• il y a 6 mois
Avec Luca Di Gregorio, auteur de "Médire des "Cons" : Histoire culturelle d'un snobisme populaire" publié aux éditions du Cerf.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-06-13##

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Transcription
00:00Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face.
00:06Quand j'ai reçu le livre de Lucas de Grégorio, « Médire des cons, histoire culturelle d'un snobisme populaire »,
00:12je me suis dit voilà, voilà le livre que j'attendais. Pourquoi ? Parce que je l'ai lu et non seulement c'est plein d'humour,
00:18c'est surtout un livre d'universitaire, il est docteur en langue et lettre Lucas de Grégorio,
00:24vous êtes professeur d'enseignement supérieur à Namur en Belgique.
00:28Bonjour, bonjour à vous.
00:30Bonjour, bonjour André Bercov.
00:32Et je dois dire que j'ai pris vraiment grand plaisir, et je crois que je ne serai pas le seul, et je ne suis pas le seul bien sûr,
00:38à faire en fait, vous avez fait, écoutez, vous êtes, allez, le Malai Isaac, l'Ernest Lavis,
00:45vous êtes l'historien, l'historien et le philosophe de la connerie,
00:50et ça méritait effectivement un livre comme le vôtre, et il est là.
00:54Et j'ai, encore une fois, et vous parlez d'Audiard, de Brassens, de René Fallet, de Jean-Yann, de Frédéric Dard,
01:01de Cavana, de Desproges, de Coluche, etc. et d'Yvan Audouard bien sûr.
01:06Vous faites l'histoire du mot, et puis rappelez-vous le mur des cons du syndicat de la magistrature,
01:13le film, le dîner de cons, qui a eu le succès que l'on sait international, d'ailleurs vous en parlez,
01:19mais on va remonter à l'histoire. D'abord, le mot con.
01:24Au départ, Luca de Gregorio ne signifie pas du tout un imbécile, ou etc.
01:30Ça signifie, ou alors corrigez-moi si je me trompe, le sexe de la femme, au départ.
01:36– Ah oui, tout à fait. Au départ, le mot appartient au lexique sexuel.
01:42Déjà en latin, l'origine latine c'est le mot cunus, donc qui désigne le vagin,
01:49et le mot va être transposé assez rapidement en ancien français à partir du Moyen-Âge,
01:55sous la forme qu'on lui connaît le plus souvent, c-o-n, et il va garder cette…
02:00– Donc c-o-n, pardon Luca de Gregorio, part de quelle date ?
02:04Quand a apparu, je ne dis pas le jour ou la date, mais à peu près, le mot con ?
02:08– Autour du XIIe siècle, dans un roman médiéval fameux qui s'appelle le Roman de la Rose.
02:14– Ah oui, bien sûr.
02:16– C'est là qu'on trouve la première attestation du mot con en langue vulgaire,
02:21ce qu'on appelle le français du Moyen-Âge.
02:25– Ah d'accord, donc XIIe siècle, ok.
02:28– Et en fait, la principale exception sous laquelle on le connaît aujourd'hui,
02:33c'est-à-dire l'insulte, comme vous le disiez, c'est assez récent,
02:36c'est l'affaire du tournant du XIXe siècle, après la révolution française en gros.
02:41Et c'est là qu'on va trouver,
02:44alors évidemment pas dans des écrits publiés par les auteurs au départ,
02:48mais dans leurs correspondances, dans leurs journaux intimes,
02:51je pense au journal des frères Goncourt par exemple,
02:54le mot con utilisé comme insulte pour vilipender les contemporains.
02:58– Et vous dites, d'ailleurs dans le livre, vous dites que ça a été,
03:02pour la première fois à l'imprimerie, parce qu'il s'était banni de l'imprimer évidemment,
03:06ça a paru en 1914, comme ça, c'est ça ? Peu près ?
03:11– Autour du XXe siècle, parce qu'à partir du XXe siècle,
03:18il y a quand même des écrivains qui s'autorisent par exemple
03:22à faire des tentatives d'écriture en argot, à relâcher un petit peu leur langage,
03:27on n'est pas loin de Céline qui commencera à écrire au tournant des années 30,
03:31et donc le mot commence à apparaître, je dirais, dans la littérature romanesque
03:35de grand chemin ou légitimée, c'est-à-dire qui est reconnue par les critiques.
03:40Auparavant quand même, le mot avait circulé dans les sphères surréalistes,
03:45dans la sphère cabarettière comme au Chat noir par exemple,
03:49mais de manière beaucoup plus confidentielle.
03:51– Voilà, et après évidemment, c'est devenu le mot le plus utilisé de langue française,
03:56soyons clairs, il n'y a pas un politique, un animateur,
04:01qui à un moment donné n'emploie pas le mot con.
04:03On va en parler tout de suite après cette petite pause, Lucas de Grégorio,
04:07on va effectivement prendre le temps, parce que c'est passionnant,
04:11comme votre livre d'ailleurs, à tout de suite.
04:14– Soudradio. – Parlons vrai.
04:16– Parlons vrai. – Soudradio.
04:17– Soudradio. – Parlons vrai.
04:18– Parlons vrai. – Parlons vrai.
04:19– Soudradio. – Soudradio.
04:22– Parlons vrai.
04:24– Terre-de-France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente…
04:29– Ici Soudradio, les Français parlent au français,
04:39je n'aime pas la blanquette de veau, je n'aime pas la blanquette de veau.
04:44– Soudradio Bercov dans tous ses états.
04:48– Effectivement, dans tous mes états, en lisant médire des cons de Lucas de Grégorio.
04:54Justement, monsieur de Grégorio, écoutez.
04:57– Je pense que quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner.
05:01– Les cons, ça ose tout, et c'est même à ça qu'on les reconnaît.
05:04– Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ?
05:07– Non.
05:08– Un voleur, de temps en temps, ça se repose.
05:11– La connerie à ce point-là, moi, je dis que ça devient gênant.
05:15– La notoriété, le prestige.
05:18– La notoriété.
05:21– La notoriété, le prestige.
05:23Oui, Lucas de Grégorio, effectivement, vous avez reconnu, c'est Audiard,
05:26c'est les paroles du grand, on peut dire le Karl Marx des cons,
05:31Michel Audiard des cons, de la connerie, pardon, évidemment.
05:34Pas de mauvaises, pas de contresens.
05:38Juste un mot, et je parle à l'historien.
05:42Quand est-ce qu'on sait, et vous en parlez, mais comment le con, organe féminin,
05:51d'ailleurs vous savez qu'il y avait la plus belle définition,
05:55c'est Max Ernst, le poète surréaliste, qui parlait du sourire vertical.
06:00Une des très très belles expressions.
06:02Alors, simplement, quand le con est devenu une insulte,
06:12comment, pourquoi ? C'est ça, c'est quand même intéressant.
06:16– Oui, je vois ce que vous voulez dire.
06:18Par quel glissement on est passé d'une signification à l'autre ?
06:21Quelle analogie vous faites ?
06:23– Voilà.
06:24– Il y a des hypothèses, en fait, là-dessus.
06:27J'essaye d'en synthétiser quelques-unes que les spécialistes du langage ont faites.
06:31Il y a peut-être une identification au lapin,
06:37parce qu'en fait le mot con, en ancien français,
06:40était proche du mot conil, qui était une manière de nommer le lapin.
06:44Et donc, peut-être en raison d'une forme d'ardeur sexuelle présumée du lapin,
06:50on est passé du con à la lapine.
06:58– D'accord.
06:59Et alors, ça a apparu, et vous l'avez dit, dans l'exception aujourd'hui du mot con,
07:05au tournant du XXe siècle.
07:07Et alors, c'est très intéressant dans votre livre,
07:09parce que vous parlez de tous les écrivains, les cinéastes,
07:12tous ceux qui ont parlé, qui ont utilisé le mot.
07:16Et comment ça a pris cette formidable universalité, en tout cas dans la langue française ?
07:25– L'hypothèse que j'essaye de faire dans le livre, et que j'essaye de démontrer,
07:29c'est qu'un moment important s'est joué au moment de la guerre,
07:32avec une expérience générationnelle très particulière.
07:35– La guerre de 1918, vous parlez, bien sûr.
07:37– La guerre 40.
07:39– Ah, plutôt 40 que 1918 ?
07:41– Oui, parce que jusqu'en 1940, le mot commençait à apparaître ça et là
07:46dans les publications romanesques, notamment en langue française,
07:49mais on n'en était pas encore à ce que j'appelle le discours du con,
07:53l'habitude à parler de la connerie, le sport national,
07:56tel que le pratiquera Audiard ensuite dans les années 60 et 70.
08:01Ce que j'ai constaté quand même, c'est qu'on a une grappe d'auteurs,
08:06une constellation d'auteurs qui sont quand même proches du point de vue
08:09de leur date de naissance.
08:10Vous avez Audiard qui est né en 1920, Brassens et Frédéric Dard en 1921,
08:15Cavana en 1923, René Fallet en 1927.
08:20Je ne veux pas exagérer les similitudes entre ces personnages
08:29et entre ce qu'ils vont devenir ensuite, respectivement,
08:33mais ils partagent quand même assez globalement le fait d'avoir vécu
08:37à 20 ans, autour de 1940-45, une espèce de guerre manquée.
08:41C'est-à-dire qu'ils ont chacun à leur manière,
08:44on aurait pu ajouter Antoine Blombin aussi,
08:46mais ils n'étaient ni franchement résistants, ou en tout cas,
08:50ils n'ont pas attaché une énorme importance, même quand ils ont eu
08:53parfois quelques mouvements d'engagement à cet engagement,
08:56et ils n'ont pas été non plus d'affreux collaborateurs.
08:59Ils ont été comme des millions de Français, subissant la guerre,
09:04souffrant de la guerre, mais n'en retirant pas de bénéfices symboliques
09:10particuliers du point de vue des grandes histoires.
09:14L'honneur, la patrie, l'aventure, la liberté, ils n'ont pas connu.
09:18Il n'y a pas eu de mythe compensatoire, de mythe consolateur,
09:22qui leur a permis de tirer plus près de gloire de la guerre.
09:26Et je pense que dans ce contexte-là, et c'est perceptible dans les textes
09:31de jeunesse de certains d'entre eux, ils sont sortis de la guerre
09:36en observant la période de changement de régime,
09:39la période de débandade, de recasage idéologique des uns et des autres,
09:43sur fond de victoire, de participation des Français à la victoire.
09:48Il ne faut rien retirer au général de Gaulle, évidemment, sur ce point-là.
09:51Dans la politique politicienne, c'est une période très bousculée.
09:56On a des recasages politiques, institutionnels, etc.
10:01C'est une période qui n'est d'ailleurs pas sans analogie,
10:03toute proportion gardée avec ce qu'on est en train de vivre,
10:05où tout le monde s'agit dans tous les sens.
10:07Et ça a provoqué chez eux une espèce de dégoût,
10:11qui les a portés à dire, et René Fallet l'écrit dans ses carnets de jeunesse,
10:15Brassens l'écrira dans Le Pornographe pour la première fois en 1958,
10:19on regarde passer les cons dans ce pays.
10:22La France est un pays de cons.
10:23Oui, c'était le titre d'un livre de René Fallet, vous le dites dans votre livre.
10:27C'est la notation du carnet intime de René Fallet.
10:32Et donc là, l'expression s'est popularisée.
10:35Vous voulez dire, tous ces gens-là utilisaient le mot pour dire quoi ?
10:39Alors justement, vous en parlez dans votre livre,
10:42comment vous définiriez, alors sans amalgamer et assimiler tout le monde,
10:48le con, c'est quoi ?
10:50C'est un imbécile ? C'est un crétin ?
10:53C'est un, je donne des synonymes peut-être,
10:56c'est quelqu'un de bête ? C'est quoi ?
10:58Comment on pourrait définir le con Lucas de Gregorio ?
11:02C'est la question la plus compliquée que vous pouviez me poser,
11:07puisque le livre propose tout sauf une définition de la connerie,
11:11une psychologie de la connerie.
11:12Tout ça, je ne me sentais pas capable de le faire.
11:15On a tous des exemples en tête, peut-être des collègues de travail,
11:19des choses comme ça.
11:20Mais à l'époque, ce que la connerie sert à désigner,
11:25c'est une forme de médiocrité ambiante.
11:28C'est-à-dire que ce n'est pas une classe sociale particulière,
11:31même si on s'en rend, notamment chez René Fallet,
11:34assez régulièrement à la bourgeoisie.
11:36Mais pas seulement, c'est aussi une médiocrité
11:39qui peut accabler une partie des classes populaires.
11:42Pensez un petit peu dans le film de Claude Autant Lara,
11:46La traversée de Paris, Jean Gabin qui s'adresse à des petits cafetiers
11:50et qui les traite de salauds de pauvres.
11:53Donc, il y a une espèce d'attitude de rejet de tout ce qui est médiocre,
11:59qui vient beaucoup de cette expérience de la guerre manquée
12:02que j'ai essayé de déterminer.
12:04Des personnages, des protagonistes de cette histoire.
12:09Donc, le con n'a pas de profil sociologique à La Libération,
12:12et d'ailleurs, il n'en aura pas davantage vraiment
12:15dans les films dialogués par Michel Audiard dans les années 60.
12:18Le con, c'est celui qui n'est pas dans le coup,
12:20c'est celui qui n'est pas affranchi,
12:23c'est celui qui n'a pas les codes,
12:25c'est celui qui participe d'une médiocrité de masse.
12:28Mais en même temps, le traiter de con,
12:30et c'est pour ça que je parle de snobisme populaire,
12:32pour l'habitude à médire des cons,
12:34traiter de con quelqu'un, c'est en même temps utiliser un terme populaire
12:38qui, depuis l'intérieur des parlais populaires,
12:41si vous voulez, distingue le bon grain de l'ivraie.
12:44Donc, c'est une attitude profondément ambivalente
12:46qui a son côté aristocratique puisqu'on dénonce la médiocrité,
12:50mais qui en même temps se revendique d'un ancrage populaire.
12:53Et tous les auteurs dont on parle,
12:55ce sont quand même des auteurs qui ont donné un tour
12:57assez plébéien à leur littérature.
13:01Donc, c'est une ambiguïté qui est intéressante
13:03et que j'essaye de mettre au cœur du livre.
13:05Oui, tout à fait, et vous l'avez très bien décrite.
13:08Et la question shakespérienne qu'on peut se poser,
13:10est-on toujours le con de quelqu'un ?
13:13On en parle après cette petite pause.
13:15Je vais me poser des questions, André, si vous m'invitez à dîner.
13:18On va marquer une courte pause sur Sud Radio,
13:20on revient dans un instant avec Lucas Di Gregorio
13:22qui est notre invité, et vous au 0826 300 300.
13:26Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
13:29appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
13:33Terre-de-France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente...
13:41Ici Sud Radio.
13:45Les Français parlent au français.
13:49Les carottes sont cuites.
13:51Les carottes sont cuites.
13:53Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
13:56Et Lucas Di Gregorio,
13:59médire des cons, une histoire culturelle d'un snobisme populaire.
14:03Mais justement, Lucas Di Gregorio,
14:05alors on parlait...
14:07Je sais qu'on est toujours le con de quelqu'un,
14:09moi c'est une boutade,
14:10mais c'est vrai que c'est devenu
14:12quelque chose qui avait fait d'ailleurs scandale,
14:14et vous en parlez dans votre livre,
14:16que c'est quand le syndicat de la magistrature
14:18qui avait mis des photos
14:20de personnes qu'il n'aimait pas,
14:22dont notamment quand même un général dont la fille avait été massacrée,
14:25ils avaient appelé ça le mur des cons.
14:28Et ça, ça avait fait d'ailleurs scandale à l'époque.
14:31Donc, ce mot est employé, je ne dirais pas à temps et à travers,
14:36mais c'est devenu la chose du monde la mieux partagée.
14:39Ou la moins bien partagée.
14:42Oui, c'est ce que je dis au début du livre,
14:44c'est devenu assez transclassiste de médire des cons.
14:48C'est-à-dire qu'on aurait pu penser que c'était une affaire
14:51de comptoir et de zinc
14:54en pensant aux phrases de Michel Audiard
14:57et à l'univers de ses films.
14:59Mais en fait, ça s'est largement transféré
15:02aux pratiques langagières des classes les plus favorisées,
15:05dont les membres du syndicat de la magistrature en France
15:08sont évidemment un bon exemple.
15:10On peut penser aussi à Nicolas Sarkozy,
15:12qui avait rejeté
15:16quelqu'un qui l'insultait
15:18ou qui refusait de lui serrer la main,
15:20je ne me souviens plus,
15:22un pauvre con.
15:24Je ne sais pas ce qu'il faut en conclure
15:26sur le plan de la culture des élites,
15:28mais en tout cas, le mot est largement transclassiste
15:31et partagé, quelle que soit la catégorie professionnelle
15:35à laquelle on appartient.
15:39Vous énumérez d'ailleurs les auteurs,
15:42les artistes, etc.
15:44Je voudrais qu'on parle un peu
15:46justement,
15:50de ce film et cette pièce culte,
15:52Le Dîner de Con,
15:54et vous racontez, je ne savais pas,
15:56que ça a été joué
15:58et traduit internationalement.
16:00Vous racontez ça dans votre livre.
16:02Ça l'a été au moins dans trois pays.
16:04L'Inde, bizarrement.
16:06L'Inde, c'est incroyable.
16:10Comment on dit en Indie,
16:12le con, je ne sais pas.
16:14Alors, je ne me ferai pas le prononcer
16:18dans la langue,
16:20mais en tout cas, c'est traduisible en français
16:22par les talents.
16:24C'est une manière un peu ironique
16:26de parler des cons en disant les talents.
16:30Un talent malgré eux, si vous voulez.
16:34Ça l'a été aussi en Espagne,
16:36une pièce de théâtre,
16:38et là, on parle de cons
16:40comme de idiotas.
16:42Et le cas le plus intéressant
16:44d'un point de vue interculturel,
16:46c'est les États-Unis.
16:48On a fait en 2010
16:50un film
16:52avec Steve Carell
16:54qui s'intitulait
16:56Dîner of Schmucks.
16:58Et donc, Schmucks
17:00était censé intervenir
17:02pour remplacer con.
17:04Or, Schmucks
17:06est un mot yiddish
17:08qui a été intégré
17:10à l'américain.
17:12Et donc, en fait,
17:14c'est un désignant communautaire
17:16qui a une signification
17:18beaucoup moins universelle
17:20que dans la langue française.
17:22Ça a créé une polémique
17:24aux États-Unis.
17:26Le film a été mal reçu,
17:28il n'a pas eu énormément de succès,
17:30et le producteur a même dû,
17:32comme souvent aux États-Unis,
17:34se fendre d'une lettre d'excuse
17:36dans un journal
17:38pour ne pas passer pour une insulte communautaire.
17:40Alors qu'en France, il n'y a aucun problème.
17:42On n'a jamais la sensation
17:44d'essentialiser une communauté
17:46quand on parle des cons,
17:48c'est un des grands dégâts de la pratique.
17:50C'est l'universalité du con
17:52qui, pour nous,
17:54nous intéresse.
17:56Mais d'ailleurs, c'est intéressant,
17:58vous parlez d'exemple américain,
18:00parce que, vous savez,
18:02il y a un livre très connu de Richard Kennedy
18:04qui s'appelait
18:06Confederation of Dancers,
18:08il lui parlait de dancers,
18:10et il y a Fools en américain, ils auraient pu utiliser Fool,
18:12mais enfin bon, c'est un autre problème.
18:14Et dites-moi, justement,
18:16dans votre livre,
18:18vous racontez un peu,
18:20au fond, qu'est-ce qu'on peut dire,
18:22vous parlez Cyrano de Bergerac,
18:24vous parlez de, vraiment,
18:26vous faites l'inventaire de la littérature française
18:28de ce mot,
18:30et pas seulement de ce mot, mais de la manière
18:32dont, c'est quand même très lié
18:34à un certain type de pamphlet,
18:36d'écrit, etc.
18:38Est-ce que ça a marqué, si vous voulez,
18:40justement, je voudrais que vous nous disiez,
18:42dans l'univers de la littérature,
18:44du pamphlet, etc.,
18:46est-ce que le mot con a joué un rôle
18:48très important,
18:50et continue de le faire ?
18:52– Je vous avais
18:54assez raison, je crois,
18:56déjà, il faut dire une chose,
18:58c'est que, sans essentialiser la littérature
19:00française, elle a une certaine
19:02tendance, par rapport à d'autres littératures,
19:04à surdéterminer
19:06la place de la manière de
19:08tourner un discours dans la langue.
19:10C'est-à-dire, pas seulement de raconter une histoire,
19:12pas seulement de
19:14dérouler un propos,
19:16mais la manière de la tourner dans la langue.
19:18Et ça, c'est observé
19:20depuis Boileau,
19:22depuis le Grand Siècle,
19:24ça se poursuit avec
19:26les pamphlets terres du XIXe,
19:28ça irrigue, c'est une caractéristique,
19:30c'est une quantité de genres littéraires,
19:32tout au long de l'histoire,
19:34et les livres qui vont porter
19:36le discours du con, héritent un petit peu de ça,
19:38c'est pas pour rien, par exemple,
19:40qu'ils vont souvent prendre la forme
19:42d'une anthologie de citations,
19:44qui peut faire penser au Maxime
19:46de La Rochefoucauld,
19:48qui peut faire penser à des
19:50genres littéraires dont la France a quand même
19:52raffolé
19:54au fil des siècles.
19:56Et donc, il y a cette dimension du
19:58pamphlet, il y a cette dimension de la logique
20:00de l'anthologie de citations, aussi de la bonne phrase,
20:02ce que j'appelle,
20:04avec un critique du cinéma qui en a bien parlé,
20:06le complexe de Cyrano,
20:08c'est-à-dire l'idée de triompher par le langage,
20:10en fait, de triompher par la bonne phrase,
20:12même si on y perd
20:14beaucoup sur le plan concret,
20:16amoureux, si on y perd la vie,
20:18au moins, on aura triompher par la bonne phrase,
20:20donc ça, je pense que c'est
20:22un élément...
20:24L'équivalent du
20:26panache, puisque vous parlez de
20:28Cyrano, effectivement,
20:30j'ai le bon mot, je peux traiter
20:32quelqu'un de con, et d'ailleurs, juste
20:34un mot, vous savez, c'est dans
20:36Toulouse, de Nougaro, il dit
20:38on se traite de con avant qu'on ne
20:40se traite, disait
20:42Nougaro dans sa chanson sur
20:44Toulouse. Esteban, je crois
20:46que nous avons... Oui, c'est Yves qui nous
20:48appelle depuis Arcachon, bonjour Yves !
20:50Bonjour Yves ! Bonjour, oui,
20:52simplement, votre débat m'intéresse
20:54Tout à fait, merci monsieur Guigui
20:56Simplement pour signaler,
20:58nous avons quatre filles, mon épouse et
21:00moi, et
21:02quand elles étaient adolescentes,
21:04elles ont essayé de mettre
21:06dans le langage courant
21:08ces pines, plutôt que ces cons,
21:10parce que quand même,
21:12c'est discriminatoire, c'est...
21:14C'est antiféministe,
21:16vous voulez dire, c'est ça ? C'est antiféministe,
21:18voilà, donc
21:20je suggère que l'on parle de
21:22ces pines, plutôt que ces cons,
21:24voilà. Ah, alors c'est intéressant,
21:26vous voulez vraiment faire la révolution, vous,
21:28hein, vous voulez...
21:30C'est votre côté woke, ou
21:32cancel culture, Yves ? Ah non, non, c'est mon côté
21:34c'est mon côté mal
21:36blanc depuis plus de cinquante ans.
21:38Oui, mais alors, écoutez, on va pas
21:40faire la discussion là-dessus, parce que
21:42c'est une discussion sémantique, mais pourquoi
21:44dit-on la pine, et
21:46pourquoi dit-on le con ? Pourquoi
21:48le con est masculin, et la pine
21:50est féminine ? Je n'avais jamais
21:52observé ça.
21:54Alors,
21:56la mère de nos quatre filles était agrégée
21:58de lettres classiques. D'accord.
22:00Ben voilà,
22:02c'est très bien. Merci Yves.
22:04Merci Yves. On va se marcher avec mes
22:06Lucas de Gregorio, vous savez, c'est intéressant
22:08ça, vous voyez, la pine,
22:10parce que la pine n'est jamais devenue un mot,
22:12c'est intéressant. Personne ne dira espèce de pine.
22:14Personne ne traitera quelqu'un
22:16à, oui, on fera pas le dîner de pines.
22:18On fera le dîner de pines.
22:20Ça n'est plus tellement à la mode
22:22de le rappeler, mais la linguistique montre
22:24quand même que le genre grammatical
22:26et le genre sexuel sont deux choses
22:28qui n'ont pas de correspondance
22:30nécessaire. Pourquoi on dit la chaise
22:32et le fauteuil ? Vous pourriez reconduire la même
22:34réflexion à ce propos-là.
22:36Le genre grammatical est une abstraction
22:38linguistique.
22:40Donc vous pouvez trouver, pour des
22:42objets que vous vous représentez comme féminins,
22:44un déterminant masculin
22:46pour les normes.
22:48C'est intéressant à propos des organes, parce que
22:50le co-organe féminin, la pine,
22:52organe masculin, c'est quand même plus que
22:54la chaise et le fauteuil.
22:56Oui, c'est vrai,
22:58mais ça montre encore plus peut-être
23:00cette non-correspondance et cette liberté
23:02par rapport aux réalités sexuelles.
23:04Absolument.
23:06Il y avait une question avant de prendre Jacques sur les réseaux sociaux,
23:08est-ce que du coup le fait de dire connes est faux ?
23:10Ah oui, espèce de connes.
23:12Si on dit les connes.
23:14On dit même les connasses, etc.
23:16C'est certainement pas une erreur.
23:18De toute façon, tout ce qui entre dans l'usage
23:20par définition existe
23:22et mérite d'exister.
23:24Mais c'est vrai qu'il y a une réticence
23:26chez bon nombre d'auteurs
23:28dont je parle dans le livre à parler
23:30de con pour les femmes.
23:32C'est-à-dire qu'on a quand même l'impression que c'est un
23:34empannage masculin.
23:36Connes renvoie à d'autres connotations
23:38qui sont finalement assez différentes
23:40des contextes dans lesquels on parle
23:42des cons.
23:44Peut-être en raison de l'origine étymologique
23:46justement. Il y a une espèce de
23:48réticence à ramener
23:50la femme à ce désignant-là
23:52peut-être en raison du fait qu'il a
23:54désigné le sexe féminin au départ.
23:56On parle pas facilement
23:58des cons comme de
24:00femmes.
24:01Jacques est avec nous depuis les Landes. Bonjour Jacques.
24:03Bonjour Jacques.
24:06On va retrouver Jacques dans un instant.
24:08On va continuer l'entretien avec
24:10Lucas Di Gregorio. Alors justement
24:12Lucas Di Gregorio, est-ce que
24:16les
24:18écrivains les plus divers,
24:20les gens les plus divers ont utilisé
24:22le mot, bien sûr le mot
24:24dont on parle depuis le début.
24:26Mais vous mettez en titre
24:28médire des cons.
24:30Est-ce qu'il n'y a pas des éloges du con ?
24:34Est-ce qu'il n'y a pas des éloges des cons ?
24:36Est-ce qu'il n'y a pas eu des contradicteurs ?
24:38Je dirais.
24:40Il y a une tradition d'éloge
24:42de l'idiotie.
24:44Parce que l'idiotie,
24:46dans l'histoire de la littérature, ça passe pour plus
24:48sublime que la connerie.
24:50La connerie c'est quand même difficile,
24:52sinon de manière ironique et paradoxale,
24:54d'en faire l'éloge.
24:56Vous avez quelques phrases d'Audiard.
24:58Audiard disait par exemple, un intellectuel
25:00assis va moins loin
25:02qu'un con qui marche.
25:04Peut-être parce qu'il détestait encore plus les intellectuels
25:06que les cons, peut-être.
25:08C'est son petit avis.
25:10Je le croirais volontiers.
25:14Après, il y a une tendresse pour les cons
25:16qu'on voit par exemple dans le dîner de cons,
25:18où finalement c'est Jacques Villerey qui emporte
25:20la mise, en tout cas sur le plan symbolique,
25:22puisque c'est lui qui avait raison
25:24et c'est un petit peu celui qui avait voulu
25:26le duper qui finit le plus mal
25:28dans l'histoire, le personnage de Thierry Lhermitte.
25:32Il y a une réversibilité tout le temps
25:34celui qui peut être con à un moment
25:36et finir
25:38finalement en meilleure posture.
25:40Il y a beaucoup de films qui fonctionnent là-dessus.
25:42C'est vrai, c'est vrai.
25:44C'est-à-dire que le con n'est pas celui qu'on pense
25:46et en tout cas, dans le film dont vous parlez,
25:48le dîner de cons, effectivement, ça se voit très bien.
25:50Est-ce que
25:52est-ce que
25:54est-ce que c'est
25:56réservé quand même, je dirais
25:58parce que vous parlez aussi de Jean-Paul Sartre
26:00vous abordez un peu tous les...
26:02Jean-Paul Sartre disait très bien
26:04c'est dans votre livre et ça va frapper
26:06que quand il avait la première fois le mot
26:08con, c'était sur un mur
26:10et qu'il avait peur de l'employer.
26:12Racontez parce que c'est...
26:14Parce que Sartre raconte
26:16dans les mots que son
26:18apprentissage de la langue s'est fait à travers
26:20la littérature
26:22et la littérature qui était présente dans la bibliothèque
26:24de la famille très bourgeoise
26:26qui était la sienne et très contenue
26:28sur le plan de la morale
26:30et donc il raconte son rapport au monde à travers le rapport
26:32au livre. Et comme on le disait
26:34le mot con n'était pas un mot
26:36volontier imprimé jusqu'à une
26:38certaine période dans la
26:40littérature, dans les publications de littérature
26:42française. Et donc sa première occasion
26:44de découvrir ce mot
26:46c'est sous forme de tag. On pourrait dire
26:48que c'est comme ça qu'il mourait sur le mur
26:50sur l'un des murs de l'école
26:52et il le présente vraiment dans
26:54les mots comme une espèce de choc culturel
26:56c'est-à-dire qu'il ne s'imaginait pas
26:58qu'on puisse utiliser la langue
27:00pour écrire des choses comme ça
27:02et il a un passage assez beau
27:04d'ailleurs sur le côté fascinant du mot
27:06même au sens plastique. C'est un mot qui
27:08claque, c'est un mot simple
27:10ça nous renseigne
27:12beaucoup sur sa capacité
27:14à être utilisée aussi
27:16la forme plastique. Nous avons
27:18retrouvé Jacques André qui nous appelle depuis
27:20les Landes. Bonjour Jacques. Bonjour Jacques
27:22Oui bon bonjour bonjour
27:24alors donc bon
27:26l'émission là sur les cons ça me fait toujours
27:28rire puisque bon je suis bientôt
27:3070 ans mais le mot cons
27:32quand vous avez parlé
27:34on est le con de quelqu'un etc
27:36plus le mot anargo etc
27:38et j'ai retrouvé
27:40je suis remonté dans mon grenier
27:42et j'ai retrouvé celui qui
27:44parce que j'avais pas mal
27:46de bouquins, j'avais pas tout retrouvé
27:48j'en ai 4 ou 5 sur les cons
27:50et donc mais un que j'ai retrouvé
27:52c'était celui de
27:54San Antonio
27:56pour les jeunes ils ne connaissent pas
27:58les histoires
28:00de policiers
28:02de Frédéric Dard
28:04et donc voilà avec les cons
28:06et puis alors
28:08dans son roman
28:10policier où c'était
28:12bon c'est à rire
28:14mais il mettait aussi quelques
28:16logis qui
28:18je vais en dire une
28:20il y avait une justice puisque le con
28:22c'est
28:24voilà
28:26c'est vrai qu'il en a sorti
28:28beaucoup Frédéric Dard
28:30ou alors la loi c'est l'autorité du con
28:32quoi
28:34ah oui là on peut en sortir
28:36énorme c'est vrai
28:38c'est à dire que dans cette époque là
28:40maintenant aussi où
28:42il y a vraiment de plus en plus
28:44de cons et
28:46mais par contre il y a de plus en plus
28:48aussi de haineux
28:50donc c'est
28:52on vit en monde
28:54que
28:56moi je suis du
28:58siècle dernier puisque je suis du
29:00vingtième moi
29:02bon je ne verrai pas la fin
29:04mais c'est
29:06oui c'est devenu plus dur justement
29:08Jacques je voudrais demander à Luca De Gregorio
29:10c'est vrai il y a une chose que Jacques
29:12dit il a raison
29:14on peut dire oui il y a des gens qui disent
29:16sale con, pauvre con mais avec
29:18haine, avec rancœur, avec
29:20hostilité, on emploie aussi le mot
29:22con
29:24pour manifester son hostilité
29:26ou connard
29:28etc bien sûr
29:30alors connard encore plus
29:32peut-être mais con a une valeur d'insulte
29:34évidente
29:36mais une des choses qu'on peut dire
29:38assez raisonnablement
29:40c'est que l'insulte ou en tout cas
29:42la vitupération ou vilipender
29:44quelqu'un c'est quelque chose
29:46qui sera difficilement
29:50annulable dans la société
29:52donc il y a une fonction sociale
29:54de l'insulte et
29:56mais dire des cons je dirais
29:58que ça peut être une insulte
30:00qui selon l'intonation dans laquelle
30:02on se place pour la prononcer peut être
30:04violente mais c'est difficile de dire
30:06que ce soit un discours de haine en soi
30:08puisqu'il est tellement minéralisant
30:10tellement réversible
30:12tellement
30:14qu'il fonctionne tellement
30:16sans cibler aucune communauté particulière
30:18que vous êtes un peu
30:20à armes égales avec tout le monde
30:22quand vous médisez des cons
30:24vous pouvez vous voir répondre la même chose par votre interlocuteur
30:26donc il y a quand même une dimension
30:28de soupape
30:30sociale dans cette
30:32pratique
30:34qui ne réduit quand même pas ce discours là
30:36à un discours de haine
30:38sauf à considérer que la haine
30:40et toute forme d'hostilité est un discours de haine
30:42mais à ce moment là je veux dire
30:44on est très large dans les définitions
30:46bien sûr, bien sûr, non mais d'ailleurs le livre
30:48est en tout cas un livre beaucoup plus
30:50d'humour et de vie
30:52que de manifestation de haine
30:54c'est clair votre livre
30:56on reprend juste
30:58sur les cons la connerie
31:00après cette petite pause
31:02avec vous au 0826 300 300 et Luca Di Gregorio
31:04qui est notre invité aujourd'hui, à tout de suite
31:12terre-de-france.fr
31:14le premier site d'articles français
31:16et patriotes présente
31:18ici Sud Radio
31:22les français
31:24parlent au français
31:26je n'aime pas
31:28la blanquette de veau
31:30je n'aime pas la blanquette de veau
31:32Sud Radio Bercov dans tous ses états
31:34avec André Bercov et Luca Di Gregorio
31:36pour ce livre
31:38Médire des cons et nous avons
31:40Grégory qui nous appelle depuis les Alpes Maritimes
31:42bonjour Grégory
31:44bonjour messieurs
31:46alors si vous voulez
31:48moi je suis parti d'un principe simple
31:50et puis quand on s'occupe un peu
31:52d'alchimie, de choses
31:54comme ça, qui peuvent être très compliquées
31:56si on ne fait pas simple
31:58on s'aperçoit que souvent
32:00avant de monter dans les branches de l'arbre
32:02il faut peut-être rester dans les racines de l'arbre
32:04donc partant
32:06de ce principe là
32:08je me dis moi
32:10que le mot con
32:12étant au départ
32:14le sexe de la femme
32:16c'est un vide
32:18à remplir
32:20donc
32:22précisez le fond
32:24de votre pensée
32:26donc qu'est-ce que ça veut dire ?
32:28ça veut dire qu'un con
32:30c'est quelqu'un, excusez-moi
32:32c'est pas vulgaire ce que je vais dire
32:34ça reste du français mais c'est quelqu'un
32:36qui se fait mettre
32:38ah oui d'accord
32:40voilà
32:42il est vide, il faut remplir ce vide
32:44donc voilà
32:46alors après par exemple
32:48bon j'ai pas l'étymologie du mot
32:50idiot mais la différence
32:52un idiot est plus sain par exemple
32:54parce qu'il ne réfléchit pas
32:56le con est quelqu'un qui peut être
32:58influençable donc
33:00on va l'attraper, on va lui mettre des idées
33:02dans la tête, il va dire amène
33:04tout ça, il va dire regarde-moi ce con
33:06ouais
33:08c'est intéressant, c'est ce que vous dites
33:10Lucas de Grigorio, est-ce qu'il n'y a pas justement
33:12cette dimension
33:14vous savez il y a beaucoup, on l'entend
33:16souvent, ouais ouais le peuple français ou le
33:18peuple machin, ceux-là sont tous des cons
33:20enfin amalgame évidemment
33:22généralisation facile mais est-ce qu'il n'y a pas
33:24aussi ce côté alors que vous pensez
33:26de cette notion de vide à
33:28remplir
33:30c'est possible
33:32c'est possible qu'il y a cette idée que
33:34le con
33:36par analogie serait
33:38l'esprit vide qui pourrait se faire
33:40farcir la tête de toute une série
33:42d'idées qui ne sont pas les siennes
33:44qui répercuteraient des lieux communs comme ça
33:46ça me paraît pas être
33:48une mauvaise interprétation du tout
33:50une chose dont je parle aussi c'est que le mot
33:52lui-même, pas tellement, parce que vous avez bien
33:54compris que je ne m'intéresse pas tellement à la chose
33:56en fait je m'intéresse à la manière
33:58d'employer le mot, le mot lui-même
34:00c'est un signifiant vide
34:02qui n'a pas de vrai équivalent dans d'autres
34:04langues, qui n'a pas de définition
34:06très très précise, c'est pas une
34:08maladie mentale, c'est pas
34:10une maladie sociale
34:12ce sera difficile de faire de la recherche
34:14en psychologie autour de la connerie
34:16et donc il y a
34:18trouver un vaccin anti-con
34:20par exemple
34:22ce serait un succès
34:24mais
34:26oui effectivement c'est un signifiant vide
34:28c'est un mot qui a une certaine vacuité
34:30en tout cas, ce qui lui permet
34:32d'avoir une extraordinaire mobilité
34:34dans les discours des uns et des autres
34:36et dans les œuvres de la culture
34:38médiatique, de la chanson, à la presse
34:40satirique, en passant par le cinéma, le roman
34:42etc.
34:44En tout cas, Lucas de Grégoriot, vous avez
34:46très très bien célébré les cons
34:48il faut le dire, on va d'ailleurs
34:50entendre la chanson de Gainsbourg
34:52qui est pour un con
34:54et bravo pour votre livre
34:56parce que c'est aux éditions
34:58du CERF et vous allez passer un bon
35:00moment à le lire, je vous le dis.
35:02Merci beaucoup André Bercoff.
35:04Merci beaucoup Lucas de Grégoriot, justement on le rappelle
35:06ce livre, Médire des cons, histoire culturelle
35:08d'un snobisme populaire
35:10publié aux éditions du CERF, allez le lire
35:12vraiment, ça vous changera peut-être
35:14les idées en cette période si
35:16morose. On va se retrouver demain André Bercoff
35:18de 13h à 14h pour la culture, vous recevrez
35:20Joe Estar, je crois
35:22ça va bouger dans l'émission. Voilà absolument
35:24l'argot, il a fait un livre entier
35:26avec Paolo Labrèze
35:28lui il est avocat, l'autre
35:30est détenu
35:32et il parle argot
35:34pour parler de la justice, c'est très fort.
35:36Et demain de midi à 13h ce sera donc
35:38Alexis Poulin qui sera aux commandes tout de suite.
35:40Brigitte Lay sur Sud Radio, à demain.

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