affaires de Knoll ou de Madame Halimi.
02:39Ça n'était que des assassins islamistes.
02:42Ça n'était que des terroristes islamistes.
02:45Le terrorisme qui tue aujourd'hui en France,
02:49ce n'est pas le terrorisme breton, c'est le terrorisme islamiste.
02:52Il faut le dire, il faut l'hurler.
02:55Et de ce point de vue-là, effectivement, il n'y a aucune amélioration.
02:58Et je reviens sur cet indicateur, 46%, ça fait quasiment un jeune sur deux,
03:02Raphaël St-Emile, qui se dit choqué, finalement, que l'encaricature...
03:08Oui, mais alors, moi je trouve, bien sûr, vous avez raison,
03:11ce chiffre est inquiétant, il est révélateur d'une mutation en profondeur de la société,
03:18avec, pour une grande part, le signe d'une islamisation toujours plus grande de notre pays.
03:28Pour autant, si véritablement, l'esprit Charlie signifie qu'on est attaché à la liberté d'expression,
03:35je pense qu'on doit être à même de tolérer ceux qui ne sont pas Charlie.
03:41Parce que c'est aussi une voix qui doit pouvoir s'entendre.
03:47Et c'est là où je pense qu'il y a une confusion qui opère,
03:51c'est qu'aujourd'hui, le droit au blasphème est perçu comme quasiment un devoir,
03:57une obligation au blasphème.
04:01Les religions dans notre pays, et pas seulement l'islam, et même l'usarmière, pas l'islam du tout,
04:08sont caricaturées à l'envie, au profit d'une autre religion,
04:13qui est, je pense, le laïcisme qui s'impose et qui écrase toute possibilité de transcendance et de croyance.
04:21Et ça, je pense qu'il faut aussi pouvoir se pencher là-dessus.
04:25Et se pose aussi la question du souvenir, de la mémoire,
04:28après ce souffle de solidarité nationale qui semble s'éteindre à petit feu.
04:33Que représentent justement ces événements de Charlie Hebdo dans la mémoire collective ?
04:38Écoutez, Denis Péchanski, il est directeur de recherche émérite au CNRS
04:41et co-responsable du programme 13 novembre, et il était l'invité d'Europe 1 ce matin à 7h10.
04:46Dans la mémoire, quand on demande parmi nos questions
04:49quels sont les attentats qui vous ont le plus marqué, les actes terroristes qui vous ont le plus marqué
04:53depuis l'an 2000 en France et à l'étranger, on a le 13 novembre très clairement au-dessus à chaque fois.
05:00C'est l'événement qui sondage.
05:01Ah oui, on a le 11 septembre qui reste la matrice du 21e siècle mais plus bas.
05:06Et puis vous avez janvier, mais c'est là où on voit l'importance de la médiatisation et de la commémoration.
05:13Quand on fait ce sondage en janvier, on a une montée en puissance.
05:16Ça reste très haut, mais après ça s'écroule dans l'année.
05:19Vous voulez dire que la mémoire remonte à la surface à l'occasion des commémorations ?
05:22Oui, on se dit, ah au fait, il y a ça.
05:25Voilà, Denis Péchanski qui parlait lui carrément de concurrence finalement entre les événements.
05:31Un événement écrase l'autre, et là on sent qu'effectivement Charlie Hebdo,
05:36on est là évidemment pour le rappeler sur Europe 1, mais ça s'étiole finalement, ça est écrasé par tout le reste.
05:43Il faut se souvenir, il y a eu ces immenses manifestations,
05:47ces chefs d'État qui venaient du monde entier pour marcher,
05:52et puis finalement cet esprit Charlie, très rapidement, il s'est dissous
05:58et on a pu voir finalement les fractures qui étaient là,
06:03qui avaient été écrasées par le poids de l'émotion,
06:05mais qui préexistaient à ces attentats et qui n'ont fait que s'accentuer au fur et à mesure des années.
06:15Aujourd'hui, effectivement, c'est impossible dans certaines banlieues de pouvoir se réclamer de l'esprit Charlie.
06:22C'est impossible.
06:24Alors qu'y a-t-il peut-être aussi de la peur ?
06:26On peut en parler, on va écouter Angélique Angarny, Philopon, Miss France,
06:31et elle a été interrogée sur Charlie Hebdo à l'occasion de cet anniversaire,
06:35alors qu'on lui demande très naturellement si elle est Charlie.
06:38Écoutez.
06:39Vous êtes Charlie ?
06:41Je ne me prononce pas.
06:47Vous pourriez dire oui, c'est-à-dire, est-ce que vous pensez qu'en France on a le droit au blasphème ?
06:54Ça, ça veut dire non ?
06:57Ça veut dire non ?
06:59Je préfère pas me prononcer.
07:01Vous voulez pas répondre ?
07:03Ça aurait été cool de dire oui, non ?
07:05Miss France, sur Sud Radio.
07:08Moi, je voudrais pas l'accabler, Miss France.
07:11C'est qu'on sent quand même que dans ces questions,
07:14y a quasiment un impératif, une sommation à dire que finalement vous ne pouvez être que Charlie.
07:21Moi, c'est ce que je disais tout à l'heure, je pense qu'on peut,
07:24si on est vraiment attaché à la liberté d'expression, aussi se dire je ne suis pas Charlie.
07:28Elle dit je suis apolitique, j'ai pas envie de m'exprimer.
07:31Dans son rôle de Miss France, c'est toujours délicat de se positionner dans son embarras.
07:34Il y a peut-être aussi un peu de peur, de la peur,
07:36parce que c'est ce que disait Philippe Valle aussi ce matin sur Europe 1.
07:39On peut être Charlie, mais on peut aussi avoir peur et se dire...
07:43Non mais, pardon de le dire...
07:45Quand on est une personnalité publique quand même,
07:47qui se retrouve soudain dans la lumière avec une notoriété qui la dépasse.
07:50Je suis assez d'accord avec Raphaël d'abord sur le fait de sommer les gens d'être forcément Charlie.
07:59Mais je pense que sa peur, ce n'est pas une peur physique.
08:01Si j'ose dire, trivialement, c'est plutôt une peur commerciale.
08:05Voilà, c'est tout. On ne veut pas se priver.
08:08On va la foudre sur les réseaux sociaux aussi.
08:10On va la foudre sur les réseaux sociaux, ou d'une partie du public.
08:13Ces choses-là sont compliquées par rapport au blasphème.
08:16Pardon de vous le dire, quitte à choquer une partie de vos auditeurs,
08:20c'est une chose de charrier Mohamed ou Jésus-Christ.
08:28C'en est une autre que de brûler les livres saints.
08:31Un pays scandinave a considéré que c'était un délit de brûler le Coran.
08:38Moi, ça ne me choque pas.
08:41Ça n'a rien à voir avec blaguer.
08:43Ça ne me plaît pas qu'on brûle le Coran ou la Bible.
08:47On a le droit de les évérer.
08:49Ce qui est incroyable en ce moment, c'est que, encore une fois,
08:53c'est un peu l'intelligentsia de gauche.
08:55Là, elle se retrouve à nouveau Charlie.
08:58Mais par contre, elle a maintenant un nouveau diable.
09:03Depuis la mort de Jean-Marie Le Pen, il y a un nouveau diable
09:06qui est arrivé au monde.
09:08C'est M. Elon Musk.
09:09Elon Musk et son réseau, on ne verrait pas d'inconvénient à l'interdire.
09:15On ne verrait pas d'inconvénient à l'igéférer là-dessus.
09:19Vous voyez, la gauche qui incarnait l'esprit de Liberté il y a encore 50 ans,
09:25elle aime bien interdire.