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Des lunettes 100 % en plastique recyclé et fabriquées en France, c’est ce que produit Eio. Quentin Passet, le fondateur de l’entreprise, nous explique le procéder de fabrication, du ramassage des déchets plastiques à l’assemblage des éléments.

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00:00Smart Ideas avec Quentin Passé, bonjour. Bonjour. Le fondateur de Eyo, marque de lunettes,
00:12pas comme les autres, on peut dire ça comme ça ? C'est ça, un peu différente, oui.
00:14Merci de me recevoir. Je peux commencer avec un chiffre, 20 millions, enfin plus de 20
00:20millions de paires de lunettes chaque année en France. On en fabrique 2 millions, 1 million
00:24pour l'export, 1 million pour le marché national. Et si on regarde à côté en Italie,
00:28c'est 100 millions de paires de lunettes qu'on fabrique chaque année et la Chine,
00:31c'est 1 milliard à 2 milliards. Ça donne une idée en fait de la provenance des lunettes
00:35qu'on achète en France qui est considérée comme le pays de la lunette.
00:39Oui, d'accord. Déjà, on est loin. Et beaucoup de ces lunettes sont des lunettes
00:44plastiques ? Alors, il y a beaucoup de lunettes acétate,
00:47beaucoup de lunettes métal et c'est un peu le paradoxe. C'est que je suis venu avec
00:50ça, avec un filet rempli de bouteilles plastiques. On en fabrique, on en achète 15 milliards
00:55en France chaque année et on en recycle moins de 25%. Et c'est là un peu le paradoxe.
01:00Et nous, ce qu'on a essayé de faire avec Eyo, c'est d'utiliser cette matière, d'en
01:04faire un nouveau matériau pour en faire des lunettes, fabrication française à 100%,
01:08recyclées avec des montures faites à 100% en plastique recyclé. 7 modèles déclinant
01:127 coloris. Et alors qu'on peut imaginer que du coup, ça va être plus cher que des lunettes
01:16plastiques, on prouve que non. En fait, on est dans la moyenne du marché, on est autour
01:20de 100 euros la lunette. Ok. Alors, comment vous réussissez ? On
01:23va rentrer dans le détail. Il faut déjà peut-être se poser la question de la filière.
01:30Vous vous inscrivez dans la filière de récupération des déchets plastiques ? Peut-être pas
01:36de n'importe quel déchet plastique ? Oui, c'est ça. Alors nous, c'est vrai qu'on
01:39reste sur le PET, les bouteilles plastiques. Et donc là, on va travailler à la fois sur
01:43la filière collecte-recyclage. On va s'appuyer sur des partenaires, des associations pour
01:47la collecte dans la nature, des recycleurs pour la récupération classique. Et après,
01:51le travail, c'est massifier le gisement, homogénéiser pour avoir un matériau de
01:57qualité. Et ensuite, il y a tout l'état de la transformation. Et ça, ce n'est pas
02:00forcément évident. C'est là un peu où il y a un biais. C'est qu'on a l'impression
02:04que justement parce qu'on a une terre de lunettes initialement qu'on est capable d'en
02:08fabriquer beaucoup et bien. Sauf qu'en fait, il y a eu la délocalisation, on s'est concentré
02:11sur le luxe et on a un peu oublié le cœur de métier. On arrête d'innover. Donc, la
02:17filière, ce n'est pas évident d'aller fabriquer de la lunette.
02:19C'était pas si simple. Comme vous vous dites, 2020, je vais créer une marque basée
02:22sur ce principe. Ce n'était pas si simple. Mais comment on passe de la bouteille récupérée,
02:27d'ailleurs, il y a de la récupération dans les rivières aussi, je crois. Comment on
02:31passe de cette bouteille, de cette matière première ? Il faut la transformer. Elle redevient
02:37quoi ? Des granulats ? Comment ça marche ?
02:39Oui, c'est ça. On va prendre la bouteille. Ça, ça se passe dans notre atelier. Donc,
02:42nous, on est entre Montpellier et Nîmes. À Lunelle, exactement. On découpe la bouteille,
02:45on la broie. Ça fait des petites paillettes. Ensuite, on va mélanger différentes
02:49matières. On va la faire fondre, faire un fil, faire des granulés. Et ensuite, on
02:54va l'injecter. Donc, si on refait fondre cette matière, on l'injecte dans des moules.
02:57Et c'est ce procédé qui nous permet justement de faire des volumes assez importants et de
03:01réduire les coûts. Comment vous arrivez à ce montant de, on
03:06va dire, à la moyenne de 100 euros la paire de lunettes tout en fabriquant en France ? C'est
03:12quoi ? C'est parce que la matière première est moins chère ?
03:13Non, la matière première, elle est plus chère. Et c'est l'intérêt de la lunette.
03:17La lunette, c'est un produit léger qui permet de limiter l'impact du coût de la matière sur
03:23le produit. Ensuite, ça va être de travailler sur de la moyenne série et essayer d'optimiser
03:28les différentes étapes. De s'inspirer de la grande série pour faire du moyen de mesure.
03:35D'accord. Ça, c'est ce qui vous permet de tenir un…
03:39Exactement. Après, on optimise le procédé, la fabrication. L'assemblage se fait dans
03:42notre atelier à Lunelle. Et du coup, c'est d'être efficace sur tous ces points-là.
03:46Je reviens au fabriquer en France. Est-ce que ça a été difficile de relever ce défi ?
03:50Oui. Je pense que j'étais un peu innocent quand j'ai lancé le projet. Je ne venais pas du tout du
03:54milieu. Je suis du milieu de la chimie. Et je pensais que tout roulait. Je savais qu'il y avait
03:58des histoires de désintoxication, etc. Mais je ne pensais pas que c'était aussi intense. Il y a
04:02des choses qu'on découvre encore aujourd'hui. Et donc, trouver les bons interlocuteurs, avoir de
04:07la transparence sur les prix, sur comment c'est fait. Nous, on a appris le métier finalement de
04:11lunetterie. Ça, ça a été un vrai challenge. Et ça l'est encore. Et je pense que justement,
04:15pour passer de 2 millions de paires de lunettes fabriquées en France à 3, 4, 5 millions,
04:19il y a un gros travail à faire. C'est quelque chose qu'on voit sur les autres filières.
04:22Il y a le slip français qui a fabriqué 400 000 slips l'année dernière. Il y a un vrai enjeu sur
04:27comment on relance l'industrie, comment on travaille, comment on crée du service autour
04:31de la fabrication. Et ça, c'est quelque chose qu'on a un peu oublié. Est-ce qu'il y a une
04:35partie de vos lunettes fabriquées ailleurs parce que vous n'avez tout simplement pas trouvé ?
04:39Oui. Alors, il y a les charnières. C'est la petite pièce en métal qui lit la branche
04:44à la face. Et ça, pour le coup, c'est fait en Allemagne parce qu'il n'y a plus de fabricants
04:49en France. Tout simplement. Alors qu'il y avait un savoir-faire dans le Jura, dans le Doubs,
04:54c'était des choses qu'on faisait et qu'on ne fait plus aujourd'hui.
04:56Merci beaucoup, Quentin Passé-Bonvent à Eyo. Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
05:02Je voudrais remercier Alexis Mathieu et Marie-Mélia qui programment et produisent cette
05:08émission. Ulysse Touré, le réalisateur, et Saïd Mahmoud, l'ingénieur du son.
05:13Belle journée et à très vite sur Be Smart For Change.

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