• il y a 2 mois
Avec Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-10-23##

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News
Transcription
00:00Soudradio, l'invité politique, Patrick Roger.
00:07Il est 8h36 sur Soudradio, mon invité ce matin, Annie Gennevard, ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.
00:16Bonjour Annie Gennevard. Bonjour Patrick Roger.
00:19Vous êtes très attendue par les agriculteurs qui vous écoutent là ce matin,
00:22parce qu'il y a un nouveau vent de colère qui souffle dans les campagnes depuis déjà quelques jours,
00:27surtout avec deux syndicats, la FNSEA et les jeunes agriculteurs,
00:32qui appellent la de nouvelle manifestation à partir du 15 novembre prochain.
00:37Alors il y a plusieurs motifs, des promesses de l'hiver dernier qui ne sont pas tenues disent-ils,
00:42l'accord qui pourrait être signé avec les pays sur le Mercosur mi-novembre,
00:47c'est-à-dire l'entrée en France et en Europe de certains produits moins contrôlés,
00:52et puis tout un tas de problèmes structurels également de notre agriculture.
00:55Alors qu'est-ce que vous répondez ce matin justement à l'inquiétude des agriculteurs ?
00:59D'abord moi j'entends une forme de colère qui résulte d'attentes qui sont nombreuses,
01:05ils font référence au mouvement d'il y a quelques mois,
01:09et puis les conditions météorologiques sont épouvantables, trop d'eau ici, pas assez là,
01:13les productions sont en baisse, les trésoriers souffrent,
01:17donc tout ça se combine pour évidemment susciter beaucoup d'attentes,
01:23beaucoup d'interrogations, beaucoup d'inquiétudes.
01:25Moi ce que je voudrais dire c'est que j'ai démontré ma capacité à dénouer les crises dès mon arrivée,
01:31à prendre les dossiers qui étaient en souffrance, à tenir les engagements de l'État,
01:35mon obsession c'est d'agir vite et de tenir aussi, de répondre aux engagements qui ont été pris,
01:43il y a des engagements qui ont été pris, je suis une femme de parole et d'action,
01:46donc je voudrais évoquer très rapidement toutes les mesures d'urgence qu'il a fallu prendre
01:52par rapport aux épidémies animales, les épisodies, fonds d'urgence,
01:56élargissement de la vaccination, les actions structurelles que j'ai lancées,
02:01l'arrachage des vignes pour répondre à la surproduction, le lancement du plan méditerranée,
02:08hier j'étais à Luxembourg où j'ai engagé une coordination pour traiter ensemble toutes ces maladies animales
02:17qui portent préjudice aux éleveurs et aux cheptels, et une vingtaine de pays me suivent dans cette approche.
02:25Les mesures budgétaires, tout le monde s'accorde à reconnaître que le budget de l'agriculture
02:30a été préservé dans le contexte budgétaire si difficile que connaît la France.
02:35Le budget de l'agriculture pour 2025 est une réponse précise à toutes leurs demandes,
02:43avec des allègements de charges, avec des mesures fiscales, peu de budget bénéficie d'une telle...
02:51Les retraites agricoles basées sur les 25 meilleures années,
02:58et bien cette mesure très importante, très attendue, les 25 meilleures années, c'est extrêmement important,
03:06se sera mise en oeuvre comme je m'y étais, comme nous nous y étions engagés au 1er janvier 2026.
03:12La loi d'orientation agricole reprendra son parcours au Sénat avant la fin de l'année.
03:17Je tiens mes engagements...
03:18Ah oui, alors la loi d'orientation agricole, ça avait été suspendu parce qu'il y a eu la dissolution,
03:22alors ça, c'est certain, ça va être examiné quand ?
03:25Oui, l'examen commencera en décembre.
03:28Dès que le Sénat me donne un créneau, donc en décembre, ce sera...
03:32Mais alors, quand on va dans le détail tout de même, Annie Genevard,
03:36pour Gabriel Attal, il était allé sur une botte de paille, il avait fait des promesses,
03:40bien sûr, votre prédécesseur également, Marc Fesneau...
03:43Les engagements sont tenus, les engagements sont tenus.
03:46Mais les agriculteurs disent, non mais ça met trop de temps à venir,
03:49on réclamait de l'insimplification, on n'en a pas, les aides n'arrivent pas parfois,
03:54qu'est-ce que vous leur dites, ça c'est vrai ou pas, alors ?
03:57Alors, ils sont en attente de beaucoup de choses, et je le comprends,
04:00il y a des tas de choses qui compliquent leur métier.
04:03Donc la simplification, c'est quelque chose qu'ils attendent,
04:06et par rapport à ça, je voudrais dire que...
04:09Prenons l'exemple des contrôles, par exemple.
04:12C'est une question très sensible quand les contrôles se multiplient,
04:15qu'ils sont en permanence empêchés dans leur métier.
04:20Quand il fait beau et qu'il faut aller sur le terrain,
04:23ils ont autre chose à faire que répondre à des contrôleurs,
04:26surtout quand ils se multiplient.
04:28Voilà un exemple de simplification.
04:30Mais est-ce que vous avez du pouvoir pour justement simplifier un peu les choses ?
04:32Oui, exactement, la réponse est imminente,
04:35on est en train de finaliser un dispositif qui répondra, je pense, à leurs attentes.
04:39Moi j'essaie, moi je suis la ministre de l'agriculture,
04:42mais je suis aussi la ministre des agriculteurs.
04:45Ce que je veux, je les fréquente depuis longtemps,
04:48je travaille avec eux depuis longtemps,
04:50je sais ce qu'ils vivent et je sais ce qu'ils attendent.
04:52Et ce que je veux dans ma fonction ministérielle,
04:55c'est répondre à leurs attentes,
04:57c'est faciliter leur vie professionnelle,
04:59et sur cette question de la simplification,
05:01on doit avancer, et avancer vite.
05:03Il va y avoir un dispositif, c'est ça,
05:05pour qu'il y ait moins de contrôles et de la simplification ?
05:08Ça va arriver quand, ça ?
05:10C'est imminent, on est en train de...
05:12C'est quoi, c'est imminent ? C'est avant mi-novembre ?
05:14Ah ben largement, largement.
05:16C'est quelques heures.
05:18Aujourd'hui, il va y avoir des annonces ?
05:20Quelques heures, quelques jours, je ferai une annonce en matière...
05:22Qu'est-ce que vous allez annoncer ? En deux mots, tout de même.
05:24Bien sûr, mais attendez, vous êtes interrogé à ce micro.
05:26Ils vous écoutent, les agriculteurs.
05:28Ils m'écoutent.
05:30Alors répondez-leur, dites-leur, mais en quelques mots.
05:32Le schéma, au moins.
05:34Non, mais le schéma, c'est que, par exemple,
05:36sur cette question des contrôles, j'ai entendu
05:38ce qui leur complique,
05:40parfois même leur pourrit la vie.
05:42Et il ne s'agit pas
05:44de supprimer les contrôles. Il s'agit
05:46de veiller à une meilleure organisation
05:48qui ne les... D'une part,
05:50qui leur facilite la vie
05:52et puis qui ne leur donne pas le sentiment
05:54qu'ils sont l'objet d'un soupçon
05:56permanent. Quand vous contrôlez,
05:58c'est une profession qui est hyper contrôlée.
06:00Donc,
06:02ils ont le sentiment qu'ils sont en permanence
06:04soupçonnés de mal faire. C'est insupportable.
06:06Les agriculteurs travaillent
06:08dur. Ils doivent être reconnus
06:10dans une fonction qui est essentielle,
06:12qui consiste à nourrir la population.
06:14Et je suis la ministre de la souveraineté
06:16alimentaire. Ça veut dire qu'aujourd'hui,
06:18il faut veiller à ce que les agriculteurs
06:20puissent produire pour nourrir.
06:22Et dans les bonnes conditions.
06:24— Et sur la souveraineté alimentaire
06:26et l'alimentation, est-ce que c'est une bonne idée
06:28de taxer certains produits,
06:30des produits trop sucrés, par exemple,
06:32etc. Là, il y a eu des propositions
06:34qui ont été faites. Et
06:36l'argent qui serait
06:38récolté pourrait aller vers l'agriculture.
06:40Vous y êtes favorable à ça ou pas ?
06:42Je schématise.
06:44— Tout ce qui permet d'améliorer
06:46les aides
06:48aux agriculteurs, je prends.
06:50Maintenant, il faut
06:52veiller à ne pas stigmatiser
06:54le sucre
06:56et le gras, puisqu'en gros, ça pourrait être ça.
06:58— Oui, c'est ça. C'est une taxe sur les produits sucrés
07:00et trop gras. — Je rappelle quand même que ce sont
07:02des filières importantes
07:04en France. Maintenant,
07:06on verra le détail des choses.
07:08La taxation des sodas semble être
07:10une hypothèse
07:12émise au niveau budgétaire.
07:14On verra ce qu'il en est.
07:16Mais en tout état de cause...
07:18— Là aussi, il y aura des annonces
07:20bientôt autour de ça, sur ces taxes.
07:22Et par exemple, l'imitation peut-être,
07:24comme le proposent certains aussi, de la publicité
07:26audiovisuelle pour certaines
07:28boissons sucrées.
07:30— Écoutez, ça, c'est en cours d'examen.
07:32Il appartiendra au Parlement de se prononcer.
07:34— Oui. Non, mais vous êtes la ministre aussi
07:36de la souveraineté alimentaire.
07:38— Tout à fait. Mais ça, c'est un...
07:40C'est un point majeur.
07:42Donc oui,
07:44la taxe sur les sodas est une taxe
07:46qui est envisagée très sérieusement
07:48au niveau
07:50du gouvernement.
07:52Et il appartiendra au Parlement de s'en saisir.
07:54— Oui. Annie Gennevard, vous êtes
07:56ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de la Forêt.
07:58Vous avez parlé de contrôle,
08:00justement, tout à l'heure. Il y a quelque chose
08:02qui est assez important.
08:04C'est l'accord sur le Mercosur.
08:06Et ce que demandent, en fait, beaucoup d'agriculteurs,
08:08s'il devait y avoir une signature de cet accord...
08:10On verra. C'est qu'il y ait
08:12des contrôles dans les pays
08:14concernés et les autres. C'est les fameuses
08:16« close miroirs ». Qu'est-ce que vous pouvez dire
08:18aux agriculteurs, ce matin ? Déjà,
08:20est-ce qu'il y aura une signature de cet accord
08:22Mercosur ou pas, la mi-novembre ?
08:24— Alors moi, je voudrais dire que ce projet d'accord
08:26avec le Mercosur,
08:28nous y sommes opposés.
08:30Et de façon constante. Dans ma famille
08:32politique, nous y sommes opposés.
08:34J'ai entendu ce que disait
08:36le Premier ministre. Nous y sommes opposés
08:38pour deux raisons. D'abord parce que
08:40moi, comme vous le dites, je suis garante de la
08:42Souveraineté Alimentaire et
08:44ça passe par la compétitivité de
08:46nos exploitations. Donc, déstabiliser
08:48des filières entières en
08:50important des produits, je rappelle
08:52que ça touche la production de viande
08:54bovine, la volaille, le sucre,
08:56la filière éthanol. Ce sont des filières
08:58très importantes. Donc ça déstabiliserait
09:00nos propres productions,
09:02nos propres filières, et surtout
09:04ces
09:06produits ne seraient pas
09:08assujettis à nos
09:10propres méthodes de production.
09:12— Voilà, c'est ça. On contrôle, quoi.
09:14— Pour ces deux raisons. Mais j'ai dit bien ces deux
09:16raisons. D'abord parce que ça importerait
09:18massivement des productions qui
09:20concurrenceraient les nôtres. Et en plus,
09:22elles sont produites
09:24à des conditions qui ne correspondent
09:26pas aux nôtres. Nous, nous sommes
09:28assujettis à un certain nombre de règles. Donc
09:30c'est un sujet qui est suivi de
09:32très près par le président de la République et le
09:34premier ministre. — Oui, parce que c'est le président au niveau
09:36européen qui porte sa
09:38voix, quoi. Il est sur quelle
09:40ligne, d'ailleurs, le président de la République ? Vous le savez
09:42ou pas, Ali Gennevard,
09:44Emmanuel Macron ? — Il est sur la ligne de
09:46défendre les intérêts de la France.
09:48Et moi, je fais confiance au président
09:50et au premier ministre pour défendre les intérêts de la
09:52France. Je l'ai fait moi-même
09:54hier à Luxembourg. Nous avions
09:56une réunion des ministres de l'Agriculture européenne.
09:58Vous savez, les inquiétudes
10:00des agriculteurs français sont partagées
10:02par beaucoup d'agriculteurs en Europe.
10:04— Oui. Et pourtant, certains en
10:06Europe, certains pays – l'Allemagne, l'Espagne,
10:08il y en a d'autres – sont plutôt favorables
10:10quand même à cet accord Mercosur, en disant
10:12que, justement, ce sont des
10:14débouchés également pour nos produits,
10:16y compris de l'agriculture, quoi.
10:18Mais qu'il faut simplement imposer
10:20des règles, quoi. Non ? Vous ne pourrez pas
10:22vous y opposer à cet accord ?
10:24— Moi, je pense que les conditions d'un accord avec le Mercosur
10:26ne sont pas remplies.
10:28Elles ne sont pas réunies. Ce n'est ni équitable
10:30commercialement, ni conforme
10:32aux engagements de la France en matière
10:34environnementale et
10:36climatique. Donc pour ces deux raisons,
10:38moi, je suis absolument
10:40hostile à
10:42ce projet d'accord avec le Mercosur.
10:44Et j'observe d'ailleurs que de
10:46nombreux pays européens se posent
10:48exactement les mêmes questions.
10:50Il en va de la défense de notre
10:52agriculture.
10:54— Oui. Bon. Mais ça,
10:56la balle est dans le camp du président de la République
10:58au niveau européen, quoi. Et vous, vous pouvez...
11:00— Oui, mais pas que.
11:02Les parlements nationaux...
11:04J'espère
11:06que la commission
11:08n'évasera pas la voix
11:10des parlements nationaux. Il faut que
11:12les parlements nationaux se prononcent.
11:14C'est... — Mais c'est une question
11:16de négociation, Annie Gennevard.
11:18C'est une question de négociation. C'est-à-dire qu'il peut y avoir
11:20un accord et vous pouvez obtenir un certain
11:22nombre de choses. Est-ce que ça, vous y seriez favorables,
11:24pour avoir des contreparties ?
11:26— Écoutez, les contreparties... Oui, mais
11:28les contreparties
11:30n'effacent pas le risque
11:32d'estabilisation des productions nationales.
11:36Qu'est-ce que ça veut dire, la souveraineté
11:38alimentaire ? Ça veut dire qu'il faut
11:40veiller à ce que nos agriculteurs
11:42soient en capacité de produire suffisamment
11:44pour nourrir la population.
11:46Vous voyez bien que le conflit russo-ukrainien,
11:48à quel point l'alimentation est devenue
11:50une arme, une arme de guerre,
11:52une arme stratégique. — Les céréales, notamment,
11:54de crème. — C'est majeur de conserver
11:56la maîtrise de l'alimentation
11:58de son pays. Moi, je voudrais que
12:00chaque Français en soit vraiment
12:02convaincu. Aujourd'hui,
12:04cette autonomie,
12:06cette souveraineté alimentaire, elle est
12:08clairement menacée.
12:10Et il faut la restaurer.
12:12Il en va de l'intérêt national.
12:14— Est-ce que vous allez rencontrer les organisations agricoles ?
12:16Il y a deux syndicats,
12:18les jeunes agriculteurs, la FNSEA,
12:20qui appellent, justement,
12:22cette mobilisation à partir de
12:24mi-novembre. Vous avez prévu de les voir ?
12:26Vous avez déjà des discussions avec eux ?
12:28— Dès la première semaine de mon arrivée,
12:30j'ai rencontré toutes les
12:32organisations syndicales agricoles.
12:34Ça a été mes premiers rendez-vous.
12:36J'ai rencontré
12:38tous les syndicats, évidemment
12:40la FNSEA, évidemment
12:42les jeunes agriculteurs, évidemment la
12:44coordination rurale, la confédération
12:46paysanne, le MEDEF.
12:48Je les ai tous rencontrés.
12:50J'ai rencontré les principales filières.
12:52Je suis en... Je continue
12:54à le faire.
12:56En plus de mon travail, qui est d'être
12:58sur le traitement de l'urgence,
13:00le budget, les rencontres
13:02stratégiques, les visites de terrain,
13:04les réunions internationales,
13:06les sommets internationaux, sur le vin,
13:08sur le lait,
13:10à l'Europe, avec mes collègues ministres
13:12de l'agriculture. Je suis sur tous
13:14les fronts. Moi, je suis une femme d'action.
13:16— Vous vous appuyez aussi sur ceux qui ne
13:18sont pas forcément au sein des
13:20syndicats. Je pense par exemple à Jérôme
13:22Bayle, le leader de la première révolte agricole.
13:24Vous êtes en contact avec lui ou pas ?
13:26— Oui, j'ai eu des contacts avec lui.
13:28Moi, je suis une femme de dialogue. Vous savez, je parle avec
13:30tout le monde. Donc,
13:32bien sûr, il a cherché
13:34à me joindre. Je ne vois pas
13:36pour quelles raisons je ne l'aurais pas fait.
13:38C'est un homme
13:40qui défend à la fois son territoire et son
13:42activité agricole. Moi, je suis au côté
13:44de tous ceux qui veulent avancer.
13:46Et je suis très
13:48à l'écoute lorsqu'ils m'ont dit qu'il nous faut un fond
13:50d'urgence pour les
13:52élevages. J'ai été...
13:54— Touché par les maladies, notamment. — Touché par les maladies.
13:56Quand ils m'ont dit « Nos trésoreries
13:58surfent », j'ai dit « On va imaginer un dispositif
14:00de soutien aux trésoreries.
14:02On est en cours de finalisation du dispositif ».
14:04Je sais leurs attentes en matière
14:06de simplification.
14:08On est à la dernière phase de la
14:10production. — Oui, mais vous pouvez comprendre qu'on leur
14:12dit ça à chaque fois et puis que ça ne vient pas.
14:14— Non, non, non. Il y a pas...
14:16— Depuis des années, avant vous.
14:18— Effectivement, il faut des preuves d'amour.
14:20Je suis d'accord avec vous.
14:22Moi, je travaille...
14:24Ma méthode de travail, c'est
14:26aller sur le terrain, écouter
14:28et puis produire, et puis agir.
14:30Parce qu'écouter pour écouter, ça ne suffit
14:32pas, évidemment. Mon budget
14:34est la première traduction
14:36de l'action que je conduis auprès d'eux.
14:38Le fonds d'urgence en est une preuve.
14:40Le lancement de toutes les
14:42actions structurelles
14:44en est une preuve
14:46également. Et je vais
14:48continuer à dérouler.
14:50Je veux que très
14:52régulièrement, je
14:54puisse faire une annonce qui corresponde
14:56à leurs attentes. Voilà. — Alors vous êtes passé, par exemple,
14:58dans les Pyrénées-Orientales sur le problème de l'eau
15:00l'autre jour. Après votre passage, il y a eu quand même
15:02un peu de déception des agriculteurs
15:04sur place. Pourquoi, selon vous ?
15:06Qu'est-ce que vous pouvez leur répondre ? — C'est un déplacement
15:08qui, globalement, s'est
15:10très bien passé.
15:12J'ai été très bien accueilli.
15:14La presse s'est fait l'écho
15:16d'une réaction
15:18épidermique. Mais il faut comprendre ce que
15:20vivent les agriculteurs des Pyrénées-Orientales
15:22en particulier, mais de
15:24toute l'Occitanie. Franchement, ce que
15:26j'ai vu en Occitanie
15:28est terrible. Des vergers
15:30calcinés de soif comme
15:32s'ils avaient été brûlés par le feu.
15:34Il n'y a pas d'eau. Quand il n'y a pas
15:36d'eau, il n'y a pas de vie, il n'y a pas d'agriculture.
15:38Et donc,
15:40moi, je dis à tous ceux qui s'opposent à tout
15:42projet
15:44relatif à l'eau...
15:46— Des retenues, des réserves, des
15:48méga-bassines, par exemple. — Des retenues, des réserves,
15:50je leur dis « Attention, ce que vous
15:52compromettez là, c'est l'existence
15:54même d'une agriculture dans ce
15:56territoire ». Moi, je suis favorable
15:58au projet
16:00qui permette
16:02d'avoir de l'eau pour pouvoir
16:04cultiver.
16:06On ne peut pas cultiver sans eau. Donc j'ai toujours
16:08été très clair. Les retenues collinaires,
16:10elles n'affectent pas
16:12l'environnement. — Donc vous allez dans leur sens, quoi.
16:14— Je vais dans leur sens parce que
16:16c'est le bon sens, tout simplement.
16:18Et je dis aux associations
16:20environnementales « Faites bien attention. Vous êtes
16:22des défenseurs de l'environnement. Je le
16:24suis aussi. Mais quand il n'y a plus
16:26d'agriculture, ça porte préjudice à
16:28l'environnement ». Ça veut dire que les territoires
16:30sont plus entretenus, qu'ils peuvent
16:32être soumis à toutes sortes
16:34de désastres,
16:36de crises
16:38d'attaques sanitaires,
16:40de feux. — Donc vous écoutez les
16:42écolos, mais vous ne tenez pas forcément compte
16:44de toutes leurs recommandations, quoi. C'est ce que vous dites.
16:46Vous avez dit tout à l'heure « Je suis
16:48la ministre des agriculteurs ». — Oui, oui, bien sûr.
16:50Non, mais les agriculteurs...
16:52Mais les agriculteurs, leur premier
16:54outil de travail, c'est l'environnement, c'est la nature.
16:56Donc moi, je n'oppose
16:58pas. Je pense que c'est
17:00une impasse
17:02que d'opposer
17:04l'environnement à l'agriculture. C'est
17:06une impasse. — Deux questions très concrètes,
17:08Annie Gennevard. Sur le vin, par exemple.
17:10Les producteurs demandent une fiscalité
17:12allégée pour garder les vignes dans le giron
17:14familial, parce qu'on sait qu'il y a des coups de succession
17:16énormes. Qu'est-ce que vous pouvez leur répondre ?
17:18— Alors ça, c'est un énorme
17:20sujet, en effet. — Sur la transmission,
17:22en général. — Oui, oui. Bon, certains appellent
17:24un nouvel engagement du type
17:26pacte d'Outreil, parce que
17:28c'est un vrai sujet,
17:30la transmission des
17:32exploitations, l'accaparement
17:34des terres,
17:36donc des allégements
17:38fiscaux. Notre budget
17:40en comprend beaucoup.
17:42Très peu de budgets, pour ainsi dire. Aucun n'a
17:44autant de bénéficis d'allègements
17:46fiscaux de cette nature.
17:48Donc la question de la transmission
17:50des entreprises, c'est vrai
17:52pour la visiculture, parce qu'évidemment
17:54ce sont des terres qui portent
17:56une valeur considérable, mais c'est vrai
17:58pour toutes sortes d'entreprises. Quand il
18:00faut, pour payer des droits de succession, démanteler
18:02les entreprises, c'est dramatique.
18:04— On a parlé, tiens, du vin, en fait,
18:06à l'instant. Le cognac taxé en Chine, ça vous inquiète ?
18:08— Énormément. J'ai reçu
18:10la profession
18:12très, très vite.
18:14Alors là, pour le coup,
18:16beaucoup, beaucoup de pays européens
18:18surgent contre les mesures
18:20de rétorsion envisagées par la Chine.
18:22Donc il y a le cognac, effectivement, l'armagnac,
18:24les brandy.
18:26Le cognac est très largement exportateur.
18:28Et la Chine est un très gros client.
18:30Mais il y a aussi des menaces qui pèsent sur le lait,
18:32sur la filière porcine.
18:34Donc on est très mobilisés au niveau européen.
18:36— Comme quoi, il faut passer des accords commerciaux
18:38quand même. — Oui, mais il faut
18:40passer des accords commerciaux. Mais l'agriculture
18:42peut pas toujours être la variable d'ajustement
18:44de ces accords commerciaux. Ça, c'est pas possible.
18:46Et les accords commerciaux, bien sûr il en faut.
18:48La France est une grande nation exportatrice.
18:50Les industries agroalimentaires,
18:52c'est très important dans notre pays. Elles exportent
18:54et c'est bien. Mais pas à n'importe quel
18:56prix. — Oui. Annie Gennevard,
18:58on a évoqué tout à l'heure le Sud-Ouest
19:00avec Jérôme Baye. Il y a eu une inquiétude
19:02avec le loup arrivé en Gironde.
19:04Est-ce qu'il faut une régulation ?
19:06— Bien sûr qu'il faut une régulation.
19:08Aujourd'hui, quasiment
19:10toute la France est touchée.
19:12Près de 70 départements
19:14connaissent la présence du loup
19:16qui attaque l'écheptel
19:18au vin, mais pas seulement au bovin.
19:20Moi, chez moi, le loup attaque les bovins.
19:22C'est-à-dire des gros animaux. — Dans le Jura, vous.
19:24— Dans le massif du Jura, dans des conditions
19:26de souffrance animale absolument
19:28abominables. Donc aujourd'hui,
19:30il s'agit pas d'éradiquer le loup. Personne ne le dit.
19:32Pas même les agriculteurs. Ils disent
19:34simplement qu'il faut réguler la population
19:36du loup, qui aujourd'hui n'est plus une espèce
19:38menacée, pour permettre
19:40au pastoralisme et à l'élevage d'exister
19:42tout simplement. — Annie Genevard, est-ce que vous pouvez
19:44calmer les agriculteurs d'ici
19:46mi-novembre ? Certains disent aussi qu'il y a une forme
19:48de surenchère parce qu'il y a des élections
19:50professionnelles à la Chambre d'Agriculture
19:52au mois de janvier. Vous croyez que ça
19:54a un flux, en fait, pour ces manifestations ?
19:56— Le climat préalable
19:58à une élection professionnelle,
20:00évidemment, tend un peu
20:02les relations d'abord entre eux, entre les syndicats
20:04eux-mêmes, qui sont objectivement en compétition.
20:06Et puis ils ont à cœur de montrer
20:08qu'ils sont les meilleurs défenseurs
20:10de l'agriculture.
20:12— Donc vous les appelez à la raison ?
20:14— Moi, j'appelle
20:16à deux choses.
20:18D'abord, pas de violence,
20:20parce que la violence, c'est toujours une impasse,
20:22même
20:24si j'entends vraiment
20:26très nettement
20:28leurs revendications.
20:30Et je m'efforce d'y répondre
20:32point par point. Je veux
20:34répondre point par point à ce qu'ils demandent.
20:36Je veux tenir les engagements de l'État. Moi, je suis
20:38une femme de parole. Je ne veux
20:40pas qu'on dise « l'État n'a pas tenu ses
20:42engagements ». Le gouvernement n'est pas au
20:44rendez-vous des engagements pris. Je veux
20:46leur dire clairement
20:48« ma porte est ouverte, le dialogue est là
20:50et les engagements pris seront
20:52tenus, sont tenus, sont tenus
20:54dès aujourd'hui ». — Et vous pouvez peut-être éviter
20:56ces manifestations ? — Mais écoutez,
20:58la liberté de manifester
21:00est constitutionnelle. Donc
21:02les agriculteurs sont des gens de responsabilité.
21:04Je leur fais confiance.
21:06— Encore deux mots, Annie Genevard.
21:08C'est un écologiste, Jérémie
21:10Jordanoff, qui vous succède
21:12à l'Assemblée nationale au poste de
21:14vice-président. Vous étiez
21:16vice-présidente. Normalement, ça devait revenir
21:18ce poste plutôt à la coalition
21:20droite et macroniste.
21:22Comment vous interprétez ça ? — J'espérais
21:24en effet que ma collègue Virginie Duby-Muller
21:26puisse bénéficier
21:28de
21:30la mobilisation du socle commun
21:32qui s'est mobilisée, mais
21:34voilà, c'est pas un bon signal. Je vais pas vous dire
21:36le contraire. Je le déplore.
21:38— Oui. Andy Kerbrath, est-ce qu'il devrait
21:40démissionner, qui a été pris avec
21:42de la drogue,
21:44le député de la France insoumise ?
21:46— Il y a clairement un devoir
21:48d'exemplarité.
21:50Quand on est élu,
21:52un élu national,
21:54on a le devoir de se comporter
21:56comme il faut,
21:58comme on doit le faire.
22:00— Et donc, là ? — Donc
22:02moi, je pense qu'il appartient
22:04au député... Il a fait acte
22:06de contrition.
22:08J'ai lu sa déclaration.
22:10Il est sincèrement désolé.
22:12Il lui appartiendra d'en tirer les conclusions.
22:14Moi, je ne suis pas là pour dire qu'il doit faire ceci ou cela.
22:16Mais clairement, clairement,
22:18on doit être exemplaires. Les Français l'attendent.
22:20— Merci. Annie Gennevard, ministre de l'Agriculture,
22:22de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt,
22:24était l'invité de Sud Radio ce matin.
22:26Vous pouvez commenter, nous appeler.
22:28Nous en parlons dans un instant juste après le flash.

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