Romain Agure (son nom de plume), en qualité de membre du GIGN, a participé à la traque et à la neutralisation des frères Kouachi, les terroristes de Charlie Hebdo. Dans un livre passionnant et inédit, "Kouachi, l'assaut final", Romain Agure témoigne de ces trois jours qui ont profondément marqué la France. Dans un entretien exclusif à TVLibertés, il nous fait revivre le récit brutal de l'embrigadement et de la dérive meurtrière des deux terroristes et de leurs complices jusqu'à l'assaut final et la mort de ces "fous de dieu". A voir impérativement !
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00:00– Bonjour Romain Agur. – Bonjour Rémi.
00:08– Vous avez 42 ans, en 2015, en qualité de membre du GIGN,
00:11du groupe d'intervention de la Gendarmerie Nationale,
00:14vous avez participé à la traque et à l'assaut contre les frères Kouachi,
00:18les terroristes de Charlie Hebdo.
00:20Aujourd'hui, vous témoignez de ces trois jours
00:23qui ont profondément marqué la France à travers un ouvrage passionnant
00:27et inédit intitulé « Kouachi, l'assaut final »
00:31que vous trouvez sur la boutique officielle de TV Liberté sur tvliberté.com.
00:36Vous avez quitté le GIGN il y a 5 ans maintenant,
00:39alors pourquoi témoigner encore avec une cagoule ?
00:43– Alors, en fait c'est très simple, je suis encore en activité,
00:48toujours gendarme donc, dans une unité spécialisée toujours,
00:51mais étant donné le sujet assez pesant, j'ai envie de dire,
00:55qui est traité dans le livre,
00:57aujourd'hui on peut s'apercevoir facilement avec ce qu'on va appeler l'open source
01:03et toutes les données qu'on peut collecter sur internet,
01:05qu'il est assez simple de retrouver des gens.
01:08Donc, pour des mesures de protection et d'anonymat,
01:12bien évidemment je souhaite porter une cagoule
01:15et conserver mon anonymat jusqu'au bout.
01:18– Voilà, protection aussi de votre famille, on en reparlera d'ailleurs.
01:21Mais avant d'évoquer le livre et les événements
01:23qui annoncent une série d'attentats terroristes islamistes
01:27sans précédent en France à ce moment-là,
01:29vous vous êtes engagé, vous le dites, au service de la France dès 18 ans.
01:32Quel a été votre parcours ? Vous en avez aujourd'hui 42.
01:36– Alors, j'ai commencé en fond de militaire
01:42et lors de ma 17ème année, j'ai commencé tout de suite
01:47à vouloir m'orienter vers le métier des armes
01:50et j'ai déposé un dossier gendarmerie.
01:53Sauf que quand vous avez à peine 18 ans,
01:58il faut savoir que pour prêter serment auprès de la justice
02:02lorsqu'on est gendarme, il faut avoir 21 ans.
02:05Je n'avais donc pas 21 ans et au recrutement on m'a dit
02:08« Ecoutez monsieur, si vraiment vous voulez être sous-officier,
02:11il va falloir attendre et vous reviendrez quand vous aurez 20 ans,
02:16le temps que vous fassiez votre école pour pouvoir prêter serment.
02:19Entretemps, j'avais envie de servir et j'ai découvert Saint-Maixent
02:26avec l'école nationale des sous-officiers d'actifs
02:29auprès de laquelle je me suis engagé et que j'ai intégré à 18 ans
02:34et par laquelle j'ai donc terminé sous-officier
02:38dans l'aviation légère de l'armée de terre
02:40mais dans une spécialité qui ne me convenait pas à titre personnel.
02:47Tout l'environnement militaire et tout ce que je recherchais comme valeur
02:52était conforme mais ensuite au niveau professionnel,
02:55je n'étais pas épanoui.
02:57Ce qui m'a orienté à la fin de mon premier contrat
03:01à me diriger vers la gendarmerie avec l'objectif ultime, je dirais,
03:06de rentrer et d'intégrer le GIGN.
03:08Et je me suis donné les moyens, mon objectif...
03:11– Les moyens, c'est-à-dire quelles aptitudes faut-il avoir
03:13pour rejoindre le GIGN ?
03:15– Alors, il faut vite.
03:16Tout d'abord, l'élite, vous le savez,
03:19c'est un peu comme quand on dit qu'on est des héros,
03:22tout le monde est le héros de quelqu'un.
03:24C'est mon avis personnel mais pour rejoindre le GIGN,
03:28il faut avant tout une grosse condition physique, c'est une évidence.
03:31Mais ça ne suffit absolument pas.
03:34Il faut des notions de rusticité importantes également
03:39et avoir un mental de fer
03:42qui correspond également aux physiques qu'on traîne.
03:47– Vous êtes spécialisé à l'époque dans le domaine de chuteur opérationnel.
03:50C'est un rôle essentiel, c'est celui d'être, en fait,
03:52j'ai bien compris, les yeux avancés des groupes d'intervention.
03:56– C'est ça, le GIGN a la solennité parachutiste
04:01de la gendarmerie nationale.
04:03Et à ce titre, le GIGN pouvant être engagé,
04:07comme nous avons un statut de militaire
04:09et que nous sommes de temps en temps rapprochés du COS,
04:12le commandement des opérations spéciales,
04:15et que le GIGN effectue certaines collaborations
04:21dans les théâtres extérieurs,
04:23on est amené à passer les qualifications de chuteur opérationnel
04:27et travailler avec des unités prestigieuses également
04:32comme le 1er Arteima, le 13e RDP et bien d'autres.
04:35– On va aller un peu plus loin encore,
04:36vous avez une formation de tireur d'élite
04:40et vous racontez que votre fusil au moment des faits s'appelle Simonne.
04:45Vous avez suivi Simonne, elle vous a suivi.
04:47– Exactement, alors Simonne n'était pas proprement parlé avec moi
04:51au moment de l'assaut final,
04:54mais c'est une histoire d'amour avec Simonne en quelque sorte
04:59puisque c'est un fusil très particulier,
05:03un fusil PGM-E4-2 pour être très précis,
05:06qui a un calibre 12,7, c'est-à-dire que le diamètre de la munition
05:11fait 12,7 millimètres.
05:17Voilà, c'est ce qu'on appelle le calibre 50
05:19dans la dénomination anglo-saxonne,
05:21et qui est normalement une munition qui est tirée depuis une mitrailleuse,
05:26soit d'un véhicule ou d'un hélicoptère.
05:28Et là, dans cette version-là, nous on possède,
05:31comme d'autres unités bien évidemment,
05:33on le possède en tant que fusil de tir de longue distance,
05:37principalement utilisé à la base dans ce qu'on appelle l'antimatériel,
05:42c'est-à-dire pour essayer de détruire du matériel.
05:46Et au sein du GIGN, il est utilisé dans la traversée d'écrans plus spécifiquement.
05:54– Ça ne se promène pas facilement quand même, Simonne.
05:56– Non, Simonne fait 1m87kg en hors de marche,
06:02donc quand vous commencez à ramper avec Simonne,
06:05elle vous fait transpirer très rapidement.
06:07Et c'est pour ça que mon prédécesseur, lorsqu'il m'a transmis ce fusil si particulier,
06:14elle était déjà baptisée Simonne quand il en a hérité,
06:17et il me l'a transmise en tant que Simonne,
06:18puisqu'elle dort chaque jour dans une immense caisse
06:22qui permet les voyages en avion,
06:24afin de protéger les optiques de précision qui sont montées dessus.
06:28Elle dort dans une grande caisse qui fait plus de 2 mètres,
06:30qui ressemble un petit peu à un cercueil,
06:32et du coup, c'est pour ça qu'elle a un petit nom si particulier.
06:36– Christian Proutot, qui est le père, le fondateur du GIGN,
06:40et à qui vous rendez hommage à travers le livre,
06:43a inculqué à vos hommes et à vous la culture du tir, de la précision du tir.
06:48Vous dites que quand il disait que s'il y avait une deuxième cartouche utilisée,
06:52c'était qu'on avait fait un mauvais tir.
06:55– Tout à fait, c'est notre père à tous.
06:58Et cette culture du tir a fait du GIGN ce qu'est le GIGN aujourd'hui en fait.
07:06Cette capacité d'analyse et de précision de tir est très très importante,
07:13et c'est ce qui fait le prestige de l'unité internationale.
07:18– On est le 7 janvier 2015, il est 11h30,
07:21Chérif et Saïd Kouachi déciment la rédaction de Charlie Hebdo,
07:25tuons 12 personnes, dont un agent de maintenance,
07:28un policier aussi sera également tué lors de cet acte terroriste.
07:31Vous avez étudié avec précision, minutie, la personnalité des deux tueurs,
07:36Saïd et Chérif Kouachi, deux frères.
07:39Peut-on les réduire à ce portrait fait par une camarade de Saïd,
07:44qui est rapportée par le quotidien Le Monde,
07:47des rebeux, revendiqués, radicalisés, qui n'aiment pas la France
07:50et ne portent pas les Blancs dans leur cœur.
07:53Est-ce qu'on peut réduire ces frères Kouachi à cela ?
07:58– On pourrait quasiment les réduire à cela.
08:01Après, personnellement, je n'aime pas mettre des gens dans des cases,
08:08mais tout leur parcours, tout ce qu'ils ont effectué
08:13comme démarches personnelles, intellectuelles,
08:17les ont malheureusement orientés sur ce type de profil.
08:23Déjà, lorsqu'ils étaient au collège et au lycée, à la Fonda,
08:28comme elle s'appelait, comme elle s'appelle toujours,
08:34ils se revendiquaient tel quel.
08:37Donc, c'est compliqué quand la personne elle-même
08:41se revendique comme ceci, de dire qu'elle ne l'est pas.
08:46– Est-ce que les frères Kouachi, ils ont eu une enfance marquée
08:48par la disparation assez précoce de leurs parents
08:50et leur prise en charge par l'éducation nationale ?
08:52Et vous démontrez parfaitement qu'ils ont bénéficié
08:55de manière presque irréprochable, d'ailleurs,
08:56de toute l'aide sociale d'État à l'enfance pour leur éducation.
09:00Il n'y a pas de bug ou d'erreur de l'État français à ce moment-là ?
09:03Dans ce moment-là ?
09:05– Non, oui, tout à fait.
09:07Toute la hiérarchie, la chaîne sociale en France a été mise en action
09:12pour s'occuper de ces orphelins comme d'autres.
09:16Et effectivement, on ne peut pas retrouver à reprocher
09:22à tout ce système social vis-à-vis du parcours de ces deux individus.
09:28Petit point de détail qu'on peut trouver,
09:35c'est uniquement leur sortie de la fonda,
09:38où ils se retrouvent sans suivi à proprement parler,
09:42alors que tout le système social a déjà connaissance
09:47que leur oncle a une extrêmement mauvaise influence sur eux
09:51et qu'ils sont déjà dans un phénomène de radicalisation.
09:55– Le rôle de l'oncle va être essentiel,
09:57c'est quasiment lui qui va être le commanditaire indirect
09:59de ce qui se passera ensuite en janvier 2015.
10:03– On va dire que c'est le point d'entrée
10:08dans le monde de la radicalisation pour les deux frères Cauchy
10:11et qu'ensuite, la vie a fait que ces deux individus
10:17ont rencontré des personnes qui leur ont permis
10:20de s'élever toujours plus loin dans la radicalisation
10:23et plus encore dans la violence.
10:25– On voit bien aussi, à travers les portraits que vous faites,
10:27que ce sont, de manière banale,
10:30deux personnalités sans charisme, sans mental particulier,
10:38des gens comme les autres.
10:40– Tout à fait, comme il y en a de nombreux en France.
10:45Ces deux individus, dont Saïd, qui est dépeint par ses camarades
10:52comme quelqu'un de feignant, même sa famille, son beau-frère,
10:58l'indique en tant que tel, quelqu'un de feignant,
11:00qui passe son temps à jouer à la console,
11:04qui ne fait pas grand-chose de ses journées,
11:06et qui, hormis prier, n'avance pas dans la vie.
11:10– J'ai trouvé dans l'ouvrage une contradiction.
11:12À un moment donné, vous dites que les enfants sont élevés
11:14dans un quartier où des faits de pédophilie sont avérés.
11:18Vous dites aussi, d'ailleurs, quand ils sont arrêtés,
11:20que chez le domicile de Shérif, on va fouiller l'ordinateur,
11:24on va trouver des images pédocriminelles dans son ordinateur.
11:28Et puis, quand ils sont à la fin de leur traque,
11:31dans l'imprimerie de Damartin, en Goëlle,
11:34ils déchirent une affiche où il y a une pin-up dessus,
11:36en disant que c'est une insulte à Dieu.
11:38C'est incohérent et contradictoire ?
11:42– Alors, c'est contradictoire,
11:43mais c'est le profil de ce type d'individu, en fait.
11:46J'en parle plusieurs fois dans l'ouvrage, la taquilla.
11:51J'invite les gens à se renseigner un petit peu sur ce phénomène
11:54qui consiste en fait à camoufler son objectif final.
11:59C'est une obligation de camoufler son objectif final.
12:04Et ils s'achètent en quelque sorte,
12:07comme ils l'ont fait après la tuerie de Charles Hebdo,
12:09ils s'achètent en quelque sorte une image.
12:11– Comment ça, ils s'achètent une image ?
12:14– C'est-à-dire qu'ils viennent de décimer la rédaction de Charles Hebdo
12:17de manière complètement atroce,
12:20sans aucune pitié pour les hommes et les femmes.
12:23Puis, dès la fin de la tuerie,
12:27ils changent, entre guillemets, de discours en disant
12:29« on ne tue pas les femmes », etc.
12:30Pourtant, quand ils sortent, ils continuent leur périple
12:35comme s'ils étaient venus dire « ok, nous sommes des soldats de Dieu,
12:41Charles Hebdo a blasphémé notre Dieu,
12:47on vient pour régler le problème et c'est terminé. »
12:51Sauf qu'ils continuent en fait sur leur tuerie à la sortie
12:56avec les représentants de l'État.
12:59Donc, là, à quel moment les représentants de l'État ont blasphémé,
13:03on peut se poser légitimement la question.
13:07Et ensuite, le long de leur périple et de la traque,
13:12ils vont faire une pause dans ce périple meurtrier
13:15pour essayer de valider, je pense, c'est mon opinion personnelle,
13:19de valider cette image qu'ils sont là pour faire le bien,
13:24pour défendre leur Dieu et qu'on arrête de blasphémer leur Dieu.
13:29– Alors, si l'éducation nationale a été, on peut utiliser le terme « irréprochable »,
13:34est-ce que c'est le cas aussi de la justice,
13:37et permettez-moi de le dire, aussi de la police ?
13:39On a quand même le sentiment qu'il y a eu des ratés, des flops,
13:42et que les frères Kouachi, cette entreprise des frères Kouachi,
13:45leurs complices, on pense à Koulibaly qui fera la même chose en tuant un policier,
13:51puis quatre personnes dans l'hyper-cachère de la porte de Vincennes,
13:55on se dit que tout ça aurait quand même pu être démantelé.
13:57Alors, avec Dessy, on refait le monde,
13:58mais néanmoins, on a le sentiment quand même qu'il y a eu des ratés.
14:04– Alors, dire qu'il y a eu des ratés, ce n'est pas mon travail,
14:09ni mon devoir de réserve m'impose aussi une certaine discrétion sur les événements,
14:16mais il y a eu très récemment le procès de Charlie Hebdo,
14:21où la justice, je pense, a fait son travail,
14:26où des choses ont été révélées,
14:29et malheureusement, on peut dire qu'un attentat,
14:34c'est ni plus ni moins qu'une multiplication de concours de circonstances.
14:39C'est comme si vous aviez un grain de sable qui passait à travers un tamis, deux tamis,
14:43et malheureusement, quand il tombe du deuxième tamis,
14:46ça crée des événements dramatiques.
14:48– On voit qu'à Charlie Hebdo, par exemple, le dispositif policier avait été retiré,
14:51c'est sûrement une erreur,
14:53a posteriori, on considère que ça peut être une erreur ?
14:55– Les faits l'ont démontré, surtout que cela avait été signalé.
15:03– Alors, venons-en à la fin de cette cavale,
15:05qui va donc des locaux, je rappelle, de Charlie Hebdo
15:08à l'imprimerie de Damartin en Angoelle.
15:10Alors, le premier sentiment que l'on a à la lecture de l'ouvrage,
15:14c'est quand même la détermination des frères Kouachi.
15:18Ils se sentent missionnés et n'ont pas peur de mourir et d'aller jusqu'au bout.
15:23– Absolument pas, effectivement, ils n'ont absolument pas peur de mourir.
15:28Dialoguer avec Michel Catalano a été très très enrichissant.
15:31– L'imprimeur de Damartin en Angoelle, le frère d'otage.
15:35– Il a été extrêmement intéressant sur le questionnement que j'avais
15:40vis-à-vis des profils de ces individus,
15:42dans le sens où il y avait vraiment ce qu'on appelle un switch de comportement,
15:50à partir du moment où ils étaient avec quelqu'un qui était non armé,
15:54donc, entre guillemets, on va dire, un civil,
15:59et les représentants de l'État qui étaient armés,
16:02et qui, pour eux, devaient être leurs ennemis.
16:06Et Michel Catalano m'a raconté en détail les paroles, les gestes,
16:14les attitudes des frères Kouachi au sein de l'imprimerie,
16:18et pendant une période, on a pensé que ces deux individus-là étaient sous drogue,
16:25mais les analyses médico-légales ont prouvé l'inverse.
16:29Mais c'est pour souligner qu'en fait, au niveau de l'état d'esprit de ces personnes-là,
16:34ils sont capables de basculer d'un mode à l'autre avec une extrême facilité,
16:41et de passer de calme à extrêmement violent en une fraction de seconde.
16:45A contrario, on le voit à travers Michel Catalano et le témoignage qu'il fait dans votre ouvrage,
16:51donc l'imprimeur qui est en otage, avec son employé Lilian,
16:54il dit lui, encore aujourd'hui, je n'arrive pas à prononcer le nom des frères Kouachi
16:59tant la chose fut puissante, et le choc fut puissant.
17:05Quand on le voit avec Catalano, on le voit avec d'autres,
17:08il y a quand même, à contrario, l'énorme courage des personnes que croisent les frères Kouachi,
17:14le courage de ceux qui vont être assassinés,
17:16le courage aussi de ceux qu'ils vont rencontrer dans leur traque,
17:19des personnes à qui ils vont prendre le véhicule, etc.
17:21Et à chaque fois, c'est le cas pour Catalano, il y a beaucoup de courage.
17:25Beaucoup de courage.
17:25Je le dis, je le redis, Michel Catalano est un héros.
17:29Il est un héros, il a parfaitement agi, à tout point de vue, pour sauver la vie de Lilian.
17:35Lilian, c'est l'employé qui est avec lui ?
17:37Qui est allé retrancher sous l'évier, car quand les frères Kouachi arrivent dans l'imprimerie,
17:43Michel Catalano et son employé sont en train de boire le café et discuter de la journée.
17:49Et là, en les voyant, il comprend tout de suite qui c'est.
17:52Et il a le premier réflexe de dire à son employé,
17:56va te cacher et coupe ton portable.
17:58Un réflexe qui, quand on remet tout dans le contexte,
18:03en 2015, on n'était pas encore sur des notions de sécurité, de lucidité
18:09concernant un téléphone qui peut sonner lorsqu'on se cache.
18:12Et Michel Catalano, à ce moment-là, a ce réflexe-là, qui est déjà un point essentiel.
18:18Lilian, c'est son employé, c'est aussi celui qu'il a formé.
18:20Il le prend un peu comme un fils et il va le protéger.
18:24Enfin, il va rester neuf heures dans sa cache, Lilian.
18:27Et Catalano va effectivement faire tout pour que jamais les frères Kouachi ne sachent qu'il était avec eux.
18:35De votre côté, le déroulement d'un martin en Goélo,
18:38il y a votre participation personnelle.
18:41Qu'est-ce que vous faites à ce moment-là ?
18:43Quel est l'état d'esprit général du GIGN ?
18:44Vous êtes arrivé sur place la veille ?
18:46Tout à fait. On a commencé la traque le 8 matin,
18:50à partir du moment où ils ont braqué la station essence.
18:54Et donc, pour nous, ils étaient localisés à ce moment-là.
18:59Donc on est après Charlie Hebdo, pour que ce soit bien clair.
19:02Ils ont fui dans une voiture, ils vont, enfin, on va les retrouver.
19:05On retrouve leurs traces à ce moment-là, donc on part à leurs trousses
19:09avec le Red, la Biarrie et le GPN de Lille qui viennent en renfort.
19:14Il y a une zone qui est quadrillée dans laquelle la traque s'effectue pendant toute la journée
19:20et une grande partie de la nuit.
19:22Et au petit matin, en fait, ils ressortent du bois où ils étaient atterrés.
19:28Et là, ils se dirigent vers Damartin où, au final, ils sont engagés.
19:35Votre rôle personnel à ce moment-là, vous ?
19:38Moi, personnellement, je n'aime pas parler de moi personnellement parce que
19:45pour moi, c'est la mission de l'unité avec mes camarades et de mes camarades.
19:51Moi, j'ai occupé plusieurs postes au cours de la mission.
19:56J'ai envie de dire, entre guillemets, que j'ai eu cette chance-là
19:59parce que ça m'a permis de voir l'ensemble du dispositif et ce qui s'y est passé.
20:06Et en arrivant, dans un premier temps, on n'a pas de recueil.
20:11Généralement, quand on arrive sur une intervention avec un forcené ou une prise d'otage, etc.,
20:17il y a un recueil par les gendarmes locaux qui est fait, qui nous accueille
20:20et qui nous emmène vraiment au plus près en sécurité
20:23de manière à ce qu'on soit vraiment le plus rapidement possible au cœur de l'action, on va dire.
20:29Et en arrivant à Damartin, le bouclage large est déjà fait.
20:34En fait, on s'arrête quasiment à peine dans le bouclage large
20:39avec une erreur sur un bâtiment qui nous est désigné.
20:42Mais très rapidement, on a l'information puisque Michel Catalano est libéré
20:47par les frères Coachie à ce moment-là.
20:49Il est aperçu dès qu'il allait mourir et que les frères allaient monter
20:52sur les forces de l'ordre à ce moment-là, qu'il allait se retrouver entre les deux feux,
20:55mais ils en ont décidé autrement.
20:58Et en fait, dès qu'on a cette information-là,
21:01on a l'information sur l'erreur de bâtiment et on se dirige vers l'imprimerie
21:06et elle est rapidement encagée.
21:08Est-ce que vous aviez l'idée que les frères Coachie allaient sortir
21:13pour aller au contact, en fait, et pour essayer de tuer des policiers le plus possible ?
21:16Est-ce que c'est quelque chose qui était intégré dans votre esprit ?
21:19Est-ce qu'à ce moment-là, vous aviez intégré cette donnée-là,
21:21qu'ils pouvaient sortir et non pas se barricader, en fait ?
21:25Oui, bien sûr. On était tout à fait conscients des modes d'action qu'ils utilisent généralement.
21:31Vous dites même que vous aviez peut-être le sentiment qu'ils allaient se faire exploser.
21:36C'était ça aussi une idée ?
21:37Il y avait des grosses suspicions, effectivement, d'explosifs, de piégeages.
21:40Il y avait des grenades qui avaient été vues dans notre roquette M80
21:47en parfait état de fonctionnement.
21:49On sait qu'ils sont tout à fait en mesure de fabriquer du TATP,
21:54comme ça a été fait quelques mois plus tard.
21:56Donc, il y a des grosses suspicions de piégeages.
22:01Et tout le contexte général des trois jours nous a montré
22:05qu'il y avait des possibilités d'appui extérieur,
22:09via des filières ou des réseaux annexes,
22:13qui avaient pu préparer peut-être quelque chose dans les locaux,
22:17sans même que le patron soit au courant, sans que Michel Catalano soit au courant de quoi que ce soit.
22:21Donc, on se prépare au pire, de manière à ce que ça se déroule le mieux.
22:26Michel Catalano, il rend un vibrant hommage aux hommes du GIGN à travers votre ouvrage.
22:31Il écrit « Romain faisait partie de ceux qui ont tenu leur parole en neutralisant ces terroristes
22:36et en rendant ainsi honneur à leurs engagements ».
22:39Et je me suis dit, la force du GIGN, au-delà des préparations physiques et psychologiques que vous avez évoquées,
22:44au-delà du mental que vous avez évoqué aussi,
22:46c'est quand même cet esprit de cohésion, cet incroyable esprit de cohésion
22:49que vous avez là aussi cité à l'instant.
22:52C'est quelque chose qui existe vraiment ou c'est une vue de l'esprit ?
22:55Non, non, c'est quelque chose qui existe vraiment.
22:57Il y a un adage qui dit « Seul, on va plus vite et à plusieurs, on va plus loin ».
23:04Et c'est totalement vrai.
23:06Vous vous apercevez que vous pouvez être le plus fort du monde,
23:10physiquement, mentalement et dans tous les domaines, en tir, en tout,
23:16si vous êtes individualiste, vous échouerez quoi qu'il arrive.
23:22Quoi qu'il arrive, vous avez besoin de la force du groupe pour pouvoir réussir.
23:27La force du groupe Romain Lagueux.
23:28Est-ce que aussi cette cohésion, elle s'appuie sur un système de valeurs
23:33ou elle se construit à partir d'une sélection, d'une formation hors normes ?
23:37Est-ce qu'il y a l'obligation d'un système de valeurs ou ce n'est pas nécessaire ?
23:41Les deux sont réunis en fait.
23:44Il y a une sélection qui permet de trier des profils qui ont déjà ces valeurs
23:52et ensuite de l'ancrer profondément au sein des individus
23:56et du groupe d'individus qui est constitué par ce qu'on appelle nous les promotions,
24:01donc les différents brevets au fil des années.
24:06Et ce lien qui est tissé entre les hommes est un lien qui reste indéfiniment.
24:15Quand vous quittez le GIGN, vous ne quittez jamais réellement le GIGN.
24:18Vous continuez à apporter ces valeurs dans votre cœur.
24:24Il y a des petites critiques ici ou là, tout au moins celles que j'ai cru comprendre
24:27parce qu'elles sont en creux.
24:28Il y a premièrement quand même la vétusté des locaux dans lesquels vous progressez,
24:33où vous vous entraînez.
24:34Est-ce qu'on peut quand même considérer que nos armées d'élites,
24:37ce qui représente l'élite de notre armée,
24:39puissent quand même avoir les moyens de son action ?
24:44Devoir de réserve ?
24:47Alors, devoir de réserve, oui et non, parce que c'est mon avis personnel.
24:55Les moyens ont augmenté, on ne peut pas dire l'inverse.
24:59Maintenant, il faut rester conscient que les bâtiments dans lesquels
25:05on s'entraîne à balles réelles, une munition de guerre,
25:09ça fait des dégâts même dans un mur.
25:11Donc quand vous passez des années et des années,
25:14le GIGN existe depuis 1974, quand vous passez des années à tirer dans des pièces,
25:20on a des pièges à balles, etc.
25:22Mais à l'époque, nos aînés n'avaient pas de système
25:28avec des pièges à balles et ce type de matériel
25:31pour éviter les dégâts sur les structures.
25:34Les bâtiments, excusez-moi du terme, ils ont ramassé.
25:38Donc ça coûte extrêmement cher si on veut se mettre à reconstruire des bâtiments.
25:43J'entends bien, mais est-ce que ça coûte cher, par exemple,
25:45de mettre quelque chose de mieux dans le sachet burque ?
25:48C'est le nom que vous leur donnez ?
25:49On est à la veille de cet assaut, on est à un moment crucial,
25:53et le soir, pardonnez-moi d'être trivial,
25:56on vous file un sandwich mou, une bouteille d'eau
25:58et une barre de céréales pour se préparer.
26:02C'est quoi, ça ?
26:06Vous savez, c'est assez compliqué.
26:08Je me mets à la place de la logistique à ce moment-là.
26:12Trouver de la nourriture avec un claquement de doigt
26:16à l'heure qu'il était, dans les conditions où on était,
26:19et surtout au nombre que nous étions,
26:21c'est pas mon métier, mais je suppose que ça doit pas être très très facile.
26:26Ils ont peut-être pris l'option la plus simple.
26:31Après, je vous avoue que nous, ça nous fait plutôt sourire,
26:37voire rire de voir nos sachets burques,
26:41parce qu'on est habitués, entre guillemets, aux sachets burques.
26:44Vous comprenez tous les gendarmes mobiles qui sont sur les manifestations en France,
26:47je pense même que les CRS, ça doit être un petit peu pareil.
26:50C'est en train un petit peu d'évoluer,
26:53mais il y a beaucoup de forces de l'ordre encore aujourd'hui
26:57qui, lors de leur repas, que ce soit le midi ou le soir,
27:01mangent des sachets burques.
27:03Sachet burque, va pour le sachet burque.
27:05Plus important quand même, les familles des membres du GIGN ne sont pas protégées.
27:11Donc vous êtes en train de mener une action au service de la France,
27:14et en même temps de vous dire qu'on espère quand même qu'ils ne savent pas où sont vos familles,
27:20parce que vos familles, qui sont réunies, elles, ne sont absolument pas protégées.
27:23On peut rentrer chez vous comme on peut rentrer chez moi.
27:26Au-delà de nos familles, il y a les familles des autres gendarmes également.
27:31Il faut rester conscient de ce paramètre-là.
27:37Ce n'est pas parce que les membres du GIGN sont à Satori
27:41que ça écarte le fait qu'il y ait 1 500 familles de gendarmes.
27:471 500 familles.
27:49Donc on met des plots en béton très rapidement pour essayer de...
27:53Pour pouvoir faire des checkpoints, pour filtrer les accès sur cette zone.
27:57Le plateau de Satori est une zone immense,
28:00qui est extrêmement complexe à sécuriser, ce qu'on va appeler de la sécurité passive,
28:04c'est-à-dire des barriérages, des caméras, des alarmes, ou des choses comme ça.
28:09Ça coûterait des dizaines de millions d'euros, je pense,
28:13vu la surface du parc immobilier.
28:17Ensuite, il ne faut pas oublier que la protection du plateau de Satori
28:23est faite par les gendarmes eux-mêmes.
28:25Et donc c'est un service qui est assez consommateur en personnel,
28:30et qui, du coup, va inspirer des gendarmes du terrain au bénéfice de la population.
28:37Ce soir-là, il n'y a plus personne pour protéger Satori, c'est clair ?
28:41Ça manque de monde.
28:42Le commandement du GBGM, puisque c'est le GBGM,
28:45qui est le groupement blindé de la gendarmerie mobile à Satori,
28:48qui est en charge de la protection du plateau de Satori, on va dire.
28:51Mais rapidement, du monde, on va dire qu'il racle les fonds de tiroir,
28:57parce que tous les gendarmes qui sont présents à Satori sont engagés.
29:03Je rappelle qu'il y a comme 88 000 forces de l'ordre qui ont été engagées dans la traque,
29:08et du coup, il reste très peu de monde pour pouvoir protéger, à proprement dit, le plateau de Satori.
29:15Donc il y a eu le maximum de choses qui ont été faites.
29:19On peut toujours faire mieux, on reste des perfectionnistes,
29:21c'est notre métier, la sécurité, donc on va toujours essayer de dire
29:24ça, c'était pas très bien, ça, c'était pas trop mal,
29:27on aurait pu faire mieux, on peut toujours, avec défi...
29:31Alors, il y a une critique assumée dans l'ouvrage,
29:33là, cette fois-ci, il n'y aura pas de devoir de réserve,
29:35c'est celle des médias d'information.
29:37Et là, vous ciblez directement, il faut bien le dire, on va le citer,
29:40BFM et son attitude particulièrement choquante,
29:42vous dites qu'elle entrave votre action,
29:46elle entretient des contacts directs avec les terroristes,
29:50elle met en péril la vie des otages,
29:52c'est dans le cas de l'hyper-cachère de Vincennes
29:54avec Hamedi Koulibaly,
29:57là, vous considérez que cette presse-là,
30:00elle va au-delà du sérieux et de la sécurité même
30:05des forces de l'ordre et même des otages et des victimes.
30:08Surtout des victimes, et surtout des otages.
30:11Les otages, ils n'ont déjà pas fait le choix d'être otages,
30:17ils vivent un traumatisme qui est inimaginable.
30:21Et le fait que les médias, à ce moment-là,
30:26soient dans cette espèce de course effrénée
30:30à l'image, à l'information qui n'est même pas vérifiée,
30:34qui vient entraver les enquêtes de la police
30:36sur les premiers jours,
30:38alors qu'on ne sait même pas encore où sont les individus,
30:41voilà, et pendant la traque,
30:45ils sont un petit peu collés à nos baskets,
30:50en train de nous dire, oui mais non,
30:52c'est la liberté de la presse. Alors effectivement,
30:54c'est très très important, d'ailleurs,
30:58c'est l'importance de Charlie Hebdo,
31:00c'est pour ça que Charlie Hebdo a été visé,
31:02c'était pour museler, entre guillemets,
31:04cette liberté d'expression
31:06qui fait de la France ce qu'elle est,
31:09mais à partir du moment où
31:11on s'engage dans la liberté de la presse,
31:15ça ne doit pas être au détriment
31:17de la sécurité des individus.
31:20Et ça, on parle de la sécurité des concitoyens,
31:22qu'eux prennent la décision
31:24de s'exposer, d'accord,
31:26mais qu'ils ne viennent pas nous dire,
31:28c'est à vous de nous fournir des gilets pare-balles.
31:30Je trouve ça assez...
31:32Il y a des journalistes qui disent aux membres des GIGN,
31:34donnez-nous des gilets pare-balles.
31:36Sur le dispositif où j'étais pendant la traque,
31:38je suis allé voir les journalistes qui étaient là.
31:40Ils étaient là, quoi.
31:42Ils étaient à deux mètres de nous,
31:44alors qu'on était en train de chercher les trucs,
31:46les terroristes, et quand vous allez les voir
31:48demander de prendre un petit peu de distance,
31:50parce que si jamais,
31:52il arrive quoi que ce soit,
31:54ils risquent d'être blessés, voire tués,
31:56non, c'est la liberté de la presse,
31:58d'accord, c'est la liberté de la presse,
32:00mais mettez au moins des gilets pare-balles,
32:02donnez-nous des gilets pare-balles.
32:04Je trouve ça assez...
32:06Non, c'est pas...
32:08Allez, revenons à vous.
32:10La question, elle est bateau, finalement.
32:12C'est une des dernières, mais elle est bateau.
32:14Enfin, peut-être pas tant que ça, d'ailleurs.
32:16Comme il y a bien évidemment des moments
32:18qui sont plus importants que d'autres,
32:20je pense à des naissances, bien sûr à des décès,
32:22et beaucoup d'autres choses,
32:24comment ces événements vous ont marqué ?
32:26Une nouvelle fois, vous.
32:28Alors, honnêtement, à titre personnel,
32:32ces trois jours
32:34m'ont plus marqué
32:36médiatiquement
32:38que sur l'intervention en elle-même.
32:40J'ai vécu d'autres missions
32:42avec mes camarades
32:44qui m'ont humainement
32:46beaucoup plus marqué que celle-ci.
32:48Parce que celle-ci, c'est du terroriste.
32:52C'est mon ressenti.
32:54Le fait que ce soit des terroristes,
32:56ils sont, entre guillemets, clairement identifiés
32:58en tant que méchants,
33:00c'est pas pour autant qu'on va
33:02ne pas respecter leur vie
33:04et ne pas mettre tout en oeuvre
33:06pour essayer de les avoir vivants.
33:08Bien au contraire.
33:10L'idée, c'était de les prendre vivants.
33:12Pourquoi les tuer ?
33:14C'est un peu ce qui m'a amené à rédiger le livre.
33:16J'ai entendu beaucoup de choses
33:18dans le secteur civil
33:20où on avait bien fait débuter
33:22des termes comme ceux-ci
33:24que j'ai trouvés choquants
33:26par rapport au respect de la vie
33:28et aux valeurs humaines
33:30qui sont véhiculées par le GIGN
33:32et qui sont véhiculées par la gendarmerie
33:34et les forces de l'ordre, j'ai envie de dire, en général.
33:36Du coup,
33:38entendre ces choses-là, ça m'a choqué.
33:40J'ai eu envie, un petit peu,
33:42de remettre les choses
33:44dans leur contexte et de dire
33:46non, on n'est pas partis pour faire des assassins
33:48ou les buter ou quoi que ce soit.
33:50On était partis pour les interpeller.
33:52Et que ce soit
33:54des terroristes ou autres,
33:56c'est la même chose.
33:58C'est le même procédé.
34:00Ensuite,
34:02pour revenir à ce que vous me demandiez,
34:04moi, à titre personnel,
34:06le fait qu'ils soient identifiés en tant que terroristes,
34:08c'est moins une exposition
34:10à la détresse sociale.
34:12Souvent,
34:14quand vous faites des interventions
34:16sur des forcenés
34:18qui sont armés
34:20ou même du grand banditisme,
34:22c'est souvent des gens
34:24qui ont des familles
34:26qui sont entrées dans le grand banditisme
34:28pour des raisons financières
34:30et qui sont montées dans le système
34:32et qui, au bout d'un moment, peuvent perculer
34:34et qui arrivent au point
34:36de faire une guerre
34:38contre les forces de l'ordre,
34:40où l'État a proprement parlé,
34:42et qui nous amènent des fois
34:44à faire usager des armes.
34:46Mais,
34:48ici, du coup,
34:50il n'y a pas la détresse sociale
34:52ou tout ce facteur psychologique
34:54avec une famille derrière
34:56et tout ça.
34:58C'est clairement identifié en tant que terroristes.
35:00Ils viennent de décimer
35:02la rédaction Charlie Hebdo.
35:04Faire un périple meurtrier
35:06en sortant des locaux.
35:08On est là pour les interpeller
35:10et surtout ne pas leur donner ce qu'ils cherchent.
35:12Parce qu'on avait bien compris
35:14qu'ils voulaient mourir en martyr.
35:16Et c'était un petit peu le graal
35:18de les avoir vivants
35:20et de ne pas leur donner ce qu'ils cherchaient.
35:22Six années ont passé.
35:24On est actuellement en débat,
35:26vous le savez, à l'Assemblée nationale
35:28sur la loi sur le séparatisme.
35:30J'ai bien compris maintenant
35:32vos obligations et le devoir de réserve.
35:34Je vais changer un peu ma question.
35:36Est-ce que vous considérez que la police,
35:38la gendarmerie, l'armée ont appris
35:40des attentats de Charlie Hebdo
35:42et du Bataclan, puis de Nice, etc.
35:44et que l'on est mieux préparé ?
35:46Oui, personnellement.
35:48C'est mon avis.
35:50Le matériel a évolué, les mentalités ont évolué,
35:52la notion de sécurité globale a évolué.
35:56Il reste un facteur dont je ne parlerai pas.
35:58Les mentalités changent doucement.
36:06En espérant que ça se poursuive.
36:10Merci beaucoup pour ce témoignage, Romain Agur.
36:12Avec plaisir.
36:14Merci d'avoir rejoint TV Liberté pour évoquer cet ouvrage
36:16que je vous invite à acheter tout de suite,
36:18vous l'avez bien compris, sur le site tvliberté.com
36:20dans la boutique officielle.
36:22Merci beaucoup, bon courage.