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Le Sénat s'apprête à adopter une mesure visant à inciter les industriels à baisser la quantité de sucres dans les boissons sans alcool, dans le cadre du projet de loi de finance de la sécurité sociale 2024. Déjà voté à l'Assemblée, l'amendement sera examiné d'ici à mercredi et pourrait rapporter 200 millions d'euros. Les grandes marques du secteur, elles, ne veulent pas en entendre parler. Écoutez le point de vue de Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 19 novembre 2024.

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Transcription
00:00Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:03Il est 18h43, bonsoir Xavier Iacovelli.
00:06Bonsoir.
00:07Merci de nous rejoindre sur RTL.
00:08Vous êtes sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine, le parti du président Macron.
00:13Le Sénat doit voter dans les heures qui viennent un texte d'augmentation de la taxe sur les boissons les plus sucrées.
00:19Le prix des sodas et des jus de fruits pourrait ainsi augmenter de 15 à 18 centimes d'après les industriels.
00:24L'objectif est de détourner les consommateurs des boissons sucrées.
00:28Vous défendez ce projet, vous n'avez pas peur de vous mettre à dos la moitié des familles françaises ?
00:33Alors moi je défends déjà plus largement le fait que l'agroalimentaire et donc en l'occurrence également les producteurs de sodas en France
00:42puissent réduire le taux de sucre.
00:44Parce qu'en fin de compte, et c'est ce que je reproche un petit peu à ce texte aujourd'hui,
00:48c'est qu'on concentre en fait nos actions et nos contraintes sur les boissons sucrées et notamment les sodas,
00:54alors que les sodas c'est 4% seulement de la consommation de sucre en France.
00:58Et en fait le plus gros du problème de cette surconsommation de sucre qui provoque de l'obésité et du surpoids,
01:04et notamment chez les plus jeunes,
01:06en fait c'est dans l'agroalimentaire et dans les produits transformés et ultra transformés.
01:10Et c'est pour ça que moi je proposerais, j'ai des amendements qui va dans ce sens là,
01:15c'est à dire qu'aujourd'hui par exemple vous achetez un haché parmentier en supermarché,
01:19et bien ce haché parmentier vous ne savez pas que vous mangez trois morceaux de sucre minimum à l'intérieur de ce haché parmentier.
01:24Ça c'est du sucre caché et c'est aujourd'hui les industriels de l'agroalimentaire
01:28qui empoisonnent clairement nos enfants et les français en général
01:33avec ce sucre qui provoque des maladies cardiovasculaires, du surpoids et de l'obésité.
01:38Donc on ne parle pas uniquement des boissons sucrées, nous sommes d'accord ?
01:41Non, on ne parle pas seulement des boissons sucrées et d'ailleurs moi qui ai porté des amendements l'année dernière
01:45pour accentuer cet axe sur les boissons sucrées,
01:50j'estime que cette année le travail a été fait en partie par les boissons sucrées
01:55où ils ont effectivement changé progressivement leur formule pour permettre de réduire petit à petit
02:00leur composition et leur formulation pour baisser le taux de sucre.
02:04Je ne dis pas qu'il y a encore beaucoup d'efforts à faire,
02:08mais je pense que le gros du problème c'est avant tout l'industrie agroalimentaire
02:12qui aujourd'hui fait peser et notamment chez les plus faibles et les plus fragiles.
02:17Juste pour un exemple, il y a trois fois plus d'obésité et de surpoids
02:22chez les enfants d'ouvriers plutôt que chez les enfants de cadres.
02:27Donc c'est aussi une question sociale.
02:29Xavier Iacovelli, est-ce que c'est le seul moyen de contraindre les industriels
02:33à baisser les quantités de sucre, d'augmenter les taxes ?
02:38Vous savez, je crois qu'au bout d'un moment, c'est bien les tables rondes,
02:43c'est bien le fait d'inciter, mais il n'y a aucune politique de risque
02:47qui a été réduite au XXe siècle sans la contrainte.
02:50Je prends juste l'exemple de la sécurité routière.
02:52En 1960, il y avait 15 000 morts sur la route.
02:55Ça a été des grandes causes nationales, mesures contraignantes, la ceinture, le radar,
03:00la limitation de vitesse, les amendes, le permis à point.
03:03On est passé à 3 000 morts sur les routes.
03:05Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a aussi, par la contrainte,
03:07la possibilité d'avoir des vraies politiques de santé et de protection des Français.
03:14Je prends juste un autre exemple.
03:15Nous avons mis en place, il y a quelques années, le Nutri-Score.
03:18Le Nutri-Score, qui je vous rappelle, n'est pas obligatoire en France.
03:21Il y a à peu près 1 400 entreprises, sur les 20 000 entreprises de l'agroalimentaire,
03:26qui se sont engagées dans le Nutri-Score.
03:27D'ailleurs, je note que Danone vient de se retirer du Nutri-Score,
03:30ce qui prouve quand même qu'il y a un vrai sujet sur la composition de leurs produits.
03:34Mais lorsque le Nutri-Score a été créé, moi j'ai des enfants, je leur achetais des Chocapics.
03:39Ils étaient à l'époque à 40 grammes de sucre pour 100 grammes de produits.
03:43Ils étaient classés D.
03:44Avec le Nutri-Score, ils ont baissé progressivement leur formule.
03:48Alors, ça s'est fait progressivement.
03:49Ils sont passés de D à C, progressivement, 40 à 33 grammes, de 33 à 28 grammes.
03:55Et là, maintenant, ils sont à 22 grammes, c'est-à-dire qu'ils sont classés en A.
03:58Donc, bien sûr, 22 grammes, c'est la partie haute du A.
04:02Mais ça veut dire que c'est possible, quand les industriels veulent,
04:06et quand on les incite à baisser par des taxes supplémentaires
04:10ou par une incitation marketing, en fait.
04:12C'est aussi un argument marketing de réduire la consommation de sucre,
04:15et notamment sur des produits pour les enfants.
04:17En fait, c'est possible.
04:18Donc, si Chocapic a réussi à le faire, je pense que d'autres industriels seront capables de le faire.
04:23En tout cas, c'est très fort de vous entendre faire un parallèle entre le sucre et la sécurité routière,
04:28ou plutôt l'insécurité routière.
04:30Mais moi, je pense que c'est un vrai sujet,
04:32et notamment quand on parle de finances publiques et de dépenses publiques.
04:36Vous savez qu'aujourd'hui, l'obésité, le surpoids, les maladies cardiovasculaires,
04:40c'est 17 milliards dans la sécurité sociale,
04:44et c'est 53 milliards si on prend en compte la baisse de productivité
04:47dû à ces maladies cardiovasculaires.
04:48Donc, c'est un vrai sujet financier.
04:50Bien sûr, un sujet de santé publique,
04:53parce que c'est plusieurs morts, milliers de morts chaque année.
04:58Et puis, je rappelle aussi qu'il y avait 40% pendant la Covid,
05:01c'est 40% des 200 000 décès qui ont été dus à cette obésité,
05:09à ce surpoids et à ces maladies cardiovasculaires.
05:12Donc, on voit bien que c'est un impact réel sur la santé
05:15et sur la préservation de la santé des Français.
05:17En quelques mots, s'il vous plaît.
05:18Moi, quand je vous écoute, j'en conclue qu'il faut absolument rendre obligatoire le Nutri-Score.
05:23Ah, mais moi, je suis entièrement favorable à le rendre obligatoire.
05:27Le problème, c'est que c'est à l'échelle européenne qu'il faut le rendre obligatoire
05:30et qu'aujourd'hui, nous n'avons pas encore eu cette possibilité de pousser à l'échelle européenne.
05:37Et moi, j'invite le Premier ministre à le faire,
05:39puisque c'est un Européen convaincu et qui a cette expérience européenne,
05:42à pouvoir porter ce combat.
05:44Mais pour pouvoir le porter à l'échelle européenne,
05:46il faut déjà qu'on soit exemplaire à l'échelle française
05:50et notamment sur la révision du Nutri-Score au niveau de l'algorithme.
05:54Vous savez, le Nutri-Score vient de changer.
05:56On est d'accord sur ce changement d'algorithme,
05:59sauf qu'on n'a toujours pas publié cette modification.
06:01On n'a toujours pas fait la signature, vous savez, pour modifier ce Nutri-Score.
06:04Et donc, soyons exemplaires déjà à l'échelle de la France.
06:07Allons ensuite négocier à l'échelle européenne
06:10pour imposer le Nutri-Score à l'ensemble de nos industries de l'agroalimentaire.
06:14Un oui, un non et on se sépare.
06:15Le sucre est une drogue ?
06:17Oui, bien sûr.
06:18Le sucre, c'est aussi addictif que la cocaïne,
06:21voire plus addictif selon certains spécialistes.
06:23Donc oui, c'est une drogue.
06:25Merci infiniment, Xavier Iacovelli,
06:27sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine,
06:29qui veut bannir le sucre de nos soldats et de nos plats préparés.
06:32Dans un instant, un homme peu sucré et donc très bon pour la santé,
06:35Marc-Antoine Lebray, c'est le Breaking News.

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