Avec Véronique Le Floc’h, Présidente de la Coordination Rurale
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00:00La colère agricole, notamment du côté de la coordination rurale, en pointe dans le combat contre la signature de l'accord de libre-échange
00:10entre l'Union Européenne et le Mercosur. On en parle avec notre invité Véronique Lefloch. Bonjour et bienvenue sur Sud Radio.
00:22On vous a retrouvé, Véronique Lefloch, en direct de Saint-Bretagne, en pleine tempête en plus, je crois, Véronique Lefloch.
00:29Tout à fait. Bon, écoutez, accrochez-vous bien. Vous êtes sur Sud Radio et vous êtes bien sur Sud Radio. Je le disais hier, Ursula von der Leyen,
00:36la présidente de la Commission européenne, a annoncé triomphalement sur le réseau social XTouchdown, je cite, c'est un essai en football américain.
00:45Les accords de libre-échange entre l'Union Européenne et le Mercosur ont été conclus. Elle le célèbre comme une victoire. J'imagine que pour vous,
00:53c'est une certaine colère qui prédomine. Alors c'est plus qu'une colère. Si cet accord passe, c'est une défaite, une défaite pour nous,
01:03une défaite pour toute la société, puisque les conséquences, je pense que chacun d'entre nous, aujourd'hui, les mesures, c'est de l'importation massive
01:12de produits qui ne correspondent pas à nos normes. C'est des coûts induits pour du chômage. C'est des coûts induits pour des problèmes d'environnement.
01:20Quand on nous parle de bilan carbone et de tout ce qu'on fait de bien, c'est juste favoriser une agriculture industrialisée, celle d'Amérique du Sud,
01:27pour tuer une agriculture familiale en France et ailleurs en Europe. — Alors précisons quand même que cette signature est refusée toujours par la France.
01:38Elle l'était hier. Elle l'est toujours ce matin. L'Élysée et Emmanuel Macron ont notamment annoncé que cette annonce n'engageait que la Commission européenne
01:46et qu'ils restaient aux États à la signer. La France ne veut toujours pas le signer. Est-ce que vous faites confiance au gouvernement français,
01:51quel qu'il soit, ou au président de la République, pour tenir bon ? — Alors il leur faut trouver un quatrième allié pour obtenir les 35% au moins
02:02de la population européenne, ce qui est déjà atteignable. Nous sommes à 32,5% entre les Polonais, les Italiens et les Français.
02:10Donc ce n'est pas perdu. Pour autant, il lui restera à Von der Leyen un autre moyen pour le faire passer en coupant l'accord.
02:20Et ça, on ne l'espère pas, même s'ils essaient encore de calmer nos colères en disant que de toute manière, c'est pour 2025.
02:282025, on n'y est pas encore. On y est presque. Mais nous ne savons pas à quel moment. Donc c'est très long.
02:34Mais en tout cas, nous allons devoir de nouveau rassembler nos forces. Mais là, les élargir. Il s'agit de convaincre tous les parlementaires,
02:43et notamment les parlementaires européens, ceux du VLR, Renaissance, ceux qui, justement, ont soutenu Von der Leyen pour que cette fois-ci
02:51et pour ce sujet bien précis, ça ne soit pas imposé à la France, puisque la France fait vraiment partie de ceux qui n'en veulent pas.
03:00Donc au moins, nos députés à nous aillent dans notre sens. — Alors on va y revenir, justement, sur le fait que la France n'en veut pas.
03:07Mais d'abord, si je vous entends bien, est-ce que ça signifie que les actions de la coordination rurale, manifestations, blocages, par exemple,
03:14vont se multiplier ? Tiens, pourquoi pas ce week-end ? — Alors ça se prépare. Vous avez bien vu, on était hier matin à Rungis.
03:25Donc encore contrôler tout ce qui rentre et qui, d'ailleurs, ne correspond pas à nos normes au port, au niveau de la Manche, à Cherbourg,
03:36où on peut contrôler des camions de beurre qui rentrent sans pouvoir voir l'origine, les camions de lait. Enfin on se dit tout ce qu'on produit,
03:45chez nous, on doit être à même de le consommer et non pas inscrire l'alimentaire dans un jeu d'échange qui n'a aucun sens et qui détruit aussi
03:57de l'emploi, puisque notre matière première quitte le pays sans être transformée et revient de manière transformée. Donc c'est le cas de la viande.
04:06— Parlons aussi de tous les agriculteurs. Vous avez raison de parler de la viande, parce que c'est vrai que ce sont les éleveurs qui produisent
04:12de la viande en France qui sont les plus inquiets, ça, il faut le dire, de la signature de cet accord avec le Mercosur. Il y a d'autres agriculteurs
04:19qui pourraient, quoi qu'on en pense, en profiter, notamment les viticulteurs. Ce sont des agriculteurs, eux aussi. Et la France, cette exportatrice nette de vin,
04:26elle l'est déjà avant même l'accord de libre-échange vers le Mercosur. Il y a quand même certains de vos collègues qui pourraient en profiter,
04:31les autres qui produisent du lait en poudre aussi. — Alors déjà, pour les vins, ça ne s'inscrit pas dans des échanges bilatéraux.
04:39Ce sont des échanges qui répondent à une demande. Et pour ce qui est des produits laitiers, non, c'est un leurre, puisque vous avez des groupes
04:48comme l'Atalys, un grand groupe français présent sur 51 pays, qui est aussi présent au Brésil et dans les autres pays du Mercosur,
04:58qui, là-bas, collecte déjà 2,5 milliards, donc à peu près la moitié de ce qu'ils collectent en France. Ils visent à doubler cette collecte
05:06et la transformation du lait d'ici 2028. Ils visent à la doubler. Et quand je donne l'exemple où dans les fermes au Brésil, ils collectent
05:17environ 100 litres par jour. Chez nous, en France, une ferme comme la mienne, c'est 1 000 litres. — Effectivement, oui.
05:23— Les plus grosses fermes, ça sera 1 500 litres. Donc mesurer le potentiel qu'ont les Brésiliens avec justement les surfaces, la capacité
05:31à produire de l'aliment, l'aliment OGM... Enfin tout faux, quoi, tout ce qu'on n'a pas le droit d'utiliser chez nous, ici.
05:38— Alors la Commission européenne, en tout cas la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, maintient que cet accord
05:42est bon pour la France aussi, et notamment pour l'agriculture française. Elle est clairement passée en force, parce qu'elle sait que la France
05:49est contre. Elle a voulu signer malgré la colère de l'Élysée. C'est en quelque sorte un bras de fer qu'elle a engagé. Il y a un numéro 2
05:58de la Commission européenne. C'est un vice-président. Il est français. Il s'appelle Stéphane Séjourné. C'est un proche d'Emmanuel Macron.
06:03Est-ce qu'après se camoufler de sa présidente à la France, vous l'appelez à en tirer les conséquences et à démissionner ?
06:11— Alors comme on dit à la coordination rurale, on ne fait pas de politique. Tout ça, ça nous dépasse. On a l'impression qu'ils sont
06:21dans une cour de récréation. Pour autant, je pense que quand on fait de la politique, on fait le choix de défendre d'abord les citoyens.
06:30Et pour ce sujet, signer l'accord, faire en sorte que toutes ces viandes et le sucre détaxés et les autres produits rentrent en Europe
06:39et nous inondent, c'est juste valider des plans sociaux en équivalent Michelin, mais en masse. Vous ne vous imaginez pas la fermeture
06:49des abattoirs qui a déjà perdu un tiers en 10 ans. Il y en a un qui ferme tous les mois. C'est la fin de notre élevage. C'est la fin de notre élevage
06:56viande, laitiers, petits animaux, les ovins, les caperins. Enfin la vente directe, on va tout gâcher.
07:04— Effectivement. Et en tout cas, on suivra la poursuite du mouvement des agriculteurs. Merci, Véronique Leflocq, d'être intervenue
07:12sur Sud Radio, présidente de la coordination rurale.