• il y a 2 mois
Maryse Burgot, grand reporter pour France Télévisions, auteure de l'autobiographie "Loin de chez moi – ma vie de femme grand reporter" (Fayard), est l'invitée de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-14-octobre-2024-6567280

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00:00Et Léa, ce matin, vous recevez une grande reportère !
00:03Bonjour, Maryse Burgo, merci d'être avec nous ce matin.
00:06Si vous étiez un animal, un personnage historique, un pays et un paysage, vous seriez qui, vous
00:12seriez quoi ? Un animal ?
00:13Le marsupilami ? Imaginaire, il rebondit tout le temps, il est super intelligent, jamais
00:24prétentieux.
00:25Tout ce que je voudrais être.
00:27Personnage historique ?
00:29Peut-être Rosa Parks, parce que les élections américaines sont bientôt, et elle fait ce
00:35geste incroyable, qu'elle improvise de refuser de céder sa place à un blanc dans un bus,
00:41et c'est le début de la fin de la ségrégation raciale dans les bus, je trouve ça extraordinaire.
00:45Un pays ?
00:46L'Ukraine.
00:47L'Ukraine, parce que je passe ma vie en Ukraine en ce moment.
00:52Mais là, depuis deux ans, vous avez plus habité en Ukraine qu'en France ?
00:55D'une certaine manière.
00:56Et pour défendre l'intégrité territoriale de ce pays, et pour les gens que j'y connais
01:01maintenant.
01:02Un paysage ?
01:03Un paysage de montagne, le Mont-Blanc, parce que c'est doux, très blanc, et à la fois
01:09âpre, difficile, c'est un combat de gravir ses sommets.
01:14J'aime cette idée.
01:15Maryse Burgo, vous êtes une figure et une voix incontournable de France Télévisions,
01:20ça fait 30 ans que vous nous racontez les conflits et les guerres dans le monde, Kosovo,
01:23l'Irak, Syrie, Afghanistan et plus récemment l'Ukraine et le Proche-Orient, mais au pays
01:28des grands reporters et des journalistes, vous êtes une anomalie, vous êtes un ovni.
01:33Pourquoi ?
01:34Parce que je suis fille d'agriculteurs, fille de paysans bretons, et que dans mon milieu
01:41rural, agricole, on ne s'imagine pas devenir grand reporter.
01:46Et donc oui, je me sens comme une anomalie, comme un ovni.
01:52Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui ont ce parcours, mais à la fois c'est
01:58un parcours dont je suis très fière, je suis très fière de ce que sont mes parents.
02:04Aujourd'hui encore, une infime poignée de journalistes est fille ou fils d'agriculteurs.
02:08Écrivez-vous dans cette autobiographie passionnante, loin de chez moi, grand reporter et fille
02:13de paysans, qui paraît ce mercredi chez Fayard.
02:15Ce récit, je vous cite, témoigne du poisseux sentiment d'imposture lié à mon lieu de
02:20naissance, de l'intranquillité permanente, du manque de nonchalance et d'insouciance
02:25caractéristiques de celles et ceux qui n'ont pas grandi dans un milieu privilégié.
02:29Ils se reconnaîtront.
02:31Un poisseux sentiment d'imposture, c'est ce que vous avez, Maryse Burgot, après toutes
02:35ces années encore ?
02:36Ah oui, en permanence, ce matin, je l'ai, avec vous là ! Je ne serai jamais sûre parce
02:44que je n'ai pas grandi dans un milieu intellectuel, j'ai grandi dans un milieu très bienveillant,
02:52très bosseur, très travailleur, mais je n'ai pas été entourée de livres, donc
02:56j'ai toujours l'impression que je ne sais rien, que je suis inculte, que je ne suis
03:00pas à la hauteur.
03:01Alors j'ai des domaines d'expertise, parce que je travaille énormément, mais oui, j'ai
03:07ce sentiment d'imposture et je crois vraiment qu'il est lié à la naissance, c'est l'enfance
03:11qui décide.
03:13J'ai cela, c'est à la fois ma faiblesse et c'est ma force aussi, parce que ça me
03:17oblige à travailler.
03:18C'est votre force, d'ailleurs, vous avez grandi dans cette ferme de vos parents agriculteurs
03:23en Bretagne, et sur vos réseaux, vous avez publié une jolie photo de vos parents, avec
03:27votre livre dans les mains, ils sont fiers ?
03:29Quand j'ai vu, nous sommes quatre filles dans ma famille, et une de mes sœurs était
03:35là quand ils ont reçu le livre, et elle a fait cette photo, ces photos sont magiques,
03:40tous mes parents dans leur cuisine, ils sont tellement fiers de moi que ça m'émeut d'en parler.
03:46Ils sont extraordinaires mes parents, et donc de les voir tenir mon livre comme ça, dans
03:52leurs mains, ça m'a beaucoup beaucoup émue, je me suis dit je vais le mettre sur les réseaux
03:57parce que c'est ma fierté maintenant, ça n'a pas toujours été le cas, mais maintenant
04:01c'est ma fierté.
04:02Oui, vous avez eu honte ?
04:04Je ne dirais pas honte, mais quand on a 13-14 ans et qu'on rêve de grands voyages, moi
04:11je rêvais grand, très vite, et je me suis dit souvent, mais tu ne vas pas y arriver,
04:17parce que tu as vu où tu grandis, que tu n'as pas la chance que certains ont, donc
04:22je ne dirais pas honte, non, parce que ce serait faire enfance à mes parents.
04:25Mais aujourd'hui c'est une chance, et c'est une fierté de là où vous venez, et c'est
04:29ça que j'ai vraiment aimé dans votre livre, de ce que vous racontez, vous qui répétez
04:34tout le temps, et je vous ai déjà entendu le dire, on n'est pas des stars nous les
04:36journalistes, il y a un endroit où écrivez-vous « je suis une star », c'est Bazouge-la-Pérouse,
04:42les 1000 habitants de votre petit village de Bretagne, qui maintenant regardent le 20h
04:46de France 2 et plus celui de TF1, à cause de vous.
04:49Ah oui, moi je suis une petite star quand je vais à Bazouge-la-Pérouse, et ma maman
04:54qui va au marché tous les jeudis matin, je crois qu'elle est fière de pouvoir dire
05:01« bah oui, c'est ma fille maintenant qui parcourt le monde ».
05:04Et oui, c'est votre fille.
05:06Vous allez être journaliste, vous allez avec le parcours traditionnel à France Télévision,
05:10c'est-à-dire les stations régionales de France 3, puis Télé Matin, puis la rédaction
05:12nationale.
05:13Premier grand reportage à l'étranger, c'est l'Inde, touchée en 1994 par une
05:16épidémie de peste, où vous découvrez des hommes qui gagnent leur vie la nuit en tuant
05:20des rats.
05:21Vous écrivez « ces scènes dépassent tout ce que j'aurais pu imaginer, je prends conscience
05:24à cet instant que si le métier de grand reporter ressemble vraiment à cela, je vais
05:27vivre des moments ahurissants, insensés, hors normes.
05:31Ce voyage est un déclic, il instille dans mes veines le virus du grand reportage ».
05:35Et vous continuez à raconter, vous allez les vivre, les scènes, les moments ahurissants,
05:39insensés et hors normes.
05:41Et puis vous parlez pour la première fois, Maryse Burgo, d'un épisode traumatique,
05:44longtemps tabou pour vous, vous avez même hésité à l'écrire tellement il vous met
05:47mal à l'aise.
05:48Là, pour le coup, vous parlez de honte.
05:50C'est en 2000, vous êtes prise en otage aux Philippines sur l'île de Jolo, retenue
05:56par le groupe terroriste Abu Sayyaf pendant sept semaines.
05:59Vous détestez cet épisode de votre carrière, vous décrivez c'est l'expérience la plus
06:03humiliante de votre vie, d'avilissement, de honte.
06:06Pourquoi la honte et pourquoi avoir tellement de mal à parler de ces sept semaines où
06:10vous avez été prise en otage par ce groupe terroriste ?
06:13Parce que ça reste… Moi je me suis reconstruite après cela, mais c'est une blessure d'avoir
06:22été otage au milieu d'hommes combattants qui étaient des islamistes un peu de façade
06:29et qui étaient souvent des unbattés quand même.
06:30J'ai mis ça dans un coin de ma tête parce que je ne voulais pas que cet épisode m'empêche
06:38de continuer à faire la carrière que j'avais décidé de faire et je n'allais pas leur
06:42accorder cette victoire en plus de briser ma carrière, mais ça aurait pu me briser.
06:46Mais pourquoi briser votre carrière ?
06:48Parce que vous êtes l'humiliation d'être enfermée, on n'était pas enfermés, on
06:54était aux pieds d'arbres dans la jungle.
06:56Être humiliée, c'est quelque chose dont on a beaucoup de mal à se remettre et donc
07:07oui, cette humiliation cuisante, elle est dans ma tête, elle y restera toujours, mais
07:17je l'ai domptée, je l'ai mise dans une case.
07:20Autre traumatisme que vous racontez dans ce livre, votre voix.
07:24Qu'est-ce que vous n'avez pas entendu sur votre voix, Maryse Burgo ? Trop aiguë,
07:28pas assez posée, anxiogène, avec une voix pareille, impossible de faire du journalisme
07:32télé, on vous disait, tu n'y arriveras jamais, ça ne va pas être facile pour toi.
07:35Vous avez même été menacée de ne pas être reconduite sur Antenne 2 à l'époque,
07:39à cause de votre voix.
07:41Aujourd'hui, votre voix, c'est votre signature, mais votre jury, votre journaliste
07:47reporter d'images dit, dans un aéroport, il suffit qu'elle ouvre la bouche pour que
07:51les gens la reconnaissent.
07:52C'est vrai que c'est votre signature, mais vous avez bossé sur ça, vous avez pris
07:57un coach, vous avez dit, ma voix, elle ne passera pas.
07:59Oui, je me suis dit, c'est un combat, ma carrière, c'est un combat, rien n'était
08:07facile pour moi.
08:09Oui, c'est ça que je voudrais transmettre à notre jeunesse, ce n'est pas simple,
08:14mais quand on s'accroche vraiment, on peut y arriver, je suis vraiment la preuve de cela.
08:18Et cette voix, oui, on m'a dit à l'école de journalisme, toi tu vas faire de la presse
08:21écrite, et je les ai regardées droit dans les yeux, j'ai dit, ah oui, et comme ils
08:25voulaient que je fasse de la presse écrite, j'ai fait de la télévision, juste pour
08:29faire le contraire de ce truc où on vous assigne quelque part, il faut sortir de ça
08:35et ne pas accepter d'être assignée quelque part, c'est ce que j'ai fait, et ma voix
08:41est devenue d'une certaine manière, ma signature, ce serait prétentieux, mais en tout cas, elle
08:46a fini par rentrer dans la tête des téléspectateurs, et finalement, il y en a qu'elle dérange
08:52beaucoup, parfait, on ne peut pas faire l'unanimité tout le temps, mais c'est ma force aussi.
08:59Au cœur du livre, il y a un autre combat, une tension qui restera dans toute votre vie
09:04entre votre rôle de mère et votre métier de grand reporter, vous écrivez, quand mon
09:07fils a 8 mois, je suis en Irak, à ses 14 mois, je suis en Irak, quand il a 16 mois,
09:12je suis en Irak, quand il a 18 mois, je suis en Irak, c'est le moment où la guerre commence,
09:16quand vous rentrez en France, vous sentez le regard des autres mères de famille, vous
09:19parlez d'une désapprobation discrète, avec des questions comme, mais l'Irak est vraiment
09:24plus important que votre fils, vous essayez d'argumenter, mais vous regrettez dans le
09:28livre que personne ne reproche aux reporters hommes d'abandonner femme et enfant pour
09:32aller en Irak.
09:33Oui, oui, alors je crois que les choses ont changé, parce que je vois dans le service
09:38dans lequel je travaille, à France Télévisions, ça s'appelle le service enquête et reportage,
09:43je crois que les jeunes hommes sont plus attentifs que peut-être n'étaient les pères il y
09:51a 20 ans, mais oui, moi on m'a reproché, ce n'est pas des reproches, mais on vous
09:56dit comme ça, l'air d'Orient, quand même, tu les as laissés combien de temps tes enfants ?
10:02Oui, vous racontez aussi une scène il y a deux ans, vous êtes en Ukraine dans le Donbass
10:09avec votre gilet pare-balles, ça tire de partout, et là votre téléphone sonne, c'est
10:12votre fils, il vous appelle pour vous demander des conseils sur la cuisson du riz, et vous
10:16lui répondez.
10:17Ah oui, oui, c'est une ligne de conduite, si les enfants appellent, je réponds, quoi
10:22qu'il arrive, il est hors de question de leur dire que je vis un moment difficile,
10:27on vivait un moment très difficile, on venait de se prendre un mortier très très près
10:32de nous, on roulait pied au plancher pour échapper au russe qui nous avait repérés,
10:39et mon téléphone a sonné, il était dans mon gilet pare-balles, je l'ai pris, j'ai
10:42répondu, et mon fils me demande comment on fait pour cuire le riz déjà, pour qu'il
10:46soit aussi bon qu'au restaurant, je lui ai répondu, doucement, parce que je me suis
10:50dit, mon équipe va vraiment penser que je suis complètement folle, parce que pour
10:54que les enfants grandissent bien, il faut qu'il y ait de la normalité autour d'eux,
10:57donc même si c'est un peu difficile autour de moi, je ne leur transmets pas ce stress.
11:03Votre collègue Dorothée Oliéry qui était à mon micro en février dernier, elle a parlé
11:08de cette relation avec les enfants, et notamment de Gilles Jacquier, à qui vous rendez hommage
11:13dans le livre, qui est un journaliste qui a été tué en Syrie, écoutez ce qu'elle
11:16dit.
11:17J'ai un ami vraiment proche qui s'appelle Gilles Jacquier, qui était journaliste à
11:21la rédaction de France 2 et de France Télévisions, un ami proche qui est mort en Syrie, et mes
11:25enfants qui m'ont toujours vu partir sur le terrain avec le gilet pare-balles et compagnie
11:30sont venus une fois qu'il est mort, et que je leur annonçais, ils le connaissaient,
11:34ils étaient à l'école avec son beau-fils, et les enfants à l'école ont entendu,
11:40ta maman elle fait le même métier, elle va mourir aussi comme Gilles, et le lendemain
11:44mes deux enfants sont venus en disant, maman s'il te plaît promets-nous une chose,
11:46c'est que tu n'iras jamais en Syrie, et j'ai promis, je ne suis jamais allée.
11:50Qu'est-ce que ça vous inspire ?
11:52Non mais je comprends ce qu'elle dit, moi j'ai raté beaucoup de choses dans ma vie
11:58mais j'ai réussi quelque chose, c'est que je crois que mes enfants ont confiance,
12:03ils ne me demandent jamais de ne pas partir, ils ont confiance au fait que je vais revenir,
12:09je pars beaucoup, je reviens toujours, ça fait 35 ans que ça dure.
12:13Oui, alors ceci dit, la pression peut-être a quand même fait qu'à un moment dans votre
12:17carrière, vous avez demandé à vos chefs d'arrêter d'être qu'un reporter et de
12:20devenir correspondante, et ça c'est les années où vous avez été correspondante
12:23à Washington, vous avez notamment couvert l'affaire DSK, vous y revenez dans le livre,
12:27ensuite à Londres, vous êtes ensuite revenu à Paris, d'abord à Londres puis à Washington,
12:32ensuite Paris où vous avez couvert la politique avec François Hollande président à l'époque,
12:36vous racontez toutes ces scènes-là, vous racontez aussi les scènes avec François
12:38Hollande qui vous confie sur Emmanuel Macron, mais ça il faut lire le livre pour le voir.
12:43Donc il y a un moment quand même où vous arrêtez et vous allez arrêter d'être
12:49grand reporter.
12:50Oui, j'ai décidé d'arrêter parce que j'avais l'impression que je faisais tout
12:56mal.
12:57C'est-à-dire que ce n'est pas la pression des autres, j'étais en Irak, mon premier
13:02enfant était très petit, c'était un bébé, j'avais l'impression que je ne réussissais
13:07pas à faire correctement mon travail et que je n'étais pas tout à fait la mère
13:11que j'avais envie d'être, donc j'ai fait un choix et je trouve que je travaille pour
13:14une chaîne de télé qui peut permettre ça, donc j'ai dit moi je voudrais bien être
13:18correspondante permanente et j'ai été nommée.
13:20Vous couvrez souvent les conflits à hauteur d'enfant et on le voit dans votre livre.
13:25A vous parler à Haïti de ce gamin gisant sur le sol après le tremblement de terre
13:29que vous allez accompagner dans son adoption, vous parlez de ce camp irakien en 2018 où
13:33un lionceau du califat, un gamin, raconte sa torture après avoir fait pipi dans la
13:38nourriture des djihadistes.
13:39Il y a cette phrase bouleversante à New York après le 11 septembre, vous allez interroger
13:44un enfant et cet enfant qui a vu les gens sauter des tours vous dit qu'il n'aurait
13:50pas dû voir ça, il dit mais enfin je suis un enfant quand même, j'aurais pas dû voir
13:54ça.
13:55Ou encore cet enfant qui vomit de terreur en Ukraine à Kiev parce qu'elle a peur.
13:59Et puis au moment de la chute de Kaboul il y a trois ans, aux mains des talibans, vous
14:03êtes bouleversé par le sort de ce couple afghan, démuni, qui va devoir vendre son
14:07bébé.
14:08Les larmes d'une mère dans une rue de Kaboul travaillent plus d'argent alors ils ont pris
14:13une terrible décision, ils vont vendre leur deuxième enfant, ce bébé, cela permettra
14:19de nourrir leur fils aîné.
14:21Ils acceptent de nous raconter leur histoire mais demandent pour l'instant que notre caméra
14:27reste loin d'eux, pudeur et dignité d'un couple réduit à l'impensable.
14:33Finalement, ils acceptent de nous montrer le camp de déplacés où ils vivent.
14:38Ici, un couple de Kaboul ne pouvant pas avoir d'enfants est venu les voir et leur a proposé
14:44ce marché.
14:45De nombreux témoins nous confirment ces faits.
14:47En Afghanistan, vendre un enfant est rare.
14:51Aucune ONG internationale pour les aider.
14:54Ils ont accepté.
14:58Ils ont accepté mais il faut lire le livre puisqu'ils ne vont pas vendre l'enfant.
15:03Vous avez réussi, vous, à sortir finalement de votre neutralité puisque vous les avez
15:07mis en contact avec une association pour qu'ils ne vendent pas l'enfant.
15:11Mais prendre l'angle des enfants, Maryse Burgo, des bébés, on peut vous reprocher
15:15d'être sensationnaliste et vous répondez, vous assumez, vous dites c'est ma manière
15:19de garder l'attention des téléspectateurs qui sont lassés par les conflits qui durent,
15:23c'est ma manière de faire passer mes sujets quand on veut me les faire sauter du 20h ou
15:26me mettre les sujets à 20h35 à la fin du JT.
15:32C'est aussi ça, c'est aussi aller chercher des angles compliqués.
15:36Oui, sur l'Ukraine par exemple, c'est un conflit qui dure.
15:41Au début, il y a eu énormément d'empathie pour ce qui se passait en Ukraine.
15:46Nos téléspectateurs regardaient nos journaux, avaient envie d'écouter ce qui se passait
15:49en Ukraine et puis petit à petit, il y a eu une forme de désintérêt.
15:52Nous, on est obligés d'aller chercher loin, sur le front, prendre plus de risques par
15:58exemple, mais oui, il faut chercher des angles pour continuer à intéresser nos téléspectateurs.
16:03C'est le but.
16:04Plus difficile dites-vous, le traitement, parce que oui, vous racontez que le traitement
16:08médiatique de l'Ukraine, il y avait une forme d'unanimisme, on est pro-Ukrainien
16:12de manière écrasante.
16:13En revanche, vous rentrez de cinq semaines au Proche-Orient, Israël, Palestine, vous
16:17écrivez la situation au Moyen-Orient, hystérise les débats dans le monde politique, dans
16:21l'adversité, dans nos conversations avec nos amis, nos proches, nos enfants, je refuse
16:25d'être dans un camp, de choisir un camp qui serait plus victime que l'autre, c'est
16:29difficile le Proche-Orient.
16:31C'est un combat, de rendre compte de ce qui se passe en ce moment au Proche-Orient.
16:37Pendant ces cinq semaines de mission, mon but était à la fois de raconter ce qu'ont
16:42été les massacres du 7 octobre, mais aussi de raconter ce qui se passe à Gaza, les riposses
16:50des riposses des riposses, ce qui se passe au Liban et en Cisjordanie.
16:55Et là, comme tout est hystérique sur ce débat, on a une chose, nous, qui est notre
17:02pouvoir, c'est qu'on s'accroche aux faits.
17:05Moi, j'ai cette chance incroyable, je vais dans les endroits, je parle avec des gens,
17:09je vois des choses, je restitue ces faits et je laisse à nos téléspectateurs le soin
17:14de se forger leur propre opinion à partir de ce que je raconte.
17:18Et c'est ça notre force, et c'est ça que j'aime moi dans ce métier.
17:21Et c'est ce que vous racontez dans ce livre singulier, avec ce parcours singulier, qui
17:26est le vôtre.
17:27Maryse Burgon, on termine avec les impromptus, vous répondez rapidement, sans trop réfléchir.
17:30Vous avez eu ces propos cash au journal Le Monde, Emmanuel Macron ne nous aime pas en
17:36parlant de France Télévisions, pourquoi vous dites ça ?
17:38Parce qu'il est très très souvent sur TF1 quand même ! Mais bon, il vient quand même
17:47chez nous, mais plus à la concurrence, c'est incontestable.
17:50Vous dites, j'ai la faiblesse de penser que l'on est plus critique, que l'on cherche
17:53davantage les aspérités.
17:54C'est pour ça votre avis ?
17:56Je l'ai vu quand j'étais chargée du suivi de l'Elysée, oui, j'avais l'impression
18:01qu'on était, nous, sur des angles qui n'étaient pas tout à fait les mêmes.
18:04Bon, en même temps, j'ai des amis très chers à TF1, donc j'ai pas envie d'être désagréable.
18:10Londres ou Washington ?
18:11Washington.
18:12Bagdad ou Kaboul ?
18:17Bagdad.
18:18Albert Londres ou Joseph Kessel ?
18:21Albert Londres.
18:22Ouest France ou Le Monde ?
18:24Ouest France.
18:25BFM ou CNews ?
18:26BFM.
18:27X ou TikTok ?
18:29X.
18:30Présentez le 20h ou vous auriez aimé ?
18:33J'aurais détesté, je ne suis pas du tout faite pour ça.
18:36Vous avez regardé les JO ?
18:38Oui.
18:39Quel est le plus bel âge de la vie d'une grande reporter ?
18:4460, le mien là.
18:46Vieillir à l'antenne, ça vous angoisse ou pas du tout, manifestement ?
18:50Moi, j'aime pas tellement vieillir quand même, mais ça va pas mal, merci.
18:55Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
18:58Fraternité.
18:59Et Dieu dans tout ça ?
19:01Il existe.
19:03Grand reporter et fille de paysan, c'est le titre de votre autobiographie qui sort chez
19:08Fayard ce mercredi.
19:09Merci, Marie-Pierre Burgot, d'avoir été avec nous.
19:12Belle journée à vous.
19:13Merci de m'avoir invitée.

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