• il y a 6 mois
Avec Jérôme Sainte-Marie, sondeur et politologue, président de l'institut Pollingvox ; François-Xavier Carayon, consultant en stratégie, auteur de "Les États prédateurs. Fonds souverains et entreprises publiques à la conquête de l'Europe" publié aux éditions Fayard.

Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h à 14h sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos de Bercoff dans tous ses états : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQe5oKZlhHutOQlGCq7EVU4

##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-06-10##

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00Sud Radio Berkhoff dans tous ses états, midi 14h, André Berkhoff.
00:00:07Respect !
00:00:11Je dissous donc ce soir l'Assemblée Nationale.
00:00:14C'est juste une dissolution.
00:00:18T'as un jeu extrêmement dangereux avec la démocratie.
00:00:22C'est juste une dissolution.
00:00:25C'est une trahison aussi parce qu'on le sait bien, on le voit bien,
00:00:27l'extrême droite a gagné des parts dans l'opinion publique.
00:00:30Calme-toi Gérard, y'a juste plus d'opposition.
00:00:34Je ne peux que saluer cette décision qui s'inscrit dans la logique des institutions de la Vème République.
00:00:40Calme-toi Gérard, juste une dissolution.
00:00:45Vive la France hier, vive la France !
00:00:49Eh oui, eh oui, eh oui, hier on vote, et puis hier on dissout.
00:00:57Vous vous rappelez cette phrase du dramaturge allemand Bertolt Brecht, très très connu.
00:01:02Il disait que dans un pays, on s'était y'a 50-60 ans, même un peu plus, même un peu plus.
00:01:07Et il disait que le peuple maugrait un peu contre le gouvernement, il n'était pas content du gouvernement.
00:01:12Et là le gouvernement excédé décida de changer de peuple et de le dissoudre.
00:01:18Sauf que c'est un peu plus compliqué aujourd'hui de dissoudre le peuple, ça prend quand même quelques difficultés.
00:01:24Donc, donc, on dissout l'Assemblée Nationale, on organise de nouvelles élections.
00:01:29Qu'est-ce qui s'est passé depuis hier ?
00:01:32Coup de tonnerre, coup d'épée dans l'eau, la montagne accouchera-t-elle d'une souris ?
00:01:37On va en parler tout de suite avec Jérôme Saint-Marie qui est sondeur et politologue, qu'on reçoit toujours avec plaisir,
00:01:43président de l'Institut Pauling Vox, c'est bien ça.
00:01:46Et puis nous allons ensuite parler évidemment de tout ce qui s'est passé, vous allez entendre des sonores magnifiques d'un peu partout.
00:01:54Ensuite nous allons parler effectivement du LGBT parce que pendant le vote, l'LGBT ça continue.
00:02:02Les flics aussi qui se font tabasser.
00:02:06Et puis la place de la femme dans l'avenir, vous verrez une petite séquence TikTok tout à fait étonnante.
00:02:12La place d'une femme est au foyer disait Landru, eux ils disent pas la même chose mais presque.
00:02:16Et enfin on va recevoir François-Xavier Carillon en seconde partie qui est consultant en stratégie,
00:02:21auteur de Les États Prédateurs, comment les fonds souverains et les entreprises publiques sont en train de tout rafler.
00:02:27Donc programme riche, restez avec nous et évidemment continuez à voter pour nous.
00:02:34Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente
00:02:40Ici Sud Radio, les français parlent au français, je n'aime pas la blanquette de veau.
00:02:53Sud Radio Bercov dans tous ces états.
00:02:58Dans tous mes états, la France dans tous ces états, l'Europe dans tous ces états, depuis hier quand même.
00:03:04Ne parlons pas de tremblement de terre, ne parlons pas de séisme, ne parlons pas de tsunami, n'exagérons rien.
00:03:09Mais quand même, mais quand même, je vais vous montrer deux cartes, deux cartes.
00:03:14Ça ce sont pour les gens qui sont sur Youtube et pour la radio, on expliquera.
00:03:18Élections européennes 2024 en France, sur les communes.
00:03:23Le Rassemblement National est en tête dans 94% des communes de France et de Navarre.
00:03:31Et sur les métropoles, c'est Glucksmann sauf Marseille et Nice, c'est le Rassemblement National.
00:03:37C'est quand même assez parlant.
00:03:39Et en fait, regardez, je montre ça pour l'image.
00:03:43Et encore mieux, en bleu, ce sont les départements.
00:03:49Quelle liste est arrivée en tête dans votre département ?
00:03:54Alors regardez bien, bleu, bleu, monochrome, pratiquement une toile de Tinguely, je ne sais pas, ou une toile Yves Klein.
00:04:01Sauf Paris, sauf la région parisienne, la région parisienne.
00:04:05Alors d'un côté, il y a la France Insoumise et d'un autre côté, il y a Valérie Ayé.
00:04:10Et un tout petit peu de Bardella à Paris, à Paris, à Paris.
00:04:14Intramuros, alors là c'est Glucksmann, c'est Ayé et ensuite c'est LFI, la France Insoumise.
00:04:21Intéressant, intéressant, à part ça, effectivement, nous ne sommes pas clivés, nous ne sommes pas divisés, nous n'avons pas de problème,
00:04:28il n'y a pas de face à face, tout va bien dans le meilleur des mondes.
00:04:32Et en fait, Jérôme Sainte-Marie, moi je voudrais qu'avant qu'on fasse, alors c'est très intéressant,
00:04:38parce que depuis hier j'entends qu'il va se passer ça, il a 10 sous pour ça, il va y avoir,
00:04:43mais les ARN ne pourront pas tenir, on fait de la cuisine électorale, de la petite soupe électorale.
00:04:48Mais est-ce qu'on ne peut pas prendre le temps d'analyser ce qui s'est passé ?
00:04:52Et ce qui s'est passé est quand même très intéressant.
00:04:55Oui, je crois qu'on est en fait au bout d'une crise politique qui se déroule en France depuis juin 2022,
00:05:03depuis le second tour des législatives, depuis l'arrivée de près d'une centaine de députés de Rassemblement National,
00:05:09depuis l'absence de majorité pour le parti gouvernemental à l'Assemblée Nationale,
00:05:14les institutions sont déréglées en fait, et Emmanuel Macron continue à faire des réformes,
00:05:20récemment la réforme de l'allocation au chômage, la réforme des retraites qui a pris des millions de gens dans la rue,
00:05:25et il gouverne comme s'il était encore majoritaire et tout cela.
00:05:30Et ça les Français l'ont très mal supporté et l'ont sanctionné.
00:05:33Je voudrais d'ailleurs souligner que ce n'est pas le Rassemblement National qui a nationalisé ce scrutin.
00:05:39Au départ c'était plutôt une stratégie de faire des élections européennes, un référendum sur l'immigration
00:05:47et sur des sujets qui étaient à la fois français et européens.
00:05:51Mais on a eu la surprise, et pour le Rassemblement National l'heureuse surprise,
00:05:58de voir le Premier ministre et le Président de la République tenir à tout prix à s'inviter dans la campagne,
00:06:04sans se rendre compte d'un effet d'aveuglement assez incroyable,
00:06:08que les Français les rejetaient profondément et ils ont motivé, comme le disait Marine Le Pen juste avant l'élection d'ailleurs,
00:06:15ces interventions ont motivé les Français pour voter contre eux.
00:06:19Oui mais alors, Jérôme St-Marie, est-ce que ça ne date pas de plus loin ?
00:06:22Moi j'étais très frappé, on se balade beaucoup, enfin en tout cas les week-ends je me balade beaucoup en France,
00:06:27car je ne suis plus sur Sud Radio, et je suis très frappé par trois choses quand même.
00:06:32Est-ce qu'il n'y a pas eu cette accumulation, parce qu'il y a eu quand même,
00:06:35même si ce n'était pas le but du Rassemblement National,
00:06:38il y a eu un référendum anti-Macron, en tout cas ça a été ressenti comme ça par la population.
00:06:43Est-ce que le fait qu'il y ait eu, encore une fois, cette espèce de culture de la peur,
00:06:49du management à la peur, rappelez-vous, Covid, réchauffement climatique,
00:06:53guerre Russie-Ukraine, etc., etc., etc.,
00:06:57cette espèce de montée des clivages de partout,
00:07:02et qui a fait qu'au fond, beaucoup de gens qui peut-être n'auraient pas voté Rassemblement National,
00:07:07ils ont dit non, il faut absolument voter contre Macron,
00:07:10et pour eux, le vote utile, c'est, à tant rares raisons, c'est le Rassemblement National.
00:07:15Oui, il y a également le fait que les Français sont totalement affolés par l'état du pays.
00:07:19En réalité, nous sommes en crise, nous sommes mis en échec,
00:07:26et je dis nous pour pas uniquement accabler le gouvernement actuel,
00:07:29sur tous les sujets, regardez l'envol de la dette publique,
00:07:33c'est affolant pour aussi les retraités se mettre à voter Rassemblement National,
00:07:36c'est que jusqu'à présent, ils se disaient, bon ben,
00:07:38ils ont peut-être sur l'immigration des choses à nous dire,
00:07:40mais en économie, c'est pas terrible.
00:07:42Ils étaient macronistes d'ailleurs, la plupart.
00:07:44Et aujourd'hui, on voit bien qu'Emmanuel Macron, on se demande comment on pourrait faire pire,
00:07:47quand on voit l'envolée, encore une fois, de la dette, l'état des finances publiques.
00:07:52Vous avez, en matière d'éducation, les gens se rendent bien compte
00:07:56que les diplômes n'ont plus la même valeur, que tout ça s'effondre.
00:07:58L'immigration, je n'en parle pas.
00:08:00La production, la défense de l'industrie française, c'est terrible.
00:08:03Au niveau international, on a été rejeté de nos positions africaines, etc.
00:08:08Enfin, quel que soit, si vous voulez, c'est tout azimut,
00:08:11quel que soit l'angle que vous regardez,
00:08:14vous vous rendez compte que le pays est mis en échec.
00:08:17Et en même temps, on a un Emmanuel Macron incorrigible,
00:08:21qui d'ailleurs nomme M. Attal, rappelez-vous, on oublie vite en politique,
00:08:26il y a quelques mois, on nous disait que M. Attal était l'arme fatale anti-Bardella.
00:08:31On a vu ce qu'il en a été,
00:08:33et avec M. Attal, on avait la quintessence de ce que j'appelle, moi, le bloc élitaire,
00:08:37et dont les français ne peuvent plus.
00:08:39On n'est pas contre les élites en France, mais on veut que les élites soient efficaces.
00:08:42Quand elles échouent, ça rend nerveux.
00:08:44Il faut des élites, mais des élites qui soient compétentes.
00:08:46D'ailleurs, je rappelle votre livre, bloc contre bloc,
00:08:49et que nous avions effectivement analysé ici même.
00:08:52Et je voudrais rappeler qu'il y a des choses formidables.
00:08:54Vous vous rappelez qu'il s'est entretenu avec les journalistes,
00:08:58la journaliste de France 2 et la journaliste de TF1,
00:09:02juste avant les élections.
00:09:04Et on a entendu ceci.
00:09:06C'est ce que je suis en train de faire.
00:09:16Alors c'est formidable, ça écoutez bien, parce que ça dure très peu.
00:09:20Vous n'allez pas faire baisser le Front National.
00:09:23On n'aura pas, on n'aura pas, il voulait dire, on n'aura pas le Front National.
00:09:26Il dit, mais c'est ce que je suis en train de faire.
00:09:28On a vu le succès, très intéressant,
00:09:30et alors après, donc, il y a les résultats,
00:09:33et il annonce la dissolution.
00:09:36Voici comment.
00:09:37J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire, par le vote.
00:09:43Je dissous donc ce soir l'Assemblée Nationale.
00:09:48Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives
00:09:53qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour,
00:09:57et le 7 juillet pour le second.
00:10:01Alors là, c'est très intéressant, parce qu'effectivement,
00:10:04je me rappelle d'un mitterrand disant, il faut donner du temps au temps,
00:10:08et là, attention, le 30 juin.
00:10:10Nous sommes aujourd'hui le 10 juin,
00:10:13et voilà, vous avez 20 jours pour vous décider,
00:10:16et ne parlons pas des problèmes constitutionnels ou de loi,
00:10:20mais je voudrais juste, Jérôme Saint-Paris,
00:10:23vous faire entendre certaines réactions qui ont eu lieu
00:10:26juste après l'annonce de la dissolution.
00:10:29Je ne peux que saluer cette décision qui s'inscrit dans la logique
00:10:33des institutions de la Ve République.
00:10:36Nous y sommes prêts.
00:10:37Il faut bien admettre qu'il a eu raison de dissoudre.
00:10:41On a obtempéré aux exigences de Jordan Bardella.
00:10:45C'est en fait le Rassemblement National qui fixe désormais le tempo
00:10:49de la vie politique française.
00:10:51Rien ne l'y obligeait.
00:10:53C'est un jeu extrêmement dangereux avec la démocratie et les institutions.
00:10:58Ce soir, les Français nous envoient un message clair.
00:11:02Le Président de la République l'a dit.
00:11:04Pour réussir les élections législatives dans quelques semaines,
00:11:07je suis prête à rencontrer dans les jours qui viennent
00:11:09Marine Le Pen et Jordan Bardella, Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan
00:11:12pour travailler ensemble.
00:11:13Vive la droite qui ne baisse pas les yeux,
00:11:14vive Redonquette, vive la France fière, vive la France !
00:11:17C'est une trahison aussi parce qu'on le sait bien, on le voit bien,
00:11:20l'extrême droite a gagné des parts dans l'opinion publique.
00:11:24Et voilà, et voilà, vous avez entendu,
00:11:26vous avez entendu Manon Aubry,
00:11:28évidemment d'abord Marine Le Pen,
00:11:30puis Marion Maréchal, puis tous les autres qui y discutaient.
00:11:34Et ce qui est intéressant d'ailleurs,
00:11:36il y a eu deux choses qu'il faut remarquer,
00:11:38c'était le silence d'Eric Zemmour
00:11:40qui n'a jamais applaudi pendant tout le discours de Marion Maréchal.
00:11:45On sent que là, il y a quand même de l'eau dans le gaz,
00:11:47si on peut se permettre.
00:11:49Et puis, quand même, ce qui est intéressant,
00:11:51c'est que, il dit je dissous,
00:11:54et ça nous rappelle, Jérôme Sainte-Marie,
00:11:56d'autres dissolutions, notamment celle de De Gaulle,
00:11:59le 30 mai 68, je dissous l'Assemblée,
00:12:02et on connaît la suite,
00:12:04la dissolution de Chirac, etc., etc.
00:12:07Organisé par Chirac, il avait déjà la majorité, lui,
00:12:10et puis il est revenu avec Léonel Jospin et la cohabitation.
00:12:16Au fond, est-ce qu'on peut dire que c'est une conduite de Macron ?
00:12:22Alors on dit oui, il est erratique, il fait n'importe quoi,
00:12:25pour ceux qui ne l'aiment pas.
00:12:26Pour les autres, non, non, c'est un plan mûrement réfléchi,
00:12:29il va mettre le Rassemblement National en difficulté, etc.
00:12:33Mais auparavant, je voudrais qu'on aille un peu plus loin,
00:12:36la France aujourd'hui, telle que vous la voyez,
00:12:39à travers les résultats de ces élections européennes,
00:12:41qui, soyons clairs, ont été pour les Français des élections françaises,
00:12:44en tout cas, c'est évident,
00:12:46ils ne pensaient pas à l'Europe, ils pensaient à leur pays,
00:12:48ça a été la même chose en Belgique, en Autriche, etc.
00:12:51C'est toujours comme ça, plus ou moins, d'ailleurs.
00:12:52D'ailleurs, exactement.
00:12:53Alors, pour la France, ça traduit quoi, à votre avis ?
00:12:56Alors, surtout, je voudrais d'abord répondre sur Emmanuel Macron.
00:13:00On a souvent tendance à psychologiser les comportements politiques,
00:13:04et puis, comme une majorité des Français n'aiment pas trop Emmanuel Macron,
00:13:07à dire, voilà, il est puérile, il est narcissique, il est ceci, il est cela.
00:13:11Je crois que ce n'est pas tout à fait vrai, et ce n'est même pas vrai du tout,
00:13:14et il faut voir la rationalité de son comportement.
00:13:18Depuis le départ, depuis qu'il a été délégué à sa candidature en 2016,
00:13:23il a toujours fait de l'opposition au Front National, puis au Rassemblement National,
00:13:28le sésame, en quelque sorte, de sa réussite.
00:13:31Le socle.
00:13:32Oui, le ressort profond.
00:13:34Il se sait, avec son programme, à ses minorités dans le pays,
00:13:36mais au second tour, il a été élu triomphalement en 2017,
00:13:40et très largement, 58%, en 2022.
00:13:44Chaque fois, en quelque sorte, par un vote qui est un vote de peur, en fait,
00:13:48plus ou moins manipulé, plus ou moins fantasmé, on convainc les gens.
00:13:53Et là, toutes sortes de pouvoirs non politiques,
00:13:56je pense notamment à des pouvoirs médiatiques, à des pouvoirs, etc.,
00:13:59qui sont là pour syndicaux, qui sont là pour effrayer la population,
00:14:03et ils servent de rabatteur, en quelque sorte, de cerfile pour le macronisme.
00:14:08Et ça a une certaine efficacité.
00:14:10Le piège dans lequel vient de tomber Emmanuel Macron,
00:14:13c'est que c'est de moins en moins efficace.
00:14:15C'est pour ça, d'ailleurs, qu'il s'est impliqué dans la campagne,
00:14:17c'est pour transformer ça en tête à tête,
00:14:19entre le Rassemblement National et lui-même.
00:14:21Persuadé que ça suffisait à provoquer un sursaut de l'opinion
00:14:27contre le Rassemblement National, et donc,
00:14:29il pensait que ça allait drainer des voix vers la liste aïée.
00:14:31C'est pour ça qu'il fait cela.
00:14:33Il y a un calcul là-dessus.
00:14:34Ce dont il n'a pas, lui et son entourage, suffisamment pris conscience,
00:14:38c'est qu'au fil des ans, ce ressort s'est totalement distendu,
00:14:41au point d'être absolument inefficace.
00:14:43Cette campagne incessante de l'exécutif,
00:14:46pour effrayer les gens contre la liste Bardella,
00:14:49et les pousser à voter pour aïer, n'a pas eu peu de succès.
00:14:52Elle n'a eu aucun succès.
00:14:53Et on voit bien qu'aujourd'hui, la ficelle est vraiment trop apparente,
00:14:58le ressort est distendu,
00:15:00et ce qui n'a pas marché lors des européennes,
00:15:03ne marchera très probablement pas lors des législatives.
00:15:06C'est bien ça le problème, et c'est là où, à mon avis,
00:15:09il essaie de rattraper une erreur par une erreur encore plus grande,
00:15:12c'est qu'avec cette dissolution,
00:15:14il mise tout sur la grande peur de l'opinion face à l'accession au pouvoir,
00:15:18cette fois-ci, bien concrètement, du Rassemblement National.
00:15:21Je suis persuadé que ça ne marchera pas.
00:15:23Mais le Rassemblement National va être présent dans la plupart des...
00:15:25Ce qui n'était pas le cas, il n'était présent que dans 200 circonscriptions,
00:15:28au second tour, 202 je crois.
00:15:30Vous voulez dire il y a 5 ans ?
00:15:32Il y a 2 ans.
00:15:34Le temps passe vite en politique, et donc...
00:15:36Et là, aujourd'hui, ils vont être présents, très probablement,
00:15:39c'est les chiffres que vous avez donnés,
00:15:41les cartes que vous avez montrées,
00:15:43et donc ils vont être présents dans la plupart des circonscriptions,
00:15:46face à des oppositions qui sont irréductibles entre elles.
00:15:50Ça va être très difficile de faire voter les macronistes
00:15:53pour un candidat issu de la dupesse,
00:15:55ou inversement, des insoumis
00:15:58pour un candidat issu de la macronie, et ainsi de suite,
00:16:01tant et si bien qu'aujourd'hui, je pense que le calcul est...
00:16:04Parce que c'est une vieille matrice, c'est un vieux logiciel,
00:16:07ce calcul s'est révélé totalement erroné,
00:16:09et il le sera encore dans 3 semaines.
00:16:11Alors justement, parlons de ce logiciel,
00:16:13surtout de la grande peur de l'extrême droite.
00:16:15Mais ce qui est étonnant, c'est que
00:16:17tous ces gens-là n'ont pas vu que,
00:16:19bon, on peut discuter ce qui est vraiment l'extrême droite ou pas,
00:16:23mais enfin, ils ne parlent que de l'extrême droite,
00:16:25alors que les français sont très préoccupés,
00:16:27on n'en a pas parlé jusqu'ici,
00:16:29mais il n'y avait pas que le Covid, la guerre russie,
00:16:31ou créer le réchauffement climatique.
00:16:33Il y a l'insécurité,
00:16:35il y a effectivement l'insécurité d'ailleurs sociale,
00:16:37l'insécurité économique,
00:16:39l'insécurité aussi par rapport à la violence, etc.,
00:16:42la violence quotidienne, on n'en parle tous les jours ici au QTF et compagnie.
00:16:46Comment il se fait que cette partie-là de l'opinion,
00:16:51enfin que les appareils,
00:16:53ont absolument négligé ça,
00:16:55en disant oui, oui, on va arranger ça,
00:16:57c'est inadmissible, etc.
00:16:59À part quelques-uns, ils sont restés sourds et muets là-dessus.
00:17:02C'est peut-être pire que ça, on a quand même annoncé
00:17:04la répartition autoritaire des migrants
00:17:06à travers les campagnes françaises
00:17:08et ce genre de choses.
00:17:10Parce que jusqu'à présent, les français ont finalement,
00:17:12pour différentes raisons,
00:17:14mais ont laissé faire en quelque sorte.
00:17:16Je crois que,
00:17:18comme on a affaire à des gens qui vivent
00:17:20dans un milieu social très cantonné,
00:17:23moi-même je suis issu de Sciences Po Paris,
00:17:25je vois à peu près de quoi on parle,
00:17:27c'est des gens qui sont habitués à avoir un certain complexe
00:17:29de supériorité par rapport à l'opinion,
00:17:31à penser que finalement, tous les problèmes
00:17:33viennent, comme ils disent,
00:17:35ce qui est assez odieux en démocratie, d'un manque de pédagogie,
00:17:37et qu'on peut convaincre,
00:17:39par la communication, ou par la répression d'ailleurs,
00:17:41parfois, les français d'à peu près tout.
00:17:43C'est visiblement quelque chose
00:17:45qu'ils ont sous-estimé, je crois.
00:17:47Ce peuple ne comprend rien à rien.
00:17:49Ils ont sous-estimé le peuple français. Vous savez, c'est la grande matrice
00:17:51des partisans du oui aux différents référendums.
00:17:53À chaque fois, il y a d'excellentes raisons de voter oui,
00:17:55mais il y avait aussi d'excellentes raisons de voter non.
00:17:57Mais c'est vrai que c'est des gens
00:17:59qui ont une espèce de surplomb social
00:18:01et éducatif, considèrent que les français
00:18:03sont des gens à éclairer
00:18:05et sinon à contraindre.
00:18:07Alors on va en parler après une petite pause
00:18:09tout de suite, et on va
00:18:11continuer à en parler avec vous.
00:18:13Avec vous, avec Jérôme Saint-Marie qui est avec nous,
00:18:15et avec vous 0826 300 300
00:18:17pour réagir et pour poser
00:18:19toutes vos questions. A tout de suite sur Sud Radio.
00:18:21Magnifique.
00:18:23Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:18:25Appelez maintenant pour réagir.
00:18:270826 300 300
00:18:29Terre-de-France.fr
00:18:31Le premier site d'articles français
00:18:33et patriotes présente
00:18:35Ici Sud Radio.
00:18:39Les français
00:18:41parlent au français.
00:18:43Les carottes sont cuites.
00:18:45Les carottes sont cuites.
00:18:47Sud Radio Bercov,
00:18:49dans tous ses états.
00:18:51Je ne sais pas pour qui sonne le glas,
00:18:53mais hier, en tout cas, les réactions que vous a données
00:18:55les deux unes étaient tout à fait
00:18:57remarquables, et évidemment
00:18:59on ne pouvait pas manquer celles de
00:19:01Sandrine Rousseau. Je vais le dire tranquillement,
00:19:03mais moi, je ne veux pas,
00:19:05je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous n'accédiez
00:19:07pas au pouvoir. Vous ne répondez pas à ma question.
00:19:09Je ne ferai
00:19:11tout ce qui est en mon pouvoir
00:19:13pour que vous n'accédiez jamais au pouvoir.
00:19:15Et donc je ferai l'alliance de la gauche.
00:19:17Oui, je ferai l'alliance de la gauche avec nos différences,
00:19:19et ça n'est pas simple.
00:19:21Et nous avons raté cette marche,
00:19:23nous avons raté cette marche
00:19:25aux européennes,
00:19:27et je ferai tout pour que
00:19:29les candidatures de gauche ressemblent
00:19:31absolument à tout ce que nous portons,
00:19:33gauche et écologie. Et contrairement à ce que dit
00:19:35M. Joffrin, moi je pense qu'il nous faut une radicalité
00:19:37dans un espoir
00:19:39de projet de société
00:19:41qui change véritablement la vie
00:19:43des gens.
00:19:45Voilà, radicalité, l'été, face à notamment
00:19:47Sébastien Chenu, du Rassemblement National,
00:19:49et radicalité,
00:19:51etc.
00:19:53Au fond, les clivages
00:19:55qui existent depuis des années,
00:19:57là, ils sont apparus dans leur pureté chimique.
00:19:59Jérôme Saint-Paris.
00:20:01Je trouve qu'il y a quelque chose de très intéressant,
00:20:03d'abord géographiquement, on l'a montré,
00:20:05les départements, les communes,
00:20:07Paris, etc. Il y a vraiment
00:20:09tout ça, c'est pas tout à fait nouveau,
00:20:11mais c'est apparu dans sa, encore une fois,
00:20:13dans sa splendeur.
00:20:15Mais en même temps, est-ce que, alors, vous croyez-vous,
00:20:17on va retrouver, non pas peut-être le Front
00:20:19Républicain, mais Alliance de la Gauche
00:20:21contre le Rassemblement National,
00:20:23et du côté de la droite,
00:20:25est-ce qu'on va rejouer
00:20:27une, j'allais dire,
00:20:29une tragique comédie que nous avons vu
00:20:31déjà s'exercer, peut-être dans
00:20:33des circonstances moins aiguës, mais quand même ?
00:20:35Ça va être tenté, ça l'est déjà,
00:20:37mais ça va être extraordinairement difficile.
00:20:39Si vous voulez, Emmanuel Macron
00:20:41n'a pris pas tellement de précautions
00:20:43à l'égard des syndicats ou de la gauche.
00:20:45Vous avez une
00:20:47certaine...
00:20:49Anthoine Rousseau n'a pas entièrement tort,
00:20:51quand il dit que la radicalité peut être payante électoralement.
00:20:53C'est sûr, elle a été pour la France
00:20:55insoumise. Vous avez d'ailleurs
00:20:57la liste de Manon Aubry a fait à peu près
00:20:5910%, ce n'était pas écrit.
00:21:01Vous avez effectivement
00:21:03un pays qui est
00:21:05très en colère, qui est très inquiet.
00:21:07Ça s'exprime de manière très
00:21:09différente. Et puis
00:21:11au milieu, vous avez une France qui va bien, en tout cas,
00:21:13qui considère qu'il faut continuer à peu près pareil.
00:21:15Ces gens-là ne peuvent pas s'entendre.
00:21:17Encore une fois, ce n'est pas rien.
00:21:19Et les arguments, alors là,
00:21:21on est dans des élections européennes,
00:21:23qui ont un corps électoral un peu particulier. Il faut bien comprendre
00:21:25qu'il y a à peu près un inscrit
00:21:27sur deux qui vote aux européennes,
00:21:29alors que c'est trois inscrits sur quatre
00:21:31qui votent à la présidentielle. Ce n'est pas la même chose.
00:21:33Et combien ont les législatives ?
00:21:34Les législatives, jusqu'à présent, ont voté beaucoup,
00:21:36mais les dernières législatives, on a voté très peu à peu près.
00:21:38On a même moins voté, je crois, qu'aux européennes.
00:21:40Donc, on verra bien.
00:21:42Sauf que là, ces législatives, on va beaucoup
00:21:44voter. Parce que ce ne sont pas des législatives
00:21:46qui suivent une présidentielle. Là, c'est vraiment...
00:21:48Il y a une question énorme.
00:21:50Non, ce que je ne vois pas...
00:21:52Je pense que la gauche,
00:21:54qui était unie il y a pas si longtemps
00:21:56autour de la NUPES, ça a été un accord
00:21:58formidablement efficace électoralement.
00:22:00La gauche peut, à mon avis,
00:22:02réussir à peu près à s'accorder.
00:22:04Au fond, vous savez,
00:22:06quand il y avait l'union de la gauche, à l'époque
00:22:08de François Mitterrand, c'était quand même le parti
00:22:10communiste fidèle à Moscou, qui était allié
00:22:12à un parti socialiste profondément
00:22:14atlantiste, en pleine guerre froide. Et pourtant, ils se sont alliés.
00:22:16Là, ils arriveront...
00:22:18L'intérêt électoral l'emporte
00:22:20toujours, surtout le reste,
00:22:22à ce niveau-là. Mais le problème,
00:22:24ça va être au second tour. J'insiste,
00:22:26au second tour, comment font
00:22:28ces... Comment est-ce qu'on fait voter
00:22:30tous les gens qui n'ont pas voté
00:22:32Rassemblement National contre le Rassemblement National ?
00:22:34Aujourd'hui, vous avez un effet de masse qui est énorme.
00:22:36Le Rassemblement National plus, disons, Reconquête,
00:22:38qui est une forme de scission, en quelque sorte,
00:22:40vous êtes à près de...
00:22:4240%.
00:22:44C'est absolument
00:22:46déterminant. Donc, il y a des circonscriptions qui sont
00:22:48ingagnables pour le Rassemblement National, ou presque,
00:22:50mais dans la plupart des cas, vous avez...
00:22:52Et en face, il faudrait que... Si c'était
00:22:54un simple affrontement gauche-droite, comme dans les
00:22:56années 70, vous faites 40%,
00:22:58François Mitterrand avait fait 43%, je crois,
00:23:00au premier tour en 74,
00:23:02il était presque sûr d'être battu, parce qu'en face,
00:23:04les gens étaient à peu près unifiés.
00:23:06Aujourd'hui, quand vous êtes à 40%,
00:23:08puisque le paysage politique est totalement
00:23:10émietté, ce qui est peut-être la trace, d'ailleurs,
00:23:12des clivages de la société française
00:23:14elle-même, eh bien, vous avez un mal fou
00:23:16à provoquer une...
00:23:18Une coalition.
00:23:20Sauf si le ressort
00:23:22de la peur du vote négatif
00:23:24est puissant. Il a été, comme je le disais
00:23:26tout à l'heure en 2017, moins en 2022,
00:23:28et presque pas du tout aujourd'hui.
00:23:30Et je crois qu'aujourd'hui,
00:23:32la dédiabolisation, la normalisation
00:23:34du Rassemblement National fait que
00:23:36constituer une coalition de second tour
00:23:38sur un argument strictement négatif, ne peut pas fonctionner.
00:23:40Donc, en fait,
00:23:42tout est ouvert. Enfin, le...
00:23:44Je crois que...
00:23:46Je pense que l'ORN peut très... Enfin, pas très facilement,
00:23:48n'exagérons rien, mais que l'ORN peut avoir
00:23:50une majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
00:23:52Ah, c'est possible ?
00:23:54Ah oui, bien sûr, bien sûr. Vous l'avez dit vous-même,
00:23:56non seulement...
00:23:58Alors, la carte, vous avez dit, quand vous dites 94%
00:24:00des communes, la liste Bardella est arrivée en tête.
00:24:02Elle est arrivée en tête, mais c'est comme si
00:24:04Marine Le Pen était arrivée en tête au premier tour.
00:24:06C'est-à-dire que grosso modo, elle a fait 33-34%.
00:24:08Moi, j'ai en tête autre chose.
00:24:10À la présidentielle, au second tour,
00:24:12Marine Le Pen était arrivée en tête
00:24:14au second tour,
00:24:16dans 18 000 communes, sur 35 000.
00:24:18Et ça a dû encore
00:24:20s'étendre. Donc, vous avez la possibilité
00:24:22aujourd'hui d'une
00:24:24majorité absolue.
00:24:26Ça se fera pas uniquement par un vote d'adhésion,
00:24:28ça sera aussi par la possibilité,
00:24:30pour un certain nombre d'électeurs, de droite,
00:24:32pour un candidat de gauche,
00:24:34de gauche pour un candidat de droite,
00:24:36des deux pour Macron, et des électeurs
00:24:38macronistes pour les deux autres.
00:24:40Donc, cette fracturation, cette espèce de course,
00:24:42de course à l'abîme,
00:24:44qu'a été ces deux années
00:24:46du second quinquennat
00:24:48Macron, sont aujourd'hui payées très durement
00:24:50par la Macronique.
00:24:52Et un rejet de Macron très très fort, en tout cas d'une certaine partie de la population.
00:24:54Mais il n'a jamais rien concédé, il n'a jamais rien négocié.
00:24:56Moi, j'ai toujours été frappé par la manière
00:24:58dont ça avait été mené, la réforme des retraites.
00:25:00Il y avait quand même des millions de gens qui étaient là-dessus.
00:25:02Il n'a pas cherché le moindre accord avec la CFDT
00:25:04qui n'était pas impossible à convaincre.
00:25:06Et donc, cette espèce de radicalité
00:25:08macronienne se retourne aujourd'hui contre lui.
00:25:10N'oubliez pas, c'était pas
00:25:12j'emmerde les non-vaccinés, mais j'ai envie
00:25:14d'emmerder les non-vaccinés. C'est en vie
00:25:16qui est intéressant. Et on précise aussi que tous les textes
00:25:18en cours sont caducs, du coup sont remis.
00:25:20Notamment, on pense aux textes sur la fin de vie.
00:25:22Avec cette dissolution. On a Dust, André,
00:25:24qui nous appelle depuis les rangs 0826-300-300.
00:25:26Bonjour Dust. Bonjour Dust.
00:25:28Bonjour Syd Radio, bonjour André,
00:25:30bonjour à votre invité. Alors j'avais
00:25:32deux petites questions. D'abord,
00:25:34j'aurais remonté sur la dissolution de Jacques Chirac.
00:25:36On l'a bien fait passer
00:25:38pour Gentil Benet à l'époque.
00:25:40Mais quelque part,
00:25:42quelque temps après,
00:25:44Luna Gessman s'était dézinguée aux élections.
00:25:46Donc ça quand même,
00:25:48c'était un joli coup, parce qu'il était en difficulté.
00:25:50Effectivement, il avait la majorité.
00:25:52C'est pas trop. Mais ce qui est sûr,
00:25:54c'est qu'aux présidentielles suivantes,
00:25:56la gauche, elle a dégagé.
00:25:58Et ce que j'aimerais bien qu'on m'explique,
00:26:00c'est comment
00:26:02quand l'extrême-droite cristallise
00:26:04la colère du peuple français, ce que je peux comprendre,
00:26:06parce qu'elle a dit qu'elle était assez marraible,
00:26:08comment on peut espérer
00:26:10avoir du social dans
00:26:12les mouvements politiques où il y a droite dans le monde ?
00:26:14Parce que l'extrême-droite, c'est droite.
00:26:16Et quand même, on peut pas dire
00:26:18qu'il n'y a pas de social dans la droite.
00:26:20Allez-y,
00:26:22Jérôme Saint-Barry vous répond. Je rappellerai quand même
00:26:24que, si on fait un peu d'histoire,
00:26:26toutes les grandes conquêtes
00:26:28sociales, et même sociétales
00:26:30d'ailleurs, de l'après-guerre,
00:26:32ont été faites sous des gouvernements
00:26:34qui étaient généralement de droite.
00:26:36Vous savez, la période où la France a été la plus égalitariste
00:26:38en termes de revenus et de patrimoine,
00:26:40ça a été sous Giscard d'Estaing. Alors c'était lié
00:26:42aussi à la pression sociale, etc.
00:26:44Et inversement, c'est lorsque la gauche arrive au pouvoir
00:26:46sous Mitterrand, à partir de 83-84,
00:26:48que les écarts de revenus,
00:26:50de patrimoine s'accroissent.
00:26:52Vous savez, il n'y a pas...
00:26:54Jérôme Saint-Barry, on pourrait
00:26:56toquer le Front Populaire quand même,
00:26:58qui en a fait pas mal.
00:27:00Qui a duré un an dans des circonstances très particulières,
00:27:02dont les éléments ont fini par se diviser
00:27:04assez durement, si vous voulez.
00:27:06Vous avez une force, à l'époque,
00:27:08il y avait un mouvement syndical puissant, c'était ça qui était déterminant.
00:27:10Vous aviez un mouvement ouvrier puissant,
00:27:12vous aviez une pression qui s'exerçait
00:27:14sur tous les gouvernements, et quand c'était la droite qui était au pouvoir,
00:27:16ça s'exerçait. Et puis il y avait aussi une démarche
00:27:18de croissance à tout niveau.
00:27:20C'était le gaullisme, en quelque sorte.
00:27:22C'était pas réductible à la gauche et à la droite.
00:27:24Je crois que c'est un peu la proposition du RN
00:27:26aujourd'hui, de devenir le parti de la production.
00:27:28C'est pas un parti de gauche, contrairement à ce que disait Moore,
00:27:30mais c'est pas en réalité
00:27:32non plus un parti de droite. C'est un parti qui s'est opposé
00:27:34à la réforme des retraites, par exemple.
00:27:36Non, c'est le parti de la production,
00:27:38et surtout, ces considérations-là, si vous voulez,
00:27:40aujourd'hui, pour les Français, sont devenues assez secondaires.
00:27:42Sinon, d'ailleurs,
00:27:44la gauche serait au pouvoir.
00:27:46Elles sont devenues assez secondaires par rapport
00:27:48à cette impression d'effondrement,
00:27:50de délitement du pays.
00:27:52Et c'est une impression qui est quand même validée
00:27:54par des chiffres du commerce extérieur,
00:27:56de la dette publique, ou du classement scolaire
00:27:58dans les classements internationaux.
00:28:00Et je dirais aussi cette espèce
00:28:02de désaffection,
00:28:04de ne pas savoir où on est, perte de repères,
00:28:06perte de repères culturels, perte de repères économiques
00:28:08et compagnie, on le voit. C'est-à-dire, les Français,
00:28:10beaucoup de Français ne savent plus où ils habitent.
00:28:12Bien sûr, cette dimension culturelle,
00:28:14je ne la mentionnais pas, mais elle est évidente.
00:28:16Elle est plus difficile à quantifier, si vous voulez,
00:28:18par rapport à d'autres indicateurs. Mais elle existe.
00:28:20Nous avons Jean-Paul, qui nous appelle
00:28:22depuis Draguignan dans le Var. Bonjour Jean-Paul.
00:28:24Bonjour Jean-Paul.
00:28:26Oui, bonjour André, bonjour M. Saint-Marie.
00:28:28Bonjour.
00:28:30Écoutez, je fais partie
00:28:32des personnes qui sont
00:28:34heureux que Macron ait pris
00:28:36cet officier par l'améliorement.
00:28:38Parce qu'on en aura le bol
00:28:40de tous ces gens, de toute cette arrogance,
00:28:42de tout cet honneur de leçon.
00:28:44Il y a, autant que
00:28:46Sandrine Rousseau et
00:28:48autant,
00:28:50les gens qui votent pour
00:28:52M. Macron, pour
00:28:54Mme Le Pen ou même
00:28:56M. Zemmour, ne sont pas d'extrême-droite,
00:28:58comme on peut bien le dire.
00:29:00Ce sont des ouvriers, ce sont des
00:29:02agriculteurs, des artisans, des commerçants
00:29:04qui se lèvent tous les jours pour travailler,
00:29:06qui font tourner le pays,
00:29:08qui payent leurs impôts, qui payent l'EPV
00:29:10d'excès de vitesse et ainsi de suite, et qui en auront
00:29:12le bol. Et qui ont pas envie que
00:29:14leurs enfants, dans la rue, chaque fois
00:29:16qu'ils sortent d'un dune tête, risquent de
00:29:18prendre un coup de couteau au cours d'une bagarre,
00:29:20ou ce genre de choses aussi, vous voyez.
00:29:22Et toute cette arrogance
00:29:24macroniste, je les entendais
00:29:26encore hier soir,
00:29:28au lieu de faire un peu profil bas, de dire
00:29:30peut-être que, voilà,
00:29:32on n'a pas eu raison de ne pas
00:29:34écouter, ils ne parlent que par
00:29:36le mépris. Voilà.
00:29:38Et je pense que la majorité des Français
00:29:40par qui, en ont assez
00:29:42de ce mépris. Tout cela suffit.
00:29:44Par contre, je suis inquiet
00:29:46de la suite des événements.
00:29:48Quand j'entends des gens de la
00:29:50France Insoumise, quand j'entends
00:29:52Sandrine Rousseau, je me demande
00:29:54comment ça va se passer, lorsque
00:29:56Marine Le Pen aura la majorité.
00:29:58Parce que...
00:30:00Je pense que ça va
00:30:02très mal tourner, cette histoire.
00:30:04Parce que ces gens
00:30:06ne sont plus républicains. Ce n'est pas
00:30:08comme voulait dire Macron, ou la Macronie
00:30:10Marine Le Pen, qui n'est
00:30:12pas dans l'ordre républicain. C'est uniquement
00:30:14la France Insoumise, Sandrine Rousseau
00:30:16et tout ce genre de personnages.
00:30:18— OK, Jean-Paul. Non, non,
00:30:20c'est très clair ce que vous avez dit.
00:30:22Jérôme Sainte-Marie, justement.
00:30:24— Je voudrais remercier l'auditeur. Je pense que
00:30:26c'est vraiment... Enfin, c'est...
00:30:28Je ne pourrais pas être davantage d'accord,
00:30:30je crois. C'est effectivement
00:30:32ce à quoi on insiste. C'est une force de
00:30:34révolte des gens ordinaires, vous savez, les gens
00:30:36qui, effectivement,
00:30:38dans les vraies classes moyennes,
00:30:40c'est-à-dire les gens qui ne gagnent pas forcément beaucoup d'argent,
00:30:42qui sont actifs, qui payent des impôts,
00:30:44qui ont l'impression
00:30:46d'être particulièrement surveillés
00:30:48et punis. Et c'est
00:30:50ces gens qui tiennent le pays. C'est ces gens qu'on a vus
00:30:52et auxquels on a rendu hommage. Même Emmanuel
00:30:54Macron leur a rendu hommage, mais ça ne s'est pas beaucoup
00:30:56traduit dans les actes lors de
00:30:58la crise du Covid et du confinement.
00:31:00C'est les gens qui ont été
00:31:02réprimés férocement
00:31:04au moment des Gilets jaunes, et c'est des gens
00:31:06qui sont stigmatisés en permanence
00:31:08pour leur manque de lucidité présumée,
00:31:10etc. Ces gens-là n'en peuvent plus
00:31:12et ils se heurtent, effectivement,
00:31:14à une barrière de mépris. Ça, c'est quelque
00:31:16chose qui est extrêmement puissant. Et justement,
00:31:18et j'en finirai par là, en cas de victoire
00:31:20du Rassemblement National aux législatives,
00:31:22je crois,
00:31:24la formule peut paraître provocatrice,
00:31:26mais elle est sincèrement
00:31:28exprimée, qu'il y aura une forme d'état
00:31:30de grâce. Vous savez, comme l'état de grâce qui avait
00:31:32suivi l'élection de 1981,
00:31:34il y aura une forme d'état de grâce dans le pays, de ces catégories
00:31:36immenses de gens utiles,
00:31:38de gens dévoués, etc.
00:31:40C'est l'homme
00:31:42ordinaire, décrit par George Orwell
00:31:44ou par le philosophe Jean-Claude Michéa.
00:31:46La décence commune. La décence commune, absolument.
00:31:48Ces gens-là se sentiront
00:31:50enfin reconnus, et par
00:31:52une forme de brèche historique, accéderont
00:31:54au premier plan. Je reprends là les mots
00:31:56de François Mitterrand en mai 1981
00:31:58quand il monte au Panthéon, et il évoque cela.
00:32:00Le paradoxe et l'ironie
00:32:02de l'histoire, c'est qu'aujourd'hui, c'est le Rassemblement
00:32:04National qui porte ses aspirations.
00:32:06Encore faut-il savoir si le Rassemblement National
00:32:08sera à la hauteur, effectivement,
00:32:10de ses attentes. Là, c'est une autre
00:32:12question, effectivement.
00:32:14On va marquer une petite pause sur Sud Radio. On revient
00:32:16dans un instant, toujours avec Jérôme Sainte-Marie,
00:32:18et puis après, on va enchaîner avec les Pères, les Huées
00:32:20et les Bravos d'André Bercoff. À tout de suite sur Sud Radio.
00:32:24Sud Radio Bercoff, dans tous ses états.
00:32:26Midi, 14h.
00:32:28André Bercoff.
00:32:48Sud Radio Bercoff,
00:32:50dans tous ses états.
00:32:52Comme l'a dit un Tweetos, au fond,
00:32:54si on regarde bien les ajustements d'élections
00:32:56d'hier, les parents
00:32:58bourgeois,
00:33:00ils ont voté Macron,
00:33:02Ayé
00:33:04et Bellamy. Macron, Ayé, bien sûr,
00:33:06et Bellamy.
00:33:08Les enfants ont voté entre
00:33:10Marion et Mélenchon.
00:33:12Les banlieues,
00:33:14les quartiers dissensibles ont voté
00:33:16la France Insoumise.
00:33:18Et puis, les salariés,
00:33:20etc., il faut bien dire, ont voté
00:33:22en majorité les salariés employés,
00:33:24les ouvriers, etc.,
00:33:26ont vraiment voté
00:33:28Jordan Bardella.
00:33:30Moi, Jérôme Saint-Marie, la dernière question
00:33:32que j'ai envie de vous poser, c'est
00:33:34je ne dis pas nostalgie, nostalgie,
00:33:36mais on pense au moment, il y a
00:33:38de ça quand même quelques décennies,
00:33:40où le parti communiste représentant
00:33:42la classe ouvrière faisait
00:33:44presque 35%, voire plus
00:33:46des voix.
00:33:48C'était il y a longtemps, ça, quand même.
00:33:50C'est vrai. Enfin, on était déjà nés,
00:33:52vous et moi.
00:33:54Enfin, vous, à peine moi, oui.
00:33:56Mais quand même,
00:33:58ce qui est extraordinaire aujourd'hui,
00:34:00c'est que, que ce soit l'Organisation
00:34:02Nationale, considérée comme fasciste
00:34:04à la droite d'Adolf Hitler pendant des décennies,
00:34:06du temps de Jean-Marie Le Pen,
00:34:08aujourd'hui, draine la majorité
00:34:10des voix ouvrières, salariées,
00:34:12classe moyenne, vous l'avez dit.
00:34:14Mais cette espèce de passage, quand même,
00:34:16même quelques décennies, ce n'est pas grand-chose.
00:34:18Oui, c'est quand même très différent
00:34:20parce que le Parti Communiste avait
00:34:22un projet de transformation sociale radicale
00:34:24et faisait de la classe ouvrière l'acteur de l'histoire.
00:34:26L'ERN, ce n'est pas du tout ça.
00:34:28C'est-à-dire qu'il prend en compte les souffrances
00:34:30sociales et l'utilité sociale
00:34:32des différents groupes, mais il n'est pas
00:34:34dans ce projet de transformation
00:34:36radicale, etc.
00:34:38Ce n'est pas un parti égalitariste, ce n'est pas du tout
00:34:40la vision. Si on fait une
00:34:42comparaison historique, je crois qu'on est beaucoup plus proche
00:34:44de ce qu'a été, juste après la guerre, le RPF.
00:34:46Et ensuite, l'UDR
00:34:48ou l'UNR, après 1958,
00:34:50quand le général de Gaulle
00:34:52revient au pouvoir, qu'il récupère aussitôt
00:34:54de large part du monde ouvrier,
00:34:5620%, je crois, qu'il prend
00:34:58directement au Parti Communiste.
00:35:00Et pour une grande
00:35:02union, où effectivement
00:35:04les actifs sont majoritaires,
00:35:06un grand rassemblement
00:35:08fondé sur un projet
00:35:10nationaliste, mais quand on
00:35:12veut l'unité et la grandeur de la nation, on est obligé
00:35:14de prendre en compte également les objectifs
00:35:16de justice sociale.
00:35:18Merci Jérôme Sainte-Marie,
00:35:20on a décortiqué un peu, on a autopsié
00:35:22ces élections.
00:35:24Et puis le reste, on verra comment ça se passera
00:35:26aux législatives, on va suivre tout cela, avec vous aussi.
00:35:28Avec perdefrance.fr
00:35:30le premier site d'articles français
00:35:32et patriote.
00:35:34Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:35:36les perles du...
00:35:38On a des problèmes, on a des problèmes sociétaux.
00:35:40Regardez, on va quitter un tout petit peu
00:35:42le terrain des élections, on ne va pas rester
00:35:44à suivre de la dissolution.
00:35:46A Lyon, dans le quartier
00:35:48de la Guillotière. Alors, le 4
00:35:50juin dernier, donc il y a une
00:35:52semaine, à l'occasion du mois des
00:35:54Fiertés, le passage piéton
00:35:56arc-en-ciel LGBT+,
00:35:58à la Guillotière,
00:36:00a été inauguré. Voilà
00:36:02un beau passage piéton,
00:36:04peint sur un corfond de petites rues
00:36:06d'un quartier, passage
00:36:08piéton arc-en-ciel, etc.
00:36:10a été
00:36:12inauguré, dessiné le 4 juin.
00:36:14Deux jours après,
00:36:16il était déjà recouvert de
00:36:18tags. Son inauguration, prévue
00:36:20samedi juin, avant le début de la marche des Fiertés,
00:36:22n'a même pas encore eu lieu.
00:36:24Voilà, eh bien écoutez, ça a fait polémique,
00:36:26ce sont les élus
00:36:28écologistes de la ville, ces bandes
00:36:30colorées avaient été la cible d'attaques sur les réseaux
00:36:32sociaux, avant même d'être peintes.
00:36:34Et l'annonce de l'installation de ce
00:36:36passage piéton, premier du genre à Lyon,
00:36:38à l'angle des rues Pasteur et Bonnade,
00:36:40entre la piscine du Rhône, la station Trameau
00:36:42et TF1 Saint-André, a été suivie
00:36:44de commentaires homophobes et d'une opposition
00:36:46politique, donc Gribouille, etc.
00:36:48Vandal et tout ça.
00:36:50Voilà, vraiment
00:36:52des commentaires homophobes
00:36:54par centaines.
00:36:56Et voilà, le passage
00:36:58n'est pas passé.
00:37:00C'est quand même dommage,
00:37:02c'est quand même regrettable.
00:37:04Mais en même temps,
00:37:06est-ce que ça dit beaucoup de choses sur les écologistes
00:37:08qui étaient, je le rappelle, presque
00:37:1019 à 20 aux dernières élections
00:37:12européennes ? Je parle des écologistes français
00:37:14qui sont à 5 aujourd'hui,
00:37:16à 5 sièges aujourd'hui.
00:37:18Il y a quand même un problème, vous voyez,
00:37:20je pense aujourd'hui, je ne suis pas le seul, que
00:37:22le sociétal et un certain
00:37:24nombre d'offensives,
00:37:26wauquistes, cancellistes,
00:37:28etc. et transgenristes,
00:37:30je ne sais pas
00:37:32si elles ont joué un rôle
00:37:34dans les résultats des élections
00:37:36européennes. En tout cas,
00:37:38incontestablement, les chiffres montent
00:37:40que le sociétal ne remplace
00:37:42pas le social. C'est le moins que l'on
00:37:44puisse dire.
00:37:46Sud Radio, Bercov, dans tous
00:37:48ses états. Flics, chanté
00:37:50Renault, notamment, voilà. Alors, il s'est passé
00:37:52samedi, samedi,
00:37:54avant-hier, à
00:37:56Puy-le-Lorence, dans le Tarn. D'ailleurs, on posait
00:37:58des manifestants contre l'autoroute A69
00:38:00Castre-Toulouse et des membres
00:38:02des forces de l'ordre. Alors voilà, militants
00:38:04sociologistes, toujours, contre l'autoroute
00:38:06A69 de Castre-Toulouse.
00:38:08Voilà, affrontements, etc.
00:38:10SRS a été légèrement touché
00:38:12par un éclat de cocktails Molotov.
00:38:14Et on a entendu ceci,
00:38:16c'est ça qui nous a fait un peu
00:38:18réagir.
00:38:30Flics suicidés,
00:38:32à moitié pardonnés.
00:38:34Voilà, c'est donc un bon flic
00:38:36qui est un flic mort, etc.
00:38:38Là aussi,
00:38:40ce n'est pas nouveau, ça revient encore
00:38:42et encore. Ce qui est quand même
00:38:44extrêmement
00:38:46plus que désagréable, c'est de
00:38:48se dire qu'on est incapable de
00:38:50s'affronter sans
00:38:52souhaiter la mort de l'autre,
00:38:54sans invectiver, sans le traiter
00:38:56de tous les noms. Alors, ce n'est
00:38:58pas nouveau, mais franchement,
00:39:00est-ce que c'est comme ça qu'on règle les problèmes ?
00:39:02Bien sûr que pas.
00:39:04Est-ce que c'est comme ça de considérer qu'un corps
00:39:06de métier, la police,
00:39:08est considérée par un certain nombre de gens
00:39:10comme un clan adverse
00:39:12et est dessinée à disparaître,
00:39:14en tout cas doit disparaître ?
00:39:16Et d'un autre côté, on n'oublie pas
00:39:18les bavures policières non plus,
00:39:20notamment envers les gilets jaunes.
00:39:22Mais ce qui est incroyable, c'est qu'aujourd'hui,
00:39:24on ne se parle plus que
00:39:26par la violence.
00:39:28On verra ce que ça va donner au niveau des électorales.
00:39:30Mais encore une fois,
00:39:32comme disait un certain maire de Lyon,
00:39:34un ancien maire de Lyon,
00:39:36on n'est plus côte à côte, on est véritablement
00:39:38face à face.
00:39:40On va marquer une courte pause sur Sud Radio.
00:39:42On revient dans un instant après les infos de 13h
00:39:44pour le face à face avec André Bercoff
00:39:46qui reçoit aujourd'hui François-Xavier Carayon,
00:39:48le consultant stratégique qui vient nous voir
00:39:50pour son nouveau livre, Les États prédateurs,
00:39:52Fonds souverains et entreprises publiques
00:39:54à la conquête de l'Europe. C'est publié aux éditions
00:39:56Fire, il sera avec nous de 13h jusqu'à 14h.
00:39:58A tout de suite sur Sud Radio.
00:40:26Je vous aime, femme, je vous aime.
00:40:28Mais oui, mais il y a des vivantes fortes d'amour.
00:40:30Différentes, très différentes.
00:40:32Et justement, au lendemain
00:40:34des élections, on a parlé beaucoup de choses
00:40:36sur les stratégies électorales,
00:40:38les alliances, les mésalliances,
00:40:40les pax, les divorces.
00:40:42Eh bien, il y a eu sur TikTok
00:40:44un très joli
00:40:46petit moment
00:40:48où des jeunes qui doivent avoir
00:40:50entre 15 et 18 ans
00:40:52parlent
00:40:54de la place des femmes dans leur vie
00:40:56et surtout, si demain ils se marient
00:40:58et quand demain ils se marient,
00:41:00que devront faire
00:41:02leurs épouses
00:41:04respectives ? Écoutez, c'est très
00:41:06intéressant. Bonjour à tous, bonjour à
00:41:08tous.
00:41:10Ma femme n'aura pas le droit de
00:41:12voyager avec ses copines.
00:41:16Ma femme n'aura pas le droit de sortir
00:41:18après 19h.
00:41:20Plus fort encore !
00:41:22Ma femme n'aura pas le droit de travailler dans des JD,
00:41:24PUIC, foot corner,
00:41:26elle n'a pas le droit de travailler tout court,
00:41:28elle n'a pas le droit de travailler.
00:41:30Ma femme
00:41:32n'a pas le droit d'aller dans les salles de sport
00:41:34mixtes.
00:41:40Ah, dommage. Là, vous auriez dû
00:41:42continuer ça. Il ne faut pas arrêter.
00:41:44Mais ce n'est pas grave.
00:41:46On n'a pas eu le temps de l'écouter, mais
00:41:48dans ces cas-là, vous allez jusqu'au bout du truc.
00:41:50C'était pas très long, et ça
00:41:52valait en tout cas de le faire jusqu'au bout.
00:41:56Mais nous allons parler effectivement maintenant du
00:41:58face-à-face. Alors, j'attends l'annonce du
00:42:00face-à-face.
00:42:02Sud Radio Bercov,
00:42:04dans tous ses états,
00:42:06le face-à-face.
00:42:0813h05 sur Sud Radio, de vous présenter ce
00:42:10face-à-face avec André Bercov, qui reçoit aujourd'hui
00:42:12François-Xavier Carayon, qui vient nous voir
00:42:14pour son livre « Fonds souverains et entreprises publiques
00:42:16à la conquête de l'Europe, les états prédateurs ».
00:42:18Bonjour, François-Xavier Carayon.
00:42:20Bonjour.
00:42:22Alors, les états prédateurs. Moi, je voulais qu'on en parle
00:42:24parce qu'effectivement, on s'est dit, allez,
00:42:26on va faire toute l'émission sur les élections.
00:42:28On aura le temps de revenir,
00:42:30d'en parler largement, puisque
00:42:32dans trois semaines, ce sont les élections
00:42:34législatives. Donc, on a absolument
00:42:36tout le temps d'en parler.
00:42:38Maintenant,
00:42:40j'ai lu ce livre,
00:42:42j'ai reçu votre livre,
00:42:44François-Xavier Carayon, et c'est vraiment
00:42:46intéressant, parce que vous racontez l'histoire
00:42:48de la fin de l'histoire.
00:42:50Rappelez-vous,
00:42:52pour ceux qui étaient déjà nés,
00:42:54en 2000,
00:42:56comme ça, c'était Francis
00:42:58Fukuyama, qui racontait que
00:43:00c'était fini, le capitalisme libéral
00:43:02avait gagné, le marché
00:43:04avait gagné, c'était le laisser-faire,
00:43:06laisser-aller. Et puis,
00:43:08aujourd'hui, ce que vous dites, nous sommes en 2024,
00:43:10mais le paysage a changé,
00:43:12le paysage mondial a changé
00:43:14de façon incroyable,
00:43:16et aujourd'hui, c'est la victoire
00:43:18en tout cas, annoncée,
00:43:20déjà existante, déjà incarnée,
00:43:22des fonds souverains et des entreprises
00:43:24publiques. Les Etats ont repris
00:43:26en tout cas, en partie, le pouvoir,
00:43:28et c'est surtout les Etats,
00:43:30BRICS et compagnie,
00:43:32moins les Européens peut-être, que
00:43:34les autres.
00:43:36Exactement. Ce qui est important de comprendre,
00:43:38c'est que ces Etats-là n'ont pas du retard
00:43:40sur les trajectoires occidentales,
00:43:42européennes, etc. La fin de l'histoire,
00:43:44ça a touché tout le monde.
00:43:46En fait, c'est un peu plus tôt que ça, c'est à partir de
00:43:48la chute du mur de Berlin, et puis 1992
00:43:50pour l'article de Fukuyama,
00:43:52mais à partir de ce moment-là, on se dit
00:43:54que le marché doit dominer,
00:43:56que l'Etat est forcément quelque chose d'un peu ringard,
00:43:58son rôle dans l'économie est forcément appelé à reculer,
00:44:00ça va être vrai en Europe,
00:44:02mais c'est vrai aussi en Chine,
00:44:04où il va y avoir des vagues de privatisation massives,
00:44:06ça va être le cas aussi en Inde,
00:44:08ailleurs en Asie. Donc, le phénomène
00:44:10du retour de l'Etat dans ces pays-là,
00:44:12dans les BRICS, comme vous dites justement,
00:44:14au Moyen-Orient aussi,
00:44:16n'est pas la queue de comète
00:44:18d'un phénomène ancien, c'est au contraire
00:44:20une nouvelle arme qu'ils se sont forgées
00:44:22à partir du début
00:44:24des années 2000, pour l'essentiel.
00:44:26Alors justement, à partir des années 2000,
00:44:28ça s'est passé comment ? Je voudrais
00:44:30qu'on explique un peu ce que sont, d'ailleurs,
00:44:32pour nos éditeurs, qu'est-ce que c'est
00:44:34qu'un fonds souverain, très exactement,
00:44:36et comment ça fonctionne ?
00:44:38Le terme peut paraître un peu barbare, ce qu'il faut comprendre,
00:44:40c'est que les fonds souverains, c'est des fonds
00:44:42qui sont créés par les Etats, donc des véhicules
00:44:44d'investissement financiers,
00:44:46créés par les Etats. Alors, ils existent depuis longtemps,
00:44:48les fonds souverains. Historiquement,
00:44:50ils sont nés
00:44:52au Moyen-Orient, pour pouvoir
00:44:54utiliser les excédents de la
00:44:56rente pétrolière ou gazière, les rentes d'hydrocarbures,
00:44:58et les réinvestir
00:45:00pour préparer l'avenir, pour créer une sorte
00:45:02d'épargne intergénérationnelle dans ces pays-là.
00:45:04Or,
00:45:06à partir des années 2000,
00:45:08les fonds souverains qui avaient essaimé un peu partout,
00:45:10ont changé de rôle, et sont devenus
00:45:12beaucoup plus politiques, j'imagine qu'on va en reparler.
00:45:14Oui, alors justement,
00:45:16parlons-en, parce qu'ils ont été
00:45:18utilisés par les Etats pour leur stratégie
00:45:20économique internationale, mondiale.
00:45:22Qui a donné le la ? Ça a commencé comment,
00:45:24concrètement ?
00:45:26Je crois que la Chine, indéniablement,
00:45:28est à la fois l'Etat prédateur
00:45:30par excellence, en puissance
00:45:32de feu. Le fonds souverain, par exemple,
00:45:34chinois, l'un des trois,
00:45:36plutôt, fonds souverains chinois, le CIC,
00:45:38a une puissance de 1300 milliards
00:45:40d'assets de sous-gestion. Donc, 1300 milliards
00:45:42de dollars. Donc, c'est évidemment considérable.
00:45:44Vous voulez dire que ce sont les sommes dont il a sa disposition
00:45:46pour...
00:45:48Exactement, pour investir. Alors, il se trouve
00:45:50que, historiquement, ces acteurs-là, ils investissaient
00:45:52plutôt de façon domestique, c'est-à-dire sur leur propre
00:45:54territoire, même s'ils investissaient
00:45:56aussi dans des produits financiers très
00:45:58classiques, comme les obligations d'Etat américaine.
00:46:00Mais c'était
00:46:02vraiment pour des objectifs domestiques,
00:46:04nationaux. Et puis, ils ont
00:46:06commencé à investir à l'international, de façon
00:46:08croissante. On a vu ça monter,
00:46:10ou plutôt, on ne l'a pas vu ça monter,
00:46:12au cours des années 2000 et 2010.
00:46:14Si bien que, maintenant, on peut considérer que
00:46:16les fonds souverains investissent à 70%
00:46:18en dehors de leur
00:46:20propre frontière.
00:46:22Et ils investissent, dans le fond,
00:46:24ils ciblent deux types d'actifs. Soit
00:46:26ils ciblent des actifs, c'est-à-dire
00:46:28des entreprises industrielles.
00:46:30Et là, le but, c'est de récupérer des technologies
00:46:32de pointe, des savoir-faire,
00:46:34des expertises.
00:46:36Ils achètent des entreprises.
00:46:38Je peux vous donner un exemple.
00:46:40Dans ce sujet, vous savez,
00:46:42on a toujours l'impression, on a en tête l'affaire
00:46:44Alstom, rachetée par l'américain General Electric.
00:46:46Oui, mais quand même, ce n'est pas une mince affaire.
00:46:48C'est une affaire centrale.
00:46:50Mais, disons que
00:46:52ces investisseurs étrangers, ils n'investissent pas
00:46:54que dans les cathédrales de l'économie européenne.
00:46:56Ils investissent aussi dans les petites églises de campagne,
00:46:58si je puis dire. C'est-à-dire les PME, les ETI,
00:47:00etc. Et ça, ça passe complètement
00:47:02sous les radars. Et pourtant, ça a un impact, surtout
00:47:04de façon agrégée. C'est vrai. Par exemple, on va
00:47:06à Bordeaux, à Saint-Émilion, etc.
00:47:08Le nombre de vignoles qui ont été rachetées
00:47:10par les Chinois est impressionnant.
00:47:12Exactement. Et ça touche malheureusement
00:47:14aussi des secteurs encore plus stratégiques
00:47:16que l'industrie vinicole.
00:47:18Je peux vous donner un exemple, par exemple, dans le Tarn,
00:47:20un endroit qui peut parler à nos auditeurs.
00:47:22Une petite entreprise qui s'appelle FCT,
00:47:24qui est une pépite industrielle
00:47:26ou qui était une pépite industrielle,
00:47:28spécialisée dans les valves industrielles.
00:47:30Ils avaient un savoir-faire inégalé dans le monde.
00:47:32Ils avaient un carnet de commandes qui était plein
00:47:34au début 2020,
00:47:36au moment du Covid, mais
00:47:38pour des raisons que tout le monde peut bien comprendre,
00:47:40un problème de trésor lié à la crise inflationniste
00:47:42et au Covid. Les banques refusent de leur prêter.
00:47:44Un Chinois se présente,
00:47:46un investisseur chinois, en réalité
00:47:48une société immatriculée dans un centre financier
00:47:50offshore. Derrière cette société
00:47:52offshore,
00:47:54il y a un investisseur chinois.
00:47:56Cet investisseur chinois rachète FCT,
00:47:58l'industrielle Tarnay.
00:48:00Évidemment, Bercy ne
00:48:02dit rien. Quand
00:48:04les magasins Carrefour sont menacés
00:48:06d'être rachetés, vous savez,
00:48:08par les Canadiens
00:48:10Couchetard, là Bruno Le Maire monte au créneau
00:48:12comme si, d'une certaine manière,
00:48:14les supermarchés allaient être délocalisés au Canada
00:48:16ou que le savoir-faire de nos
00:48:18magasiniers allait être volé.
00:48:20Mais là, Bercy ne dit rien
00:48:22dans ce cas de cette petite industrielle Tarnay.
00:48:24Et deux ans après, l'investisseur
00:48:26chinois claque la porte.
00:48:28On retrouve 200
00:48:30employés sur le carreau, leur famille sur le carreau
00:48:32et le savoir-faire parti en Chine.
00:48:34Et donc, c'est ça.
00:48:36C'est-à-dire qu'en fait, les Chinois
00:48:38ont récupéré la mécanique. Comment on le fait ?
00:48:40Et puis les autres...
00:48:42Alors justement,
00:48:44comment on laisse faire ça ?
00:48:46François-Xavier Carillon.
00:48:48Quand il se fait...
00:48:50C'est pas nouveau, c'est pas Macron spécialement.
00:48:52Il y a eu des décennies et des décennies.
00:48:54Mais comment ça se fait ?
00:48:56Ils ne sont pas entourés, les princes qui nous gouvernent ?
00:48:58Comment ça se fait qu'on laisse
00:49:00passer ça ?
00:49:02J'allais dire que c'est un peu mystérieux.
00:49:04Effectivement, ça ne date pas d'hier.
00:49:06Donc ce n'est pas un phénomène propre à Emmanuel Macron.
00:49:08Ça fait maintenant une vingtaine,
00:49:10une trentaine d'années que le phénomène
00:49:12grandit dans l'ombre.
00:49:14Il y a eu quelques lanceurs d'Arlert
00:49:16des années 2000.
00:49:18Arnaud Montebourg a été assez courageux
00:49:20dans l'affaire contre Alstom,
00:49:22en 2014. A droite, on a aussi
00:49:24des gens comme Olivier Marlex.
00:49:26Les quelques lanceurs d'Alert sont assez...
00:49:28On peut les retrouver de façon transpartisane.
00:49:30On les a reçus d'ailleurs, tout à fait.
00:49:32Mais à votre avis,
00:49:34il y a eu quoi ? Il y a eu une espèce de négligence ?
00:49:36Parce que, ce qui est très étonnant,
00:49:38vous parlez de l'affaire Alstom, vous parlez de toutes ces affaires.
00:49:40Mais vous...
00:49:42Je voudrais qu'on revienne... Vous avez commencé
00:49:44par le port du Piret, le fameux port-grêpe
00:49:46du Piret. Les enfants du Piret,
00:49:48tout le monde connaît ça.
00:49:50Et racheté par les Chinois.
00:49:52Or, effectivement, d'un côté pour la Grèce,
00:49:54c'était important, sinon...
00:49:56Et c'était fichu. Mais au fond,
00:49:58est-ce que c'est
00:50:00une question de puissance
00:50:02économique qui se transforme en puissance
00:50:04politique ? Est-ce que c'est ça,
00:50:06le rapport entre la politique et l'économie ? Là-dessus,
00:50:08sur ces problèmes-là, des états prédateurs.
00:50:10Le port du Piret, c'est un exemple très intéressant.
00:50:12Tout à l'heure, je vous ai dit qu'il y avait des prédations
00:50:14qui étaient de nature économique.
00:50:16C'est-à-dire, le but, c'était d'aller chercher
00:50:18nos meilleurs atouts industriels, technologiques.
00:50:20L'exemple que vous prenez avec
00:50:22le port du Piret, c'est
00:50:24plutôt le type d'investissement qui a une nature
00:50:26géopolitique. C'est-à-dire, en prenant
00:50:28le contrôle de ce port-là, la Chine
00:50:30acquiert une capacité de menace
00:50:32sur cette infrastructure
00:50:34évidemment critique, puisqu'on a une quantité
00:50:36de marchandises
00:50:38qui transitent par les ports.
00:50:40Ce qui est le plus intéressant, et ce que j'explique dans le livre,
00:50:42ça a été le résultat de mon enquête, c'est qu'en réalité
00:50:4414 ports européens sont passés
00:50:46sous pavillon chinois. 14 ports.
00:50:4814 ports, oui. Il faut raconter ça.
00:50:50Aujourd'hui, à l'heure où on parle.
00:50:52Un peu partout dans le sud de l'Europe
00:50:54notamment, mais aussi un peu dans le nord de l'Europe.
00:50:56Par exemple, c'est quoi ?
00:50:58C'est Bilbao, c'est Valence, etc.
00:51:00où les terminaux stratégiques ont été rachetés
00:51:02souvent par des entreprises publiques chinoises,
00:51:04pas des entreprises privées. On pourra aussi
00:51:06revenir là-dessus. Et évidemment,
00:51:08ce qui est important, c'est que ce n'est pas qu'un investissement financier.
00:51:10C'est-à-dire que dans la majorité
00:51:12de ces cas, pas tous, mais dans la majorité de ces cas,
00:51:14les Chinois ont ensuite placé à la tête
00:51:16de ces entreprises des opérationnels chinois
00:51:18qui étaient parfois passés par le parti communiste.
00:51:20Et donc, ils sont vraiment allés en capacité
00:51:22après d'exercer une menace, peut-être implicite,
00:51:24mais une menace de
00:51:26sabotage, de blocage, etc.
00:51:28Quand on voit, par exemple, l'opposition que
00:51:30la France ou l'Europe peut avoir
00:51:32sur la question de Taïwan, entre la Chine et Taïwan,
00:51:34est-ce que demain, on sera encore en capacité
00:51:36ou est-ce qu'aujourd'hui, on est déjà en capacité
00:51:38de se lever contre la Chine, par exemple,
00:51:40si la Chine envahit Taïwan, alors même
00:51:42qu'un certain nombre de nos infrastructures critiques
00:51:44sont passées sous contrôle chinois ?
00:51:46Alors justement, ces entreprises publiques,
00:51:48on va en parler
00:51:50tout de suite après cette petite pause,
00:51:52mais je voudrais qu'on explique
00:51:54cet extraordinaire
00:51:56changement, presque mutation,
00:51:58entre, il y avait l'État, effectivement,
00:52:00on disait, mais laissez faire le privé,
00:52:02et aujourd'hui, au contraire, ce sont les entreprises publiques
00:52:04qui reprennent, non seulement du poil de balai,
00:52:06de la bête, mais qui n'ont pas d'initiative.
00:52:08On va en parler tout de suite
00:52:10après cette petite pause.
00:52:12Avec vous, évidemment, 0826-300-300 pour réagir,
00:52:14pour poser toutes vos questions à François-Xavier Carillion,
00:52:16qui est notre invité, jusqu'à 14h.
00:52:18A tout de suite sur Sud Radio.
00:52:20Terre-de-France.fr,
00:52:22le premier site d'articles français
00:52:24et patriotes présente...
00:52:26Ici,
00:52:28Sud Radio.
00:52:30Les Français
00:52:32parlent au français.
00:52:34Je n'aime pas
00:52:36la blanquette de veau.
00:52:38Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:52:40Sud Radio Bercov,
00:52:42dans tous ses états.
00:52:44On en parle très peu, on n'en parle pas assez,
00:52:46et ce serait un sujet
00:52:48pour les élections, vraiment,
00:52:50les états prédateurs, parce que
00:52:52qu'est-ce qu'ils font ? François-Xavier Carillion
00:52:54a écrit un livre passionnant là-dessus,
00:52:56qui vient de paraître aux éditions Fayard,
00:52:58et alors vous avez commencé
00:53:00à nous donner des exemples, François-Xavier Carillion,
00:53:02notamment le port du Piret,
00:53:04des ports d'Europe,
00:53:06et là,
00:53:08hors antenne, vous nous parlez aussi
00:53:10d'une entreprise pharmaceutique,
00:53:12en tout cas d'une filiale qui est en train
00:53:14justement d'être achetée.
00:53:16Oui, Biogarant, qui est une filiale
00:53:18du laboratoire Servier,
00:53:20est en ce moment courtisée de très près,
00:53:22si je puis dire, par deux groupes indiens
00:53:24qui avaient déjà racheté
00:53:26des entreprises pharmaceutiques à la fois
00:53:28en France et en Allemagne ces dernières années.
00:53:30Biogarant, pour bien comprendre,
00:53:32c'est le leader des médicaments génériques
00:53:34en France, c'est un médicament sur huit,
00:53:36et c'est l'ibuprofène,
00:53:38que tout le monde connaît bien.
00:53:40Le groupe fait vivre 8500 personnes
00:53:42avec ses sous-traitants,
00:53:44mais 8500 personnes
00:53:46juste en France,
00:53:48et encore beaucoup plus en Europe,
00:53:50donc il y a vraiment un poids
00:53:52en termes d'emploi national
00:53:54qui est très significatif.
00:53:56Biogarant pourrait être acheté
00:53:58par ses investisseurs indiens.
00:54:00Le gouvernement a commencé à dire
00:54:02que peut-être il pourrait s'opposer
00:54:04à un rachat. En réalité,
00:54:06ce qu'on a appris, c'est qu'ils ont repoussé
00:54:08ce qu'on appelle les lettres d'intention,
00:54:10c'est-à-dire le processus de vente.
00:54:12Ils l'ont repoussé après les élections européennes,
00:54:14dit-on a priori pour ne pas créer
00:54:16de choc ou de remous et de faire gonfler
00:54:18un peu plus le RN avant les élections.
00:54:20Je ne suis pas sûr que ça aurait pu être pire, mais bon.
00:54:22Donc ils ont repoussé
00:54:24le processus de vente.
00:54:26Aujourd'hui, on se retrouve
00:54:28avec une situation assez inquiétante,
00:54:30parce qu'en novembre dernier,
00:54:32le gouvernement, par exemple, Bercy,
00:54:34a donné son feu vert au rachat d'autres entreprises pharmaceutiques
00:54:36exactement du même type,
00:54:38comme l'entreprise Senexi.
00:54:40Aujourd'hui, on se demande
00:54:42si le gouvernement va réagir enfin ou pas,
00:54:44sachant qu'on a cet enjeu en matière d'emploi.
00:54:46C'est aussi un enjeu stratégique.
00:54:48Vous vous rappelez, pendant le Covid,
00:54:50on était au début d'une pénurie de paracétamol,
00:54:52qui n'a jamais été complètement jusqu'au bout,
00:54:54puisqu'il y avait des alternatives.
00:54:56Mais Biogarant, dans un certain nombre de cas,
00:54:58pour un certain nombre de ses médicaments,
00:55:00il n'y a pas forcément d'alternative.
00:55:02Donc ça veut dire que demain,
00:55:04si les investisseurs indiens mettent la main sur Biogarant,
00:55:06ils vont évidemment à terme
00:55:08utiliser les principes actifs indiens.
00:55:10C'est-à-dire qu'ils vont faire fabriquer les médicaments
00:55:12en Inde ou ailleurs en Asie,
00:55:14puisque c'est deux fois moins cher.
00:55:16Donc on n'est pas sûr de pouvoir avoir un approvisionnement
00:55:18en cas de pénurie demain,
00:55:20comme ça a été le cas pour le paracétamol.
00:55:22C'est-à-dire que ça ouvre...
00:55:24Mais d'ailleurs, le paracétamol était déjà en Chine.
00:55:26Rappelez-vous, ils ont tout envoyé en Chine.
00:55:28On se disait, voilà, c'est fini, ça ne sert plus à rien,
00:55:30nous on est dans le tertiaire.
00:55:32Est-ce que ça n'a pas été, quand même,
00:55:34deux choses francs, c'est que ça n'a pas été
00:55:36une espèce de politique qui consistait à dire
00:55:38écoutez, nous, la désindustrialisation,
00:55:40parce que c'est ça au sujet de votre livre,
00:55:42c'est que les prédateurs, les états prédateurs
00:55:44nous entourent.
00:55:46C'est pas nous les états prédateurs en ce moment,
00:55:48on l'a été, mais on ne l'est plus pour le moment.
00:55:50J'espère, je ne sais pas si
00:55:52il faut que ça change ou pas,
00:55:54mais ces exemples-là, il y en a des centaines
00:55:56d'après ce que vous me dites.
00:55:58Il y en a des centaines. Ce qui est très difficile,
00:56:00c'est pour ça, d'une certaine façon, que j'ai écrit
00:56:02cette enquête, c'est que les Américains,
00:56:04quand ils attaquent l'Europe,
00:56:06quand ils attaquent les entreprises européennes,
00:56:08dans le fond, ils le font
00:56:10à visage découvert. C'est-à-dire que c'est des entreprises privées,
00:56:12on les voit venir, j'allais dire, de loin.
00:56:14Alors pendant longtemps, on n'a pas réagi,
00:56:16c'est problématique. Aujourd'hui, on commence un peu
00:56:18à réagir et c'est trop timide.
00:56:20Ce qui est nouveau dans le phénomène que j'essaie
00:56:22de mettre en lumière, c'est que
00:56:24les fonds souverains
00:56:26et les entreprises publiques, lorsqu'elles viennent du monde
00:56:28en développement, c'est-à-dire d'Asie, du Moyen-Orient...
00:56:30Des émergents.
00:56:32Des émergents, exactement. Elles le font
00:56:34dans une forme
00:56:36d'opacité. C'est-à-dire que
00:56:38les outils dont je parle, ces investisseurs-là,
00:56:40ils investissent rarement en direct, ils investissent
00:56:42souvent à travers des cascades de sociétés d'investissement.
00:56:44Et c'est bien que c'est très difficile
00:56:46de savoir qui investit dans nos entreprises,
00:56:48qui est le réel actionnaire.
00:56:50Ces sociétés d'investissement ne donnent pas forcément
00:56:52les origines de leurs fonds,
00:56:54les origines nationales de leurs fonds.
00:56:56J'ai décrypté plein d'opérations d'investissement
00:56:58où on avait l'impression qu'une société,
00:57:00par exemple luxembourgeoise ou allemande,
00:57:02rachetait une entreprise française.
00:57:04En réalité, derrière la société luxembourgeoise,
00:57:06il y avait un paradis fiscal. Derrière le paradis fiscal,
00:57:08on retrouvait une entreprise privée
00:57:10chinoise. Derrière l'entreprise privée chinoise,
00:57:12on retrouvait une entreprise publique chinoise.
00:57:14Et derrière l'entreprise publique chinoise, il y a la mainmise
00:57:16du Conseil des Affaires de l'État.
00:57:18C'est les poupées russes. Il y a un double fonds,
00:57:20un triple fonds, un quadruple fonds.
00:57:22Si bien que quand on parle des investissements
00:57:24directs étrangers en Europe, et que
00:57:26le gouvernement présente
00:57:28les États-Unis ont plus investi
00:57:30en Europe, l'Asie est en recul,
00:57:32etc., la moitié de ces chiffres-là
00:57:34sont faussés. Parce qu'en fait,
00:57:36on connaît qui est le dernier investisseur,
00:57:38mais on ne remonte jamais la pyramide.
00:57:40C'est un travail d'enquête pour aller comprendre qui investit derrière
00:57:42et surtout quel est son projet.
00:57:44Et dites-moi, il n'y a personne
00:57:46qui détient les secrets de la pyramide ?
00:57:48Parce que tous ne font pas
00:57:50votre enquête. Est-ce que l'État,
00:57:52les responsables de l'État, connaissent
00:57:54les origines ? Ou au fond,
00:57:56non, ils disent qu'elles se présentent,
00:57:58on fait, on ne fait pas,
00:58:00on vend, on ne vend pas.
00:58:02Ils connaissent en partie, c'est-à-dire dans les
00:58:04cas qu'ils ont à traiter, sur lesquels
00:58:06ils essayent d'investiguer pour
00:58:08savoir s'ils vont filtrer, c'est-à-dire bloquer
00:58:10ou pas l'investissement, ils peuvent remonter
00:58:12ces chaînons
00:58:14dans la structure d'investissement.
00:58:16Mais dans de nombreux cas, d'une certaine
00:58:18façon, la sonnette d'alarme n'est pas tirée
00:58:20puisqu'on ne sait pas que derrière, il y a
00:58:22un investisseur public chinois, coréen,
00:58:24singapourien, indien, etc. Et donc,
00:58:26d'une certaine façon, Bercy ne fait rien.
00:58:28En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a
00:58:30un dispositif de filtrage
00:58:32en France qui s'appelle le dispositif IEF
00:58:34qui est logé à Bercy
00:58:36et qui filtre quand même un certain
00:58:38nombre, c'est à dire qu'il examine
00:58:40l'investissement étranger en France.
00:58:42Il regarde un certain nombre d'investissements,
00:58:44le bilan est sorti la semaine dernière,
00:58:46donc il y a 200 ou 300 investissements qui ont été
00:58:48regardés de près. Mais comme vous dites, c'est faussé,
00:58:50puisqu'on ne connaît pas leurs origines. C'est faussé
00:58:52pour partie et surtout, il y a un certain nombre
00:58:54d'investissements qui ne sont pas scrutés du tout
00:58:56parce que le dispositif français,
00:58:58il regarde les investissements qui sont une menace
00:59:00à ce qu'on appelle dans le droit français
00:59:02la défense nationale, l'ordre public
00:59:04ou la sécurité nationale.
00:59:06Donc en clair, une entreprise d'armement,
00:59:08il y aura plus de chances qu'elle soit filtrée.
00:59:10Mais toutes les entreprises comme
00:59:12celles que j'ai mentionnées tout à l'heure, les petites pépites industrielles
00:59:14qui sont rachetées...
00:59:16Celles du Tarn ou même celles de Biogarant...
00:59:18Exactement. Ces entreprises-là,
00:59:20elles ne sont pas toujours examinées par les services
00:59:22de Bercy parce que dans le fond,
00:59:24elles contribuent juste à notre
00:59:26prospérité collective, à notre richesse, à notre emploi
00:59:28etc. Et donc elles sont jugées comme
00:59:30non stratégiques par le gouvernement.
00:59:32Très intéressant, on va suivre ça
00:59:34et on va en parler justement, on va parler de votre génération
00:59:36par rapport aux
00:59:38ambitions de vos
00:59:40prédécesseurs. 0 826
00:59:42300 300 pour réagir, pour poser
00:59:44toutes vos questions à François-Xavier Carillon
00:59:46qui est notre invité jusqu'à 14h
00:59:48avec André Bercoff, à tout de suite sur Sud Radio.
00:59:50Sud Radio
00:59:52Bercoff dans tous ses états.
00:59:54Appelez maintenant pour réagir. 0 826
00:59:56300 300.
00:59:58Terre-de-France.fr
01:00:00Le premier site d'articles français
01:00:02et patriotes présente
01:00:04Ici
01:00:06Sud Radio
01:00:08Les français
01:00:10parlent au français
01:00:12Les carottes sont
01:00:14cuites
01:00:16Les carottes sont cuites.
01:00:18Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
01:00:20Et dans tous ses états prédateurs
01:00:22comme dit François-Xavier Carillon dans un livre
01:00:24qui vient de paraitre chez Faya.
01:00:26Je vais vous citer justement au début
01:00:28de votre livre, vous dites quelque chose d'intéressant.
01:00:30Vous dites
01:00:32Le défaut de transparence entretenu par les investisseurs publics
01:00:34on en parlait, contribue à
01:00:36invisibiliser leur prédation.
01:00:38Mais reconnaissez-le, nous ne sommes pas nous-mêmes
01:00:40européens exemples de toute responsabilité.
01:00:42Paralysés par notre conception
01:00:44irénique des relations internationales
01:00:46et par la peur de se couper de la
01:00:48main précieuse des capitaux étrangers,
01:00:50nos dirigeants s'accrochent à tout prix à l'ouverture
01:00:52de le marché. Très bien, ouvrez, ouvrez, ouvrez.
01:00:54Il dit alors quoi ? Il dit
01:00:56qu'il est que de nombreux Etats extra-européens
01:00:58donc ces Etats, réussissent à combiner
01:01:00activité et production
01:01:02Alors la faute est-elle aux politiques
01:01:04autechtocrates ? Un peu facile. En France
01:01:06nous ne pouvons pas ignorer que le caste
01:01:08journalistique et intellectuel
01:01:10minoritaire dans l'opinion mais influent
01:01:12auprès des décideurs s'est transformé en chienne
01:01:14de garde de la mondialisation libérale.
01:01:16Et alors vous citez notamment
01:01:18par exemple Express
01:01:20il dit voilà, si on dit que
01:01:22voilà c'est bien de
01:01:24de vouloir quand même savoir un peu ce qui se passe, d'être un peu protectionniste.
01:01:29Alors le mot fait hurler, comment protectionniste ?
01:01:32Mais enfin, l'ouverture au monde est une chance pour la France,
01:01:35et garde au mauvais coucheur, car de l'actuel social-nationalisme aux autres combinaisons de ces deux mots,
01:01:41suivez mon regard, le passage est possible, c'est l'Express qui dit ça.
01:01:45Oui, c'est le chantage au fascisme, comme on l'a vu dans...
01:01:49La réduction ad hitlerum.
01:01:50Exactement, comme on l'a vu dans d'autres domaines.
01:01:53Ce qui est assez dramatique, c'est que ces gens qui, pendant 20 ans, nous ont expliqué
01:01:57que le marché globalisé était formidable, c'était une source d'opportunité pour tout le monde...
01:02:00La mondialisation heureuse, oui.
01:02:02Exactement, cher Alain Minc, on aimerait que ces gens-là rendent des comptes aujourd'hui.
01:02:06C'est-à-dire qu'on voit tous qu'ils se sont trompés,
01:02:09on voit tous qu'ils ont laissé grande ouverte les portes de l'économie européenne et française,
01:02:14et ces gens-là paradent encore sur les plateaux.
01:02:16On a Jacques Attali qui disait en novembre dernier sur un plateau de télévision du service public, je crois,
01:02:22que l'Europe était ouverte à toutes les prédations étrangères.
01:02:27On croit rêver, il nous a écrit l'inverse pendant 20 ans ou 30 ans,
01:02:32et aujourd'hui il semble se réveiller en donnant une énième leçon de sagesse.
01:02:36Mais alors justement, est-ce que cette leçon ne devrait pas être donnée aussi
01:02:39en partie à votre génération, François-Xavier Grayon,
01:02:44parce qu'aujourd'hui on sait très bien que, bon, énormément,
01:02:47on peut le comprendre, on n'a pas jeté la pierre, c'est pas un jugement moral,
01:02:52mais que beaucoup, effectivement, tous les BAC plus 5, plus 10, plus 15,
01:02:58se précipitent vers les fusions acquisitions, vers le droit des affaires, etc.,
01:03:05et effectivement travaillent pour des entreprises qui achètent au nom des États prédateurs.
01:03:12Oui, vous avez raison, dans le fond, la génération de mes grands-parents,
01:03:16et peut-être presque jusqu'à la génération de mes parents,
01:03:20les gens qui sortaient des grandes écoles, des formations d'élite,
01:03:23ils partaient dans l'industrie et ils allaient contribuer,
01:03:27pas seulement au développement économique national,
01:03:29mais aussi à sa puissance, à sa souveraineté, à son indépendance,
01:03:32que ce soit sur le terrain du numérique, du nucléaire, de l'aéronautique, etc.,
01:03:38ils contribuaient à notre puissance.
01:03:40Et puis, il y a eu un changement générationnel à partir des années 80,
01:03:45et c'est devenu plus chic, d'une certaine façon,
01:03:47de travailler chez McKinsey, chez Morgan Stanley, chez Baker McKenzie,
01:03:51et de participer aux grands, ce qu'on appelle les deals dans le monde anglo-saxon,
01:03:55c'est-à-dire les grandes opérations d'investissement.
01:03:56Les grandes opérations, oui, exactement.
01:03:58Et c'est évidemment parce que c'est plus rémunérateur,
01:04:01mais aussi parce que, d'une certaine façon, à mon sens,
01:04:04la bourgeoisie d'affaires, la bourgeoisie économique a perdu une forme de patriotisme,
01:04:09le patriotisme est devenu ringard, et à l'échelle européenne, il est cosmétique,
01:04:14c'est-à-dire qu'on veut bien s'afficher comme européen de cœur,
01:04:17mais tant que ça ne tape pas au portefeuille, d'une certaine façon.
01:04:20En fait, on salive européen, mais le portefeuille est bien international et mondialisé.
01:04:27Exactement, et c'est assez dramatique.
01:04:29Alors, d'une certaine façon, c'est aussi un mea culpa de ma part,
01:04:32mais c'est-à-dire que pendant 10 ans, pendant un peu moins de 10 ans...
01:04:35Vous êtes consultant en stratégie.
01:04:36Exactement.
01:04:37Le mot ne veut pas dire grand-chose, ça veut dire qu'en clair,
01:04:39on accompagne des dirigeants de grandes entreprises dans toutes leurs décisions stratégiques,
01:04:44et au quotidien, malheureusement, quand on travaille pour des entreprises françaises ou européennes,
01:04:48les grands groupes, on essaie de réparer ce qui est encore réparable
01:04:52en optimisant les coûts, les prix, etc.
01:04:55Ce n'est pas toujours très glorieux.
01:04:57Et aussi, on contribue à vendre les bijoux de famille,
01:05:01c'est-à-dire ce qui a encore un peu de valeur,
01:05:03et malheureusement, ça va plus souvent dans un sens que dans l'autre,
01:05:05c'est-à-dire que c'est plutôt vendre des entreprises européennes à l'étranger que l'inverse.
01:05:09Oui, c'est ça.
01:05:10Vous avez en tout cas la franchise et le courage de le dire.
01:05:14Je trouve que quand même, c'est tout à fait étonnant qu'encore une fois,
01:05:19on revienne aux politiques, que les politiques ne donnent pas...
01:05:22Justement, il est tout à fait normal que quelqu'un ait envie de gagner sa vie,
01:05:26ait envie de prospérer,
01:05:28et qu'ils ne donnent pas justement le pouvoir d'attraction et d'attractivité.
01:05:33Et on revient, moi je voudrais quand même que vous me dosiez, même si on en a beaucoup parlé,
01:05:37quel est votre sentiment à vous sur l'histoire d'Alstom,
01:05:40sachant que nous rachetons aujourd'hui,
01:05:42que le gouvernement français, enfin l'État français,
01:05:45rachète les turbines à Rabel,
01:05:47qu'il va payer presque le double du prix qu'il a vendu,
01:05:53et que les turbines à Rabel restent sous contrôle américain, quand même.
01:05:57Voilà.
01:05:58Vous régissez comment, vous, François-Xavier Carillon ?
01:06:02Oui, il y a une dimension un peu pathétique dans cette affaire.
01:06:07En fait, tous les outils de la guerre économique ont été utilisés dans cette affaire.
01:06:11Reste à savoir si ça a été fait de façon parfaitement coordonnée par le gouvernement américain,
01:06:15et là je laisse ça aux spécialistes.
01:06:17Mais en clair, Alstom avait été affaibli financièrement
01:06:20par ce qu'on appelle dans le jargon l'extraterritorialité du droit américain,
01:06:24c'est-à-dire la capacité des États-Unis à imposer leurs droits,
01:06:26et donc à sanctionner financièrement.
01:06:28Pour comprendre pour Zolito aussi,
01:06:30dès qu'on agit en dollars, dès qu'on deal en dollars,
01:06:33les Américains ont un droit de poursuite et un droit de surveillance
01:06:37dans n'importe quelle partie du monde.
01:06:39Exactement. Le Department of Justice, le DOJ,
01:06:42peut intervenir.
01:06:44En réalité, ce n'est même pas seulement quand on deal en dollars,
01:06:46mais c'est aussi s'il y a une filiale du groupe aux États-Unis,
01:06:49et plein d'autres conditions comme ça.
01:06:51Donc c'est plutôt ceinture bretelle, si je puis me permettre l'expression.
01:06:54Et de fait, on pourrait se dire un peu naïvement,
01:06:58très bien, l'extraterritorialité du droit américain,
01:07:00ça veut dire qu'il va y avoir une harmonisation juridique,
01:07:02les mêmes normes de bonne pratique, anticorruption vont être imposées partout.
01:07:06Mais ce qu'on voit, c'est que les États-Unis ont imposé cet outil
01:07:10à des fins politiques, c'est-à-dire pour déstabiliser des groupes
01:07:12et ensuite les racheter.
01:07:14Alors ça semblerait complotiste de dire qu'ils l'utilisent pour racheter des groupes,
01:07:17il se trouve que très régulièrement, cet outil et ces sanctions financières
01:07:21sont utilisées juste avant de racheter des groupes.
01:07:23Donc évidemment, on se pose des questions.
01:07:25Pour mesurer l'ampleur du phénomène, je crois que ça représente les sanctions
01:07:2850 milliards en Europe depuis 2010.
01:07:3050 milliards de dollars ?
01:07:3250 milliards de dollars.
01:07:33C'est quand même pas mal, oui.
01:07:34Oui, certains laboratoires ont été d'ailleurs, effectivement, avec certaines banques.
01:07:39La BNP, Airbus, etc.
01:07:41Les grands fleurons, les grands noms de l'industrie française et européenne.
01:07:45Et aujourd'hui, est-ce qu'il y a, de ce point de vue-là, vous en parlez aussi,
01:07:48est-ce qu'il y a une politique européenne de se prémunir, en tout cas,
01:07:53contre les interprétateurs, ou au contraire, c'est welcome, open bar et maison de passe ?
01:07:58C'est une très bonne question.
01:08:01L'Europe, sur le papier, s'est dotée d'un dispositif de filtrage,
01:08:06mais qui est très fragile à ce stade.
01:08:08C'est-à-dire, c'est un partage d'informations entre les différents États membres,
01:08:11sur des bases volontaires.
01:08:12C'est-à-dire que l'Italie peut nous dire,
01:08:14il y a tel investisseur étranger qui s'intéresse à telle entreprise chez vous,
01:08:17ou à telle entreprise chez nous, mais qui a une filiale chez vous dans le sud de la France.
01:08:21Donc ça, c'est le dispositif de filtrage.
01:08:23Vous reconnaîtrez que ça paraît assez léger.
01:08:26Ensuite, il y a une jurisprudence européenne,
01:08:31qui, pour le coup, a une influence très importante chez nous.
01:08:33Cette jurisprudence, elle dit qu'on n'a pas le droit, en France,
01:08:36comme dans les autres États membres,
01:08:37de se protéger contre les investissements qui menacent nos intérêts économiques.
01:08:41Donc, s'il y a un investissement étranger qui menace notre sécurité nationale,
01:08:45là, on peut se protéger, techniquement.
01:08:47Donc, s'il y a une entreprise d'armement qui est rachetée,
01:08:49on pourrait, en théorie, se protéger.
01:08:51Si c'est une entreprise qui est juste un savoir-faire,
01:08:54la Commission européenne et la jurisprudence communautaire
01:08:58interdit la France de filtrer l'investissement, de bloquer cet investissement-là.
01:09:02Attendez, c'est fondamental, ça.
01:09:04C'est-à-dire, par exemple, je vais très loin,
01:09:07si, par exemple, un gros fonds souverain s'intéresse à Michelin,
01:09:12je prends à exprès, et Michelin, ce n'est pas des forces nationales,
01:09:17ils ne peuvent pas s'opposer, c'est-à-dire...
01:09:19Oui, je pense que Bercy...
01:09:21J'ai pris à exprès, évidemment...
01:09:23C'est-à-dire, plus c'est gros, plus l'entreprise...
01:09:25Plus c'est gros et plus c'est visible, plus Bercy pourra dire
01:09:28« Non, non, mais là, il y a un enjeu de sécurité publique,
01:09:30parce que sinon, il n'y aura plus de pneus, je n'en sais rien. »
01:09:32On peut toujours trouver une explication.
01:09:34Mais techniquement, dans tous ces secteurs-là,
01:09:36et c'est pour ça, en réalité, que beaucoup d'entreprises continuent d'être vendues,
01:09:39dans tous les secteurs stratégiques,
01:09:41mais qui ne sont pas liés directement à la sécurité ou à la défense,
01:09:44les opérations sont permises.
01:09:47Et ça, juste un point, c'est important,
01:09:49au Canada, en Australie, aux États-Unis,
01:09:51on filtre ces investissements-là.
01:09:53C'est-à-dire, dans le reste du monde libéral,
01:09:55on s'autorise à se doter de ces protections.
01:09:58C'est quand même fondamental, c'est hallucinant.
01:10:01En tout cas, ça fait réagir, André, au 0826-300-300.
01:10:04On a Lila, qui nous appelle depuis Lyon.
01:10:06Bonjour, Lila.
01:10:07Oui, bonjour.
01:10:08Merci, monsieur Bercoff, vraiment, grâce à vous,
01:10:11on a des sujets complètement intéressants et différents,
01:10:14et surtout, on apprend des choses.
01:10:16Merci.
01:10:17Et qui concernent souvent ce que l'on pense.
01:10:20Oui, moi, j'ai plusieurs questions.
01:10:22Ma première question, c'est d'abord pour BioGarant,
01:10:25ce que j'ai appris.
01:10:26Je suis en train de me dire,
01:10:27mais pourquoi les pauvres pharmaciens ont fait un jour de grève
01:10:30pour informer qu'on risquait d'avoir des pénuries de médicaments ?
01:10:33Comment se fait-il qu'on n'a pas eu tous ces médecins
01:10:36qui sont venus sur les plateaux,
01:10:38comme ils l'ont fait pour Pfizer,
01:10:40parce que là, il fallait vendre du produit américain ?
01:10:42Pourquoi ils ne sont pas venus sur les plateaux
01:10:44pour dire, voilà, on va être en pénurie,
01:10:46et voilà ce qui se passe pour BioGarant ?
01:10:48Pourquoi est-ce qu'on n'éduque pas les Français,
01:10:50ou on n'informe pas les Français ?
01:10:52Les journalistes ne font pas leur travail.
01:10:54Un exemple, pourquoi est-ce que, par exemple,
01:10:57on n'éduque pas les Français à avoir cette culture,
01:11:01au lieu de penser qu'à leur assurance vie,
01:11:04d'investir dans des entreprises locales
01:11:07qui pourraient être aidées,
01:11:09et notamment la jeune génération,
01:11:11l'éduquer à tout ça,
01:11:12et surtout que ça va coûter cher,
01:11:14parce que si la technologie,
01:11:16si le savoir-faire s'en va,
01:11:18arriver à un moment,
01:11:19si on en a besoin à nouveau,
01:11:20il faudra repayer,
01:11:21alors que ça a été, en France,
01:11:23les années de recherche qui ont été faites,
01:11:25et une chose que je dis à des tas de gens
01:11:27depuis des années,
01:11:28quand les Chinois,
01:11:29excusez-moi, je parle des Chinois,
01:11:31quand les Chinois investissent,
01:11:33au départ, eux, ils se contentent un peu,
01:11:35comme pour l'Afghanistan,
01:11:36attendre que tout le monde fait le boulot,
01:11:38et après, ils viennent récolter.
01:11:39Donc après, eux, ce qu'ils font,
01:11:41c'est qu'ils sont nuisibles,
01:11:42parce qu'après,
01:11:43il y a des personnes de la population chinoise
01:11:46qui remplacent les emplois,
01:11:48alors que, vous comprenez,
01:11:50c'est une perte qui est double-triple.
01:11:53Ok, Lila, merci.
01:11:54François-Xavier ?
01:11:56Je pense qu'effectivement,
01:11:58les gens en France, en Europe,
01:12:01ne se rendent pas toujours compte,
01:12:02et vous avez raison,
01:12:03il y a un problème de compréhension
01:12:04de ces enjeux-là,
01:12:05alors on ne va pas culpabiliser
01:12:07les honorables citoyens,
01:12:09c'est-à-dire que c'est des sujets techniques,
01:12:11et la responsabilité,
01:12:12c'est évidemment celle de nos élites,
01:12:13politiques, intellectuelles,
01:12:15de nous donner la bonne grille de lecture,
01:12:16et de nous éclairer sur les dangers.
01:12:18Le problème, c'est que,
01:12:19dans le fond, ces sujets-là,
01:12:20ils ont été méprisés pendant 30 ans.
01:12:22Moi, au moment où j'ai commencé à écrire ce livre,
01:12:24je me suis posé des questions,
01:12:25parce que je me suis dit,
01:12:26cette thèse,
01:12:27la thèse qui est un peu
01:12:28la thèse d'Arnaud Montebourg,
01:12:30défendue il y a une dizaine d'années,
01:12:33cette thèse,
01:12:34elle est un peu ringarde,
01:12:36et elle est intellectuellement
01:12:37pas très valorisante.
01:12:38On se dit, attention, méfiez-vous,
01:12:39vous ne vous rendez pas compte.
01:12:40Vous allez faire du patriotisme
01:12:42et du souverainisme.
01:12:43Exactement.
01:12:44Et dans le monde économique,
01:12:46vous voyez, dans les banques d'affaires,
01:12:47les cabines d'avocats, etc.,
01:12:49ça ne fait pas très chic
01:12:50de s'intéresser à ces sujets-là.
01:12:51Vous voyez, ce n'est pas pro-business,
01:12:52comme on dit.
01:12:53Et donc, les gens osent peu
01:12:55tirer la sonnette d'alarme, je crois,
01:12:57et effectivement,
01:12:59les gens ne sont pas informés
01:13:00derrière des menaces potentielles.
01:13:01Alors, il ne faut pas penser
01:13:03que tous les investissements étrangers
01:13:04sont des menaces en soi.
01:13:05On a besoin des capitaux étrangers,
01:13:06il ne faut pas se tromper.
01:13:07On a besoin, simplement,
01:13:08on a besoin aussi
01:13:09de se doter des moyens d'arbitrer
01:13:10entre les investissements
01:13:11qui nous profitent
01:13:12et ceux qui nous appauvrissent
01:13:13ou nous asservissent.
01:13:14Ce n'est pas la même chose.
01:13:15Je crois que, non,
01:13:16c'est frapper au coin du bon sens.
01:13:17Esteban ?
01:13:18Philippe nous appelle depuis quand ?
01:13:19Bonjour, Philippe.
01:13:20Bonjour, Philippe.
01:13:21Bonjour, André, monsieur Carayon.
01:13:23Bonjour, oui.
01:13:24Alors, j'aimerais juste,
01:13:25un premier temps,
01:13:26apporter un petit témoignage
01:13:27et une question.
01:13:28Alors, je ne sais pas
01:13:29si vous vous en rappelez,
01:13:31la société Cabanon,
01:13:34dans le Vaucluse,
01:13:36était une cope
01:13:37qui était spécialisée
01:13:38dans la transformation de tomates.
01:13:40Elle a été rachetée en 2004
01:13:42par une société chinoise.
01:13:44Alors, figurez-vous,
01:13:45drôle ou pas drôle,
01:13:46on le prend comme on le veut,
01:13:48c'était dirigé par un colonel
01:13:50ou lieutenant-colonel
01:13:51de l'armée chinoise.
01:13:53Et ça, c'est vrai.
01:13:54Alors, il s'était engagé
01:13:56à garantir une production,
01:13:58enfin, avec les producteurs locaux
01:14:00de 60 000 tonnes.
01:14:02Ça ne s'est jamais fait.
01:14:03Résultat, en 2012,
01:14:05ils ont pris leurs plaques
01:14:07et leurs affaires.
01:14:08Ils sont partis transformer
01:14:09le concentré,
01:14:10parce que c'était du concentré de tomates,
01:14:12en Asie,
01:14:13pour retour en France
01:14:14et en Europe.
01:14:16Alors, moi, je voudrais poser
01:14:17une question à M. Carayon.
01:14:19Pourquoi il n'y a-t-il plus
01:14:21de grands ministres,
01:14:23ou plutôt de grands ministères,
01:14:24au plan,
01:14:25comme sous le général de Gaulle ?
01:14:27Parce que, bon,
01:14:28il y a la start-up nation,
01:14:29mais bon,
01:14:30encore faut-il savoir
01:14:31distinguer entre un marteau et un clou,
01:14:33et un marteau à débosser.
01:14:35Pourquoi, effectivement,
01:14:37les grands ministères,
01:14:39enfin, je ne sais pas si c'est le plan,
01:14:41François-Xavier Carayon,
01:14:42mais, effectivement,
01:14:43d'ailleurs, vous avez raconté,
01:14:45effectivement, c'était des sociétés
01:14:47qui ont été rachetées,
01:14:48ils prennent le savoir-faire
01:14:49et ils s'en vont.
01:14:50C'est ce que vient de raconter
01:14:51notre ami.
01:14:52Bah, techniquement,
01:14:53il y a un commissaire au plan,
01:14:54je crois que c'est François Béroux.
01:14:55Oui.
01:14:56Alors, bon, effectivement,
01:14:57il n'a pas l'air de mettre
01:14:58ces sujets-là
01:14:59au centre de ses préoccupations.
01:15:01Pourquoi, dans la classe politique,
01:15:04il n'y a pas une conscience
01:15:06plus fine de ces enjeux ?
01:15:08Je pense que c'est un problème
01:15:09culturel et idéologique.
01:15:10Il y a toute une génération,
01:15:11pardon André,
01:15:12mais votre génération,
01:15:14qui...
01:15:15étaient moins intéressés
01:15:17par ces problèmes-là.
01:15:18Je crois, mais...
01:15:19Et à tort.
01:15:20Il faut leur mettre en perspective.
01:15:21C'est-à-dire que je pense que
01:15:22le cadre idéologique
01:15:23dans lequel vous avez grandi,
01:15:24c'est aussi celui
01:15:25de la fin de la guerre froide,
01:15:26c'est-à-dire l'affrontement
01:15:27contre les soviétiques.
01:15:28Et donc, le libéralisme
01:15:29était vu aussi
01:15:30comme le contrepoint naturel
01:15:31face aux soviétiques.
01:15:33Et le problème,
01:15:34c'est qu'il faut tourner
01:15:35une nouvelle page.
01:15:36C'est-à-dire, en fait,
01:15:37le marché n'est pas
01:15:38qu'un vecteur d'opportunité.
01:15:39C'est un vecteur d'opportunité.
01:15:40Mais c'est aussi, potentiellement,
01:15:41un vecteur de menaces.
01:15:42Et donc...
01:15:43Et se mène, sur ce marché-là,
01:15:44une vraie guerre économique.
01:15:46Nous, il faut être en capacité
01:15:47de lutter à armes égales,
01:15:48évidemment,
01:15:49face aux autres nations rivales.
01:15:51On va marquer
01:15:52une toute petite pause
01:15:53sur celui de la radio.
01:15:54On revient dans un instant,
01:15:55puis vous aurez la parole,
01:15:56évidemment.
01:15:570-826-300-300.
01:15:58Nous sommes avec
01:15:59François-Xavier Carayon
01:16:00jusqu'à 14h.
01:16:01A tout de suite sur Sud Radio.
01:16:26Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:16:29Sud Radio, Bercov,
01:16:30dans tous ses états.
01:16:32Toujours avec André Bercov
01:16:33et François-Xavier Carayon,
01:16:34qui vient nous voir pour son livre
01:16:35Les états prédateurs,
01:16:36fonds souverains
01:16:37et entreprises publiques
01:16:38à la conquête de l'Europe.
01:16:39C'est publié aux éditions Fayard.
01:16:41Et nous avons Mohamed,
01:16:42qui nous appelle depuis Paris.
01:16:43Bonjour, Mohamed.
01:16:44Oui, bonjour, Mohamed.
01:16:45Bonjour.
01:16:46On vous écoute, Mohamed.
01:16:47La notion de haute trahison,
01:16:49il me semble,
01:16:50qu'elle a été supprimée
01:16:51sous l'ère Sarkozy,
01:16:53par une procédure de destitution.
01:16:55Donc aujourd'hui,
01:16:56un ministre ou quelqu'un du gouvernement
01:16:59ou de la haute administration,
01:17:01on ne peut vraiment plus
01:17:03l'accuser de haute trahison.
01:17:05Et ça, déjà,
01:17:06ça me pose vraiment un problème
01:17:07en termes de responsabilité.
01:17:09Oui, vous voulez dire
01:17:10qu'on ne peut plus sanctionner.
01:17:12Mais c'est un vrai problème,
01:17:13c'est vrai, même.
01:17:14Mohamed le pose.
01:17:16C'est vrai qu'il y a un problème,
01:17:17alors sans parler de corruption,
01:17:19etc.
01:17:20Mais, encore une fois,
01:17:22cette vigilance qui est,
01:17:23encore une fois,
01:17:24on ne parle pas d'aujourd'hui,
01:17:25on parle de quelque chose
01:17:26qui a commencé.
01:17:27D'ailleurs, comme par hasard,
01:17:28vous disiez qu'il y a 40 ans,
01:17:29à peu près l'époque Mitterrand.
01:17:30C'est assez...
01:17:31C'est comme par hasard,
01:17:32mais enfin bon, passons.
01:17:34Mais, effectivement,
01:17:35est-ce qu'il y a,
01:17:36après, des sanctions ?
01:17:37Moi, je...
01:17:38On ne va pas revenir sur Alstom,
01:17:39et Dieu sait s'il y aurait d'autres,
01:17:41Alcatel et autres choses à dire,
01:17:43mais est-ce que, quand même,
01:17:45est-ce qu'il y a eu,
01:17:46à votre connaissance,
01:17:48des sanctions prises,
01:17:50par exemple,
01:17:51quand on a laissé passer,
01:17:52quand on a laissé passer
01:17:53quelque chose
01:17:54qui aurait dû rester,
01:17:55je ne parle pas de défense,
01:17:57évidemment,
01:17:58de sécurité publique,
01:17:59qui aurait dû rester
01:18:00dans le giron national ?
01:18:02Non, les grandes opérations
01:18:04dont tout le monde a pu entendre parler,
01:18:07vous savez, c'est Alcatel,
01:18:08Péchiné, Lafarge, Alstom, etc.
01:18:10À ma connaissance,
01:18:11sur chacun de ces sujets-là,
01:18:13il n'y a jamais eu de sanctions.
01:18:14Après, je serais peut-être
01:18:15un peu moins dur que vous, Mohamed,
01:18:17sur la haute trahison.
01:18:18La responsabilité est très partagée,
01:18:20ça ne veut pas dire
01:18:21qu'elle n'existe pas,
01:18:22elle est très importante,
01:18:23il faut mettre le doigt dessus,
01:18:24peut-être brutalement même,
01:18:25mais la responsabilité est partagée
01:18:27entre ce qu'on disait tout à l'heure,
01:18:28c'est-à-dire entre les politiques,
01:18:29bien sûr,
01:18:30mais aussi entre les journalistes
01:18:31qui ne font pas le travail nécessaire,
01:18:33pardon André,
01:18:34mais vous ne faites pas partie
01:18:35de cette caste,
01:18:36mais qui ne font pas le travail nécessaire
01:18:38pour éclairer les citoyens
01:18:40sur les menaces qui nous guettent,
01:18:42et puis les intellectuels aussi,
01:18:45tout à l'heure on citait
01:18:46Jacques Attali et Alain Minc,
01:18:47et puis enfin les élites économiques,
01:18:50c'est à laquelle j'appartiens,
01:18:53moi dans mon métier en tout cas,
01:18:54et qui continuent, j'allais dire,
01:18:57de collaborer,
01:18:58le mot est un peu fâcheux,
01:18:59mais qui continuent en tout cas
01:19:01de contribuer à ce processus
01:19:03sans tirer la sonnette d'alarme.
01:19:05Voilà, le mot est un peu fâcheux,
01:19:07mais pas fâcheux,
01:19:08c'est pas la nuance.
01:19:09On remercie Mohamed
01:19:10et on accueille Jean-Paul
01:19:11qui nous appelle depuis Toulouse,
01:19:12bonjour Jean-Paul.
01:19:13Oui, bonjour Jean-Paul.
01:19:14Oui, bonjour André,
01:19:15bonjour à votre invité.
01:19:17Bonjour.
01:19:18C'est toujours avec plaisir
01:19:19que je vous écoute.
01:19:20Je voudrais parler
01:19:21de deux ou trois exemples,
01:19:23bon Péchinet,
01:19:24Péchinet dans les Pyrénées
01:19:26avec son usine d'aluminium
01:19:27de haute qualité
01:19:29qui a été rachetée par les Chinois
01:19:31et qui est en train de
01:19:33fermer petit à petit,
01:19:35donc ça fait un transfert
01:19:37de technologie.
01:19:39Je voudrais parler aussi
01:19:41de l'Iran
01:19:42où Peugeot a été obligé
01:19:44d'abandonner l'Iran
01:19:46et donc comme par hasard
01:19:48les usines Peugeot en Iran
01:19:50ont été reprises
01:19:51quelques mois après par Ford,
01:19:53donc Peugeot a été obligé
01:19:55de partir sous peine
01:19:57de sanctions
01:19:59de millions
01:20:01de milliards de dollars d'amende.
01:20:03Oui, et le troisième exemple,
01:20:05vous aviez un...
01:20:06Et donc le troisième exemple,
01:20:08vous en avez déjà parlé,
01:20:09c'est Biogarand.
01:20:10Biogarand, donc il est probable
01:20:11que Macron
01:20:13quand il est à négocier
01:20:14donc les achats d'avions
01:20:16ou les achats de rafales supplémentaires
01:20:18par l'Inde,
01:20:19donc a négocié aussi
01:20:20tout un tas d'opérations
01:20:21plus ou moins douteuses.
01:20:23Et là, on parle...
01:20:24Ça on ne sait pas.
01:20:25Non, on ne sait pas, non,
01:20:27mais on peut le penser.
01:20:29Je parle...
01:20:31J'hésite pas à parler moi
01:20:32de haute trahison
01:20:33et même de corruption.
01:20:35Je pense qu'il y a des gens
01:20:36qui ont des comptes offshore
01:20:38qui sont grassement
01:20:40alimentés.
01:20:43Il y a des comptes offshore ?
01:20:44François-Xavier Carillon ?
01:20:46Non, je suis non responsable politique.
01:20:48Je suis non responsable politique,
01:20:49je n'en sais rien, naturellement.
01:20:51Mais non, je pense que
01:20:52ce qui est important...
01:20:53Merci de donner
01:20:54des exemples supplémentaires
01:20:56et je pense que
01:20:57ce qu'il faut comprendre
01:20:58c'est que ce n'est pas
01:20:59le fait d'États voyous.
01:21:01Voyez, on ne parle pas que...
01:21:03Ce n'est pas que des investissements
01:21:04par exemple qui viennent de Chine.
01:21:06Le modèle chinois,
01:21:07cette sorte de capitalisme d'États,
01:21:09de conquête,
01:21:10qui est partie à la conquête
01:21:11des marchés internationaux,
01:21:12il est en train de se diffuser
01:21:13un peu partout en Asie.
01:21:15On retrouve les mêmes outils
01:21:16techniques que je décris
01:21:18maintenant se développer
01:21:20en Corée du Sud, en Inde,
01:21:22y compris à Singapour,
01:21:23considéré comme le pays
01:21:24le plus libéral au monde,
01:21:25qui s'est doté des mêmes outils.
01:21:27Alors, ils utilisent souvent
01:21:28ces outils-là
01:21:29à des fins tout à fait classiques,
01:21:31de maximisation du rendement financier,
01:21:33comme on dit,
01:21:34c'est-à-dire à des fins financières.
01:21:36Mais, là aussi,
01:21:37ils utilisent ces outils
01:21:38pour construire leur puissance
01:21:39et, quand ils construisent
01:21:40leur puissance,
01:21:41ils créent notre impuissance.
01:21:42Oui, c'est ça.
01:21:43C'est une belle métaphore,
01:21:46mais, effectivement,
01:21:47on peut se poser des questions.
01:21:48Mais, vous revenez à une question
01:21:51de formation et, effectivement,
01:21:53de pédagogie,
01:21:54parce qu'on ne connaît pas.
01:21:55C'est un domaine
01:21:56qu'on n'aborde pas.
01:21:57Vous voyez,
01:21:58dès qu'on parle d'élections, etc.,
01:21:59on parle d'un certain nombre
01:22:00de choses, très bien.
01:22:01Et puis, là,
01:22:02qui est quand même très important,
01:22:03parce que ça signifie des emplois,
01:22:05ça signifie des richesses économiques,
01:22:06ça signifie tout cela.
01:22:07C'est pour ça que,
01:22:08quand on parle des États prédateurs,
01:22:09et c'est pour ça que, vraiment,
01:22:11je renvoie au livre
01:22:12de François-Xavier Carillon,
01:22:14parce qu'il n'y a pas de morale
01:22:17en économie.
01:22:18Ce ne sont pas les intérêts.
01:22:20De Gaulle disait
01:22:21que les États n'ont pas d'amis,
01:22:22ils n'ont que des intérêts.
01:22:23Exactement.
01:22:24On redécouvre que les logiques de force,
01:22:26les logiques de puissance
01:22:27sont au cœur de la mondialisation,
01:22:28on l'avait oublié.
01:22:29Mais, vous savez,
01:22:30en écoutant les différents auditeurs,
01:22:32et c'est très intéressant
01:22:33d'avoir leurs témoignages,
01:22:34je suis presque en train
01:22:35de changer d'avis.
01:22:36Est-ce que c'est les États
01:22:37qui méritent d'être mieux éduqués ?
01:22:38Est-ce que c'est les citoyens
01:22:39qui méritent d'être mieux éduqués ?
01:22:40Ou est-ce que c'est les responsables politiques
01:22:41qui méritent d'être mieux éduqués ?
01:22:42Parce que, vous voyez,
01:22:43tout le monde à conscience,
01:22:44autour de soi,
01:22:45voit des industries partir,
01:22:47la nuit, discrètement, comme ça.
01:22:49Les citoyens sont beaucoup plus au courant
01:22:50qu'on ne croit.
01:22:51Manifestement.
01:22:52Sauf que les citoyens
01:22:53n'ont pas le pouvoir.
01:22:54Tout à fait.
01:22:55That is the question.
01:22:56Merci, François-Xavier Carillon.
01:22:59Merci, François-Xavier Carillon,
01:23:00d'avoir été avec nous.
01:23:01Je vous rappelle votre livre
01:23:02Les États prédateurs font souverain
01:23:04et entreprise publique
01:23:05à la conquête de l'Europe.
01:23:06C'est aux éditions Fayard.
01:23:07C'est sorti depuis le 29 mai dernier.
01:23:09Merci, André Bercoff,
01:23:10d'avoir animé l'émission.
01:23:11On se retrouve demain
01:23:12entre 12h et 14h, tout de suite.
01:23:14C'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio.
01:23:15A demain.

Recommandations