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00:00Alexandre Jardin que vous connaissez avec nous dans ce studio, bonjour Alexandre, vous allez bien ?
00:06Malade. Vous êtes malade ? Oui.
00:09Qu'est-ce que vous avez ? C'est dommage, on avait un médecin il y a deux minutes, il aurait pu vous soigner.
00:13Vous nous auriez dit, nous on était de bonne composition,
00:16on vous aurait donné quelque chose, un petit remontant.
00:22Bon,
00:23aimez-vous lire, vous êtes venu pour cela, aimez-vous lire, combien de livres lisez-vous chaque année, quel est le dernier,
00:29celui qui est sur votre table de nuit, etc. Mais avant ça, je voulais quand même vous faire réagir parce que vous avez pris le combat
00:36contre les zones à faible émission, on vous a reçu plusieurs fois, vous avez écrit un livre qui se vend merveilleusement bien d'ailleurs, qui s'appelle
00:42L'Aigueux, et puis vous avez rencontré Agnès Pannier-Runacher, qui est ministre de la transition écologique,
00:46je sais que vous l'avez rencontré il y a quelques jours, jeudi dernier, mais il se trouve que ce matin elle était interrogée je crois sur
00:52BFM, et donc elle était interrogée sur ce sujet
00:56des
00:58zones à faible émission. Il y a un côté un peu Marie-Antoinette dans sa réponse, s'ils n'ont pas de brioche, qu'ils mangent
01:05du pain, oui, non, s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche, c'est bien ça, c'est plus dans ce sens-là, donc écoutez madame
01:12Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, interrogée sur BFM.
01:17Il n'y a aujourd'hui
01:18que l'agglomération de Lyon et que l'agglomération de Paris qui font l'objet de restrictions de circulation
01:25de par la loi
01:27pour les voitures critères 3, c'est-à-dire que ça concerne
01:31650 000 véhicules, ça ne concerne pas les millions qui ont été
01:36envoyés comme ça à la face des français. Quand vous traversez parce que vous allez voir votre fille ou vous
01:42allez faire du tourisme, vous avez le droit de circuler avec votre voiture, quand bien même elle serait critères 3.
01:47Ce sont pour les gens qui font des déplacements
01:50réguliers aux horaires où se concentre la pollution, notamment les logements sociaux, les habitants des logements sociaux.
01:57Alors d'abord, les moins riches, ils n'ont pas de voiture, ce sont ceux qui sont le moins équipés en voiture.
02:03Et pour ceux qui sont équipés en voiture, vous avez raison de le souligner, il faut les accompagner.
02:08Donc cette phrase est folle, les moins riches, pardonnez-moi je souris, mais les moins riches, ils n'ont pas de voiture.
02:15Tout le rendez-vous de jeudi dernier était de cette eau-là.
02:18C'est-à-dire qu'elle oublie qu'il y a un tiers de la nation qui vit dans la ruralité
02:23et que dans mon village, dans l'Aude, où le niveau de vie est très bas,
02:27si vous n'avez pas de voiture, vous n'avez plus de vie, vous ne pouvez plus accéder à l'hôpital, à la pharmacie, vous ne pouvez plus faire vos courses,
02:34vous ne pouvez plus vivre.
02:36Et cette phrase, elle est
02:39extraordinaire.
02:41C'est-à-dire qu'en fait, on s'aperçoit quand on est dans le bureau de quelqu'un comme elle,
02:46qu'on est en face de quelqu'un qui n'a aucune idée,
02:49qui met en place des ZFE, contrairement à ce qu'elle raconte.
02:52C'est vrai que pour l'instant, ils sont en train d'installer des appareils photos dans tout le pays et qu'ils n'ont pas encore... que ça ne crépite pas, ça c'est vrai.
02:59Mais il n'y a que 650 000 personnes qui sont concernées ?
03:03Non, dans les zones où c'est déjà...
03:06Mais dans la réalité, c'est 12 millions de véhicules qui ont été interdits. Vous pouvez taper partout.
03:12Dans la réalité, c'est 12 millions qui attendent. Alors là, ils sont en train d'essayer de vous vendre un truc pour essayer de faire passer.
03:19Tout doucement, pour pouvoir ensuite vous coincer. Mais dans la réalité,
03:23c'est 12 millions de véhicules.
03:25Derrière, comme les hommes et les femmes ont tendance à tomber amoureux et à faire des petits, ça fait plus de 20 millions de citoyens.
03:30Alors, par exemple, dans l'agglomération de Grenoble, ils ont déjà voté l'interdiction des classes 2
03:36en 2028. Les classes 2, c'est 75 % des bagnoles là-bas.
03:41C'est-à-dire que c'est la mise à mort de leur territoire.
03:45Donc, on est devant des logiques décroissantes complètement maboules.
03:48Complètement hors-sol. Et quand je vous dis hors-sol, à un moment dans mon rendez-vous avec elle, je lui dis
03:55est-ce que vous êtes consciente, juste, est-ce que vous avez évalué la perte financière ?
04:00Puisqu'aujourd'hui, essayer sur le marché de l'occasion de vendre une classe 3 ou une classe 4,
04:04c'est, ou bien il n'y a plus du tout de demande, ou bien c'est une décote de 90 %.
04:09Plus personne ne veut ces voitures-là. Je lui ai dit, est-ce que vous avez évalué la perte ? Moi, je vais vous le dire, c'est par
04:15ces 12 millions de gens sont en train de perdre
04:20entre 2 et 5 SMIC.
04:22Or, c'est, vous êtes en train de faire de la destruction de valeur
04:26pour les classes populaires. Est-ce que vous l'avez évaluée ? Et elle vous dit quoi ? C'est dément.
04:33Elle est devant moi dans le bureau, elle décroche son téléphone
04:36et elle appelle un grossiste. Elle me dit, c'est un grossiste de
04:41voitures d'occasion, et elle se renseigne.
04:44Et elle dit, je voudrais, pour les clients de trucs, machin. Elle accroche et j'ai devant moi
04:50la preuve qu'elle n'en sait rien. C'est-à-dire que tout à coup, elle lance une politique de destruction de milliards d'euros
04:58pour les classes populaires qui nous écoutent.
05:01Elle ne le sait pas. Donc, la phrase qu'on a entendue sur BFM, c'est de la même...
05:07C'est-à-dire, ces gens sont complètement déconnectés.
05:11Mais oui, c'est des petits hommes vieillis.
05:13Et elle est en train, maintenant, devant le Parlement, parce que ça passe à partir de ce soir, le projet de loi d'abrogation,
05:19où on retire cette épine du pied des Français.
05:23Je veux dire, ils manquent pas d'emmerdes.
05:25Qu'est-ce qui leur prend ? Je veux dire, le boulot d'un gouvernement, c'est de régler les problèmes, c'est pas d'en rajouter
05:30aux gens. Et certainement pas de faire les poches des pauvres.
05:34C'est tellement hallucinant qu'on se demande si c'est possible.
05:39Mais le coup de fil, ça va aller sans pesandeur.
05:42Vous êtes venu pour parler de la lecture, et comme on a une petite dizaine de minutes pour parler de la lecture ensemble,
05:48aimez-vous lire ? Combien de livres lisez-vous chaque année ?
05:52Moins d'un français sur deux, lisez-vous tous les jours, ou presque ?
05:55Je trouve que c'est déjà beaucoup, moins d'un français sur deux.
05:57Alors, ça n'est pas ce qu'on appelle lire.
05:59Les femmes lisent une heure quarante de plus par semaine que les hommes.
06:02C'est vrai que les lecteurs, c'est des lectrices depuis toujours.
06:04Ça a toujours existé.
06:06Bon, à cause des écrans moyens, etc.
06:08Bon, moi j'ai l'impression que les lecteurs, même quand j'avais dix ans, quinze ans,
06:13il y a moins de gens qui lisent que de gens qui ne lisent pas.
06:17Je connais pas mal de gens, même dans nos personnalités, dans nos métiers,
06:22qui n'ont pas été au bout d'un livre.
06:24C'est même saisissant. Et vous allez parfois chez des gens, il n'y a pas de bibliothèque, il n'y a rien au mur.
06:29Et c'est parfois des gens, effectivement, qui ont des activités importantes dans la vie.
06:34C'est un monde, la lecture. Il y a beaucoup de gens qui lisent pas, c'est comme ça.
06:37Alors, non, j'accepte pas.
06:39Mais il y en a, je le constate.
06:41Moi, je mène ma politique du livre depuis des années.
06:43On a monté quelque chose qui s'appelle lire et faire lire.
06:46Vous allez sur le site et vous vous engagez.
06:48Si vous êtes retraité, ou pour votre maman, votre papa,
06:51on demande aux anciens, dans notre pays,
06:53de venir dans l'école de leur quartier transmettre le plaisir de la lecture.
06:58On est presque 20 000 à le faire.
07:00On fait lire 650 000 enfants chaque année.
07:02Depuis 20 ans, on a fait lire plus de 10 millions d'enfants toutes les semaines.
07:06Donc, où on considère que c'est foutu, où on se bat.
07:10Lire et faire lire, c'est vraiment un programme citoyen
07:14qui prend le problème à la racine.
07:17Et la transmission du plaisir de la lecture, c'est un truc d'être humain à être humain.
07:22Moi, j'ai eu un grand-père qui m'a initié vraiment à la lecture.
07:26Là, les bénévoles de lire et faire lire font le boulot.
07:30Vous allez sur lireetfairelire.org et vous vous inscrivez.
07:35On ne peut pas accepter que le nombre de mots dans la tête de nos jeunes baisse.
07:41Parce que sinon, plus de mots, ils vont taper.
07:44Un être humain qui n'a pas de mots, au moment de l'adolescence, a des tensions.
07:48Il faut lire à quel âge ?
07:50J'ai l'impression que les premiers livres que j'ai lus, c'était la bibliothèque Rose.
07:55Je me souviens, c'était Jeannot Lapin.
07:58Je ne peux pas vous dire autre chose.
08:00Jeannot Lapin, oui, oui.
08:02Dès oui, oui, évidemment.
08:04Après, il y avait la bibliothèque Verde.
08:06Il y a des traditions familiales.
08:08Parce qu'il y avait aussi les livres, forcément.
08:11En l'occurrence, c'était ma mère qui me faisait lire des livres.
08:14La Comtesse de Ségur, tout ça, c'était...
08:16Les Maîtres de Sophie.
08:17Exactement.
08:18Parce que c'était de sa génération.
08:20Je me souviens de Dilois le cheminot que j'avais lu.
08:24Je pense que j'avais 7 ans, 8 ans.
08:25Le Général Duraquine, des choses comme ça.
08:27Bon, ça reste, forcément.
08:28Mais à quel âge ?
08:29C'est 5 ans, 6 ans, il faut commencer.
08:31Pour avoir le plaisir.
08:33En fait, pourquoi on lit, Alexandre ?
08:35Pour le plaisir.
08:36Je pense que ce qui est très important, c'est de lire à son enfant au plus jeune âge.
08:41Dès 6 mois, 1 an.
08:43Même si on n'a pas l'impression qu'il écoute.
08:45Il écoutera, il y a l'intonation.
08:47On fait travailler son imaginaire.
08:49Et c'est comme ça qu'on lui donne le goût de la lecture.
08:51Et au début, quand on a lancé Lire et faire lire,
08:53en l'an 2000, il y a 25 ans,
08:57on l'a lancé bêtement, à partir du CP.
09:02Et ce sont les enseignants, les écoles,
09:05qui nous ont demandé d'implanter Lire et faire lire
09:07dans les classes maternelles et dans les crèches.
09:09Donc aujourd'hui, notre grande zone de conquête,
09:11ce sont les crèches et les maternelles
09:13pour installer les enfants dans une culture du plaisir,
09:16partagée autour d'un livre.
09:18Puisque beaucoup de parents rentrent trop tard et sont fatigués.
09:21Donc on demande aux anciens de faire le travail.
09:24Et si vous ne savez pas quoi faire lire à votre ado,
09:29j'ai publié un livre qui s'appelle « Faire lire pour les nuls ».
09:33Qui est une compilation de toutes les stratégies,
09:36de tous les conseils, de toutes les expériences étrangères.
09:39Comment font les parents du monde entier
09:41pour initier leurs enfants à la lecture.
09:43Pour moi, c'est la base de la République.
09:46Il n'y a pas de démocratie, il n'y a pas de société.
09:50Il n'y a pas de langage.
09:52Et si nos enfants ne sont pas remplis de mots.
09:55C'est pour ça que j'ai voué, depuis 25 ans,
09:58une énergie énorme pour arriver à monter ça.
10:02Je ne comprends même pas comment ce n'est pas
10:04le combat prioritaire d'une société civilisée.
10:10Il y a tous les titres que vous avez évoqués.
10:13De l'enfance.
10:15Mais tous nos bénévoles sont formés dans les bibliothèques.
10:18À l'initiation, à la littérature jeunesse d'aujourd'hui.
10:21Ou d'hier.
10:23Et ce qui est génial, c'est qu'ils viennent très souvent
10:25avec leurs bouquins qui les ont passionnés.
10:27Qu'est-ce que vous lisez ? Vous lisez des romans ?
10:29Vous lisez des essais ?
10:31Vous lisez du théâtre ?
10:33Je m'en piffre.
10:35Plus de la fiction ?
10:39Je lis réellement tout.
10:41Pour moi, l'intérêt de la lecture, c'est de se coinfrer.
10:45Je peux aimer une bande dessinée.
10:48Je peux aimer, à la folie, relire tout ce que Goscinny a pu écrire.
10:54Qui est un des plus grands inventeurs d'expressions françaises.
10:57Je peux lire... Je vous recommande un livre qui est pour moi
11:00un des maîtres livres de ma vie.
11:02Qu'il faut vraiment lire.
11:04Qui s'appelle Les Découvreurs de Bourstein.
11:07C'est chez Bouquin.
11:09On va le doter.
11:11Les Découvreurs de Bourstein.
11:14C'est l'histoire de tous les gens
11:16qui ont élargi notre champ de la conscience.
11:19Qui ont modifié notre manière de penser.
11:22C'est un bouquin absolument génial.
11:26Ça a été écrit avant sa mort
11:28par le bibliothécaire de la Bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis.
11:32Qui était la quintessence du raz de bibliothèque.
11:35Et qui a écrit ce livre Somme.
11:37Le livre d'une vie.
11:39Tous ceux qui apprennent à penser autrement.
11:41Merci, c'est toujours un bonheur
11:43Alexandre Jardin de vous recevoir.
11:45Je l'ai dit l'autre jour
11:47sur le plateau de CNews.
11:49Il y a 30 ans peut-être
11:51vous faisiez une chronique livre
11:53dans une émission sur Canal.
11:55Je crois que c'était Philippe Gildas
11:57qui l'a présenté à l'époque.
11:59Vous veniez une fois par semaine
12:01présenter un livre.
12:03Je me souviens, j'étais étudiant à l'époque.
12:05Vous étiez déjà à la télévision.
12:08C'était un moment formidable.
12:10C'est vrai que nous on a baigné
12:12dans les émissions de Bernard Pivot
12:14qui nous donnait ce goût de la lecture.
12:16Il est 12h49.

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