• il y a 8 mois
À 9h20, la romancière à succès Virginie Grimaldi est l'invitée de Léa Salamé. Elle publie "Plus grand que le ciel" (Flammarion). Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-29-avril-2024-9904914

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Transcription
00:00 Et Léa, ce matin vous recevez une romancière !
00:02 Oui, quelle romancière ! Bonjour Virginie Grimaldi !
00:04 Bonjour Léa !
00:05 Si vous étiez une ville, un personnage historique et un défaut, vous seriez qui ? Vous seriez quoi ?
00:10 Je serais Bordeaux et ses chocolatines, je serais l'impatience et je serais, c'était le troisième personnage historique, un peu cliché, mais Simone Veil.
00:20 Pourquoi ?
00:21 Pour son courage, pour ce qu'elle a fait pour les femmes, essentiellement, avec la vie qu'elle avait eue.
00:26 Plus profondément le chagrin creusera votre être, plus vous pourrez contenir de joie.
00:32 C'est votre proverbe, votre citation préférée qui vient de Réli Gibran.
00:37 Pourquoi vous aimez cette phrase ?
00:43 J'aime cette phrase parce que j'y crois profondément, même si je ne suis pas de ceux qui disent que ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
00:50 Je suis persuadée que ça nous abîme.
00:52 Mais je crois aussi que quand on a vécu des épreuves, on voit les choses différemment, on voit l'urgence qu'on a de vivre, on comprend que la vie s'arrête un jour.
01:01 Et tout est plus fort.
01:03 J'ai le sentiment que tout est plus fort.
01:05 Et qu'il y a la place aussi pour la joie.
01:06 Oui, ça j'en suis persuadée.
01:08 Il y a la place, qu'elle revienne un jour.
01:10 Mais vous dites quand même la phrase de Nietzsche, éculée à l'envie qu'on n'en peut plus d'entendre ce qui ne te rend pas, ce qui ne te tue pas te rend plus fort.
01:18 Vous dites que ce n'est pas vrai en fait.
01:19 Je ne crois pas.
01:20 Ce qui ne te tue pas t'abîme.
01:22 En tout cas, mon expérience personnelle c'est ça.
01:24 C'est que ça abîme quand même, ça laisse des cicatrices qui nous diminuent un petit peu.
01:28 Mais qu'on peut trouver de la joie ailleurs.
01:32 Et en même temps, je ne suis pas...
01:34 De plus en plus, plus je vieillis, plus je me dis que ce n'est pas très grave si on n'est pas joyeux tout le temps, si on n'est pas heureux tout le temps.
01:39 J'ai été dans cette quête du bonheur absolu pendant longtemps.
01:43 Et maintenant, je m'autorise à ne pas aller bien s'il y a des moments où je ne vais pas bien.
01:47 Ce n'est pas très grave.
01:48 Virginie Grimaldi, vous êtes aujourd'hui la romancière la plus lue de France.
01:52 Vous avez vendu plus de 7 millions d'exemplaires en 10 ans et 9 romans.
01:56 Les chiffres donnent le vertige.
01:58 Vous avez aussi été récompensée comme l'auteur du livre favori des Français en 2022 par France Télévisions.
02:04 Et vous sortez aujourd'hui votre dixième roman, "Plus grand que le ciel" chez Flammarion.
02:08 Sans conteste, le plus personnel, le plus intime, vous le dites.
02:11 Qu'est-ce que vos lecteurs, qui sont pour beaucoup des lectrices, vont apprendre qu'ils ne savent pas sur vous ?
02:17 Je ne sais pas, parce qu'à chaque fois, je suis étonnée d'avoir encore des choses à raconter.
02:21 Mais j'ai l'impression que je vais puiser de plus en plus profond.
02:24 Celui-ci fait suite au décès de mon père, qui est décédé il y a quelques mois.
02:29 En réalité, ça ne devait pas être un roman.
02:31 C'était comme une conversation avec lui au départ.
02:33 Je prolongeais notre relation en lui écrivant tous les jours.
02:36 Puis je crois que c'était trop douloureux, donc j'ai rajouté des personnages.
02:39 Mais ça s'est fait.
02:40 Ce n'était pas calculé.
02:41 Je n'avais pas calculé cette histoire de rencontre entre deux personnes.
02:46 C'est l'histoire d'une rencontre entre Elsa, conseillère funéraire qui vient de perdre son père,
02:51 et qui ploie sous le chagrin, et de Vincent, romancier à succès quelque peu névrosé,
02:56 et qui se rencontre chez...
02:58 Chez le psy.
02:59 La salle d'attente du psy.
03:02 Je trouvais ça cocasse, parce que parfois on croise des personnes chez les psys,
03:06 et puis on se dit, ça serait drôle de...
03:08 Ou alors on n'a pas du tout envie.
03:09 Et on n'a pas envie, elle n'a pas envie de croiser ce type tout le temps, avant elle ou après elle.
03:14 Elle n'a pas envie de croiser qui que ce soit.
03:16 Elle a envie d'être seule dans la salle d'attente à préparer son rendez-vous.
03:20 Mais lui, il a envie de parler.
03:22 Et voilà, leur relation commence comme ça.
03:25 Diriez-vous qu'il y a beaucoup de vous dans les deux personnages ?
03:27 A la fois celui d'Elsa, qui est triste et très triste parce qu'elle vient de perdre son père,
03:32 et dans celui de Vincent, ce romancier à succès qui n'est pas apaisé par le succès.
03:38 Est-ce que vous diriez qu'il y a de vous chez les deux ?
03:40 Et que c'est au fond un livre à la fois sur le succès, comment on le gère,
03:45 et sur la mort, comment on la gère ou pas ?
03:48 - Oui, je crois que c'est un très bon résumé.
03:50 Il y a de moi dans les deux.
03:52 C'est le livre dans lequel il y a le plus de moi.
03:54 Je me suis servi de mon expérience dans le deuil et dans l'écriture.
04:00 Parce que ça ne parle pas que du succès, ça parle de l'écriture,
04:04 ça parle du rapport au lecteur, de cette nécessité d'écrire.
04:08 Moi je la vis vraiment comme ça, et pour ce livre-là, c'était nécessaire tous les matins,
04:13 c'est ce qui me faisait me lever.
04:15 Donc ça parle de tout ça, et c'est vrai que je me suis servi des petites anecdotes
04:19 que j'ai rencontrées depuis dix ans pour créer le personnage de Vincent.
04:24 - On va y venir, aux lecteurs et au petit milieu littéraire que vous brossez dans ce livre-là.
04:30 Mais sur le chagrin qui est la grande partie du livre,
04:34 guérit-on du chagrin de voir partir son père ?
04:37 Surtout quand on est une fille.
04:39 - Je n'ai pas encore l'expérience sur la durée, puisque ça fait juste neuf mois.
04:45 J'ai le sentiment que c'est toujours aussi fort, que la douleur est toujours aussi intense.
04:50 Quand elle me prend, j'ai l'impression que ça m'ouvre la poitrine en deux
04:53 et que je ne vais jamais me relever.
04:55 Peut-être que c'est moins souvent, et peut-être que c'est ça en fait.
04:59 C'est que c'est toujours aussi fort, et c'est ce que dit Elsa d'ailleurs dans le livre.
05:03 C'est toujours aussi fort, mais c'est moins souvent.
05:06 Je ne sais pas comment on cohabite avec l'absence, je n'y arrive pas encore.
05:10 - Nina Bouraoui, qu'on recevait en octobre dernier à ce micro,
05:12 elle venait elle aussi de perdre son père.
05:14 Elle a écrit un très beau livre "Grand Seigneur" sur son père.
05:18 - On ne sait pas ce que la mort d'un père peut engendrer.
05:22 Évidemment, dans notre entourage, il y a des filles qui ont perdu leur père,
05:26 parfois assez jeunes, et on dit "je comprends",
05:28 mais en fait, tant que ça n'est pas arrivé, on ne comprend pas.
05:31 Un père, on pense que c'est la mère qui élève plus les enfants,
05:35 mais non, un père laisse des traces, peut-être invisibles,
05:39 mais qui sont extrêmement...
05:43 Je pense que mon père m'a construite.
05:45 - Oui, je suis totalement d'accord avec elle.
05:50 C'est malheureux parce que c'est à la fin de sa vie,
05:53 et c'est même maintenant qu'il n'est plus là,
05:54 que je me rends compte tout ce que j'ai hérité de lui.
05:56 Son humour, c'était notre langage, l'humour.
06:00 Mais aussi, je le vois maintenant qu'il n'est plus là.
06:04 C'est-à-dire que je le voyais, il était sous mes yeux,
06:08 mais je n'avais pas conscience de ses qualités,
06:13 de la personne qu'il était, réellement de l'homme qu'il était.
06:15 Je le vois en tant qu'homme, maintenant que mon papa n'est plus là.
06:18 - Votre enfance a été marquée par le divorce de vos parents quand vous aviez 11 ans,
06:22 et vous qui étiez timide et réservée, vous vous êtes mise à être drôle,
06:25 à faire le clown pour faire marrer votre père,
06:28 qui était terrassé par le chagrin de voir sa femme partir, notre mère partir.
06:32 C'est quelque chose qui a construit votre relation au père,
06:35 l'idée de toujours devoir le sortir de sa mélancolie,
06:38 de le faire rire, de le faire sourire, de le sortir de ses tourments.
06:41 Vous parlez aussi de l'alcoolisme, de votre père.
06:45 C'est quelque chose qui a été votre rôle, au fond ?
06:48 - J'ai passé une adolescence à essayer de redonner la joie à mon père.
06:53 C'était un homme assez malheureux,
06:56 qui ne s'est jamais remis du chagrin de perdre sa femme,
07:00 qu'il a perdue à cause de l'alcool.
07:03 Il a complètement plongé dans l'alcool.
07:06 J'ai même passé un pacte avec lui, quand j'étais en 3ème.
07:09 Je suis allée vivre chez lui la moitié du temps.
07:11 En échange, il devait arrêter de boire.
07:14 Il n'y en a qu'un des deux qui a tenu sa part du contrat.
07:17 - Il planquait les bouteilles ?
07:19 - Oui, dans le bac à linge, sale.
07:21 Mais c'est une maladie, je ne l'en veux pas du tout.
07:24 Je sais qu'il a déployé des efforts incommensurables pour s'en sortir.
07:28 C'était vraiment plus fort que lui.
07:29 Il a fait de son mieux.
07:30 C'était un super papa.
07:32 C'était quelqu'un d'extrêmement drôle.
07:34 On a créé ce langage qui m'est resté.
07:37 Je suis toujours à faire des vannes, toujours dans l'humour.
07:40 Il m'a apporté plein d'autres choses aussi.
07:43 Il avait une grande liberté.
07:44 C'est quelque chose qu'il a perdu à la fin de sa vie.
07:48 - A cause de la maladie ?
07:50 - Oui. Il avait la maladie d'Alzheimer.
07:52 Il l'a eu très jeune, puisqu'il est décédé à 69 ans.
07:54 Ça l'a privé de toute sa liberté.
07:58 Il était complètement enfermé dans sa maladie.
08:01 C'est terrible de voir quelqu'un perdre sa liberté.
08:04 C'est là que je me suis rendu compte à quel point il était libre avant.
08:06 - Laïla Slimani explique qu'elle a écrit pour venger son père,
08:09 qui avait souffert du déclassement.
08:12 Il était économiste, gouverneur de grandes banques au Maroc.
08:17 Un jour, il a perdu son travail.
08:18 Pendant 15 ans, il attendait à côté de son téléphone
08:20 que le téléphone sonne.
08:21 Le téléphone ne sonnait pas.
08:22 Elle dit « j'ai écrit pour venger mon père ».
08:24 Vous, vous écrivez pour quoi ?
08:26 - J'ai écrit pour figer le temps.
08:30 Le temps qui passe, c'est mon plus grand sujet.
08:34 - C'est votre plus grande angoisse.
08:36 - Vraiment. Tous les matins, je me lève en me disant « déjà ».
08:39 C'est quelque chose qui me terrifie.
08:42 Surtout depuis que je suis mère.
08:44 - C'est la vieillesse qui vous angoisse ?
08:46 - Non, du tout.
08:47 C'est le fait que c'est bien d'être là.
08:52 Et que ça va s'arrêter.
08:53 Et que ça passe trop vite.
08:55 Les moments qu'on aime, j'ai l'impression,
08:57 jusqu'à l'été dernier, de vivre une des meilleures parties de ma vie.
09:02 J'avais encore mes parents.
09:04 J'avais mes enfants en bas âge.
09:06 Et puis, ça va s'arrêter.
09:07 Je suis toujours dans cette nostalgie du temps présent.
09:10 - Il y a une réflexion sur la mort dans ce livre.
09:12 Vous dites « on ne devrait plus s'y préparer ».
09:14 Je vous le lis.
09:15 « On n'envisage pas réellement notre propre mort.
09:17 On y pense comme à un pays lointain.
09:19 On angoisse parfois quand on effleure cet inévitable,
09:21 mais on le recouvre d'un mouchoir.
09:23 Or, on devrait nous enseigner qu'on va mourir
09:25 comme on nous enseigne le théorème de Pythagore. »
09:28 - Oui, je crois qu'on ne parle pas assez.
09:30 C'est un tabou, la mort.
09:31 Et quand on y est confronté, tout à coup, on est sidéré.
09:34 Parce qu'on se dit que ça ne va pas arriver.
09:36 Sauf que ça arrive.
09:37 Et ça arrive à tout le monde.
09:38 C'est vraiment tellement cliché de dire ça.
09:40 Mais quand on y est confronté, ça devient une réalité insupportable.
09:44 Je ne sais pas si on peut s'y préparer, cela dit.
09:47 Je crois que je m'y prépare depuis que je suis née.
09:49 Parce que je suis très angoissée par ça.
09:51 - On comprend longtemps, en tout cas.
09:52 La loi de fin de vie qui arrive à l'Assemblée nationale,
09:54 vous y êtes favorable ?
09:55 - Bien sûr.
09:56 Je trouve qu'elle devrait aller plus loin.
09:58 Je trouve qu'on est très en retard.
09:59 Ce qui me chagrine un petit peu, c'est que ça arrivera un jour
10:03 et qu'il y aura toutes ces personnes qui auront souffert
10:06 sans y avoir droit.
10:07 - Oui.
10:08 Et notamment les malades d'Alzheimer,
10:09 parce qu'elle ne visera pas les malades d'Alzheimer.
10:11 - Non, non.
10:12 Elle est encore exclue.
10:13 - Ce livre, c'est aussi un livre sur le monde littéraire.
10:15 Donc, à travers le personnage de Vincent,
10:16 ce romancier à succès, Névrosé,
10:17 vous racontez des choses sur le milieu littéraire
10:19 qui crée beaucoup de fantasmes.
10:20 Qu'est-ce qui vous avoue, depuis dix ans
10:22 que vous connaissez ce petit milieu avec ses petits codes,
10:24 qui vous a le plus étonnée, surprise, choquée
10:27 dans ce petit milieu, que vous trouvez ridicule ?
10:29 - Alors, que je trouve ridicule, je ne sais pas.
10:31 J'ai été étonnée de voir que finalement,
10:33 tous les fantasmes n'étaient pas forcément réels.
10:37 Je m'attendais à trouver un monde complètement différent du mien.
10:41 Et puis finalement, il est composé d'humains tout à fait normaux.
10:44 Après, il y a beaucoup de...
10:47 J'y ai été confrontée assez récemment.
10:50 Il y a beaucoup de choses politiques
10:53 et de choses de pouvoir, en fait,
10:59 qui régissent quand même ce milieu-là.
11:01 - Vincent va claquer la porte de sa maison d'édition,
11:03 rachetée par un homme puissant.
11:04 Il part avec son éditrice dans une autre maison.
11:06 On ne peut pas s'empêcher de penser à ce que vous avez fait vous-même,
11:09 puisque vous avez claqué la porte de Fayard,
11:10 rachetée par Vincent Bouloret.
11:11 Vous êtes partie avec votre éditrice sous le bras,
11:13 ou alors elle est partie avec vous sous le bras, plutôt,
11:15 qui s'appelle Sophie de Closet.
11:17 - Ça ne s'est pas exactement passé comme ça.
11:19 Elle est partie avant moi pour des raisons que je ne cautionnais pas.
11:23 En fait, l'arrivée de Vincent Bouloret et d'Isabelle Saporta
11:27 à la tête de Fayard et tout ce qui l'entourait,
11:31 c'est-à-dire que j'ai vu quand même des têtes de journalistes
11:35 tomber avec l'arrivée de M. Bouloret.
11:37 J'étais en position de ne pas accepter ça,
11:41 de montrer que je n'étais pas d'accord.
11:43 - Et vous l'avez montré.
11:45 - Je l'ai montré.
11:46 - C'était quoi ? Un acte politique ? Un acte citoyen ?
11:48 - Moi, c'était pour être droite dans mes bottes.
11:50 - Il y a une scène où un écrivain se gosse d'avoir eu trois T dans Télérama.
11:54 Est-ce que vous aimeriez un jour avoir trois T dans Télérama ?
11:56 Même un seul T, même être mentionné dans Télérama ?
11:59 - Non, ce n'est vraiment pas une fin en soi.
12:01 Quand je suis passée au Masque et la Plume,
12:03 quand j'ai appris que j'allais y passer, j'ai fait "merde"
12:05 parce que je savais qu'ils n'allaient pas m'épargner.
12:08 En effet, ils se sont fait plaisir.
12:10 - Ça vous blesse, le petit mépris pour la littérature populaire.
12:14 Vous vendez des millions et des millions de romans.
12:16 Et il y a le petit milieu littéraire.
12:21 Ils ont le droit aussi de ne pas aimer vos livres.
12:23 - Je crois qu'ils sont sincères.
12:25 Ils n'aiment pas mes livres.
12:26 Ils ont tout à fait le droit de ne pas aimer mes livres.
12:28 Après, ce qui me fait plaisir, c'est qu'il y a aussi des journalistes
12:30 qui n'avaient pas envie de me lire et qui finissent par me lire
12:33 et par reconnaître que ce n'est pas si mal.
12:36 Mais après, je comprends tout à fait qu'on puisse ne pas aimer.
12:39 Ce qui me blesse, ça va être le mépris, et c'est ce que Vincent dit,
12:42 le mépris envers les lecteurs.
12:46 Parce que c'est une forme de classisme aussi.
12:51 Ça m'a blessée peut-être plus au début.
12:53 - Le classisme est un mépris de classe pour vous ?
12:56 - Oui, je crois.
12:57 Il y a une journaliste une fois qui m'a dit
12:59 "tu donnes de la confiture aux cochons".
13:02 Donc si ça, ce n'est pas un mépris de classe, je ne sais pas ce que c'est.
13:07 À un moment, Vincent dit "tout le monde pense que le succès donne confiance en soi,
13:10 c'est tout le contraire".
13:12 Alors là, je ne vous crois pas.
13:14 - Vous devriez venir me voir chez moi.
13:16 - Le succès ne donne pas confiance en soi ?
13:18 - Non, parce que...
13:22 Par rapport aux lecteurs, non.
13:25 Parce qu'il y a de plus en plus de personnes qui attendent les livres
13:28 et donc il y a une grande peur de les décevoir.
13:31 Après, dans ma vie intime, perso,
13:36 ça m'a quand même donné un petit peu plus confiance en moi.
13:39 Je pars de très très bas.
13:41 Je me sens à ma place.
13:43 Moi qui me suis toujours sentie un petit peu différente,
13:46 j'étais une ado un peu à part, avec mes angoisses, ma sensibilité.
13:50 Ça m'a donné en tout cas une raison d'être.
13:55 - Les impromptus pour terminer, vous répondez rapidement sans trop réfléchir.
13:58 Instagram ou Twitter ?
14:00 - Instagram.
14:01 - Romain Garry ou Stéphane Zweig ?
14:02 - Romain Garry.
14:03 - Vous avez eu du mal, vous avez dit "j'ai raté mon rendez-vous avec Garry quand j'étais au collège, j'y suis pas arrivée".
14:09 Aujourd'hui c'est votre livre préféré.
14:11 - La vie devant soi, oui.
14:12 - Edouard Louis ou Nicolas Mathieu ?
14:14 - Ah !
14:15 - Vous pouvez dire ni l'un ni l'autre.
14:16 - Les deux.
14:17 - Ah, les deux.
14:18 Vous prenez les deux.
14:19 - Oui, je prends les deux, mais j'aime particulièrement le discours de Nicolas Mathieu.
14:22 Je suis assez d'accord avec les points qu'il défend.
14:26 - Qu'est-ce qui vous indigne ?
14:28 - Les injustices sociales.
14:32 Je viens d'un milieu où il y a beaucoup d'injustices.
14:35 Et maintenant que je suis passée de l'autre côté, je les vois encore plus.
14:39 - Vous votez ?
14:40 - Oui, bien sûr.
14:41 - Amélie Newton ou Virginie Despentes ?
14:43 - Ah ! J'aime beaucoup Amélie, mais Despentes.
14:48 - Houellebecq ou Carrère ?
14:49 - Carrère.
14:50 - Balzac ou Stendhal ?
14:52 - Balzac.
14:53 - La dernière fois que vous avez pleuré ?
14:55 - Ce matin.
14:56 - Pourquoi ?
14:57 - Parce que j'ai pensé à mon père.
14:59 - Vous avez déjà menti en disant que vous aviez lu un livre que vous n'avez jamais lu ?
15:03 - Oui, plein de fois.
15:05 - Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
15:08 - Egalité.
15:10 - Et Dieu dans tout ça ?
15:12 - Et Dieu, j'aimerais y croire, parce que ça voudrait dire qu'il y a vraiment encore
15:16 autre chose, les gens qu'on aime un jour, mais je n'y crois plus.
15:19 - Plus grand que le ciel, c'est votre dixième roman, Virginie Grimaldi, qui sort le 1er
15:24 mai, dans deux jours, chez Flammarion et qui a en exergue Boris Vian, berceuse pour les
15:29 ours qui ne sont pas là.
15:30 Je voudrais que tu sois là, que tu frappes à ma porte et que tu me dirais "c'est moi,
15:34 devine ce que je t'apporte" et tu m'apporterais toi.
15:37 Merci et belle journée.

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