• il y a 2 mois
Avec Frédéric Pichon, Professeur de géopolitique, spécialiste du Moyen Orient

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Transcription
00:00Avec cette crise inédite depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron entre Paris et Tel Aviv. Shame on you, Monsieur Macron.
00:09C'est ce qu'a dit hier Benjamin Netanyahou. En cause, la fureur d'Israël à la suite d'une décision d'Emmanuel Macron de bannir Israël de toute vente d'armes françaises.
00:19Des armes qui permettraient de bombarder la bande de Gaza. Pourquoi maintenant ? A quoi ça sert ? On en parle avec notre invité Frédéric Pichon. Bonjour !
00:28Bonjour. Bienvenue sur Sud Radio. Professeur de géopolitique, spécialiste du Moyen-Orient.
00:32Shame on you, disait Emmanuel Macron, des propos qui ont été... disait, pardon, Benjamin Netanyahou, des propos jugés excessifs dans la soirée par l'Élysée
00:41qui a assuré que la France restait malgré tout un allié indéfectible d'Israël. Est-ce que ça veut dire que la France commence à rétro-pédaler ?
00:48Ou est-ce qu'on est malgré tout dans la crise la plus grave entre Netanyahou et Macron ?
00:53Alors il faut être clair, les livraisons d'armes de la France à Israël, c'est à ma connaissance infinités d'images.
01:01J'allais y venir.
01:02Donc ça ne remet pas en cause la relation entre Tel Aviv et Paris. Je crois que c'était les États-Unis qui étaient visés.
01:10Et je crois qu'il faut se mettre aussi dans le contexte de cette déclaration. C'est le sommet de la francophonie.
01:16La francophonie, elle rassemble dans son immense majorité, à l'exception du Canada peut-être, des pays qui appartiennent à ce qu'on appelle le Sud global.
01:24Et je pense que c'est assez habile de la part de la France, et dans son rôle un peu, de rappeler et de découvrir peut-être aussi
01:32que le monde entier n'a pas la même perception du conflit israélo-palestinien, de ce qui se passe,
01:37et qu'il y a un risque que le double standard, l'accusation du deux poids deux mesures, finissent par peser sur l'Occident.
01:45Donc je pense que c'est surtout ce contexte-là qu'il faut souligner.
01:51Après, les mots n'engagent pas grand monde. D'ailleurs, l'Elysée a tout de suite rappelé que, évidemment, la France restait aux côtés d'Israël.
02:02De la part du Premier ministre israélien, c'est un peu toujours la même chose, une espèce de chantage à la civilisation.
02:09Sauf que ce discours, il ne prend plus une immense majorité des pays africains, des pays asiatiques, ne voient pas les choses du tout de cette manière-là.
02:17Oui, donc Emmanuel Macron hier, en tout cas, a décidé, alors symboliquement, cet embargo sur des livraisons d'armes.
02:23Vous avez raison de rappeler que ce sont des ventes d'armes qui sont extrêmement symboliques entre la France et Israël.
02:29Pourquoi maintenant, pour vous, uniquement à cause du sommet pour la francophonie, pour séduire les alliés francophones de la France ?
02:35Oui, pour les séduire ou pour, peut-être, on peut toujours rêver que la France revienne à son discours d'équilibre
02:44qui a toujours été, peu ou prou, celui du général de Gaulle, puis de certains de ses successeurs, on va dire jusqu'à Jacques Chirac inclus,
02:52sur cette question du conflit israélo-palestinien. Mais ça reste un discours.
02:58Alors, on peut rappeler aussi que depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir, et surtout depuis le 7 octobre,
03:04la France a changé plusieurs fois de position. Aujourd'hui, elle dit publiquement qu'elle ne veut plus donner d'armes à Israël pour lui permettre de bombarder la bande de Gaza.
03:11Juste après le 7 octobre, Emmanuel Macron avait carrément proposé à Benjamin Netanyahou que la France mène une coalition pour aller frapper le Hamas.
03:21On a du mal à s'y retrouver ?
03:23Oui, mais ça, je pense que c'est la pensée complexe d'Emmanuel Macron, et pas uniquement sur ce sujet-là.
03:29Bon, voilà, on va dire qu'il a sans doute un conseiller qui lui a rédigé un joli discours pour ce sommet de la francophonie,
03:38qui sonne, peut-être pour une fois, en résonance, qui rentre en résonance avec une certaine tradition française.
03:44Je vous sens un brin cynique dans vos propos, pardonnez, peut-être pas cyniques, mais en tout cas, désabusés.
03:52Oui, mais comme vous l'avez souligné vous-même, on a, après le 7 octobre, on a vu effectivement alterner un soutien inconditionnel.
04:01Bon, je pense que peut-être, alors espérons, engageons qu'il y ait une prise de conscience, qu'effectivement le monde ne pense pas comme nous,
04:09pour reprendre le titre d'un ouvrage de Maurice Bourdeau-Montagne, qui est un ancien opérateur de France.
04:16Les autres ne pensent pas comme nous, et peut-être qu'il serait temps que l'Occident se rende compte de la vision un peu unilatérale du conflit.
04:24C'est-à-dire trop pro-israélienne à vos yeux, si je traduis vos propos ?
04:29Alors c'est pas têtement la question de pro-israélienne, c'est-à-dire, c'est la question du deux poids deux mesures sur les conflits.
04:36On ne peut pas d'un côté dénoncer l'ingérence et la brutalité de la Russie dans un combat qui est le nôtre, qui serait la défense de l'Ukraine,
04:47et par ailleurs laisser faire la même violation du droit international.
04:51Le Liban, que je connais bien, que j'ai vécu, à ma connaissance, est bombardé depuis une semaine, a même été envahi.
05:01On n'arrive pas à l'ONU à trouver une position commune, et Antonio Guterres serait la générale de la Nation Unie, et même Persona Non Grata en Israël.
05:11Donc si vous voulez, beaucoup de pays du Sud gardent ça pour pouvoir ressortir ça à l'Occident par la suite.
05:18C'est-à-dire que vous faites du deux poids, du deux mesures, il y a des doubles standards, et donc en fait la parole occidentale et américaine, elle est démonétisée.
05:26Et en tout cas, c'est peut-être un signe en ce sens qu'a voulu donner Emmanuel Macron.
05:30Je précise d'ailleurs que les bombardements ont continué cette nuit, notamment sur Beyrouth, toutes les quelques minutes sur Beyrouth Sud.
05:36Merci à vous pour cet éclairage, nous serons amenés en reparler.
05:40Frédéric Pichon, je rappelle que vous êtes professeur de géopolitique et spécialiste du Moyen-Orient.

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