Avec Véronique Le Floc’h, Présidente de la Coordination rurale
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00:00On va parler du blocage de Paris par la Coordination rurale qui appelle à manifester partout en France pour faire pression sur le gouvernement Bahérou.
00:08On retrouve Véronique Lefloch, présidente justement de la Coordination rurale. Rebonjour Véronique.
00:14Rebonjour, c'est mieux que parmi mes vaches.
00:17Voilà, parce que là vous êtes en Bretagne, c'est ça.
00:19Je suis en Bretagne, là je suis à la maison, dans les vaches ça passait pas très bien.
00:23Bon ben voilà, on vous a retrouvés, c'est l'essentiel.
00:26Alors dites-moi la question qu'on se pose forcément malgré un rendez-vous qui est donc prévu avec François Bahérou le 13 janvier prochain avec les principaux syndicats agricoles dont le vôtre.
00:35Pourquoi vous maintenez cet appel au blocage ou à la manifestation partout en France ce dimanche ?
00:42Eh bien écoutez, obtenir un rendez-vous c'est une chose, mais obtenir des réponses positives à nos revendications c'est autre chose.
00:50Et ce n'est pas l'engagement pour un rendez-vous qui va changer les choses.
00:54Ils ont largement eu le temps de nous recevoir depuis le moment où nous avons lancé notre appel et aujourd'hui où démarrent nos actions.
01:02Tout est prévu, tout est prêt.
01:04Donc pour vous c'est la perte de temps en fait ? Il aurait dû y avoir une rencontre là imminente ?
01:09Eh bien évidemment, même son directeur de cabinet à monsieur Bahérou s'était engagé à me rappeler pour savoir si éventuellement hier ou ce matin il pouvait recevoir.
01:20Pas d'appel, pas de réponse, donc finalement ils veulent jouer au chat et à la souris.
01:24Nous c'est pareil.
01:25Donc personne n'a plus de patience dans un monde où tout va tellement vite, sauf en agriculture.
01:31En agriculture il faut des années pour faire changer un système, un système qui est en déclin depuis 30 ans,
01:36qui est la politique menée par une co-gestion, tout le monde le sait, et on va continuer comme ça pendant combien de temps ?
01:42C'est plus possible.
01:44Et pourtant François Bahérou est plutôt connu pour connaître le monde agricole.
01:50Eh bien justement, c'était là son point positif, c'était là où on l'attendait et finalement il n'accorde pas plus d'importance que ça.
01:57Il se dit qu'il peut attendre, alors même que la ministre Madame Jeunebart est la même que pendant le gouvernement précédent.
02:05Donc il est très au fait des sujets.
02:08Ce que nous demandons, c'est un alignement de la réglementation française au niveau européen.
02:15C'est le transfert des contrôles de nos fermes vers les importations, c'est la révision d'un système social.
02:21Ce sont des choses pour lesquelles c'est du basique.
02:25Tout le monde est d'accord, même la population, ce n'est que du bon sens.
02:29Et qu'est-ce qu'on attend ? On va attendre quoi ? On va attendre que ça pète au salon de l'agriculture ?
02:35Pour revenir à ces blocages ponctuels, quels vont être les axes notamment du périphérique parisien ?
02:43Sachant que c'est un jour de retour de vacances d'ailleurs.
02:47Alors justement, j'invite chacun qui doit rentrer chez lui dans la région parisienne à non pas accélérer,
02:53parce qu'il faut être prudent sur la route, mais s'ils peuvent arriver chez eux plus tôt dans la journée,
02:59ça ne sera que mieux pour eux.
03:02Dans tous les cas vus, je ne vais pas dire le mépris, mais comment sont traités les agriculteurs ?
03:09On s'attend à plus de blindés que d'agriculteurs, même si on sait que nous serons nombreux.
03:15On n'est pas en période de récolte, on n'est pas en période de semis,
03:18donc seules les personnes qui ont des animaux à soigner matin et soir seront plus difficilement présents sur de la longue durée.
03:28Mais dans tous les cas, nous serons présents.
03:32Dans les Sonnes et l'Eure notamment, je crois savoir, non c'est ça ?
03:36Alors les Sonnes, l'Eure, mais tout autour de Paris, la région Nord, l'Ouest, l'Est.
03:41Donc nous sommes organisés pour que chacun ait son secteur à gérer pour justement rester organisés et coordonnés.
03:52Les préfectures de Paris et du Val-de-Marne ont interdit tout rassemblement non déclaré
03:56dans le centre de Paris et le secteur du marché de Rungis à partir de 18h jusqu'à lundi midi.
04:01Les préfectures redoutent des dégradations, des violences et des actions coup de poing.
04:07Vous, vous n'excluez pas de durcir ces actions dans les prochains jours ?
04:11Alors durcir les actions, mais sans casser et sans atteinte au bien ni aux personnes, bien évidemment.
04:18Mais vous savez, quand on est présent avec des tracteurs, un tracteur prend la place de plusieurs personnes.
04:24Donc effectivement, ça peut vite fait être bloqué.
04:29Mais si en face de nous, nous avons tous ces blindés, ces chars, ça va dépendre des moyens déployés.
04:34Mais tout ça pouvait être évité si nous étions reçus et si on répondait favorablement à nos attentes, à nos demandes.
04:41Véronique Leflocq, vous maintenez, on l'a bien compris, cette pression sur le gouvernement.
04:46Mais il y a aussi des enjeux électoraux pour vous, puisque le 7 janvier, c'est le lancement officiel de la campagne pour les élections aux chambres d'agriculture.
04:53Le vote aura lieu en ligne par correspondance à partir du 15 janvier.
04:58Et ça va déterminer les nouveaux rapports de force entre les syndicats agricoles.
05:02Quelque part, il y a des enjeux électoraux aussi. Qu'est-ce que vous attendez de ces élections ?
05:07Eh bien, on attend que se réveille l'ensemble ou la grande majorité des agriculteurs pour mettre fin à ce déclin de l'agriculture.
05:15Ça fait 30 ans qu'on vit un agricide, une désagriculturation.
05:21On a perdu plus de 100 000 fermes en 10 ans, plus d'un million de vaches.
05:25Si ça continue avec le modèle tel qu'il est aujourd'hui avec le syndicat majoritaire,
05:29150 000 fermes industrielles financiarisées dans lesquelles on ne sera même plus patron.
05:34Donc c'est la poursuite de l'esclavage agricole.
05:37Nous, on est pour un modèle familial où on maintient nos 400 000 exploitations,
05:42où on vit de nos métiers, où on n'est pas soumis à l'industrie ni à nos coopératives
05:47et où la finance reste dehors parce que sinon la finance rentrera dans nos fermes
05:51et sans travailler, ils gagneront plus que nous.
05:54Et vous aurez dans vos assiettes une alimentation qui ne sera plus celle qu'on peut vous fournir aujourd'hui
06:00et qui malheureusement va beaucoup trop par l'export alors que nos consommateurs consomment des importations.
06:06Vous dites qu'il faut que les agriculteurs se réveillent.
06:08On sait que votre coordination a gagné en visibilité, notamment avec les bonnets jaunes.
06:11Qu'est-ce que vous reprochez à l'alliance majoritaire FNSEA, aux jeunes agriculteurs ?
06:16Eh bien écoutez, c'est la politique à la Macron, c'est la politique du en même temps.
06:20C'est en même temps on voudrait exporter, en même temps on veut être compétitif,
06:25en même temps on veut produire pas cher pour avoir ces marchés
06:28parce que justement ils se placent du côté de l'industrie.
06:31Tout le monde sait qu'Arne Rousseau est le président du groupe Avril
06:35qui importe des céréales ukrainiennes, qui importe du canola, du colza au GM du Canada
06:41en passant par des bateaux chypriotes, ça on l'a démontré au port de Rouen.
06:45C'est ce, en même temps, nous faire croire qu'ils défendent les agriculteurs
06:49et la production et le maintien des agriculteurs et la jeunesse
06:52alors qu'en même temps ils font tout l'inverse.
06:55En tout cas le message est bien passé.
06:57Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin Véronique Leflocq.
07:00Je rappelle que vous êtes la présidente de la coordination rurale.