Avec Bruno Cautrès, Politologue, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et au CEVIPOF (le centre de recherche politiques de Science Po)
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00:00Et pour arriver à gouverner le pays, encore faut-il bâtir une majorité et une équipe
00:07gouvernementale.
00:08Question subsidiaire, avec qui François Bayrou va pouvoir gouverner ?
00:13Bonjour Bruno Cotteres !
00:14Bonjour !
00:15Politologue, chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique, le CNRS, et
00:19au Cevipof, le Centre de Recherche Politique de Sciences Po.
00:22Bruno Cotteres, hier, premier rendez-vous important pour François Bayrou à Matignon,
00:27il a reçu le ministre des Missionnaires de l'Intérieur, on le disait dans les informations,
00:31Bruno Retailleau, qui a demandé des garanties tout en assurant qu'il voulait rester à
00:35la place Beauvau.
00:36Est-ce qu'il peut se passer de Bruno Retailleau, François Bayrou, Bruno Cotteres ?
00:40Ça me semble très difficile qu'il se passe de Bruno Retailleau parce que c'était l'un
00:44des seuls ministres, peut-être même le seul ministre qui, dans la précédente équipe,
00:48celle de Michel Barnier, était arrivé à incarner dans l'opinion.
00:51Et puis par ailleurs, Bruno Retailleau, c'est un des Républicains, il a été le président
00:56du groupe des Républicains au Sénat, donc on voit un personnage politique très important.
01:01Évidemment, se passer de Bruno Retailleau, ça voudrait dire peut-être même se passer
01:05carrément des Républicains, je n'ai pas l'impression que François Bayrou puisse se
01:11passer des Républicains, même si on sait, c'est bien connu, que les rapports entre
01:15le centriste et les Républicains, ça a toujours été compliqué.
01:19Ça a toujours, toujours été compliqué, même s'ils viennent de la même famille.
01:23Sauf que François Bayrou, il a besoin, pour ne pas se faire censurer, d'alliés supplémentaires,
01:29en tout cas de non-censeurs supplémentaires aux Républicains, et pour ça il a besoin
01:33de la gauche.
01:34Or, Bruno Retailleau, c'est une ligne rouge pour la gauche, l'EPS l'a redit hier.
01:38Oui, sans doute que c'est une ligne rouge, alors peut-être que là on est toujours dans
01:44cette période, vous savez, où chacun essaye un peu de montrer les muscles, chacun essaye
01:47de dire, voilà mes lignes rouges, voilà quel est le prix à payer pour avoir mon soutien,
01:51au minimum mon soutien tacite, donc on est peut-être aussi dans ce moment-là, parce
01:57qu'il me semble aussi très difficile pour les socialistes qui se sont beaucoup avancés
02:01sur le thème, nous on ne veut pas censurer automatiquement, nous on est là pour rechercher
02:05des compromis sur certains thèmes, peut-être qu'il est difficile aux partis socialistes
02:09maintenant de nous expliquer que juste parce que Bruno Retailleau est là, ils ne vont
02:13pas, au fond, sur un certain nombre de dossiers, vouloir obtenir des choses.
02:17Olivier Faure, le patron des socialistes, a beaucoup, beaucoup insisté sur l'idée
02:22que ne pas vouloir forcément censurer, ça pouvait dire aussi arracher des choses, qu'elle
02:27est dans le sens de la gauche.
02:29Mais alors justement, qu'est-ce qu'ils peuvent arracher pour montrer aux insoumis et aux électeurs
02:32de gauche, les socialistes, que finalement ils ne se sont pas vendus à Emmanuel Macron ?
02:36C'est simple, c'est sur le triptyque salaire, pouvoir d'achat et retraite, et sur ces trois
02:43dossiers, les socialistes ont envie, effectivement, d'avoir un certain nombre de choses à gagner,
02:51et incontestablement, si François Bayrou veut s'attirer les bonnes grâces, même de manière
02:56indirecte, c'est-à-dire la non-censure de François Bayrou, il faut que François Bayrou
03:00donne des gages sur au moins l'un ou deux de ces trois dossiers.
03:04Oui, sauf que, précisément, ces gages exigés par la gauche, en tout cas la partie modérée
03:09de la gauche, ils coûtent très cher.
03:11Or, hier, on l'a appris, l'agence Mauditze a dégradé la note de la dette française
03:15en expliquant que l'instabilité gouvernementale mettait à mal les promesses françaises de
03:21désendettement.
03:22Ça coûte plus cher de donner des gages à la gauche qu'au Rassemblement National, on
03:25a l'impression en ce moment ?
03:26Effectivement, les marchés, ce sont d'une certaine manière les premiers censeurs pour
03:32les gouvernements.
03:33Effectivement, on a eu, rappelons-le quand même, quatre premiers ministres différents,
03:39Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Varni et François Bayrou, en même pas un an.
03:44Et c'est vrai que quatre premiers ministres en même pas un an, les marchés financiers
03:48considèrent que la France est devenue un risque, que c'est devenu très instable.
03:51Donc ça, François Bayrou l'a rappelé hier dans sa passation de pouvoir, l'équation
03:56budgétaire va rester quand même son dossier prioritaire et son premier dossier.
04:01Peut-être que, d'une certaine manière, c'est ça la vérité, la vérité des prix
04:06qui va mettre tout le monde au pied de ses responsabilités.
04:08Oui, c'est ce qu'on verra en tout cas.
04:10Comment construira-t-il son équipe ? On va en parler dans cette matinale.
04:13Merci beaucoup Bruno Cotteres, politologue, chercheur au CNRS et au Cévi.