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Pierre Talamon, Fédération nationale de l’Habillement, répond aux questions de Victor Pourcher. Ensemble, ils reviennent sur l'étude qui révèle que les Français réduisent leurs dépenses liés à l'habillement alors que le secteur est en crise.

Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00C'est peut-être l'une des dépenses que vous avez réduite en priorité depuis le début de l'inflation.
00:08L'habillement, les chaussures que vous vouliez, les t-shirts pour les petits,
00:12ce pantalon plutôt sympa croisé en vitrine.
00:15Selon Refashion, un éco-organisme de la filière textile,
00:19les Français ont acheté moins de pièces neuves et moins chères en 2023.
00:24L'occasion, elle, grimpe.
00:26Alors comment s'en sortent les petites boutiques comme les grandes enseignes qui traversent une crise et dont beaucoup ferment ?
00:32Et vous en parlez avec votre invité, Victor Pourchet, Pierre Talamon, président de la Fédération Nationale de l'Habillement.
00:36Bonjour Pierre Talamon.
00:38Bonjour.
00:39Et bienvenue sur Europe 1.
00:40Alors ce baromètre Refashion dit globalement les Français achètent moins de pièces neuves.
00:48J'imagine que c'est un chiffre qui ne vous surprend pas totalement.
00:53Non, vous l'avez dit, on parle en nombre de pièces là.
01:00Donc ça concerne le volume des achats de vêtements qui est effectivement en baisse en 2023 par rapport à 2022,
01:09mais qui reste toutefois supérieur à le pré-Covid, c'est-à-dire en 2019, qui reste supérieur.
01:20Par contre, en valeur, nous ne retrouvons pas le niveau de 2019,
01:27puisque les boutiques indépendantes, les boutiques de mode qui sont dans vos rues et principalement en centre-ville,
01:36ont perdu 3,7% par exemple cette année par rapport à 2022.
01:42Et par rapport à 2019 surtout, on est toujours à plus de moins 15% de baisse.
01:48Oui, parce qu'il y a ce chiffre aussi, Pierre Talamon.
01:517 pièces sur 10 que les Français ont achetées en 2023 coûtaient moins de 15,60€.
01:5815,60€ c'est le prix moyen d'un article.
02:02C'est vraiment le prix l'élément déterminant de cette crise ?
02:06Oui, on sent qu'il y a un contexte inflationniste qui est très fort,
02:11qu'il y a un pouvoir d'achat qui est en berne.
02:14Et vous l'avez dit tout à l'heure dans votre introduction,
02:1842% environ des Français qui restreignent leurs achats sur le post-vêtement,
02:24le post-habillement qui passe vraiment en dernier.
02:27En fait, il faudrait aussi corréler ces très bas prix.
02:33Vous parlez de 15,60€, vous savez sur ces 15,60€,
02:38vous avez même 30% du volume d'achat qui se fait en dessous pour la moitié de ces 15,60€.
02:45On tombe à 8€, je ne sais pas si vous vous rendez compte.
02:49Je pense qu'il faut aussi, puisque ces résultats incluent une partie des purplayers,
02:57c'est-à-dire les ventes en digital et notamment la plateforme internationale
03:04dont on parle beaucoup qui s'appelle Sheen,
03:08qui produit un million de pièces par jour dans le monde.
03:13Donc si vous voulez, avec les petits prix de ces plateformes,
03:17ça vient vraiment gangréner le secteur de la filière, de l'habillement.
03:23Oui, c'est ça, c'est purplayers.
03:25Alors pour nos éditeurs, c'est en fait les enseignes qui n'ont pas de boutique physique.
03:30C'est Sheen, c'est Amazon, c'est Asos.
03:33C'est Tému.
03:34Voilà, c'est des plateformes qui effectivement inondent le marché avec des petits prix.
03:39C'est ça, les commerçants sont submergés par cette vague-là ?
03:42Écoutez, ça dépend qui.
03:45Vous comprenez que l'entrée de gamme, vous avez des enseignes comme Primark ou BankiAbi
03:52qui se portent bien d'ailleurs, mais qui seraient plus susceptibles
03:55d'être concurrencées par ces plateformes internationales.
03:59Moi, je représente les boutiques de mode indépendantes.
04:01Donc si vous voulez, des multi-détaillants qui sélectionnent soigneusement leurs marques,
04:06qui font attention à apporter une valeur ajoutée au vêtement
04:12avec ce qu'on appelle un ADN au vêtement,
04:16c'est-à-dire une valeur stylistique qui soit forte
04:20et qui les différencie de ce que Sheen ou de ce que l'entrée de gamme peut proposer.
04:26Parce qu'il n'y a que cette façon-là d'en sortir aujourd'hui,
04:29c'est-à-dire de proposer, de travailler son produit,
04:33de le sélectionner et de proposer quelque chose de vraiment différent au consommateur.
04:40C'est ça qui est important.
04:41La désirabilité, on parle de désirabilité.
04:44Justement, en parlant de désirabilité, Pierre Talamant,
04:46je rappelle que vous êtes le président de la Fédération nationale de l'habillement.
04:50On a beaucoup parlé de prix, d'inflation.
04:52Est-ce qu'il n'y a pas aussi un changement d'habitude chez les consommateurs ?
04:5620% selon l'institut Cantar, 20% des Français interrogés
05:01déclarent avoir aussi réduit leur consommation pour des motifs environnementaux.
05:05Est-ce que ce n'est pas une nouvelle donne ça aussi ?
05:07Oui, ça gagne davantage les consciences aujourd'hui.
05:11C'est le marché de la seconde main, le marché de l'occasion en fait.
05:16Il est vrai que là, on a quand même de plus en plus de consommateurs
05:20qui font attention à ce qu'ils achètent.
05:22Espérons que c'est une tendance qui va s'ancrer dans le mode de consommation de main
05:28et que les gens, avant d'acheter un produit de plateforme digitale internationale
05:34qui ne participe même pas à l'enrichissement de la nation,
05:38s'il vous plaît, il n'y a pas d'empreinte économique en plus,
05:41que le consommateur réfléchisse à son achat
05:45et qu'il achète mieux de main,
05:49c'est-à-dire peut-être moins en quantité,
05:52mais qu'il fasse attention au niveau de la valeur de son produit.
05:57Vous voyez ? Moins en quantité, mais plus en valeur.
06:00Et on entend ce matin votre appel, Pierre Talamon sur Europe 1.
06:04Je rappelle que vous êtes le président de la Fédération nationale de l'habillement.
06:08Merci d'avoir été avec nous.
06:10Merci. Merci à vous.

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