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Jeudi 7 novembre 2024, MANAGER L'ODYSSÉE reçoit Guillaume Herrnberger (Directeur Général, AFASEC)

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00:00Bienvenue dans Manager l'Odyssée, un tête à tête de 28 minutes en immersion dans le
00:13quotidien d'un manager sur BeSmart for Change.
00:16Devenir un bon manager ne s'improvise pas.
00:19Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Guillaume Hernberger, directeur général
00:23de l'AFASEC, une structure dédiée à la formation et à la promotion des métiers
00:28liés aux courses EPIC en France.
00:31Avec une expérience en gestion des ressources humaines, en développement stratégique,
00:36Guillaume est à la tête d'une organisation qui joue un rôle clé dans le secteur.
00:40Le management dans les courses EPIC présente des caractéristiques bien à lui, notamment
00:45en raison des défis liés à la gestion d'équipes souvent saisonnières et à l'urgence
00:51d'attirer des talents.
00:53Guillaume nous dit tout dans cette émission.
00:59Bonjour Guillaume.
01:00Bonjour Alix.
01:01Bienvenue dans Manager à l'Odyssée, merci d'avoir répondu présent à notre invitation.
01:06Merci beaucoup pour votre invitation.
01:08Première question, en tant qu'RH, comment est-ce qu'on tombe dans la marmite des
01:13courses EPIC ?
01:14De façon très amusante, par un coup de fil, un vendredi soir d'un ancien collègue
01:20qui est devenu un ami, qui me dit « j'ai eu un chasseur au téléphone et j'ai tout
01:23de suite pensé à toi, ça parle d'emploi et de canassons ». Et alors cet ami m'a
01:28mis en relation avec le chasseur et de fil en aiguille, avec l'échange avec les présidents
01:32des sociétés organisatrices des courses, on découvre un challenge formidable, celui
01:36d'une double transformation pour répondre à un enjeu qui est que les courses EPIC sont
01:40en train de se mourir par manque de personnel.
01:42Et donc on doit opérer sur cette double transformation, cette double transformation de l'organisation
01:47qui porte les ressources humaines, comme vous l'avez dit, qui est la FASEC, mais aussi
01:50la transformation plus générale du secteur.
01:52Et là on se dit « go ».
01:53Et on va y revenir, mais pourquoi il a pensé à vous ?
01:57Pourquoi le canasson ?
01:58Pourquoi le canasson ?
01:59Ça remonte à quand dans votre parcours ?
02:01Ça remonte à mes 18 ans et il y a un ami qui est passionné de chevaux de course et
02:06qui dit à une dizaine d'amis à l'époque « est-ce que ça vous dirait d'acheter
02:09un cheval de course avec moi ? ». Il n'y en a qu'un seul sur les 10 qu'il a suivi
02:13un matin de décembre à Deauville aux ventes d'Arcana, c'était moi et je suis reparti
02:17à la fin de la journée avec lui, avec un cheval, il m'a fait découvrir un secteur
02:20que je ne connaissais pas du tout, qui se résumait pour moi à Omar Sharif sur une
02:24grande chaîne publique qui commentait le quintet.
02:26Et là on a vécu une expérience extraordinaire pendant un an et je lui ai dit c'est tellement
02:30génial qu'il faut qu'on en fasse découvrir, qu'on fasse découvrir ce secteur un plus
02:34grand nombre.
02:35On a créé notre première entreprise tous les deux dans ce domaine-là, un fonds d'investissement
02:38pour venir découvrir les cours hippiques qui rassemblaient une centaine d'investisseurs.
02:41Ensuite, vous avez été dans un autre secteur pour revenir ensuite aux cours hippiques.
02:46Exactement.
02:47On va dire que cette aventure entrepreneuriale c'était une aventure avant tout de plaisir.
02:50J'ai commencé à 18 ans, créer une entreprise et partager son savoir, son expérience avec
02:54lui.
02:55Mais j'ai fait ma carrière, je suis parti dans les ressources humaines et c'est comme
02:59ça que cet ami, près de 15 ans plus tard, m'a dit, s'est souvenu de cette première
03:02aventure entrepreneuriale, il m'a dit écoute c'est fait pour toi, canassons et emplois.
03:05Et vous l'avez dit, le secteur fait face à une pénurie de main d'œuvre, quel est
03:11l'ampleur du problème ?
03:12Aujourd'hui, les cours hippiques en France c'est peu ou pro 40 000 emplois directs
03:17ou indirects.
03:18Quand on parle d'emplois, c'est des emplois qui sont sur le cheval, à côté du cheval
03:21ou dans les bureaux, visant à permettre à plus de 18 000 courses de se courir chaque
03:25année.
03:26Ce que j'ignorais quand cet ami m'a mis en relation et ce que j'ai découvert,
03:29c'est qu'à l'instar d'autres filières comme le BTP, comme l'hôtellerie, comme
03:32la santé, les filières des courses hippiques étaient en train de mourir par manque de
03:35personnel.
03:36Ce manque de personnel, on l'a très vite chiffré, c'était 25 % des emplois qui
03:39étaient non pourvus, c'était 20 % de places en formation qui étaient disponibles.
03:44On a un secteur d'excellence français reconnu à l'international qui était en
03:48train de mourir par manque de personnel.
03:51Mais alors pourquoi ce désamour ?
03:53Des métiers par nature difficiles, des métiers par nature exigeants, mais aussi, et ça a
03:58été toute la transformation.
03:59Est-ce qu'on peut, pour être concret, donner des exemples de métiers ?
04:01Oui, vous allez avoir des métiers, je vous le disais, sur le dos du cheval, celui de
04:04cavalier d'entraînement ou celui le plus connu du hockey, mais on va parler de celui
04:07de cavalier d'entraînement.
04:08C'est un métier qui est par nature exigeant, qui est magnifique parce qu'il permet de
04:12se réaliser au contact d'un être vivant, donc on trouve un sens particulier à ce
04:15métier.
04:16Donc, le cavalier d'entraînement, qu'est-ce qu'il fait exactement ?
04:17Le cavalier d'entraînement, il va entraîner le cheval de course tous les jours, en moyenne
04:21par jour, il va monter 4 à 5 chevaux, il va travailler presque tous les jours de la
04:26semaine, il peut être amené à travailler tous les jours de la semaine du lundi au dimanche
04:31sur un travail qui va se faire en extérieur, donc avec des conditions qui sont extrêmement
04:35variables d'une saison à l'autre, à horaire décalé parce que le cheval de course s'entraîne
04:39très tôt le matin, donc on démarre à 5h du matin dans les écuries, 6h en hiver,
04:44donc on a tous les attributs de ce qu'on appelle communément un emploi exigeant ou
04:48un emploi pénible et qui explique peut-être ce désamour au départ.
04:51L'autre point, c'est la nécessité aussi pour les courses de s'ouvrir sur l'extérieur
04:55et de faire savoir.
04:56Vous vous souvenez sans doute de la campagne de l'armée de terre sur l'armée de terre
04:59recrute, on a tous découvert que l'armée de terre recrutait le jour où ils ont fait
05:02savoir dans le métro, sur les chaînes de télévision.
05:04Donc, problème de méconnaissance du secteur en fait.
05:07D'un secteur qui était très auto-centré sur lui-même et qui n'allait plus à l'extérieur
05:12pour expliquer ses métiers, pour donner du sens, pour faire de la pédagogie et donc
05:17ré-attirer des ressources.
05:19Mais quels sont les profils finalement recherchés ?
05:21On va être sur une nature de profil d'ouvrier agricole qualifié, donc on va aller chercher
05:27des profils dès 14 ans qui vont pouvoir intégrer notre branche académique de formation
05:32en 4e ou en 3e cheval avant de s'orienter vers un bac professionnel, un CAP, un BTS.
05:37On va avoir des profils de cavaliers en reconversion professionnelle qui cherchent à temps plein
05:41ou à temps partiel à pouvoir donner davantage de sens à leur emploi au quotidien en en
05:47travaillant avec un cheval de course.
05:49Donc là, on va avoir des formations professionnelles accélérées et puis ensuite après, on va
05:53accompagner aussi les chefs d'entreprise que sont les entraîneurs de shows de course
05:57à créer et développer leur activité et grâce à la loi de 2019 sur la formation
06:02professionnelle et la liberté de choisir son avenir professionnel, pouvoir se former
06:05tout au long de leur vie à d'autres compétences que vont être le développement commercial,
06:10que vont être le management parce que ce sont des hommes et des femmes de chevaux et
06:14il faut leur donner les compétences pour devenir des chefs d'entreprise qui durent.
06:17Et aujourd'hui, là dans l'urgence, comment est-ce que vous faites pour combler ces pénuries ?
06:21On a entamé un virage il y a 3 ans qui s'est décomposé en 3 axes, attirer, développer,
06:30attirer, fidéliser et développer.
06:31Attirer, ça a été très simplement d'aller partout en France, mais aussi à l'étranger,
06:38communiquer, faire découvrir nos métiers, dans les centres équestres, dans les collèges
06:43et écoles professionnelles, dans les salons pour l'emploi et l'orientation professionnelle.
06:47On a multiplié par presque 10 notre présence sur le terrain, un très fort développement
06:51aussi sur les réseaux sociaux qui sont un vecteur d'attractivité fort pour nos jeunes,
06:54on a multiplié par 2,5 nos abonnés sur Instagram, on a créé un compte TikTok où on compte
06:58plus de 11 000 followers aujourd'hui, pour pouvoir attirer cette jeune génération,
07:03lui expliquer quels sont nos métiers, casser aussi parfois les préjugés que les courses
07:07hippiques pouvaient avoir à tort et réattirer.
07:10Quels préjugés par exemple ?
07:11La difficulté du métier, oui c'est un métier exigeant, mais c'est un métier qui a énormément
07:16de sens.
07:17Vous avez vu que je le disais tout à l'heure, beaucoup de réalisations d'individus auprès
07:21du fin de course qui trouvent un vrai sens à travailler avec de l'humain, plus que
07:25dans d'autres secteurs qui offrent peut-être moins de sens, un préjugé sur la condition
07:31du cheval de course qui est un athlète de très haut niveau, et donc qui est traité
07:35comme un athlète de très haut niveau, là où parfois on pouvait avoir une image de
07:38dire que c'est un cheval auprès duquel on avait assez peu d'accompagnement, assez
07:44peu d'attention.
07:45Au contraire, on est allé montrer, on a ouvert les portes de nos centres d'entraînement,
07:49de nos centres de formation, des hippodromes, pour réattirer.
07:52Et en trois ans, on a augmenté de 25% notre nombre d'élèves en formation, ce que beaucoup
07:56d'organismes de formation aimeraient voir.
07:58J'imagine qu'il y a la question des salaires également ?
08:00Exactement, mais la question des salaires est moins un sujet dans notre univers, parce
08:04que le niveau de rémunération rapporté à notre niveau de formation est assez élevé,
08:09est relativement élevé.
08:11Si vous vous comparez à d'autres secteurs ?
08:12Si je me compare à d'autres secteurs et à d'autres niveaux de formation équivalents.
08:15Évidemment, ça va être paire avec un niveau d'exigence.
08:17Je vous le disais tout à l'heure, les cours hippiques sont un secteur d'excellence française
08:20qui est vraiment reconnu et qui va de paire avec une exigence forte auprès des salariés
08:25au sein des écuries.
08:26Et cette pénurie de main-d'oeuvre, elle a un impact direct sur la charge de travail
08:33des employés en poste ?
08:34Exactement.
08:35Comment ils font ?
08:36Quand il vous manque 20% de personnel, elle a un impact sur les salariés en poste qui
08:42vont cumuler, évidemment, dans la limite du cadre légal, un grand nombre d'heures supplémentaires.
08:46Mais elle a surtout un autre impact qui est un impact économique en France aujourd'hui,
08:52un impact direct sur l'agriculture française.
08:54Un salarié d'écurie de course, c'est 160 000 euros de valeur créée chaque année.
08:59Donc, quand il vous manque 20% des 40 000 emplois, vous avez vite fait le calcul du
09:04manque à gagner sur une filière qui est 100% française, c'est-à-dire 100% intégrée
09:11à nos territoires ruraux, qui fait partie de notre agriculture française.
09:15Et donc, l'enjeu, toute chose égale par ailleurs, est vraiment de recréer de la
09:20dynamique sur l'emploi pour pouvoir aussi régénérer de la valeur qui est distribuée
09:24à ses salariés.
09:25Et comment on leur évite, là on n'est plus sur de l'humain, comment on leur évite
09:31au quotidien l'épuisement ?
09:33Je vous le disais, il y a trois aspects à notre plan qu'on a déployé depuis 2021.
09:38Le premier, c'est attirer, faire connaître nos métiers, attirer partout.
09:41Le deuxième, c'est fidéliser.
09:43Et là, c'est un travail au travers de nos activités de conseils et de services que
09:46nous opérons pour les acteurs de la filière.
09:48Rappelons-nous que les acteurs de la filière, on parle d'à peu près 1 000 entreprises
09:52qui ont au trop 3 salariés au galop 8 salariés, donc c'est un réseau de TPE, vous êtes
09:58patron d'une entreprise de 3 salariés ou de 8 salariés, c'est de les accompagner
10:02de manière bienveillante à la transformation RH au sein de leur pratique.
10:06Ce sont des hommes et des femmes qui sont passionnés de chevaux de course, mais qui
10:10n'ont pas forcément les clés, les codes qu'on peut avoir dans d'autres entreprises,
10:14dans d'autres secteurs en matière de gestion des ressources humaines.
10:16On va parler de marque employeur, on va parler de gestion prévisionnelle des temps, on va
10:20parler de management.
10:21Et donc pour ça, je vous le disais tout à l'heure, on va développer la formation
10:24continue à destination de ces chefs d'entreprise pour les rendre plus forts dans la gestion
10:29de leur personnel et ainsi fidéliser davantage leurs salariés.
10:3324% des salariés des écuries de course auront quitté leur entreprise à la fin de l'année.
10:39Quand on le rapporte au turnover français de 17%, on voit la marge qu'on peut accomplir
10:46et on croit nous à la facette que ça passe par cette formation continue.
10:49Et comment est-ce que les gérants d'écuries manquent autant de formation en termes de
10:52management ? Pourquoi ça a été négligé de cette façon ?
10:56Vous l'avez vous-même dit tout à l'heure, c'est un métier qui est extrêmement exigeant
11:01à tous les niveaux.
11:02Et à commencer par les managers d'écuries entraînants de chevaux de course, je vous
11:05le disais, c'est 18 000 courses par an.
11:08Pour eux, c'est 365 jours où vous avez une écurie à gérer, des entraîneurs, vous
11:11avez des clients qui sont propriétaires de ces chevaux.
11:13Allez suivre vos chevaux qui courent sur l'hippodrome et vous assurez de leur performance parce
11:18que ce sont de véritables athlètes qu'il faut accompagner, comme dans d'autres sports.
11:23Donc forcément, vous avez déjà une coupe qui est très pleine.
11:27Et vous savez comme moi que la formation continue, en particulier dans des réseaux
11:30de TPE, elle vient un peu comme la cerise sur le gâteau quand vous avez le temps.
11:36Et c'est là où on a voulu inverser le prisme en disant mais c'est en vous formant,
11:38il faut qu'on inverse ce cercle vicieux pour en faire un cercle vertueux.
11:41C'est en prenant le temps de vous former, c'est en prenant le temps de vous développer.
11:44Vous êtes des passionnés, des connaissants des chevaux de course, mais on veut vous donner
11:49les flèches, votre arbre pour devenir des managers et faire que votre entreprise soit
11:54la plus pérenne possible.
11:55Est-ce qu'il n'y a pas aussi cette idée selon laquelle c'est un secteur de passionnés
11:59et que ça devrait suffire ?
12:01Oui, mais à tort.
12:02C'est un concept contre lequel j'essaie de…
12:07Est-ce que néanmoins, c'est très ancré ?
12:09C'est très ancré et donc c'est très ancré dans des pratiques ancestrales.
12:12On court en France depuis le 19e siècle et finalement, les pratiques d'entraînement
12:17et donc de gestion des ressources humaines ont assez peu évolué parce que les courses
12:22marchent bien.
12:23Je vous le dis, on court un grand nombre de cours, c'est un très grand nombre d'acteurs,
12:27et donc du coup, on se dit que la passion suffit.
12:30Aujourd'hui, on entend qu'il y a moins de passionnés qu'avant.
12:32Non, ça reste un emploi et comme vous, en tant qu'entreprise, vous aimez votre emploi,
12:38on ne vous demande pas pour réaliser votre emploi d'être passionné, on vous demande
12:41d'être engagé.
12:42Donc, c'est vraiment une idée à déconstruire globalement dans le milieu.
12:46Exactement.
12:47Le turnover, on l'a évoqué, est souvent élevé dans ce secteur.
12:50Comment est-ce qu'on maintient la cohésion d'équipe dans un tel contexte ?
12:55Que ce soit la FASEC, dans ce qu'on a opéré finalement, la transformation de la
13:00FASEC est assez proche de la transformation qu'on attend des écuriers, je suis personnellement
13:05convaincu que ça passe par le fait de libérer les énergies, de libérer le potentiel de
13:08l'humain.
13:09De par la nature de l'activité, que ce soit dans les écuriers ou que ce soit la FASEC,
13:13on avait un humain qui était très fortement bridé.
13:16Mais comment on libère le potentiel de l'humain dans un univers aussi codifié que sont les
13:22cours hippiques ?
13:24En lui laissant l'opportunité d'évoluer, en lui laissant l'opportunité dans un cadre,
13:30dans le cadre qui est fourni du fonctionnement de l'écurie, de pouvoir s'exprimer, de
13:34pouvoir se libérer.
13:35Deux exemples très concrets, dans une écurie de course, aujourd'hui, les jeunes vont
13:39être plus enclins que les plus anciens à l'utilisation du digital, qui est un canal
13:44de communication majeur pour le chef d'entreprise avec ses clients.
13:47Libérer l'énergie, c'est tout simplement responsabiliser le jeune à l'écurie en
13:51lui disant, vas-y, fais des vidéos de chevaux, fais-moi des commentaires sur la performance
13:56qu'il a à l'entraînement que je puisse envoyer sur mes réseaux sociaux, que je
14:02puisse diffuser à mes clients.
14:03Et là, du coup, d'un salarié qui se sentait un peu brimé dans son poste de cavalier,
14:09vous lui donnez une raison supplémentaire d'exister au sein de votre entreprise et
14:12de se développer, de se libérer, de libérer cette énergie.
14:14Et vous, en tant que chef d'entreprise, vous gagnez du temps.
14:17Pour nous, à la FASEC, je vous le disais, on a 300 collaborateurs.
14:20Sur ces 300 collaborateurs, quand je suis arrivé, sur les cinq dernières années,
14:23on avait eu zéro mobilité interne.
14:25Là, sur les deux dernières années, on a fait 40 mobilités internes.
14:30Donc, on a laissé l'opportunité à nos collaborateurs.
14:33Et c'est quel genre de progression alors ? C'est quel genre de trajectoire, pour
14:35être concret ?
14:36Très concrètement, c'est, vous prenez votre organisation, c'est les formateurs
14:40qui vont devenir adjoints de chef d'établissement, qui vont devenir chef d'établissement.
14:43On a eu un adjoint qui a été basé à Chantilly, qui est devenu chef d'établissement à
14:47Mont-de-Marsan.
14:48On a eu une formatrice qui était à Gros-Bois, qui est devenue adjointe de chef d'établissement
14:53sur notre activité de campus.
14:55Quand vous créez une direction de l'emploi et du recrutement, c'est d'aller chercher
14:59des ressources en interne qui sont sensibles à ce sujet-là.
15:01Tout ne passe pas nécessairement par l'externe et par le recrutement externe.
15:04C'est, au période de transformation dans une organisation, c'est un savant mélange
15:08entre de l'existant et du nouveau.
15:09Donc, il y a un besoin de perspective aussi.
15:11Exactement.
15:13D'ouvrir les perspectives des collaborateurs pour qu'ils soient engagés.
15:15Et il y en a vraiment beaucoup.
15:17Oui, énormément.
15:18Que ce soit dans les métiers des écuries, le prisme va de ce qu'on appelle l'agent
15:24de cours qui va s'occuper des soins, comme je vous le disais tout à l'heure, à pied,
15:29à côté du cheval, toute la journée, jusqu'à chef d'entreprise, et en passant par différents
15:33statuts, différents grades, responsable de cours, adjoint d'entraîneur, entraîneur.
15:38Il y a des passerelles, on l'évoquait en rentaine, vers la filière de l'équitation
15:43classique.
15:44Et c'est tout ce prisme-là.
15:46Il y a des filières qui se créent vers l'élevage, la pluralité des emplois est exceptionnelle,
15:51la pluralité des parcours est exceptionnelle.
15:53Et on disait, attirer des talents, c'est un enjeu clé.
15:58Quelles initiatives vous mettez en place pour rendre les métiers de course plus attractifs
16:03concrètement ? Je sais que vous avez fait un petit tour des centres équestres, mais
16:07est-ce que ça passe par d'autres types d'actions ?
16:08Du terrain, de la connexion avec les clients.
16:11C'est une grande transformation sur laquelle je salue mon équipe à la FACEC qui m'a
16:15suivi là-dessus.
16:16Je leur ai dit, la bataille se gagne sur le terrain, au contact des clients, au contact
16:21des prospects.
16:22Donc, c'est évidemment aller là où on est.
16:23On a 14 sites à travers la France, donc on a un très bon maillage géographique.
16:27C'est aussi aller dans des départements des régions où on n'est pas, donc aller
16:31au contact des établissements de formation, aller au contact des salons de l'emploi
16:35qui peuvent se monter, des pouvoirs publics de l'emploi, que ce soit France Travail,
16:38que ce soit l'émission locale.
16:39Et puis, c'est aussi savoir aller plus loin.
16:41Aujourd'hui, à l'instar d'autres filières, quand vous n'arrivez plus à trouver en
16:44France la main-d'œuvre suffisante, vous êtes obligés d'aller à l'étranger.
16:48Et là, c'est de réussir à créer des partenariats avec le Venezuela, avec Madagascar,
16:53avec l'Inde, dans un cadre réglementaire qui soit sécuritaire pour le travailleur
16:58qui va quitter sa famille pour venir travailler en France pendant 12 mois, et sécuritaire
17:03aussi pour l'entreprise d'accueil qui n'a jamais vu, qui n'a jamais rencontré
17:08ce salarié avant de l'embaucher, donc qui veut s'assurer du bon niveau de compétences.
17:12C'est vraiment la première des batailles dans l'exécution d'un plan, c'est
17:16celle de la présence sur le terrain et de convaincre l'humain que c'est par le terrain
17:22que ça passera.
17:23Ça passe par des communications très simplement sur Hippodrome, 233 Hippodrome à travers
17:27toute la France.
17:28On est à l'âge qui couvre, on est présent dans 95% des départements.
17:31Il faut faire savoir sur chacun de ces Hippodrome que votre filière recrute et que la FASEC
17:36est là pour vous aider à vous former ou à intégrer un emploi dans les courses épiques.
17:40Et puis c'est une aventure un peu rigolote, j'ai appelé ça le Tour de France de la
17:44FASEC, à l'instar du Tour de France cycliste qui a lieu tous les étés au mois de juillet.
17:48On fait trois semaines où on fait le tour de tous les Hippodrome, enfin un Hippodrome
17:53par jour, et on va au contact du public sur les Hippodrome pour parler formation, parler
17:59emploi, parler enjeux RH dans la filière des équipes de course.
18:02Ça change quoi en termes d'approche managériale de gérer des saisonniers ?
18:07C'est une très bonne question.
18:10C'est très changement et c'est un vrai changement qu'on a cherché à apporter
18:16à notre filière des équipes de course.
18:18On était historiquement fondé sur le CDI à temps plein.
18:21Or par nature de notre activité, que ce soit au Trou ou au Galop, est saisonnière.
18:25Les courses de Galop vont prendre une relative pause à partir de la fin du mois de novembre
18:31jusqu'à une reprise au mois de mars.
18:33Les principaux Hippodrome français ferment durant cette période-là au Galop.
18:38A l'inverse, ça devient la saison haute au Trou qui va être un peu plus calme vers
18:43la fin du printemps.
18:44Et on avait historiquement un modèle dans les entreprises, un modèle RH qui était
18:46celui du CDI à temps plein.
18:48Ce qui fait que pour pouvoir supporter économiquement la charge de ce temps faible, on recrutait
18:54peut-être un peu moins dans les temps forts, donc on rajoutait une pression supplémentaire
18:57sur les salariés.
18:58L'idée, la proposition qu'on a faite, c'est de savoir juger quelle est ma part
19:05de flexibilité, ma part de saisonnalité, et à ce moment-là recourir à des formes
19:09autres d'emplois, le CDD ou le CDI à temps partiel, mais aussi l'intérim qui n'existait
19:15pas du tout dans les courses.
19:16On a noué un très beau partenariat avec CAPA, une solution digitale d'intérim,
19:21pour pouvoir venir offrir de la saisonnalité à ses salariés, mais c'est un vrai changement
19:25culturel au sein des écuries.
19:27En termes de cohésion, c'est extrêmement bien.
19:30Exactement, en termes de cohésion, en termes de management, mais en même temps, ça apporte
19:35et ça permet de fidéliser les salariés, parce que vous avez des salariés qui vont
19:40jouer la saisonnalité, qui vont avoir leur activité dans les courses qu'ils n'adoreraient
19:43pas, mais qui vont avoir besoin de cette période de coupure, on le disait tout à l'heure,
19:46métier très exigeant, et qui vont partir sur une autre activité pour revenir.
19:50Et ils combinent avec quoi, traditionnellement ?
19:53Du tourisme, de la logistique, du transport, des métiers d'ouvriers qualifiés.
19:58Vous êtes soumis aux courses épiques, à des imprévus, comme la météo, des incidents.
20:04Comment est-ce que vous gérez ces moments de crise et d'imprévus en tant que manager ?
20:10Chaque journée, et je pense que tous les managers vous disent la même chose, chaque
20:15journée est faite d'imprévus.
20:1650% de mon agenda hebdomadaire est laissé libre à l'imprévu et à la disponibilité
20:26de mes équipes face à des imprévus.
20:28Ça va d'un contrôle sanitaire dans un restaurant collectif en plein mois d'août
20:32pendant les JO inattendu, à des intempéries, à malheureusement des accidents, on en parlait,
20:39le taux d'accident du travail dans le domaine des courses épiques est d'une fois et
20:44demi plus élevé que la moyenne française.
20:46Forcément, on travaille avec du vivant, on a un animal de plus de 500 kilos.
20:50Et comme on le disait, on fait de la formation, on fait de l'emploi et on fait de l'accompagnement.
20:56Et donc, savoir être là tout de suite, mobiliser les ressources pour accompagner un salarié
21:00qui a un accident très grave qui l'amène à une reconnaissance de qualité de travail
21:03à un handicapé, ça fait partie de ces imprévus au quotidien.
21:06La meilleure manière de gérer, c'est de se laisser 50% de son agenda libre, dans
21:11le pire des cas, vous passez plus de temps avec votre épouse et vos enfants.
21:14Et avec tout ce qu'on vient d'évoquer, vous pensez que c'est un secteur qui est
21:20en mesure de rivaliser avec d'autres industries comme la restauration ou la logistique qui,
21:27elles aussi, sont en recherche de talents, on le sait ?
21:29Bien sûr.
21:30Les cours épiques le peuvent.
21:31On peut voir le verre à moitié vide en faisant des métiers exigeants, à horaires
21:36décalées, 7 jours sur 7, parce qu'on est dans l'univers du divertissement, dans
21:41du sportainment, du sport de haut niveau, donc les courses, les Grands Prix se courent
21:45le samedi et le dimanche.
21:46Tout ça, ce sont des freins.
21:48La réalité, je le disais, c'est de voir la manière dont les jeunes se réalisent,
21:53souvent, très souvent, quand ils intègrent les académies de la FASEC, en situation scolaire
21:58difficile, en décrochage scolaire, et comment, au contact du cheval, ils vont dans un premier
22:05temps trouver une thérapie pour se reconstruire, d'événements familiaux, d'événements
22:10scolaires, et ensuite se réaliser professionnellement.
22:13Vous prenez 98% des meilleurs jockeys sportifs de haut niveau, l'équivalent de Kylian Mbappé
22:19ou de Raphaël Nadal au tennis, ils sont passés par la FASEC, et quand ils sont rentrés
22:26dans les académies de la FASEC, ils ne pensaient pas, une seule seconde, quand vous discutez
22:30avec eux, qu'ils deviendraient ce qu'ils sont devenus, des sportifs de haut niveau
22:34reconnus, gagnants extrêmement bien leur vie.
22:36Vous venez d'évoquer, c'est intéressant, les jeunes en décrochage, par exemple, est-ce
22:42qu'il n'y a pas une barrière aussi un peu mentale selon laquelle les courses épiques
22:44c'est assez élitiste, un peu prestigieux, qui fait qu'on n'y pense même pas en fait,
22:49et encore moins quand on vient d'un milieu où ce n'est pas forcément accessible,
22:53quand on sait en plus que là on pense plus sur l'équitation de manière générale,
22:57mais c'est un sport cher, peu accessible, est-ce que le secteur ne souffre pas aussi
23:02de cette image un peu trop élitiste ?
23:05C'est un préjugé, je ne vais pas dire qu'il en souffre, mais je pense que c'est
23:07un préjugé qu'on a des courses épiques, c'est quelque chose d'élitiste.
23:10C'est assez marrant, parce que les courses épiques, en réalité, c'est le plus gros
23:14brassage sociétal français.
23:17Vous allez avoir de riches propriétaires, comme Feux, la reine d'Angleterre, ou sa
23:23fille, ou son fils, qui vont côtoyer dans un mini-podrome un ancien sportif de haut
23:29niveau, basketeur, descendant de Tonio Spurs, pour parler de cette édite et de cette image
23:34qu'on a.
23:35Et de l'autre côté, je vous le disais tout à l'heure, des ouvriers agricoles
23:38qui nous ont rejoints, il faut le savoir, sans savoir monter à cheval, c'est-à-dire
23:42que la force de la FASEC n'est pas de dire « t'as un galo 6 ou t'as un galo 7 »,
23:45on prend des jeunes qui n'ont jamais approché un cheval de leur vie.
23:50Vous prenez un très grand jockey français qui a aujourd'hui 45-47 ans, quand il a
23:54rejoint la FASEC à 14 ans, il arrivait de la Courneuve, il n'avait jamais vu un cheval
23:59de course de sa vie.
24:00Donc, des ouvriers agricoles avec un bac professionnel, et en même temps, ceux qui
24:05font vivre la filière aussi, des torphistes qui vont jouer le papier.
24:10Vous voyez le traçage sociologique que vous allez avoir dans un hippodrome ?
24:14Et pourtant, il y a cette imaginaire de très ancré, on est la première.
24:17Exactement, parce qu'on voit souvent ça par le prisme de l'hippodrome, la propriété
24:22du cheval de course qui est associée à une relative notion de luxe.
24:26Une certaine modernité.
24:28Ce qui est magnifique, c'est de voir le personnel qui fait tourner les chevaux sur
24:37un hippodrome.
24:38Ce sont des gens comme vous et moi qui travaillent tous les jours et qui ont juste plaisir à
24:42mettre un joli pantalon, une jolie chemise, une jolie cravate, et à les présenter le
24:46fruit de leur travail sur un hippodrome.
24:48Quel rôle joue la jeune génération dans votre secteur ? Vous misez beaucoup sur elle ?
24:53Elle est majeure aussi bien pour les futurs chefs d'entreprise que pour les élèves
24:58que nous avons actuellement en formation, parce que c'est eux qui vont porter la transformation
25:02dont je vous parlais de ce secteur-là.
25:04Évidemment, il faut accompagner à la transformation ceux qui sont en place, mais la réalité
25:09c'est que cette jeune génération, elle a d'autres aspirations à l'emploi.
25:13Oui, d'autres exigences.
25:14Et je pense notamment à des nouveaux modes de travail, comme le télétravail, les horaires
25:18flexibles.
25:19Est-ce que ça peut s'appliquer dans votre domaine ?
25:22Sur le télétravail, quand vous travaillez avec du vivant, on n'a pas encore trouvé
25:24le moyen d'entraîner le cheval de course à distance depuis chez soi, même si quand
25:29je suis arrivé en 2021 à la FACEC, pour nous, pour notre activité, on n'avait pas
25:33d'accord de télétravail.
25:34On sortait du Covid, ça m'a semblé, on fait de la formation, on fait du recrutement,
25:39on fait de l'accompagnement social.
25:40Finalement, c'est quelque chose que l'on peut faire à distance.
25:43Donc, on a déployé cette notion de télétravail et ça a choqué.
25:47Mais non, dans les cours hippiques, on ne peut pas faire de télétravail.
25:51Tout dépend des emplois.
25:52Il faut regarder ça dans le détail.
25:53C'est le cas par cas.
25:54Voilà, exactement.
25:55Notre accord de télétravail n'est pas le même en fonction des profils.
25:58Par contre, là où je vous rejoins, c'est sur l'aménagement des horaires.
26:01Aujourd'hui, nous avons 75% de nos apprenants en formation qui sont des femmes.
26:07Donc, on a une lame de fond dans notre filière extrêmement positive qui est une féminisation
26:12à vitesse grand V.
26:14On dépasse les 40% de salariés femmes et je vous dis, on en a 75% en formation.
26:18Vous voyez la vitesse à laquelle notre filière est en train de se féminiser.
26:21On a une attente sur des horaires qui vont être aménagés.
26:25On a des attentes sur comment est-ce que je vais pouvoir gérer, combiner ma vie professionnelle
26:32de cavalière d'entraînement avec ma période de maternité.
26:35Et donc ça, ça implique d'adapter nos pratiques RH, ça implique d'adapter les horaires et
26:41pas nécessairement de dire pourquoi on démarre à 5 heures du matin.
26:44Non, aujourd'hui, il y a de plus en plus des curés qui ont des horaires adaptés en
26:46fonction de leur public et en fonction de leurs besoins.
26:48On a une population qui est très jeune, qui vit la parentalité, hommes et femmes, pour
26:55lequel on offre des solutions de garde d'enfants dans des maisons d'assistantes maternelles
26:59ou dans des micro crèches à horaires adaptés.
27:00Mais il n'empêche que démarrer à 5 heures du matin, ça veut dire réveiller votre enfant
27:04à 5 heures du matin.
27:05Non, ce n'est pas compatible.
27:06Donc, les entreprises s'adaptent aussi à cette réalité-là sur les horaires et vont
27:11du coup faire démarrer certains salariés et organiser leur planning.
27:14C'est là toute la transformation RH de la filière.
27:17C'est-à-dire qu'un autre modèle sur la gestion des temps est possible.
27:21On s'approche de la fin.
27:23Si vous deviez partager une leçon tirée de votre expérience de manager ?
27:28Une leçon, c'est que l'expérience, que ce soit dans la transformation de la FASEC
27:32ou dans la transformation de la filière, d'un univers de service, on n'est pas dans
27:37l'industrie, on est vraiment dans le service, c'est que l'humain est la clé de voûte
27:43essentielle pour la transformation.
27:45Ce qu'on a réalisé au sein de la FASEC ou ce qu'on est en train de réaliser ne
27:48serait pas possible sans un embarquement total des équipes.
27:53Donc, passer énormément de temps à expliquer, à faire de la pédagogie.
27:57On se trompe, je me suis trompé sur certains projets et l'un des traits communs, souvent
28:00ça, c'est de ne pas avoir pris suffisamment de temps avec mes équipes pour leur expliquer
28:05où est-ce qu'on cherche à aller et la transformation qu'on cherche à opérer.
28:08Et c'est là, en général, que ça va mal passer.
28:10Par contre, quand on prend le temps et quand on croit, je disais tout à l'heure dans
28:15le cadre, mais quand on croit dans l'humain, dans sa capacité à libérer son énergie,
28:21à se développer, qu'on lui donne la possibilité d'évoluer, la possibilité de se libérer,
28:28à ce moment-là, il vous surprend toujours, il va au-delà de ce que vous attendez.
28:32Je pense que c'est ma principale leçon.
28:33Merci beaucoup. C'est le mot de la fin.
28:35Guillaume Herberger, directeur général de la FASEC.
28:38Quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

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