• il y a 9 mois
À la veille de l'annonce officielle du déficit et au lendemain de sa réélection à la tête du MoDem, écoutez l'interview de François Bayrou, maire de Pau et Haut-Commissaire au Plan.
Regardez L'invité de RTL du 25 mars 2024 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44, il vient d'être réélu ce week-end à la tête du Modem. Amandine Bégaud, vous recevez aujourd'hui François Bayrou.
00:12 François Bayrou en direct avec nous depuis Pau. On connaîtra demain à cette même heure le chiffre exact du déficit public pour l'année
00:20 2023 a priori. On le dit depuis plusieurs jours maintenant ce sera au-delà des 5%
00:25 5,6, 5,7 en tout cas loin des 4,9% initialement prévus par le gouvernement.
00:30 Est-ce qu'il ne va pas falloir un moment ou un autre songer à augmenter les impôts ?
00:35 C'est une situation qui est en effet nouvelle qui est la conséquence
00:42 directe, on oublie souvent de le dire, des chocs différents que nous avons eus. Le Covid est un choc
00:48 très important et la guerre en Ukraine est un choc très important.
00:53 Guerre en Ukraine qui a provoqué une crise énergétique, une inflation, tout ce que nous savons et qui est en effet
00:59 une crise qui constitue une crise très importante pour nos économies. La question qui se pose c'est
01:08 comment peut-on équilibrer nos finances publiques le mieux possible,
01:14 mieux que nous ne le faisons à l'heure actuelle,
01:17 sans
01:19 casser la croissance, sans casser l'activité du pays.
01:22 Et j'ai été amené à dire ce week-end que pour nous
01:27 la question de l'activité, la question de l'investissement,
01:30 la question du renouvellement de l'économie française, elle était une question primordiale.
01:36 Sauf que pour investir François Bayrou il faut de l'argent.
01:39 Oui il faut de l'argent, il faut de l'argent, mais il faut d'abord savoir où nous mettons nos moyens.
01:48 Comment nous faisons ? Je vais prendre un exemple.
01:50 Le bruit court assez souvent que l'on va couper dans les budgets des collectivités locales.
01:58 À mon sens ce serait une erreur. Pourquoi ? Parce que les collectivités locales ce sont elles qui investissent.
02:05 Plus des trois quarts de l'investissement français, de l'équipement du pays,
02:10 il est réalisé par les collectivités locales. Il se trouve que
02:15 ce que l'on ne sait pas souvent, même parfois dans les cercles politiques influents,
02:22 c'est que les budgets des collectivités locales,
02:25 budget d'investissement, dépendent du budget de fonctionnement. Vous ne pouvez investir
02:31 que si vous avez ce qu'on appelle des excédents de fonctionnement.
02:36 Si au fond, à la fin de l'année, vous avez mis de l'argent de côté pour pouvoir
02:43 préparer les dépenses d'investissement
02:45 de l'année suivante.
02:48 Et ça ne peut se faire. Vous ne pouvez emprunter, une collectivité locale ne peut emprunter pour investir
02:56 que si elle a un très bon équilibre de son fonctionnement avec des bénéfices. Et tout ça, les élus locaux savent bien, il y a des chiffres,
03:05 des ratios comme on dit, qui permettent de savoir si vos investissements sont à la hauteur
03:13 de vos moyens. - Sauf que les collectivités, on est d'accord, François Bayrou, ça fait partie de ceux qu'on a peut-être un peu maltraité ces dernières années, non ?
03:20 - Non, je ne crois pas du tout. Je pense que les collectivités françaises, au contraire de ce qui se raconte généralement, ces dernières années, elles ont été absolument préservées.
03:29 Et il y a des plaintes ou des complaintes souvent,
03:33 elles sont mal fondées parce que les collectivités ont été garanties pendant cette année. C'était la promesse qu'avait faite
03:42 le président de la République. Depuis cette année, depuis sept, quatre et trois, depuis cette année,
03:48 les collectivités ont été absolument préservées dans leurs ressources. - Donc concrètement,
03:53 surtout ne pas couper les fonds, j'allais dire, pour les collectivités locales, c'est ce que vous nous dites ce matin.
03:59 - Entre autres. - Bon, les impôts, vous ne m'avez pas répondu, François Bayrou. - Moi, je pense qu'une discussion peut être ouverte.
04:06 Le ministre de l'économie et des finances
04:12 est maintenant en train de préparer ce budget de l'année prochaine. Je pense qu'un travail avec les parlementaires
04:20 qui, depuis des années, ont essayé d'explorer les pistes et de regarder de quelle manière on pouvait avoir
04:28 un meilleur équilibre, à la fois en situation de justice et
04:32 sans que l'image de la France,
04:35 qui permet d'attirer les investisseurs, soit
04:39 atteinte. Et vous voyez que de ce point de vue là, il y a une quadrature du cercle. Mais si vous me permettez
04:43 une phrase pour signaler quelque chose à quoi on ne pense pas, dont François Languay parle souvent.
04:49 Il se trouve que,
04:53 aujourd'hui, on est devant une situation nouvelle. Pourquoi ? Parce que les États-Unis ont adopté une politique économique depuis des années, depuis quatre ans au moins,
05:00 ou cinq ans,
05:01 une politique économique qui fait que
05:04 l'activité, l'investissement, la croissance ont atteint des sommets.
05:09 Puisque sur les quatre dernières années,
05:12 avec les mêmes contraintes que les nôtres,
05:15 les États-Unis ont eu deux fois ou deux fois et demi plus de croissance que nous n'avons. Pourquoi ? Parce que
05:22 l'ensemble des décideurs, et notamment la Banque Centrale Américaine,
05:27 ont décidé d'apporter tout leur soutien à l'activité de
05:34 relocaliser des activités dans le pays et même de conduire à partir de ces relocalisations une politique d'aménagement du territoire.
05:41 C'est-à-dire d'implanter ou de réimplanter des activités dans des lieux, par exemple les anciens places fortes de l'automobile américaine
05:50 qui étaient désertées. - En fait, vous nous dites il faut investir quoi qu'il en coûte, c'est ça ? - Je pense que,
05:56 oui, quoi qu'il en coûte est une expression risquée, mais
05:59 oui, je pense que la clé du développement
06:04 aujourd'hui, spécialement parce que les États-Unis sont dans cette situation.
06:07 - Mais vous avez toujours défendu
06:10 ardemment la question des finances publiques, la dette et la rigueur budgétaire.
06:15 - Et si on avait écouté à cette époque-là, au moment où en effet j'ai conduit ces campagnes,
06:19 on parle de 2007 en particulier sur la dette, on n'en serait pas là aujourd'hui. Mais le contexte mondial
06:29 est en train de changer. Et si, et on ne peut pas répondre au contexte mondial d'aujourd'hui
06:34 sans regarder les clés qui nous permettraient de projeter l'économie française dans l'avenir, l'économie européenne dans l'avenir,
06:42 parce que beaucoup de ces sujets sont
06:44 européens.
06:46 L'Allemagne s'est trouvée, en raison de la guerre d'Ukraine, toujours dans une crise profonde, puisqu'il dépendait du gaz russe
06:53 et qu'il dépendait des exportations qui le projetaient vers la Chine.
06:59 Et ces deux conditions, la Chine et le
07:03 gaz russe, ont si profondément changé, ont été bouleversées, qu'ils sont eux
07:09 dans une situation, du point de vue de la croissance, encore plus difficile que la nôtre.
07:15 Or, ils sont notre premier client et notre premier fournisseur.
07:19 - Je reviens juste d'un mot, François Bayrou, sur la question des impôts.
07:22 Vous dites "il faut que les parlementaires discutent". Est-ce que ça veut dire que...
07:27 - Les parlementaires et le gouvernement.
07:28 - Et le gouvernement discutent.
07:29 - Je pense qu'il est bon que, dans des moments de remise en cause profonde ou d'interrogation profonde,
07:34 il est bon que le gouvernement et les parlementaires s'assièrent autour de la table et qu'ils explorent
07:41 librement, en liberté...
07:44 - Par exemple, une taxe exceptionnelle sur les super profits ou les super dividendes, la présidente de l'Assemblée, Yael Broun-Pivet, a dit qu'elle était ouverte
07:50 au débat. Vous êtes favorable à ça ou pas ?
07:52 - Vous savez bien que notre groupe a proposé à l'Assemblée nationale, depuis déjà plusieurs exercices budgétaires,
08:01 qu'on explore cette voie-là.
08:03 Je pense que ça ne peut se faire que dans un contexte où on veut que l'économie française
08:09 soit projetée vers cet avenir que nous cherchons tous ensemble.
08:14 Et donc, dans ce cas-là, s'il y a des mesures de rééquilibrage, évidemment, il faut qu'elles aillent vers ceux qui
08:21 ont le plus de moyens, y compris le plus de moyens en fonction de la crise, sans casser l'image de la France.
08:28 Vous voyez cet équilibre-là.
08:30 - Et la réforme de l'assurance chômage, baisser les cotisations, plus baisser la durée d'indemnisation, vous y êtes favorable d'un mot ?
08:36 - Je pense que c'est...
08:38 Je ne crois pas que ce soit du côté des chômeurs qu'est la raison du chômage.
08:48 - On se trompe de combat ?
08:50 - Non, je ne veux pas dire ça. Je pense que toutes les deux approches sont à regarder.
08:57 C'est vrai qu'il y a parfois, on a le sentiment que, notamment des jeunes, préfèrent ne pas avoir d'emploi durable
09:07 pour vivre d'autres expériences de vie.
09:09 Ça existe aujourd'hui dans la société où nous sommes.
09:13 Mais je ne crois pas que les principaux responsables du chômage soient les chômeurs.
09:19 Mais surtout qu'un certain nombre d'entre eux, comme ça vient d'être dit dans la chronique économique,
09:25 surtout qu'un certain nombre d'entre eux ont perdu au fil du temps les compétences du travail.
09:31 Il faut donc les reformer.
09:33 Et cette question-là est sur la table de la réflexion.
09:38 Merci.
09:39 [SILENCE]

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