• il y a 22 heures
Je voudrais commencer par le commencement, non pas par le verbe, mais par le temps. Ces ministres gravissant les marches 100 à 100 et finissant leur carrière à 40 ans affolent nos horloges… Comme si, alors que notre espérance de vie s’est considérablement allongée, nous n’avions paradoxalement plus de temps. Ce temps compressé est une vraie donnée de notre époque et n’est pas sans conséquence sur le politique ou le monde économique. [...]

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00:00Je voudrais commencer par le commencement, non pas par le verbe, mais par le temps.
00:13Ces ministres gravissant les marches 100 à 100 et finissant leur carrière à 40 ans, affolent nos horloges.
00:19Comme si, alors que notre espérance de vie s'est considérablement allongée, nous n'avions paradoxalement plus de temps.
00:27Ce temps compressé est une vraie donnée de notre époque et n'est pas sans conséquence sur le politique ou le monde économique.
00:34Nous y vont, en effet, au temps de la logique de la vitesse.
00:37Nous sommes soumis à la dromologie, nous dirait Paul Virilio.
00:41Dans ce mouvement rapide, l'arrivée est devenue une fin en soi, l'itinéraire, le cheminement ne comptant plus vraiment.
00:49Le politique ne doit plus être, en devenir, il doit être, et très vite.
00:55Le politique est pourtant ancré dans le réel, mais la vitesse, le détache de cette concrétude.
01:00Impossible de s'impliquer, de s'engager, puisque nous sommes en accélération perpétuelle.
01:06Le politique est soumis à la dictature de l'agenda, sommé de réponses dans les délais, engoncés dans la conquête du résultat ultra-rapide.
01:15L'instant et l'ultra-présent règnent en maître.
01:19Le politique se doit de muter, de s'adapter, de communiquer à outrance, de se renier pour maîtriser ou contourner le tympo.
01:28Les cycles de vie, de l'accomplissement de l'action politique raccourcissent.
01:32Le chômage ne doit pas baisser en trois ans, mais en trois heures.
01:36Le produit dans les rayons doit être repensé, remplacé, sa durée de vie est du domaine de l'éphémère.
01:44Pourtant, politique comme économie sont filles du temps et filles du temps long.
01:52Mais sommes-nous encore capables de ralentir ?
01:54L'homme moderne développe-t-il une détestation à l'égard de la lenteur, comme le suggère Kundera ?
02:02Avons-nous encore la concentration nécessaire pour ralentir ?
02:06Car oui, la lenteur demande de la concentration.
02:10Les réseaux sociaux et autres médias nous ont éloignés durablement d'une possible concentration, d'un possible ralentissement.
02:18Le progrès technologique accélère notre rapport au temps.
02:23La technologie pourrait nous libérer, nous offrir du temps.
02:26Au contraire, elle induit une infinité de possibilités qui conduit à faire toujours plus de choses et donc d'avoir moins de temps.
02:35Cette technologie est politique.
02:37Elle est vitesse, favorise une économie débridée.
02:41Et cette technique a trop souvent été mise au profit d'une ultra-performance.
02:46L'exigence high-tech est vitesse, productivité, innovation, upgrade et update.
02:54J'ai envie de nous mettre en garde contre cette temporalité dominante.
02:58Et si ralentir devenait en quelque sorte un acte politique majeur ?
03:03Mais aujourd'hui, le politique n'est-il pas dépassé par les monstres qu'il a lui-même créés ?
03:09Le temps semble complètement dominer le politique.
03:12Celui-ci n'est-il pas dépassé et distordu par ces temporalités devenues des courses en forme de sprint ?
03:20Le politique ne doit-il pas assumer son besoin de lenteur, de construction, de mise en place méthodique de projet ?
03:29C'est un peu mon pari, parler du temps politique, du temps économique
03:33qui sont des temps longs et qui ont besoin de long terme.

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