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Jeudi 9 janvier 2025, SMART PATRIMOINE reçoit Hervé Guez (Directeur de la gestion actions et taux, Mirova) , Nicolas Redon (auteur de l’étude et Expert Finance Verte, Novethic) , Mathieu Garnero (directeur du projet avec Novethic, ADEME) et Paul-Etienne Bozo (directeur du département épargne et patrimoine, SPVIE Assurances)

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00:00Bienvenue dans SmartPatrimoine, votre émission sur BeSmart4Change qui vous éclaire sur l'actualité
00:13et les enjeux de la gestion de patrimoine.
00:15Dans cette édition, nous évoquerons l'idée et même plus que l'idée, les pratiques
00:20en matière d'engagement actionnarial pour les sociétés de gestion française sur la
00:24base d'une étude qui a été menée par Novetic et l'ADEME auprès justement d'investisseurs
00:31institutionnels des deux sociétés de gestion françaises.
00:34Quels sont les enseignements de cette étude ? Que nous dit-elle des pratiques de l'engagement
00:38actionnarial aujourd'hui en France ? Deux experts de Novetic et de l'ADEME seront avec
00:43nous dans Enjeux Patrimoine pour décrypter ces sujets.
00:47Nous resterons dans le monde de l'ESG ou de l'investissement socialement responsable
00:51avec la question de la biodiversité, comment intégrer ces critères, ce facteur de protection
00:57de la biodiversité dans vos placements et dans vos investissements ? Vous pourrez revoir
01:01à ce titre l'interview il y a quelques semaines d'Hervé Guèze, le directeur des gestions
01:05de Mirova qui était au micro de Nicolas Pagnès dans Smart Patrimoine et puis nous terminerons
01:10avec la carte blanche, l'œil de l'expert pour bien préparer sa retraite.
01:15Tout commence avant 40 ans, c'est ce que nous dira Paul-Étienne Bozo qui dirige le département
01:21épargne et retraite du groupe SPV.
01:28Enjeux Patrimoine consacré au sujet de l'engagement actionnarial, nous en parlons avec deux experts.
01:33Nicolas Rodon qui est auteur de cette étude chez Novetic et expert finance verte de Novetic.
01:39Nicolas bonjour et Mathieu Garnéraud à vos côtés qui est chef de service économie
01:43et finance et qui a été à l'ADEME et qui a participé à la construction de cette étude.
01:51Nicolas un mot peut-être du périmètre et de ce que vous avez cherché à analyser à travers
01:55cette étude qui a été publiée en toute fin d'année 2024 je crois.
01:58Oui c'est ça, alors donc c'est une étude dans le cadre d'un partenariat avec l'ADEME qui a déjà
02:02plus de cinq ans, on s'est dans un premier temps assez longuement intéressé à un panel de fonds
02:07vert et cette année on voulait élargir un petit peu l'angle d'analyse et voir ce que veut plutôt
02:13que d'analyser un panel de fonds, plutôt un panel d'acteurs donc à la fois des sociétés de gestion
02:18et des investisseurs institutionnels, ce qui nous a amené à étudier la documentation publiée par
02:2455 investisseurs, donc 40 sociétés de gestion et 15 investisseurs institutionnels sur le sujet
02:30de l'engagement actionnarial, donc la documentation qui peut être volontaire, qui peut être réglementaire
02:37via diverses réglementations françaises ou européennes, donc on n'a pas discriminé par rapport
02:42à quel effet produit quelle réglementation mais simplement chercher à avoir une vision d'ensemble
02:47de ce qu'on trouve comme informations pour rendre compte des politiques et des pratiques
02:53d'engagement actionnarial. Bon, quels sont les grands enseignements alors de cette étude ?
02:57Il faut d'abord regarder en tête que le panel était de tailles assez diverses puisque on a des
03:03acteurs qui ont voté par exemple à entre 21 et 10 600 âgés, donc ça donne un éventail assez large,
03:10on a des rapports des comptes rendus d'engagement actionnarial au cours de l'année écoulée,
03:17qui font de 4 à 400 pages, donc effectivement ça donne une idée des moyens et des forces en
03:22présence qui peuvent varier d'un acteur à l'autre, néanmoins on observe des choses assez
03:26intéressantes, un taux de participation moyen aux assemblées générales de 89% avec même une médiane
03:32à 97%, donc c'est des bonnes participations malgré les coûts que ça engendre aux âgés,
03:38les sociétés détenues en portefeuille, on a plutôt étudié les politiques qui s'appliquent
03:43aux investissements en action, puisque en obligation ça serait un niveau d'analyse un
03:49peu différent, on observe aussi un vote d'opposition qui est intéressant à 23%,
03:57donc il n'y a pas un chèque en blanc donné aux entreprises sur l'intégralité des résolutions
04:02soumises au vote, alors ces résolutions c'est aussi un éventail assez large de chiffres puisque
04:09au sein du panel les investisseurs ont été amenés à se prononcer sur entre 400 et 110 000
04:15résolutions sur une année, 11 000 en moyenne à l'échelle de tous les acteurs et ça donne une
04:19moyenne de 17 résolutions par âgé sur lesquelles il leur faut se prononcer, donc on comprend qu'il
04:24y a un recours aux sociétés, aux agences de conseil en vrai, bien entendu, mais néanmoins
04:32il y a des résolutions un peu clés sur lesquelles les investisseurs veulent se prononcer eux-mêmes et
04:37apporter leur propre analyse, et puis il y a le sujet qui fait beaucoup parler en général des
04:42résolutions externes, résolutions d'actionnaires, donc à l'échelle de ce qu'on peut voir dans les
04:47chiffres des rapports c'est environ 3 à 3,2% des résolutions sur lesquelles se prononce l'Assemblée,
04:53qui sont déposées par des actionnaires, voilà, donc à l'échelle d'un portefeuille une société
04:58de gestion ça va être chaque année environ 3% des résolutions qui sont des résolutions externes,
05:02donc là-dessus on voit un soutien assez fort à 63% des résolutions externes et même un peu plus
05:09fort à 78% pour les résolutions environnementales, donc il y a une volonté d'engager le dialogue,
05:18et même plus, après la question c'est que peuvent faire les investisseurs européens face au retrait
05:28ou recul un peu avec les investisseurs nord-américains, donc sur ces résolutions
05:31environnementales déposées par des actionnaires, combien est réellement suivi d'effet par la suite,
05:37ça c'est une autre question. Il faut peut-être préciser effectivement que le contour que
05:42représente l'engagement actionnarial ça va, j'allais dire, du dialogue apaisé, de l'échange
05:48d'informations, à quelque chose de beaucoup plus dur qui peut amener même un investisseur à
05:53désinvestir de sa participation dans l'entreprise. Oui les contours sont assez vastes, il y a souvent
06:01des boîtes à outils pour trouver la manière d'échanger ou de dialoguer qui va se prêter au
06:09contexte, à l'antériorité des démarches, au niveau de réceptivité de l'entreprise en face,
06:15donc le désinvestissement que vous évoquez est en fait très très rare puisqu'on a trouvé que
06:20deux exemples nominatifs d'entreprises désinvesties, donc ça figure dans les boîtes à outils et dans
06:26ce qu'on appelle l'escalade, c'est-à-dire que la plupart du temps quand il y a une politique
06:30d'escalade il est possible que ça se termine en désinvestissement, néanmoins on voit qu'il y a
06:35des réticences quand même à aller jusque là, puisque ça serait se couper du levier de dialogue
06:41actionnarial et ainsi de suite. C'est une forme d'échec, ça peut être vécu comme une forme
06:47d'échec d'en arriver jusque là. Oui, puisque quand on regarde le vocabulaire qui est employé, c'est
06:52vraiment quand il n'y a aucun progrès significatif, quand il n'y a vraiment aucune volonté en face
06:57d'être à l'écoute, mais après dans les formes que peut prendre l'engagement actionnarial,
07:03ça va aussi du dialogue individuel au dialogue collectif et c'est ça qu'on a via des
07:10initiatives collaboratives des coalitions, donc ça aussi on a analysé comment c'était
07:15quel recours en était fait, dans quel cas est-ce que c'est, et ce qu'on observe d'ailleurs, c'est
07:21plutôt pour être complémentaire aux démarches individuelles, peut-être parfois prendre le relais
07:27quand la démarche individuelle est un peu enlisée ou dans l'impasse effectivement.
07:33Mathieu, qu'est-ce que vous retenez du côté de l'ADEME, des enseignements de cette étude, des
07:38pratiques actuelles et comment est-ce qu'on peut tendre vers une optimalité en matière
07:45d'engagement actionnarial aujourd'hui selon vous ? C'est vrai que sur les enjeux de transition
07:47écologique, le dialogue actionnarial pour nous est un enjeu majeur, parce qu'effectivement les
07:51actionnaires détiennent des parts des entreprises et on voit au chapitre justement pour orienter
07:55sur la stratégie de l'entreprise et donc pour nous il y a plusieurs choses qu'on a regardé via
08:00cette étude et c'est là où ça nous intéressait, c'est déjà sur quoi porte le dialogue et donc
08:04nous on s'intéresse aux transitions écologiques et il y a un élément central dans cette
08:08enjeu de transition écologique, c'est le plan de transition et aujourd'hui on voit que la
08:12maturité des investisseurs et un peu aussi d'ailleurs du côté des entreprises, elle
08:16porte essentiellement sur la fixation de cibles climatiques et sur des éléments de gouvernance
08:21associés à ces cibles. Ce que l'on veut vouloir basculer, avancer à l'avenir, c'est plutôt d'aller
08:27regarder quels sont les leviers de décarbonation, donc les leviers de transformation de l'entreprise
08:32et les moyens financiers qui sont mis sur ces leviers, donc pas uniquement des promesses mais
08:36plutôt les actions qui sont associées aux cibles qui sont données. Deuxième élément, l'enjeu
08:44d'escalade effectivement, de stratégie d'escalade, c'est quelque chose, on voit que la moitié des
08:48sociétés de gestion et investisseurs sont dotés de ce type de stratégie d'escalade, c'est des
08:54pratiques qu'on aimerait voir se massifier et être un peu plus généralisées, alors allons
08:58effectivement jusqu'au désinvestissement mais pas nécessairement et déjà les votes d'opposition
09:02aussi, parce qu'on voit que le vote est un élément central aussi dans cet élément d'engagement
09:08actionnaire. Et puis un point important aussi qui est ressorti dans l'étude, c'est en fait la
09:14difficulté aussi pour les investisseurs et pour les actionnaires d'exprimer leur avis sur les
09:20questions climatiques, puisqu'en fait on n'a pas de cadre précis, alors hormis le cas des entreprises
09:25qui proposent une résolution climat, donc ça s'appelle les sound climate, donc dans ce cas là
09:29effectivement l'entreprise propose une résolution climat et les actionnaires et investisseurs peuvent
09:33s'exprimer sur la qualité du plan qui est proposé par les entreprises et ça, à ce sujet là, on a
09:40travaillé avec le forum pour l'investissement responsable à une analyse justement des plans
09:44de transition des entreprises pour éclairer justement ce vote des investisseurs, mais dans
09:49la majeure partie des cas il n'y a pas de résolution associée aux enjeux climatiques et donc les
09:55investisseurs sont obligés de détourner d'autres types de résolutions pour exprimer une forme de
10:00mécontentement, donc ça peut être la nomination d'administrateurs, le vote du rapport annuel, etc.
10:06Donc ce qui pose quand même problème aujourd'hui et qui mériterait quand même quelques améliorations
10:10d'un point de vue dans les réglementations, justement pour pouvoir avoir un dialogue et
10:15un vote sur les questions climatiques qui soit vraiment propre justement à cette problématique.
10:22C'est une question de taille d'entreprise, c'est une question de secteur, pourquoi est-ce que toutes les
10:26entreprises, on parle notamment d'entreprises cotées bien sûr, n'ont pas généralisé aujourd'hui ce
10:31C&C ? C'est effectivement un peu un regret aujourd'hui, enfin on a en gros une dizaine
10:37d'entreprises en France chaque année qui soumettent un C&C et en général ces entreprises-là
10:41soumettent un C&C tous les trois ans. Aujourd'hui c'est plutôt des grands groupes qui ont utilisé
10:46ces pratiques, alors c'est vrai que la question du plan de transition est encore quelque chose
10:50avec une maturité relativement limitée. On espère notamment avec le développement de la CSRD que ça
10:55va être une pratique qui va se massifier dans les années à venir. On va y revenir effectivement,
10:59l'entrée en application en vigueur des obligations de reporting pour les entreprises sur les questions
11:05environnementales et ESG au sens large. Qu'est-ce que vous retenez des ambitions des investisseurs
11:11sur cette thématique environnementale qui reste Nicolas une des premières thématiques traitées
11:18à travers les résolutions en AG notamment ? Alors nombre de résolutions en AG, c'est pas
11:24forcément très prégnant, c'est environ 200 résolutions actionnariales sur des sujets
11:33environnement climat au cours de l'année à l'échelle mondiale. D'accord, à l'échelle
11:37mondiale. C'est pas énorme, néanmoins après on peut à travers ces 200, certains en comptent un
11:45peu plus, mais à travers cet échantillon on peut voir quelles sont les priorités. Donc la priorité
11:50c'est davantage de transparence des entreprises, fournir davantage d'informations sur des sujets
11:56importants pour la compréhension de leurs investisseurs pour arriver à savoir quel est
12:03leur niveau de préparation, leur capacité à faire face aux enjeux de décarbonation qui vont
12:07tomber sur elles. Donc il y a dans un premier temps la transparence, mieux comprendre, et après
12:15l'adoption de cibles de décarbonation, d'objectifs climat qui soient autant que possible assez bien
12:24détaillées qu'au moyen et long terme. Et après ce qu'on trouve souvent c'est la mention d'un
12:29engagement actionnarial qui va être motivé par le fait de s'assurer que les entreprises en
12:34portefeuille ont des objectifs, des plans de transition qui soient suffisants, sincères,
12:40réalisables, crédibles. Et derrière ces objectifs on ne sait pas exactement encore où est placé le
12:46curseur, à partir de quand on considère qu'un objectif est sincère, crédible, réalisable.
12:53Donc c'est là où on peut s'attendre dans les années à venir à avoir un peu plus de détails, un peu
12:58plus de substance sur comment on passe du dialogue à la réelle.
13:06Oui, mais l'importance d'avoir une échelle de temps réaliste, c'est-à-dire qu'on a vu beaucoup d'entreprises,
13:10d'investisseurs grands, mondiaux, se lancer dans des objectifs 2050, etc. avec beaucoup de marketing.
13:19L'échelle de temps elle doit intégrer aussi des points de rendez-vous et des étapes intermédiaires
13:24pour valider les cibles de long terme qui sont affichées. C'est ça Nicolas ?
13:29Oui, donc dans les finalités qu'il y a dans les démarches d'engagement actionnariel, quand on parle de
13:34celui qui est un peu plus prescriptif, c'est-à-dire fournir aux entreprises des leviers d'action, des axes
13:41d'amélioration sur lesquels on s'attend à ce que d'ici quelques années elles progressent.
13:46Effectivement, ça doit rester confiné à quelques années, pas tout repousser à une autre décennie.
13:52Là-dessus, il y a des choses qui doivent être assez vite concrètes. Après, dans les ambitions qu'on peut
14:00voir dans l'intitulé des résolutions actionnariales, ça peut aller au-delà de la transparence, ça peut aller
14:07aussi à des rapports sur l'adoption d'un plan de transition en tant que tel. Et éventuellement, mais là
14:14quand ça devient plus prescriptif, le consensus s'étient un peu, demander l'intégration de certains
14:21scopes d'émissions dans les objectifs de réduction des émissions. On a vu certaines résolutions demandant
14:28l'intégration du scope 3 dans les objectifs climat des majeurs pétrolières être un peu moins consensuels
14:34que celles qui demandent la publication d'un rapport sur le lobbying potentiellement anticlimat.
14:39Tu entends. Mathieu, pour conclure avec vous, et l'arrivée de CR-CRD, effectivement, dans l'idée de
14:45l'engagement actionnarial, qu'est-ce que ça va changer ?
14:47CR-CRD, c'est le rapport durabilité des entreprises, donc plusieurs centaines de données standardisées.
14:54Donc c'est vrai que ça permet de factualiser aussi des éléments sur un dialogue actionnarial, puisqu'on a des données
14:59qui sont comparables, qui sont standardisées. C'est l'opportunité aussi du coup d'avoir la publication d'un plan de transition
15:05pour les entreprises. Il va vraiment se poser la question pour des entreprises sur des secteurs clés, sur l'industrie,
15:11sur du bâtiment, sur du transport, est-ce que ces entreprises vont publier un plan de transition ?
15:16Sinon, effectivement, ça peut être vraiment un problème pour les investisseurs qui vont être engagés sur le climat.
15:21Et ce qu'on a vu dans l'étude comme facteur de succès sur l'engagement actionnarial, c'est la référence à des cadres.
15:26C'est-à-dire que c'est difficile de demander à des entreprises des choses qui n'existent pas, en tout cas qui sont assez peu pratiquées.
15:32Quand on a des pratiques existantes, quand on a des cadres, alors ça peut être un reporting CDP, des science-based targets,
15:38et donc demain un plan de transition au format CR-CRD, c'est beaucoup plus facile d'avoir un dialogue nourri avec une entreprise
15:45en disant « conformez-vous à ce cadre, comme le font les meilleurs acteurs de votre secteur ».
15:49Et donc c'est clairement un facteur possible de succès, en plus du fait que le rapport du rapidité fait partie du rapport annuel,
15:56donc c'est potentiellement aussi un élément qui est soumis au vote des actionnaires et des investisseurs,
16:02donc possibilité également de s'opposer au rapport en cas d'absence d'un plan de transition, par exemple, de l'entreprise sur la question climatique.
16:08La matière supplémentaire pour l'engagement actionnarial, c'est ça ?
16:11Absolument, ça donne cette matière et c'est donc quelque chose qui peut être vraiment un outil de dialogue,
16:17au-delà d'une contrainte réglementaire comme c'est souvent vu par les entreprises.
16:21Oui, il y a aussi l'aspect positif de la médaille. Merci beaucoup messieurs, merci de nous avoir éclairés sur ces enjeux en matière d'engagement actionnarial.
16:28Je rappelle Mathieu Garnéro qui est avec nous, chef de service économie et finance à l'ADEME,
16:32et Nicolas Redon, auteur de l'étude et expert finance verte chez Novetic.
16:41La séquence « Investir responsable dans Smart Patrimoine » nous conduit à évoquer la question de la biodiversité.
16:47Comment intégrer le facteur biodiversité dans ses placements et ses investissements ?
16:51Écoutez à ce sujet Hervé Guèze, directeur de gestion de Mirova, qui était au micro de Nicolas Pagnès.
16:56Comment intégrer le sujet de la protection de la biodiversité dans ses placements ?
17:01Voilà la thématique qui va nous animer aujourd'hui dans « Investir responsable ».
17:05Et pour cela, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Hervé Guèze.
17:09Bonjour Hervé Guèze.
17:10Bonjour.
17:11Vous êtes directeur de la gestion actions et taux au sein de Mirova,
17:14Mirova fonds d'investissement qui détient plusieurs fonds,
17:17société de gestion pardon, qui détient plusieurs fonds en lien avec la protection de la biodiversité.
17:21On peut mentionner aussi qu'on a vu récemment dans la presse que vous aviez été missionné aussi
17:26pour gérer un fonds de place, fonds objectif biodiversité pour un certain nombre d'investisseurs institutionnels.
17:31On peut dire que le sujet investissement dans la biodiversité est un sujet que vous connaissez bien chez Mirova.
17:36Alors oui, c'est un sujet que l'on travaille depuis longtemps.
17:39On a commencé à le travailler il y a quasiment une dizaine d'années maintenant sur les actifs plutôt non cotés à l'époque,
17:45puisqu'il s'agissait surtout d'investir dans des projets d'agroforesterie, des projets d'exploitation des terres durables.
17:51Et puis c'est une stratégie qu'on a commencé à développer sur la partie cotée il y a quelques années maintenant
17:55avec la montée en maturité du thème chez les entreprises.
17:59Question volontairement caricaturale pour bien comprendre,
18:02ça veut dire quoi investir dans la biodiversité ?
18:04C'est différent d'investir par exemple dans des sujets climatiques ?
18:08C'est deux manières d'investir, deux stratégies différentes ?
18:11Oui, alors les thèmes sont différents.
18:14Investir dans le climat, c'est investir sur des entreprises qui apportent des solutions aux enjeux de réduction des émissions carbone.
18:21C'est investir dans des entreprises qui gèrent bien leur transition sur le sujet des émissions carbone.
18:26Alors la façon de faire va être la même, c'est-à-dire qu'on va avoir ce diptyque solution-transition aussi sur la biodiversité,
18:31mais le thème est différent.
18:32La biodiversité, c'est l'économie du vivant, c'est les ressources écosystémiques,
18:36et donc il va s'agir d'investir dans les entreprises qui apportent des réponses à ces enjeux majeurs pour l'économie de demain,
18:43à la fois avec des entreprises plutôt de taille moyenne et petite,
18:46qui apportent des solutions nouvelles à des enjeux qui émergent,
18:49par exemple dans la biochimie, dans l'économie circulaire, dans la gestion du rap de l'eau,
18:55et puis il va s'agir d'investir dans les entreprises qui sont exposées très fortement à ces enjeux,
19:00et qui doivent elles, au long cours, se préparer à la transition, sécuriser leur chaîne d'approvisionnement,
19:05s'assurer que leur façon de gérer leurs impacts sur la biodiversité ne détruise pas l'écosystème sur lequel elles sont elles-mêmes assises.
19:14Comment on fait quand on est une société de gestion, quand on gère un fonds d'investissement,
19:18et qu'on doit mesurer la réduction d'impact, par exemple, d'une activité économique sur la biodiversité ?
19:23Alors la question de la mesure, c'est une bonne question, est extrêmement compliquée,
19:27on en est au début, puisque si on continue à faire le parallèle avec le changement climatique,
19:31c'est vrai que le changement climatique, c'est un sujet qui a la simplicité, entre guillemets, de se dire qu'il y a une mesure unique,
19:38qui est l'équivalent de la tonne de CO2, et qu'il y a la tonne de CO2, qu'elle soit émise au pôle Nord, au pôle Sud, à l'Équateur, c'est pareil.
19:46La biodiversité, c'est pas du tout la même chose, puisque les pressions sont multiples,
19:50et les sujets peuvent être globaux, mais aussi très locaux, et donc la question de la mesure de l'empreinte est beaucoup plus compliquée.
19:57Néanmoins, c'est pas parce que vous n'avez pas une mesure unique qui existe, comme le climat il y a 15 ans,
20:04vous pouvez tout à fait évaluer de façon qualitative quelles sont les solutions qui font du sens,
20:07est-ce qu'il y a un marché pour ces solutions, et vous pouvez tout à fait regarder le business model de l'entreprise,
20:12quand vous êtes un gérant de long terme et que vous faites une analyse fondamentale de l'entreprise,
20:16pour comprendre à quel type de service écosystémique l'entreprise est dépendante,
20:19et s'assurer qu'elle a mis en place les trajectoires qui vont permettre de gérer ça sur la durée.
20:25Donc la difficulté de la mesure, de la métrique unique, n'est pas un frein à l'investissement,
20:31par contre c'est sûr que c'est un sujet de recherche, c'est un sujet de déploiement de data,
20:38mais on vit une époque formidable pour la data avec l'intelligence artificielle.
20:42Ça permet de faciliter les investissements ?
20:45Ça le permettra de plus en plus, c'est-à-dire que la réglementation va permettre d'avoir de plus en plus de données disponibles,
20:52les entreprises elles-mêmes ont commencé à traiter, même en dehors de toute réglementation, ces sujets-là,
20:58donc on va avoir de plus en plus de données disponibles,
21:01et la façon de traiter ces données-là, on a aussi de plus en plus de moyens de les traiter.
21:04Quand vous parlez de la réglementation, est-ce que la réglementation CSRD, par exemple,
21:07peut faciliter des investissements en biodiversité, ou on n'en est pas encore là ?
21:10Oui, alors on espère qu'elle le permettra, mais tout n'est pas encore mis en oeuvre et disponible.
21:16Mais encore une fois, la réglementation, les données, tout ça, ce sont des petits sujets par rapport à l'ampleur du thème.
21:26D'accord.
21:27Par exemple, le Forum économique mondial, déjà en 2000, calculait qu'environ la moitié de l'économie était extrêmement dépendante du service écosystémique.
21:36La Banque centrale européenne, l'année dernière, en 2023, a estimé que 75% des prêts qui étaient accordés en Europe
21:44étaient accordés à des entreprises qui étaient hautement dépendantes d'au moins un service écosystémique.
21:49D'accord.
21:50Donc le sujet est juste crucial et majeur, et les petits freins de la réglementation n'est pas pareil partout,
21:56les datas ne sont pas exactement disponibles, ça ne permet pas des comparaisons fiables et robustes tout le temps.
22:01N'empêche pas que si on met de l'intelligence humaine, ce qu'on essaye de faire, des personnes qui sont compétentes sur les sujets,
22:08qui dialoguent avec les entreprises, on n'est pas du tout capable d'identifier, encore une fois, les solutions qui vont se multiplier
22:15par ce qu'il va falloir traiter le sujet, et l'adaptation, la transition, parce que les grandes entreprises ont besoin d'incorporer ces solutions dans leurs nouvelles façons de faire.
22:24Hervé Guèze, directeur des gestions de Mirova, qui était récemment, en fin d'année dernière, l'invité de Nicolas Pagnès dans Smart Patrimoine,
22:32à retrouver bien sûr sur Bismarck for Change et en replay sur Bismarck.fr.
22:39Bismarck.
22:40Dernière partie de Smart Patrimoine, l'œil de l'expert consacré à la préparation de la retraite.
22:45Nous en parlons avec Paul-Etienne Bozo, qui est directeur du département épargne et patrimoine de SPV Assurance.
22:50Paul-Etienne, bonjour et bienvenue.
22:52Bonjour.
22:52Merci d'être avec nous, préparer sa retraite, ça commence avant 40 ans, c'est ce que vous allez nous dire, Paul-Etienne.
22:58Quelle est la place, quelle est la proposition de valeur de SPV Assurance dans cet univers de la préparation à la retraite, Paul-Etienne ?
23:05Effectivement, SPV Assurance, on est spécialisé en assurance, mais pas que, on fait aussi de la vie, de l'assurance-vie,
23:11et on s'est positionné assez récemment d'ailleurs sur ce marché.
23:16SPV, on est courtier grossiste d'assurance, donc on travaille avec des partenaires depuis 15 ans,
23:21donc on a une belle expérience maintenant sur le marché.
23:24Notre ambition sur le marché de l'épargne, c'est d'apporter à nos partenaires des outils de qualité et des offres de qualité
23:31avec un environnement très digitalisé.
23:33C'est vraiment notre force depuis 15 ans, on a beaucoup développé, beaucoup investi sur ce marché-là, sur ces outils,
23:39et on va le voir, les outils sont importants.
23:41Notre ambition, c'est d'accompagner les courtiers dans ce monde très complexe de l'épargne et de la retraite.
23:48Comment est-ce qu'on prépare bien sa retraite, et comment est-ce qu'on commence à préparer sa retraite avant 40 ans, Paul-Etienne ?
23:54Généralement, il y a 3 erreurs à éviter, ou 3 conseils qu'on peut donner.
23:58On commence par les erreurs à éviter.
24:00Les erreurs à éviter, c'est d'attendre, d'être proche de la retraite pour préparer sa retraite.
24:06Souvent, on s'intéresse à ce sujet-là quand on voit venir arriver cette nouvelle période dans la vie.
24:12Et finalement, quand on regarde statistiquement, on voit que quelqu'un qui prépare sa retraite à 30 ou 35 ans,
24:18par rapport à quelqu'un qui va commencer à 50 ans, c'est le double d'effort d'épargne.
24:22Donc déjà, ça c'est le premier erreur à éviter, et c'est pas simple, parce qu'il faut arriver à trouver du budget.
24:27C'est même dur de convaincre quelqu'un qui a 30 ans qu'il faut se projeter déjà dans cette prochaine étape de la vie.
24:35Exactement. Après, il y a deux aspects. Il y a aussi un aspect accompagnement.
24:39Forcément, préparer sa retraite seule, c'est forcément aller vers des erreurs.
24:44Donc on va pas forcément faire les bons choix.
24:46Donc nous, ce qu'on propose et ce qu'on préconise, c'est de faire appel à un partenaire, à un professionnel,
24:52qui va vous accompagner au quotidien pour préparer votre retraite.
24:56Autre élément important, et de plus en plus, c'est les outils qui vous aident à préparer la retraite.
25:00Aujourd'hui, on a accès maintenant à des outils de bilan de retraite.
25:05On peut même aller sur l'espace du gouvernement, inforetraite.gouv, pour récupérer son relevé individuel de situation.
25:13Une fois qu'on a fait ça, on est un petit peu seul aussi face à pas mal d'incertitudes et à pas mal de chiffres qu'on vous donne.
25:19Donc nous, on vous recommande aussi de passer par des professionnels qui vont vous mettre accès
25:24à un bilan de retraite personnalisé, donc des outils qui permettent de calculer précisément le montant de la retraite
25:30que vous aurez quand vous allez partir à 60, 62, 63, 64 ans.
25:34Donc ça, c'est aussi un des éléments très importants pour préparer sa retraite,
25:37avoir les bons outils et avoir les bonnes personnes qui vous accompagnent.
25:40L'accompagnement d'un professionnel est nécessaire effectivement si on veut bien préparer sa retraite et le plus tôt possible.
25:47Se pose toujours la question de l'enveloppe.
25:50Le PER est arrivé il y a quoi, 5 ans maintenant, c'est ça la politique ?
25:54C'est la loi PAC de 2020 et c'est vrai que depuis cette loi PAC, ça a été un vrai boost sur le marché de la retraite.
26:00Le PER a pris de la place par rapport à l'assurance-vie.
26:02C'est plus de 100 milliards de collecte depuis le départ, depuis le lancement de ce dispositif qui a vraiment très bien fonctionné.
26:11Il y a eu de la pédagogie qui a été faite par les conseillers, de plus en plus.
26:16C'est vrai que majoritairement aujourd'hui, le courtage de proximité prend sa part sur ce marché-là.
26:21Après, ce qu'il faut voir, c'est que pour préparer sa retraite, il n'y a pas que le PER, il y a aussi l'assurance-vie.
26:27On a tendance à opposer les deux, PER contre assurance-vie.
26:30Et finalement, ces deux dispositifs, en tout cas nous chez SPV, c'est ce qu'on met en avant,
26:34c'est l'intérêt d'avoir les deux dispositifs en même temps.
26:36Pourquoi ? Parce que je vais vous donner un exemple très simple.
26:39Quelqu'un qui met en place un contrat de PER qui gagne 50 000 euros et qui paye 30 % d'impôt, qui est sa tranche marginale,
26:46il va économiser environ 100 euros par mois d'impôt.
26:49Donc lui, avec ses 100 euros d'impôt d'économiser, nous, ce qu'on lui recommande, c'est de réinvestir sur une assurance-vie.
26:55À la fin, qu'est-ce qu'il va avoir ? Il va avoir deux enveloppes.
26:57Il va avoir une enveloppe d'assurance PER dans laquelle il aura à peu près 110 000 euros.
27:02Arrivé à 65 ans, il aura 110 000 euros de capital.
27:06Et de l'autre côté, il aura un capital d'assurance-vie peut-être de 30 000 ou 40 000 euros grâce aux investissements liés à l'économie d'impôt.
27:12Et à la fin, il aura deux dispositifs.
27:14Donc finalement, l'intérêt du PER, c'est de préparer sa retraite mais aussi de financer son enveloppe d'assurance-vie.
27:22Et à la fin, cette enveloppe d'assurance-vie, on va pouvoir la récupérer quasiment sans fiscalité
27:27et on va pouvoir vraiment piloter son épargne à la retraite PER assurance-vie.
27:31C'est pour ça que nous, on est plutôt proposé ces deux dispositifs.
27:34Deux enveloppes complémentaires.
27:35Merci beaucoup Paul-Etienne de nous avoir éclairé sur les enjeux de la retraite qui se préparent le plus tôt possible.
27:40Paul-Etienne Bozo, directeur du département d'épargne et patrimoine de SPVI Assurance dans Smart Patrimoine.
27:46A retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr.
27:49Merci.

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