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Bruno Retailleau s'exprime sur la situation à Mayotte après le passage du cyclone Chido. Si le bilan humain est difficile à effectuer, les autorités redoutent "plusieurs centaines" à "quelques milliers" de morts. Une course contre la montre s'est engagée pour fournir de l'aide aux Mahorais, dont certains sont privés d'eau, de nourriture et d'électricité. 

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Transcription
00:00— Merci, merci. Je suis désolé de vous avoir fait attendre, puisque nous avions une cellule intermédiaire de crise avec le président de République.
00:08Et à partir de demain, on va organiser des venues, des allers-retours sur Mayotte pour des délégations de presse qui le souhaiteraient,
00:19en vous indiquant qu'il faut privilégier les allers-retours dans la journée, parce que les conditions d'hébergement sont telles
00:28que ça créerait plus de problèmes. Donc j'attire vraiment votre attention sur ce fait-là pour ne pas tendre les choses et notamment
00:37pour ne pas faire reposer sur les équipes qui sont en place déjà, qui ont tellement de choses à faire, une charge supplémentaire.
00:44Merci vraiment de le comprendre, parce que nous sommes allés donc ce matin avec Thalys Fahli, qui est resté, puisque c'est l'homme local de l'étape.
00:55Il est secrétaire d'État à la Francophonie. Et François-Nel Buffet, qui est à ma droite, qui est ministre en charge de l'Outre-mer.
01:02Nous nous sommes rendus donc dans la journée pour constater les dégâts. Très rapidement, donc, on a fait une reconnaissance aérienne,
01:09ce qui nous a permis effectivement de voir les dégâts. Ensuite, nous avons fait avec le préfet de Mayotte une réunion de crise où l'ensemble
01:19des services étaient représentés, ce qui nous a permis d'avoir un point de situation très très précis et très exact.
01:26Ensuite, nous sommes allés vraiment au cœur du désastre. On a rencontré les sapeurs-pompiers, les policiers, les gendarmes qui sécurisent,
01:33qui portent secours à la population. Nous avons eu aussi à la mairie de Mamoudzou une réunion importante avec de nombreux maires et aussi
01:43le président du conseil départemental. Et puis bien entendu, moi, j'ai souhaité que nous allions à l'hôpital pour qu'on puisse se rendre compte
01:52des flux de l'accueil de l'hôpital et de voir comment est-ce que l'hôpital revenait progressivement en charge, en activité.
02:00Ce que je veux vous dire – je passerai tout à l'heure ensuite la parole à François-Noël Buffet – c'est que le conseil est très clair.
02:06L'île est totalement désastrée, vraiment dévastée. L'habitat, qui est un habitat précaire, les bangas, pour ceux qui ne connaissent pas,
02:16les bidonvilles, il n'y a plus rien. C'est très clair. Et pour ce qui concerne l'habitat moins précaire, Endure, il a beaucoup, beaucoup,
02:26beaucoup souffert. Donc l'île est dévastée avec ce contraste d'une désolation où on a vu, y compris en survolant, peu de présence.
02:39Peu de présence. Je pense qu'il y a une sidération aussi. Ne me demandez pas de bilan. Une mission a été ce soir, d'ailleurs,
02:47décidée en cellule interministérielle de crise pour que, notamment vis-à-vis des réseaux traditionnels, du CADI, etc., on puisse au niveau aussi
02:59des autorités locales commencer à faire un recensement dès lors que les routes auront été dégagées, qu'elles ont été ouvertes.
03:06Mais je serai bien incapable de me projeter pour vous donner de quelconques chiffres pour l'instant. En tout cas, il est clair que l'île est totalement dévastée.
03:17Pour ce qui concerne ensuite l'action de l'État, nous avons tenu à nous y rendre 3 ministres du gouvernement, d'abord pour montrer à la population
03:28notre compassion. Et en cet instant, j'ai aussi... Nous avons une pensée pour toutes les familles qui sont très, très durement touchées,
03:36mais aussi pour montrer à tous les maorais que l'État se tenait à leur côté avec une main secourable. Je pense que ça, c'est important.
03:45Notre attention s'est portée d'abord, principalement et avant tout sur les infrastructures qui sont absolument essentielles,
03:53si on veut apporter de la nourriture, de l'eau, etc., des médicaments et autre chose, si on fait aujourd'hui le point à cet instant
04:03de toutes les grandes infrastructures, en commençant par l'infrastructure aéroportuaire. Vous savez que la tour de contrôle avait été
04:11très largement endommagée et qu'aujourd'hui, des avions atterrissent. Mais ils ne peuvent atterrir que de jour, puisque les balises,
04:20notamment, tout le système de signalétique a été très, très fortement endommagé. La DGAC nous signale que dans les prochains jours,
04:29il serait vraisemblablement possible de réouvrir un trafic nocturne l'aéroport, ce qui sera important parce que ça nous permettra
04:38de multiplier en un pont aérien. Ce pont aérien, il n'est valable que de jour. Dès lors que les avions pourront atterrir ou décoller la nuit,
04:47on augmentera considérablement ces capacités. Et c'est un des moyens, puisqu'on dispose de 13 aéronefs, parfois très lourds comme l'Antonov,
04:58mais aussi la 400M militaire que vous avez pu voir, qui est stationnée sur le Tarmac ici, 2 CASA de taille plus petite, 2 DASH de la sécurité civile.
05:08Mais aussi, les 3 compagnies privées sont prêtes à reprendre un trafic non pas à titre commercial, mais évidemment pour transporter
05:16soit du fret, soit aussi des passagers. Et ça, c'est important pour notre réactivité. Donc le terminal aéroportuaire.
05:26Terminaux portuaires, désormais. Le port de Longonie a souffert, mais le terminal est parfaitement apte à recevoir des navires importants.
05:37Deux navires de la Marine nationale ont été, si j'ose dire, mobilisés, ce qui nous permettra là encore d'avoir des capacités de dizaines et de dizaines de tonnes.
05:48CMA-CGM nous a fait des propositions que nous avons acceptées. Et déjà, un bateau sera sur le point d'arriver dans les prochains jours, en fin de semaine, cette semaine-là.
06:01Donc ça, c'est important. Et là encore, fondamental, la continuité a été rétablie entre Petite-Terre, qui est vraiment le cœur névralgique, le poumon, et Grande-Terre.
06:14Notamment grâce aux barges. Il y a deux barges, aujourd'hui, à fond plat, puisqu'on est dans le lagon, qui peuvent circuler, et une troisième barge qui sera remise en fonctionnement
06:24à partir du milieu de la semaine prochaine. Ça aussi, c'est une excellente nouvelle. En parlant des infrastructures essentielles, un mot de l'hôpital qui a été touché...
06:35Qui a été touché, puisqu'un certain nombre... Enfin notamment, la toiture a été très très endommagée dès qu'il pleut dans certains services. Mais il reprend progressivement ses activités,
06:45notamment des services qui avaient dû être temporairement arrêtés. Je pense à la réanimation. Il y a entre 40% et 45% d'activités qu'il reprend progressivement.
06:56Il n'est pas débordé. Il sera renforcé ce jeudi-là par un hôpital de campagne, par aussi d'autres modules qui sont des modules plus simples, plus réactifs, là encore.
07:10Il faut saluer, là aussi, l'exceptionnelle mobilisation, l'exceptionnel engagement de tout le personnel médical. Parce que depuis des jours, c'est vraiment la nuit, le matin, le midi, le soir,
07:23c'est vraiment un engagement. Tout comme les sapeurs-pompiers, tout comme les policiers, tout comme nos forces de l'ordre, les gendarmes, bien évidemment.
07:31Pour ce qui concerne, là encore, les besoins vitaux, il y en a 3 qui sont vraiment absolument essentiels et vitaux. Le besoin en eau et le besoin en nourriture.
07:42Progressivement, les usines... Il y en a 6. Mais au moment où je vous parle, l'usine d'Essalement a été remise en route à petite terre. Petit à petit, sous 48 heures,
07:53ces usines de traitement de l'eau potable fonctionneront à peu près à hauteur de 50% de leur capacité. Et d'ici une semaine, le préfet de Mayotte nous indiquait ce soir
08:04qu'on pourrait même atteindre 95%. Mais vous savez que même avant cette crise, on a toujours eu un stress hydrique, un problème d'approvisionnement.
08:14Vous vous souvenez de la crise de l'eau, il y a quelques mois, il y a un peu plus d'un an. Et donc la décision a été prise, et je pense qu'elle est absolument fondamentale,
08:23de consacrer l'A400M, qui a un emport important d'une vingtaine de tonnes, chaque jour, dès demain. Il permettra d'emporter des bouteilles d'eau et de la nourriture.
08:33Pour moi, c'est absolument fondamental pour apporter aux populations maroraises, bien entendu, le soutien avec de l'eau potable et puis, bien entendu,
08:43avec de la nourriture, puisque petit à petit, les grandes surfaces ne pourront plus être approvisionnées. En tout cas, elles sont fortement sollicitées.
08:53Et ça, c'est fondamental. Un mot aussi sur le logement, l'habitat. Là encore, le préfet – je le remercie – de La Réunion a pu mobiliser, je crois,
09:04jusqu'à 10 tonnes dans les stocks de la Croix-Rouge de Bâches, puisqu'il s'agit notamment pour l'habitat en dur, c'est les toitures qui ont beaucoup souffert.
09:14Donc il s'agit de bâchers pour les mettre hors d'eau. Là encore, un certain nombre de tentes vont être acheminées, notamment par du matériel militaire. Voilà.
09:26Et on envisage aussi des modulaires qui pourraient être acheminées, y compris depuis la métropole, puisqu'il faut savoir qu'un certain nombre
09:36de fonctionnaires, de cadres sont désormais sans toit. Et si on veut compter sur nos collaborateurs, les collaborateurs de l'État, dans la longue distance,
09:45il faut leur assurer bien sûr les moyens de travailler, les moyens de se reposer un minimum. Donc ce sont des solutions qui sont aussi à l'étude.
09:55Pour ce qui concerne notre République, on n'a pas eu de gros problèmes. Là encore, je voudrais remercier nos forces de sécurité intérieure,
10:02gendarmerie, police nationale, simplement pour dire que nous envisageons... En tout cas, c'est un outil que le préfet va pouvoir actionner
10:12dès qu'il le jugera nécessaire d'un couvre-feu. Voilà. On a un dispositif que vous ne connaissez pas, qui avait été voté dans le cas de la LOPMI,
10:22qui est l'article 27 et qui met, qui place entre les mains d'un préfet dès lors qu'il est activé, l'autorité sur l'ensemble des services de l'État,
10:33ce qui permet d'avoir une gestion de crise très efficace, très pyramidale. Et là encore, nous pourrons l'activer. De même, évidemment, ça a été demandé
10:42par un certain nombre d'élus, la procédure accélérée en matière de catastrophe naturelle, sachant qu'à Mayotte, seulement 10% des personnes sont assurées.
10:54Je rappelle que le processus de catastrophe naturelle ne peut fonctionner qu'à la condition que vous soyez assurés, puisqu'il est complémentaire,
11:02vous vous souvenez, aux mécanismes assuranciels traditionnels, ce qui signifie que nous devrons étudier la mise en place d'un fonds d'urgence
11:11pour venir au secours de celles et de ceux qui n'ont pas d'assurance, pour laisser personne sur le côté de la route. Voilà ce que je voulais dire.
11:20Il faudra sans doute aussi commencer très rapidement à envisager la reconstruction. On est encore dans l'urgence. On est bien entendu encore dans l'urgence.
11:27Mais il faut très vite se projeter dans la reconstruction. Ce sera nécessaire. Je vais peut-être passer maintenant la parole à François-Daniel Buffet.
11:35Les uns et les autres pourront donner un certain nombre de chiffres sur les forces de sécurité intérieure qu'on va projeter, sapeurs-pompiers,
11:43sur un certain nombre de moyens dont j'ai parlé. Si vous avez des questions aussi, on y répondra.

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