D’ici 2050, 16 millions de logements pourraient être exposés à des fissures en France. Ce sont les conclusions d'un rapport de l'association Conséquences publié en mai 2024. Cela est notamment dû à la sécheresse qui créer des mouvements de terrain. L’entreprise Feelbat a créé une solution, simple à installer sur les bâtiments, qui permet de mesurer le risque que des fissures se créent. Jean-Christophe Habot, son fondateur, nous explique le fonctionnement de sa technologie.
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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Jean-Christophe Fabault.
00:09Bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue.
00:12Vous êtes le fondateur de FeelBat, entreprise créée il y a 4 ans.
00:15Je crois que la solution est disponible depuis septembre 2021, depuis 3 ans.
00:20C'est quoi FeelBat ?
00:21FeelBat, c'est une société qui propose des capteurs connectés pour suivre les fissures
00:26et les mouvements sur le bâtiment.
00:27C'est une solution plug and play, abordable techniquement et financièrement.
00:31Alors, quand on dit plug and play, comment ça marche ? Comment on l'installe ? Comment
00:34on l'utilise ?
00:35Vous prenez le capteur, vous achetez le capteur, vous le positionnez au droit de la fissure,
00:40vous prenez votre smartphone, vous vous connectez et vous pouvez suivre les mouvements en direct,
00:46dans le temps et aussi à distance.
00:48Alors, je disais en titre, c'est fissure, inclinaison, humidité, il y a tout ça dans
00:53le capteur ?
00:54Alors, on a un capteur spécifique pour la fissuration, un capteur spécifique pour l'inclinaison
01:00et nous développons actuellement un capteur spécifique pour la mesure d'humidité dans
01:04les murs.
01:05Pourquoi ? Il faut les trois ? Est-ce qu'il faut forcément les trois ou est-ce que l'un
01:08peut suffire en fonction des dommages que le bâtiment ou la maison est en train de
01:13subir ?
01:14Chaque cas est différent.
01:15C'est comme le corps humain, on va suivre la tension, la température, la pression matérielle.
01:21En fonction des pathologies, on va utiliser le capteur adapté et c'est pour ça qu'on
01:25a développé toute une gamme qui permet de répondre à chaque cas, mais on peut coupler
01:28les trois pour pouvoir analyser les différentes évolutions.
01:33Évidemment, on est au cœur notamment du phénomène de RGA, de retrait gonflement
01:37des sols argileux.
01:38On va en parler en détail, mais je voudrais revenir au point de départ, comment l'idée
01:42vous est venue ?
01:43Marseille 2018, des bâtiments qui s'effondrent, la rue d'Aubagne, le quartier de mon enfance,
01:49ça m'a un peu impacté, un peu touché.
01:51J'étais spécialiste dans ce domaine-là, dans le diagnostic et l'étude des ouvrages
01:54des bâtiments.
01:55Ma fille de 10 ans est capable de mettre une musique sur une ancienne Bluetooth avec mon
01:59téléphone.
02:00Ma grand-mère est capable de baisser les volets roulants avec son téléphone.
02:03Et nous, experts du BTP, on est incapables de pouvoir suivre une fissure.
02:06J'ai fait une recherche très simple sur Internet, aucun produit identique permettant
02:11de suivre les fissures n'existait dans le monde.
02:13On l'a créé.
02:15C'était compliqué d'ailleurs de le créer, ça a demandé beaucoup de recherche et de
02:18développement.
02:19Technologiquement, ce sont des technologies qui existaient déjà, que vous avez agglomérées,
02:23comment vous l'avez fait ?
02:24En fait, c'est le regroupement des technologies qui est compliqué.
02:28C'est faire de la conception hardware, donc mécanique, électronique et du software.
02:34Et trouver toutes les compétences, les regrouper en peu de temps et les manager a été le
02:38plus compliqué.
02:39Qui sont vos clients aujourd'hui ? Des municipalités justement qui cherchent à surveiller certains
02:43quartiers, certains bâtiments, des particuliers pour leur maison ?
02:46Alors, on a des bureaux d'études, des experts du BTP, mais on a aussi les communes.
02:52Les communes font appel souvent aux experts du BTP, mais ils sont en mesure de pouvoir
02:55poser un capteur et les suivre.
02:58Les particuliers aussi, on a des clients parisiens qui ont pu suivre le mouvement de leur bâtiment
03:03qui ne fissurait pas, mais qui s'inclinait doucement.
03:06Et ils ont trouvé la solution et ils l'ont mis en place.
03:09Alors justement, c'est la question que j'allais vous poser, donc vous, vous êtes une sorte
03:12de vigie.
03:13Qu'est-ce qui se passe après ?
03:14C'est-à-dire que vous proposez des solutions, vous mettez en relation avec des professionnels
03:20qui ont les solutions ?
03:21Alors, effectivement, ils peuvent analyser la problématique, l'évolution et ils peuvent
03:27aller voir un expert et nous pouvons aussi proposer, en fonction de tous les clients
03:31qu'on a sur la France, proposer un expert local pour qu'il puisse être accompagné.
03:36Alors, il y a ce phénomène des logements fissurés, j'en parlais, lié au retrait
03:41gronflement des sols argileux, ça concerne combien de Français aujourd'hui ? On en
03:46est où ?
03:47On parle de milliers de bâtiments touchés par la RGA.
03:52D'ailleurs, il y a un appel à projets que nous avons eus, lié à la RGA France 2030,
03:58pour pouvoir trouver des solutions de monitoring, de renforcement et de suivi permettant de
04:04trouver les solutions adaptées à chaque bâtiment.
04:07Il n'y a pas une région plus touchée que l'autre ? Ça concerne un peu tout le monde
04:10en France ?
04:12Effectivement, il y a des régions qui sont fortement touchées, mais on se rend compte
04:14qu'avec le temps, chaque région en France est touchée.
04:18Alors, effectivement, le sud de la France, beaucoup l'ouest, mais on se rend compte
04:22que le centre et le nord, tous les bâtiments commencent à être touchés par ce phénomène-là.
04:27C'est un phénomène qui remet en question jusqu'au modèle d'assurance, on l'a déjà
04:32évoqué dans Smart Impact.
04:35Où est-ce que vous intervenez ? À quel point la solution que vous proposez
04:41peut permettre ensuite d'être efficace dans le traitement de ces fissures liées
04:47au sol argileux ?
04:49Alors, la solution, elle permet surtout de faire de la gestion et de l'analyse.
04:53Les experts d'assurance ou experts d'assuré peuvent suivre et analyser le mouvement dans
04:59le temps et prendre des décisions, ou rapidement parce que l'évolution est importante, ou
05:05prendre le temps d'étudier le renforcement et adapter le renforcement à la problématique
05:09rencontrée.
05:11Est-ce que vous voyez, parce que vous avez des outils d'alerte, l'amplitude des phénomènes
05:21s'accroître ? Vous voyez ce que je veux dire ? C'est-à-dire que des fissures qui
05:26n'étaient pas très importantes il y a 4 ou 5 ans, alors l'entreprise était assez
05:30jeune, mais qui aujourd'hui s'agrandissent de plus en plus vite, est-ce que vous voyez
05:34ce phénomène-là ?
05:35On le voit au travers de nos clients, on le voit sur les données qui nous remontent,
05:39et on voit, c'est suivant le type de bâtiment, on va avoir des bâtiments qui ne bougent
05:44pas, et d'ailleurs l'objectif aussi du capteur c'est de pouvoir voir que ça puisse
05:49s'ouvrir, on appelle ça le souffle, ça s'ouvre, ça se ferme, le bâtiment vit comme
05:53ça.
05:54Mais on a des bâtiments, en général quand ça évolue, ça évolue assez rapidement,
05:57et dans l'année on a des résultats.
05:59Avec des inégalités face au phénomène, c'est-à-dire que si la commune est classée
06:04ou non en état de catastrophe naturelle, est-ce que sa maison, et je parle en connaissance
06:09de cause parce que j'ai des amis qui ont été confrontés à ça, va effectivement
06:12remplir les critères, à ce moment-là on est totalement couvert par l'assurance, peut-il
06:15y avoir quelqu'un à 300 mètres de là qui ne comprend pas pourquoi il n'est pas couvert
06:20et qui se retrouve avec une maison qui a perdu énormément de sa valeur ?
06:22Effectivement, il peut y avoir des phénomènes d'inégalité, mais après c'est essentiellement
06:29politique et assurance, et le particulier n'est déjà pas en mesure de pouvoir analyser
06:34lui-même l'évolution, et après le faire constater, et le faire assurer et réparer,
06:42c'est une autre chose.
06:43Alors sur l'humidité, pourquoi vous êtes en train de développer un capteur sur ce
06:47phénomène spécifique ?
06:48L'humidité c'est très simple.
06:49À Marseille, les bâtiments sont effondrés parce qu'il y a eu de l'eau qui s'est infiltrée
06:53dans les maçonneries, qui a impacté les joints de maçonnerie et qui ont été aussi
06:58une des causes de l'effondrement.
06:59Comme plein d'autres bâtiments, il y a eu Lille, il y a eu Bordeaux, alors chaque cas
07:04est différent.
07:05L'objectif est d'analyser la pathologie pour trouver la solution de réparation.
07:10Alors les verticales, elles sont assez larges, mais c'est essentiellement l'objectif de
07:14ce capteur-là.
07:15Et donc, il est compliqué à mettre au point ? Vous disiez, on est en train…
07:20Oui, disons qu'il est compliqué, c'est qu'on veut faire de l'innovation.
07:24On ne veut pas faire un produit vite fait, vite posé.
07:28On a développé une solution et je n'en étais pas complètement content parce que
07:34je voulais aller encore plus loin.
07:35Parce que notre marché, alors effectivement, il est français, mais il est mondial et on
07:38veut sortir un capteur qui va être encore meilleur et qui devrait normalement sortir
07:41en début d'année prochaine.
07:42Vous en êtes où du développement de Filbatt aujourd'hui ?
07:45Filbatt a débuté, donc a été créé en 2020.
07:50On a commencé, j'étais seul.
07:52Aujourd'hui, on est 15, on a fait une levée de fonds d'un million cinq en début d'année.
07:56On va en faire, on cherche à en faire une pour l'année prochaine, pour se répandre
08:01sur l'Europe et l'international.
08:04On a une vraie volonté de devenir un major de l'IoT dans la prévention des ouvrages.
08:10Parce qu'on parle de bâtiments, mais il y a aussi les ponts, ouvrages et murs.
08:13Oui, qu'on peut surveiller aussi, qu'ils ne le sont pas suffisamment aujourd'hui.
08:17Il y a eu ce qui s'est passé à Gênes il y a quelques années, qui a peut-être servi
08:21un peu de prise de conscience ou de déclencheur.
08:25Est-ce que vous voyez les choses évoluer justement pour ces grands ouvrages ?
08:29Alors, il y a des démarches suite à Gênes, effectivement.
08:32Il y a eu des démarches nationales.
08:33Le CEREMA s'est mis au milieu de ça, très bien, il y a eu des actions, mais c'est toujours
08:38une histoire de moyens.
08:39D'où la raison de créer ces capteurs-là, abordables techniquement et financièrement,
08:45dans un but de pouvoir, dès la première fissure, poser le capteur et avoir un suivi,
08:52une analyse.
08:53Est-ce que c'est, je pense que la réponse est dans la question, plus facile de réparer
08:56quand on détecte tôt ?
08:57Vous avez bien répondu à la question.
09:00Je suis bien d'accord.
09:01Plus on met de temps, plus ça va vous coûter cher en réparation, voire même des fois
09:05ça va être impossible de réparer.
09:06L'objectif, effectivement, c'est de le prendre à temps parce que plus le bâtiment
09:10ou la structure évolue, plus le coût du renforcement ou le choix du renforcement va coûter cher
09:16et va prendre du temps.
09:17Merci beaucoup, merci Jean-Christophe Fabou et à bientôt sur Be Smart For Change.
09:22On passe à notre débat, comment on finit avec les logements bouilloires ?