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François Bayrou se rendra sur l'archipel dimanche et lundi, accompagné de plusieurs ministres. Le sénateur Saïd Omar Oili demande "une commission d'enquête parlementaire pour savoir exactement ce qui s'est passé là-bas et comment on a géré cette crise".
Regardez L'invité événement avec Vincent Derosier du 27 décembre 2024.

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Transcription
00:00Yves Calvi, Sébastien Rouxel, RTL Soir.
00:03Bonsoir Saïd Omar Wali, vous êtes sénateur de Mayotte, merci beaucoup de prendre la parole ce soir sur RTL.
00:09Presque deux semaines après le passage du cyclone Chido,
00:12vous demandez une commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise.
00:15Pourquoi ? Vous avez des soupçons ?
00:17Non, il n'y a pas de soupçons, mais je suis sénateur, c'est vrai, c'est mon premier mandat que je suis là.
00:24Et j'ai regardé ici au Sénat, il y a plusieurs rapports parlementaires qui ont été faits concernant bien sûr les risques naturels
00:32dans nos collectivités, notamment les îles.
00:36Il y a un rapport qui a été fait lorsque il y a eu Irma,
00:40avec un rapport sénatorial sans proposition,
00:44justement pour qu'il n'y ait plus jamais ce genre de choses et quand il y en a,
00:49qu'on puisse rapidement prendre les dispositions nécessaires.
00:53Ça n'a pas été fait.
00:55Nous avons un autre rapport de la Cour de compte
00:59qui parle justement de ces difficultés de réchauffement climatique et des problèmes climatiques sur les îles, sur les outre-mer.
01:07Là aussi, silence radio.
01:09Et enfin, il y a un dernier rapport que j'ai sur mon bureau qui fait à peu près cinq tomes
01:13concernant l'ancien député Mansour Kamardine
01:17qui parlait justement, qui a fait des préconisations
01:21concernant ces problématiques que nous connaissons aujourd'hui
01:25et que tout le monde avait dit que ce serait beaucoup plus violent.
01:29Et comment se fait-il que toutes ces préconisations n'ont pas été mises en oeuvre ?
01:33Donc, si je demande cette enquête parlementaire,
01:37c'est pour éviter que d'autres territoires subissent le même sort que Mayotte.
01:41Vous nous dites qu'en fait un énorme travail de réflexion et de travail a été fait depuis des années
01:48et qu'visiblement, il n'est pas à l'oeuvre sur le terrain, je vous ai compris ?
01:51Exactement, c'est ça. Et pourquoi ?
01:54Moi, je fais partie aujourd'hui d'une commission d'enquête concernant l'eau en bouteille.
02:00Pourquoi on fait cette commission d'enquête ? Parce qu'on a des soupçons.
02:03On pense que peut-être que dans ce taux, il y a des choses qui ne sont pas peut-être propres à la consommation et à l'hygiène.
02:13Et pourquoi pas dans nos îles, lorsqu'aujourd'hui, on ne sait pas combien de gens sont victimes déjà ?
02:20Où est-ce qu'ils sont partis ?
02:23Pourquoi on n'a pas pris les mesures en amont lorsqu'on savait que la trajectoire de ce cyclone allait vers Mayotte
02:32et que nous avions bien sûr des bidonvilles très vulnérables ?
02:36Pourquoi on n'a pas pris les mesures de précaution en prépositionnant par exemple des forces à Mayotte ?
02:42Toutes ces questions-là, je pense qu'aujourd'hui, la nation doit savoir et la nation doit dire plus jamais ça, être informé.
02:52– Je vous cite, compte tenu des graves manquements observés lors de la gestion de ce cyclone à Mayotte,
02:58la création de cette commission d'enquête est indispensable.
03:00Néanmoins, est-ce que vous désignez d'ores et déjà un certain nombre de manquements
03:04et est-ce que vous pouvez nous les expliciter là aussi très clairement pour les auditeurs d'RTL ?
03:09– Bien sûr, il y a eu des manquements lorsque on a déclenché par exemple l'alerte violette à 7h du matin
03:17et que le cyclone est passé à 9h.
03:21Est-ce qu'on n'aurait pas pu déclencher ça avant et permettre aux gens justement de se mettre à l'abri beaucoup plus vite ?
03:29Est-ce qu'il y a eu des mégaphones qui ont tourné dans les villages en disant
03:35« Attention, c'est du sérieux, mettez-vous à l'abri », etc., etc. ?
03:40Ça n'a pas été fait.
03:42Donc tout ça, il faudrait que les uns et les autres nous disent pourquoi ça n'a pas été fait
03:47et peut-être que les morts que nous déplorons aujourd'hui, on aurait pu peut-être les éviter.
03:52Donc c'est une des raisons que moi je demande à ce qu'on clarifie tout ça
03:58pour que justement on mette en place les dispositions nécessaires
04:02et les mesures nécessaires pour éviter ce genre de choses.
04:05Vous venez d'évoquer les victimes. À votre connaissance, au moment où nous parlons, quel est le nombre officiel ?
04:10J'ai bien compris qu'il était non définitif.
04:12Alors, moi j'écoute ce qu'ils disent les autorités locales, notamment la préfecture, et je regarde.
04:18Le préfet nous a dit que dans ces bidonvilles qui sont rasées,
04:22vivaient en moyenne 100 000 personnes
04:26et qu'on a mis à l'abri 15 000 personnes.
04:29Faites le calcul, M. Calvi.
04:31Où sont les 85 000 personnes ?
04:35Il y a bien un problème.
04:38Moi je suis un élu local.
04:40Depuis 25 ans, je suis élu. Je vais dans les quartiers.
04:44Je ne vois pas mes électeurs.
04:47C'est qu'il y a un problème.
04:48Le Premier ministre, pour l'instant, explique qu'on va compter des victimes en dizaines et non pas en milliers.
04:53Est-ce que vous contestez ces chiffres ou en tout cas cette analyse faite par François Bayrou ?
04:58Écoutez, M. le Premier ministre va aller à Mayotte, ça fait longtemps qu'il n'est pas venu là-bas.
05:05Et ça fait longtemps qu'il ne connaît pas notre territoire.
05:09Il va le découvrir. Sauf qu'il va le découvrir parce que déjà tout a été rasé.
05:16Mais moi qui vis là-bas au quotidien, je sais que moi j'avais un bidonville où j'avais plus de 10 000 habitants.
05:25Aujourd'hui je vais, je ne vois personne.
05:28Et quand vous allez par exemple à Kauini, c'est pareil.
05:31On voit des gens et quand vous faites les journalistes qui sont là-bas,
05:35ils sont désespérés parce qu'ils ne voient personne qui vienne pour aider les gens à enlever les tôles
05:41et regarder est-ce que dans les décombres, il n'y a pas des gens qui sont là.
05:46Comment se fait-il, M. Calvi, que lorsque il y a eu le cyclone,
05:51on n'a pas vu arriver rapidement une brigade sinophile pour regarder, pour chercher s'il y avait des survivants.
05:58On ne l'a jamais fait. Pourquoi ?
05:59Mais ce que vous nous décrivez est absolument abominable puisque vous nous suggérez in fine
06:03qu'alors qu'on continue de tourner avec des chiffres qui seraient d'une trentaine de victimes,
06:07il y en a peut-être des milliers. La question est posée des milliers de victimes.
06:11Moi je me pose la question.
06:13Effectivement parce que s'il y avait, nous on regarde la télé comme tout le monde.
06:18On peut nous considérer parce que nous venons de ces îles un peu éloignées,
06:24on a des plumes, on danse, etc. et qu'on est des sauvages.
06:28Mais nous on sait compter. Nous on sait ce qui s'est passé.
06:34On voit ce qui se passe ailleurs.
06:36Lorsqu'il y a un tremblement de terre, lorsqu'il y a un problème d'un cyclone,
06:41la première chose qu'on fait, on envoie des brigades sinophiles pour aller chercher.
06:45C'est ce qu'on voit.
06:46Oui.
06:47On est au quatorzième jour aujourd'hui de ce drame.
06:51On n'a jamais vu ça. On n'a vu personne.
06:55Il suffit de prendre les écrits de l'ensemble de la population qui vit là-bas,
07:01c'est exactement ce que je suis en train de vous décrire.
07:04Pourquoi il n'y a pas eu ça ?
07:06Et pourquoi on n'a pas fait des recherches dans les décombres ?
07:10J'imagine que vous poserez la question au Premier ministre lors de son arrivée dans l'île ?
07:14Tout à fait.
07:15D'ailleurs, il y a une dame que je voudrais rendre hommage,
07:19un professeur de collège dans le grand bidonville de Mayotte, à Kauini.
07:26Elle a dans son collège 1700 élèves.
07:35Elle a le répertoire et elle s'est mise elle-même à chercher ses élèves.
07:40Elle a trouvé pour l'heure que 300 élèves.
07:44La question mérite d'être posée.
07:47Ces enfants n'ont pas été expulsés.
07:50Ces enfants ne sont pas allés dans la forêt parce qu'il n'y a plus de forêt.
07:54Ils sont où ?
07:56Ce sont des tas de questions qu'il faut qu'on se pose.
07:59Vous êtes en tout cas de soulever des questions qui sont extrêmement dramatiques,
08:02notamment en chiffres.
08:03Je rappelle que la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher,
08:07affirmait ce matin sur notre antenne sur RTL que 90% des Mahorais
08:11avaient accès au réseau d'eau de nouveau.
08:14Est-ce que vous nous le confirmez ?
08:16Non, ce n'est pas vrai.
08:18On n'a pas 90% de l'eau, ce n'est pas vrai.
08:21Même si on a l'eau, c'est notre quotidien.
08:24Nous sommes français depuis 1841.
08:26Pardonnez-moi, 90% des Mahorais qui avaient déjà accès au réseau d'eau, vous m'avez compris ?
08:31Oui, mais ce n'est pas vrai.
08:34Ça, ce n'est pas vrai parce que moi je reçois tous les jours des téléphones
08:38et des témoignages des gens qui me disent que ça fait 4 ou 5 jours qu'ils n'ont pas d'eau.
08:42Quelle est la situation concernant l'électricité ?
08:45L'électricité, c'est pareil.
08:47Il y a des communes qui sont à 5% de l'électricité.
08:53Il y en a d'autres qui sont à 70%.
08:55Donc c'est variable.
08:56Pour l'instant, parce que...
08:58Monsieur Calvi, il faut bien mesurer ce qui se passe à Mayotte.
09:03On est en train de dire qu'on aurait pu, on aurait pu, mais...
09:07Le gros problème aujourd'hui, c'est le sous-investissement de l'État depuis des années et des années à Mayotte.
09:14L'électricité, aujourd'hui, si l'électricité était enfouie, on n'aurait pas eu ce problème-là.
09:21Si on avait construit les réseaux d'eau, on n'aurait pas eu le choléra l'année dernière.
09:27Si on avait fait les écoles suffisamment, peut-être qu'on n'aurait pas eu tout ça.
09:35Le gros problème, c'est le sous-investissement depuis des années à Mayotte.
09:38Monsieur le sénateur, vous êtes en train de décrire tout simplement une France qui est abandonnée.
09:44Un morceau de France qui est abandonné, je vous ai bien compris.
09:47Exactement, monsieur Calvi, c'est une France abandonnée, c'est ça.
09:51Merci en tout cas infiniment Saïd Omar Waili d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
09:56Sénateur de Mayotte, et je comprends aussi que vous attendez de PFR notre Premier ministre,
10:00qui est censé arriver sur place dimanche.
10:02Bonne soirée à vous, merci beaucoup.
10:05Dans quelques minutes, nous allons grimper dans un immeuble de 15 étages, sans ascenseur.
10:09Enfin, avec un ascenseur en panne, et ça n'en finit pas.
10:12On fera le point sur place, ça se joue dans une tour de Marseille.
10:19RTL Soir
10:21Yves Calvi et Sébastien Roxel

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