Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00 On va vous parler de Lourdes, la basilique, le sanctuaire, mais côté finances.
00:05 Et on est avec Guillaume de Vulpian, directeur général du sanctuaire.
00:08 Merci d'être avec nous.
00:09 Ça se gère exactement comme une entreprise privée, j'allais dire.
00:13 Et c'est intéressant de vous écouter parce que la générosité
00:17 des pèlerins existe, mais est-ce qu'elle est suffisante ?
00:20 Alors, ça se gère comme une entreprise privée ?
00:23 Pas tout à fait, puisque c'est une économie de dons.
00:27 Et l'économie de dons, c'est la fréquentation des pèlerins
00:30 qui viennent du monde entier,
00:32 mais également, c'est la générosité de ces pèlerins.
00:34 Donc, c'est cette équation fréquentation + générosité = économie de dons.
00:38 Donc, beaucoup d'incertitude sur les ressources
00:41 et beaucoup de certitude sur les charges.
00:43 Et ça veut dire que ce sont uniquement les deniers du culte qui encaissent l'argent,
00:48 les dons ?
00:49 Est-ce que c'est l'achat de cierge ou est-ce que vous avez des donations ?
00:52 Alors, il n'y a pas de deniers du culte au sanctuaire de Lourdes.
00:55 En revanche, il y a des ressources, notamment le cierge.
00:58 Le cierge est une grande ressource pour le sanctuaire de Lourdes,
01:01 très liée d'ailleurs à la pastorale de Lourdes,
01:04 très liée à la piété populaire de Lourdes, très liée à ce lieu.
01:08 Pourquoi ? Parce qu'à Lourdes, vous avez la grotte que tout le monde connaît.
01:11 On vient toucher la grotte.
01:12 Il y a également l'eau de Lourdes,
01:14 mais également le cierge de Lourdes dans des chapelles de lumière
01:17 où chaque pèlerin vient déposer une offrande particulière par ce cierge.
01:21 C'est en fait la prière après le départ de Lourdes.
01:25 Mais pour être très concret, et pardon de parler argent,
01:28 mais vous avez quand même besoin de cet argent sonnant et très bûchant.
01:31 Bien entendu, et les cierges, par exemple, c'est 40% de nos ressources.
01:36 Donc, c'est quelque chose de très important.
01:38 Et l'ensemble de ces ressources couvrent évidemment nos charges
01:43 parce que, évidemment, nous devons couvrir tout notre fonctionnement.
01:47 Et c'est grâce aussi à cette fréquentation de pèlerins
01:51 qui vient du monde entier.
01:52 3 200 000 pèlerins en 2023,
01:55 plus 30% par rapport à 2022 et un poids très étonnant,
01:59 incroyablement étonnant, c'est 250 fois la ville de Lourdes
02:04 en population qui vient en sept mois.
02:05 On imagine bien.
02:06 Et sur des frais de fonctionnement très élevés, vous avez 320 salariés.
02:09 Nous avons 320 salariés.
02:10 Ce sont des frais de fonctionnement qui sont tout à fait adaptés au fond, au lieu.
02:15 Il y a 55 hectares.
02:17 Il y a les pèlerins à accueillir.
02:20 Il y a tous les services assurés, y compris la sécurité.
02:22 Et ça appartient à qui Lourdes aujourd'hui ?
02:24 Lourdes appartient finalement à l'église de France.
02:27 C'est une propriété.
02:28 Le terrain appartient à l'église.
02:29 Oui, voilà. Absolument.
02:30 Et ça, c'est très important de le savoir.
02:32 Donc, nous vivons sur nous-mêmes, sur notre capacité, je dirais,
02:36 à accepter la générosité de l'ensemble des pèlerins et aussi des nonateurs.
02:40 Alors, quand on va à Lourdes, on voit qu'il y a beaucoup de produits dérivés
02:42 qui sont vendus dans les rues.
02:44 Ça rapporte de l'argent, ça ?
02:46 Alors, les produits dérivés, en fait, c'est la logique commerciale de la ville.
02:49 Il est bien naturel que les commerçants entourent le sanctuaire sur cette activité,
02:54 à la fois d'hôtellerie, puisqu'il faut recevoir des millions de pèlerins,
02:58 donc il faut des hôtels, mais aussi de boutiques et de magasins de piétés.
03:01 Mais Lourdes, en tant que sanctuaire, n'est pas du tout un lieu commerçant.
03:04 Vous ne touchez rien, il n'y a pas de royalties ?
03:05 Il n'y a aucune royalité.
03:06 Et ce n'est pas un peu choquant quand même qu'ils fassent de l'argent sur votre dos ?
03:09 Alors, ce n'est pas forcément choquant.
03:11 Au fond, c'est leur modèle à eux.
03:13 Nous, en fait, quelque part, on a de très bonnes relations.
03:17 On les voit tous les mois et demi, à peu près.
03:19 On partage des informations pour qu'on accueille davantage et mieux les pèlerins.
03:24 Mais ils reversent quand même un peu d'argent ou pas ?
03:25 Imaginez que c'est religieux quand même, ces commerçants.
03:28 Les commerçants ne reversent pas d'argent, sauf s'ils viennent à titre personnel au sanctuaire.
03:34 Il n'y a aucune obligation.
03:35 Et l'eau de la grotte est-elle vendue ?
03:37 L'eau n'a jamais été vendue.
03:38 Ah d'accord.
03:39 Jamais été vendue.
03:40 C'est-à-dire que les pèlerins viennent en masse à Lourdes
03:42 juste pour avoir cette grâce de l'eau de Lourdes, de la source de Lourdes.
03:47 Donc c'est gratuit. On repart avec un flacon gratuit.
03:49 Alors, nous, on ne l'est même pas gratuit.
03:51 C'est-à-dire que les personnes viennent s'asperger, viennent placer dans des petites fioles.
03:55 Mais au fond, il n'y a pas d'acte commerçant.
03:57 Donc, ce n'est quand même pas facile à gérer parce que les dons, ça peut fluctuer tout de même.
04:01 Donc, il y a des années avec et des années sans.
04:02 Voilà, c'est toute la grâce d'une sapine de Lourdes,
04:05 parce qu'on n'a jamais été déçu, au fond, par la générosité du plus petit jusqu'au plus grand.
04:11 Et c'est ça qui est important, c'est que tout le monde se côtoie à Lourdes.
04:14 Je lis trois basiliques, 25 églises, une grotte, bien sûr,
04:18 beaucoup d'hébergement pour les malades.
04:20 C'est considérable.
04:21 Depuis 1858, ça n'a pas cessé d'évoluer.
04:24 1858, c'est la date d'apparition, bien entendu.
04:27 - Voilà, donc ça fait 165 ans, 165 ans de pèlerinage.
04:31 Et on a démarré à l'époque, ils ont démarré par la basilique de l'Immaculée Conception,
04:36 qui est construite à l'aplomb de la grotte, puis à la basilique du Roser,
04:40 puisque ça ne suffisait pas, puis à la basilique Pidis, qui est enterrée.
04:45 Et ça, c'est extrêmement important.
04:46 Ce sont des grands projets qui nécessitent des grands mouvements de fond.
04:50 - Et justement, comment ça va évoluer à l'avenir ?
04:51 Ça va continuer encore de se moderniser, de s'agrandir ?
04:54 - Alors là, nous sommes justement en ce moment dans une réflexion,
04:57 je dirais qu'on appelle Lourdes 2030, puisqu'on s'est aperçu, au fond,
05:00 que les pèlerins qui venaient à Lourdes, ce sont des pèlerins de plus en plus individuels,
05:04 en mode autonome et un peu moins organisés.
05:06 Et donc, il faut accueillir ces pèlerins.
05:09 Et donc, on s'intéresse, je dirais, à la restructuration des lieux,
05:14 les portes, les lieux d'accueil, les lieux d'hébergement, les lieux de soins.
05:19 - Il y a toujours cet esprit de guérison qui a longtemps culminé.
05:22 Il y a encore des guérisons ?
05:24 - Alors, les guérisons, en fait, à Lourdes, ce qui est extraordinaire,
05:26 c'est la piété populaire.
05:27 C'est-à-dire qu'il y a des guérisons tous les jours.
05:29 Et le facteur numéro un pour nous, quand on regarde toutes les personnes,
05:33 c'est leur regard, puisque Lourdes est un lieu d'accompagnement de la fragilité.
05:38 Et ce regard, ce sourire, c'est une forme de guérison.
05:42 - Lorsqu'un pape se rend sur place, ça génère énormément de personnes.
05:47 260 000 personnes étaient venues, je crois, écouter Benoît XVI en 2008.
05:50 Vous espérez avoir un jour la visite de notre pape, à tous ?
05:54 - Alors ça, je ne sais pas, tout simplement.
05:58 La décision ne m'appartient pas du tout.
06:00 En revanche, les flux sont considérables à Lourdes.
06:03 Alors, ce n'est pas 260 000 personnes tous les jours,
06:06 mais il faut s'adapter en permanence aux flux.
06:08 - C'est énorme à gérer.
06:09 - Donc c'est une gestion avec une anticipation des flux.
06:13 Toutes les semaines, il y a un point sur les flux de la semaine d'après,
06:15 la semaine suivante, pour adapter le système humain, bénévole également,
06:20 à la foule qui vient sur Lourdes.
06:22 - Donc on retient qu'aujourd'hui, les comptes sont dans le verre
06:25 et que ça reste une affaire qui marche, finalement.
06:27 - Les comptes sont dans le verre, Dieu merci.
06:29 Mais nous souhaitons accélérer, je dirais, la refondation structurelle
06:33 pour accueillir les pèlerins.
06:35 Et on a besoin de moyens.
06:36 - Merci mille fois, Guillaume Devulpion,
06:38 directeur général du sanctuaire de Lourdes.
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