Mercredi 18 décembre 2024, SMART TECH reçoit Murielle Popa-Fabre (experte en traitement automatique du langage, Conseil de l'Europe) , Grégoire Courtine (cofondateur, Onward Medical) , Jocelyne Bloch (cofondatrice, Onward Medical) , Véronique Saubot (Directrice Générale, Simplon) et David Lacombled (Président, La villa Numeris)
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00:00Bonjour à tous, grand rendez-vous de l'intelligence artificielle aujourd'hui dans Smartech.
00:12On va parler de la stratégie de la France dans ce domaine avec cette question.
00:16Quelle politique publique dans l'IA mettre en place face à la montée exponentielle de tous ces algorithmes et modèles de langage ?
00:24On va aussi s'intéresser à la formation continue en entreprise. Comment faire ? Pour qui ? Par où commencer ?
00:30Et puis l'âge antique, l'âge antique, nouvelles tendances.
00:33Tout ça, ce sera donc bien décrypté par deux experts dans Smartech aujourd'hui.
00:38On va aussi avoir un point de vue économique avec notre chroniqueur David Lacomblet qui va s'intéresser à la course aux investissements dans l'IA.
00:46Mais d'abord, je vous propose qu'on regarde ce qui se passe du côté des interfaces homme-machine avec trois questions à deux grands chercheurs.
00:53Vous saviez qu'on avait un champion européen ? C'est tout de suite dans Smartech.
01:02Dans le monde des interfaces cerveau-machine, nous avons une pépite européenne qui a été créée par deux scientifiques de renommée mondiale.
01:11Lauréat de nombreux prix prestigieux, Dr Jocelyne Bloch qui est chef du département de neurochirurgie fonctionnelle au CHUV.
01:18C'est l'un des meilleurs centres hospitaliers universitaires dans le monde.
01:21Elle est professeure associée en neurochirurgie à l'EFPL et à l'université de Lausanne et directrice de NeuroRestore.
01:28Avec elle, le professeur Grégoire Pourtine, professeur titulaire de neurosciences et de neurotechnologie à l'EFPL également et directeur de NeuroStore.
01:38Ils sont connectés avec nous. Bonjour.
01:40Bonjour.
01:42Je rajoute à votre CV que vous êtes les cofondateurs d'Onward Médical.
01:47Onward Médical, une entreprise qui développe des technologies thérapeutiques pour restaurer le mouvement, la fonction, l'indépendance chez les personnes atteintes de lésions de la moelle épinière et de troubles du mouvement.
02:02Est-ce que la comparaison avec le Neuralink d'Elon Musk vous amuse ou vous agace ?
02:10Un peu des deux, je dirais.
02:12En gros, c'est bien qu'on parle de ça parce que c'est important qu'on mette en avant tous ces progrès en interface cerveau-moelle épinière, interface cerveau-machine.
02:24Mais ça nous agace un peu parce qu'on a l'impression d'avoir avancé différemment avec des techniques qui sont probablement un tout petit peu moins invasives et qui sont tout aussi efficaces.
02:35Et on a été les premiers finalement à faire marcher quelqu'un avec un pont digital qui permet de lire dans le cerveau pour pouvoir ensuite activer la moelle épinière et faire marcher quelqu'un qui a une lésion de la moelle épinière.
02:47C'est vrai que j'ai reçu une approche chirurgienne. Elle a beaucoup de difficulté à imaginer mettre des implants au sein du cerveau qui vont abîmer le cerveau, qui n'auront pas vraiment de longévité.
02:57Alors que nous, on a une approche qui est beaucoup plus non-invasive. Pour un neurochirurgien, on pose des implants au-dessus du cerveau et ça permet d'enregistrer le cerveau pendant des années et des années de façon très stable.
03:06D'accord. Donc là, vous nous parlez des différences. C'est intéressant.
03:09Et je voulais savoir où on en est finalement aujourd'hui de l'état de l'art en matière d'interface cerveau-machine et où vous en êtes vous précisément sur votre dispositif ?
03:21Alors effectivement, il y a énormément d'intérêt. C'est pour ça que vous nous parlez aujourd'hui sur les interfaces cerveau-machine avec tout ce qui est intelligence artificielle.
03:30Il faut quand même savoir qu'on est encore dans une phase de développement où on est assez loin des vraies applications entre guillemets commerciales.
03:37C'est-à-dire d'avoir des gens qui vraiment bénéficient de ce type d'interface pour améliorer la qualité de vie.
03:42Cela dit, on a fait des preuves de concepts qu'on pense essentiels et on est aujourd'hui en mesure de concevoir un produit.
03:48Cela veut dire le développer, les phases cliniques de validation et d'ici, on espère à la fin de la décennie, c'est-à-dire 2030, d'avoir pour nous en tout cas le premier produit qui permettrait à des gens d'améliorer la marche.
04:01Et ces preuves de concepts, comme je l'évoquais tout à l'heure, ça a été de faire marcher quelqu'un qui a une raison de la moelle épinière avec un implant sur la région du cerveau qui enregistre l'intention de marcher
04:13et puis la faire communiquer avec un stimulateur de la moelle épinière qui va ensuite activer les muscles des jambes.
04:18On a fait pareil pour le monde supérieur où on a aussi mis un implant dans la région motrice de la main et du bras et puis des électrodes cette fois sur la moelle cervicale.
04:28Et ça, on le reproduit et c'est ça où on en est actuellement, là où on en est dans notre centre de recherche.
04:35Mais alors quand vous dites sur la région du cerveau, c'est où exactement et quelle est l'opération chirurgicale finalement qu'il faut créer pour réussir justement à connecter le cerveau à une interface qui va lui permettre de relancer des mouvements ?
04:52Je commence par la chirurgie, elle va vous expliquer la connexion.
04:56Donc l'intervention, il s'agit d'abord de repérer, on a la chance d'avoir sur notre cortex cérébral, la région qui s'occupe de la motricité est très apparente.
05:08Donc on arrive assez facilement à la localiser.
05:11Donc si je montre, ça se localise à peu près dans cette région à droite et à gauche et c'est là qu'on va mettre notre implant.
05:18Donc comment est-ce qu'on le fait ? On ouvre la peau et puis on va faire ce qu'on appelle une craniotomie.
05:23Et on enlève un petit morceau d'os de 5 cm de diamètre pour le remplacer par un os électronique qui va avoir 64 électrodes qui sont capables d'enregistrer l'activité cérébrale.
05:34Et ces électrodes seront posées sur le cerveau.
05:37Elles ne seront pas dans le cerveau mais sur le cerveau.
05:39Puis ensuite on ferme la peau et puis tout est à l'intérieur.
05:42Donc l'implant est en place.
05:44Première implantation, deuxième implantation aussi.
05:46L'autre implant pour faire marcher les jambes, ça a été la chirurgie sur la moelle épinière.
05:50Donc l'appareil, on ouvre la peau, soit au niveau cervical, soit au niveau dorsal, dépendant de la fonction qu'on veut rétablir.
05:57Et puis on va entre deux vertèbres glisser un champ d'électrodes.
06:02Donc c'est 16 électrodes par champ qui vont viser toutes les racines nerveuses qui sont nécessaires à la marche ou à la mobilité du bras.
06:11Et ça de nouveau, ce n'est pas dans la moelle épinière mais c'est au-dessus de la moelle épinière.
06:15Et puis c'est relié à un petit ordinateur, un pacemaker, qui est sous la peau aussi, qui va lui-même générer les impulsions et faire actionner le système.
06:24On appelle ça un pot digital en fait, qui va transformer les pensées en actions.
06:30On n'a plus le temps d'aller plus en détail sur le fonctionnement du dispositif.
06:37En tout cas, on a bien compris qu'on détenait une pépite française.
06:40Je voulais préciser que votre société est basée en Europe, un côté Euronext, Paris et Amsterdam.
06:45Mais vous avez aussi un bureau à Boston.
06:47Donc j'imagine que toucher le marché américain, c'est un peu le Saint-Graal quand même.
06:51Absolument. Il faut qu'on aille rentrer en compétition avec Elon Musk.
06:56Voilà, c'est ça. On vous attend.
06:58Merci beaucoup à tous les deux pour vos explications.
07:02Docteur Jocelyne Bloch et professeur Grégoire Courtine d'avoir été avec nous, cofondateurs d'Unward.
07:08Merci encore.
07:11Bismarck.
07:13La stratégie de la France en matière d'IA est-elle la bonne ?
07:17Comment on va penser ces nouvelles politiques publiques à l'ère de l'IA et de tous ces développements technologiques ?
07:22Et puis la formation de tous à tout âge. On fait quoi ? On fait comment ?
07:27Et cet âge antique AI dont on nous parle comme une nouvelle tendance, qu'est-ce que c'est exactement ?
07:32Voilà les sujets qu'on va aborder aujourd'hui avec mes deux expertes en plateau.
07:36Véronique Sobo, bonjour.
07:37Bonjour.
07:38Vous êtes directrice générale de Simplon qui est un organisme de formation dont la mission est vraiment de démocratiser l'accès aux compétences numériques et aux métiers de la tech.
07:47Et donc vous êtes très engagée sur cette question de la formation en matière d'intelligence artificielle.
07:52À côté de vous, Muriel Popafabre, bonjour.
07:54Bonjour.
07:55Experte en traitement automatique du langage au Conseil de l'Europe, vous intervenez sur les questions de réglementation de l'IA et de protection des données.
08:02Alors, on commence avec peut-être ce rapport parlementaire qui nous vient de l'OPEX avec cette question posée par trois sénateurs, Sabatou, Chez et Narassiguin.
08:14Tchad, GPT et après, bilan et perspective de l'intelligence artificielle.
08:17Il y a beaucoup de choses sur les enjeux économiques, politiques dans ce rapport, culturel aussi et scientifique.
08:23On peut peut-être démarrer sur la partie formation puisqu'il y a un point vraiment très détaillé là-dessus.
08:28En tout cas, transformation du travail avec la nécessité de mettre en place des politiques publiques, nous dit-on, dans ce rapport.
08:35Qu'est-ce qu'on doit mettre en place comme politique publique pour accompagner cette transformation, selon vous ?
08:40Alors, effectivement, ce rapport dédie toute une partie à l'évolution du marché du travail avec l'arrivée de l'intelligence artificielle.
08:50Et ce que je trouve assez intéressant, c'est que par rapport aux peurs potentielles des remplacements, du grand remplacement par l'IA,
08:57le rapport souligne qu'en fait, plus que de supprimer un certain nombre d'emplois ou de remplacer des emplois par l'IA,
09:04il va y avoir plutôt une transformation profonde du marché du travail.
09:07Ça, ça me semble assez intéressant. Et cette transformation profonde, évidemment, ça signifie qu'il faut que les salariés dans les entreprises soient accompagnés,
09:20mais aussi, alors ça c'est pour les salariés qui sont déjà des adultes, mais aussi qu'on accompagne tout au long de la vie de l'école en passant par l'université,
09:29puis au-delà, toutes les populations et qu'on fasse de l'acculturation.
09:33Alors ce rapport est intéressant parce qu'il a formulé un certain nombre de recommandations, il y en a 18, me semble-t-il, ou 25,
09:40et la 9 et la 10 sont dédiées sur ce sujet, comment est-ce qu'on acculture, et cette acculturation pourrait peut-être en France un peu s'inspirer de ce qui est fait en Finlande,
09:50où ils ont commencé depuis déjà pas mal d'années à acculturer, à se sensibiliser, démystifier en fait, il faut démystifier un peu l'IA qui fait peur aussi beaucoup en France.
10:00Mais cette acculturation, elle ne dépend pas du politique ?
10:03Ben non, elle ne dépend pas que du politique, ça peut se faire en entreprise, ça peut être décidé aussi par des instances type l'éducation nationale,
10:13l'éducation de l'enseignement supérieur et de la recherche, donc il y a quand même une petite partie politique pour flécher peut-être un certain nombre de soutiens budgétaires d'investissement,
10:23mais il y a aussi un gros besoin de formation dans les entreprises.
10:27Hier, j'étais à une séance d'acculturation dans l'enceinte du conseil régional de l'Île-de-France, où on avait 400 personnes qui sont arrivées le matin à 9h pour se faire former,
10:39et j'étais surprise de voir qu'il y a beaucoup beaucoup d'intérêt, 450 personnes à 9h du matin au conseil régional de l'Île-de-France à Saint-Ouent,
10:46qui étaient très intéressées par cette mobilisation, donc j'étais surprise de l'engouement.
10:52Et ce qui m'a aussi beaucoup surprise, c'est que finalement, au-delà de l'appétit, qui est souligné par cette présence et cette participation,
10:58il y a aussi, plus que de l'appétit à comprendre, il y a déjà un bon taux d'utilisation.
11:05Donc ce qui me semble aussi très important, c'est un peu d'encadrer cet apprentissage, parce qu'utiliser chat.gpt ou pou.com ou perplexity, ça s'apprend,
11:18et on pourra éventuellement y revenir, ça ne se fait pas n'importe comment, il peut y avoir un certain nombre d'écueils, et il y a un certain nombre de règles à respecter.
11:28Donc ce rapport, de ce point de vue-là, très intéressant quand même.
11:32Alors, je voulais vous faire réagir, Muriel, sur plutôt la partie régulation, réglementation.
11:37Le rapport nous dit, bon, on doit éviter que l'Europe devienne une colonie numérique, si ce n'est pas déjà le cas, en tout cas.
11:43L'Union Européenne mise sur la régulation du lien, mais cela reste insuffisant.
11:47Voilà ce que nous disent les trois sénateurs après avoir procédé à de nombreuses consultations.
11:52Vous êtes d'accord avec ça ?
11:54Alors, moi je pense qu'il y a à la fois une partie qui doit être jouée par la régulation,
11:59mais aussi une partie qui doit être jouée par la création d'un écosystème qui puisse avoir des réponses pertinentes pour arriver chez les utilisateurs.
12:07Il y a une question de fond, de comment l'Europe va réussir à créer des produits qui correspondent à ses valeurs et à son éthique.
12:14Et de ce point de vue-là, je trouve que ce type de rapport est extrêmement positif parce qu'il imprime, si vous voulez,
12:25le fait qu'il y ait ce dialogue entre le Parlement et ce qui est développé dans un gouvernement est fondamental
12:30parce que ça imprime une marque démocratique à la gouvernance de l'IA.
12:35C'est extrêmement important que nos institutions préservent cette capacité de dialogue
12:41sur des enjeux qui sont à très très grande échelle comme la gouvernance de l'IA.
12:45Donc c'est aussi ce qui se passe au niveau européen.
12:48Le Parlement européen a créé un groupe de travail pour superviser l'implémentation de la réglementation européenne
12:54et notamment l'action de la Commission.
12:57Donc il y a quelque chose de très important que je trouve qui se passe aussi par la formation.
13:03C'est de renforcer le jeu démocratique par la compréhension des utilisateurs de cette technologie.
13:09Parce que cette troisième vague, avec la façon dont elle a imprimé le langage comme interface,
13:16fait qu'en fait on est de plus en plus devant des questions d'utilisateurs finales
13:21et d'enjeux éthiques sur l'utilisateur final.
13:25Et les entreprises sont un relais de cette formation.
13:29Et c'est pour ça que je pense que c'est aussi important que les gouvernements aient une politique d'éducation
13:34parce que c'est la citoyenneté qui est aussi en jeu.
13:38Alors il y a cette question.
13:41Effectivement d'ailleurs le rapport fait état de l'absence de représentants parlementaires
13:47dans le pilotage du sommet de Paris sur l'IA.
13:50Donc il y a un souci.
13:52Effectivement ça intéresse beaucoup de monde cette question de l'IA,
13:55y compris le politique qui a envie de s'y engager.
13:58Tant mieux on peut s'en réjouir.
13:59Mais ils disent aussi en matière de réglementation qu'on a une approche par les risques uniquement,
14:03qu'il faut sortir de cette approche.
14:05Est-ce que vous avez ce sentiment aussi qu'en Europe on aborde l'IA uniquement par les risques ?
14:10Alors disons que la façon dont cela s'est matérialisé en France en termes de gouvernance de l'IA,
14:16c'est le travail de fond de création d'un écosystème.
14:19Donc je n'ai pas l'impression, la façon dont en Europe on constitue par exemple l'office de l'IA,
14:26enfin le bureau de l'IA, c'est de créer une partie qui gère les risques
14:31et trois branches qui gèrent AI for Good, qui gèrent le financement,
14:38avec des augmentations quand même assez importantes de financement dans l'innovation.
14:44Donc pour ce qui est de la France, moi je suis impliquée au niveau plutôt international,
14:50de façon générale, professionnellement.
14:52Mais par contre j'ai participé à France 2030 et j'ai évalué un peu plus d'une quinzaine de projets de financement.
14:59Et ce que je vois c'est que dans un indice comme le Global AI Index,
15:04la France est passée de 2023 à 2024 de la treizième position à la cinquième position.
15:11Donc cette capacité de créer un écosystème est quand même là et l'Europe veut s'en inspirer.
15:19Donc je pense qu'en fait on est en train d'avoir tous les éléments pour avoir des vraies réponses
15:27qui peuvent atterrir chez les utilisateurs et donc qu'on n'est pas que dans les risques.
15:32Et puis si je peux me permettre de compléter, je trouve que cette approche qui est aussi
15:38de déployer l'intelligence artificielle dans les entreprises,
15:42elle se fait pas avec l'approche des risques, enfin elle se fait un peu avec l'approche des risques,
15:46mais elle se fait surtout avec l'approche des opportunités et l'identification des cas d'usage.
15:50En fait les entreprises qui commencent à déployer l'utilisation de l'intelligence artificielle,
15:54elles cherchent des cas d'usage. Et des cas d'usage avec l'IA, il y en a plein,
15:58sur de la production de contenu, sur l'intelligence documentaire,
16:02sur les agents conversationnels et tout ce qui est interactif.
16:05Et donc ça porte aussi l'ensemble d'un écosystème vers un IA plutôt orienté opportunité que risque.
16:14Je vais rajouter un petit risque aussi, c'est l'uniformisation cognitive.
16:17Parce que ça aussi c'est bien souligné dans le rapport, il y a un risque d'accentuer
16:21fortement l'hégémonie culturelle des Etats-Unis.
16:25Donc il faut qu'on soit offensif en matière d'infrastructures, de création de modèles de langage.
16:31Mais comment est-ce qu'on fait pour lutter contre cette hégémonie culturelle dans l'IA ?
16:35C'est possible ça ? Vu l'avance qui est prise aujourd'hui par ces grands modèles.
16:40Je pense que c'est possible. Je pense que c'est possible par une vraie culture de la donnée
16:45et surtout une culture de l'évaluation.
16:48C'est-à-dire qu'on se rend compte de façon assez intuitive qu'il y a une hégémonie culturelle
16:54et même linguistique par moment.
16:58On s'en rend compte avec quelques études qui sortent aux Etats-Unis de grandes universités.
17:04Mais par contre on ne s'est pas encore donné les moyens d'avoir des observatoires.
17:10Et je pense que la culture de l'évaluation est déterminante en entreprise.
17:16Parce que ce sont des professions qui n'auraient pas adopté l'IA autrement.
17:22Et qui du coup n'ont pas toute cette culture industrielle d'évaluer les outils.
17:28Et pour être bien certain que même un outil de génération d'images pour des jeux vidéo
17:36n'a pas uniquement ces personnages et ces avatars qui rentrent dans des boulangeries remplies de donuts par exemple.
17:43Ou que les rues ressemblent à Cracovie par exemple.
17:49Donc il y a tout un enjeu culturel derrière l'IA générative même d'un point de vue visuel.
17:55Que je pense qu'il est en train de surgir tout doucement au niveau des ministères de la culture européen.
18:01Et qui passe par une culture de la donnée et de l'évaluation.
18:05Mais ça va être un des sujets d'ailleurs du sommet de Paris, la culture.
18:09En revanche il n'y a pas l'éducation.
18:11Alors justement par rapport à cette question de l'uniformisation de la pensée.
18:21Parce qu'effectivement ces modèles de langage sont basés sur le texte anglo-saxon qui est diffusé sur internet.
18:27Donc c'est la réalité de la matière première et il est très largement anglo-saxon.
18:32Mais c'est pour ça que c'est très important de garder son esprit critique par rapport à l'utilisation de ces outils.
18:40Et la formation ça sert à ça.
18:43En tout cas la formation telle qu'on la pense en France et de façon quasi universelle.
18:49C'est de comment je garde mon esprit critique par rapport à ce que me sort chaque GPT.
18:53Et les potentielles hallucinations ou biais de conclusion.
19:01Alors après les questions qu'on se pose aujourd'hui, est-ce qu'on va se les poser demain de la même façon ?
19:05Parce qu'il y a une nouvelle tendance et je voulais en savoir plus.
19:08Qu'est-ce que c'est que cette Agentic AI ? Murielle ?
19:11Alors c'est vraiment la tête de proue de l'arrivée de l'IA vraiment dans l'entreprise.
19:22Parce qu'il y a deux avantages fondamentaux à ces systèmes qui orchestrent plusieurs briques.
19:28A la fois d'IA générative mais aussi de moteur de recherche ou d'automatisation de tâches, de paiement.
19:35Donc c'est quelque chose de très très global.
19:37C'est une architecture qui va permettre à différents éléments d'interagir.
19:42Et donc ça, ça a deux avantages fondamentaux.
19:44Le premier c'est que ça garde beaucoup plus le contrôle.
19:47On a beaucoup plus une idée avec des règles précises.
19:50Ça c'est contre-intuitif parce que justement si le logiciel parle au logiciel sans intervention humaine, on aura moins de contrôle.
19:57Alors au moment du développement, on a beaucoup plus de contrôle.
20:00C'est-à-dire qu'on peut beaucoup plus prédire quelles vont être les interactions entre les différents éléments.
20:05On va pouvoir prédire à quel moment il faut lancer une recherche sur internet ou pas.
20:10Parce que votre base de données d'entreprise n'a pas cette réponse.
20:14Donc il y aura beaucoup plus de contrôle dans la partie de développement.
20:18Il y aura aussi beaucoup plus d'adaptivité.
20:22Donc c'est là à mon avis qu'on va avoir les vrais cas d'usage pour l'éducation.
20:26Parce qu'on va avoir une possibilité d'adapter beaucoup plus au parcours d'apprentissage et d'insérer de la théorie de chaque élève.
20:35Et notamment de challenger le savoir de l'élève avec des méthodes qu'on appelle socratiques.
20:41Donc ça, ça va être deux éléments.
20:44Il y a un mais.
20:47Et notamment, c'est un mais qui nous occupe pas mal dans un comité dans lequel je suis au Conseil d'Europe sur la liberté d'expression et l'IA générative.
20:57C'est qu'il y a trois semaines, l'Université de Stanford, un labo de l'Université de Stanford, sortait une étude qui faisait écho à une autre étude de 2023 sur la simulation de personnalité.
21:11Et donc, il y a mille personnes qui ont participé à une interview guidée par IA à l'oral de deux heures.
21:19Et après, sur la base de cette information, on a enrichi la mémoire d'un système agentique.
21:27Et on s'est retrouvés à pouvoir simuler les traits de personnalité, les choix et les réponses de ces mille personnes sur des questionnaires longs.
21:39Vraiment, c'est beaucoup de données. C'est pas une étude qui est juste tape à l'œil.
21:43Et de pouvoir prédire avec 85% de précision les choix et les choix aussi d'envie, de besoin que ferait chaque personne sur des questionnaires qui n'étaient pas inclus, évidemment, dans les deux heures d'interview.
22:01Donc, on est dans un système, en fait, où vous pourrez avoir un agent IA. Et donc, ça, c'est un peu en dehors de ce que dit Gartner sur l'entreprise.
22:11C'est vraiment sur les usagers qui arrivent chez le consommateur.
22:15Vous pourrez avoir quelqu'un, enfin, quelqu'un, quelque chose qui approxime et simule bien votre personnalité dans des achats de manière assez autonome.
22:26Ça va être magnifique pour le commerce, ça.
22:28Et vous pourriez, par exemple, demander à chaque GPT de faire l'achat de votre billet de train et de payer avec le compte en bas.
22:37Choisir la destination prochaine de nos vacances.
22:39C'est formidable. Mais bon.
22:41Ça pose quelques questions.
22:43Ça pose quelques questions. Et puis, il y a quand même un gros chantier d'adoption, d'abord, des intelligences artificielles génératives avant ça.
22:51Mais c'est prospectif et c'est amusant.
22:54Ça commence à arriver, quand même.
22:56Ça va tellement vite qu'il ne faut pas freiner à s'y intéresser.
23:00On a une start-up française qui travaille sur le sujet, qui a pas mal fait parler d'elle, qui avait levé des fonds, 220 millions, au printemps, qui s'appelle H, à Paris.
23:10H Company.
23:12Qui travaille sur le sujet.
23:14On va recevoir bientôt.
23:16Tout à fait. Vous savez tout.
23:18Merci beaucoup à toutes les deux.
23:20On va parler maintenant de la course à l'investissement dans l'IA.
23:36Rendez-vous avec l'économie numérique.
23:38C'est le point de vue de David Lacombled, le président de la Villa Numéris.
23:40Bonjour David.
23:41Bonjour Delphine.
23:42Alors, en 2024, je vais commencer par des chiffres.
23:45En 2024, aux Etats-Unis, 44 start-ups ont levé chacune plus de 100 millions de dollars.
23:49XAI, le projet d'Elon Musk, vient de lever 6 milliards.
23:53Au printemps, OpenAI avait également levé une somme de 6 milliards pour atteindre une valorisation de 150 milliards.
23:58Ça fait beaucoup de milliards tout ça.
24:00Donc, c'est la course aux investissements, là, notre sujet du jour.
24:03Effectivement, faire des IA, ça coûte cher.
24:07Les solutions sont gourmandes en cash.
24:10Voyez, plutôt, pour faire une bonne solution, il vous faut du matériel, des infrastructures,
24:16pour développer et entraîner des modèles.
24:19Et quelques cerveaux, rares, tout le monde se les arrache.
24:22Donc, ils sont chers pour la recherche et le développement.
24:25Vous voulez la liste des courses ?
24:26Un petit peu.
24:27Il va vous falloir des data centers pour héberger et offrir une continuité de services.
24:33Alors, vous allez me dire, c'est aussi vieux que le web, certes.
24:35Mais là, les infrastructures sont conséquentes.
24:38Ensuite, il vous faut des cartes graphiques pour assumer la puissance de calcul.
24:42Et là, il y a un petit X et qu'il n'y a qu'un seul acteur qui est très dominant, NVIDIA,
24:47et donc qui fait monter les prix.
24:49Ensuite, une fois que vous avez ça, vous êtes un peu comme une poule devant une cuillère
24:53parce que sans data, il n'y a pas d'IA.
24:57Faut-il encore aller les chercher, les extraire, les raffiner, les nettoyer, les organiser, les gérer.
25:04Et vous voyez, au fur et à mesure, que l'addition augmente.
25:07Et enfin, vous allez pouvoir commencer à former vos modèles.
25:11Ça va demander plusieurs mois.
25:13Et en attendant, il faudra bien maintenir les infrastructures, les mettre à jour, les stabiliser,
25:20et avec autant de personnes pour cela.
25:22Et à chaque fois que vous sortez une nouvelle version, c'est comme si vous repartiez à l'origine
25:26et que vous créez une nouvelle société, d'où cette addition salée.
25:31Bon, pour autant, OpenAI, par exemple, table sur un chiffre d'affaires de 3,7 milliards cette année,
25:38milliards d'euros ou de dollars, d'ailleurs ?
25:403,7 milliards d'euros de gains, 5 milliards de dettes.
25:46Et donc, on voit bien que OpenAI, qui a été le premier, il y a deux ans de cela,
25:52à sortir, à dégainer une IA générative, n'a pas rafflé pour autant le marché.
25:57La concurrence s'organise.
25:59Les désormais anciens, Google avec Gemini ou Meta avec Yamaha, s'organisent et ne s'en laissent pas compter.
26:07Et il y a beaucoup de solutions spécialisées.
26:09Vous parliez de 44 startups, c'est autant de solutions tout à fait intéressantes.
26:15Et effectivement, nous sommes des consommateurs zappeurs.
26:17Alors, on passe de l'une à l'autre.
26:19Et en plus, on est très habitués à l'illusion de la gratuité.
26:22Donc, on se garde peut-être d'aller payer trop vite ces solutions.
26:27Absolument.
26:28Puis alors, si on regarde en Europe et en France, les investissements n'est pas du tout, du tout, du tout dans les mêmes échelles.
26:34Est-ce qu'il vous semble que la course est perdue du côté de l'Atlantique ?
26:38La guerre n'est pas perdue parce qu'elle ne fait que commencer.
26:42Alors, il va falloir choisir ses batailles.
26:44Mistral AI a fait la plus grosse levée en intelligence artificielle au printemps.
26:49C'était sa troisième levée à près de 500 millions de dollars pour d'ailleurs partir à la conquête des États-Unis.
26:56Poolside, il y a quelques semaines, a levé également une somme approchant les 500 millions de dollars.
27:01Poolside, c'est une IA générative destinée aux développeurs.
27:05Mais quand je dis qu'il faut choisir ses combats, s'il y a un an, on s'était retrouvé ici, on aurait parlé d'Alep Alpha,
27:11qui était un peu l'équivalent de Mistral AI en Allemagne.
27:14Faute de cache, ils ont dû revoir drastiquement leurs ambitions et pivoter.
27:20Quand je dis qu'il faut choisir ses combats, certainement faudra-t-il trouver des solutions à l'image de l'Europe,
27:28un peu plus agile, avec une capacité finalement d'assumer le bazar.
27:34Mais au-delà, plus robuste, plus respectueuse de l'environnement.
27:37Et après tout, on n'a pas besoin d'un couteau suisse en permanence pour faire des tâches très précises.
27:42Et c'est certainement la voie que l'Europe devra suivre pour faire avec un peu moins de moyens, certes, que ses rivaux.
27:49C'est autant de chances à faire fructifier, me semble-t-il.
27:52Merci beaucoup, David Lacombelle, président de la Villa Numéris. Merci encore.
27:56Et merci à vous de nous suivre. C'était Smartech, que vous regardez sur la chaîne Bismarck 4ch.
28:00Vous nous écoutez aussi en podcast. Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles histoires et aventures sur la Tech.