Au moins 14 personnes ont été tuées à Mayotte par le passage du cyclone Chido, mais les autorités redoutent un bilan humain bien supérieur. Bruno Retailleau dit notamment craindre un bilan “lourd, trop lourd”. Une course contre la montre s'est engagée pour fournir de l'aide aux Mahorais, dont certains sont privés d'eau, de nourriture et d'électricité. Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendra sur place "dans les prochains jours" et qu'il y décrétera un "deuil national".
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00:00Ce qui est clair, c'est que le nombre de morts qui va sûrement augmenter
00:03renvoie à l'incapacité de l'État d'avoir pu anticiper et protéger
00:09près de 70% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté
00:12parce que ça va être les plus précaires qui vont mourir.
00:13On l'a vu aux États-Unis sur les grandes catastrophes,
00:16et les États-Unis sont plutôt un pays riche.
00:17Ceux qui meurent, ce sont les personnes âgées, les pauvres qui ne peuvent pas s'échapper
00:21et ceux qui habitent dans des bidonvilles.
00:23Là, c'est typiquement la situation où ça va être les plus précaires
00:27qui vont faire partie des victimes et des morts.
00:29Aujourd'hui, il faut considérer qu'il y a eu près de 7 à 8 000 personnes
00:34qui ont pu bénéficier des abris en dur pour se protéger.
00:38Mais la grande majorité des personnes dans des situations administratives fréquentes,
00:41vous l'avez évoqué, c'est probablement 150 000 personnes,
00:43ils ont peur d'être arrêtés irrégulièrement
00:45parce que Mayotte, c'est 20 000 expulsions chaque année.
00:48Vous retardez vos soins lorsque vous êtes malade et que vous êtes sans papiers là-bas,
00:52vous retardez vos déplacements, y compris lorsqu'il y a un risque de cyclone.
00:57Il faut considérer que cette pression liée aux expulsions
01:02est un facteur aggravant du bilan qu'on va avoir à constater
01:06et qui, chaque jour, va s'aggraver.
01:07Donc, simplement, aujourd'hui, il y a des...
01:09– Parce que vous, quand vous voyez les images de dévastation,
01:14vous vous dites quoi en fait ?
01:15Vous connaissez bien ce genre de situation.
01:17Vous pensez qu'il faut s'attendre à un bilan
01:19qui concerne des centaines de morts ou des milliers de morts ?
01:22– Non, c'est extrêmement difficile, je ne vais pas m'engager là-dessus
01:24parce qu'on voit que tous les bidonvilles ont été détruits,
01:28mais ce n'est pas forcément des abriantes dures.
01:30Donc, il y a peut-être quelques écrasements,
01:32mais beaucoup de blessés liés aux tôles qui vont voler en éclat.
01:36Mais je dirais, il y a les blessés et les morts liés, on va dire,
01:41à la violence des vents.
01:43Mais il y a aujourd'hui toute l'urgence qu'on a évoquée ensemble
01:46à répondre à des besoins vitaux, de l'eau en urgence,
01:49de la prise en charge médicale, à la fois pour les blessés,
01:52mais aussi pour les maladies chroniques
01:54qu'il va falloir continuer à prendre en charge.
01:57Et puis, il y aura évidemment toute la reconstruction
01:59qui va poser un certain nombre de problèmes,
02:01parce qu'effectivement, comme vous l'avez évoqué,
02:02est-ce qu'on va produire des abris en dur pour des personnes
02:05qu'on considère comme étant en situation administrative précaire ?
02:08Ça va être un vrai enjeu politique.
02:11Moi, il me semble, et je voudrais m'arrêter là,
02:13qu'aujourd'hui, on est dans le temps de l'aide, de l'action,
02:15de la solidarité totale, et pas dans le temps de la répression
02:20qui est pourtant un temps quotidien politique sur l'aide.
02:23Et que donc, il faut créer les conditions
02:25pour que tout le monde puisse être pris en charge,
02:27qu'on soit maorais ou pas,
02:29qu'on puisse avoir accès à de l'eau, à de la nourriture,
02:31y compris dans un contexte où l'eau est chroniquement en manque.
02:35Et ce n'est pas nouveau, il y a déjà eu des distributions
02:37de bouteilles d'eau régulièrement.
02:39Donc, qu'on fasse une aide qui corresponde
02:42aux besoins de tout le monde.
02:44Et là, la priorité numéro un, c'est l'eau potable ?
02:47Rétablir l'eau potable ?
02:48Oui, l'eau potable, la nourriture,
02:50que l'hôpital soit fonctionnel,
02:52qu'il y ait une décentralisation d'accès aux soins,
02:53parce qu'aujourd'hui, je pense que tous les centres de santé
02:55sont détruits.
02:56Et donc, il va falloir être au plus proche des personnes
02:59qui n'ont pas accès à Mamounzou,
03:00parce que Mamounzou, c'est loin du nord de l'île.
03:03Donc, il va falloir décentraliser l'approche sanitaire
03:06et l'approche médicale.
03:07Donc, il va falloir, encore une fois,
03:10avoir une aide qui corresponde aux besoins de tout le monde.
03:13Faire en sorte qu'aujourd'hui, on mette en stand-by les expéditions.
03:15Parce que je dis, s'il y a des expéditions en cours,
03:18les gens n'iront pas se faire soigner,
03:19ils n'iront pas sur les distributions d'eau.
03:21Ça va potentiellement permettre l'émancipation
03:25de pathologies infectieuses, dont le choléra.
03:28Donc, je redis qu'il y a, pour moi, une vraie inquiétude.
03:31Je pense que les autorités ont en tête,
03:33parce que c'est une maladie qui a déjà frappé le territoire
03:35et qu'aujourd'hui, avec ce contexte sanitaire
03:39qui est déplorable du fait de la violence de l'événement,
03:43ça va être un risque majeur à prendre en charge.