• il y a 2 mois
L'examen du budget 2025 commence à l'Assemblée nationale. Afin de protester contre les économies demandées par le gouvernement aux collectivités locales - près de 5 milliards d'euros -, le président Les Républicains du Conseil départemental de la Haute-Marne, Nicolas Lacroix, a décidé de taper du poing sur la table. L'élu annonce qu'il va mettre en vente sur Leboncoin plusieurs bâtiments appartenant au Conseil départemental, notamment le palais de justice et des gendarmeries. Il est l'invité de Yves Calvi.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 21 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h18, bonsoir Nicolas Lacroix.
00:06Bonsoir Monsieur Calvi.
00:08Merci de nous rejoindre dans RTL Soir, vous êtes Président Les Républicains du Conseil départemental de la Haute-Marne, 52.
00:14Vous protestez contre l'effort budgétaire demandé par le gouvernement et annoncez mettre en vente, alors sur le bon coin, votre préfecture, vos sous-préfectures, une dizaine de gendarmeries et votre palais de justice.
00:24Je ne comprends pas, votre département est propriétaire de tous ces bâtiments officiels ?
00:29Eh bien oui, le département est propriétaire de tous les bâtiments que vous dévoquez.
00:34C'est une annonce forte pour alerter le gouvernement, les parlementaires.
00:39Et pourquoi le bon coin ? C'est parce que c'est bien connu des Français et je souhaite aussi prendre à témoin les Français.
00:44Alors oui, on est propriétaire de tous ces bâtiments et on loge les services de l'État dans tous ces bâtiments.
00:49Alors, je dois vous le dire, nous avons eu la curiosité de vérifier sur le bon coin, je n'ai pas encore votre ensemble immobilier.
00:54Vous allez l'installer vraiment ?
00:56Oui, bien sûr. J'ai annoncé ça en fin de semaine dernière.
01:00Évidemment, ça implique quelques démarches très difficiles d'ailleurs pour mettre en vente ensuite tous ces bâtiments.
01:09Mais on va entamer un certain nombre de démarches parce qu'aujourd'hui, on n'a plus le choix.
01:13Et c'est ce que j'ai dit aussi, on en est maintenant réduit à vendre les bijoux de famille du conseil départemental.
01:18Quel prix de mise de départ ?
01:20Écoutez, on a calculé aujourd'hui les annonces du projet de loi de finances et surtout ce que ça va coûter au conseil départemental de la Haute-Marne.
01:28J'ai besoin de 50 millions d'euros et donc le calcul, en tout cas les premières estimations, nous approchent des 50 millions d'euros.
01:36Donc tout ça, c'est de la communication politique au sens noble du terme.
01:40C'est-à-dire que vous voulez faire comprendre aux Français et évidemment aux habitants de votre département une situation tout à fait particulière.
01:46On s'est compris ?
01:48D'abord, je fais partie de ceux qui souhaitent la réussite du gouvernement de Michel Barnier.
01:53Mais je veux aussi l'alerter fortement.
01:55Et effectivement, je prends en témoin les habitants de mon département et les Français en leur disant qu'on ne pourra plus vous accompagner,
02:00on ne pourra plus être le partenaire des communes, on ne pourra plus être le partenaire du monde associatif.
02:05Et surtout, on ne pourra plus aider les plus fragiles d'entre nous puisque le département de la Haute-Marne,
02:11comme tous les départements, sont bien les territoires des solidarités humaines.
02:15Et ça, je crois qu'aujourd'hui, c'est vraiment remis en cause.
02:19Je rappelle à nos auditeurs que le gouvernement demande 5 milliards d'euros d'économies aux collectivités,
02:23dont 2,2 au département.
02:26C'est trop, vous demandez, à l'échelle du pays ?
02:28C'est considérable parce qu'en fait, depuis maintenant plusieurs années,
02:32les départements ont beaucoup subi des annonces non compensées par l'État,
02:37des hausses de RSA, des hausses dans le cadre du Ségur,
02:42beaucoup d'annonces faites par les différents gouvernements successifs,
02:47jamais compensées et qui coûtent très cher aux départements.
02:51Et c'est vrai que ces nouvelles annonces, c'est le coût de trop et c'est surtout le coût qu'on ne pourra pas financer.
02:56Alors bien sûr, les départements prendront leur part de l'effort qui est demandé à tous les Français,
03:02mais à ce niveau-là, c'est historique.
03:04Je dois dire qu'on avait connu des prélèvements historiques sous la mandature de François Hollande.
03:09Écoutez, là, je crois que cette fois-ci, on a atteint des records.
03:11Vous êtes président d'un conseil départemental, je rappelle la Haute-Marne.
03:15Vous ne pouvez pas faire d'économie alors que notre dette publique l'impose ?
03:19On en a fait déjà beaucoup.
03:20Vous savez, il y a un mois, j'ai réuni les maires de mon département pour leur annoncer que j'allais réduire de moitié,
03:25c'est-à-dire que j'allais passer de 12 millions d'euros à 6 millions d'euros en matière d'aide aux communes,
03:29au développement de nos territoires et en matière aussi, finalement, de développement et donc de commande publique.
03:36Ils l'ont compris, mais ça, c'est le travail que j'ai engagé depuis 6 mois.
03:39Et là, effectivement, à la lecture du projet de loi de finances, je m'aperçois qu'en fait, aujourd'hui,
03:44tous les efforts qui ont été demandés il y a un mois, en fait, je dois recommencer et je dois à nouveau trouver des économies.
03:49Et vous savez, les départements ont des politiques à plus de 70 % qui ne sont pas pilotables.
03:53Ce sont vraiment le versement des allocations individuelles de solidarité, le RSA, l'APA, la prestation compensatrice du handicap.
04:00Toutes ces aides, aujourd'hui, elles nous sont imposées par l'État et on a très peu de marge de manœuvre.
04:04Les seules marges de manœuvre que nous avons, c'est la solidarité territoriale envers les communes, envers la culture, le sport,
04:11et puis aussi sur des questions de santé où l'État s'est désengagé dans nos territoires et où les départements sont obligés d'intervenir fortement.
04:18Nicolas Lacroix, je rappelle à nos auditeurs que vous présidez donc le conseil départemental de la Haute-Marne.
04:23Vous affirmez que quand l'État ne nous respecte plus, il faut bien trouver des solutions.
04:28Pardon, mais le Premier ministre Michel Barnier appartient bien à la même famille politique que vous ?
04:32Il ne vous respecte pas ?
04:33Bien sûr.
04:34Il ne vous respecte pas ?
04:35Mais d'autant plus, je crois vraiment qu'aujourd'hui, je souhaitais passer un message fort à Michel Barnier parce que je souhaite sa réussite.
04:41Je l'ai dit aussi, les départements prendront leur part, mais pas à ce niveau.
04:44Aujourd'hui, il y a des vrais sujets en matière de ruralité, en matière d'accompagnement des plus fragiles.
04:49Michel Barnier a dit lors de son discours de politique générale, je veux être aux côtés des plus fragiles.
04:54Écoutez, les conseils départementaux sont au quotidien aux côtés des plus fragiles.
04:58On souhaite vraiment pouvoir continuer à accompagner les plus fragiles.
05:01Et je crois que dans ces dispositions, avec en tout cas le premier texte, si les choses ne bougent pas, on ne pourra plus accompagner les plus fragiles de notre pays.
05:10Mais ça veut dire que pour l'instant, il n'est pas rentré en contact avec vous ?
05:12Ni lui, ni ses collaborateurs ?
05:14Écoutez, pour l'instant, on a rencontré un certain nombre de ses collaborateurs.
05:18On a évidemment passé un certain nombre de messages dès la semaine dernière pour alerter.
05:22On comprend bien la difficulté budgétaire de notre pays.
05:24Maintenant, les discussions commencent.
05:27C'est pour ça qu'avec d'autres départements, on a souhaité taper vite et fort pour alerter évidemment le premier ministre et l'ensemble des ministres,
05:34mais aussi l'ensemble de nos parlementaires dans les territoires pour dire que ce n'est pas possible.
05:38On ne pourra pas évidemment fournir un tel effort.
05:41Les départements n'ont tout simplement pas les moyens.
05:43Je rappelle que 20 départements aujourd'hui sont en grande difficulté et qu'avec ces annonces, 60 départements pourraient être en cessation de paiement d'ici l'année 2025.
05:52C'est considérable, ce n'est plus d'un département sur deux.
05:54Peut-être qu'il attend que votre préfecture, votre fausse sous-préfecture, vos gendarmeries, votre palais de justice soient sur le bon coin pour rentrer en contact avec vous, non ?
06:03Mais on attend aussi, si vous voulez, que nos prêchers, nos sous-prêchers fassent remonter les malaises dans les territoires.
06:09C'est aussi un message envoyé à l'État en territoire.
06:13Tous ces messages doivent remonter.
06:15On comprend bien les difficultés aujourd'hui de boucler un budget contraint,
06:21mais les départements aujourd'hui ne peuvent plus faire d'efforts.
06:24Ils feront évidemment quelques efforts, mais pas dans ces proportions-là.
06:28Ce serait vraiment la cohésion territoriale qui serait mise en jeu.
06:33Je crois que les départements ont montré qu'ils étaient présents à l'occasion de la crise Covid, à l'occasion de différentes crises qu'on a pu connaître dans notre pays.
06:40Les départements ont toujours été aux côtés de l'État dans les moments difficiles.
06:43Là, je crois que c'est trop demander.
06:45Je voyais des propos justement où vous étiez cité.
06:48Tous les Français doivent faire des efforts, les plus riches, mais aussi les plus modestes.
06:52Nicolas Lacroix, c'est au plus précaire aussi de payer pour la mauvaise gestion du pays, si je vous suis ?
06:58En fait, ce qui a coûté très cher aux départements ces dernières années, c'est qu'on a eu des annonces de l'État non compensées par l'État.
07:04Quand le Président de la République a annoncé la hausse du RSA de 4,6%, c'est le Président de la République qui a annoncé,
07:10et c'est les départements qui finançaient en totalité les annonces du Président de la République.
07:15Ce qu'on souhaite, c'est qu'effectivement il y ait un gel, c'est-à-dire une plus d'évolution des allocations individuelles de solidarité,
07:22ou alors la condition, c'est que toute annonce de l'État aujourd'hui doit être compensée en intégralité.
07:27C'est ce qu'on demande à Département de France.
07:29Il y a évidemment le gel, ou alors si il y a un geste de l'État, il faut qu'en face l'État compense en intégralité les annonces qu'il peut faire.
07:36D'une certaine façon, vous rentrez dans une forme de chantage,
07:39puisque vous nous expliquez que les départements ne pourront plus aider les communes, les associations,
07:43notamment dans le domaine de la santé, voire verser des prestations sociales aux Français en situation de handicap ou aux personnes âgées.
07:49C'est peut-être beaucoup, non ?
07:51Vous savez, l'aide aux communes, l'aide au monde associatif, ce n'est pas une compétence des départements.
07:55On le fait, c'est ce qui fait d'ailleurs un petit peu notre ADN, c'est-à-dire cette proximité avec le terrain,
08:00avec les élus locaux, avec le monde associatif, ces forces qu'on a sur nos territoires.
08:05Les vraies compétences des départements, ce sont vraiment les compétences autour des solidarités humaines
08:10et toutes ces prestations aujourd'hui qui nous permettent d'accompagner les plus fragiles.
08:13Donc oui, pour l'instant, on va évidemment réduire tous ces partenariats qui sont des compétences non obligatoires pour les départements.
08:20Et quand on aura ensuite réduit tout ça et qu'on ne pourra plus faire autrement,
08:23on sera peut-être obligé de dégrader la prise en charge des plus fragiles et on souhaite vraiment ne pas en arriver là.
08:28Une toute dernière question, j'aimerais une réponse courte s'il vous plaît.
08:30Est-ce que vous êtes favorable au grand retour de la taxe d'habitation supprimée pour les résidences principales depuis 2023 ?
08:36Écoutez, moi je crois que pour l'instant, ce n'est pas dans la dynamique de l'histoire.
08:42Je crois que voilà où je vois mieux les impôts qui ont été supprimés.
08:45Il me paraît difficile dans ces périodes compliquées pour l'ensemble des Français de rétablir une fiscalité qui est déjà un petit peu derrière nous.
08:52Je ne vais pas vous rassurer parce que je vois que le gouvernement veut autoriser les casinos en ligne et les taxés au passage.
08:57Vous en avez un à Bourbonne-les-Bains, donc j'imagine que ça vous fait peur ?
09:01On en a même quasiment deux sur le territoire, mais pourquoi pas, il faut essayer toutes les solutions.
09:07Merci beaucoup Nicolas Dacroix, président LRB du conseil départemental de la Haute-Marne.
09:11Dans un instant, le journal de 18h30 est direction les Etats-Unis à deux semaines de la présidentielle.
09:16Kamala Harris et Donald Trump sont au coude à coude dans les sondages.
09:20Notre correspondant sur place est à New York, bien entendu, dans un quartier où la communauté haïtienne se retrouve et habite.
09:27Elle est très critiquée par le candidat républicain.
09:35Enfin, à 18h45, près d'une semaine après la mort du cycliste Paul Vary, renversé et écrasé par un automobiliste à Paris,
09:41nous serons avec le co-président de la Fédération des usagers de la bicyclette qui vient d'être reçu par le ministre des Transports.
09:50Yves Kelvin

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