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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00Bonsoir à tous et bienvenue dans Face à l'info, nous sommes ensemble vous
00:00:04connaissez le rendez-vous pendant une heure et ce soir pour m'accompagner
00:00:07Françoise Laborde, bonsoir Françoise. Bonsoir, j'ai surmonté la maladie pour
00:00:11venir jusqu'à vous. Et vous êtes très gentille d'être restée. Si jamais j'ai des absences, mettez ça sur le compte de l'ACM.
00:00:18Écoutez, je vous jetterai un petit bout de papier dessus Françoise si vous ne répondez plus quand je vous interroge.
00:00:23Bonsoir à tous, Marc Menand qui est là aussi, bonsoir Marc et Paul Sujit, bonsoir les journalistes également.
00:00:32Évidemment on commence dans un instant mais d'abord l'actualité avec Maureen Vidal, bonsoir Maureen.
00:00:36Bonsoir Élodie, bonsoir à tous, à l'âne de l'actualité, le nombre de chômeurs en hausse de 1,43 % en novembre.
00:00:43Le ministère du travail a publié un nouveau rapport.
00:00:45Le mois novembre a été marqué par 44.400 inscriptions à France Travail, en plus que le mois précédent.
00:00:51A la mi-décembre, l'INSEE a estimé que le taux de chômage devrait passer de 7,4 à 7,6% de la population active d'ici à la mi-2025.
00:00:59L'aéroport de Sanaa au Yémen, touché par des frappes israéliennes, Benyamin Netanyahou a certifié que son pays continuerait à frapper les rebelles Houthis jusqu'à ce que le travail soit fini.
00:01:10Le patron de l'OMS se trouvait à l'aéroport. Il est sain et sauf. En revanche, trois personnes seraient décédées selon les rebelles Houthis.
00:01:16Le Hamas palestinien et l'Iran ont condamné ces frappes.
00:01:20Un responsable américain accuse un système antiaérien russe d'avoir frappé l'avion d'Azerbaïdjan Airlines hier au Kazakhstan.
00:01:26Sur 67 passagers, 38 sont décédés. Une enquête est toujours en cours. L'avion aurait survolé une zone du Caucase russe au moment de son crash.
00:01:35Merci beaucoup Maureen Vidal. Au sommaire de votre face à l'info ce soir, Gérald Darmanin d'abord.
00:01:41Il nous avait habitué en étant ministre de l'Intérieur. Un rythme d'expression et de déplacement soutenu.
00:01:47Il compte visiblement garder le même si l'on en croit ses premiers jours de garde des Sceaux.
00:01:51Hier, en déplacement dans un tribunal et une prison. Deux micro-tendus face à la presse. Un déplacement la semaine prochaine à Marseille.
00:01:57On reviendra avec vous, Françoise Laborde, sur les débuts de Gérald Darmanin dans ses nouveaux habits et sur les nombreux défis à relever avec peu de moyens et peut-être peu de temps.
00:02:06On continuera sur la politique avec vous. Paul Sujit, un gouvernement nommé peu avant Noël.
00:02:11Ça n'est pas forcément le meilleur moment pour faire parler de soi et on voit clairement deux ambiances au sein de ce gouvernement.
00:02:16Un ministre très présent, on vient de le dire, et les autres assez discrets pour l'instant.
00:02:21Certains profitent sans doute comme les Français d'un peu de temps en famille.
00:02:24Un bon moyen aussi peut-être d'éviter les bourdes avant le premier Conseil des ministres qui aura lieu dans une semaine.
00:02:29Il est toujours important de parler de nos héros du quotidien. On essaye de le faire le plus souvent, vous le savez, sur cette antenne.
00:02:35Et avec vous, Marc Menand, on va parler ce soir de la sécurité civile qui mobilise quelques 2500 hommes et femmes, des moyens matériels, terrestres, aériens sur tous les fronts.
00:02:44Aidé évidemment par les quelques 250 000 pompiers-renforts éventuels, elle réalise un travail incroyable en ce moment même à Mayotte.
00:02:51Vous allez revenir pour nous, Marc, sur leur mission et leur réussite.
00:02:55Il y a 20 ans, vous vous en souvenez sans doute à 7h58, précisément un tsunami déferlait sur l'Indonésie notamment,
00:03:01mais aussi sur les côtes du Sri Lanka, le sud de l'Inde et l'ouest de la Thaïlande.
00:03:04Plus de 250 000 morts, environ 125 000 blessés, plus d'un million et demi de déplacés.
00:03:09Une tragédie qui a forcé les autorités et les populations à mieux appréhender ces phénomènes
00:03:13et qui a poussé aussi à repenser la stratégie de surveillance, d'alerte et de préparation des populations.
00:03:19On en parlera avec vous, Najwa El Haïté, face à l'info, c'est parti.
00:03:34Je vous le disais, on commence en parlant politique et notamment de Gérald Darmanin avec vous.
00:03:39Françoise Laborde, un démarrage en fanfare, beaucoup de déplacements, beaucoup d'expressions devant la presse,
00:03:44on l'a déjà vu, il est aux affaires, Gérald Darmanin.
00:03:46À ça, on ne risque pas de le manquer.
00:03:48Si on vit dans un igloo ou si on est au fond de son lit, même avec une couette, on se rend compte qu'il est partout.
00:03:53Même malade, vous savez qu'il est partout.
00:03:55Même malade, j'y vais passer.
00:03:57Voilà, il est partout.
00:03:59Ça vous a donné le lien.
00:04:01Hier, il était à Amiens, il est allé en cours, après il va aller à Marseille, etc.
00:04:05Bon, c'est le style Darmanin, on n'est pas complètement surpris.
00:04:08Moi, ce qui m'étonne quand même un peu, c'est qu'il n'a pas attendu le premier conseil des ministres du 3 janvier,
00:04:13il n'a pas attendu le discours de politique générale de François Bayrou.
00:04:16Pour faire déjà toutes les annonces.
00:04:18Voilà, pour dire exactement quel était son programme.
00:04:20Est-ce que le Premier ministre, au bout d'un moment, ne va pas s'agacer d'avoir un ministre de la justice qui prend autant de place ?
00:04:28C'est une première question.
00:04:30Pendant son déplacement, il a rappelé évidemment ses priorités, le budget.
00:04:34Le budget, mes pauvres, ça va être quand même compliqué.
00:04:38Parce que Didier Migaud s'était vu réduire son budget de 500 000 euros.
00:04:44Et il était arrivé à en sauver 250.
00:04:48Paul me regarde en fronçant les sourcils.
00:04:50Il n'en est pas d'accord.
00:04:52Parce que c'est en millions.
00:04:54Je savais que la maladie m'avait arrêté.
00:04:58Merci Paul.
00:05:00Vous m'avez sauvé d'une honte absolue.
00:05:02Il est arrivé à en être au stade où on migote par centaines de milliers d'euros.
00:05:06Et il est arrivé à en sauver 250 millions.
00:05:10L'idée, c'est de savoir s'il va pouvoir faire aussi bien, voire mieux.
00:05:14Parce qu'évidemment, le budget qui est réduit, ce n'est pas une bonne chose.
00:05:20Il a aussi dit qu'il fallait dégager des nouvelles places de prison.
00:05:24L'idée, vous savez ce qu'il a évoqué, c'est des prisons à taille humaine, moins de gros bazar, etc.
00:05:30Peut-être en ville, qui seraient plus proches de maisons d'arrêt, de redressement pour des peines courtes.
00:05:36Mais qui ne mériteraient pas qu'on ait un dispositif absolument énorme.
00:05:40Pourquoi pas, encore faut-il pouvoir les financer.
00:05:44Je ne sais pas si vous vous rappelez, il y a quelques années, il y avait même un député qui avait eu l'idée de privatiser les prisons.
00:05:50Sauf qu'en France, quand on a des grandes sociétés qui se mettent à gérer le domaine public,
00:05:54que ce soit dans les cliniques ou dans les prisons, on n'est pas sûr que ça marche à tous les coups.
00:05:58Ça, c'était mon observation personnelle.
00:06:00Et les EHPAD.
00:06:02Aujourd'hui, il y a 80 000 détenus en prison.
00:06:06Vous me corrigez.
00:06:0880 000 000, ça ferait beaucoup.
00:06:12Pour 60 000 places.
00:06:14Et il y a 25% de détenus d'origine étrangère.
00:06:20Donc c'est vrai que si on diminuait déjà cette population, ça irait mieux.
00:06:26Et puis, il a beaucoup insisté, ça c'est intéressant aussi, sur l'idée de nettoyer les prisons.
00:06:32Vous savez que c'est le gros problème, on l'a vu tout récemment avec ce narcotrafiquant
00:06:38qui depuis sa prison continue à faire son petit business.
00:06:42Les téléphones portables, mais aussi une forme de corruption.
00:06:46Parce que les narcotrafiquants, ils ont tellement d'argent,
00:06:48qu'évidemment quand on est gardien de prison, on sait qu'il y a eu des cas aussi avec des griffiers.
00:06:54Il veut s'attaquer à tout ça et il veut mettre en avant le statut des victimes.
00:07:06Donc c'est évidemment formidable quand on l'écoute.
00:07:10L'inconvénient des annonces, c'est précisément que ce sont des annonces.
00:07:14Donc il veut mettre en avant le statut des victimes plutôt que celui des délinquants.
00:07:20Suivez mon regard, c'est un petit coup de patte à un de ses prédécesseurs, notamment Dupond-Moretti.
00:07:26Mais on l'a vu encore tout récemment avec l'école saccagée à Beauvais,
00:07:30avec les rappeurs qui ont trouvé intelligent absolument de balancer des mortiers d'artifice sur les policiers.
00:07:42Donc ça va être quand même extrêmement difficile.
00:07:46Et il ne faudrait pas que les Français soient très contents quand on leur annonce des choses,
00:07:51mais ils sont encore plus contents quand on passe de la promesse aux actes.
00:07:54Et donc annoncer beaucoup, c'est aussi susciter beaucoup d'espoir.
00:07:58Et on voit aussi qu'il y a deux caractères différents entre Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur,
00:08:03et Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, nouveau ministre de la Justice.
00:08:06Alors c'est en effet le jour et la nuit.
00:08:09Bruno Retailleau, c'est un fillonniste austère qui communique juste à Bonnessiant.
00:08:16D'ailleurs on ne l'a pas entendu, et on ne l'a pas entendu pour une raison très simple.
00:08:19Il fête Noël, il respecte la trêve de Noël.
00:08:21D'ailleurs je crois qu'il s'est rendu à Notre-Dame pour la messe de Noël.
00:08:25Donc il considère qu'il n'a pas besoin de s'agiter dans tous les sens, si je puis dire.
00:08:32Donc c'est vraiment dans cette ligne-là de la droite catholique qui se tient bien,
00:08:38et qui trouve que ce n'est pas la peine de parler très fort.
00:08:41Et puis Darmanin, c'est la droite sarkoziste.
00:08:43Donc évidemment on fait des événements, on est très actifs.
00:08:47Un déplacement par jour sinon c'est une journée de perdu.
00:08:49Des déplacements par jour, les caméras, les trucs, les machins.
00:08:51Donc c'est vraiment deux écoles complètement différentes.
00:08:53Alors on peut se dire, après tout, pourquoi pas, ça peut marcher.
00:08:57Peut-être que Retailleau, ça ne le dérange pas d'avoir un ministre de la Justice qui occupe le terrain,
00:09:01et que lui, de son côté, préfère autre chose.
00:09:03Et que Darmanin, il peut respecter un peu le précaré de Retailleau.
00:09:06Pourquoi pas ?
00:09:08La difficulté, c'est qu'il y a quand même beaucoup de dossiers un peu croisés.
00:09:12C'est-à-dire que quand on est ministre de la Justice,
00:09:14alors l'avantage c'est qu'il connaît tout, de la procédure, en tant que ministre de l'Intérieur,
00:09:19de comment on arrête les délinquants, comment fonctionnent les officiers de police judiciaire, etc.
00:09:23Ça, ça dépend de lui.
00:09:24Mais en même temps, il ne faudrait pas qu'il empiète non plus sur le dossier de son camarade de l'Intérieur.
00:09:30Donc ça, c'est le point important.
00:09:32Le deuxième point important, c'est que, comment dire...
00:09:37Gérald Darmanin, quand il était à l'Intérieur,
00:09:39il est quand même habitué à avoir, j'allais dire, des bataillons de fonctionnaires
00:09:43qui obéissent, qui sont aux ordres, qui ont le doigt sur la couture du pantalon,
00:09:46qui disent oui, monsieur le ministre, et qui appliquent les consignes qu'on leur donne.
00:09:49La Justice, ça ne se passe pas du tout, du tout, du tout, du tout comme ça.
00:09:52Et on l'a vu dès sa prise de fonction, d'ailleurs. Ce n'était pas le même accueil.
00:09:54Non, le magistrat est vite agacé.
00:09:57Rappelez-vous, d'ailleurs, même à l'arrivée de Dupont-Moretti,
00:10:00ils avaient trouvé que, comme il avait des histoires de conflits d'intérêts, etc.,
00:10:05ils avaient trouvé que, franchement, il n'allait pas forcément passer un très bon moment à la Justice.
00:10:10Donc, il ne faut pas les prendre de façon trop violente.
00:10:15Bien sûr, le ministre de la Justice peut donner des consignes.
00:10:20C'est ce qu'il va faire, mais au juge du parquet, au juge du siège.
00:10:23Au juge du parquet, il ne peut pas s'adresser au magistrat.
00:10:26Donc, il faut préserver l'indépendance de la Justice.
00:10:30Le seul organe de tutelle sur lequel il peut éventuellement s'adresser ou discuter,
00:10:36c'est le Conseil supérieur de la magistrature.
00:10:39Bon, pour l'instant, on ne l'entend pas beaucoup.
00:10:41On entend plus le syndicat de la magistrature que le Conseil supérieur de la magistrature.
00:10:45Ça peut être un outil.
00:10:46De toute façon, il a dit qu'il allait rencontrer tout le monde dont acte.
00:10:50On espère en tout cas que ce tandem, ce duo, va pouvoir fonctionner
00:10:56parce qu'il en va quand même de l'intérêt supérieur de la nation.
00:10:59Après tout, c'est ça qui compte.
00:11:00Effectivement.
00:11:01Est-ce qu'on peut dire que dans ces nouvelles missions,
00:11:03il est possible que Gérald Darmanin soit obligé d'apprendre aussi à gérer sa frustration ?
00:11:08C'est un peu le problème.
00:11:10C'est un peu le souci.
00:11:12Enfin, le souci.
00:11:13Encore une fois, quand on est ministre de la Justice,
00:11:16c'est assez rigolo parce qu'au moment de la passation de pouvoir,
00:11:19Didier Migaud lui a dit que le ministre de la Justice,
00:11:21c'est le ministre qui s'abserve de toutes déclarations.
00:11:24C'est un peu raté, déjà.
00:11:26Mais Migaud, il était comme ça.
00:11:28Il parlait très très peu.
00:11:29Il était dans la retenue.
00:11:30Il faisait assez peu de déclarations.
00:11:32Darmanin, ce n'est pas du tout son caractère.
00:11:34C'est sa tasse de thé.
00:11:35Est-ce que, comme les adolescents, il va devoir apprendre à gérer sa frustration,
00:11:39c'est-à-dire à rester dans son précaré après avoir parlé à Toré à travers ?
00:11:42Ça ne marche pas toujours très bien chez les adolescents.
00:11:43Chez Gérald Darmanin, on ne sait pas.
00:11:45En tout cas, je pense que ça fait partie de l'équation personnelle de Gérald Darmanin.
00:11:51Il y a beaucoup de dossiers sur lesquels la justice est attendue.
00:11:54C'est un dossier extrêmement important.
00:11:56On revient encore régulièrement sur l'exception de minorités dans certains cas, etc.
00:12:02Ce sont des dossiers qui doivent être maniés avec doigté.
00:12:06Il faut qu'en effet, Gérald Darmanin apprenne le charme du dialogue,
00:12:12de la diplomatie et parfois du silence.
00:12:15Merci beaucoup Françoise Laborde, Paul Sujet.
00:12:17Effectivement, on voit un Gérald Darmanin fidèle à sa méthode, déjà sur le terrain.
00:12:22Et c'est vrai que quand on l'entend hier, il s'est exprimé à deux reprises devant la presse.
00:12:25Si vous ne mettez pas son santé avec le titre, on ne sait pas s'il est encore mis en intérieur,
00:12:29mis sous la justice.
00:12:30On voit que les sujets, il veut un peu tous les récupérer quand même.
00:12:33La mise en garde que lui fait d'ailleurs Didier Migaud, le no comment,
00:12:36c'est aussi une allusion au moment où Gérald Darmanin a pris la parole
00:12:40au sujet des réquisitions dans le procès de Marine Le Pen.
00:12:43Il a été un des rares politiques à la soutenir en disant que l'idée d'une peine
00:12:48dont l'exécution serait immédiate malgré l'appel, c'est-à-dire l'appel n'étant pas
00:12:52suspensif d'une possible peine d'inéligibilité.
00:12:55Gérald Darmanin a dit que ce serait scandaleux.
00:12:57Didier Migaud, d'ailleurs qui avait été cuisiné sur cette antenne par Sonia Mabrouk,
00:13:00on s'en souvient, sur le sujet, s'était obstinément refusé à tout commentaire
00:13:05en disant, et c'est vrai, c'est le rôle du garde des Sceaux, la justice fait son travail,
00:13:08je n'ai pas à me prononcer sur ce que font mes magistrats.
00:13:11Et donc là, Didier Migaud lui fait une allusion plus ou moins discrète là-dessus
00:13:15en disant qu'il va falloir apprendre à ne plus commenter de décisions de justice.
00:13:19Ça c'est une certitude.
00:13:20À ne plus dire que les peines ne sont pas assez appliquées, notamment par exemple.
00:13:23Quand il commande des affaires, ce qu'il faisait souvent quand il était ministre de l'Intérieur.
00:13:27Mais ça, à la limite, Gérald Darmanin, c'est aussi pour ça qu'il est nommé.
00:13:30C'est-à-dire que c'est parce qu'en tant que ministre de l'Intérieur,
00:13:32il avait une vision aussi sur ce que pouvait faire la justice
00:13:35ou ce que devait faire la justice pour compléter la chaîne de répression.
00:13:39Et ça, c'est précisément parce qu'il avait ces vues-là,
00:13:41parce qu'il avait théorisé notamment cette inefficacité, cette lenteur de la justice,
00:13:44que probablement il a été placé à ce poste.
00:13:47Donc il arrive avec une feuille de route, ça c'est normal.
00:13:49En revanche, effectivement, les commentaires sur les affaires en cours,
00:13:52ce sera un peu plus compliqué.
00:13:53Et Gérald Darmanin, vous avez raison Françoise de le dire,
00:13:56c'est effectivement quelqu'un qui est habitué à l'exercice du commentaire politique.
00:14:01Au-delà de son omniprésence médiatique, c'est quelqu'un qui a un avis sur tout.
00:14:06Et là, il va devoir certainement apprendre un peu plus de distance.
00:14:09Après, c'est vrai que le premier, voire peut-être le seul chantier
00:14:14qu'il va devoir véritablement mettre en œuvre,
00:14:16s'il veut avoir dans la poche les syndicats de magistrats,
00:14:19c'est la question des moyens alloués à la justice.
00:14:21Et là, on va avoir d'autres problèmes, c'est que vous faites un gouvernement
00:14:23avec des poids lourds politiques, des personnalités, des grandes gueules,
00:14:26forcément, ils vont tous vouloir tirer la couverture à eux.
00:14:29Ils vont tous se presser, notamment Chamélie de Montchalin,
00:14:31ministre des Comptes publics, que Darmanin voit demain d'ailleurs.
00:14:35Il va voir arriver tout le monde avec une liste de revendications.
00:14:37Et là, il n'est pas certain qu'on soit sur la même recherche de rigueur budgétaire
00:14:41que ce qu'on a connu avec Michel Barnier,
00:14:43qui a quasiment fixé ça comme objectif impérieux à tout son gouvernement.
00:14:46Najwa Laïté, c'est vrai que comme le disait aussi François,
00:14:48quand Gérald Darmanin est arrivé à l'intérieur,
00:14:50il avait été plutôt très bien accueilli, ou en tout cas,
00:14:52accueilli avec un a priori positif par les forces de l'ordre.
00:14:55Là, on voit que notamment le syndicat de la magistrature,
00:14:57qui certes, évidemment, ne compte pas pour seul,
00:15:01mais en tout cas parle très fort,
00:15:02on voit qu'il y a quand même un peu plus de méfiance à l'égard de Gérald Darmanin
00:15:05et surtout qu'il est véritablement attendu, comme le disait Paul,
00:15:08sur s'il veut, entre guillemets, se les mettre dans la poche,
00:15:10il va vraiment falloir leur donner des gages, et rapidement d'ailleurs.
00:15:13Tout à fait, le communiqué de presse du syndicat de la magistrature est très clair.
00:15:17Souvenez-vous ce que disait ce communiqué.
00:15:19Il disait, on a oublié de nommer le garde des Sceaux.
00:15:22Donc, véritable provocation.
00:15:24Parce que c'est vrai que quand l'ancien ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin,
00:15:31manifestait avec les forces de l'ordre,
00:15:34force est de constater que ça n'a pas plu aux magistrats.
00:15:37Ou quand l'ancien ministre de l'intérieur pointait du doigt le laxisme de la justice
00:15:44en disant, en gros, le problème, ce n'est pas la police, mais c'est la justice.
00:15:49Police partout, justice nulle part.
00:15:50Il va falloir se réconcilier, en tous les cas, avec les magistrats.
00:15:56Ensuite, une fois que j'ai dit ça, il arrive avec une feuille de route ambitieuse.
00:16:01Mais vous le rappeliez très justement, le nerf de la guerre, c'est le budget.
00:16:05C'est les finances.
00:16:06Je veux bien, et moi d'ailleurs, à chaque débat, je suis favorable à des peines d'emprisonnement
00:16:12avec des courtes peines.
00:16:14Mais le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de place en prison.
00:16:17Je rappelle aussi que la France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme
00:16:23par rapport à sa surpopulation carcérale.
00:16:27Vous avez 80 000 détenus pour 60 000 places avec des conditions d'hygiène scandaleuses.
00:16:35Les taux de surpopulation carcérale sont malheureusement totalement délirants.
00:16:39On avait notamment été tourné à la prison de Montpellier.
00:16:41C'est hallucinant les scènes qu'on voit.
00:16:42Complètement.
00:16:43On peut citer l'exemple notamment de la maison d'arrêt de Bois d'Arcy
00:16:48qui a été condamnée par le tribunal administratif pour des conditions d'hygiène, même de dignité.
00:16:55Il n'y a pas de dignité dans les cellules.
00:16:57Quand vous voyez qu'il y a 5 détenus dans une cellule de 8-9m2, où est la dignité ?
00:17:06Donc oui, il y a ces annonces-là, mais il faut que ce soit suivi des faits.
00:17:10Et au-delà de ça, il faut que ce gouvernement, et je l'espère de tout cœur, dure.
00:17:15Oui, ça donne déjà aussi un autre problème à prendre en compte.
00:17:18Tout change dans la justice en deux mois.
00:17:21Il faut plus que deux mois, et preuve en est, c'est que malgré un budget de la justice
00:17:28qui a vraiment historiquement augmenté avec l'ancien ministre de la Justice, M. Eric Dupond-Moretti,
00:17:34où on a pu constater une augmentation du budget de 8% chaque année pendant qu'il était ministre.
00:17:43C'est historique.
00:17:45Et pourtant, à aujourd'hui encore, il manque des magistrats, il manque des greffiers,
00:17:52et donc la justice encore souffre.
00:17:55Donc la feuille de route est certes ambitieuse, mais je le rappelle, le nerf de la guerre, c'est le budget.
00:18:02Donc espérons que les 500 millions qui manquent, parce qu'en effet l'ancien ministre a réussi à sauver 250 millions,
00:18:10j'espère qu'il réussira à ce que les 250 millions manquants pour arriver à 500 millions soient au rendez-vous.
00:18:21En tous les cas, on le verra.
00:18:23Marc Menon, effectivement la question du budget est centrale.
00:18:25C'est pour ça que Gérald Darmanin disait que son premier rendez-vous officiel
00:18:28serait avec la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin,
00:18:31parce que comme on le dit depuis tout à l'heure autour de ce plateau,
00:18:33avoir une volonté politique, y compris pour la justice, c'est bienvenu.
00:18:36Avoir un tandem intérieur-justice qui s'entende bien, c'est parfait.
00:18:39Le problème, c'est que de toute façon, s'il n'y a pas les moyens nécessaires pour rattraper un certain retard,
00:18:44et si on veut être ambitieux, il en faut encore plus,
00:18:46de toute façon, les belles paroles ne serviront pas à grand-chose.
00:18:49Ça fait plaisir aux Français quand ils les entendent,
00:18:51et comme le disait Françoise, quand on voit que les promesses ne sont pas tenues, ça agace encore plus.
00:18:54Disons que c'est le ministre de la Justice qui tente un hold-up,
00:18:58car il est le premier à aller rencontrer celle qui détient la bourse.
00:19:02Et ça, c'est habile de son côté, parce qu'il l'obligera à prendre certains engagements.
00:19:08Ce qui est intéressant, c'est qu'il ne pourra jamais obtenir qui est le plus de greffier,
00:19:13qui est le plus de ceci, qui est le plus de cela.
00:19:15L'avantage de son expérience au niveau du ministère de l'Intérieur,
00:19:21quand il y a une enquête, vous avez la police, et puis après, le dossier passe au juge d'instruction.
00:19:27Il connaît tous les rouages, toute la paperasse,
00:19:30et à partir de là, il est peut-être capable, dans les différents rouages,
00:19:35de déceler ceux qui sont véritablement en excédent,
00:19:38et de dire qu'il y a 14 étapes, avec 2 étapes, ça suffirait.
00:19:45De la même façon, dans son désir d'aménager une justice qui ne soit pas cette justice,
00:19:54comme il le dit, la même pour tout le monde, sans avoir le sens des nuances,
00:20:00les juges d'application des peines,
00:20:03il pourra sans doute peut-être trouver la manière de dialoguer avec eux.
00:20:07Mais au-delà de tout, est-ce qu'il est raisonnable qu'un État se dise
00:20:12que la justice doit régler les problèmes de délinquance ?
00:20:17Est-ce que la justice, donc le coup de massue, est le point crucial
00:20:22qui doit permettre à un État de vivre dans la citoyenneté, dans la civilité ?
00:20:27Est-ce qu'on doit attendre la sanction ?
00:20:29Attendre la sanction. Est-ce qu'il n'y aurait pas, et là c'est en amont,
00:20:33et ça ne dépend plus du ministère de la Justice,
00:20:36de la recréation de centres que l'on appelait à une époque...
00:20:39Mais ça c'est la politique de la ville qui a dépensé des millions depuis des années
00:20:43et qui ne fonctionne absolument pas.
00:20:45Non mais elle ne fonctionne pas, mais il faudrait peut-être qu'elle fonctionne.
00:20:48Il faudrait peut-être revoir quand tu étais jeune, tu avais les centres de redressement
00:20:52où on mettait des enfants quand ils...
00:20:54Non, je ne suis pas allée, merci !
00:20:56Je ne t'ai pas dit, j'ai dit qu'il y avait !
00:20:59On n'a pas dit... Tu as oui dit !
00:21:01Pas de diffamation, Marc, sur ce plateau.
00:21:03Et à partir de là, on essayait de faire en sorte que le gamin qui était en glissade
00:21:08puisse s'attraper à un point de repère et retrouve la bonne direction.
00:21:13Mais ça ce n'est pas la justice, pardon.
00:21:15C'est l'éducation nationale.
00:21:17C'est l'éducation nationale qui a détruit ce système en inventant la carte scolaire.
00:21:21Parce qu'avant qu'il y ait la carte scolaire,
00:21:23les enfants allaient dans des établissements en fonction de leurs bons résultats.
00:21:28Quand on était un bon élève, on allait dans un bon lycée.
00:21:31Quand on était un mauvais élève, évidemment, c'était moins bien.
00:21:33Mais la carte scolaire a détruit ça.
00:21:35C'est-à-dire que maintenant, qu'on soit bon ou mauvais, on va à l'école de son quartier.
00:21:38Et donc si on est entouré de délinquants, on fréquente les délinquants.
00:21:41Oui, mais ce que je veux dire, dans les quartiers,
00:21:43vous avez les gamins qui sont happés dans les trafics de drogue
00:21:46dès l'âge de 10 ans, 12 ans.
00:21:48On ne va pas attendre qu'ils aillent en taule pour dire qu'on s'intéresse enfin à eux.
00:21:52Quand ils y arrivent, c'est un peu trop tard.
00:21:54Cela dit, la réflexion de Gérald Darmanin sur la question de la courte peine,
00:21:57moi je la trouve intéressante malgré tout.
00:21:59Parce que c'est vrai que c'est un raisonnement qui dit finalement
00:22:01tant qu'on n'est pas condamné pour un crime ou en tout cas un délit très grave,
00:22:06on ne va pas en prison.
00:22:08Tous les aménagements de peine en dessous d'une peine de deux ans de prison,
00:22:12c'est quelque chose qui fait que la sanction n'arrive jamais.
00:22:17Elle se retarde, elle se retarde.
00:22:18Et donc il y a un parcours de délinquance qui se crée.
00:22:20Donc vous avez évidemment raison, Marc, sur l'éducation,
00:22:23le sursaut civique qu'il faudrait pour prévenir la délinquance en amont.
00:22:26Et des centres d'accueil pour ces gamins qui sont paumés.
00:22:29En tout cas, l'idée d'une sévérité qui s'applique dès la première faute,
00:22:32je crois qu'il y a quand même là matière à réflexion.
00:22:34Et c'est vrai que ça fait partie des sujets sur lesquels la justice est particulièrement inefficace.
00:22:38Le dernier mot Marc, on passe à l'édito de Paul.
00:22:40Il serait bon qu'il suggère, alors je ne sais pas si c'est le ministère de l'Éducation nationale,
00:22:48à un point de notre société qu'il y ait cette réflexion
00:22:52sur ce nombre de gamins qui sont de plus en plus nombreux
00:22:55et qui malheureusement aujourd'hui n'ont aucun avenir.
00:22:58Il faut les rattraper avant qu'ils soient dans la situation de la noyade.
00:23:02C'est ça que je dis.
00:23:03Où sont les parents ?
00:23:05Il y a la responsabilité aussi des parents parce que je veux bien qu'on dise...
00:23:09Un mot parce qu'il faut qu'on passe à l'édito de Paul.
00:23:10Je veux bien qu'on dise, c'est le rôle de l'éducation nationale mais le rôle de l'éducation...
00:23:14Je n'ai pas dit...
00:23:15C'est d'instruire, voilà.
00:23:16C'est pour ça que je dis des centres de redressement puisque là ce sont des parents qui sont faillibles
00:23:24et qui sont incapables...
00:23:25Et des missionnaires.
00:23:26Voilà, des missionnaires.
00:23:27On va passer à votre édito Paul Sujit pour prolonger d'ailleurs celui de Françoise
00:23:31puisque ce gouvernement a été nommé quand même en pleine fête de Noël.
00:23:34Ce n'est pas le meilleur moment pour se faire remarquer quand les Français pensent à autre chose
00:23:37mais on le voyait quand même, certains arrivent à tirer leur épingle du jeu.
00:23:40Oui, c'est la stratégie de la carte postale.
00:23:43C'est encore la carte de vœux même si elles vont bientôt venir.
00:23:45Certaines sont déjà arrivées.
00:23:47Ah oui, vous avez commencé les vôtres ?
00:23:49Non, j'en ai reçu, je n'en vois pas.
00:23:51Pas le courage.
00:23:52Non, la carte postale, voilà, on n'est pas dans une période de grande attention politique
00:23:57et de fait, la période qui vient de se passer, je pense, à mon avis, a été marquante
00:24:02pour l'espèce de lassitude démocratique.
00:24:04C'est-à-dire qu'il y avait une telle suite de péripéties politiques
00:24:09que très probablement beaucoup ont décroché.
00:24:12Mais les ministres qui veulent peser politiquement envoient ces petites cartes postales
00:24:16pour se rappeler aux bons souvenirs des Français.
00:24:18Alors évidemment, vous me voyez venir, Gérald Darmanin, on n'est plus à une carte postale,
00:24:21c'est carrément un police 6 mois avec accusé de réception
00:24:24qu'il est venu déposer lui-même au pied de votre sapin
00:24:27pour être bien certain le 25 décembre après-midi,
00:24:29une fois passée la sieste qui vient généralement après le déjeuner de famille de Noël.
00:24:34Il a attendu la digestion pour le micro-tendu, c'est parfait.
00:24:36Voilà, vous regardez lassivement la télé en fin de journée et vous ne voyez que lui.
00:24:40Et d'ailleurs, on ne fait que parler de lui tout au long de la fin de la semaine.
00:24:44Donc évidemment, Gérald Darmanin, il faut le comprendre aussi qu'il trépignait
00:24:493 mois loin de son ministère, 3 mois sans les micro-tendus,
00:24:53les breaking news sur les chaînes d'information.
00:24:55Attention, taisez-vous tous, Gérald Darmanin parle !
00:24:59Forcément, ça le chatouillait un petit peu.
00:25:01Je sens qu'on vous a fait le coup trop de fois, Paul.
00:25:03En tout cas, on peut comprendre qu'il était pressé,
00:25:06puis il a gardé les mêmes équipes.
00:25:08C'est toujours pour les journées, ce qu'il fréquente un peu,
00:25:10ce Kamel Amérouche, fidèle communicant politique de Gérald Darmanin
00:25:14qui monte tout ça avec une précision d'orfèvre.
00:25:18Vous voyez, il était rodé des équipes de communication
00:25:21qui étaient prêtes à soutenir très rapidement l'effort.
00:25:24Donc voilà, ça le chatouillait, ça le démangeait.
00:25:27Mais il n'a pas été de fait le seul à vouloir envoyer quelques cartes postales.
00:25:34On a vu d'autres ministres.
00:25:36Alors notamment, je suis désolé Élodie, ça va tomber sur vous,
00:25:38mais un qui est tombé sur votre émission.
00:25:40Vous avez interrogé en direct.
00:25:41Je n'y étais strictement pour rien.
00:25:42Voilà, c'était Philippe Tabarro, nouveau ministre des Transports,
00:25:45ancien sénateur LR, qui réagissait à chaud à ce drame
00:25:49qui s'est produit le soir de Noël.
00:25:51Un conducteur de TGV qui s'est suicidé
00:25:53et qui a donc, par son geste, non seulement, évidemment,
00:25:56provoqué l'immobilisation de son train,
00:25:58heureusement sans faire de blessés, puisque les TGV sont ainsi faits
00:26:01que dès que le conducteur arrête d'appuyer sur les manettes,
00:26:04le TGV s'arrête.
00:26:05Ça a aussi provoqué un certain nombre de retards.
00:26:07Et donc, c'était une des rares actualités du matin de Noël.
00:26:10Il fallait que, en tout cas, c'est ce qu'il s'est dit,
00:26:13il fallait que le ministre des Transports réagisse.
00:26:15Bon, il aurait peut-être mieux valu pour Philippe Tabarro
00:26:19qu'il reste un peu plus longtemps à table avec sa famille
00:26:21autour d'une tablée d'huîtres.
00:26:23C'était avant l'heure du repas, c'est pour ça qu'il était disponible, peut-être.
00:26:26C'était pour ça.
00:26:27Alors, il était désoeuvré pendant que les gens ouvraient les huîtres chez lui.
00:26:30Il ne savait pas quoi faire.
00:26:31Bon, mais il aurait peut-être mieux valu qu'il s'abstienne,
00:26:33parce que c'est vrai que quand on n'a pas encore l'expérience
00:26:35de la communication de crise,
00:26:37et qu'on n'est pas forcément entouré de médias traineurs
00:26:40qui savent dire exactement les bons éléments de langage,
00:26:42on finit par dire un peu n'importe quoi en direct.
00:26:44Et c'est vrai que vous avez assisté à l'interview que vous avez conduite avec lui.
00:26:47C'était un peu un naufrage.
00:26:49Le ministre qui n'a quasiment pas eu un mot de compassion
00:26:51pour l'un de ses cheminots.
00:26:53À la base, c'est quand même un agent de la SNCF qui s'est suicidé.
00:26:57Et c'est d'abord un drame.
00:26:58Il n'a quasiment pas eu un mot de compassion pour cette personne.
00:27:01Et puis par ailleurs, il s'est réjoui à voix haute
00:27:04que ce cheminot n'ait pas eu l'idée de saugrenu
00:27:06de vouloir provoquer une catastrophe mortelle.
00:27:09Et ça, c'est vrai qu'on peut comprendre son soulagement,
00:27:12mais il y a quand même des choses qu'on ne dit pas.
00:27:14Et dans ces cas-là, il vaut mieux garder ce genre de soulagement pour soi.
00:27:17On ne souhaite qu'une chose à Philippe Tabarro,
00:27:20c'est que le Père Noël, dans sa grande bonté,
00:27:22lui mette au pied du sapin un très bon communicant
00:27:24qui saura l'aider à reprendre tout ça.
00:27:26C'est dommage parce qu'il avait quand même bien commencé, Philippe Tabarro.
00:27:28On s'était un peu amusé, vous savez, de le découvrir.
00:27:31Je crois que c'était au micro d'une chaîne concurrente,
00:27:33à moitié essoufflée dans la rue, en train d'expliquer
00:27:35qu'en fait il avait appris sa propre nomination à la télé.
00:27:38Et heureusement qu'il regardait les chaînes infos.
00:27:41Heureusement qu'il regardait les chaînes infos.
00:27:42François Bayrou avait tout simplement omis de lui mettre un petit SMS
00:27:45avant de lui dire finalement au fait, tu es bien au gouvernement.
00:27:47Bon, c'était la bonne surprise de Noël.
00:27:50Les bourdes de com' puisqu'on y vient,
00:27:52il y en a certaines qui ont été commises juste avant les fêtes.
00:27:55On se souvient notamment des bourdes à répétition de François Bayrou
00:27:58au sujet de Mayotte.
00:27:59Alors là, cette fois-ci, on tient le bon bout.
00:28:01François Bayrou essaye de conjurer le sort.
00:28:03D'abord en faisant discrètement envoyer à toutes les rédactions hier,
00:28:06donc encore une fois le 25 décembre, jour de Noël,
00:28:09un petit message pour dire qu'il était en pleine réunion à Pau,
00:28:12toujours à Pau en visioconférence, mais enfin en réunion quand même,
00:28:15au sujet de Mayotte.
00:28:16Signe qu'il prend le sujet très à cœur.
00:28:18Il commence déjà à regarder vers l'après.
00:28:19C'est la reconstruction maintenant qui l'intéresse.
00:28:21C'est pour ça qu'il réunissait notamment Éric Lombard,
00:28:23nouveau ministre de l'Économie, à ce sujet, ainsi que des entrepreneurs.
00:28:26Mayotte, justement, vous me voyez venir.
00:28:28Là, ça va être plus qu'une carte postale puisqu'il va y aller.
00:28:30Enfin, on lui avait reproché de ne pas y aller la semaine dernière
00:28:33au lendemain du cyclone.
00:28:35C'est d'ailleurs toujours un peu un reproche curieux
00:28:37parce qu'enfin, il y serait allé.
00:28:38On lui dirait que ce n'est peut-être pas le moment où il doit faire son gouvernement.
00:28:40Ça gêne.
00:28:41Et il n'y va pas.
00:28:42On dit, mais tiens, qu'est-ce qu'il fait ?
00:28:43C'est son job d'y aller.
00:28:44Je ne suis pas certain qu'on entendra ce que vous aurez à nous dire
00:28:47sur la sécurité civile.
00:28:48Je ne suis pas certain qu'un Bayrou de plus ou de moins,
00:28:50ça ne change grand-chose pour établir l'économie.
00:28:51C'est même plutôt un handicap.
00:28:52Non, mais vous avez raison, Paul.
00:28:53Vous avez le ministre Carré.
00:28:55Alors que vous êtes, voilà, en train de faire en sorte
00:28:58que les avions puissent se poser sur l'aéroport.
00:29:01Vous manquez d'eau à distribuer et vous avez le ministre qui vient.
00:29:05Il faut donner à boire à tout le monde.
00:29:06C'est ça.
00:29:07Donc, c'est un handicap.
00:29:08Il me semble.
00:29:09Et de fait, voilà, j'aime beaucoup les polémiques.
00:29:11C'est normal, je suis journaliste.
00:29:12Je ne suis pas certain que celle-ci était la plus utile de toutes.
00:29:14Bon, François Bayrou aura mis 10 jours avant d'aller à Mayotte.
00:29:17Il y va, donc, en début de semaine prochaine.
00:29:19Et c'est aussi une manière, alors que là, on sera entre Noël et le Nouvel An,
00:29:23toujours dans cette lassitude politique qui nous fait avoir la tête ailleurs.
00:29:27Il nous enverra quand même un petit message pour nous dire
00:29:28« Coucou, je suis là et je suis sur le terrain ».
00:29:30Et si certains ministrables n'ont pas regardé les chaînes d'info,
00:29:33consultez peut-être la composition du gouvernement en ligne
00:29:35pour savoir si ou non vous avez été nommé ministre.
00:29:38Et justement, les ministres ne font pas parler d'eux à Noël, Paul.
00:29:40Qu'est-ce qu'ils font ?
00:29:41Oui, alors il y en a qui veulent vraiment absolument pas faire parler d'eux.
00:29:44On a parlé de Bruno Retailleau, c'est vrai.
00:29:46J'ai essayé désespérément de le joindre quelques heures avant la nuit de Noël.
00:29:49Il me disait qu'il était arrivé dans son village natal
00:29:52et qu'il entendait bien observer la trêve de Noël.
00:29:55Et effectivement, je crois que vous aviez raison, Françoise.
00:29:58Bruno Retailleau est un homme de tradition.
00:30:00Et c'est quelque chose qui compte pour lui, cette paix de la nuit de Noël.
00:30:03Au demeurant, on a suffisamment polémiqué comme ça, sans lui,
00:30:06sur sa reconduction au ministère de l'Intérieur
00:30:09pour qu'il n'ait pas besoin d'en rajouter une couche.
00:30:11Vous avez probablement dû voir la une de Libération ce matin.
00:30:15Deux flics amis amis avec Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, dos contre dos.
00:30:21Voilà, Bruno Retailleau n'a pas besoin de parler pour que de toute façon,
00:30:24on parle de lui et qu'on commence déjà à se dire que,
00:30:27surtout avec un peu les déconvenues de Laurent Wauquiez
00:30:30qui n'a pas vu ses proches reconduits au gouvernement,
00:30:33ce serait peut-être Bruno Retailleau qui serait en train de devenir l'homme fort de la droite.
00:30:37Un autre aussi dont on a parlé, mais peut-être un peu à ses dépenses,
00:30:40c'est Manuel Valls qui s'était fait insulter en direct,
00:30:43de façon assez odieuse, il faut bien le dire,
00:30:45sur le service public radiophonique par un auditeur
00:30:48qui avait trompé la vigilance du présentateur radio.
00:30:52Manuel Valls a bien compris qu'il a déclenché,
00:30:56par sa seule arrivée au gouvernement, une forme d'idarité générale
00:30:59et ce n'est pas totalement immérité.
00:31:01Il a quand même un parcours politique très chaotique.
00:31:03Il avait fait croire à un moment qu'il allait entièrement consacrer
00:31:06le reste de sa vie politique à Barcelone.
00:31:09Il jurait ses grands dieux de ne pas revenir en France,
00:31:11quelle que soit l'issue par ailleurs des élections auxquelles il se présentait là-bas.
00:31:14Finalement, il est revenu, il ne sera pas le seul qui change d'avis.
00:31:16On ne peut pas lui jeter la pierre, ce n'est pas le seul.
00:31:19De fait, il concentre une certaine hostilité de la part de la gauche.
00:31:23La question étant de savoir si c'est Manuel Valls qui a trahi la gauche
00:31:26ou la gauche qui a trahi Manuel Valls.
00:31:29Pour l'heure, il préfère se faire discret
00:31:31et viendra très rapidement l'heure où, j'en suis certain et j'en prends le pari,
00:31:35on entendra parler plus que de lui parce qu'il fait évidemment partie des hommes
00:31:39qui pèsent déjà et qui vont vouloir peser dans les mois qui viennent.
00:31:43Il ne faut quand même toujours pas oublier que ce gouvernement
00:31:45a une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
00:31:47Le discours de politique générale, c'est le 13 janvier.
00:31:50Le 14 janvier, c'est Jeune Mabuse.
00:31:51C'est-à-dire que deux jours plus tard, il y aura déjà le vote
00:31:53d'une première motion de censure au Parlement et ainsi de suite.
00:31:56Très régulièrement, ce gouvernement jouera sa survie.
00:32:00Il n'y a donc pas de temps à perdre si on veut faire parler un petit peu de soi.
00:32:03Ensuite, il y en a quelques-uns qui se sont surtout concentrés
00:32:06sur l'extinction des polémiques.
00:32:08Je pense par exemple au sympathique Yannick Neudeur
00:32:10qui était rapporteur du budget de la Sécurité sociale en tant que député LR
00:32:15qui est maintenant ministre de la Santé.
00:32:17Certains se sont souvenus, à juste titre, qu'il avait notamment
00:32:20enfoncé la gauche en essayant d'empêcher le vote d'un amendement
00:32:24qui visait à étendre la taxation sur l'alcool, au vin et à la bière.
00:32:28Lui, il disait que ce n'est pas en buvant du Châteauneuf du Pape
00:32:31qu'on finit aux urgences.
00:32:32Il sait de quoi il parle, il est cardiologue.
00:32:34Certains y ont vu la preuve d'une forme d'adhésion au lobby du vin.
00:32:38C'est vrai qu'en France, on a maintenant des associations
00:32:43de plus en plus vigilantes sur l'alcoolisme.
00:32:45C'est certainement une très bonne chose en matière de santé publique
00:32:47mais qui finissent par enfoncer tous ceux qui vont défendre
00:32:50la tradition viticole française.
00:32:52Vous voyez, il y a les tenants du dry January d'un côté
00:32:55et les amis des vignerons de l'autre.
00:32:57Ils ont vu dans Yannick Noder une tête de Turc pour ses propos sur le vin.
00:33:01Cela dit, il pourra se consoler.
00:33:02Il n'est pas le seul, Yannick Noder, à avoir été épinglé
00:33:05pour sa proximité avec les lobbies du vin.
00:33:07Vous avez Nathalie Delattre qui était en relation avec le Parlement
00:33:11qui est maintenant au tourisme et qui, elle, est une ancienne viticultrice
00:33:14et qui ne s'en cache pas, elle déteste le dry January.
00:33:17Elle sera toujours aux côtés des viticulteurs.
00:33:19Elle leur a dit quand elle a été reçue par un vrai lobby du vin,
00:33:23celui-là en bonne et due forme, qui faisait un colloque au Sénat
00:33:25et auquel elle a participé.
00:33:26Et puis, on a aussi la champenoise Catherine Vautrin
00:33:28qui forme un ticket à la santé avec Yannick Noder
00:33:31et qui s'était déjà fait épingler, pour son amour, c'est normal, du champagne.
00:33:35Quand on est président de la métropole de Reims,
00:33:37ce serait quand même gonflé de ne pas dire qu'on aime le champagne.
00:33:41Et puis, vous avez, j'en termine là pour les petites cartes postales discrètes,
00:33:45beaucoup plus discrètes que Gérald Darmanin,
00:33:47mais une façon de dire quand même « Coucou, je suis là, il va falloir compter sur moi ».
00:33:50Vous avez Juliette Méadel qui essaie de se battre avec la gauche
00:33:53parce qu'évidemment, la gauche leur veut beaucoup d'être allée rejoindre ce gouvernement.
00:33:56Elle a assez courageusement exprimé sa solidarité avec l'équipe de François Bayrou
00:34:00et son rejet de la gauche tendance LFI.
00:34:03Et ça fait partir un peu de ce petit contexte politique où on a bien vu,
00:34:08soit je m'affirme tout de suite et je propose,
00:34:11avant même que le Premier ministre ouvre la bouche,
00:34:13la feuille de route politique que je me fixe à moi-même,
00:34:16soit j'essaye d'exister discrètement, j'éteins les polémiques
00:34:19et patience, tôt ou tard, mon heure viendra.
00:34:21C'est vrai, on ne cesse de le dire, mais c'est un gouvernement de personnalité politique
00:34:25et ça va se bousculer pour prendre de la bande passante médiatique,
00:34:28comme on dit en bon jargon journalistique.
00:34:30Merci Paul. On va marquer une pause et puis on débattra justement
00:34:33de tout ce que vous venez de nous dire avec mes invités.
00:34:35Dans un instant, restez avec nous. A tout de suite pour la suite de Face à l'Info.
00:34:41C'est vrai Françoise Laborde et on l'entendait aussi avec Paul Sujit,
00:34:44c'est qu'il y a un défi énorme pour ce gouvernement.
00:34:46C'est que tous les ministres qui arrivent écopent quand même
00:34:48d'une pile de dossiers assez impressionnante.
00:34:50Il faut aller vite en se disant...
00:34:52Alors certes, on en parlait tout à l'heure, peut-être pas beaucoup de budget
00:34:54et peut-être pas beaucoup de temps.
00:34:56Donc pour exister, pour tenter d'impulser quelque chose,
00:34:58il faut le faire en réalité dans un délai assez court.
00:35:01Certes, mais en même temps, à l'Assemblée, tout le monde n'a pas intérêt à...
00:35:06Je veux dire, l'arme de la motion de censure, c'est un fusil à un coup.
00:35:10Je veux dire, à un moment donné, c'est quand même très compliqué de dire
00:35:12je vote la seule motion de censure parce que j'y trouve trop ceci, pas cela.
00:35:17Je veux dire, Marine Le Pen a fait le choix de voter la motion de censure avec la France insoumise.
00:35:21Je ne suis pas sûre qu'elle peut recommencer l'exercice une nouvelle fois.
00:35:24Je ne suis pas sûre que l'électeur du Rassemblement national ait apprécié ça.
00:35:29D'ailleurs, on avait vu que dans certaines circonscriptions,
00:35:32les élus s'étaient fait un tout petit peu remonter les bretelles.
00:35:35Oui, dans les élections législatives partielles qui avaient suivi...
00:35:37Marine Le Pen dit quand même que dès qu'on pourra revoter,
00:35:39c'est-à-dire dès le mois de juin, quand il sera de nouveau posé au président de la République
00:35:42de dissoudre l'Assemblée nationale,
00:35:44elle sera prête à appuyer de nouveau sur le bouton.
00:35:46En tout cas, c'est ce qu'elle a laissé entendre ces derniers jours.
00:35:48Oui, mais si Marine Le Pen a des ambitions nationales, ce que je pense,
00:35:52à un moment donné, il faut montrer qu'on n'est pas juste là pour mettre le chaos.
00:35:57Je veux dire, l'arme...
00:35:59Oui, l'avoir fait une fois, pourquoi pas ?
00:36:00Le faire systématiquement, c'est plus complexe.
00:36:02Oui, à un moment donné, c'est compliqué.
00:36:03Surtout qu'on ne sait qu'à la dernière pensée,
00:36:05parce qu'en effet, il y a cette procédure à son encontre, etc.
00:36:08Donc tout ça ne donne pas l'image d'un responsable politique serein et responsable.
00:36:13Je ne suis pas sûre que ce gouvernement soit voué à tomber aussi rapidement que celui de Barnier.
00:36:20Je pense qu'il faut faire confiance à Bayrou,
00:36:22qui est quand même un vieux roublard de la politique
00:36:24et qui n'est pas berné pour rien pour être capable de négocier avec les uns et les autres.
00:36:29Je trouve très injuste envers Manuel Valls en disant...
00:36:32Mais bon, c'est mon chouchou.
00:36:34Au moins, c'est honnête de le dire.
00:36:36Oui, mais je trouve que franchement, c'est l'honneur de la gauche, Manuel Valls.
00:36:39Il n'a jamais varié dans ses convictions sur la laïcité, sur l'islam politique, sur tout.
00:36:45Oui, c'est la gauche qui l'a acquitté, comme vous le disiez.
00:36:47Mais pourquoi il est parti ?
00:36:49Parce que son camarade Emmanuel Macron lui a jamais pardonné d'avoir fait voter le 49-3 la loi Macron
00:36:55et a biffé son nom de tout.
00:36:57Donc à un moment donné, le côté catalan ombrageux, il a dit
00:37:00« puisque c'est ça, je me drape dans ma dignité, je rentre à Barcelone ».
00:37:03Bon, ça n'a pas marché. Il revient.
00:37:05Franchement, ce serait dommage que la France se prive de quelqu'un comme Manuel Valls
00:37:09qui a quand même une personnalité, une stature.
00:37:13Et puis, Tabarro, il va apprendre, ce n'est pas très grave.
00:37:16Philippe Tabarro, pardon.
00:37:18Ça s'apprend, c'est sûr que dans ce genre de cas, il faut toujours avoir un petit mot pour les victimes.
00:37:23Pour Marine Le Pen, je vous réponds quand même sur ce que vous disiez là-dessus.
00:37:27Marine Le Pen, elle n'a qu'un intérêt, c'est que ce gouvernement échoue.
00:37:30Je ne suis pas d'accord.
00:37:32D'échec en échec, ce que Marine Le Pen vise, c'est l'effondrement du bloc central.
00:37:37Elle, son rêve, c'est l'affiche au second tour, Le Pen-Mélenchon.
00:37:41Et pour qu'il y ait Le Pen-Mélenchon, il faut que les Philippes, les Attal, les Darmanin
00:37:45ou tous ceux qui voudront être les héritiers du macronisme
00:37:49soient empêchés par l'absence totale de bilan.
00:37:52La famille Attal a déjà été mise de côté par Emmanuel Macron.
00:37:54Ce qui n'empêche pas de revenir justement à la faveur de son extraction du gouvernement.
00:38:00En tout cas, ce que Marine Le Pen souhaite, c'est que ce bloc central
00:38:03ne fasse que de bourgeois l'approche de son échec.
00:38:06Oui, mais le bloc central, il ne peut pas tomber sans qu'elle le pousse.
00:38:08Donc à un moment donné, il va falloir qu'elle choisisse entre en effet
00:38:11je rejoue le chaos et je rejoue la dissolution
00:38:14parce que les Français, ils en ont ras-le-bol.
00:38:17François, je partagerais ton avis.
00:38:22Je crois qu'il y a beaucoup d'artisans qui sont du Front National.
00:38:26Il y a beaucoup de travailleurs indépendants.
00:38:28Ces gens-là ont besoin d'un gouvernement qui soit assis
00:38:31parce que s'il n'y a pas de perspective, ils ont déjà des trésoreries qui sont très fragiles.
00:38:37Le petit commerçant, il n'a pas le budget qui lui permet de dire on va passer la crise.
00:38:42Non, il est là, c'est comment il va boucler la fin du mois.
00:38:45Les agriculteurs notamment, c'est vrai.
00:38:47Pardonnez-moi Marc et Françoise, mais je suis d'accord avec vous.
00:38:50Je n'ai jamais soutenu cette décision de provoquer la dissolution.
00:38:56C'était de toute évidence une décision de la part de Marine Le Pen
00:39:02qui était irresponsable dans la mesure où elle n'avait pas les clés pour changer la situation politique.
00:39:06On le voit bien d'ailleurs.
00:39:07Ce gouvernement Bayrou ressemble à s'y méprendre au gouvernement Barnier.
00:39:10On est dans une crise politique inextricable.
00:39:12Malgré tout, il faut bien reconnaître que Marine Le Pen élargit encore sa base électorale
00:39:16dans les sondages au lendemain de la censure.
00:39:18Peut-être que vous avez raison de dire que fondamentalement,
00:39:21l'intérêt d'un petit entrepreneur, d'un petit artisan,
00:39:24n'était pas dans la stabilité politique.
00:39:26La réalité, c'est malgré tout que les gens qui font partie de la cible électorale prioritaire du RN
00:39:31se sont retrouvés dans cette censure.
00:39:33Non, je ne suis pas du tout d'accord avec vous.
00:39:35Je pense qu'elle n'a pas perdu, mais je pense qu'elle n'a pas gagné.
00:39:38Je pense que la vraie difficulté aujourd'hui pour Marine Le Pen,
00:39:40c'est d'aller au-delà, en effet, et franchir ce mur.
00:39:43Et pour l'instant, elle n'a pas perdu, ça c'est vrai.
00:39:46Mais les sondages, on sait ce que ça vaut.
00:39:48Donc il faut être très prudent avec ça.
00:39:51Et je ne suis pas sûre que son image, si elle recommence, ne soit pas écornée.
00:39:55Najo, elle a été pour terminer sur ce tour de table.
00:39:57Sauf que Marine Le Pen, en effet, elle l'a annoncé, vous avez raison, que si...
00:40:03Il y a deux clans là !
00:40:08Non, mais elle l'a annoncé, clairement.
00:40:10Elle a dit qu'il n'y aurait pas de motion de censure le 14 janvier,
00:40:15postérieurement à la présentation de la politique générale par le Premier ministre.
00:40:21Et elle a dit qu'elle laisserait quelques mois.
00:40:23Quelques mois, on sait très bien que la dissolution sera possible en juin 2025.
00:40:28Donc, à mon avis, elle attend ce moment-là pour dissoudre l'Assemblée nationale
00:40:34et trouver le petit caillou qui permettra d'expliquer cette dissolution.
00:40:43Par contre, là où je vous rejoins, c'est vrai que les Français ont besoin de stabilité.
00:40:52On parlait des PME, il y a beaucoup de PME qui sont en faillite, moi je le vois.
00:40:56J'accompagne des petites entreprises dans les tribunaux de commerce,
00:41:00dans le cadre de redressements judiciaires, voire de liquidations judiciaires.
00:41:05Il y a une souffrance de nos petits commerçants.
00:41:09Il y a besoin d'un horizon, il y a besoin de stabilité.
00:41:13J'espère que ce gouvernement, et on est nombreux à le souhaiter,
00:41:18s'inscrive dans la durée, ne serait-ce rien que pour que les politiques publiques
00:41:23fassent leur effet dans les mois qui viennent.
00:41:27Et je rappelle quand même la situation économique de notre pays.
00:41:31Le vote du budget à la rentrée, fondamental.
00:41:35Donc là, on parle du duo ministre de l'interneuilleur Bruno Retailleau
00:41:39et ministre de la Justice Gérald Darmanin.
00:41:42Mais il y a un autre duo à suivre, c'est le duo Éric Lombard, ministre de l'économie.
00:41:49On connaît son parcours, un solide parcours.
00:41:52Ancien directeur général de la Caisse des dépôts et consignations,
00:41:56connaissant bien nos territoires.
00:41:58Vous avez également Amélie de Montchalin, ministre déléguée aux comptes publics.
00:42:04Là aussi, qui a un solide profil.
00:42:06Alors moi, ce qui m'exaspère, je vous le dis clairement, sur les réseaux sociaux,
00:42:10c'est « Ah oui, mais tel ministre, ah bah dis donc, il a perdu aux élections,
00:42:16aux dernières élections, on ne met que des losers. »
00:42:18Mais il faut arrêter là.
00:42:20Il faut arrêter et penser à l'intérêt supérieur de notre pays.
00:42:24Ce sont des gens compétents qui sont au sein de ce...
00:42:27Si, en tous les cas, il y en a.
00:42:29Éric Lombard est quelqu'un de compétent.
00:42:31Mais Eric Lombard, ce qui est assez intéressant, c'est que c'était le candidat de la gauche
00:42:36pour être Premier ministre.
00:42:38Et la gauche, quand ils sont allés discuter avec Emmanuel Macron,
00:42:41ils ont dit « Ah bah nous, on a une très bonne idée pour le poste de Matignon, c'est Eric Lombard. »
00:42:45Et maintenant, ils veulent censurer.
00:42:47Et maintenant, ils disent « Non, non, finalement, c'est un con, on n'en veut plus. »
00:42:49Mais je veux dire, c'était quand même leur candidat favori.
00:42:52Allez, voilà pour la politique un mot, Paul, parce qu'on prend beaucoup de retard.
00:42:55Il y a eu quatre premiers ministres en un an, en 2024.
00:42:57Les ministres de l'éducation nationale aussi se sont succédés à un rythme effréné.
00:43:00Ce n'est pas que la responsabilité de Marine Le Pen, loin de là.
00:43:03Il y a aussi une instabilité politique latente dans la vie de ce pays.
00:43:06Allez, on va changer de sujet et clore cette page politique.
00:43:08Avec vous, Marc, justement, on a souhaité parler ce soir de héros.
00:43:12On peut vraiment les appeler comme ça.
00:43:13Ce sont les héros de la sécurité civile et notamment qui sont en train de travailler à pied d'œuvre
00:43:18au moment où je vous parle, depuis Mayotte.
00:43:20Oui, alors j'ai fait ma petite enquête.
00:43:22J'ai passé mon après-midi virtuellement à Mayotte.
00:43:24C'est vrai, j'ai assisté à cet après-midi virtuel.
00:43:27J'ai eu des représentants de la sécurité civile.
00:43:30Un journaliste aussi, Jean Dixon, qui est là-bas sur place.
00:43:33Il est là, il est à l'affût.
00:43:36Il voit l'évolution de la situation.
00:43:38Notons déjà que Mayotte, il y a eu ce qu'ils font terrifiant, qui a tout balayé.
00:43:45Mais de nouveau, on est sous la pluie là-bas.
00:43:47On est en alerte orange.
00:43:48C'est-à-dire qu'il pleut, il pleut, il pleut.
00:43:50Et comme vous avez des petites collines dans les bidonvilles,
00:43:55ces bidonvilles que l'on tente de reconstruire,
00:43:57ils sont à nouveau un peu dans le chambranle.
00:44:00Ils sont menacés, ils sont tous guingouins parce que ça glisse.
00:44:03Et pourtant, la sécurité civile, c'est extraordinaire,
00:44:06la façon dont ils se sont déployés.
00:44:09900 personnes, il n'était pas question de penser à Noël.
00:44:12Ces 900 personnes sont parties sur place.
00:44:15Il y en avait déjà quelques-uns.
00:44:16On avait anticipé ce qui risquait de se dérouler.
00:44:20Alors, dans les chiffres en tant que tels,
00:44:23vous avez à peu près 360 pompiers,
00:44:26380 sapeurs, qui sont ceux qui aident les pompiers,
00:44:32mais qui ont des activités comme couper les arbres,
00:44:37faire en sorte que les routes soient praticables, etc.
00:44:41Vous avez 30 personnes qui coordonnent l'ensemble de ces 900 actifs.
00:44:48Vous avez aussi les informaticiens
00:44:51et ceux qui vont de petits bidonvilles en bidonvilles,
00:44:55par binôme au trinôme.
00:44:56Et ceux-là, ils sont là avec leurs trousses, leurs moyens.
00:45:00Ils prennent contact avec le représentant,
00:45:03souvent de la religion, dans un coin précis.
00:45:06Ils demandent où il y a-t-il des personnes qui sont en difficulté.
00:45:10Et ils apportent les soins.
00:45:12Et ça, c'est une détermination.
00:45:14C'est lever le matin à 4h30,
00:45:16parce que comme il fait jour de bonheur,
00:45:18il n'est pas question de rater les premiers rayons du soleil
00:45:22ou simplement la levée de la grisaille,
00:45:25pour pouvoir agir.
00:45:26Alors remarquons qu'aujourd'hui, pratiquement toute l'île,
00:45:30elle est atteignable par la route,
00:45:33à part sans doute des petites centres,
00:45:36qui sont vraiment les centres...
00:45:38Mais les axes principaux ont été dégagés.
00:45:40Au-delà des axes principaux, apparemment,
00:45:42on peut aller même dans des endroits
00:45:45qui sont plus difficiles d'accès.
00:45:47On a aussi tout un réseau de téléphones,
00:45:51d'Internet, d'urgence.
00:45:53C'est-à-dire que tous ceux qui sont en action aujourd'hui,
00:45:56ce n'est pas vrai spécialement pour la population,
00:45:58mais que ce soient les médecins, les pompiers, les gendarmes, etc.,
00:46:02ils se joignent, ils peuvent orchestrer l'ensemble.
00:46:05Et ça, c'est en place depuis maintenant 24 heures.
00:46:09L'hôpital, ça y est, il est installé.
00:46:13100 patients par jour.
00:46:15Vous avez là encore un effectif
00:46:18de pratiquement 200 personnes de la sécurité civile
00:46:22qui accueillent les uns et les autres.
00:46:24Et alors, petit miracle de Noël,
00:46:26hier, un petit bonhomme est arrivé le 25 décembre
00:46:32en symbole de cette résurrection de l'île.
00:46:36Et alors, Jean Dixon me disait,
00:46:38ce qui est étonnant, c'est que cette population,
00:46:41oui, elle jeune un peu, mais elle a compris.
00:46:44Elle a compris que quand on est dans un lieu aussi éloigné,
00:46:48eh bien, les secours ne peuvent pas arriver.
00:46:52Oui, tout mais plus de temps.
00:46:53Alors, on a recruté, on a même deux avions,
00:46:57des Antropov, des avions russes,
00:46:59qui servent, ils sont ukrainiens,
00:47:01et qui servent pour partir d'Orléans
00:47:05avec tout le matériel dont on a besoin,
00:47:08les vivres, etc., etc.
00:47:10On passe par Abu Dhabi, là c'est pour le kérosène,
00:47:13faire le plein, on se pose à La Réunion,
00:47:15et hop, on bondit à Mayotte.
00:47:18La sécurité civile, elle a deux avions,
00:47:21on appelle ça les Dachs,
00:47:22et il y en avait un qui était déjà à La Réunion,
00:47:24ce sont des avions qui permettent de lutter
00:47:26contre les incendies.
00:47:27Et là, à La Réunion, on est entrés dans la période d'été,
00:47:30il y a des menaces d'incendies.
00:47:31Donc, il y en avait déjà un sur place.
00:47:3320 pilotes, 20 copilotes,
00:47:35et on n'arrête pas de faire la navette.
00:47:37On a les bateaux,
00:47:39les bateaux qui vont sur les îles Australes,
00:47:42vous savez qu'on a la chance, les Kerguelen, etc.,
00:47:45on a constamment des flottes qui font en sorte
00:47:49d'aller même jusque en Antarctique
00:47:52pour les missions scientifiques.
00:47:54Eh bien, ces bateaux ont été réquisitionnés,
00:47:57et ils permettent de faire venir
00:47:59tout ce dont on a besoin.
00:48:01Il y a aujourd'hui, dans les magasins,
00:48:04beaucoup sont restés debout.
00:48:06Les fêtues emportées, les baraques,
00:48:10ce sont avant tout les bidonvilles,
00:48:13les structures les plus solides
00:48:15ont eu la chance de pouvoir rester debout.
00:48:17Eh bien, il n'y a pas de problème de disette.
00:48:20On a un renouvellement qui se fait
00:48:23dans ces petites supérettes,
00:48:26et forcément, ça coûte un tout petit peu plus cher.
00:48:29Mais c'est malheureusement le problème de l'inflation.
00:48:31C'est le problème de l'inflation.
00:48:33Il y a de la distribution qui est faite
00:48:36à différents points par des gendarmes,
00:48:38et ça concerne toute la population.
00:48:40On ne demande pas à la personne, par exemple,
00:48:42si elle est bien de maillotte
00:48:45ou si elle est clandestine.
00:48:48Non, tout un chacun a le droit à l'accueil.
00:48:51Et puis, ils ont cette mentalité,
00:48:54c'est la mentalité pour ces gens
00:48:56qui vivent dans le précaire au quotidien,
00:48:59ceux qui n'ont pas d'horizon,
00:49:01d'où tout à l'heure on l'utilisait.
00:49:03Alors eux, ils sont, je dirais,
00:49:05dans la sérénité,
00:49:07mais la sérénité fataliste,
00:49:09le met cum.
00:49:11Ça devait arriver.
00:49:13Et donc, ils retiennent
00:49:16que le fait qu'ils soient en vie.
00:49:18Et pour le moment, là encore,
00:49:20tout semble donner de bonnes indications.
00:49:22Oui, il y a des morts,
00:49:24alors qu'on avait envisagé dans les extrapolations.
00:49:26C'est toujours le problème, vous savez,
00:49:28quand on envisage...
00:49:30Oui, et qu'on va un peu trop vite.
00:49:32On fait des calculs,
00:49:34sauf que ce sont des équations.
00:49:36Ça ne marche pas avec un cyclone.
00:49:38Et ça ne marche pas dans les épidémies.
00:49:40C'est pareil.
00:49:42Et là, actuellement,
00:49:44quand on regarde avec les hélicoptères,
00:49:46avec tous les moyens,
00:49:48les drones,
00:49:50il ne semblerait pas
00:49:52qu'il y ait eu des zones
00:49:54avec des foyers d'enslevissement
00:49:56où de nombreux cadavres
00:49:58auraient été placés.
00:50:00Dans la religion musulmane,
00:50:02et là-bas, la population est avant tout musulmane,
00:50:04il faut enterrer dans les 24 heures.
00:50:06Il y a bien des petits points dans des cimetières,
00:50:08mais on n'est pas...
00:50:10Les chiffres qui sont
00:50:12mis en évidence,
00:50:14une quarantaine de morts,
00:50:16semblent tout à fait probables.
00:50:18Par ailleurs, il n'y a pas de risque
00:50:20immédiat d'épidémie.
00:50:22Tout est sous contrôle grâce à ce travail
00:50:24permanent des équipes qui, maintenant,
00:50:26depuis 15 jours,
00:50:28n'arrêtent pas de se lever
00:50:30et de travailler toute la journée.
00:50:32L'électricité,
00:50:34on a un réseau qui est à plus de 60%
00:50:36rétabli.
00:50:38L'eau courante,
00:50:40on a deux unités qui fabriquent
00:50:42de l'eau potable, deux unités
00:50:44de la sécurité civile.
00:50:46Là aussi, ça y est, elles sont en action.
00:50:48Ce qui fait que,
00:50:50dans un drame aussi épouvantable,
00:50:52on peut considérer...
00:50:54On pousse rarement du coquin ricot,
00:50:56on est toujours à se flingeler,
00:50:58on n'est pas à la hauteur...
00:51:00Là, il semble bien que cette structure,
00:51:02alors que les gouvernements
00:51:04ne sont pas véritablement en place,
00:51:06et son autonomie,
00:51:08grâce à ses chefs,
00:51:10qu'elle a été capable de mettre en place,
00:51:12grâce à ses habitudes dans l'urgence,
00:51:14d'être devant, sans doute,
00:51:16le plus grand chantier,
00:51:18pardonnez-moi l'expression,
00:51:20d'urgence à gérer
00:51:22dans l'immédiat. Après, je ne suis pas
00:51:24en train de vous dire que l'île,
00:51:26elle repartira du jour au lendemain.
00:51:28Non, bien sûr que non. Le but, c'est de rendre hommage
00:51:30à ce travail qui est fait. Voilà, et de faire en sorte
00:51:32qu'il y ait, dans
00:51:34cette prise
00:51:36en compte de la détresse,
00:51:38la capacité de redonner
00:51:40aux gens la solidité
00:51:42pour qu'ils puissent être dans l'élan.
00:51:44Ce qui est formidable, c'est que
00:51:46ces petits barraquements
00:51:48qui sont les barraquements de la honte,
00:51:50néanmoins, aussitôt,
00:51:52on les a redressés. Et il y a des endroits,
00:51:54me disait Jean,
00:51:56où le bidonville a pratiquement retrouvé
00:51:58la structure de ce qu'il était il y a 15 jours.
00:52:00C'est-à-dire qu'on est là, on y va de la pioche.
00:52:02Oui, on a vu un certain nombre d'images dans la journée, d'ailleurs.
00:52:04Voilà, c'est extraordinaire.
00:52:06Eh bien, cela, c'est grâce
00:52:08à ces professionnels qui
00:52:10ont
00:52:12une sorte d'engagement.
00:52:14On n'est pas dans
00:52:16ces professions où on pense simplement
00:52:18à l'honorabilité. Les professions
00:52:20où on pense, tu gagnes combien
00:52:22à la fin du mois ? Ce n'est pas ça.
00:52:24C'est comment on est dans
00:52:26la citoyenneté, comment on est
00:52:28dans ce courage, dans cette
00:52:30audace, parce qu'il y a des risques à prendre
00:52:32à certains endroits, pour faire en sorte
00:52:34que la zone soit à nouveau
00:52:36praticable. Et donc,
00:52:38il faut les féliciter,
00:52:40c'est ce que l'on a tenu à faire.
00:52:42Et vous avez la croix rouge,
00:52:44vous avez les croix
00:52:46de l'ordre
00:52:48de mal, etc.,
00:52:50qui sont là également
00:52:52en renfort. Et au fur et à mesure,
00:52:54eh bien, on peut se dire
00:52:56que l'avenir
00:52:58repart, et il est
00:53:00possible, et que le pire
00:53:02du pire a été évité.
00:53:04Merci beaucoup, Marc. Et effectivement, c'était
00:53:06important aussi de leur rendre hommage
00:53:08parce que, vous le disiez, ils se battent maintenant,
00:53:10évidemment, pour reconstruire, sauver
00:53:12des vies le plus rapidement possible.
00:53:14Et malheureusement, on va parler d'une autre catastrophe
00:53:16naturelle avec vous. Najwa El Haïté,
00:53:18sans doute la pire catastrophe naturelle
00:53:20qu'on ait connue. C'était il y a 20 ans
00:53:22exactement, le 26 décembre 2004.
00:53:24Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de ce
00:53:26tsunami que personne n'a oublié ?
00:53:28Oui, personne n'a oublié. C'est une date
00:53:30mémorable. C'est un des tsunamis
00:53:32les plus meurtriers, on peut le dire,
00:53:34de l'humanité. Ce tsunami
00:53:36est exceptionnel par sa violence
00:53:38tout d'abord parce qu'il est dû
00:53:40à un séisme de magnitude 9
00:53:42sur l'échelle de Richter.
00:53:44Il a touché une dizaine de pays, vous les
00:53:46citiez tout à l'heure, la Thaïlande,
00:53:48l'Indonésie, le Sri Lanka,
00:53:50même l'Inde. Donc une dizaine
00:53:52de pays touchés sur leur côte.
00:53:54250 000
00:53:56morts. 250 000 morts,
00:53:58ce qui est un chiffre important.
00:54:00Parler de sécurité civile, là, c'était...
00:54:02Ce travail-là était colossal.
00:54:04Les vagues atteignaient
00:54:0635 mètres de haut, soit l'équivalent
00:54:08de la hauteur d'un immeuble
00:54:10de plus de 10 étages. Vous
00:54:12imaginez la violence
00:54:14de ce tsunami.
00:54:16On revoit des images en direct.
00:54:18Les conséquences aussi ont été
00:54:20terribles. Terribles parce que
00:54:22vous avez des épidémies
00:54:24qui ont eu lieu juste après
00:54:26ce tsunami, un manque d'eau,
00:54:28un manque également
00:54:30de provisions et
00:54:32aussi des millions et des millions
00:54:34de déplacés. On a tendance
00:54:36à l'oublier. On ne voit que ces
00:54:38vagues immenses, mais les répercussions
00:54:40de
00:54:42cette tragédie naturelle
00:54:44ont été aussi extrêmement
00:54:46importantes sur la vie
00:54:48de ces
00:54:50habitants et des habitants
00:54:52de ces différentes côtes.
00:54:54Est-ce qu'on aurait pu éviter
00:54:56un nombre aussi considérable de morts ?
00:54:58Alors, moi, je ne suis pas
00:55:00une spécialiste, mais en tous les
00:55:02cas, à la lecture
00:55:04des experts, ils disent que
00:55:06le nombre
00:55:08de victimes aurait pu être
00:55:10évité. Bien sûr, naturellement,
00:55:12il n'y a pas un risque zéro,
00:55:14mais on aurait pu éviter
00:55:16leur nombre parce que
00:55:18il n'y a pas eu un système
00:55:20de prévention suffisamment
00:55:22efficace. C'est pour ça qu'aujourd'hui,
00:55:24suite à ce
00:55:26drame qui date d'une vingtaine
00:55:28d'années, il y a eu une prise de conscience, on peut dire
00:55:30mondiale,
00:55:32où vous avez des
00:55:34systèmes de prévention qui ont été mis
00:55:36en place. Et on va encore plus
00:55:38loin. Excusez par avance
00:55:40mon anglais. Je vous en prie.
00:55:42À l'égilon, c'est vous, Nadja.
00:55:44Donc, d'après le magazine Science et Vie,
00:55:46le Deep Ocean Assessment
00:55:48and Reporting of Tsunami,
00:55:50ce qu'on appelle le DART. C'était plus facile
00:55:52à dire le DART, on n'aurait pas compris.
00:55:54Oui, mais bon. C'est pour ça que
00:55:56je vous ai prévenu quant à mon
00:55:58anglais, a été développé
00:56:00par plusieurs gouvernements. Alors vous me direz
00:56:02mais qu'est-ce que le DART ? Alors le DART,
00:56:04c'est un système de surveillance
00:56:06de tsunamis en temps réel.
00:56:08C'est des sortes de
00:56:10bouées positionnées à des endroits
00:56:12stratégiques du globe.
00:56:14Et ces bouées
00:56:16captent les signaux
00:56:18provenant des capteurs de pression
00:56:20au fond de l'océan.
00:56:22Mais il semblerait,
00:56:24d'après les experts,
00:56:26que ces bouées ne soient pas en nombre suffisant.
00:56:28Il faudrait en rajouter
00:56:30une centaine.
00:56:32Alors, la question qui se pose,
00:56:34est-ce qu'en France, il y a des risques
00:56:36de tsunamis ? La réponse
00:56:38est oui.
00:56:40Elle est positive.
00:56:42Elle est positive, d'ailleurs,
00:56:44le dernier rapport de l'UNESCO
00:56:46dit la chose suivante, la France
00:56:48a 100% de chances
00:56:50de voir ses côtes méditerranéennes
00:56:52être frappées par un tsunami
00:56:54dans les 30 prochaines
00:56:56années. 100% de chances ?
00:56:58C'est ce que dit le rapport.
00:57:00Mais pas avec des vagues de 35 mètres
00:57:02parce que la Méditerranée est
00:57:04beaucoup plus petite et par conséquent
00:57:06l'amplitude des vagues sera dévastateur.
00:57:08On est d'accord, ça n'atteindra pas.
00:57:10En général, les scientifiques
00:57:12disent que la moyenne,
00:57:14concernant les tsunamis
00:57:16historiques, c'est 20 mètres.
00:57:18Même en Méditerranée,
00:57:20je parle de tsunamis historiques,
00:57:22c'est-à-dire dans
00:57:24l'océan Pacifique, dans l'océan
00:57:26Indien. Par contre,
00:57:28vous avez raison, Marc,
00:57:30les côtés
00:57:32méditerranéens, on est plus à
00:57:345 mètres, entre 5 mètres
00:57:36et 10 mètres
00:57:38à peu près. Mais en tous les cas,
00:57:40il faut prévenir ce risque-là.
00:57:42Même en France.
00:57:44Vous avez des villes
00:57:46qui ont fait ce travail-là,
00:57:48notamment la ville de Cannes,
00:57:50qui est la première ville de la Méditerranée
00:57:52à être labellisée
00:57:54« Tsunami Ready »
00:57:56par l'UNESCO.
00:57:58Grâce à ces actions de sensibilisation
00:58:00auprès des habitants, vous avez des
00:58:02habitants qui savent
00:58:04comment réagir à
00:58:06une alerte. Parce que vous recevez
00:58:08sur vos portables un SMS
00:58:10où on vous alerte d'un risque
00:58:12de tsunami.
00:58:14Que faut-il faire quand il y a
00:58:16un risque de tsunami ?
00:58:18Courir dans la montagne.
00:58:20Bravo !
00:58:22Il faut se réfugier
00:58:24à 5 mètres
00:58:26d'altitude ou à
00:58:28200 mètres du rivage.
00:58:30Et d'ailleurs,
00:58:32à Cannes, vous avez des panneaux
00:58:34qui sont déjà mis en place. Vous avez des
00:58:36macarons, vous avez une vague
00:58:38qui sont à même le sol
00:58:40ou sur, quand on parle de
00:58:42panneaux à la vue
00:58:44des habitants et qui vous guident
00:58:46dans des zones de refuge
00:58:48où vous pouvez attendre les pompiers
00:58:50ou attendre la fin
00:58:52de l'alerte. Vous voyez
00:58:54la ville de Cannes est exemplaire
00:58:56en la matière et elle est la seule
00:58:58en Méditerranée
00:59:00à avoir ce label
00:59:02et être prête
00:59:04à faire face à ce type de
00:59:06désastre naturel.
00:59:08Et c'est pour ça qu'il faut continuer à
00:59:10sensibiliser parce qu'on peut être inquiet
00:59:12qui niait que la ville de Cannes
00:59:14en Méditerranée. Oui, alors qu'elle n'est pas, de fait, la seule
00:59:16concernée. Non, mais il y a le festival.
00:59:18Tout Hollywood noyé,
00:59:20ça fait des ordres. Non, mais ce qu'il faut
00:59:22savoir... Oui, je vous en prie. Non, non, je veux juste...
00:59:24Monaco, Monaco, parce que
00:59:26Monaco, moi j'ai vécu à Monaco,
00:59:28vous avez de temps en temps des phénomènes
00:59:30telluriques, il y a des tremblements de terre
00:59:32et les maisons sont équipées de telle sorte
00:59:34qu'elles peuvent absorber les secousses.
00:59:36Pardon. Non, non, au contraire.
00:59:38Au contraire, vous parliez d'une autre ville, la ville
00:59:40de Nice, par exemple. La ville de Nice, en
00:59:421979,
00:59:44a fait l'objet d'un effondrement
00:59:46de falaises non loin de l'aéroport
00:59:48de Nice et ce qui a causé
00:59:50un tsunami entre la ville
00:59:52d'Antibes et la ville
00:59:54de Nice. Donc là encore,
00:59:56ces villes doivent être aussi
00:59:58j'allais dire
01:00:00et surtout
01:00:02à l'avant-garde pour sensibiliser
01:00:04leurs habitants comme a pu
01:00:06le faire la ville de Cannes.
01:00:08Donc Nice peut être aussi
01:00:10touchée par ce
01:00:12type de phénomène naturel.
01:00:14Et il y a eu,
01:00:16je crois d'ailleurs, un film qui a été
01:00:18inspiré justement de la catastrophe du 26 décembre
01:00:202004. Tout à fait,
01:00:22un film qui date de
01:00:242012, là encore, excusez
01:00:26mon anglais, c'est
01:00:28The Impossible, inspiré
01:00:30d'une histoire vraie
01:00:32où l'épouse est incarnée
01:00:34par Naomi Watts
01:00:36qui s'est vue décerner
01:00:38par son rôle l'Oscar
01:00:40de la meilleure actrice.
01:00:42Et dans ce film, qui est
01:00:44issu d'une histoire vraie, c'est un couple
01:00:46qui va en famille en Thaïlande avec ses enfants
01:00:48et qui sont emportés
01:00:50par ce tsunami.
01:00:52Ils se perdent et ils se battent
01:00:54pour leur survie et puis aussi
01:00:56pour se retrouver.
01:00:58C'est un film aussi à regarder, je l'ai vu,
01:01:00il faut se tenir à sa chaise.
01:01:02Merci beaucoup
01:01:04François Elahité, il nous reste à peine
01:01:06une minute.
01:01:08Rapidement, François, je vous voyais effectivement
01:01:10réagir, parce que c'est vrai qu'on se dit par exemple
01:01:12en Méditerranée, même si évidemment ce ne sont pas
01:01:14des vagues de 35 mètres, pour l'instant, il n'y a qu'une seule ville
01:01:16qui semble prête, il est peut-être temps qu'on s'y mette.
01:01:18Oui, mais je pense qu'à un moment donné, le bon sens
01:01:20l'emporte. Je veux dire, les gens qui habitent à Cannes, ils savent
01:01:22parfaitement qu'il y a un risque de tsunami, ils regardent
01:01:24ceux qui habitent à Nice, ils se disent, je prends la route
01:01:26de la corniche et je vais être tranquille.
01:01:28Il y a 20 minutes
01:01:30pour agir, entre le moment où la sirène sonne.
01:01:32Le seul problème, c'est les embouteillages.
01:01:34On a intérêt à avoir un petit vélo
01:01:36ou une petite trottinette.
01:01:38C'est vrai que vous avez les personnes fragiles,
01:01:40les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite,
01:01:42ceux qui n'ont pas les moyens aussi d'être prévenus
01:01:44en temps d'erreur. On a vu ça aussi
01:01:46avec les systèmes d'alerte qui ont dysfonctionné en Espagne
01:01:48lors des inondations. Il y a aussi beaucoup de personnes
01:01:50qui ne sont pas forcément suffisamment bien
01:01:52connectées pour être mises au courant
01:01:54en premier, donc c'est vrai qu'il y a aussi toute une réflexion
01:01:56sur les populations les plus vulnérables.
01:01:58Merci en tout cas à tous les quatre d'avoir été
01:02:00mes invités. Merci Françoise notamment
01:02:02d'avoir bravé la maladie pour rester
01:02:04avec nous. Je vous laisse aller vous reposer
01:02:06tout de suite. C'est l'heure des
01:02:08Pro 2 avec Eliott Deval et ses invités.
01:02:10Passez une bonne soirée sur CNews.

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