Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00Il y a même les plus anciens parmi nous qui disent parfois, hein Mélanie, du burn-out,
00:11oh là là, ça de mon temps ça n'existait pas, on ne disait pas ça quoi.
00:14Et pourtant, même à l'époque, je ne sais pas laquelle est d'ailleurs, à quelle époque,
00:18le travail c'était pas tellement plus agréable il y a 50 ans, mais on ne mettait pas de nom
00:22au-dessus.
00:23Donc, ce n'est pas une invention moderne le burn-out comme on le croit.
00:26Non, effectivement.
00:27Le fait que le burn-out, avant, ça n'existait pas, c'est tout simplement faux.
00:30En fait, le concept de burn-out, il est apparu au tout début des années 70, c'était un
00:35psychologue américain qui a mis le doigt sur ce concept, mais c'est vrai que dans les
00:38années 70, ça n'était pas terriblement accepté, d'autant qu'avant, en fait, les souffrances
00:43au boulot, il y en avait, mais en réalité, elles étaient attribuées souvent à des
00:47faiblesses personnelles, on se disait, bon, celui-ci, celle-ci, il est un peu fragile
00:51des nerfs, donc c'est pour ça qu'il ne va pas très bien en ce moment.
00:54Donc, c'est vrai que, et d'ailleurs, malheureusement, c'est encore le cas aujourd'hui parfois,
00:57mais à l'époque, en tout cas, c'était déjà un tabou social et quelqu'un qui craquait,
01:02qui pétait les plombs complètement au travail, même si c'était vraiment prouvé que c'était
01:06à cause du travail, on disait, bon, celui-ci, il a fait une petite dépression nerveuse.
01:09Mais on n'y pensait pas, on ne pensait pas que c'était le travail qui était responsable
01:12du problème.
01:13En fait, oui.
01:14C'est ça.
01:15Bon, alors, si ce n'est pas le travail, aujourd'hui, il est peut-être plus stressant, peut-être,
01:19le travail, non ?
01:20C'est vrai qu'en tout cas, le contexte professionnel, socioprofessionnel, a complètement changé.
01:24Et peut-être qu'aujourd'hui, c'est un petit peu plus propice au burn-out, en fait.
01:28Déjà, si on regarde ne serait-ce que les conditions de travail par rapport aux années
01:3280, clairement, elles ont changé.
01:34Aujourd'hui, on a souvent un travail qui est moins stable, le travail s'est quand même
01:38précarisé, les horaires de travail, parfois, aussi, aujourd'hui, sont beaucoup moins cadrés
01:42qu'à l'époque.
01:43Et puis, il y a quelque chose qui fait quand même une grosse différence, c'est surtout
01:45la digitalisation du travail.
01:48Aujourd'hui, en 2024, les frontières entre vie pro et vie perso sont parfois difficiles
01:53à avoir, puisque, vous savez très bien, en vacances, le week-end, on reçoit nos mails.
01:58Donc, parfois, on mélange les choses, le stress, finalement, ne s'arrête jamais, ce
02:01qui peut être, effectivement, vraiment très, très stressant et donc augmenter le risque
02:05de burn-out.
02:06Alors, justement, quand même, maintenant, puisqu'on peut mettre des noms et des définitions,
02:10c'est quoi, concrètement, un burn-out professionnel ? Et comment fait la différence avec un moment
02:15de lassitude ou un coup de blouse ? Voilà, pas plus que ça.
02:18Si on est tous honnêtes, la lassitude au travail, on l'a tous ressenti à un moment
02:22ou à un autre, et si jamais, évidemment, mais ça peut arriver, je ne sais pas, parce
02:25que, il y a, je ne sais pas, votre supérieur hiérarchique qui vous saoule, n'ayons pas
02:29peur des mots.
02:30Il y a la routine.
02:31Il y a la routine, il y a un projet professionnel qui peut être extrêmement stressant sur
02:35une période donnée et donc, effectivement, on peut en avoir un peu ras-le-bol à un moment
02:38donné, mais le burn-out, c'est quelque chose de beaucoup plus sérieux.
02:41C'est vraiment une forme d'épuisement professionnel qui est plus grave et qui résulte
02:44vraiment d'un stress chronique et pour lequel il n'y a pas de solution.
02:47Alors, les signes, on va retrouver quasiment toujours les mêmes.
02:51C'est déjà un épuisement professionnel, enfin un épuisement tout court, une fatigue.
02:55Vous savez qu'il ne va pas, finalement, revenir en arrière, même avec du repos.
02:59Donc, la fatigue, elle est là, elle ne disparaît pas.
03:02S'ajoute à ça, en général, une perte totale de motivation, voire même du cynisme
03:06vis-à-vis du dit travail, une perte totale de motivation, voire même du cynisme, on
03:11l'a dit.
03:13Ou alors, à l'inverse, il y en a certains qui adoptent vraiment la position inverse
03:16et qui travaillent encore plus comme des fous et qui vont s'épuiser.
03:19Donc, un sur-épuisement qui va être totalement épuisant.
03:22Et puis, là, on n'en parle pas forcément souvent, mais il peut y avoir vraiment carrément
03:26un aspect physique du burn-out, c'est-à-dire des symptômes qu'on va ressentir dans son
03:30corps.
03:31Donc, je parlais de la fatigue, ça, on le sent déjà dans son corps, mais il peut y
03:33avoir des troubles du sommeil associés, des personnes qui vont avoir des migraines de
03:37plus en plus fréquentes.
03:38Irascible.
03:39Oui, alors ça, c'est plus de l'ordre psychologique, mais effectivement, on peut se sentir beaucoup
03:42plus irascible.
03:43Il peut y avoir même des douleurs inexpliquées.
03:44Et puis, il y a des médecins qui expliquent qu'ils ont déjà vu des patients en burn-out
03:48qui avaient même, vous savez, des infections en répétition, comme si le système immunitaire,
03:52en fait, avec ce stress chronique, s'affaiblissait et rendait donc le corps beaucoup plus fragile.
03:56C'est à différencier d'une dépression, on est d'accord.
03:57Ce n'est pas la même chose.
03:58Ce n'est pas la même chose, c'est pas la même chose, effectivement.
04:00Si on pense que l'employé en question, il pense qu'il est en burn-out, alors qu'est-ce
04:05qu'il fait ? Il doit consulter qui ?
04:06Alors, la première chose à faire, c'est d'aller voir votre généraliste.
04:10Les généralistes, aujourd'hui, sont quand même plutôt formés à ça.
04:12Il pourra poser déjà un diagnostic et puis vous orienter, si besoin, vers un psychologue
04:16ou un psychiatre.
04:17En parallèle, évidemment, il est conseillé de ne pas rester tout seul dans son coin et
04:20d'en parler à votre entourage pour ne pas rester seul dans cette épreuve.
04:23Et puis, dans certains cas, on peut aussi recommander un accompagnement avec un coach
04:27ou un thérapeute qui est vraiment spécialisé en gestion du stress.
04:31Ça peut être vraiment utile.
04:32Et puis, si le problème est vraiment lié à un environnement de travail qui est toxique,
04:36il est plus que conseillé d'alerter les ressources humaines de votre travail, voire
04:41même votre supérieur hiérarchique.
04:43Mais on peut se mettre en arrêt ? Tu disais qu'on n'était pas obligé, mais comment
04:47est-ce qu'on fait ?
04:48Alors, effectivement, on a tous en tête que quand il y a un burn-out, on a eu parfois
04:51des collègues autour de nous, ils ont été arrêtés très très longtemps.
04:54Mais il faut savoir que, c'est vrai, l'arrêt maladie est souvent nécessaire mais il n'est
04:57pas obligatoire.
04:58En fait, ça dépend de la situation de départ, quand on se rend compte vraiment qu'on est
05:03en burn-out et quel est l'état de santé à ce moment donné.
05:05Alors, si l'épuisement professionnel est détecté de manière précoce, si vous vous
05:09en rendez compte assez vite parfois, une petite pause de quelques semaines va suffire.
05:13Donc, un arrêt maladie, certes, pas forcément durant des mois.
05:16En revanche, et c'est souvent le cas, le problème, c'est que les gens qui souffrent
05:20de ce stress chronique au travail vont tirer sur la corde au maximum jusqu'à se réveiller
05:26un jour et ne plus être capables de bouger, d'y aller au travail tout simplement.
05:29Il y en a plus qu'on ne le pense, d'ailleurs.
05:30Voilà, et donc on arrive à un épuisement total.
05:32Et alors là, malheureusement, ça veut dire que l'épuisement, il est profond.
05:34Et là, le spécialiste estime qu'il faut entre six mois et jusqu'à deux ans pour s'en remettre.
05:39Quand on arrive là, Mélanie, il faut peut-être dire à celui qui souffre de ça,
05:44change de boulot, va ailleurs.
05:47Oui, peut-être, mais vous savez, ce n'est pas toujours nécessaire.
05:49Déjà, ce n'est pas si simple.
05:50Du boulot, il faut déjà en retrouver.
05:52Ce n'est pas simple et vous vous rendez compte de la douleur qu'il y a plusieurs mois, plusieurs semaines.
05:56Mais vous savez, parfois, alors je ne dis pas que ce n'est pas le cas.
05:58Il y a des gens pour qui ce sera effectivement recommandé.
06:00Et puis encore, que ce ne soit pas toujours si simple.
06:03Mais parfois, ce n'est pas le travail lui-même qui est à la source du burnout.
06:07C'est la façon dont on l'entreprend, ce travail, la façon dont on le gère au quotidien.
06:11C'est-à-dire qu'il y a des gens qui vont avoir besoin peut-être d'apprendre pour un retour au travail dans le même emploi.
06:14Imaginons, parce que ça arrive, qu'ils vont devoir apprendre à se poser des limites, à mieux gérer leurs tests, à se préserver.
06:21Parfois, c'est suffisant.
06:22Certains arrivent à retourner à l'emploi de départ, mais avec un aménagement, peut-être un travail à mi-temps au départ
06:27ou en tout cas, en essayant d'être déchargé en heure, mi-temps thérapeutique.
06:31Parfois, on peut espérer reprendre ou reprendre dans un autre poste de la même société.
06:34Mais on peut faire un burnout à cause d'une seule personne, un collègue de boulot.
06:37Alors là, effectivement, c'est pour ça qu'il faut demander éventuellement à changer de service.
06:41Mais ça, c'est pour les cas les moins graves.
06:42Mais effectivement, si vous avez identifié durant votre période de convalescence que c'est clairement cet emploi
06:47et cet environnement qui est toxique pour vous et qu'il est impossible finalement de rentrer en accord avec votre équilibre personnel,
06:53là, évidemment, pour éviter les rechutes, il faut s'encher à démissionner et changer d'emploi.
06:57Est-ce qu'on a des chiffres en France ?
06:58Est-ce qu'on sait que c'est si fréquent ?
07:00Et intéressant, est-ce qu'il y a des secteurs qui sont plus touchés que d'autres ?
07:05Je pense, je ne sais pas.
07:08On parlait de ça chez les policiers à une époque, chez les agriculteurs.
07:14Alors les agriculteurs, c'est un très bon exemple, effectivement.
07:16Les agriculteurs.
07:17Vous savez, il y a de plus en plus d'enquêtes.
07:18Un suicidé tous les deux ou trois jours, vous vous rendez compte.
07:20Le burnout, là, il conduit à la mort.
07:22Chez les agriculteurs, c'est un secteur qui est très concerné, effectivement.
07:24Vous faites bien de les citer.
07:26Il y a eu plusieurs enquêtes, en tout cas sur le sujet ces dernières années, sur le burnout.
07:28Ça y est, on se tient, Thérèse, d'un point de vue sociologique et scientifique.
07:31Il y a même un baromètre pour empreinte humaine par OpinionWay qui est sorti en 2022
07:36qui estime que 2,5 millions de salariés en France, quand même, sont en burnout sévère.
07:41C'est énorme.
07:41Ça représente 13 % des salariés, des actifs, et que 20 % des actifs, finalement,
07:47sont à risque, se sentent stressés au travail.
07:49Les secteurs d'activité, on a cité les agriculteurs,
07:50mais il y a aussi tous les métiers de la santé, les métiers de la finance,
07:55ceux qui sont très concernés, l'éducation, les professeurs, les instituteurs.
07:58Les traders, les agents en bourse.
08:01Mais juste un petit mot sur le burnout parental.
08:05J'ai entendu cette expression.
08:07Le burnout parental, c'est quasiment la même chose.
08:09On retrouve la fatigue, on retrouve le désintérêt, la perte de motivation.
08:11Le problème, c'est que le burnout parental, ça veut dire que ce désintérêt,
08:15il est pour vos enfants, donc c'est quand même un problème.
08:17On ne change pas d'enfant, mais clairement, c'est un sujet à prendre très au sérieux
08:20parce qu'il peut y avoir vraiment un désinvestissement, même émotionnel.
08:23C'est des gens, des parents, des femmes souvent,
08:25qui avaient une ambition d'être la mère parfaite, qui perdent de pied.
08:29Et il y a un risque même de maltraitance pour les enfants.
08:31Donc, c'est à prendre très au sérieux, autant que le burnout professionnel.
08:33– Ça, c'est terrible. Merci pour ces explications, Mélanie.