• hier
L'entourage de Xavier Bertrand se dit "navré" ce lundi soir que le Premier ministre François Bayrou "ait eu recours aux mensonges" pour justifier son absence au sein du nouveau gouvernement nommé ce 23 décembre. Le Premier ministre a récusé toute "influence" de Marine Le Pen dans la composition de son gouvernement.

Category

🗞
News
Transcription
00:00François Bayrou avait choisi BFMTV pour livrer son premier commentaire, expliquer ses choix, c'était hier soir donc, peu après 20h30.
00:10Comment vous l'avez trouvé Laurent Neumann ?
00:12Éminemment censurable.
00:15D'avantage que le gouvernement Barnier, le gouvernement précédent.
00:19Pareil, il avait promis qu'il parlerait à la gauche, il n'a parlé qu'à la droite et à la droite extrême hier.
00:24Bon, l'épisode Bertrand, on va y revenir, mais tous les messages qui sont envoyés, le fait que désormais il y a un tandem police-justice,
00:31Retailleau, Darmanin, l'entrée de Manuel Valls qui fait office de repoussoir à gauche, quels que soient ses talents et ses compétences sur le sujet des Outre-mer.
00:40Et puis le retour d'Elisabeth Borne, Madame Retraite, Madame 49.3.
00:44Pour commencer un dialogue avec la gauche, franchement, on ne peut pas s'y prendre de la pire des manières.
00:48Lou, votre lecture.
00:50On peut se poser la question de savoir combien le gouvernement Bayrou va tenir sans l'aval du RN.
00:56Dans la mesure où effectivement, non seulement ce n'est pas un gouvernement de gauche, mais vous regardez, la personnalité qui incarnait un peu la gauche avant, c'était Didier Migaud, à la justice.
01:04Il n'y est plus.
01:05Tout le travail qui avait été fait en amont pour essayer de décrocher un peu les socialistes du nouveau front populaire, au contraire, aura sans doute eu l'effet de le repousser avec LFI.
01:16Donc c'est un gouvernement, oui, qui est tenu par le RN.
01:19Et pourtant, le Premier ministre est convaincu de ne pas être censuré, Mathieu Croissant.
01:23Oui, il le dit avec son équipe de personnalités, de vieux routiers.
01:27C'est un peu les Avengers de François Bayrou, version Béarnes peut-être.
01:31Voilà, il est persuadé au fond, François Bayrou, qu'en prenant des professionnels de la politique, sous-entendu pas des novices, pas des noms que personne ne connaît,
01:38eh bien ces gens-là, avec leur profil, avec leur expérience, arriveront peut-être à nouer des accords texte par texte et permettront d'imprimer, comme on dit, dans l'opinion.
01:46Ça ne suffira pas. Laurent a très bien résumé. L'équation politique, elle reste exactement la même.
01:51Et pour François Bayrou, les difficultés vont commencer à l'approche de sa déclaration de politique générale et surtout de la discussion budgétaire.
01:59Il y a donc l'épisode Xavier Bertrand. Pourquoi Xavier Bertrand n'est-il pas entré au gouvernement ?
02:04Eh bien, le Premier ministre a été interrogé par Benjamin Duhamel et Apolline de Malherbe.
02:08Et voici l'explication qu'ils donnent.
02:11Xavier Bertrand proposait une démarche que j'ai trouvée violente. Par exemple, que les amendes soient payées par une retenue de salaire.
02:20Ça n'a rien à voir avec une défiance de Marine Le Pen, ça a à voir avec une défiance de moi.
02:24Ça, c'est violent. C'est effectivement violent. Non mais est-ce que vous avez cru une seule seconde le Premier ministre ou pas Laurent Neumann ?
02:32Non mais je crois que tout le monde a souri en entendant ça, il faut dire la vérité.
02:35Et d'ailleurs, c'est terrible parce qu'il va y avoir le deuxième effet qui se coule dans quelques heures, dans quelques jours.
02:40Xavier Bertrand va venir sur une chaîne de télévision pour dire que ça ne s'est absolument pas passé comme ça.
02:45C'est ce que dit l'entourage.
02:46Et d'ailleurs, François Bayrou...
02:47L'entourage fait savoir qu'il est navré que le Premier ministre de la France ait eu recours au mensonge pour justifier sa décision.
02:54Mais d'ailleurs, François Bayrou lui-même s'est contredit hier.
02:56Puisque après avoir dit que c'était la vision de Xavier Bertrand, du ministère de la Justice, qui n'était pas cohérente avec la sienne,
03:03il s'est empressé de dire que la petite phrase sur le fait qu'il avait desserré les mâchoires du RN, c'était une phrase qui était scandaleuse,
03:12qu'il n'aurait jamais dû prononcer, que ce n'était pas sa vision de la politique.
03:15C'est-à-dire exactement l'argument qu'a donné Marine Le Pen pour mettre une sorte de fatwa sur le nom de Xavier Bertrand.
03:23Donc il s'est lui-même contredit.
03:24Honnêtement, personne n'y a cru.
03:27Marie-Jean Tré, que dit-on finalement du choix du Premier ministre de ne pas retenir Xavier Bertrand dans l'équipe gouvernementale ?
03:35Vous êtes à Saint-Quentin-dans-l'Aisne, le fief de Xavier Bertrand.
03:41Dans le fait de Xavier Bertrand, en fait, on dit un peu la même chose que ce que j'entends sur le plateau,
03:44à savoir que personne ne croit la version de François Bayrou.
03:47Tout le monde est convaincu qu'il a voulu composer avec le RN.
03:49C'est notamment ce que vous me dites, Michel.
03:51Vous êtes électrice de gauche, et vous me le disiez, selon vous, le Premier ministre a cédé quelque part au RN.
03:57Oui, automatiquement, il était bien obligé de composer, puisqu'il a des gens de tous bords dans son entourage.
04:08Donc il était obligé, pour essayer d'avoir un gouvernement qui tient un petit peu,
04:14il était obligé d'écouter ce que disait le RN, qui a quand même une force politique en France.
04:21Donc oui, évidemment.
04:23Mais justement, vous me disiez que vous pensez que ce gouvernement ne va pas tenir.
04:25Non, du tout. Je ne sais même pas s'il tiendra aussi longtemps que celui de M. Barnier.
04:30De toute façon, c'est un système politique qui est déséquilibré, puisqu'on n'a pas tenu compte des électeurs de gauche depuis un moment.
04:41On ne tient pas compte de ce que pensent les Français en totalité.
04:46On doit respecter évidemment les avis de chacun, mais on ne tient pas compte, justement, de ça.
04:50Donc ça ne peut pas continuer.
04:52Merci beaucoup, Michel.
04:53Et ce que nous dit Michel, ça ne peut pas continuer.
04:55On est dégoûtés, c'est ce qu'on entend ici, à Saint-Quentin.
04:57Alors justement, on va revenir sur la gauche dans quelques instants.
05:00Mais d'abord, l'épisode Bertrand.
05:02Est-ce que c'est la preuve incontestable que le RN, plus que jamais, tient le Premier ministre ?
05:09Il tenait Michel Barnier et il tient François Bayrou.
05:12Le fait est qu'on a pris un jour sans fin depuis l'été dernier.
05:14C'est-à-dire qu'on a eu exactement la même rengaine cet été avec Michel Barnier,
05:17qui essayait d'élargir vers la gauche, qui n'y arrivait pas et qui se retrouvait dans la main du RN.
05:21C'est peut-être finalement le seul moyen pour le gouvernement de tenir aussi.
05:24C'est-à-dire qu'au bout d'un moment, vous choisissez.
05:26Vous allez vers la gauche, vous allez vers la droite.
05:28En l'occurrence, le centre, en même temps d'Emmanuel Macron de 2017, ça a fonctionné en 2017, ça a fonctionné en 2022.
05:33Aujourd'hui, ça ne fonctionne plus.
05:35Ce n'est pas ce qu'ont demandé les électeurs, manifestement.
05:37Le projet du Premier ministre, si mes souvenirs sont bons, c'était un tiers de gauche, un tiers du centre et un tiers de droite.
05:44On regarde les personnalités de gauche.
05:46Quelle est la démarche qui justifie, dans l'esprit de François Bayrou, la nomination de Manuel Valls ?
05:54La nomination de Manuel Valls, c'est évidemment pour dire que j'ai fait rentrer des gens de gauche au gouvernement.
06:00Sauf que pour la gauche, Manuel Valls n'est plus de gauche.
06:03Comme François Rebsamen, pour avoir soutenu Emmanuel Macron, n'est plus de gauche.
06:08En réalité, le plus à gauche, c'était Didier Migaud, il n'y est plus.
06:12La plus à gauche, personne n'en parle, c'est Madame Panneusian, qui va s'occuper des mêmes sujets dans le domaine social, etc.
06:21C'est la seule, en réalité.
06:23Et Juliette Méadel, même chose.
06:24Elle était porte-parole du Parti socialiste pendant un moment donné, mais depuis longtemps, elle est devenue macroniste.
06:30Tout ça n'a aucun sens, aucun sens en termes d'élargissement du spectre politique. Zéro.
06:35Ça veut dire que le risque de censure, il vient non seulement du RN, mais aussi, plus que jamais, de la gauche.
06:43Oui, et il pourrait même aussi venir de LR.
06:45N'oublions pas qu'il y a eu une grande diminution du nombre de ministres LR au gouvernement,
06:49et qu'aujourd'hui, Laurent Wauquiez dit que nous avancerons texte par texte.
06:52Il n'est plus du tout question de socle commun et de soutien inconditionnel.
06:56Oui, je peux vous confirmer d'ailleurs que Laurent Wauquiez a assez peu apprécié l'interview de François Bayrou hier soir.
07:01Quand François Bayrou dit que ce n'est pas très gaulliste comme attitude de critiquer la composition du gouvernement
07:08et de placer son parti avant son pays, c'est un allié, il entre au gouvernement, c'est extrêmement dur.
07:15Et quand la droite dit aujourd'hui qu'on va être extrêmement vigilants,
07:18la lettre que François Bayrou a envoyée aux Républicains revient sur les principes généraux,
07:23mais il n'y a absolument rien de précis. Même là, ça risque d'être compliqué.
07:27Mathieu, d'un mot, la première censure, si censure il doit y avoir, elle peut intervenir quand ?
07:31Les Insoumis ont dit qu'ils déposaient une motion de censure juste après la déclaration de Politique Générale Corallio le 14 janvier.
07:38Donc ça sera la première occasion, mais ensuite, ça sera très vraisemblablement lors du débat budgétaire.

Recommandations