Jeudi 10 octobre 2024, MANAGER L'ODYSSÉE reçoit Grégoire Furrer (Fondateur, Montreux Comedy Festival)
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00:00Bienvenue dans Manager, l'Odyssée, le tout nouveau programme de Be Smart for Change.
00:13Un tête-à-tête de 28 minutes en immersion dans le quotidien d'un manager.
00:19Devenir un bon manager ne s'improvise pas.
00:22Et pour ce deuxième épisode, j'ai le plaisir d'accueillir Grégoire Führer,
00:25le fondateur du Montreux Comédie Festival,
00:28un événement phare dans la très sérieuse industrie de l'humour.
00:33Comment Grégoire Führer a posé les bases et composé avec les premiers défis ?
00:38Nous ferons l'inventaire des leçons apprises.
00:41Nous évoquerons aussi les difficultés liées à la gestion d'équipes internationales.
00:46Comment gère-t-on le choc des cultures ?
00:49Et puis, c'est dans les moments critiques que le manager montre son vrai visage.
00:53Grégoire nous racontera comment il gère les crises.
00:59Grégoire, bienvenue.
01:02Merci.
01:03Merci d'être avec nous.
01:04Ça me fait plaisir.
01:05Le Montreux Comédie Festival a 35 ans cette année.
01:08Quand vous repensez à vos débuts,
01:10quelle a été la plus grosse erreur de gestion que vous avez commise ?
01:14J'en ai fait plein.
01:15C'est difficile de donner une.
01:17Une mémorable ?
01:18C'est très compliqué à penser.
01:22Je dirais que d'une manière générale,
01:23j'ai un projet qui est nié d'une passion.
01:25C'est un enthousiasme.
01:26J'ai créé ça.
01:29J'ai embarqué beaucoup de monde par ma passion.
01:31Je dirais que peut-être l'erreur que je peux faire
01:34et que je dois faire attention,
01:36c'est qu'on ne peut pas toujours manager une entreprise avec passion.
01:41Il faut mettre des structures en place
01:45pour ne pas créer des attentes qui peuvent être déçues.
01:49Souvent, quand on monte un projet comme le Montreux Comédie ou un festival,
01:52c'est valable pour tous les projets.
01:54C'est d'avoir des attentes irréalistes ?
01:55Beaucoup de gens viennent en disant que ça va être génial,
01:57ça va être le fun, ça va être cool.
01:58On va vivre une aventure humaine.
02:00Les gens peuvent être déçus à un moment donné
02:02parce qu'ils se rendent compte que ce ne sont peut-être pas leurs attentes.
02:05Il y a des exigences liées au projet
02:08qui font que ça reste un job.
02:10Il y a des contraintes.
02:13Parfois, on a tendance à vouloir venir avec nous,
02:16ça va être cool.
02:17Peut-être que tout d'un coup, 6 mois après,
02:19on se rend compte que ce n'est pas si cool que ça.
02:21Quand il y a des grosses attentes au début,
02:24souvent, je me suis rendu compte que
02:26malheureusement, les attentes étaient trop grandes au début
02:28et parfois, les déceptions sont très fortes aussi à la fin.
02:30Ça peut arriver.
02:31Il faut arriver à gérer cette émotion qu'il y a entre ces deux mondes.
02:34Plus spécifiquement, est-ce qu'il y a une décision
02:36qui vous semblait brillante sur le moment
02:38mais qui aurait pu mettre en péril le festival ?
02:41Il y a plein de décisions.
02:44Toutes les décisions que je prends me semblent brillantes.
02:47Je me rends compte parfois qu'elles ne le sont pas toutes, heureusement.
02:50De nouveau, on est dans des projets qui sont…
02:54Parfois, on a tendance…
02:55C'est à peu près la même réponse qu'au début.
02:57Je prends un exemple.
02:58Souvent, on a tendance à vouloir faire trop.
03:00Quand on fait un festival, on veut faire trop.
03:02Des fois, on veut avoir trop d'artistes,
03:03trop de spectacles, trop de projets.
03:05Le décor, on le veut le plus beau possible.
03:07On est passionné.
03:08Des fois, on oublie la réalité économique qu'il y a derrière
03:10et qu'il faut quand même parfois accepter de dire non.
03:14Tu te sens un peu trop ambitieux.
03:16Trop ambitieux.
03:19Non, parce que moi, je pense que c'est important d'être ambitieux.
03:21C'est au contraire important d'être ambitieux.
03:23Mais il faut savoir s'entourer de gens
03:25qui parfois peuvent dire un peu non à notre place.
03:27Ça, c'est une chose qui est importante dans mon domaine.
03:30Qui sont-ils dans votre entourage ?
03:32Ma directrice générale et directrice artistique, Chloé Cocter,
03:35qui est la personne qui me dit le plus non dans la vie.
03:38Que vous sondez pour chaque grande décision à prendre ?
03:41Que je sonde pour chaque grande décision à prendre
03:43et qui m'apporte beaucoup.
03:45Après, il y a plein de gens aussi.
03:47Il y a mon directeur financier,
03:49mon directeur de la programmation.
03:51Il y a Anne Renoir qui peut aussi parfois
03:53me mettre devant les dangers
03:55ou les risques qu'on prend.
03:57Et puis après, comme j'ai dit souvent,
03:59notre projet, c'est un peu un mélange
04:01entre nos envies et nos contraintes.
04:03Alors évidemment, les contraintes, elles sont là.
04:05On ne peut pas faire sans.
04:07Et puis moi, mes envies, si je me les sabre moi
04:09ou si je les coupe moi, si je me coupe les ailes moi-même,
04:11après, il ne restera plus que les contraintes.
04:13Donc il faut que les envies, elles soient là.
04:15Donc il faut pousser et puis accepter
04:17parfois de ne pas faire un projet
04:19ou pour la bonne cause.
04:21Encore ce matin, j'avais une discussion budgétaire
04:23sur un projet qui me tenait à cœur
04:25et que ma directrice générale m'a convaincue
04:27de couper parce qu'elle m'a dit
04:29que ça n'a pas de sens.
04:31Ça m'a écouté.
04:33J'avais la boule au ventre quand je l'écoutais
04:35mais je sais qu'elle prenait la décision,
04:37qu'elle me donnait un bon conseil.
04:39Après, voilà.
04:41Mais il faut garder l'ambition au départ
04:43parce que le rôle d'un manager, c'est quand même
04:45de montrer le chemin et de montrer là où on veut aller
04:47et c'est normal que le manager,
04:49en tout cas, moi je pense, garde un cap
04:51et soit un peu en avance sur les équipes.
04:53C'est nécessaire. Le jour où vous avez un manager
04:55qui est derrière les équipes, ça ne marche pas.
04:57Mais par contre, il faut que le fossé
04:59ne soit pas trop grand pour que les équipes
05:01soient juste derrière et pas déconnectées
05:03à des kilomètres derrière et que le manager
05:05se retrouve tout seul parce qu'il n'est pas suivi
05:07par ses équipes. C'est un peu ça
05:09le jeu qu'il faut trouver.
05:11Vous avez des équipes à l'international,
05:13vous êtes un groupe international
05:15en Suisse, en France et au Québec
05:17notamment. Est-ce que vous pouvez
05:19partager un exemple concret
05:21d'un clash majeur
05:23entre les équipes ?
05:25Je vais vous donner deux exemples,
05:27deux anecdotes. En fait,
05:29évidemment, il y a des différences culturelles.
05:31Je prends un exemple. En général,
05:33à un festival, nous, on reste des artisans.
05:35Je le dis quand même, même si on est dans une émission de management,
05:37on est des gros artisans parce qu'on a
05:39certaines employées dans le monde. On est une grosse
05:41boîte artisanale, mais on reste des artisans.
05:43Normalement, les artisans
05:45dans ce métier, ils sont généralement
05:47dans un seul pays. C'est rare qu'ils soient sur deux pays.
05:49On a une équipe en Suisse,
05:51en France, en Belgique ou ailleurs.
05:53C'est une équipe locale. Moi, j'ai
05:55toujours eu une vision internationale.
05:57J'ai toujours dit qu'en fait,
05:59il faut aller chercher les talents là où ils sont.
06:01Par exemple, en Suisse, on a une équipe
06:03qui est très performante pour la logistique,
06:05pour l'administration, pour aller chercher
06:07des fonds locales.
06:09Et puis, l'artistique, franchement, ça se fait à Paris.
06:1199% des artistes sont
06:13à Paris. Ça n'aura pas de sens d'avoir une direction artistique
06:15en Suisse. Donc, le pôle
06:17artistique, le pôle digital
06:19pour les réseaux sociaux et tout ça est plutôt à Paris.
06:21Donc, il faut que ces équipes cohabitent ensemble.
06:23Ils ne sont pas dans le même bureau.
06:25Il y a quatre heures de TGV
06:27entre les deux. Et puis, il y a des différences
06:29culturelles. Par exemple, pendant longtemps,
06:31j'entendais dans le son de cloche,
06:33il y a l'équipe parisienne, il y a l'équipe
06:35suisse. Alors, avec les petits clichés,
06:37voilà. Et c'est quoi justement les
06:39différentes approches de travail entre
06:41les deux pays ? Les petits clichés, c'est
06:43les Suisses, de toute façon, à partir de 6h
06:45le soir, il n'y a plus personne au bureau. Mais c'est des clichés
06:47ou ça se confirme alors ? Non, non, c'est vrai. Mais en même temps, les Suisses,
06:49ils sont à 8h au bureau. Donc, ils font leurs mêmes
06:51heures, en fait. Et puis, d'un autre côté,
06:53les Suisses me disaient, les Français,
06:55quand vous appelez à 9h au bureau, il n'y a personne.
06:57Oui, mais si tu les appelles à 20h,
06:59ils sont là. Donc, il faut juste
07:01arriver à gérer.
07:03C'est évident que les gens ne peuvent pas travailler
07:05sur tous les fuseaux horaires en même temps.
07:07Mais, voilà. Après,
07:09moi, j'ai dit, il faut arrêter avec les équipes suisses,
07:11les équipes françaises. Ça n'existe pas. Il n'y a
07:13qu'une seule équipe. C'est l'équipe du Montreux Comédie.
07:15Et peu importe où les gens sont, qu'ils soient en Suisse,
07:17en France, en Afrique. Comment vous avez fait ? Vous les avez tous réunis ?
07:19Vous avez fait un routine building ? Non.
07:21J'ai d'abord interdit de parler d'équipe suisse.
07:23J'ai dit, on garde ça pour le sport.
07:25Par contre, c'est vrai, quand il y a un match de tennis
07:27ou quand il y a un match de foot entre la Suisse et la France,
07:29on a le droit de choisir son camp.
07:31Ça reste bon enfant.
07:33Puis après, c'est sûr que le fait qu'à un moment donné,
07:35tout le monde se réunisse pendant le festival
07:37fait que là, tout le monde est ensemble.
07:39Nous, nos team building,
07:41souvent, c'est nos festivals.
07:43Parce que les gens sont ensemble.
07:45Ils travaillent, pour le coup, sans horaire.
07:47Parce qu'un festival,
07:49c'est le moment. Donc, il faut travailler
07:51très fort quand c'est le festival.
07:53Il n'y a pas d'horaire. Il n'y a pas de week-end.
07:55Après, les gens récupèrent
07:57leur repos après le festival.
07:59Mais c'est sûr que ces moments
08:01de vie commune
08:03pendant les festivals,
08:05où les gens sont sur le pont.
08:07J'ai vu des gens sortir des festivals
08:09avec presque des larmes aux yeux.
08:11Même chaque année, chaque festival.
08:13Les Suisses et les Français se prendent dans les bras.
08:15Oui, c'est beau. Non, mais des Suisses, des Français,
08:17des Québécois, des Africains
08:19en disant, on a vécu un truc ensemble.
08:21J'espère qu'on sera là l'année prochaine. J'espère qu'on sera la même équipe.
08:23Ça, oui, c'est beau. Il y a même des gens
08:25qui gardent une grande émotion.
08:27Au jour le jour, dans le quotidien, on a parlé des horaires.
08:29Comment est-ce qu'on travaille
08:31un compromis
08:33pour harmoniser les méthodes
08:35et les attentes de part et d'autre ?
08:37C'est tout l'enjeu qui est encore aujourd'hui
08:39pas toujours réglé comme il faut dans nos équipes.
08:41On essaie de mettre en place des process.
08:43Là, au moment où je vous parle,
08:45on est en pleine
08:47organisation.
08:49Je présente
08:51le 21 novembre le nouvel organigramme
08:53du groupe. Ça fait une année
08:55qu'on est dessus.
08:57Vous êtes combien ? Tout est pour toi.
08:59On est en permanent une soixantaine.
09:01Après, il y a tous les intermittents,
09:03les auxiliaires.
09:05Principalement la France,
09:07la Suisse, l'Afrique et Montréal.
09:09On a quelques personnes à Montréal.
09:11On a notamment notre agence marketing.
09:13Ils ne sont pas des salariés
09:15mais c'est une grosse agence marketing qui travaille
09:17pour nous sur toutes nos IP,
09:19tous nos brands, tout ça, qui est basé à Montréal
09:21depuis maintenant sept ans.
09:23C'est au moins
09:25un appel par jour avec l'agence à Montréal.
09:27Si ce n'est pas deux ou trois, il y a des zooms
09:29dans tous les sens, des zooms, des mythes,
09:31des visios.
09:33Il y a un décalage horaire.
09:35Il y a une différence culturelle.
09:37Parfois,
09:39il y a des attentes différentes.
09:41L'idée, c'est d'être au service du projet.
09:43En fait,
09:45je ne sais pas forcément.
09:47Je suis un autodidacte.
09:49J'ai créé mon entreprise sans référent.
09:51J'ai tout développé moi-même.
09:53J'ai un peu appris sur le tas,
09:55même si j'ai fait quelques études avant.
09:59Je pense que c'est un métier.
10:01En tout cas, notre boîte et le métier en général
10:03est fait pour des gens
10:05qui sont très indépendants et très autonomes.
10:07On est quand même dans un métier
10:09où il faut arriver à être autonome.
10:11C'est-à-dire que
10:13dans notre boîte,
10:15on essaie de mettre en place des structures.
10:17On est en train de mettre en place
10:19un système de cadres intermédiaires.
10:21Pourquoi ce serait propre à votre secteur,
10:23l'autonomie, comme prérequis ?
10:25Je ne sais pas
10:27si c'est propre à notre secteur,
10:29mais je sais que dans mon entreprise,
10:31je m'entends bien
10:33avec des gens autonomes.
10:35C'est sûr que des gens
10:37qui attendent sur moi pour que je leur dise
10:39ce qu'ils doivent faire dans la journée,
10:41pour moi, c'est compliqué.
10:43J'aime bien des gens qui me nourrissent,
10:45qui prennent la direction,
10:47qui comprennent la stratégie,
10:49qui m'interrogent sur la stratégie.
10:51J'aime bien avoir des mini-leaders.
10:53Je dis souvent,
10:55j'aime bien avoir des gens
10:57qui sont un peu patrons de leur vie,
10:59qui sont créateurs de leur vie.
11:01Ils me disent que j'ai tel projet,
11:03ça rentre dans la stratégie,
11:05on veut le faire comme ça,
11:07j'ai besoin de toi pour débloquer
11:09telle ou telle situation,
11:11et après je me débrouille.
11:13C'est fini ?
11:15Non, ça c'est fini.
11:17Heureusement.
11:19Maintenant je dois arbitrer
11:21entre les créateurs et les finances,
11:23le commercial et la prod.
11:25Est-ce qu'on a vendu un projet ?
11:27Est-ce que c'est réaliste pour la production ?
11:29Ou au contraire,
11:31la production qui dit
11:33que ça coûte tant,
11:35est-ce que c'est réaliste au niveau de la vente ?
11:37J'arbitre plutôt ça maintenant,
11:39entre des pôles qui sont définis,
11:41le commercial, la production,
11:43la tournée,
11:45puisqu'on a une grosse tournée maintenant,
11:47le digital et l'artistique.
11:49Mais on reste une entreprise
11:51qui est toujours driveée par l'artiste.
11:53Moi je dis toujours,
11:55il y a une personne,
11:57c'est la direction artistique,
11:59parce que j'en fais aussi partie,
12:01qui a un peu la baguette magique d'Harry Potter,
12:03et qui peut à un moment donné,
12:05à tout temps, dans tout process,
12:07dire stop, on arrête,
12:09les choses sont géniales,
12:11mais artistiquement, c'est une catastrophe.
12:13Donc on ne va pas le faire.
12:15Ou en tout cas, on va s'interroger
12:17de pourquoi on le fait et comment on le fait.
12:19Ça doit être une vraie décision
12:21et presque un dilemme éthique parfois.
12:23Oui, mais c'est.
12:25On ne peut pas être une boîte artistique
12:27sans mettre l'artistique au centre.
12:29C'est pas possible.
12:31Comment vous le gérez ces moments-là
12:33où il faut arbitrer ?
12:35J'ai la chance d'avoir fait les deux dans ma vie.
12:37J'ai été producteur d'artistes,
12:39donc je sais comment les artistes fonctionnent.
12:41Et puis surtout,
12:43je sais que les grands succès
12:45que j'ai eus dans ma vie,
12:47ont tous été
12:49driveés par les artistes.
12:51Si je prends un exemple tout bête,
12:53la vidéo de Paul Mirabelle,
12:55qui a fait 25 millions de vues
12:57sur les réseaux sociaux de Montreux,
12:59qui était justement la vidéo la plus vue
13:01dans l'histoire de Montreux
13:03et de tous les sites quasiment confondus.
13:05On peut rajouter les 4-5 vidéos
13:07d'artistes qui ont,
13:09à elles seules,
13:11plus de 100 millions de vues sur nos réseaux sociaux.
13:13C'est des grands succès de l'entreprise,
13:15mais c'est d'abord parce que les artistes étaient là.
13:17Si on n'avait pas eu cette relation avec les artistes
13:19qui nous avaient fait confiance à un moment donné
13:21de diffuser leur contenu sur le web,
13:23on n'aurait jamais eu ce succès.
13:25Alors pourquoi ils nous ont fait confiance ?
13:27Parce qu'ils savent qu'ils travaillent
13:29dans des conditions exceptionnelles
13:31quand ils viennent à Montreux,
13:33que le décor va être magnifique,
13:35que l'accueil va être parfait,
13:37qu'ils vont être payés à la hauteur
13:39de ce que ça vaut,
13:41même si on peut toujours payer plus.
13:43Donc ils savent qu'ils sont respectés
13:45du début à la fin de la chaîne.
13:47Si maintenant, au milieu de tout ça,
13:49un directeur de production,
13:51pour des bonnes ou des mauvaises raisons,
13:53dit qu'il faut couper dans l'hôtel
13:55et mettre dans un hôtel moins cher
13:57et qu'il faut réduire le décor
13:59ou enlever deux caméras
14:01parce que ça coûte moins cher,
14:03il a certainement des bonnes raisons.
14:05Mais au final du final,
14:07on va péjorer la qualité artistique du produit.
14:09Donc c'est ça les arbitrages que je dois faire.
14:11Je dois entendre le directeur de production
14:13qui dit au secours, il nous manque de l'argent.
14:15Donc on trouve des solutions.
14:17Mais ça ne peut pas être de dire
14:19ok, très bien, toi tu as le pouvoir
14:21et puis ma foi l'artistique suit.
14:23Ce n'est pas possible.
14:25On est dans une boîte artistique aujourd'hui
14:27et ce qui nous drive ce sont les artistes.
14:29Vous accueillez des artistes de renom.
14:31Vous avez évoqué Paul Mirabelle notamment.
14:33Comment est-ce qu'on adapte son rôle
14:35de manager pour travailler
14:37avec des talents de ce calibre ?
14:39D'abord, il faut
14:41rester très humble.
14:43Je pense que
14:45comme je l'ai dit avant,
14:47les artistes sont vraiment nos patrons.
14:49Maintenant, il faut avoir
14:51une relation respectueuse avec eux.
14:53Il ne faut pas
14:55non plus les idéaliser.
14:57C'est aussi très important.
14:59C'est une relation horizontale avec les artistes.
15:01Oui, on trahit ensemble.
15:03Il ne faut pas s'imaginer que parce qu'il y a des artistes
15:05ils ont tous les droits
15:07ou simplement ils ont toujours raison.
15:09Il ne faut pas avoir peur de les confronter un peu
15:11en leur disant ça c'est une bonne idée
15:13ça c'est une moins bonne idée.
15:15De trouver les mots et les formes
15:17pour respecter leur état
15:19de créateur tout en leur disant
15:21attention tel projet
15:23il serait peut-être plus efficace si on le fait comme ça que comme ça.
15:25Et puis de le faire dans le dialogue.
15:27Et puis de ne pas avoir peur si à un moment donné
15:29moi je sais que pendant très longtemps
15:31parce que ça fait 35 ans que je fais ça
15:33des fois j'avais peur d'une réponse négative.
15:35Une des choses que j'ai appris dans ma vie
15:37c'est que ce n'est pas grave que quelqu'un vous dise non.
15:39Si quelqu'un vous dit non c'est parce que quelqu'un d'autre va vous dire oui.
15:41Et qu'à un moment donné
15:43ou que si quelqu'un vous dit non
15:45c'est parce que ça ne devait pas se faire et que ce n'est pas grave
15:47on le fera à un autre moment. Et moi pendant longtemps
15:49j'avais peur de ce non donc j'essayais toujours
15:51oui t'inquiète pas on va trouver des solutions
15:53oui ok mais bien sûr ah tu veux
15:55pas répéter c'est pas grave on va s'arranger
15:57ou tu veux arriver
15:59et à la fin on est toujours battu
16:01toujours battu et c'est toujours un échec
16:03quand on fait ce genre de compromis.
16:05Alors que quand à un moment donné on est capable de dire
16:07ah ok tu veux
16:09tu n'es pas d'accord avec les règles du jeu
16:11écoute c'est pas grave on ne va pas le faire ensemble
16:13et puis on en fera d'autres des projets.
16:15En fait il s'agit de définir les règles en amie et de compliquer les mêmes pour tout le monde.
16:17Il n'y a pas de soucis on reste copains etc. Et c'est ça la relation avec des artistes
16:19parce que évidemment les artistes sont des gens
16:21qu'on admire aussi beaucoup. Moi là par exemple je monte un projet
16:23avec Gad Elmaleh
16:25à Nice on s'associe sur un festival
16:27Gad Elmaleh pour moi
16:29c'est le plus grand artiste de la francophonie
16:31pendant longtemps
16:33pendant des années des années je le connais depuis 30 ans
16:35mais pendant des années des fois
16:37je voulais l'avoir à mon festival
16:39et puis il ne pouvait pas
16:41il n'avait pas le temps de venir
16:43et là on est associé. Donc tous les jours on se parle
16:45et franchement on monte un projet ensemble et je trouve ça génial
16:47c'est vraiment génial parce que je me rends compte à quel point
16:49déjà moi je suis admiratif
16:51devant l'artiste, devant le parcours, devant la notoriété
16:53et il faut juste arriver
16:55à tirer le meilleur de ça et donc
16:57d'en faire un projet qui derrière soit
16:59durable, réaliste
17:01financièrement, qui puisse perdurer
17:03tout ça. Et donc c'est un super challenge
17:05d'échanger
17:07d'égal à égal en disant
17:09voilà moi j'ai un savoir-faire, t'as un savoir-faire
17:11et ça c'est valable pour tous les artistes. Comment on arrive
17:13à un moment donné à matcher
17:15nos deux savoir-faire, nos deux images
17:17nos deux visions pour en faire
17:19un projet qui réussit et qui marche
17:21et ça c'est fantastique.
17:23Et est-ce que vous vous inspirez justement
17:25de cette gestion d'artiste
17:27dans la gestion plus globale
17:29de votre entreprise, je pense
17:31que ça va du marketing
17:33au technicien
17:35est-ce qu'il y a des concepts
17:37qui s'appliquent ?
17:39Alors je dirais non
17:41c'est difficile d'appliquer la relation
17:43qu'on peut avoir avec un artiste
17:45avec les autres métiers du groupe
17:47mais c'est sûr que
17:49là où il y a un dénominateur commun
17:51c'est qu'on a des talents à tous les étages
17:53de l'entreprise. Les talents ne sont pas
17:55seulement sur la scène. Les talents c'est aussi
17:57moi j'ai un super aujourd'hui
17:59directeur du développement en Afrique
18:01qui fait des super résultats
18:03et qui est fantastique. Pour moi
18:05c'est un talent de la boîte. J'ai un directeur financier
18:07qui gère 21 structures
18:09entre les associations, les fondations
18:11les entreprises commerciales etc.
18:13Et pour autant leurs préoccupations ne sont pas
18:15les mêmes. Non mais c'est un talent. Pour moi c'est un talent
18:17aussi et
18:19c'est un talent.
18:21Je suis toujours
18:23très respectueux
18:25de tous ces gens
18:27qui donnent de l'énergie pour le projet du groupe
18:29et c'est sûr. Après
18:31voilà
18:33j'essaye de mettre beaucoup d'énergie
18:35c'est moins
18:37évidemment on met du temps
18:39à comprendre tout ça parce que
18:41de nouveau on est dans
18:43un projet particulier
18:45et en plus je ne connais pas
18:47toutes les entreprises Dieu merci de la planète
18:49mais je sais que par exemple nos entreprises
18:51elles partent d'une envie à la base.
18:53Moi si demain matin
18:55je me lève demain matin et que
18:57j'ai aucune envie
18:59et que j'ai envie de rien faire
19:01l'entreprise elle va
19:03ça va être difficile pendant quelques temps.
19:05Par contre si demain j'arrive et que j'ai la pêche et que je dis
19:07on va aller monter un nouveau festival là et puis on va
19:09faire une tournée, on va faire un projet
19:11je vais embarquer mes équipes.
19:13Donc c'est très difficile d'être à la fois
19:15cet initiateur
19:17cette personne qui est finalement
19:19comment dire, inspirant
19:21d'une équipe puis en même temps
19:23d'être celui qui
19:25va organiser
19:27tous les détails etc parce que c'est pas le même métier
19:29c'est pas le même cerveau.
19:31Donc il faut arriver à trouver des équipes
19:33autour de soi qui peuvent prendre
19:35le relais à un moment donné puis arriver à
19:37à ce que moi je prenne à un moment donné
19:39suffisamment de recul sur les choses
19:41que je laisse faire etc.
19:43Le management pour mon cas
19:45c'est quelque chose qui est
19:47j'apprends encore beaucoup après 35 ans
19:49à trouver le bon dosage
19:51entre l'enthousiasme
19:53qui est nécessaire dans nos métiers
19:55parce que sans enthousiasme on peut rien faire
19:57et puis le côté
19:59un peu plus structuré
20:01et cadré
20:03sans lequel on peut pas grandir.
20:05C'est cet espèce de mix en permanence
20:07qu'il faut arbitrer.
20:09En 2004 vous avez été parmi les premiers
20:11à digitaliser les contenus humoristiques
20:13comment est-ce que vous avez réussi à convaincre
20:15les intéressés ?
20:17Est-ce qu'il y avait des résistances surtout ?
20:19C'est une excellente question
20:21et ça
20:23la réponse
20:25c'est que moi
20:27j'ai eu une vision
20:29j'ai une vision
20:31c'était à cette période là
20:33où j'ai dit il faut aller sur les réseaux sociaux
20:35et autour de moi
20:37tout le monde
20:39me disait
20:41tous les dangers
20:43il va falloir renvoyer les contrats
20:45il va falloir travailler les droits
20:47ça va peut-être pas marcher, ça va nous affaiblir sur la télévision
20:49qui sont nos clients
20:51et tout le monde autour de moi
20:53avait une bonne raison de dire
20:55c'est une mauvaise idée, il ne faut pas y aller
20:57et moi j'ai dit il faut y aller
20:59il n'y a pas de débat, il faut y aller
21:01j'ai dit maintenant réglons les problèmes
21:03certains m'ont dit ça va nous coûter de l'argent
21:05j'ai dit ok alors qu'est-ce qu'on peut faire
21:07et puis à un moment donné il n'y a pas de solution
21:09alors j'ai dit vous savez quoi
21:11on va arrêter une soirée, on va couper une soirée
21:13qui nous coûte de l'argent et ce budget là on va le mettre sur le web
21:15ah ouais mais tu n'y penses pas
21:17on ne peut pas faire un festival avec un jour de moins
21:19j'ai dit moi je pense que les gens s'en foutent
21:21que le festival soit 5 jours, 6 jours, 7 jours
21:23parce qu'à partir du moment où on fait un bon festival
21:25les gens viendront, donc on va faire un festival
21:27avec le minimum possible
21:29on va mettre le reste sur le web
21:31ils disent c'est possible, oui c'est possible
21:33financièrement c'est possible, oui c'est possible
21:35après les droits, comment on va faire
21:37on va trouver un avocat qui va nous aider à rédiger des nouveaux contrats
21:39donc c'est possible, ok on y va
21:41et à la fin on l'a fait
21:43et puis après je ne vous cache pas
21:45il y avait 2-3 petits trucs qu'on a lancés
21:47c'était un peu limite, on n'était pas prêt
21:49on ne savait pas trop comment on allait faire
21:51on ne savait pas trop si les artistes allaient être d'accord
21:53même si on avait des droits
21:55mais est-ce qu'ils seraient d'accord
21:57et en fait
21:59ce qui a été magique
22:01c'est qu'un jour je croise, je crois que c'était Eric Antoine
22:03oui c'est Eric Antoine
22:05que je croise à un moment donné
22:07à Paris et qu'il me dit
22:09tu sais pas quoi, je parle de 2007
22:11peut-être 2008, il me dit
22:13j'étais hier à Montpellier, il y a des gens qui sont venus
22:15dans la salle et à la fin
22:17ils m'ont dit on a vu votre spectacle
22:19on vous a découvert sur la chaîne Montreux Comédie
22:21c'est quoi cette chaîne Montreux Comédie ?
22:23je dis mais oui tu sais
22:25j'avais demandé des droits, Youtube
22:27Dailymotion, tu te souviens ?
22:29ah oui non je ne me souviens pas, c'est mon agent
22:31et il m'a dit mais c'est génial ce truc, c'est dingue
22:33ça a amené du public dans la salle
22:35et là je me suis dit waouh, on a gagné le pari
22:37mais ça c'est un côté
22:39donc il a fallu passer en force
22:41sans forcément convaincre les intéressés
22:43on les avait convaincus
22:45mais à postériori
22:47avec les retombées
22:49et il a fallu à un moment donné
22:51mais dans ma vie j'ai dû à un moment donné
22:53je parle de mon secteur
22:55peut-être que les autres secteurs c'est différent
22:57mais j'ai dû un peu passer en force
22:59à Montreux quand j'ai monté un festival
23:01quand je suis venu j'avais 21 ans
23:03et j'aurais dit écoutez je vais monter le plus grand festival d'humour au monde
23:05ils m'ont regardé
23:07ils m'ont fait t'es qui toi ?
23:09quel âge déjà ? 21 ans
23:11alors il y a ceux qui m'ont dit bah non
23:13non ça ne marchera jamais
23:15ils étaient nombreux
23:17il y en a certains qui m'ont dit
23:19écoute on va essayer de t'aider un peu
23:21on va pouvoir te donner tout ce que tu veux
23:23mais on va te prêter une salle
23:25et moi au lieu d'écouter
23:27le 80% des gens qui me disaient non ça ne marchera jamais
23:29et même le 20% des gens
23:31qui me disaient on va peut-être t'aider
23:33mais on va pas pouvoir faire tout ce qu'on veut
23:35je pense que n'importe quel manager
23:37dit bon bah c'est pas grave les gars vous voulez pas je fais pas
23:39j'ai quand même fait
23:41avec beaucoup d'énergie, beaucoup de folie
23:43et du coup ça a entraîné tout d'un coup
23:45un espèce de cercle vertueux
23:47qui a fait que les gens ont fini par me suivre
23:49j'ai pas été un peu pirate
23:51dans ma vie, j'aurais jamais pu faire ce que j'ai fait
23:53Vous vous souvenez où vous étiez le 12 mars 2020 ?
23:57Oh oui, très bien
23:59je me souviens même où j'étais toute la semaine avant
24:01d'ailleurs
24:03j'étais en Suisse
24:05dans un appartement à la montagne
24:07où je m'apprêtais à vivre
24:09une semaine de ski idyllique
24:11avec une neige fabuleuse
24:13et avec...
24:15Elle ne fit pas votre surprise
24:17c'était pas le 16 ?
24:19Le 16 il me semble que c'est le deuxième discours
24:21le 12 c'est l'annonce du confinement
24:23et à ce moment-là vous avez pris des décisions
24:25pour le moins inédites pour la survie
24:27de vos équipes, est-ce que vous pouvez nous raconter ?
24:29Oui ça ça a été un truc
24:31absolument fou
24:33quand je me souviens de ce moment-là
24:35et quand j'essaie de ressentir même
24:37le sentiment
24:39que j'avais à ce moment-là
24:41c'était un sentiment
24:43de très grande paix intérieure
24:45et de très grand calme
24:47alors que le monde était à feu et à sang
24:49vraiment
24:51alors j'étais dans un endroit idyllique
24:53j'étais à Morgins, un petit village de montagne
24:55magnifique, la vallée du Thé
24:57la montagne était belle, il faisait beau etc
24:59et je suis sur ma terrasse et là tout le monde m'appelle
25:01qu'est-ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va devenir, etc
25:03et moi j'ai le flash à ce moment-là
25:05je le vois dans ma tête de dire
25:07ça va être une opportunité incroyable
25:09Comment c'est possible ?
25:11Mais parce que je me suis dit
25:13en fait tout le monde disait
25:15on lisait un peu les journaux
25:17moi je suis un papivore
25:19je lis 10 journaux tous les jours
25:21j'essaie de m'intéresser à tout
25:23et en gros les gens disaient
25:25peut-être que demain
25:27les réunions physiques c'est fini
25:29c'est ce que les gens disaient à l'époque
25:31moi je n'y croyais pas mais c'est ce que les gens disaient
25:33l'avenir c'est le digital, c'est le web
25:35et moi je disais c'est super, on a une plateforme digitale
25:37qui marche bien
25:39et dès le lendemain je vois que les chiffres de trafic
25:41sur notre chaîne explosent
25:43donc je me dis ok, tout ce qu'on a fait pendant des années
25:45en mettant sur le digital
25:47aujourd'hui ça paye
25:49puisqu'on est parti avant tout le monde
25:51tous mes amis qui me disaient
25:53mais t'es complètement cinglé, t'as pas de bureau physique
25:55tes gens ils sont éclatés de partout
25:57nous on était
25:59un zoom
26:01depuis que zoom existe
26:03donc tout d'un coup les gens me disent
26:05tu te rends compte, on doit faire des zooms etc
26:07moi je dis ça fait 3 ans qu'on fait ça
26:09et donc
26:11tout le monde était prêt
26:13et donc il y a la panique
26:15il n'y a pas de festival, il n'y aura peut-être pas d'argent
26:17moi je me dis
26:19à ce moment là
26:21cette crise elle va durer
26:23parce que tout le monde nous dit heureusement ça va durer 3 semaines
26:25moi je dis ça oubliez
26:27cette crise elle va durer au moins une année
26:29voire 2 ans
26:31moi j'y crois pas au truc ça va finir dans 3 semaines
26:33et puis j'ai dit par contre
26:35honnêtement je vois pas ce qui va nous tuer
26:37j'aurais dit je vois pas
26:39peut-être le covid mais même ça me faisait pas trop peur
26:41j'ai dit mais on a des petites réserves
26:43donc ça va on peut tenir quelques mois
26:45on a un brand qui est incroyable
26:47on a une plateforme digitale qui explose
26:49on sait que quoi qu'il arrive
26:51on est dans des pays, Dieu merci, on va être aidés
26:53alors pas le 12 mars
26:55mais c'est sûr que moi je lisais
26:57les discours des politiques
26:59qui disaient on va aider
27:01comment il avait dit Macron
27:03quoi qu'il en coûte
27:05on est heureusement dans des pays où on va être aidés
27:07donc tout ça va se mettre en place
27:09profitons-en pour se réinventer
27:11c'est ce que moi j'ai dit à mes équipes
27:13donc j'ai dit plutôt que de paniquer chez vous
27:15qu'est-ce que vous pouvez faire pour vous réinventer
27:17et je vous donne un exemple
27:19on avait ouvert
27:21un bureau en Côte d'Ivoire
27:23et on était en train de former des gens
27:25là-bas
27:27à notre manière de travailler
27:29et évidemment des fois mes équipes de Paris
27:31n'avaient pas le temps d'aller en Côte d'Ivoire
27:33parce qu'elles étaient sous l'eau
27:35elles avaient trop de boulot etc
27:37donc évidemment elles y allaient comme ça
27:39mais elles n'avaient pas le temps vraiment
27:41tout d'un coup mon directeur général de l'époque
27:43il s'est mis pendant une année à piloter la Côte d'Ivoire
27:45à aider à développer les gens
27:47à les appeler tous les jours
27:49vous avez recyclé les fonctions de chacun
27:51ça vous a permis de n'arrêter aucun contrat
27:53on n'a arrêté aucun contrat
27:55on a même maintenu
27:57les prestataires
27:59parce qu'il y avait beaucoup de gens qui n'avaient pas de contrat
28:01qui étaient des auxiliaires
28:03qu'on pouvait arrêter les contrats du jour au lendemain
28:05et puis on fait un pari sur l'avenir
28:07on dit on fait un pari sur l'avenir
28:09et puis après c'est sûr que quand ça a réouvert
28:11on était prêt
28:13on a même réussi avec nos équipes
28:15à un moment donné on avait besoin de créer un contenu
28:17pour nos réseaux sociaux
28:19parce qu'évidemment Montreux ayant été annulé
28:21on n'avait plus assez de contenu pour les réseaux sociaux
28:23et Paris a dû rouvrir
28:25je pense c'était en mai 2021
28:27et je crois qu'en un mois on a monté un mini Montreux
28:29à Paris
28:31en trois jours dans une salle
28:33près de la tour Eiffel
28:35pour faire du contenu
28:37et puis alimenter nos réseaux sociaux
28:39donc on a eu cette mobilité, cette souplesse
28:41pour réagir à la COVID
28:43après, évidemment
28:45comme on est sortis du COVID
28:47comme tout le monde avec une baisse de chiffre d'affaires
28:49mais on s'en est quand même globalement mieux sortis
28:51que la moyenne
28:53on a eu beaucoup de gens qui nous ont appelés
28:55ils nous ont dit il faut monter des projets ailleurs
28:57et c'est là où on a commencé à exploser
28:59les compteurs en ouvrant Lille
29:01le festival Lillarius qui est un festival
29:03qui cartonne maintenant après trois ans
29:05on s'est associé en Belgique avec les frères Taloche
29:07on a ouvert un festival à Montréal
29:09on a maintenant
29:11monté le projet à Lille
29:13exactement, donc si on regarde
29:15le chiffre d'affaires qu'on faisait en 2019
29:17et aujourd'hui
29:19globalement on a multiplié par trois
29:21maintenant on a aussi
29:23énormément staffé
29:25et là, il faut que maintenant on stabilise
29:27donc là maintenant, cette année-là
29:29la saison qui a commencé
29:31en septembre jusqu'en juin
29:33ma mission numéro un, et tous les matins
29:35je me le dis dans les mantras quand je lève le matin
29:37tous les matins je dis stabilise, stabilise
29:39construit, étaye
29:41structure, monétise
29:43et puis voilà, parce que c'est sûr
29:45que cette croissance un peu folle qu'on a vécue
29:47pendant trois, quatre ans
29:49voilà, il faut aujourd'hui la digérer
29:51Ce mantra
29:53C'est le mot de la fin, merci beaucoup
29:55c'est déjà la fin
29:57de cet entretien, merci Grégoire Furreur
29:59fondateur du Montreux Comédie Festival
30:01pour ma part
30:03je vous rappelle qu'on ne s'improvise pas
30:05manager, alors n'hésitez pas à vous
30:07inspirer de Manager l'Odyssée
30:09à la semaine prochaine