Nathan Devers, écrivain, compare la jeunesse française des années 1940 et la nouvelle génération : «Il est très important de marquer l'altérité de cette génération par rapport à la nôtre. Nous ne sommes rien d'autre que des nains sur leurs épaules».
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00:00 Ce qui m'a bouleversé moi dans cette journée, et je pense qu'il bouleverse tous les Français,
00:04 d'abord cette journée était magnifique, voir les Américains arriver, des vétérans,
00:10 quand on sait, je reprends le mot qui est dans votre bandeau, le sacrifice immense qu'ils ont été prêts à faire
00:17 pour une nation qui n'était pas la leur, c'est-à-dire pour la liberté, ça nous oblige.
00:21 Et non seulement ça nous oblige, mais ça nous renvoie en miroir, en contre-miroir,
00:25 le fait que la génération des jeunes de la seconde guerre mondiale, en France et dans le monde,
00:30 était une génération profondément atroce pour les collaborationnistes, et absolument épique pour les résistants.
00:38 Et il s'est joué là, dans la résistance française, un miracle absolu,
00:43 à savoir, et c'est la grande différence par rapport à notre génération,
00:47 non seulement des gens dont on savait plus ou moins qu'ils résisteraient en 1940,
00:51 mais des gens qui, au contraire, venaient d'une idéologie pacifiste,
00:57 d'une idéologie d'extrême gauche, de gauche, du centre, de droite ou d'extrême droite,
01:02 bref, de tous les champs idéologiques de la France,
01:04 qui avaient été eux-mêmes traumatisés par l'immense suicide absurde de la civilisation européenne
01:10 qu'avait été la première guerre mondiale, et qui ont été prêts à se sacrifier pour cela.
01:13 Pour toutes ces raisons, je pense qu'il est très important de marquer l'altérité de cette génération par rapport à la nôtre.
01:20 Non, nous n'arrivons pas à la cheville de ces gens, de ces jeunes hommes, de ces jeunes femmes,
01:26 qui ont été prêts à mourir, que ce soit depuis l'Angleterre, en débarquant,
01:30 que ce soit évidemment en France, en affrontant les pires tortures.
01:33 C'étaient quand même des titans, c'étaient quand même des géants ces gens-là.
01:36 Et évidemment qu'il faut reconnaître que nous ne sommes rien d'autre que des nains sur leurs épaules.
01:41 Et je pense que c'était une erreur que de les mettre sur le même plan que la jeunesse à laquelle j'appartiens.
01:47 - Je...
01:48 ♪ ♪ ♪
01:51 [SILENCE]