L'éclairage économique d'Éric de Riedmatten sur un sujet d'actualité.
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00:00Éric Deray de Matten, vous avez regardé de près le budget 2025 présenté donc hier soir en conseil des ministres.
00:05Vous avez cherché dans les 97 pages du projet de budget où étaient les économies.
00:09Ce n'est pas facile à trouver. Parfois, il faut se le dire, c'est un peu du charabia.
00:13Peut-être fait pour nous perdre.
00:15Avec des pourcentages, des virgules, des virgules partout.
00:18Ecoutez, en fait, il y a des belles intentions dans ce budget. C'est parfait.
00:22Toutes les intentions sont louables. Mais par contre, quand on cherche les économies réelles et concrètes,
00:25parce qu'après tout, quand vous faites un budget, j'en ai fait des budgets, je peux vous dire,
00:29il faut vraiment expliquer à son patron comment ça va marcher.
00:32Là, il n'y a pas grand-chose. On sait juste qu'il y a des secteurs économiques qui vont être mis à contribution.
00:36Ça, c'est clair. Et d'ailleurs, le Haut conseil des finances publiques qui dépend de la Cour des comptes,
00:41et c'est quand même Pierre Moscovici qui gère tout ça, l'ancien socialiste, l'ancien ministre,
00:45il dit finalement 70 % de l'effort sera porté par des taxes.
00:49Et il juge même que ce budget est fragile parce que toutes les prévisions,
00:54ce sont en fait des informations insuffisantes pour vraiment apprécier la réalité de l'effort.
00:59Vous voyez qu'au moins, il est franc et direct. Quant aux économies, je les cherche, je les cherche.
01:04Vous ne les avez pas trouvées ?
01:05Alors on cherche, mais si vous voulez, les économies, c'est 40 milliards d'économies.
01:08Nous réduirons les dépenses, dit le ministre en introduction de ce document de 97 pages.
01:13Mais par exemple, est-ce qu'il s'engage clairement sur la réduction du nombre de fonctionnaires,
01:17c'est-à-dire ceux qui ne seront pas renouvelés en départ à la retraite ?
01:19Oui, il en parle un peu concernant un certain nombre de non-renouvellements,
01:23mais ça fera 2 201 fonctionnaires en moins net, ça concernera l'éducation nationale.
01:28Ensuite, sur les jours de carence, on avait parlé d'un effort de la part des fonctionnaires
01:32pour qu'eux aussi aient un deuxième jour de carence lorsqu'ils ont un arrêt maladie.
01:36Rien, alors que ça faisait vraiment des milliards d'économies.
01:38Pareil pour l'absentéisme, on sait bien que c'est énorme l'absentéisme en France.
01:41Il n'y a pas vraiment grand-chose là-dessus, c'est rien de documenté, dit le Haut conseil.
01:45Ensuite, le gel des retraites, très bien, 6 mois, c'est reporté au mois de juillet,
01:50mais quand on regarde l'effort, ce n'est pas l'État qui va le faire,
01:53ce sont les retraités qui vont devoir se serrer la ceinture pendant cette période.
01:56En fait, les seules économies visibles, c'est la réduction de budget pour chaque ministère,
02:02et notamment le ministère de la Justice avec moins de 500 millions.
02:05Le reste, c'est Gabriel Attal qui avait fait que c'était l'aide de cadrage,
02:08donc rien de neuf dans ce domaine.
02:10En revanche, les taxes, ça on en a.
02:12Alors oui, et ça on ne va pas revenir sur tout ce qui va nous tomber dessus,
02:15y compris sur les PME, mais on voit des nouvelles taxes,
02:18comme par exemple une hausse de la TVA sur les chaudières à gaz.
02:23On voit aussi que 6 secteurs clés seront mis à contribution.
02:26Taxe sur les vols aériens, taxe sur l'électricité qui va être relevée plus que prévu,
02:31transport maritime mis à contribution en raison de leurs bénéfices,
02:35secteur de la santé, secteur de la pharmacie qui sera touchée avec des médicaments moins bien remboursés,
02:40et puis l'automobile avec le malus sur le CO2 et les marques françaises qui seront concernées.
02:45Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, est sceptique, dites-vous ?
02:48Oui, il se méfie de ce budget, et il le dit parce qu'aujourd'hui,
02:52ce qu'il faut, c'est tenir l'engagement des réductions des dépenses.
02:55Est-ce que vraiment l'État va y arriver à faire cette promesse de 40 milliards d'économies ?
03:00Je ne parle même pas des impôts, c'est 40 milliards d'économies de la part de l'État.
03:03Rien de précis.
03:04Et en fait, pourquoi il y a cette annonce qui a l'air magnifique aujourd'hui ?
03:08C'est parce que l'État français doit présenter aussi son budget à Bruxelles,
03:12et s'il rate la première marche du redressement des comptes de la France, ça ira très mal.
03:17Vous savez que ce soir, à 22h, on aura la nouvelle notation de la France de la part de Fitch,
03:22et on peut s'attendre déjà à une dégradation, et si tel est le cas,
03:26ce sera un très mauvais départ pour le nouveau gouvernement français.