• le mois dernier
Dans une interview en octobre 2024, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, relance la proposition de loi Adam sur le verdissement des flottes de véhicules. Quelle réglementation serait la plus efficace pour permettre aux entreprises d’électrifier leurs parcs ? Adrien De Sayve, directeur commercial France de Monta et Alfred Richard, cofondateur et PDG de Nelson Mobility nous donne des pistes.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Le débat de ce Smart Impact consacré à l'électrification des flottes de véhicules d'entreprise, Alfred Richard, bonjour.
00:13Bonjour Thomas.
00:13Bienvenue, heureux de vous retrouver, cofondateur, PLG de Nelson Mobility, Adrien Deceves, bonjour.
00:19Bonjour Thomas.
00:19Bienvenue à vous aussi, vous êtes directeur commercial France chez Monta.
00:22On va commencer par quelques questions de présentation, même si vous êtes déjà venu dans Smart Impact.
00:26Nelson Mobility, vous l'avez créé en 2022 avec trois autres polytechniciens, c'est ça le point de départ ?
00:32C'est ça, le point de départ c'est la transition énergétique, mais oui on est quatre associés.
00:35Quatre associés, avec quelle idée ? C'est quoi ce logiciel que vous proposez ?
00:39Notre volonté aujourd'hui c'est de faire en sorte que l'électrification ne soit pas forcément vue comme une menace.
00:44Et donc on est un acteur agnostique qui vient accompagner toutes les décisions dans soit le début de la construction de ce projet d'électrification pour une entreprise,
00:52soit dans son exécution et le dérouler de toutes les commandes de véhicules électriques et les renouvellements.
00:57Notre volonté est d'accompagner la compréhension des usages de la flotte pour trouver si Robert, technicien qui fait entre 5 et 10 interventions par jour,
01:05pourrait avoir un quotidien tout à fait électro-compatible.
01:08Et donc on vient simuler tout ça à partir de nos algorithmes pour rassurer la discussion et pour rendre le plus rentable possible les passages à l'électrique de les entreprises.
01:18Monta, c'est une entreprise danoise, c'est ça au départ ?
01:22Monta, on est une entreprise danoise fondée il y a 4 ans.
01:27Et Monta, on est une entreprise spécialisée pour pouvoir superviser des infrastructures de borne de recharge
01:34pour permettre vraiment aux utilisateurs mais aussi à des entreprises de pouvoir opérer son parc de borne très facilement et avec tous les outils informatiques nécessaires.
01:44Donc c'est une plateforme, si on rentre un peu dans le détail, qui propose quel type de service ?
01:48On va pouvoir proposer à tout type de client, que ce soit des installateurs, des entreprises,
01:54de pouvoir superviser une infrastructure de borne de recharge en leur proposant de pouvoir gérer l'énergie, le prix et la facilité directement d'accès aux bornes de recharge.
02:06Dans une interview au journal Les Echos, le ministre de l'Industrie Marc Ferracci a relancé la proposition de loi qui avait été faite par le député renaissance Damien Adam.
02:17Il y a quelques mois, il voulait imposer 20% d'achat de véhicules électriques aux entreprises en 2024.
02:24Ce n'était pas passé.
02:25Lui, il voyait même plus loin avec un objectif de 90% dès 2032.
02:31Je dis ça de mémoire.
02:34On en est où ?
02:36Ça a été repris.
02:37Expliquez-moi.
02:38Qu'est-ce que vous en espérez peut-être, Alpha Décharge ?
02:40Aujourd'hui, il y a déjà une loi qui est en place, qui est la loi d'orientation des mobilités.
02:43Elle se décompose avec pas mal de facteurs.
02:45Sur la partie verdissement des flottes automobiles, il y a déjà un quota de verdissement à respecter qui n'est pas sur le nombre de véhicules à la route,
02:52mais le nombre de commandes effectuées au cours de l'année, donc un taux de renouvellement dans le parc.
02:57Il y a déjà une augmentation graduelle de ce quota qui est prévu.
02:5920% en 2025, 20% en 2026, 40% en 2027.
03:04Donc des paliers avec des gros sauts tous les deux ans.
03:06Le projet initial du printemps dernier, c'est de linéariser ces paliers, donc avoir plus 10, plus 10, plus 10 tous les ans,
03:12et surtout de mettre en place une sanction.
03:14Parce qu'on a beau avoir un quota aujourd'hui et une obligation de déclarer,
03:17sans sanction, ça ne mettait pas non plus la rate au courbouillon aux entreprises.
03:21Aujourd'hui, le projet qui est repris par deux nouveaux députés,
03:25il est de réactualiser cette proposition Adam qui est tombée à l'eau lors de la dissolution de l'Assemblée.
03:30Et donc là, ce serait a priori de maintenir les quotas qui sont déjà en place,
03:33mais de mettre en place des sanctions à hauteur de quelques milliers d'euros par véhicule ne respectant pas cette loi,
03:38et éventuellement de retirer les hybrides rechargeables du décompte de ces quotas.
03:43Ce qui aurait donc un double impact pour continuer à accélérer tout ça,
03:46puisque ce sont aux entreprises de stimuler le marché d'occasion.
03:49Et donc il faut qu'elles électrifient maintenant pour que le marché adressable continue d'augmenter.
03:54Il y a un effet domino qui est intéressant.
03:56Non seulement il est intéressant, mais il est nécessaire si on veut rendre cette mobilité électrique accessible à tous,
04:00et donc cette décarbonation à l'échelle.
04:02Et c'est d'autant plus important qu'on voit que le budget 2025 va sans doute accoucher d'un recul
04:08sur l'ambition en matière d'électrification des mobilités.
04:11Moins de primes à l'achat, un leasing à 100 euros qui va sans doute être un peu rabougri.
04:15Ça veut dire quoi ?
04:16Ça veut dire que la filière des véhicules électriques, pas seulement vos entreprises,
04:20mais voyons un peu plus large, elle a besoin d'un soutien gouvernemental.
04:23Sans ce soutien, vous pensez que la croissance peut être menacée ?
04:29En fait, je ne dirais pas qu'elle a besoin d'un soutien gouvernemental,
04:33mais qu'aujourd'hui, rationnellement, toutes les raisons sont là pour encourager les entreprises à électrifier
04:39et arrêter de voir ça comme une vraie menace et un gros risque.
04:42Et donc pour essayer de les motiver, pour participer à un débat de projet d'entreprise qui pourrait se réaliser,
04:49si on met en place une sanction, quelqu'un qui ne respecte pas son quota
04:52va être vraiment regardé pour ne pas l'avoir respecté.
04:54Donc ça peut faciliter et accélérer la décision de projet d'entreprise.
04:58Le deuxième paramètre un peu plus macroéconomique,
05:01ce sont les obligations de taux d'émission en sortie d'usine pour les constructeurs automobiles
05:05qui eux sont déjà en place.
05:07Donc en fait, au niveau européen, les constructeurs doivent électrifier
05:09et au niveau national, on a du mal à créer cette demande.
05:12Donc pour équilibrer offre et demande, il faut encourager les plus gros demandeurs de véhicules neufs
05:17qui sont les entreprises.
05:19Et on se sent complètement légitime de leur imposer des quotas sanctionnés.
05:24– Adrien Elsev, est-ce que c'est une filière qui ne peut pas décoller sans aide de l'État ?
05:29Parce qu'aujourd'hui, sans les primes à l'achat,
05:33alors je ne parle pas exactement de votre business, j'élargis un peu,
05:36mais sans les primes à l'achat, je ne sais pas où en serait l'électrification des mobilités.
05:40– Oui, mais les entreprises aujourd'hui, avec les différentes lois aujourd'hui qui sont imposées,
05:45l'entreprise, elle a un besoin quand même d'électrifier sa flotte.
05:50Elle en a un besoin, même aujourd'hui, la conduite du changement,
05:53que ce soit par les présidents des entreprises,
05:56demande aujourd'hui aux salariés d'avoir aussi un changement de leur comportement,
06:04parce que le directeur de l'entreprise a un véhicule électrique,
06:08et donc les salariés vont devoir changer pour de l'électrique.
06:12– Est-ce que la loi telle qu'elle existe en France,
06:14il y a des lois similaires dans d'autres pays européens,
06:18puisque votre entreprise n'est pas centrée que sur le marché français ?
06:22– Il y en a, et donc ça aide les entreprises à booster
06:26le vent des véhicules électriques, en France on n'en a,
06:30et donc ça nous permet aujourd'hui, évidemment, d'électrifier les flottes d'entreprises,
06:37et donc c'est bon pour l'industrie.
06:41– Je rappelle les chiffres qu'on a donnés, qui étaient contenus dans la loi Adam,
06:46l'obligation d'acheter 20% de voitures électriques,
06:48c'était ce qui avait été évoqué en 2023-2024,
06:51et puis donc 95%, c'était le chiffre précis,
06:53de véhicules dans les flottes professionnelles d'ici 2032.
06:56Au-delà de ces enjeux réglementaires, de ces obligations légales,
07:01Alfred Richard, comment convaincre une entreprise
07:05d'électrifier le plus vite possible ?
07:09Je suis chef d'entreprise, j'hésite, comment vous allez me convaincre ?
07:12– Déjà, ce n'est pas nécessairement quelqu'un d'extérieur
07:15qui peut imposer une décision d'entreprise
07:17et les convaincre de passer à l'électrique,
07:19on peut leur donner des arguments pour alimenter la réflexion
07:22et qu'eux-mêmes fassent cette conduite du changement.
07:24Il y a plusieurs paramètres, il y a le paramètre économique,
07:27le paramètre opérationnel et le paramètre pédagogique.
07:30Sur le paramètre économique, si on arrive à un iso-coût
07:33dans la gestion des véhicules, ce qui est le coût total de possession d'une flotte,
07:36si on arrive à de l'iso-coût…
07:38– Donc, on reste à un même niveau, on est bien d'accord.
07:41– Mais typiquement, entre se recharger chez soi et se recharger sur l'autoroute,
07:44il y a une différence d'un facteur 5 sur le prix de la recharge.
07:47Si on dimensionne mal la batterie du véhicule,
07:50on va surdimensionner les coûts CAPEX de location du véhicule,
07:53donc on va avoir du mal à avoir une parité TCO,
07:55qui est le terme que les entreprises utilisent.
07:57Ça, c'est le volet économique lié au véhicule.
07:59Sur la partie opérationnelle, si Robert, quand je le passe à l'électrique,
08:02il est bloqué une demi-journée toutes les deux semaines
08:05et qu'il ne peut pas faire son intervention,
08:07le business model de l'entreprise est mis à péril.
08:10Et donc, il faut s'assurer qu'il n'y ait aucune interruption métier.
08:13Là, je parle évidemment des populations itinérantes,
08:16pas des véhicules statutaires ou des top managers
08:18qui doivent eux-mêmes prendre leur décision de montrer l'exemple.
08:21Et le biais pédagogique, c'est un nouveau sujet,
08:23le kilowatt-heure, c'est nouveau, les infrastructures, c'est nouveau,
08:26la conduite, le freinage régénératif, c'est nouveau.
08:28Et donc, il y a aussi tout un volet de pédagogie
08:30pour embarquer les différentes parties prenantes.
08:32La plateforme Monta, je crois, vient d'intégrer le wall-connector de Tesla.
08:36Alors, je ne connaissais pas, parce que je ne cours pas en Tesla,
08:39le wall-connector de Tesla.
08:40De quoi il s'agit et qu'est-ce que ça change pour vous ?
08:42Tout à fait. Donc, on a un module qui est intégré aujourd'hui
08:45dans le chargeur Tesla, qui apporte en fait
08:48toute cette brique technologique aujourd'hui
08:50pour les utilisateurs de véhicules électriques.
08:53C'est ce qu'on a pu mettre en avant sur nos réseaux,
08:57on a communiqué dessus.
08:58Et donc, ça apporte vraiment cette brique qui est à la fois itinérante,
09:01c'est-à-dire que des utilisateurs de véhicules électriques
09:03peuvent venir se charger directement sur ces chargeurs-là
09:07grâce à la technologie Monta.
09:09Vous avez annoncé une levée de fonds de 80 millions d'euros
09:12au mois de janvier dernier.
09:14Quelle ambition, quelle stratégie avec cette levée de fonds ?
09:17Donc, ça apporte la levée de fonds qu'on a faite cette année,
09:22donc de 80 millions d'euros.
09:24Ça nous permet vraiment de grossir à la fois sur les pays européens.
09:27Donc, on a une grosse équipe aujourd'hui sur le marché français.
09:29On vient d'ouvrir aussi les États-Unis.
09:32Et l'ambition aujourd'hui de Monta, c'est vraiment d'accompagner aujourd'hui
09:37et à la fois nos partenaires, nos clients,
09:40pour leur apporter vraiment toute notre technologie,
09:43l'innovation aujourd'hui de Monta sur les sujets de demain
09:47comme les nouveaux protocoles de communication, le charge, plug and charge.
09:53Je voudrais qu'on parle, Alfred Richard, de l'entrée de la directive CSRD
10:00au niveau européen, le reporting extra-financier.
10:03Est-ce que c'est un boost pour vous ?
10:05Est-ce que vous vous dites, on a de plus en plus d'entreprises
10:08qui vont se préoccuper de ce bilan extra-financier
10:11et qui donc vont se dire, vite, électrifions la flotte ?
10:14Ce serait dommage qu'on prenne des décisions de décarbonation
10:17pour réussir à faire un papier de reporting.
10:19Donc, normalement, le papier de reporting, c'est une cascade
10:21suite à une décision et un plan d'action qui a été décidé.
10:24J'ai mis des véhicules électriques.
10:26En plus, j'ai une obligation de reporting.
10:28Donc, ce n'est pas forcément l'un qui va tirer l'autre.
10:31Quoi qu'il en soit, les entreprises prennent des engagements SBTI, par exemple,
10:35qui sont donc des targets de décarbonation à horizon 2030,
10:38prennent d'autres engagements auprès de leurs donneurs d'or,
10:40de leurs clients ou de leurs investisseurs.
10:42Donc, dans tous les cas, effectivement, le point que je dirais,
10:44c'est que les entreprises qui ont des objectifs très clairs,
10:47à moyen ou long terme, sur la réduction de leurs émissions carbone,
10:51et pour lesquels la flotte automobile représente une part vraiment importante
10:55des émissions scope 1, scope 2,
10:57assez directement, ça se traduit en une trajectoire d'électrification
11:00qui est nette et qui est deux ou trois fois plus ambitieuse
11:03que la loi telle qu'elle est aujourd'hui.
11:05Donc, il y a un effet cascade là-dessus.
11:07Sur la partie reporting CSRD, à nouveau, si la flotte représente une grosse part,
11:11correctement mesurer les choses sur la flotte,
11:13c'est correctement reporter les économies évitées et les émissions évitées.
11:18Mais déjà, il faut les éviter avant de faire le reporting.
11:21Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
11:23A bientôt sur BeSmart for Change.
11:25On passe à notre rubrique start-up tout de suite.

Recommandations