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Son nom a fait le tour du monde : Jina Mahsa Amini, 22 ans, décédée le 16 septembre 2022 à la suite d'une arrestation violente par la police religieuse de Téhéran. Sa mort en garde à vue provoque l'étincelle "Femme Vie Liberté". Cette révolte massive portée par la jeunesse, principalement des étudiants issus de la petite classe moyenne, est réprimée dans la violence à l'automne 2022. Si le mouvement s'est essoufflé face à la répression, la génération Z est en train de provoquer une mutation culturelle irrépressible. Six récits de jeunes de moins de 25 ans donnent vie aux transformations en cours dans la société iranienne. Année de Production :

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Transcription
00:00:00Salut. Pardon, je ne peux pas vous dire comment je m'appelle.
00:00:16C'est la faute de mon gouvernement. Il nous interdit de parler aux médias étrangers.
00:00:22Je ne sais pas de quoi ils ont peur. De nous, les jeunes peut-être.
00:00:28Je ne peux pas vous montrer mon vrai visage non plus.
00:00:32On a dû changer mon nez, ma bouche, mes yeux à l'intelligence artificielle pour ma sécurité.
00:00:39Vous reconnaissez que je suis pas mal ?
00:00:44Iran est mon pays. Je l'ai dans le sang. Mais c'est lui qui doit changer. Pas moi.
00:00:51Pour ce film, notre correspondante a choisi de s'appeler Sarah.
00:00:56Elle a 22 ans. Pendant plus d'un an, Sarah va nous transmettre des notes vocales et des vidéos depuis l'Iran.
00:01:05Un état quasi interdit aux caméras étrangères où filmer dans la rue peut coûter la prison.
00:01:12Attends, je ne peux plus filmer là.
00:01:16Malgré les risques, Sarah tient à nous transmettre ce carnet de bord.
00:01:21Elle veut raconter son quotidien, son pays, ses amis et sa génération, la génération Z d'Iran.
00:01:31Une jeunesse plurielle qui ne lui ressemble pas toujours.
00:01:35Nos jeunes sont trop influencés par les Occidentaux.
00:01:39Une jeunesse religieuse en pleine mutation.
00:01:44Une jeunesse fracturée.
00:01:48Moi, j'ai d'autres combats que les jeunes de Téhéran.
00:01:53Mais une jeunesse massive et très éduquée dans un pays où 6 Iraniens sur 10 ont moins de 35 ans.
00:02:01Quel que soit son camp, son niveau social, une génération percutée par l'onde de choc.
00:02:08Femme, vie, liberté.
00:02:11Un mouvement porté par la jeunesse et réprimé dans la violence à l'automne 2022 par les forces sécuritaires de la République islamique d'Iran.
00:02:22Une théocratie ultra brutale.
00:02:38Voyage au sein d'une terreur d'Etat, au sein d'une révolution qui couvre toujours parmi ses enfants.
00:02:5620 ans, c'est l'âge qui exige la liberté.
00:03:09Le Régime nous surveille
00:03:21Salut Solène, ici Sadva, on communique via cette appli, elle est cryptée.
00:03:27Et je dois rester très vigilante parce que je sais que le Régime nous surveille.
00:03:32On ne dirait pas comme ça, mais je les connais, ils ne nous quittent pas des yeux.
00:03:39Comme presque 80% des Iraniens, Sarah, notre correspondante, habite en ville.
00:03:46Elle est étudiante en filière scientifique.
00:03:49Nous la rencontrons à l'automne 2022.
00:03:52En journée, Sarah mène une vie normale.
00:03:56Mais la nuit, la jeune femme reste engagée dans la révolte en cours.
00:04:02Moi, d'habitude, je m'en fiche de la politique, j'y connais rien.
00:04:07Mais là, c'est différent, j'ai eu envie de faire les manifs parce que je me sentais directement concernée.
00:04:14Il y avait plein d'étudiants, plein de gens comme moi qui gueulaient.
00:04:19On ne peut rien faire ici.
00:04:26On doit cacher nos bras, nos jambes, nos cheveux.
00:04:30On ne peut pas faire la fête.
00:04:32On ne peut même pas chanter.
00:04:38Où ailleurs dans le monde on voit des gens arrêtés pour un hijab ?
00:04:42Des gens arrêtés pour un comportement ?
00:04:45Des gens arrêtés pour une façon de s'exprimer ?
00:04:48Nous, les filles, on n'a pas le droit de danser.
00:04:50Même rire trop fort, c'est suspect.
00:04:53Des droits basiques, pour nous, c'est non.
00:04:59Alors je suis devenue courageuse.
00:05:03C'est le fait d'être ensemble dans les manifs qui m'a appris le mot courage.
00:05:10Maintenant j'ai compris.
00:05:12En fait, quand tu as tes amis avec toi, tu te sens beaucoup plus fort, beaucoup plus déterminée.
00:05:22Tu as tellement la rage contre le régime que tu rêves de leur casser la gueule.
00:05:29Au moment de ces images, 16 500 personnes sont en prison en Iran.
00:05:35Leur moyenne d'âge est de 19 ans.
00:05:39Alors la sécurité de Sarah est notre priorité.
00:05:43Si parfois son visage est flou ou brouillé, c'est parce que la technique de l'intelligence artificielle
00:05:49ne parvient pas toujours à reproduire des visages de profil.
00:05:55En ce moment, les nouvelles sont terrifiantes.
00:05:58Beaucoup de mes amis ont été embarqués.
00:06:00On n'a plus aucun contact avec eux.
00:06:05Ça, c'est les étudiants qui sont en prison.
00:06:09Celle-ci, c'est Yalda. Elle a été tuée.
00:06:13Quand je vois ça, je ressens un truc qui me fait vraiment mal au bide.
00:06:19Mais on continue. Leur sang serait déshonoré si on baissait les bras.
00:06:26Yalda Arafzali et au moins 580 personnes ont perdu la vie à l'automne 2022.
00:06:36En majorité des jeunes, sorties manifestées après la mort de l'une des leurs, le 16 septembre 2022.
00:06:45Gina Marsa Amini, 22 ans, arrêtée pour tenue non appropriée par la police des mœurs, réputée violente.
00:06:57Le drame déclenche la révolte de centaines de milliers d'Iraniens, des étudiants principalement,
00:07:03unis derrière un cri profondément féministe.
00:07:06Femme, vie, liberté.
00:07:10Le mouvement combat les lois liberticides de la République islamique,
00:07:14comme le voit l'obligatoire pour les Iraniennes, la ségrégation des sexes
00:07:19et des dizaines d'interdits rétrogrades constamment défiés sur les réseaux sociaux.
00:07:25Allez, on y va.
00:07:40Au début du soulèvement Femme, vie, liberté, la fac de Sarah a fermé plusieurs jours.
00:07:46Comme les manifestations faiblissent peu à peu, elle vient de réouvrir.
00:07:53Et les cours ont repris, comme si rien n'avait changé.
00:08:06Mais il y a des signaux qui ne trompent pas.
00:08:25Des traces indélébiles.
00:08:35Et des petites victoires déjà arrachées.
00:08:40Avant, les cantines entre filles et garçons étaient séparées.
00:08:44Mais aujourd'hui, depuis les protestations, on se réunit pour manger dans les couloirs,
00:08:48parce qu'on veut la mixité.
00:08:50D'ailleurs, depuis que c'est mixte, on est beaucoup plus nombreux à manger chez les garçons.
00:08:56En voyant mes images, on pourrait croire qu'on est calme.
00:08:59Mais beaucoup d'entre nous ici ne sont pas tranquilles.
00:09:02Ils ont juste l'air tranquilles.
00:09:04Même si on est à la fac, une part de nous reste accrochée à la révolte qui continue.
00:09:09Même si on n'y est pas physiquement, notre tête est là-bas.
00:09:15Là-bas, dans d'autres universités, la rumeur Femme, vie, liberté circule encore.
00:09:27Comme un passage de relais d'une fac à l'autre, l'art sert d'instrument à la révolte.
00:09:47Ils peuvent détruire notre force, mais ils ne peuvent pas détruire qui nous sommes,
00:10:09qui nous sommes vraiment.
00:10:14Nous sommes ces étudiants qui brisent les cloisons entre les réfectoires des filles et des garçons.
00:10:22Ces filles qui dégageons leur voile à la moindre occasion.
00:10:28À moins de nous envoyer des petits bonhommes dans nos têtes,
00:10:31personne ne peut transformer nos cerveaux.
00:10:37Nous sommes ces jeunes que tu vois danser le hip-hop dans le métro.
00:10:44Nous sommes ces jeunes habitués à se mélanger entre hommes et femmes, et on aime ça.
00:10:51Nous sommes cette génération addicte au réseau, au milieu d'une communauté qui nous suit de jour comme de nuit.
00:11:0180% de la jeunesse iranienne a un accès quotidien à Internet.
00:11:06Une arme que le régime entend maîtriser en imposant un débit très faible
00:11:11et un contrôle très strict des réseaux sociaux constamment bloqués.
00:11:17Alors les logiciels dits VPN circulent en quantité,
00:11:21ils forment un tunnel sécurisé entre les jeunes iraniens et Internet.
00:11:25Comme une sorte d'itinéraire bis qui contourne la censure et relie au monde extérieur.
00:11:33Sarah les actualise constamment avec son ami Amin qui a fait les manifestations à ses côtés.
00:11:40Je t'ai installé trois types de VPN pour que tu puisses te connecter avec différents fournisseurs de réseau.
00:11:47Même s'ils bloquent un de tes serveurs, tu en auras toujours deux d'accessibles.
00:11:53Ça y est, ça fonctionne, tu es connecté.
00:11:57Je suis ingénieur en logiciel informatique.
00:12:00Beaucoup de jeunes ont participé à des manifestations, ils ont fait des vidéos et pris des photos.
00:12:06Mais ils n'ont pas pu éviter le filtrage très dur du régime
00:12:10et ils n'ont pas pu partager ces informations sur les réseaux sociaux.
00:12:15En installant des VPN, nous les aidons à partager tout ce contenu en temps et en heure
00:12:21pour que tous les Iraniens sachent ce qui s'est passé près de chez eux,
00:12:25dans les villes voisines et quels crimes ont été commis.
00:12:31Nous essayons aussi de trouver des soutiens extérieurs à l'Iran.
00:12:35Des gens nous ont promis qu'ils allaient apporter des terminaux Starlink aux frontières
00:12:40pour qu'on les fasse entrer dans le pays.
00:12:45Starlink est un réseau internet satellitaire.
00:12:49Cette technologie spatiale est accessible depuis la Terre
00:12:53grâce à des routeurs comme ceux-ci.
00:12:57Près d'une centaine d'entre eux auraient traversé clandestinement la frontière
00:13:01grâce à des militants de la cause Femme vit liberté,
00:13:04un mouvement irrépressible d'après Amine.
00:13:08Le gouvernement a peur parce qu'il a compris qu'il perd du terrain.
00:13:13Il sent le fossé entre lui et son peuple.
00:13:17Il sait qu'il est en danger.
00:13:24Le danger, parfois, continue de prendre une forme dérisoire.
00:13:30Un bonbon, enroulé d'un billet doux,
00:13:33transmis à la nuit tombé par des adolescentes sans voile
00:13:36pour ranimer le courage de leurs congénères.
00:13:45Et plus la nuit s'enfonce, plus ce courage grandit.
00:13:53Nous sommes un peuple islamique.
00:13:58Nous devons soutenir nos compatriotes.
00:14:04Nous devons nous défendre.
00:14:09Nous devons nous défendre.
00:14:15Nous devons nous défendre.
00:14:21Nous devons nous défendre.
00:14:26Des enfants assassinés par le régime, comme Hadis.
00:14:31Le 22 septembre 2022, la jeune femme a été tuée de 7 balles dans le corps
00:14:37par un escadron d'hommes sans visage, comme celui-ci.
00:14:44J'ai rapporté le journal intime d'Hadis avec moi
00:14:47pour le garder en mémoire de ma soeur.
00:14:53Cher journal, je ne sais pas pourquoi je t'écris.
00:14:56J'ai juste envie de me confier à toi.
00:15:0320 ans, c'est l'âge des premiers amours.
00:15:07Ici, je me souviens qu'elle a commencé à sortir avec un garçon
00:15:11qui s'appelait Ardalan.
00:15:14Ce dessin, elle l'a fait quand il l'a trompé.
00:15:17C'est écrit ici.
00:15:19Là, c'est Ardalan.
00:15:21Oui, c'est lui.
00:15:31Elle disait toujours, je serai influenceuse un jour
00:15:35et j'aurai des millions de followers.
00:15:39Et aussi, si vous ne m'aidez pas à faire mes vidéos,
00:15:43ne venez pas ensuite me demander un autographe
00:15:46quand je serai célèbre.
00:15:5120 ans, c'est l'âge moyen des influenceurs,
00:15:55l'âge de faire entendre sa voix sur les réseaux.
00:15:59Hadis adorait se faire belle, se faire des injections dans les lèvres,
00:16:03du nail art et mettre du maquillage.
00:16:08Comme le gouvernement impose une tenue couvrante
00:16:11et que les jeunes ne peuvent montrer que les mains et le visage,
00:16:15ils les embellissent autant qu'ils peuvent,
00:16:18même par la chirurgie esthétique.
00:16:21Pour moi, ce n'est pas superficiel, c'est politique.
00:16:33C'était un moment joyeux, je crois.
00:16:36Elle était tout le temps comme ça.
00:16:42Ce jour-là, nous étions à la maison et le téléphone de Hadis était éteint.
00:16:46Ma mère était impatiente.
00:16:49Elle marchait et disait, pourquoi elle ne répond pas au téléphone?
00:16:52Pourquoi elle ne vient pas? Pourquoi a-t-elle éteint son téléphone?
00:16:55Finalement, on n'en pouvait plus.
00:16:58On est sortis devant la maison et on a attendu jusqu'à 3 heures du matin
00:17:01qu'elle rende.
00:17:04Finalement, mon père nous a appelés de l'hôpital pour nous dire
00:17:07qu'elle avait été tuée.
00:17:16Traduire en justice les meurtriers d'Hadis est inenvisageable,
00:17:20en tout cas depuis l'Iran.
00:17:24Alors Afsoun a fui son pays.
00:17:27Elle a fait ses adieux à son salon de coiffure,
00:17:30à sa famille et aux derniers souvenirs de sa soeur.
00:17:38Je suis sûre qu'un jour viendra
00:17:41où celui qui a fait ça à ma soeur sera assis devant moi.
00:17:44Il sera là, je l'interrogerai
00:17:47et il me répondra en tant qu'accusé.
00:17:50Peut-être que je lui déchirerai la peau avec mes ongles,
00:17:53mais ce jour viendra.
00:17:56Je vis seulement pour cet espoir.
00:18:00En Iran,
00:18:03le régime écrase peu à peu la contestation dans la rue.
00:18:06Mais à l'Ouest,
00:18:09la diaspora assure toujours le relais.
00:18:125 millions d'Iraniens habitent à l'étranger.
00:18:15C'est la diaspora la plus qualifiée au monde.
00:18:22Une population élevée en Occident
00:18:25qui s'identifie aux valeurs de femmes.
00:18:29Comme Sahar,
00:18:32Shayan,
00:18:35Aïda
00:18:38et Kiana.
00:18:41Tous membres du collectif étudiant
00:18:44We Are Iranian Students.
00:18:48Nous sommes des représentants des étudiants iraniens.
00:18:51Notre association est enregistrée à Paris.
00:18:54Les étudiants ne constituent pas seulement une force puissante
00:18:57qui a manifesté courageusement dans les rues,
00:19:00mais ils ont aussi un grand niveau d'éducation
00:19:03capable de concevoir et de visionner un Iran libre à l'avenir.
00:19:11Un étudiant iranien là-bas, il a tout en commun avec moi.
00:19:14On se bat pour les mêmes valeurs, on écoute les mêmes musiques.
00:19:17Cette envie de liberté individuelle,
00:19:20de danser, de chanter.
00:19:23La joie de la jeunesse aujourd'hui
00:19:26est grâce aux réseaux sociaux, je pense.
00:19:29On se rend compte à quel point on est proches.
00:19:32On a tout en commun en fait. C'est nous, un peu, là-bas.
00:19:38En Iran, il y a des mecs comme moi, de mon âge,
00:19:41quand ils manifestent et qu'ils brûlent une poubelle,
00:19:44ils finissent pendus au bout d'une grue.
00:19:47C'est aussi pour ça que je suis là.
00:19:51En Iran, les hommes manifestent pour les femmes.
00:19:54Il faut qu'on accompagne les mouvements féministes aussi ici.
00:20:01Depuis le cortège, souvent,
00:20:04les étudiants parisiens appellent leurs frères en Iran
00:20:07pour leur montrer qu'ici, la mobilisation ne faiblit pas.
00:20:18Chaque semaine, le collectif recense
00:20:21les étudiants iraniens arrêtés.
00:20:24Des noms par centaines.
00:20:27Objectif ? Que les Nations unies entament
00:20:30une procédure judiciaire contre le régime islamique.
00:20:35Je suis très consciente des privilèges que j'ai
00:20:38en tant que personne d'origine iranienne d'être née à l'étranger,
00:20:41d'être née dans un pays libre.
00:20:44Et je sais que ce ne sont pas des libertés
00:20:47qui sont acquises pour tous.
00:20:51C'est la liberté.
00:21:14C'est assez pesant de se dire que pour des choses
00:21:17que tu es en train de faire de manière très libre,
00:21:20tu réfléchis même pas, il y a des gens en Iran
00:21:23qui sont en train de mourir, c'est très dur.
00:21:36Femme, vie, liberté.
00:21:39A l'origine, ces trois mots ne sont pas prononcés
00:21:42en persan iranien, la langue officielle.
00:21:45Le slogan est d'abord lancé en kurde.
00:21:48La langue d'un groupe ethnique
00:21:51a cheval entre quatre pays du Moyen-Orient.
00:21:54Plus de 10% des Iraniens sont d'origine kurde.
00:22:00Chaque année, des milliers d'entre eux
00:22:03trouvent refuge à Erbil, en Irak,
00:22:06dont Hawa et Mapiche,
00:22:09deux lycéennes exilées,
00:22:12deux autres visages de la jeunesse iranienne.
00:22:19Tiens, voilà des livres.
00:22:22Monsieur, avez-vous des livres politiques ?
00:22:27C'est un roman ?
00:22:30Je prends le Kurdistan ou la mort.
00:22:34Regarde les cheveux de ce garçon.
00:22:37C'est quoi, ce truc ?
00:22:40Hawa n'est pas encore tout à fait acclimatée à la ville
00:22:43parce qu'elle ne vit pas là.
00:22:46Depuis qu'elle a fui l'Iran,
00:22:49à l'âge de 18 ans,
00:22:52la jeune femme vit dans les montagnes
00:22:55qui séparent son pays natal de l'Irak.
00:22:58Ici, je n'ai pas une vie normale.
00:23:01Je ne sors pas avec mes amis,
00:23:04je n'ai pas de rendez-vous, je ne me maquille pas.
00:23:07J'ai une vie militaire.
00:23:10Une vie militaire dans un camp d'entraînement pour femmes.
00:23:14Il en existe au moins 4 autres dans la zone.
00:23:18Leurs combattants sont souvent issus du nord de l'Iran.
00:23:23Derrière ces rubans de cailloux,
00:23:26ils fomentent une résistance.
00:23:29Les filles, que signifie le mot qadar ?
00:23:32Qadar, ça veut dire cruel, puissant.
00:23:36Et résister, c'est aussi connaître sa langue,
00:23:39dont l'apprentissage est interdit dans les écoles iraniennes.
00:23:42Que signifie mardamir ?
00:23:46Ça veut dire être courageux.
00:23:49Utiliser ces mots pour faire une phrase.
00:23:53Mon rôle, c'est d'assurer la formation des nouvelles recrutes.
00:23:59Prête ?
00:24:03En position !
00:24:0720 ans, c'est l'âge de prendre le maquillage,
00:24:10l'âge de prendre les armes.
00:24:14Nous, les jeunes, on est intrépides, pas comme les vieux.
00:24:18Moi, j'embarque toute une rue derrière moi,
00:24:21toute une ville avec moi, si je veux.
00:24:28L'objectif de toutes ces filles,
00:24:31obtenir une province autonome kurde en Iran.
00:24:35Un rêve de fersission
00:24:38qui inquiète une grande partie des Iraniens,
00:24:41même opposant au régime.
00:24:45Ma guerre est différente de celle des Téhéranais.
00:24:48Pourquoi ils se battent, eux ?
00:24:51Ils se battent pour pouvoir faire facilement la fête le soir.
00:24:54Ils se battent pour ne pas être dérangés quand ils sortent avec leurs amoureux.
00:24:57Ils se battent pour enlever le hijab.
00:25:00Mais moi, je me bats pour plus que ça.
00:25:03Je me bats pour respirer dans mon territoire libre.
00:25:06Pour nous écraser, pour écraser notre culture.
00:25:11Téhérans paniquent face à la proximité de ces groupes armés.
00:25:15La frontière est à 50 km à peine.
00:25:19Alors à trois reprises, entre 2022 et 2023,
00:25:22des attaques de drones ont ciblé la zone
00:25:25et fait plusieurs morts dans des camps voisins.
00:25:3120 ans, c'est l'âge d'être submergé par la colère.
00:25:36L'âge de la radicalité.
00:25:40Pour chacun des nôtres mis dans un cercueil,
00:25:43l'ennemi va payer, crois-moi.
00:25:46Pour chaque goutte, pour chacune des gouttes de sang,
00:25:49je vais lui faire payer.
00:25:54Mais une radicalité liée à la politique très brutale de Téhéran
00:25:57à l'égard des minorités ethniques
00:26:00et des régions qu'elles peuplent.
00:26:03Des zones en Iran maintenues dans un sous-développement forcé.
00:26:08Des territoires très militarisés
00:26:11où les tortures sur les prisonniers militants
00:26:14sont quasi systématiques.
00:26:22Quand je suis arrivée ici, toutes les filles ont remarqué
00:26:25que les bouts de mes doigts étaient brûlés.
00:26:29Je les revois me traîner sur le sol en ciment par les cheveux.
00:26:32Ça me glace.
00:26:38Ils disaient, si tu ne fais pas telle chose
00:26:41ou si tu ne consens pas aux aveux,
00:26:44tu vas voir ce qu'on fera à ta famille, devant toi, à tes parents.
00:26:49Je t'assure, tu ne peux pas oublier ça.
00:26:52Ça vit en toi.
00:26:55Ça n'arrivera jamais.
00:27:05Allez, on se reprend. Regarde.
00:27:14Le territoire iranien est composé de plein d'ethnies
00:27:17qui font aussi notre richesse.
00:27:20C'est comme ça que le pays s'est construit.
00:27:23C'est ce magnifique slogan athééran de la jeunesse
00:27:26qui dit Kurdistan, Kurdistan,
00:27:29ça veut dire Kurdistan, Kurdistan,
00:27:32tu es la lumière et les yeux de l'Iran.
00:27:35Et finalement, ce mouvement de défense des minorités ethniques,
00:27:38ça fait vraiment écho à la jeunesse mondiale
00:27:41qui aujourd'hui se soulève aussi avec des slogans
00:27:44anti-impérialistes, décolonialistes,
00:27:47de défense des minorités, de défense des communautés LGBTQ+,
00:27:50le féminisme, l'écologie, la défense des minorités,
00:27:53tout ça, c'est des choses qui sont portées
00:27:56par l'ensemble de notre génération mondiale.
00:27:59Parmi ces grandes causes,
00:28:02chères aux jeunes du monde entier,
00:28:05l'une d'elles est très populaire en Iran,
00:28:08la lutte écologique.
00:28:11Le pays est classé parmi les plus vulnérables
00:28:14aux changements climatiques,
00:28:18Sarah connaît bien le sujet,
00:28:21elle l'étudie à l'université.
00:28:24Depuis que je suis petite,
00:28:27ma mère me rabâche que la nature de mon pays était sublime
00:28:30et que cette nature a disparu.
00:28:33Ça ne m'intéressait pas trop,
00:28:36maintenant c'est différent.
00:28:39Parce que je fais des études scientifiques,
00:28:42je comprends mieux comment le régime gère nos ressources,
00:28:45les molas n'y connaissent rien
00:28:48et les ingénieurs qui les entourent sont tous des vandules.
00:28:54La pollution à Téhéran atteint des records.
00:28:57Du coup, les jeunes ne peuvent pas profiter de l'extérieur,
00:29:00ni les vieux, ni les gens malades.
00:29:03On ne peut pas sortir.
00:29:06L'année dernière, même ma banque a fermé 3 jours
00:29:09à cause de la pollution.
00:29:12C'était flippant.
00:29:15Du coup, quand on peut,
00:29:18on part en rando pour mieux respirer.
00:29:25D'après les statistiques officielles,
00:29:28à cause de pics de pollution record,
00:29:31plus de 20 000 Iraniens sont morts prématurément en 2023.
00:29:37Ma mère me racontait aussi que, petite,
00:29:40elle jouait sur le bord de la rivière disparante.
00:29:43Et peu à peu, elle a disparu.
00:29:49Shirin, militante écologiste, connaît bien le lieu.
00:29:52La construction de barrages en amont
00:29:55ont dévié le cours du fleuve
00:29:58et complètement asséché son lit.
00:30:04Le nom de ce fleuve, c'est Zayendehoud,
00:30:07qui veut dire fertile, qui donne naissance.
00:30:17Mais maintenant, il ressemble plutôt à un fleuve qui donne la mort.
00:30:2420 ans, c'est l'âge qui défend sa planète,
00:30:27l'âge qui défend sa terre.
00:30:30Beaucoup de gens sont venus ici
00:30:33pour protester contre cette sécheresse.
00:30:37On réclamait juste de l'eau pour notre fleuve
00:30:40pour que les arbres autour ne meurent pas
00:30:43et pour que les agriculteurs dans le coin
00:30:46puissent continuer à survivre.
00:30:49On ne demandait que ça.
00:30:52Et la réponse n'a été que la violence.
00:30:55Plus de 120 personnes seront arrêtées ce jour-là.
00:30:58Le gouvernement iranien a annoncé
00:31:01qu'il allait annoncer un accord d'amnistie
00:31:05Plus de 120 personnes seront arrêtées ce jour-là,
00:31:08principalement des jeunes.
00:31:11Ils ont tabassé les gens,
00:31:14ils en ont arrêté certains et éborgnés d'autres.
00:31:17Ils infligent aux manifestants écolos
00:31:20ce qu'ils feraient aux tueurs, aux voleurs et aux escrocs.
00:31:29Parmi la foule des contestataires,
00:31:32des dizaines de femmes habillées en tchador,
00:31:40des familles religieuses,
00:31:43socle historique de la République islamique.
00:31:48En Iran, cette frange religieuse
00:31:51demeure massive et visible,
00:31:54particulièrement dans les milieux populaires.
00:31:57Mais elle perd du terrain au sein de la jeunesse.
00:32:01D'après deux études récentes,
00:32:04plus des deux tiers des jeunes iraniens sont favorables
00:32:07à la séparation de la religion et de l'Etat.
00:32:13Nous avons voulu rencontrer la jeunesse restée traditionnelle.
00:32:18Anaïta nous a ouvert sa porte, malgré les risques.
00:32:21Au moment de ce tournage,
00:32:24parler avec des médias étrangers peut valoir la prison en Iran.
00:32:27Une répression qui frappe à l'aveugle
00:32:30même les fidèles au régime islamique.
00:32:57Pourquoi n'es-tu pas debout ?
00:33:01Mon bébé. Allez, réveille-toi, mon fils.
00:33:04Anaïta est cadre dans un ministère public
00:33:07et mère célibataire.
00:33:10Les oiseaux ont fait beaucoup de bruit hier soir.
00:33:13Vérifie juste qu'il reste de l'eau et de la nourriture.
00:33:16Elle vit seule avec son fils Bilal, 9 ans.
00:33:19Je vérifie que c'est plein.
00:33:23Fini tes devoirs, parce que cet après-midi,
00:33:26nous irons chez grand-mère.
00:33:29Ces dernières décennies,
00:33:32la structure de la famille iranienne a été complètement bouleversée.
00:33:35Elle est passée de 6 à moins de 2 enfants par foyer.
00:33:38A Téhéran, les divorces touchent
00:33:41un tiers des couples mariés.
00:33:44Au début, j'ai dû me battre pour faire accepter
00:33:47ma séparation dans ma famille.
00:33:50Ça a été très difficile pour les miens.
00:33:56Des séparations qui interviennent surtout
00:33:59dans les 5 premières années de mariage,
00:34:02quand les époux sont encore très jeunes.
00:34:05Traditionnellement, on disait, les filles devraient
00:34:08entrer chez leur mari en robe blanche
00:34:11et en ressortir en lin sol.
00:34:1420 ans, c'est l'âge de s'affranchir du carcan familial.
00:34:21Mais aujourd'hui, la société est plus ouverte
00:34:24aux autres modèles familiaux.
00:34:27Au ministère, je n'ai pas eu de réflexion.
00:34:30Ce qui leur importe, c'est que nous portions bien le tchador
00:34:33et soyons décentes.
00:34:45Ce coran est super.
00:34:48Tu vois, si tu utilises l'appareil comme ça,
00:34:51il lira le Coran avec la même voix
00:34:54qu'un vrai prêcheur.
00:35:00À 9 ans, Bilal est un enfant de sa génération.
00:35:03Une génération qui maîtrise les outils connectés.
00:35:10J'ai un téléphone, une tablette,
00:35:13un ordinateur portable et une smartwatch.
00:35:17Et le seul réseau social que j'utilise,
00:35:20c'est Discord.
00:35:23J'avais toutes les applis avant qu'elles ne soient filtrées.
00:35:26J'avais WhatsApp et Telegram,
00:35:29mais je les ai perdues quand ces applications ont été bloquées.
00:35:35Dans les domaines de la robotique,
00:35:38de l'intelligence artificielle et de l'informatique,
00:35:41notre pays se développe beaucoup.
00:35:45J'envoie mon fils à un cours de robotique
00:35:48et je l'ai inscrit cet été dans un stage d'informatique
00:35:51pour qu'il s'améliore.
00:35:54Des progrès dans tous les domaines de la tech,
00:35:57comme le gaming.
00:36:00Pour capter sa jeunesse,
00:36:03l'Iran développe ses propres jeux vidéo.
00:36:09Leur signature, une fibre patriotique
00:36:13qui exalte le roman national iranien.
00:36:28Celle qui est morte dans l'explosion était une petite fille ?
00:36:31Elle est morte en martyr, alors ?
00:36:34Le héros de ce jeu,
00:36:37commandeur de la résistance,
00:36:40Hassan Souleimani,
00:36:43ex-général iranien,
00:36:46qui guide ses hommes à travers une ville assiégée par l'Etat islamique.
00:36:49L'homme a été assassiné en janvier 2020
00:36:52par une frappe américaine.
00:36:57Qu'est-ce que tu veux manger ?
00:37:00Si c'est possible, de l'omelette.
00:37:03Ok.
00:37:06Laisse-moi allumer la télé.
00:37:09Tu as vu les vieilles voitures ?
00:37:12En Iran, la télévision nationale
00:37:15diffuse régulièrement des documentaires historiques.
00:37:18Des films qui glorifient l'héroïsme passé de sa jeunesse.
00:37:21Une jeunesse moteur
00:37:24des grands bouleversements de l'histoire contemporaine.
00:37:30Ces scènes représentent l'époque
00:37:33où les gens étaient dans la rue
00:37:36et les scènes de l'époque.
00:37:41Lui, c'est le roi.
00:37:48Mes parents m'ont dit que les gens étaient très opprimés
00:37:51à l'époque du roi.
00:37:54Ils étaient très, très pauvres.
00:37:57En plus, les gens n'avaient accès à aucun service.
00:38:00Même la sécurité dans le pays était mauvaise.
00:38:07Ils ne nous laissent rien à nous, les pauvres.
00:38:10Ils ont fait de nous une classe inférieure de la société.
00:38:13Ils volent tout, tout notre argent.
00:38:16Et ils le gardent pour eux.
00:38:19Nous n'avons pas d'eau ici. Nous devons la prendre dans le ruisseau.
00:38:22Regardez, tous nos enfants sont sales.
00:38:28A l'époque du Shah, il y avait beaucoup de liberté.
00:38:31Beaucoup trop.
00:38:34Il y avait même des endroits où l'on servait de l'alcool sans problème
00:38:37et bien d'autres choses de ce genre.
00:38:43C'est aussi pour ça que mes parents ont fait la révolution.
00:38:5120 ans, c'est l'âge de monter sur les barricades.
00:38:54L'âge qui a fait toutes les grandes révolutions de l'histoire.
00:38:57La révolution de 1979
00:39:00est portée principalement par des étudiants de gauche
00:39:03et des mouvements religieux.
00:39:09On va manifester, toujours on manifeste.
00:39:12Mais il y a beaucoup de morts dans les manifestations.
00:39:15Ça ne fait rien. Pour la liberté, il faut mourir.
00:39:21Avoir 20 ans et être prêt à mourir
00:39:24pour un chef religieux presque octogénaire.
00:39:27Roula Khomeini, à la fois homme politique et théologien.
00:39:33Khomeini a dit aux gens que s'ils faisaient la révolution,
00:39:36ils auraient accès à toutes nos ressources
00:39:39et que la situation s'améliorerait pour eux.
00:39:46L'homme prend la tête du pays après le départ du Shah,
00:39:49le 16 janvier 1979.
00:39:53C'est la fin de 2500 ans de monarchie
00:39:56et l'avènement de la République islamique d'Iran.
00:39:59Un système politique unique au monde
00:40:02qui articule suffrage populaire
00:40:05et gouvernance religieuse.
00:40:12Mais une grande partie des jeunes révolutionnaires
00:40:15se sentent déjà trahis.
00:40:18Des purges sont lancées parmi les étudiants
00:40:21et Khomeini impose le voile à toutes les femmes du pays.
00:40:24Les Iraniennes se rebellent.
00:40:27A cette époque, les hommes les soutiennent peu.
00:40:30S'ils voulaient faire comme ça avec nous,
00:40:33ils devaient nous le dire avant la révolution.
00:40:36Ils devaient nous dire qu'il y a une différence entre l'homme et la femme.
00:40:39Maman, est-ce que tes parents regrettent ?
00:40:42Regrettent quoi ?
00:40:45D'avoir fait la révolution ?
00:40:48Les Iraniens ont une croyance religieuse très forte
00:40:51et ils sont restés fidèles aux valeurs comme le tchador.
00:40:57Le noir était considéré comme une couleur convenante aux femmes modestes
00:41:00et c'est une tradition qui a traversé le temps.
00:41:07Un an après la révolution islamique,
00:41:10la jeunesse iranienne affronte un autre bouleversement,
00:41:13une guerre, à sa porte.
00:41:17Là, c'est la partie sur les 8 années de guerre entre l'Iran et l'Irak.
00:41:24Sous prétexte de litiges frontaliers,
00:41:27la guerre traduit surtout une lutte d'influence
00:41:30entre l'Irak sunnite, soutenue par les Américains,
00:41:33et l'Iran chiite, dont l'identité religieuse
00:41:36s'est renforcée depuis la révolution.
00:41:47À l'époque, de nombreux jeunes sont tombés en martyr
00:41:50pour défendre l'Iran.
00:41:53L'un d'entre eux était mon oncle qui avait 18 ans.
00:41:56Il s'est battu et il est tombé en martyr.
00:41:59Plus de 300 000 Iraniens sont tombés sur le front Iran-Irak,
00:42:02en majorité des jeunes,
00:42:05dont des centaines d'enfants-soldats.
00:42:10Pour faire nation, la toute nouvelle république islamique
00:42:13encourage un culte quasi mystique des martyrs.
00:42:17Maman, je devrais me battre, moi aussi,
00:42:20si la guerre recommence ?
00:42:23Chérie, grâce à Dieu, il n'y a plus de guerre.
00:42:26Mon cœur tremble rien qu'à cette idée.
00:42:29Et je préfère ne pas y penser.
00:42:32La responsabilité de ta génération est d'étudier
00:42:35pour pouvoir servir ton pays.
00:42:43Maman, je sors.
00:42:46Ne va pas vers le parc, c'est loin.
00:42:49Je ne suis pas un bébé.
00:42:52Dehors, dans la rue, je sais que mon fils n'est pas exposé
00:42:55à des attitudes non convenables et je trouve ça bien.
00:42:58Et puis nous avons une bonne sécurité ici.
00:43:01En général, celle dans les écoles, par exemple, est très correcte.
00:43:04Mais Anaïta a aussi des reproches à formuler.
00:43:0720 ans, c'est l'âge d'affirmer son esprit critique.
00:43:10On l'a vu avec le roi,
00:43:13quand la pression exercée sur le peuple est trop forte,
00:43:16le peuple se soulève.
00:43:19A mon avis, si la République islamique continue
00:43:22à avoir des restrictions très dures sur ces jeunes
00:43:25et qu'elle ne règle pas les problèmes économiques et financiers,
00:43:28alors il y a une chance que ce régime prenne fin.
00:43:31Il y a des gens,
00:43:34il y a des femmes,
00:43:38tous ces ennuis conduisent les jeunes de ce pays
00:43:41à se détourner de la République islamique.
00:43:44Ces mêmes jeunes iront au Canada ou dans d'autres pays.
00:43:47Là-bas, ils auront de bien meilleures conditions de vie.
00:43:50Ils pourront inventer des choses extraordinaires.
00:43:53Ça me fait mal au coeur.
00:43:56100 000 Iraniens quittent le pays chaque année.
00:43:59Surtout des jeunes et principalement pour des motifs économiques.
00:44:02En Iran, le niveau d'inflation dépasse les 50 %,
00:44:05plus de 11 fois l'inflation française.
00:44:08Aujourd'hui, un Iranien sur 3 vit sous le seuil de pauvreté
00:44:11et plus d'un jeune sur 4 est au chômage.
00:44:14Sur le bord de la route,
00:44:17les travailleurs journaliers se multiplient.
00:44:20Ils attendent la tâche quotidienne,
00:44:23souvent des travaux de réparation
00:44:26qui leur permettront de tenir une journée de plus.
00:44:29L'essence et le pain sont encore subventionnés.
00:44:32Le gouvernement n'y touche pas,
00:44:35de peur de soulever de nouvelles émeutes.
00:44:38La crise augmente les inégalités sociales
00:44:41et balaie la petite classe moyenne,
00:44:44à laquelle appartient Sarah.
00:44:50Salut Solène.
00:44:53Pour moi, c'est très dur.
00:44:56Les fringues, le loyer, tout est cher.
00:45:02Ce que je gagne au boulot,
00:45:05c'est tellement peu que je n'arrive à rien m'acheter.
00:45:08Je travaille tout le temps.
00:45:11J'ai deux boulots à côté de la fac,
00:45:14un pour le soir, un pour le week-end dans un café.
00:45:17Mais ce n'est pas assez, je ne peux rien me payer.
00:45:20Tu sais pourquoi ?
00:45:23Des gens qui travaillent
00:45:26dans les grandes entreprises proches du pouvoir.
00:45:29Ce n'est pas forcément des moulas, tu sais.
00:45:32C'est plutôt des mecs en costume
00:45:35qui utilisent les relations de leur père
00:45:38pour obtenir des postes.
00:45:41Et ça nous blesse et nous contrarie tous.
00:45:44On voit plein de gens
00:45:47qui trouvent des emplois stables
00:45:50ils n'ont pas fait nos études,
00:45:53ils travaillent moins dur que les autres.
00:45:56Mais eux, ils sont au chaud,
00:45:59ils gagnent de l'argent, ils ont une bonne vie.
00:46:02Il n'y a aucun mérite à bosser ici.
00:46:12Désolée, les escaliers sont un peu dégueux.
00:46:16Tiens, c'est là mon appart.
00:46:19Je vais te présenter ma coloc.
00:46:22On fait tout ensemble.
00:46:25Et là, c'est elle.
00:46:28C'est elle, ma belle amie.
00:46:31On règle toutes nos galères ensemble.
00:46:34Surtout les galères de thunes.
00:46:3720 ans, c'est l'âge d'être en galère.
00:46:40L'âge de négocier avec son propriétaire.
00:46:43Tiens, on est le 10 aujourd'hui.
00:46:46On devrait payer le loyer.
00:46:49C'est bon, j'ai parlé au proprio.
00:46:52On a obtenu quelques jours de rab.
00:46:55Il faut que j'augmente mes heures de travail au café.
00:46:58J'en ai marre de cette situation.
00:47:01C'est la galère.
00:47:04J'ai envie d'aller pleurer dans un coin
00:47:07et d'être soulagée de ce stress de merde.
00:47:13Allez, ma chérie, on arrête de se plaindre.
00:47:16C'est quoi notre solution ?
00:47:19Faire comme tout le monde et améliorer mon anglais pour partir.
00:47:22Du coup, je serai toute seule ici ? La dernière à me battre ?
00:47:25Pars aussi, alors.
00:47:28Je peux pas m'imaginer loin d'ici.
00:47:31Je mourrai là s'il faut.
00:47:35Nous retrouvons Sarah un mois plus tard.
00:47:38Elle a déposé une demande de visa étudiant pour l'Europe
00:47:41et attend sa réponse.
00:47:44Pour le moment, elle continue de jongler
00:47:47entre la fac et les petits boulots
00:47:50et joue pour nous, les apprentis reporters.
00:47:53Je suis en train d'étudier à l'université.
00:47:56Je suis en train d'étudier à l'université.
00:47:59Je suis en train d'étudier à l'université.
00:48:03Tiens, je vais te montrer un truc, Solène.
00:48:06Regarde la nouvelle trouvaille du gouvernement.
00:48:09Encore une pancarte de propagande sur Gaza.
00:48:12Ça dit « Qui était plus innocente
00:48:15que ces enfants martyres à Gaza ? »
00:48:18Les mecs brandissent une pancarte pour les enfants de Gaza
00:48:21tout en affamant et en frappant leurs propres enfants ici.
00:48:24D'ailleurs, regarde,
00:48:27personne ne fait attention à l'affiche.
00:48:30Ils sont trop habitués à leur connerie.
00:48:36Tu peux t'attendre à ce que, la semaine prochaine,
00:48:39on nous suggère encore d'aller mourir en martyre à Gaza.
00:48:42En fait, pour eux, le jeune Iranien idéal
00:48:45est un jeune Iranien mort.
00:48:48Faudrait qu'on passe notre temps à chialer.
00:48:51Chialer sur les soldats morts,
00:48:54chialer sur nos imams chiites morts,
00:48:57chialer sur le monde qui nous veut du mal.
00:49:00C'est quoi leurs problèmes sérieux ?
00:49:08Tu sais, je respecte les martyres de mon pays,
00:49:11mais le gouvernement a brisé tellement de jeunes de mon âge
00:49:14qu'on rejette toute leur culture.
00:49:17Même les symboles qu'on respectait avant,
00:49:20comme les martyres, c'est moche.
00:49:24Commémorer la douleur,
00:49:27un principe fondamental de la religion chiite
00:49:30et de la République islamique d'Iran
00:49:33qui organise continuellement de grands rassemblements publics.
00:49:36Objectif,
00:49:39faire ciment avec les jeunes autour de la souffrance,
00:49:42aujourd'hui celle du peuple palestinien,
00:49:45dont le martyr est symbolisé par des poupées ensanglantées
00:49:48et des visages en larmes.
00:49:53Que font les Israéliens aujourd'hui ?
00:49:56Ils tuent avec des bombes,
00:49:59ils tuent des femmes et des enfants,
00:50:02ils détruisent des maisons.
00:50:05Est-ce ça la vraie puissance ?
00:50:08J'appelle ça le comble de la brutalité.
00:50:1120 ans,
00:50:14c'est l'âge de suivre le groupe,
00:50:17l'âge de se laisser facilement influencer.
00:50:24Mes parents étaient la première génération
00:50:27de la révolution islamique.
00:50:30Moi, je suis la deuxième génération.
00:50:33Et ces garçons tout autour de moi
00:50:36sont donc les plus jeunes.
00:50:39Il faut qu'ils perpétuent cet héritage.
00:50:57Auparavant massives,
00:51:00ces grandes parades attirent de moins en moins de jeunes.
00:51:03La faute à l'impérialisme occidental d'après Mariam,
00:51:07étudiante en master de psychologie.
00:51:10Les jeunes de mon pays en ce moment sont perdus.
00:51:13Ils n'ont plus de valeur.
00:51:16Ils sont influencés par les médias occidentaux.
00:51:19S'ils ouvraient les yeux,
00:51:22on serait si nombreux ici
00:51:25qu'il n'y aurait même pas de place pour jeter une aiguille.
00:51:28Contre cette influence de l'Ouest
00:51:31qui pervertirait la culture iranienne,
00:51:34il propose un autre modèle à ses enfants.
00:51:37Les jeunesses basijis.
00:51:40Sortes de catéchismes à échelle nationale
00:51:43à mi-chemin entre scoutisme
00:51:46et milices civiles ultra-violentes.
00:51:49L'organisation compte
00:51:52des centaines de milliers d'Iraniens.
00:51:55Son but ?
00:51:58Endoctriner les enfants aux valeurs du régime
00:52:01de l'Ouest et même après.
00:52:04C'est ce que nous raconte Karim,
00:52:07présent dans la foule ce jour-là,
00:52:10mais qui souhaite rester anonyme.
00:52:13Je suis arrivé chez les basijis
00:52:16quand j'étais enfant à l'école primaire.
00:52:19J'avais 9 ans.
00:52:22Nos maîtres organisaient des activités scientifiques
00:52:25ou des compétitions artistiques.
00:52:28J'étais enfant lié à l'histoire du pays,
00:52:31à la révolution islamique.
00:52:34A 14 ans, avec mon groupe,
00:52:37on est allé en pèlerinage culturel,
00:52:40un camp d'été sur le champ de bataille Iran-Irak
00:52:43pendant 3 semaines.
00:52:46On rendait hommage aux martyrs de la guerre.
00:52:49J'ai de bons souvenirs.
00:52:52Ma mère voulait qu'on fasse le basij
00:52:55ou que je fasse des bêtises.
00:52:58Mon petit frère, qui a 8 ans,
00:53:01est dans un groupe de basijis aussi.
00:53:04Avec ses coéquipiers,
00:53:07ils organisent un spectacle qui défend le martyre
00:53:10et le djihad pour le peuple de Gaza.
00:53:13Ça va s'appeler le déluge d'Al-Aqsa.
00:53:16Moi, je n'ai jamais adhéré
00:53:19à l'idéologie très religieuse des basijis.
00:53:22J'ai commencé par intérêt après le lycée
00:53:25parce que je voulais réduire le service militaire
00:53:28et j'ai fait 6 mois de moins grâce à ça.
00:53:31Et nous, on a horreur de ça, le service.
00:53:34T'es mal payé, mal équipé,
00:53:37ça crée un grand trou après les études
00:53:40et c'est déjà très difficile de trouver du travail en Iran.
00:53:43Plus tard, j'ai donné quelques coups de main
00:53:46dans des administrations du basij
00:53:49qui concevaient une application lancée par le gouvernement
00:53:52pour traquer les femmes non voilées.
00:53:55C'était des informaticiens sous traitant,
00:53:58certains même pas encartés chez les basijis.
00:54:01Plein de gens vont au basij juste par intérêt,
00:54:04pas pour la cause.
00:54:07Moi, je n'ai jamais participé à réprimer une manifestation.
00:54:10J'ai jamais eu une arme, j'ai jamais dénoncé des gens.
00:54:13Je sais que des basijis ont pu être violents
00:54:16en face, les manifestants aussi étaient très violents.
00:54:19Et ça, les journalistes occidentaux comme toi,
00:54:22vous ne le racontez jamais.
00:54:25Vous cherchez toujours à salir l'état iranien, quoi qu'il fasse.
00:54:31Les jeunes Iraniens ne sont pas les seuls
00:54:34à connaître cet embrigadement.
00:54:37Les fillettes sont elles aussi un cœur de cible du régime islamique.
00:54:40Régulièrement,
00:54:43la chaîne officielle du Guide suprême,
00:54:46orchestre de grandes effusions.
00:55:13La famille Amiri vient d'un clan pro-régime.
00:55:16Aujourd'hui, jeune femme,
00:55:19les 3 filles ont toutes suivi un enseignement religieux très strict.
00:55:22La vie de cette famille est toujours la même.
00:55:25La vie de ces jeunes femmes est toujours la même.
00:55:28C'est la vie de chaque femme.
00:55:31La vie de chaque femme est toujours la même.
00:55:34La vie de chaque femme est toujours la même.
00:55:37La vie de chaque femme est toujours la même.
00:55:40La vie de chaque femme est toujours la même.
00:55:44J'ai 22 ans.
00:55:47Je suis étudiante en dernier semestre de technologie chirurgicale.
00:55:50Pour l'instant, je travaille dans une clinique de beauté.
00:55:53Je suis conseillère juridique.
00:55:56J'ai étudié le droit à l'université.
00:55:59Mon mari est un ancien combattant de la guerre Iran-Irak.
00:56:02Je suis très proche de ma fille.
00:56:05Aujourd'hui, ma seule crainte,
00:56:08c'est qu'elle fasse un mariage raté.
00:56:11Moi, c'est plutôt ma carrière qui m'inquiète,
00:56:14même si ma mère ne s'en préoccupe pas.
00:56:17Je m'inquiète de mon prochain travail,
00:56:20de comment je vais m'y intégrer.
00:56:23Aujourd'hui, on a 60% de femmes dans les universités,
00:56:2640% d'hommes.
00:56:29Et ça, c'est l'œuvre du régime islamique
00:56:32qui pensait pouvoir faire de l'éducation une arme idéologique.
00:56:35Les écoles sont séparées, l'enseignement est religieux.
00:56:38Dans tout le primaire, le secondaire...
00:56:41Ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est que ces enfants-là
00:56:44sont enfants de la génération qui a vécu avant le régime islamique,
00:56:47qui sont la génération de mes parents.
00:56:50Et donc, dans l'espace privé,
00:56:53on allait continuer à leur jouer des musiques iraniennes traditionnelles,
00:56:56leur lire les poèmes de Hafez,
00:56:59leur expliquer ce que ça veut dire,
00:57:02c'est une réalité très, très vivante.
00:57:05Donc, ils n'ont pas réussi du tout à inculquer leur idéologie
00:57:08dans l'esprit de ces enfants qui, aujourd'hui,
00:57:11en plus, ont cette arme des réseaux sociaux, d'Internet.
00:57:14Cette arme aussi des séries étrangères
00:57:17qui infusent un parfum de liberté.
00:57:20Elles sont diffusées grâce aux antennes paraboliques.
00:57:23Bien qu'officiellement interdites par le régime,
00:57:26les paraboles se comptent par dizaines de milliers
00:57:29sur les toits iraniens.
00:57:37T'as vu le dernier post de Parmida ?
00:57:40Oui, j'adore son maquillage.
00:57:43Elle a du Shiner au coin des yeux.
00:57:46Ah, c'est super beau.
00:57:4920 ans, c'est l'âge moyen des youtubeurs iraniens.
00:57:52Les plus connus vivent aux Etats-Unis ou au Canada
00:57:55et postent des stories en persan
00:57:58très éloignées, voire moqueuses, des valeurs islamiques.
00:58:07Tu sais que ma copine Samira va déménager là-bas, au Canada ?
00:58:10Ah, elle va continuer ses études ?
00:58:13Oui, elle veut faire un doctorat.
00:58:19Je me considère comme une féministe.
00:58:22Je souhaite l'égalité des droits entre les hommes et les femmes.
00:58:26Franchement, de quelle liberté ne disposent pas les femmes dans notre pays ?
00:58:31Je fais des affaires en tant que femme.
00:58:34J'ai terminé mes études il y a 27 ans
00:58:37et je n'ai jamais été confrontée à aucune restriction dans mon travail.
00:58:42Les jeunes, eux, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
00:58:45Femme ? Vie ? Liberté ?
00:58:48À quoi ça leur a servi ?
00:58:51Regarde, ça va faire un an et demi, rien ne s'est amélioré.
00:58:55Comment dire ?
00:58:58Moi, je suis totalement opposée à la façon dont mon gouvernement a géré cette révolte.
00:59:0320 ans, c'est l'âge de tenir tête à sa mère.
00:59:08Pourquoi la situation économique n'est pas meilleure ?
00:59:11Pourquoi y a-t-il autant de corruption chez nos fonctionnaires ?
00:59:15Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre une vie libre et confortable
00:59:18comme les jeunes d'autres pays ?
00:59:21À mon avis, les manifestations ne concernaient pas seulement le hijab
00:59:27et je les soutiens sur de nombreux points.
00:59:37Je refuse de croire qu'il y a une opposition fondamentale
00:59:40entre les autres et nous.
00:59:44Les autres, ce sont les jeunes plus modernes, comme Sarah,
00:59:49qui nous envoient des vidéos depuis plus d'un an maintenant.
00:59:54Derrière l'apparente normalité des images,
00:59:57le régime continue d'exercer sa violence.
01:00:01Le 1er novembre 2023,
01:00:04la justice de la République islamique prononce la peine de mort
01:00:07contre une jeune coach sportive.
01:00:10Elle est accusée d'avoir commis un adultère.
01:00:41C'est vrai, moins de filles portent le voile,
01:00:45mais franchement, je ne sais pas si je dois m'en réjouir.
01:00:49J'ai tellement peur pour elles,
01:00:52vu comment ils s'acharnent sur les filles un peu rebelles.
01:01:04Je pense que l'autre fossile nous a fait croire
01:01:07qu'il serait moins cruel cette fois.
01:01:12Très peu de jeunes sont descendus dans la rue.
01:01:15Ils l'ont fait parce qu'ils étaient émotifs et excités.
01:01:19Le reste de la jeunesse iranienne à la fois,
01:01:22elle est fidèle à son pays.
01:01:26Leur mal peut être réglé.
01:01:29Nous devons les guider.
01:01:33Guider, tuer par un.
01:01:36Ils n'ont fait que s'acharner contre nous
01:01:39et crever le cœur de nos mamans.
01:01:46Comme celle de Mohsen.
01:01:49C'est un des premiers qu'ils ont pendu.
01:02:03La justice a fait condamner à mort plusieurs manifestants,
01:02:06surtout des jeunes hommes de la petite classe moyenne.
01:02:10Certains ont déjà été pendus par le régime islamique.
01:02:25Tu sais, Solène,
01:02:28avec tout ce qui s'est passé,
01:02:31je suis de plus en plus chez moi.
01:02:34Il n'y a que chez moi que je me sens libre.
01:02:38Hier, j'étais dans le centre-ville
01:02:41et un flic à ça de mon visage m'a menacée
01:02:44parce que je n'avais pas le voile.
01:02:49Parce que je ne veux pas risquer ma vie pour un voile.
01:02:53OK, ma vie ne vaut peut-être pas grand-chose,
01:02:56mais si je meurs, je voudrais mourir pour quelque chose de grand
01:02:59qui entraînerait des changements,
01:03:02comme dans nos manifs.
01:03:08Une révolte qui a laissé des traces dans l'appartement.
01:03:12Mais une révolte brimée, encore une fois.
01:03:15Plus de 4 soulèvements populaires ont agité l'Iran ces 20 dernières années.
01:03:21Le 25 novembre 2023,
01:03:24une jeune femme dévoilée meurt mystérieusement dans le métro de Téhéran
01:03:27après un contrôle de la police religieuse.
01:03:31Une nouvelle Djina Marsa Amini.
01:03:35Cette fois, le régime étouffe l'affaire
01:03:38et bloque tout accès aux proches de la victime.
01:03:42Sa mort ne déclenche aucune manifestation.
01:03:45Elle a plombé Sara d'un coup.
01:03:49J'ai peur de filmer
01:03:52parce que je sais qu'ils peuvent détruire ma vie en une nuit.
01:03:57Je sais que je ne serais pas capable de me reconnaître dans une glace
01:04:00après ce qu'ils me feraient.
01:04:03Je ne pourrais plus marcher ni parler.
01:04:06J'avais un ami très proche qui a été arrêté
01:04:09et ils l'ont torturé.
01:04:12C'était quelqu'un qui aimait la vie,
01:04:15qui avait de l'espoir, un visage vraiment joyeux.
01:04:19Maintenant, quand tu le vois, il se met dans un coin.
01:04:22Il ne réagit même pas quand tu lui parles.
01:04:3020 ans, c'est l'âge des premiers revers,
01:04:33des premières désillusions.
01:04:39Il est 1h40 du matin.
01:04:43Je rentre du boulot et Sara dort.
01:04:49J'aimerais une vie normale.
01:04:54Mais en fait, je n'ai plus l'espoir que ça change.
01:04:58Ces grandes manifestations se produisent tous les deux ans en Iran.
01:05:03On connaît ça, trois mois on en a fait des manifs.
01:05:06Encore et encore.
01:05:09On a grandi avec ça.
01:05:13Chacun d'entre nous a déjà été tabassé au moins une fois pour avoir manifesté.
01:05:19Moi, tu sais, je ne compte pas les fois où ils ont frappé.
01:05:30Allez, j'arrête.
01:05:34En Occident aussi,
01:05:37l'élan de la révolte s'est essoufflé.
01:05:40Mais les membres du collectif We Are Iranian Students
01:05:43poursuivent leur engagement
01:05:46et croient toujours au mouvement Femmes, Vies, Libertés.
01:05:51Sahar, Kyan, Aïda et Shayan
01:05:54continuent de recenser les exactions commises par le régime islamique
01:05:57et de faire entendre la voix du peuple.
01:06:00Au-delà de toutes les frontières,
01:06:03notre génération veut que Femmes, Vies, Libertés
01:06:06soit le slogan du futur.
01:06:15Et parfois,
01:06:18l'engagement prend une forme plus symbolique.
01:06:21C'est ce que nous faisons.
01:06:25Et parfois,
01:06:28l'engagement prend une forme plus symbolique.
01:06:3120 ans, c'est l'âge des piercings et des tatouages.
01:06:34L'âge de marquer sa peau.
01:06:40Ça va ? Pas trop mal ?
01:06:43Je suis une femme iranienne, tu sais.
01:06:46Et donc comment tu dis ça ?
01:06:49Ça veut dire non à la république islamique,
01:06:52non aux voiles obligatoires.
01:06:55Alors, en perçant, c'est « in nizbok zalad ».
01:06:58Ça veut dire « cela aussi passera ».
01:07:01Et que la république islamique passera.
01:07:04« In nizbok zalad ».
01:07:07Donc nous, en tant que jeunes Irans,
01:07:10on se retrouve face à une page blanche.
01:07:13On a toute notre histoire, toute notre destinée à écrire encore.
01:07:16Et c'est ce qu'on va faire.
01:07:19On n'est pas un peu déçu.
01:07:22On le paye par le sang.
01:07:25Mais pour les régimes qui pètent des câbles sur tout et n'importe quoi,
01:07:28la désobéissance civile, ça fonctionne très bien.
01:07:31Parce que ça les fatigue.
01:07:34Ils ont arrêté un vieux parce qu'il dansait dans la rue.
01:07:37C'est vous dire à quel point ils sont paniqués.
01:07:40Il a suffi d'une seule danse pour que tout le pays danse.
01:07:50Donc ils ne peuvent pas arrêter ça.
01:08:03Salut Solène, j'espère que ça va.
01:08:06Tu sais, parfois, à ma pause,
01:08:09j'ai des images qui me reviennent.
01:08:12Je repense à tout ce qu'on a vécu.
01:08:15J'oublie rien.
01:08:18J'oublierai jamais ce que ça fait de voir cette fille danser autour du feu,
01:08:21sans hijab.
01:08:24C'était comme rencontrer le paradis.
01:08:27Parce que c'était trop beau.
01:08:30Et l'enfer en même temps.
01:08:33Parce que ça faisait trop flipper.
01:08:38C'est pas qu'on aime l'amour, la liberté et la joie.
01:08:41Au fond, on est l'amour,
01:08:44la liberté et la joie.
01:08:48Comme on dit ici,
01:08:51ça aussi, ça passera.
01:08:5620 ans,
01:08:59c'est l'âge de la vie de Vansoie.
01:09:03On a reçu les visages
01:09:06et on est en train de les découvrir
01:09:09en même temps que toi.
01:09:12Ça, c'est le premier.
01:09:15En fait, on veut savoir lequel tu préfères.
01:09:18Celui à droite et celui à gauche.
01:09:21C'est le premier.
01:09:24C'est le premier.
01:09:27C'est le premier.
01:09:30Celui à droite et ça, c'est le deuxième.
01:09:33Celle que je préfère, c'est celle de droite.
01:09:36Pourquoi ?
01:09:39C'est bien fait. Elle est belle
01:09:42et elle a l'air d'avoir confiance en elle.
01:09:45Ouais, elle est presque aussi belle que toi en vrai.
01:09:48Il est trop cool, mon avatar.

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