L'Amérique sortait tout juste du scandale Monica Lewinsky-Bil Clinton quand a éclaté, en 2001, l'affaire Chandra Levy. Une jeune femme de 24 ans ayant une liaison avec un homme marié, le représentant démocrate en vue et possible présidentiable Gary Condit. Nouveau scandale sexuel donc sauf que dans cette affaire, la jeune maîtresse a brutalement disparu. Elle commençait à bavarder sur sa liaison cachée. Relation qui commençait à s'ébruiter pour bientôt devenir un secret de polichinelle.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 05 juin 2024
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00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:07 In Washington this morning, a man walking a dog in a park.
00:11 Macabre découverte ce matin à Washington, un crâne a été retrouvé dans un parc.
00:15 Selon la police, il s'agit des restes de Chandra Levy,
00:18 une jeune stagiaire de la Maison Blanche qui avait disparu mystérieusement.
00:21 The remains were her.
00:23 Bonjour.
00:25 L'Amérique sortait tout juste du scandale Monica Lewinsky-Bill Clinton,
00:30 quand a éclaté en 2001 l'affaire Chandra Levy.
00:33 Une jeune femme de 24 ans, stagiaire dans l'administration fédérale,
00:37 qui avait une liaison avec un parlementaire, le démocrate Gary Condit,
00:42 possible présidentiable.
00:44 Nouveau scandale sexuel, sauf que dans cette affaire,
00:48 la jeune maîtresse a brutalement disparu.
00:50 Elle commençait à bavarder sur sa liaison cachée,
00:53 une relation qui s'ébrutait pour ressembler à un secret de polichinelle.
00:57 Un an et demi plus tard, le corps de Chandra Levy est retrouvé
01:01 dans un immense parc au nord de Washington.
01:04 Découverte qui relance les spéculations, fait bouillonner les imaginations,
01:08 mais l'enquête va hésiter et se perdre.
01:10 L'arrestation d'un maniaque sexuel ne va pas permettre de lever le mystère.
01:15 Qui a tué la jeune stagiaire fédérale,
01:18 qui pensait avoir trouvé l'homme de sa vie ?
01:20 Cette romance faisait-elle de l'ombre à un homme qui rêvait à la Maison Blanche ?
01:25 Question posée aujourd'hui à notre invité.
01:27 Chandra Levy, la disparue du Capitole.
01:30 Je fais mes valises dans la semaine.
01:32 J'ai une grande nouvelle à te raconter, quelque chose d'important.
01:35 Rappelle-moi !
01:36 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers,
01:39 à tout de suite sur RTL.
01:42 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:46 Jean-Alphonse Richard.
01:48 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:52 Jean-Alphonse Richard.
01:54 Dans l'heure du crime, aujourd'hui, la disparition et la mort à Washington de Chandra Levy,
01:58 24 ans, au printemps 2001.
02:00 La jeune femme, stagiaire dans l'administration fédérale,
02:03 ne donne subitement plus aucun signe de vie.
02:06 L'ombre d'une sulfureuse liaison va se dessiner.
02:11 Dimanche 6 mai 2001, Bob et Suzanne Levy,
02:14 un médecin et une artiste peintre qui habitent la petite ville de Modesto, en Californie,
02:19 ne cachent plus leur inquiétude.
02:21 Cela fait une semaine qu'ils n'ont pas de nouvelles de leur fille, Chandra, 24 ans.
02:26 Il y a huit mois, elle est partie à 3000 kilomètres de chez eux, à Washington,
02:31 pour un stage dans l'administration fédérale, au sein du bureau des prisons.
02:36 Elle s'apprêtait à rentrer.
02:38 Les prisonniers de la prison sont régulièrement en contact avec Chandra.
02:41 Elle les appelle souvent.
02:43 Bob Levy, le papa, contacte le gardien au 1260 de la 21e rue,
02:49 quartier de Dupont-sur-Côle à Washington, l'adresse où loge sa fille.
02:54 Il demande à l'employé d'aller visiter le studio 315.
02:58 Le gardien refuse. Il préfère que la famille fasse appel à la police.
03:03 Quelques heures plus tard, un patrouilleur pousse la porte du studio.
03:06 Pas de trace d'effraction, pas de désordre.
03:09 Deux valises de vêtements prêtes à être bouclées sont là.
03:12 D'autres habits sont restés sur des cintres.
03:14 Un plat entamé est dans le frigo.
03:16 Chandra a laissé derrière elle son portefeuille, son téléphone, sa carte bancaire,
03:21 son permis de conduire, son ordinateur.
03:23 Elle n'a emporté que les clés du logement.
03:26 Jeudi 10 mai, un avis de recherche est communiqué au journaux.
03:31 Mais la disparition de Chandra ne fait pas de vagues.
03:34 La police de Washington se renseigne sur la jeune femme.
03:37 Depuis le 14 septembre 2000, elle est stagiaire dans l'administration fédérale.
03:42 Elle habite un quartier proche de la Maison Blanche,
03:45 du Capitole de la Cour Suprême et du puissant Bureau des Prisons au 320 First Street.
03:52 Ici, elle est chargée de la revue de presse,
03:55 compilée tous les articles parus sur les 98 prisons fédérales.
03:59 Elle rédige des rapports. Ses collègues décrivent une jeune femme souriante, disponible, volontaire.
04:05 Jennifer, sa meilleure copine avec qui elle fait le tour des permanences politiques pour se faire des contacts,
04:11 n'a rien remarqué de troublant. On ne lui connaît pas de petit ami.
04:15 Le stage de Chandra s'est achevé le 23 avril.
04:19 Les enquêteurs établissent que le lundi 30 avril, la jeune femme a été vue dans sa salle de sport.
04:25 Le lendemain, à 10h27, elle était chez elle.
04:29 Elle a consulté sur son ordinateur le site d'une compagnie de train et d'une compagnie d'aviation.
04:34 À 11h26, elle s'est renseignée sur la météo du jour, puis elle a cliqué sur les pages de Rock Creek Park,
04:41 un très grand parc au nord de Washington, rendez-vous des joggeurs et des randonneurs.
04:46 À 12h24, elle s'est déconnectée. Son ordinateur n'a depuis plus jamais été activé.
04:53 Les policiers analysent le téléphone portable de Chandra Levy.
04:57 Elle n'a appelé personne le jour de sa disparition. La veille, dimanche 29 avril, elle a composé deux numéros.
05:04 Le premier est celui d'un parlementaire démocrate en vue, Gary Condit.
05:08 L'appel n'intrigue pas plus que cela les enquêteurs.
05:11 La stagiaire est en contact avec de nombreuses personnalités politiques.
05:15 Le deuxième coup de fil de Chandra Levy est pour sa tante Linda, Linda Zamsky.
05:21 Elle a laissé ce message sur son répondeur.
05:23 "Salut Linda, mon stage est fini, je fais mes valises dans la semaine,
05:27 rentrez à la maison pour un petit moment, je ne sais pas trop ce que je vais faire cet été.
05:32 J'ai une grande nouvelle à te raconter, quelque chose d'important à te dire, rappelle-moi."
05:38 Dans les semaines qui suivent, la rumeur d'une liaison de la stagiaire avec un homme politique dont on ignore le nom va commencer à courir.
05:46 Alors que l'Amérique sort tout juste du feuilleton Monica Lewinsky et Bill Clinton,
05:51 la presse va commencer à enquêter sur cette disparition.
05:56 Cette enquête va faire beaucoup de bruit.
05:59 Une disparition qui va prendre une toute autre dimension quand le nom du politicien Gary Condit,
06:04 c'est un jeune loup du parti démocrate, il a les dents longues.
06:08 On dit qu'il sera un jour à la Maison Blanche quand le nom de ce politicien va sortir.
06:13 Les journaux, les télés vont commencer à s'exciter et ça va être la chasse pour savoir ce qui s'est passé.
06:20 Il faut revenir à ce printemps 2001 à Washington et on le fait avec aujourd'hui notre invitée fil rouge,
06:26 c'est Hélène Coutard. Bonjour Hélène.
06:28 Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'Or du crime.
06:32 Vous êtes journaliste et vous êtes l'auteur de ce livre "La disparition de Chandra Levy"
06:37 qui sort demain et qui est publié aux éditions 10-18 dans la collection Society.
06:42 Cette collection on la connaît bien dans l'Or du crime puisque c'est une série de crimes ou d'affaires criminelles
06:48 qui se passent en Amérique. Chaque fois c'est très réussi, ce sont des petits récits qui sont formidables
06:54 et qui font mille de détails. Vous avez beaucoup enquêté aux Etats-Unis et même en France,
06:58 vous allez nous le dire, sur cette affaire. Hélène Coutard.
07:01 Il faut revenir à la disparition de cette jeune femme.
07:05 Chandra Levy, tout lui sourit dans la vie. Elle a ce super stage dans l'administration fédérale,
07:12 ce n'est pas donné à tout le monde, et elle a plein d'ambition.
07:15 Oui, c'est sûr qu'en apparence elle a tout ce qu'elle veut.
07:18 Déjà elle est arrivée il y a quelques mois dans la ville de ses rêves, Washington,
07:21 puisqu'à la base elle est californienne. Elle a ce super stage qui en plus est rémunéré,
07:25 ce qui arrive peu à Washington. Elle a un appart à Dupont de Circle, qui est un quartier branché.
07:30 C'est quelqu'un de très déterminé, comme vous l'avez dit, qui se fait des contacts à Washington,
07:35 qui essaie d'assurer son avenir d'après son stage.
07:38 Mais en tout cas, en apparence, tout va bien dans sa vie.
07:40 Oui, alors il faut dire quelque chose, c'est qu'elle a une amie avec qui elle traîne beaucoup,
07:45 c'est une stagiaire également. On ne lui connaît pas de petite amie, je l'ai dit.
07:49 Elle s'intéresse beaucoup à la politique, Chandra Levy.
07:52 Et avec sa copine, elle font le tour des permanences, parce que ça permet de faire des contacts, c'est ça ?
07:57 Oui, elles savent que Washington a énormément de stagiaires, c'est difficile de tirer son épingle du jeu.
08:03 Elle a de la chance, elle a déjà un stage, ce qui n'est pas le cas de sa copine Jennifer.
08:07 Donc elles font un peu le tour des députés pour voir s'il n'y a pas un stage pour Jennifer.
08:11 C'est comme ça qu'elles vont croiser pas mal de députés, puis de staff pour se faire des contacts.
08:16 Et Chandra, comme elle est californienne, elle va en plus essayer d'utiliser ça pour elle
08:21 et de rencontrer des députés californiens, des sénateurs, pour avoir des conseils sur sa carrière.
08:26 Alors on ne va pas tout dévoiler tout de suite, mais c'est là aussi qu'elle rencontre Gary Condit, c'est ça ?
08:30 C'est comme ça qu'elle rencontre Gary Condit.
08:32 Ces deux filles sont ensemble d'ailleurs, c'est la première fois qu'elle le voit.
08:34 Elles y vont en septembre-octobre 2000 et Jennifer obtient un stage chez Gary Condit.
08:39 Oui, c'est ça, et là ça vous le racontez dans votre livre.
08:42 Effectivement, il y a cette rencontre qui est inopinée, ce n'était pas prévu.
08:45 Mais bon, on sait qu'il y a ce premier contact qui se passe à cette époque.
08:49 Alors, rentrons un petit peu dans l'enquête avec vous Hélène Coutard.
08:53 Elle est sortie, c'est très troublant, elle sort de son appartement, elle claque la porte,
08:58 mais ça c'est le propre, toujours des disparitions, c'est toujours très étonnant cette évaporation.
09:02 On suppose, je dis bien qu'elle est allée courir dans ce très grand parc qui est au nord de Washington,
09:08 vous y êtes sans doute allé, le Rock Creek Park, parce qu'elle a consulté un site de jogging, c'est ça ?
09:15 Elle a consulté le site de la ville en fait, où il y a des pages sur Rock Creek Park, avec des cartes, etc.
09:22 Le problème c'est qu'il y a plusieurs informations qu'on n'a pas,
09:25 notamment, on ne sait pas quand est-ce qu'elle sort de chez elle,
09:28 puisqu'on n'a pas les images des caméras de surveillance que la police ne récupérera jamais,
09:32 donc on ne sait pas à quelle heure elle part, on ne sait pas comment elle est habillée,
09:34 on ne sait pas si elle est seule, on ne sait pas si elle est pressée,
09:36 tout ça c'est des éléments importants qu'on n'aura jamais.
09:39 Et on sait en effet qu'elle a cherché des informations sur Rock Creek Park,
09:42 qui est cette énorme forêt qui prend deux états, qui est au nord de Washington,
09:47 mais ça paraît un petit peu bizarre déjà à ses proches, que ce soit sa famille ou ses amis de Washington,
09:52 parce que ce n'est pas du tout quelqu'un qui courait dans ce parc ou ailleurs.
09:55 Elle courait à la salle de sport où elle allait quasiment tous les jours,
09:58 mais ce n'était pas une joggeuse de parc.
10:00 En plus c'était quelqu'un de très prudent,
10:02 ce n'était pas le genre à s'aventurer dans des endroits qui peuvent être dangereux pour des femmes, toutes seules.
10:06 À l'époque Washington c'est une ville avec un haut taux de criminalité.
10:09 Donc déjà sa présence dans ce parc, le fait qu'elle se renseigne sur ce parc, ça étonne un petit peu ses proches.
10:14 - Oui, puis on ne sait pas, parce qu'elle n'a pas reçu de coup de fil.
10:17 Il n'y a pas eu de rendez-vous, il n'y a pas eu un appel qui aurait pu lui fixer un rendez-vous quelque part.
10:21 - Non, sa dernière activité connue qu'on peut retracer,
10:24 c'est ce qu'elle cherche sur Internet ce matin-là, entre 10h et midi.
10:28 - Et pas de vidéos de surveillance ?
10:30 - Pas de vidéos de surveillance dans l'immeuble.
10:32 - Ça ne manque pas, mais là il y en a.
10:34 - En fait il y en a, mais la police ne la récupérera pas avant qu'elle soit effacée toutes les semaines.
10:37 - D'accord, juste un petit mot.
10:39 Elle va recevoir un coup de fil de Gary Condit.
10:42 On ne sait pas ce qu'il lui raconte ce parlementaire ce soir-là,
10:46 c'est un coup de fil très court d'ailleurs, mais on sait que ça existe.
10:49 Juste un mot, Gary Condit, il est un parlementaire en vue, c'est ça ?
10:54 - Oui, Gary Condit, à ce moment-là, il a une cinquantaine d'années.
10:58 C'est quelqu'un d'une famille très traditionnelle de Oklahoma,
11:02 mais qui a commencé sa vie en Californie, qui a commencé sa carrière politique.
11:05 Et c'est un peu un wonder kid de la politique américaine.
11:08 C'est un très jeune maire à la base,
11:10 il avait 25 ans quand il est maire en Californie.
11:13 Après il arrive à s'accaparer le poste de député de la circonscription à 40 ans.
11:19 Et donc à 53 ans, il est déjà très bien placé dans la politique américaine.
11:23 Et il est une espèce de démocrate proche des républicains,
11:27 ce qui en fait un bon candidat peut-être pour les primaires de 2004.
11:31 - Le nom de Gary Condit va effectivement apparaître,
11:34 l'affaire va se retrouver dans tous les journaux.
11:36 Chandra Levy, la disparue du Capitole,
11:39 qui lui avait dit de garder leur liaison secrète.
11:41 Si ça se savait, il était mort. Fini. Caput.
11:44 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
11:47 Au programme, aujourd'hui de l'heure du crime,
11:58 la disparition à Washington, printemps 2001,
12:00 de Chandra Levy, 24 ans, stagiaire dans une administration fédérale.
12:04 Le bruit court qu'elle avait pour amant,
12:06 un représentant démocrate a en vue.
12:08 Gary Condit ? La police va s'intéresser à lui.
12:11 Mardi 15 mai 2001, le démocrate Gary Condit, 53 ans,
12:16 est discrètement entendu par la police de Washington
12:18 dans le cadre de la disparition de Chandra Levy.
12:21 Le nom du parlementaire venait de sortir dans la presse.
12:25 Il dément toute liaison, il ignore où a pu passer la jeune femme.
12:28 Un mois et demi plus tard, Linda Zamsky, la tante de Chandra,
12:33 décide de déballer les confidences que lui a fait sa nièce.
12:36 Dans une interview au Washington Post,
12:38 Linda Zamsky confirme l'existence d'une liaison avec le politicien.
12:43 Chandra lui avait dit que Gary Condit souhaitait que leur relation soit encore secrète.
12:49 Si ça se savait, il était mort. Fini. Caput, lui disait sa nièce.
12:54 Cette histoire aurait commencé en octobre 2001,
12:57 un mois après l'arrivée de la stagiaire à Washington.
12:59 Sa tante explique que sa nièce a mis du temps à révéler le nom de son amant.
13:03 Elle me disait qu'il travaillait pour le gouvernement, qu'il avait deux enfants, explique Linda Zamsky.
13:08 Chandra m'avait dit qu'elle passait beaucoup de temps chez lui quand son épouse n'était pas là.
13:13 Ils cuisinaient ou alors tous les deux se faisaient livrer des repas.
13:16 Chandra racontait que leur relation se passait bien et était de plus en plus solide.
13:21 Elle a envisagé de garder le secret pendant cinq ans,
13:25 ensuite de se marier et avoir un enfant.
13:29 Les journaux se déchaînent à propos de cette romance sulfureuse.
13:32 Le populaire New York Post en fait ses choux gras.
13:35 Il décrit Gary Condit comme un homme à femme, client de salon de massage.
13:39 Une autre maîtresse du politicien, l'hôtesse de l'air Anne-Marie Smith, se manifeste.
13:44 Puis une autre encore, Jolene Argentini, qui elle a directement contacté le FBI.
13:49 Elle avait 22 ans quand elle a fréquenté Condit.
13:52 Il lui payait des billets d'avion pour qu'elle vienne le voir 12 juillet.
13:56 Les enquêteurs perquisitionnent l'appartement du politicien.
13:59 En présence de son avocat, il a été prévenu de cette visite.
14:03 Condit accepte un prélèvement ADN, mais il refuse le test du détecteur de mensonges.
14:08 À son troisième interrogatoire, il admet avoir eu une liaison avec la stagiaire du bureau des prisons,
14:14 qu'il présentait jusqu'ici comme son amie.
14:17 Son sperme est retrouvé sur un sous-vêtement de Chandra, information qui n'est toutefois pas rendue publique.
14:23 Gary Condit assure qu'il ne pouvait pas être à l'appartement de Chandra quand celle-ci a disparu.
14:29 À propos du dernier coup de fil passé à la jeune femme, il ne se souvient pas de quoi ils ont parlé.
14:36 26 juillet, l'agent du FBI, Brad Garrett, réinterroge le témoin.
14:41 La police précise alors que Gary Condit n'est en aucun cas considéré comme un suspect.
14:46 Les attentats du 11 septembre 2001 mettent l'enquête entre parenthèses.
14:51 Mercredi 20 mai 2002, un an après la disparition de Chandra, un promeneur du Rock Creek Park tombe sur une masse sombre au fond d'un petit ravin.
15:01 Il y a là un crâne humain, dans ce coin très escarpé où la végétation est dense.
15:06 Les policiers finissent par retrouver des ossements, un string noir, un soutien-gorge rouge, un t-shirt gris, un Walkman, des lunettes de soleil.
15:14 Chandra Levy est identifiée grâce à sa dentition.
15:17 Impossible de savoir comment elle est morte.
15:20 Pas de traces de balles ou de coups.
15:22 Au regard de l'os hyoïde, le légiste estime que la stagiaire a pu être étranglée.
15:27 Les investigations vont redémarrer.
15:30 Et plusieurs pistes vont être suivies pour remonter jusqu'à celui qui a tué Chandra Levy.
15:36 Impossible de savoir si elle est morte dans ce parc de Washington ou si on a déposé ici le corps.
15:41 On va s'intéresser à d'autres agressions dans ce secteur et notamment se rapprocher d'un maniaque sexuel.
15:47 Hélène Coutard, on vous retrouve.
15:49 Vous êtes notre invitée aujourd'hui dans l'heure du crime.
15:51 Vous êtes journaliste, auteure du livre "La disparition de Chandra Levy" publié aux éditions 10-18 dans la collection Society.
15:58 Petite collection mais grand récit avec ces histoires qui nous viennent d'Amérique, ces histoires criminelles.
16:04 Tout de suite, c'est la personnalité de Gary Condit.
16:09 On oublie presque cette stagiaire qui a disparu. A priori, elle passe même au second plan.
16:14 Mais on ne parle que de lui, Gary Condit. Il retient toute l'attention médiatique et c'est un déferlement à ce moment-là.
16:20 Oui, on parle beaucoup de lui puisqu'il est très connu.
16:23 Et qu'au fur et à mesure des enquêtes des journalistes, on va s'apercevoir que quasiment toute sa vie est un mensonge.
16:29 Il est marié avec la même femme depuis des années, mais il a eu pléthore de maîtresses qui vont ressurgir les unes après les autres.
16:37 Il est aussi ami, et ça pour le coup c'est connu, avec les Hells Angels de Californie.
16:43 Et en fait, cette amitié et cette passion pour la moto, ça va nourrir vraiment beaucoup de fantasmes chez les journalistes de tabloïd.
16:50 Et on va dire à peu près tout et n'importe quoi sur Gary Condit et sa famille.
16:54 Alors deux choses. La première, c'est que Gary Condit, c'est un homme à femme. On l'a compris, ce que vous nous racontez.
17:01 Ce qui est curieux, c'est que pendant l'affaire Levinsky, il a eu des mots très durs pour Bill Clinton. Il a dit que ce n'était pas bien de faire ça.
17:06 Oui, en 1998-1999, quand l'affaire Moniquel et Levinsky éclate, Gary Condit oublie un peu sa vie personnelle et ses secrets.
17:14 Et il se permet en effet, lui qui est pourtant démocrate, de critiquer sévèrement le président Clinton et d'appeler à demi-mot à sa démission même.
17:23 Et la deuxième question, ce sont les Hells Angels, parce que c'est important.
17:26 Il faut savoir que les Hells, aux Etats-Unis, comme d'ailleurs dans le nord de l'Europe, ce sont souvent des gangs qui sont meurtriers.
17:33 Ils travaillent dans le milieu de la drogue, dans le milieu des assassinats.
17:37 C'est pour ça qu'on s'intéresse à eux, parce qu'on se dit après tout, s'il y a un mauvais coup à faire, il a pu peut-être le confier à ses motards.
17:44 Oui, il y a un moment, une piste ou plusieurs même qui mènent vers eux.
17:48 On se demande s'il n'aurait pas pu demander à ses amis motards de faire disparaître Chandra.
17:52 Notamment, la police va s'y intéresser et puis même le détective privé engagé par la famille Levy va aussi s'y intéresser.
17:59 Ce qui met le feu aux poudres, c'est les révélations de la tante dans le Washington Post.
18:03 Cette femme, elle raconte tout. Chandra, c'était sa confidente.
18:08 Elle habite à deux heures de Washington, Chandra allait la voir, elle lui disait tout.
18:12 Oui, en fait, sa tante, c'est la seule personne qui connaît non seulement l'existence d'un amant, mais qui en plus sait qui c'est.
18:17 Parce que Chandra a fini par lui avouer son identité un peu en faisant une gaffe.
18:21 Et du coup, Linda, début juillet, ça fait déjà deux mois que sa nièce a disparu.
18:26 Elle a l'impression que les enquêteurs n'avancent pas, donc elle décide de parler à la presse.
18:30 Ça l'énerve que Gary Condit ne veuille pas avouer qu'il a une liaison.
18:34 Donc elle dit "ok, je vais voir un peu".
18:36 Elle trouve ça complètement hypocrite, c'est ça ?
18:37 Oui, elle trouve que ça ralentit les enquêtes.
18:40 Donc effectivement, elle ne se met pas en colère, mais elle déballe tout ce qu'elle sait et ça fait énormément de bruit.
18:47 Gary Condit, il est interrogé. C'est très évolutif, mais c'est souvent le cas en matière criminelle.
18:52 C'est que la première fois, c'est "je ne la connais pas".
18:55 La deuxième fois, "oui, je la connais, mais je l'ai rencontrée peut-être comme ça".
18:58 La troisième fois, c'est "oui, on a peut-être pris un verre".
19:01 Et puis la quatrième fois, "oui, c'était ma maîtresse".
19:03 Il finit par dire, mais très difficilement, à la police seulement qu'il a eu en effet une liaison avec elle.
19:08 Mais il ne le dira jamais publiquement.
19:11 Et même 15 ans après, il ne le dira pas.
19:14 Il continue de dire qu'ils étaient amis.
19:16 C'est ça, il continue. Il navigue un petit peu.
19:19 Il a dit qu'ils avaient eu une relation.
19:20 Pourtant, il y a des choses matérielles. Vous les relevez dans votre livre.
19:23 Et vous le révélez d'ailleurs, parce que c'est important.
19:25 On va trouver notamment son sperme sur les habits de la disparue.
19:29 Et là, ça pose des questions. Mais curieusement, on ne va pas beaucoup plus loin.
19:33 Non, ça c'est une information qui, très bizarrement, parce que c'est une affaire où tout ce qui est dit dans le commissariat de la police va fuiter dans la presse.
19:39 Et ça, c'est une information qui est quand même cruciale et qui ne va pas fuiter.
19:42 Donc, jusqu'à des années plus tard, 10 ans plus tard, on ne saura pas, le grand public en tout cas, n'aura pas cette information-là.
19:50 Ce qui donne l'impression qu'il est protégé cet homme.
19:52 Mais enfin, c'est une personnalité. Après tout, les policiers, ils y vont, ils marchent sur des oeufs.
19:56 Aux Etats-Unis, c'est toujours le cas. On les a vus dans diverses affaires politiques.
20:00 Les Kennedy, Bill Clinton, etc. On fait attention.
20:05 Oui, ils n'ont pas assez d'éléments pendant tous les mois que dure l'enquête
20:09 pour vraiment accuser Gary Candide de quelque chose de juridique et concret.
20:12 Donc, il l'interroge, mais en fait, il a le droit de refuser.
20:15 Il fouille son appartement, mais il est prévenu avant.
20:17 Il n'est pas obligé de passer le détecteur de mensonges.
20:20 Il va le faire, mais il va prendre un policier retraité dans le privé pour faire le détecteur de mensonges.
20:25 Donc, ça ne va pas vraiment être admis dans l'enquête.
20:28 Donc, il est surveillé, il est harcelé par la presse, mais il est quand même réticent et il n'est pas non plus hyper bousculé par la police.
20:34 Juste un petit mot, la découverte du corps de Chandra, est-ce que ça innocente Candide ?
20:40 Est-ce qu'on se dit "ben non, c'est pas lui du coup" ?
20:42 En fait, la découverte du corps, à part pour les parents qui vont pouvoir faire leur deuil,
20:46 elle ne sert pas à grand chose.
20:48 C'est-à-dire qu'il y a très très peu d'éléments qui en ressort.
20:50 Comme vous l'avez dit tout à l'heure, on ne sait pas comment elle est morte,
20:53 on ne sait pas ce qu'elle faisait là, on ne sait pas vraiment si elle est restée là pendant 13 mois ou pas.
20:57 Et donc, ça ne va pas vraiment innocenter Gary Candide.
21:01 On peut se dire "elle est découverte dans un parc, donc on va peut-être plus penser à une agression par hasard".
21:07 Mais le fait qu'elle soit dans ce parc toute seule, sans son portable, on se demande quand même si elle n'y est pas allée avec quelqu'un.
21:13 8 ans après la mort de la stagiaire, un homme va être désigné comme le suspect numéro 1.
21:19 Chandra Lévy, la disparue du Capitole, tu connais cette fille ?
21:22 Oui, je l'ai déjà vue.
21:23 Tu la trouves jolie ?
21:24 Oui, elle est jolie.
21:26 Lors de l'enquête de l'heure du crime, la stagiaire a-t-elle vraiment fait une mauvaise rencontre avec un agresseur de femme ?
21:32 C'est à suivre dans l'heure du crime.
21:34 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard jusqu'à 15h30 sur RTL.
21:39 Bonjour, c'est...
21:41 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard...
21:43 Jusqu'à 15h30 sur RTL.
21:46 Je l'ai vue une fois à l'extérieur du bureau dans un restaurant.
21:51 Elle est aussi passée chez moi une ou deux fois.
21:53 Pendant 15 ans, j'ai refusé de répondre aux rumeurs sur notre relation.
21:56 Je refuse toujours de m'exprimer sur le sujet.
22:00 Retour, aujourd'hui, dans l'heure du crime, sur l'affaire Chandra Lévy.
22:04 Une jeune stagiaire de l'administration américaine à Washington, disparue en 2001, retrouvée assassinée un an plus tard.
22:10 Elle était la maîtresse d'un député démocrate.
22:12 Huit ans après les faits, l'enquête se concentre sur un suspect.
22:17 Mardi 3 mars 2009, le Salvadorien Ingmar Guandique, 27 ans, qui purge une peine de prison de 10 ans à la prison fédérale d'Adelanto,
22:26 est interrogé sur le meurtre de Chandra Lévy.
22:29 Ce suspect n'avait jamais été inquiété, jusqu'à ce que le Washington Post révèle son existence dans une série d'articles consacrés à l'affaire Chandra Lévy.
22:39 En 2001, période de la disparition, cet Ingmar Guandique avait été arrêté pour deux agressions de femmes dans les allées du Rock Creek Park.
22:48 Les joggers avaient été attaqués, menacés par un couteau placé sous leur gorge.
22:53 A l'époque, le policier du parc qui interroge Guandique lui a présenté une photo de Chandra Lévy.
23:00 Guandique a reconnu qu'il l'avait déjà vue et qu'il trouvait cette fille jolie.
23:05 Mais curieusement, l'enquêteur n'est pas allé plus loin. Alors serait-on passé à côté du meurtrier ?
23:11 La chef de la police de Washington écarte toute erreur.
23:14 Selon elle, l'attention des policiers était à l'époque distraite par l'affaire de la liaison avec le député.
23:21 La famille Lévy est soulagée par cette arrestation.
23:24 Adam Lévy, 27 ans, le frère de Chandra, déclare "Je ne dis pas que l'affaire est terminée, mais la justice est en marche".
23:30 L'ancien député Gary Condit, dont la carrière politique a été brisée par le meurtre de la stagiaire,
23:36 se dit heureux pour la famille Lévy. Ils ont enfin des réponses à leurs questions.
23:41 Heureux aussi pour sa propre famille qui, après toutes ces années d'adversité, peut enfin toucher à la vérité.
23:48 Guandique est un culpé. Il est décrit comme un marginal dépressif, alcoolique, drogué.
23:53 Un homme qui suivait les femmes dans Rock Creek Park pour les dépouiller et tenter de les violer.
24:00 Et dans cette heure du crime, on retrouve Hélène Coutard, journaliste, auteure du livre "La disparition de Chandra Lévy"
24:05 qui est publié aux éditions 10-18 dans la collection "Society".
24:10 Hélène Coutard, vous avez beaucoup enquêté sur cette affaire, vous avez fait ce livre qui est passionnant avec beaucoup de détails.
24:16 Vous avez rencontré beaucoup de monde aux Etats-Unis.
24:18 Il y a quelque chose d'incroyable dans cette histoire.
24:21 Le Washington Post revient sur cette affaire, il fait des articles et il cite ce personnage, Guandique, ce salvadorien.
24:28 On est passé à côté de lui pendant toutes ces années ?
24:30 Il avait disparu des radars, il était en prison, pourtant c'était facile de l'attraper.
24:34 Oui, en fait on ne s'intéresse pas à lui pendant très longtemps, même quand on découvre le corps dans Rock Creek Park en mai 2002.
24:41 Il faut quand même pas mal de mois avant que les policiers se souviennent qu'il y a quelqu'un qui est en prison depuis plus d'un an
24:47 pour des agressions dans ce même parc.
24:50 Donc tout ça va durer très longtemps.
24:52 Mais ça, c'est un peu le B.A.B. quand même de vérifier s'il n'y avait pas un violeur ou un tueur dans ce parc.
24:59 A priori, en général, c'est même la première chose qu'on fait.
25:03 C'est sûr qu'on pourrait se dire ça.
25:05 La police ne se dit pas ça, il y a des rumeurs sur lui, etc.
25:08 Mais finalement, ça vient aussi de l'intérieur de la prison.
25:11 Certains co-détenus racontent qu'il a parlé de Chandra Levy, il a avoué le meurtre.
25:16 Mais évidemment, quand on lui fait passer un haut détecteur de mensonges, il dit qu'il ne l'a jamais vu.
25:22 Et vous racontiez tout à l'heure qu'il avait été interrogé dans le parc dès son arrestation sur le cas Chandra Levy.
25:28 Mais à l'époque, l'enquêteur n'insiste pas puisque le corps n'est pas encore découvert.
25:32 On ne sait pas du tout ce qui a pu arriver.
25:34 Donc il n'en fait pas toute une affaire.
25:36 - C'est ça, donc on le laisse, on le met à côté, il est entre parenthèses et puis le temps va passer.
25:39 Et on va finir par oublier cet homme.
25:42 Cette arrestation, elle donne de l'oxygène quand même à l'ancien député, à l'amant de Chandra, Gary Condit.
25:51 Là, le parlementaire, il peut respirer quand même parce qu'on a trouvé un suspect idéal.
25:55 - C'est sûr que c'est plus simple pour lui, sauf que là on est en 2008-2009.
25:59 Donc lui, sa carrière, elle est détruite depuis déjà de nombreuses années.
26:03 Il a perdu sa réélection dès 2002.
26:06 Et depuis, c'est un paria de la politique.
26:08 Il a essayé de se relancer dans un business en Arizona qui en plus a fait faillite.
26:12 Donc d'un côté, en effet, il doit être content qu'enfin on parle d'un autre suspect dans cette affaire.
26:17 D'un autre côté, ça relance aussi l'affaire dans les médias.
26:20 Et donc on se rappelle de lui.
26:21 - C'est qui ce Salvadorien, Ingmar Guandique, 27 ans ?
26:26 Il a quel profil ?
26:28 - Alors Ingmar Guandique, en effet, il vient du Salvador.
26:30 Il est arrivé aux Etats-Unis comme beaucoup d'immigrés de l'époque.
26:34 Sa famille a été victime de la guerre civile au Salvador.
26:36 Et le seul moyen pour eux de récupérer un peu d'argent, c'était d'envoyer quelqu'un illégalement aux Etats-Unis.
26:42 Donc lui, il passe aux Etats-Unis.
26:44 Et il essaie de trouver des petits boulots au noir de temps en temps pour gagner un peu d'argent.
26:48 Mais il est très malheureux.
26:50 Il se met à boire, à se droguer.
26:52 Et lui raconte qu'il allait dans le parc pour voler des femmes.
26:56 Leur voler leurs affaires et les revendre.
26:58 Celles qui ont été agressées par Ingmar Guandique ont eu une autre impression.
27:01 - Oui, elles ont eu l'impression qu'il voulait les violer, tout simplement.
27:04 - Les violer ou les tuer. Mais qu'en tout cas, il n'en avait pas grand-chose à faire des bijoux.
27:07 - Il a un couteau. Et ces deux femmes, il faut le dire, vont le reconnaître très vite.
27:12 Elles sont démiraculées. Elles ont réussi à s'enfuir toutes les deux. Mais traumatisées.
27:16 - Oui, les deux se sont battues avec lui dans le parc.
27:20 Et ont réussi à s'enfuir. Et ont toutes les deux pu l'identifier.
27:24 Et ont témoigné au procès qui lui a valu 10 ans pour ces deux agressions.
27:28 - 9 ans après les faits, effectivement, Ingmar Guandique va être jugé.
27:33 - Chandra Levy, il a disparu du Capitole. Il m'a dit qu'il était derrière les buissons.
27:37 Il l'a attrapé par derrière, par le cou. Il a traîné dans la forêt.
27:41 Et il m'a dit qu'il n'avait pas eu l'intention de la tuer.
27:44 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
27:47 L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
27:56 L'heure du crime, consacrée aujourd'hui à la disparition et à la mort en mai 2001 de Chandra Levy,
28:01 jeune stagiaire de l'administration fédérale à Washington.
28:04 Elle avait pour amant un député démocrate. Piste écartée.
28:08 9 ans après le meurtre, un suspect est jugé.
28:12 Lundi 25 octobre 2010, le Salvadorien Ingmar Guandique, 29 ans,
28:18 apparaît devant les juges et jurés du tribunal de Carl Moultrie à Washington.
28:23 Il a fait savoir qu'il ne témoignerait pas.
28:25 Au fil des jours, la procureure fait défiler des témoins à charge.
28:29 Les femmes le décrivent comme instable.
28:32 Un co-détenu, auquel Guandique aurait avoué avoir tué Chandra Levy,
28:37 mais ne l'aurait pas violée, est interrogé, le co-détenu raconte.
28:40 "Guandique m'a dit qu'il avait vu cette femme dans le parc,
28:43 elle marchait, il était derrière les buissons,
28:46 il l'a attrapé par derrière, par le coup, il a traîné dans la forêt,
28:49 il a dit qu'il n'avait pas eu l'intention de la tuer.
28:52 Il m'a dit qu'il ne savait pas qu'elle était morte."
28:56 Lundi 1er novembre, l'ancien député Gary Condit, 62 ans,
29:00 est appelé à témoigner au tribunal.
29:02 L'avocate Dingmar Guandique est prête à le mettre en difficulté.
29:06 Selon elle, Condit, contrairement à son client,
29:09 avait un mobile solide pour faire disparaître Chandra Levy.
29:13 La jeune stagiaire bavardait beaucoup trop et risquait de créer un scandale.
29:18 Gary Condit se présente comme une victime dans cette affaire.
29:22 Les journaux l'ont diffamée et la police l'a maltraitée.
29:25 Son avocat s'exclame "la carrière de M. Condit a été réduite,
29:29 a été détruite, sa vie familiale bouleversée,
29:32 rien ne pourra changer cela."
29:34 22 novembre, Dingmar Guandique est déclaré coupable.
29:38 Il se dit désolé pour la famille Levy, il jure qu'il est innocent.
29:41 "Je vous le demande, les yeux dans les yeux, avez-vous tué ma fille ?"
29:46 demande la mère. L'accusé secoue la tête pour dire non.
29:49 Il est condamné à 60 ans de prison.
29:53 Et dans cette heure du crime, on retrouve Hélène Coutard, journaliste, auteure du livre qui sort demain.
29:58 La disparition de Chandra Levy qui est publiée aux éditions 10-18 dans la collection Society.
30:03 Vous apprendrez tous les détails sur cette affaire étonnante.
30:08 Il y a ce procès, il est coupable de 60 ans de prison.
30:12 On est aux Etats-Unis, c'est une peine que l'on voit assez fréquemment dans les histoires de meurtre.
30:18 Il y a des charges qui paraissent lourdes, mais il n'y a pas de preuves formelles contre cet homme.
30:24 Il n'y a pas de preuves irréfutables.
30:27 Il y a évidemment ces deux agressions qu'il a déjà commis et pour lesquelles il a déjà été condamné.
30:32 On sait qu'il n'a pas été travaillé le jour où Chandra disparaît.
30:36 Et surtout, il y a donc ces anciens co-détenus qui racontent qu'il aurait avoué.
30:40 Ce qui est en fait ça, la plus grosse preuve dont dispose la procureure.
30:43 C'est ça, c'est le co-détenu, lui, il est précis.
30:45 Il raconte les aveux, mais enfin c'est une personne qui a recueilli une parole.
30:51 On peut en douter parce qu'il a peut-être bénéficié aussi de remises de peine, etc. pour avoir parlé.
30:56 Est-ce qu'on sait si cet homme, Gwandi Ke, on le voit dans Washington quand la stagiaire disparaît,
31:03 quand elle sort de chez elle, est-ce qu'on arrive à le situer dans l'espace, cet homme, le jour de la disparition ou pas du tout ?
31:10 Alors le jour même de la disparition, non.
31:12 Donc on sait qu'il n'a pas été travaillé, mais il y a quelques témoins, son ancienne petite amie, la propriétaire de son appartement,
31:18 qui l'ont fréquenté à cette période, et notamment son ancienne propriétaire,
31:22 qui raconte que, quelque part début mai, il avait des signes au visage, comme quoi il s'était battu,
31:28 il avait raconté qu'il s'était battu avec des hommes.
31:31 Mais elle ne sait pas exactement la date, et puis on ne le voit pas.
31:35 Il n'a plus ses marques quand il est arrêté un mois et demi après.
31:38 - Donc ça ne compte pas finalement. - C'est un peu léger.
31:41 Et puis même des marques, pour les américains, ça n'est pas une preuve,
31:45 parce que là-dessus, sur les preuves, on ne discute pas beaucoup aux Etats-Unis.
31:50 Les charges sont assez lourdes contre cet homme.
31:54 Gary Condit, qui va être cité comme témoin, il va venir,
31:58 il n'est plus du tout dans la politique, ou il est conseiller, etc.
32:02 Il a perdu la partie à cause de cette histoire d'ailleurs,
32:05 il a tout perdu, sa carrière est finie.
32:07 Il n'y a pas beaucoup de surprises dans sa déposition.
32:10 Lui, il dit que c'est une victime, c'est ça ?
32:13 - En effet, c'est l'avocate de la Défense qui invite Gary Condit à venir témoigner.
32:19 Son but, c'est de défendre son client, Éric-Marc Andiquet,
32:22 donc elle essaie de ramener un peu d'histoire sur Gary Condit.
32:25 Son témoignage, la seule surprise de son témoignage,
32:29 c'est que même sous serment, au final, il n'est pas vraiment obligé
32:32 de parler de cette relation, parce que quand l'avocate de la Défense lui pose la question,
32:36 il n'a pas très envie de répondre, et le juge qui aurait pu l'obliger à répondre,
32:41 vu qu'il est sous serment, ne l'oblige pas à répondre.
32:43 Il dit que la nature de sa relation n'a pas grand chose à voir avec l'histoire.
32:47 Donc finalement, même sous serment, même à la barre, il n'est pas vraiment embousculé,
32:50 et le reste de son témoignage, c'est ce qu'il dit depuis 15 ans,
32:53 ils étaient amis, ils avaient une relation dont il ne précise pas vraiment la nature,
32:57 et il ne sait pas ce qui lui est arrivé.
32:59 - Alors, encore un mot, parce que vous l'avez rencontré, cette famille de Chandra Lévy,
33:03 là, la personne a été condamnée, 60 ans de prison, je l'ai dit,
33:07 cette famille, elle croit que c'est fini, là, c'est bon,
33:10 enfin, cette affaire, elle est bouclée, et on a un coupable.
33:13 - En tout cas, oui, quand il est condamné en février 2011,
33:17 ils ne sont peut-être pas soulagés, mais en tout cas,
33:20 ils se disent qu'il y a un semblant de justice, et qu'en tout cas, ça va être terminé.
33:24 - Six ans plus tard, les charges contre le condamné vont pourtant être levées.
33:30 Chandra Lévy, la disparue du Capitole, nous ne savons rien de sa mort,
33:34 elle nous le dira plus tard, quand on la retrouvera, là-haut.
33:37 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
33:41 - Dans l'heure du crime, aujourd'hui, nous revenons sur l'affaire Chandra Lévy,
33:54 le meurtre d'une américaine de 24 ans à Washington en mai 2001,
33:58 cette stagiaire de l'administration avait pour amant un député en vue,
34:03 un homme condamné en 2010, ou a été condamné en 2010 pour le crime,
34:07 jugement annulé six ans plus tard.
34:10 Jeudi 28 juillet 2016, la condamnation du salvadorien Ingmar Guandique est cassée.
34:17 Les déclarations d'un témoin à charge se sont avérées fausses.
34:20 Il n'y aura finalement pas de nouveau procès.
34:24 Guandique est expulsé vers le Salvador.
34:28 - Les parents de Chandra Lévy restent donc sans réponse sur la mort de leur fille.
34:32 Au journal Modesto B, Bob et Sandra Lévy indiquent...
34:36 - Quoi qu'il arrive, je ne récupérerai jamais ma fille.
34:51 Je veux juste connaître la vérité et que son tueur soit arrêté et condamné.
34:57 - La voix de Suzanne Lévy, la maman de Chandra Lévy,
35:01 on retrouve dans cette heure du crime Hélène Coutard, journaliste, auteure du livre
35:05 "La disparition de Chandra Lévy" qui est publiée aux éditions 10-18 dans la collection Society.
35:10 Et vous saurez tout de cette affaire en lisant ce petit livre, très très bien informé.
35:15 Hélène Coutard, pourquoi les charges contre Ingmar Guandique ont été levées ?
35:20 Parce qu'il est quand même écopé de 60 ans de prison et puis d'un seul coup il n'y a plus rien.
35:24 - Oui, c'est encore une histoire rocambolesque.
35:27 Il avait été condamné sur la base de ce témoignage de cet ancien co-détenu.
35:32 Et en fait, quelques années après, il y a une femme qui va venir se manifester à la police de Washington
35:38 pour dire que cet homme qui est sorti de prison finalement,
35:41 elle l'a croisé et qui lui a raconté qu'il avait menti à la barre.
35:46 Et en fait, ce témoignage qui est quand même un peu bancal, mais qui va quand même venir tout bouleverser
35:51 et la justice américaine va décider que si ce témoignage ne tient plus,
35:55 il n'y a plus assez d'éléments pour condamner Ingmar Guandique.
35:58 - C'est ça, on ne prend pas de risque et finalement il n'y aura pas de nouveau procès, ce qui est étonnant.
36:02 - Non, même pas de nouveau procès, il est expulsé.
36:04 - Il est expulsé dans son pays, le Salvador, et on ne va plus en entendre parler de cet homme.
36:10 Aujourd'hui, Hélène Coutard, et ça c'est important, c'est un cold case finalement cette histoire.
36:15 On croyait avoir bouclé l'affaire, il y avait des suspects qui étaient évidents,
36:19 ce parlementaire n'a pas été tellement inquiété, il y a cet homme qui a été condamné,
36:25 là il n'y a plus personne.
36:27 - Non, en effet, 15 ans après la disparition de Chandra,
36:30 au moment où tous les médias américains s'apprêtaient à faire des articles anniversaires pour les 15 ans de la disparition,
36:35 en fait l'affaire devient un cold case, et depuis il ne s'est plus rien passé.
36:39 - Il ne s'est plus rien passé, l'enquête n'a pas redémarré, c'est ça ?
36:42 - Non.
36:43 - Pourquoi vous dites, vous écrivez dans votre livre, "une stagiaire volatilisée", on est d'accord,
36:48 "un élu démocrate impliqué", on est toujours d'accord,
36:50 puis vous écrivez aussi "une enquête bâclée", en quoi elle est bâclée cette enquête ?
36:55 - La police en effet a quand même commis pas mal d'erreurs dans l'année, l'année et demie pendant laquelle ils ont enquêté.
37:02 Alors évidemment ils étaient un peu occupés parce qu'il y avait des conflits déjà internes,
37:06 de savoir qui était le suspect numéro 1, comment on gérait la presse,
37:09 c'était déjà pas évident, mais il y avait des erreurs en fait dès le début,
37:12 on peut citer notamment le fait dont on a déjà parlé,
37:15 les caméras de surveillance de l'immeuble qui n'ont jamais été analysées,
37:18 en fait dès qu'elle disparaît, quand quelqu'un disparaît à Washington, forcément on va fouiller Rock Creek Park.
37:24 C'est fait en juillet 2001, sauf qu'en fait ils se comprennent mal,
37:27 les fouilles ne sont pas effectuées comme ils voudraient qu'elles le soient,
37:30 et donc on ne retrouve pas Chandra à ce moment-là, alors qu'un an plus tard on va la retrouver à ce même endroit.
37:35 - Oui, il y a cette obsession de bévue, c'est ça ?
37:36 - Oui, il y a le fait que quand ils entrent la première fois dans l'appartement de Chandra,
37:40 par exemple, ils touchent son ordinateur et ils effacent tout,
37:43 ça va prendre des mois pour récupérer les données,
37:45 et en fait c'est une succession de petites erreurs comme ça qui vont éliminer beaucoup de preuves potentielles.
37:50 - D'autant plus qu'on est à Washington, c'est la capitale fédérale,
37:53 c'est très policé Washington,
37:55 c'est très protégé, elle est dans un quartier un peu sensible, pas très loin de la Maison Blanche,
38:00 et effectivement ça a toujours été très étonnant qu'on ne découvre aucune trace,
38:03 ni de savoir où elle va, ou un bus qu'elle aurait pu prendre, un transport qu'elle aurait pu prendre, il n'y a rien du tout.
38:09 - Non, en effet, on ne sait même pas, elle a atterri dans le parc, ça on le sait,
38:12 mais on ne sait pas si elle y est allée toute seule, si elle y est de son plein gré,
38:15 ni comment elle y est allée, puisqu'elle habite à une heure et demie à pied,
38:18 elle n'a pas pris de taxi, elle n'a pas pris de bus, elle n'a pas pris de métro.
38:21 - Un petit mot sur Gary Condit, alors évidemment l'enquête n'a pas été relancée sur lui,
38:25 la dernière fois qu'on l'a vue apparaître en public c'était à ce procès,
38:28 il a donné une interview, je crois, après, par la suite, sur cette affaire,
38:32 où il s'exprime à demi-mot, lui il a vraiment disparu de la circulation,
38:36 encore une fois c'était un espoir du Parti Démocrate, il a disparu complètement.
38:40 - Oui, il a dû renoncer complètement à sa carrière politique,
38:43 on l'a revu un petit peu aux alentours de 2015, 2016 ou 2017,
38:46 quand il a co-écrit un livre, qui était très bizarre,
38:49 qui était à moitié un livre sur Chandra, sur l'affaire, sur la façon dont il l'avait vécu,
38:53 et en même temps un livre sur sa carrière personnelle.
38:56 Il n'y avait absolument aucune information intéressante sur Chandra dans ce livre,
39:00 mais on ne l'a jamais revu depuis, les parents d'ailleurs de Chandra
39:04 n'ont pas du tout apprécié ce retour de Gary Condy dans les médias,
39:08 où ils avaient l'impression qu'il se faisait de l'argent sur son dos.
39:10 - Qu'est-ce qu'ils vous ont dit, justement, que je terminais avec cette question,
39:13 qu'est-ce qu'ils vous ont dit les parents, vous les avez rencontrés, vous les avez écoutés,
39:16 ces parents l'entendaient la voix de la maman, ils sont toujours dans le deuil, finalement, qui est impossible ?
39:21 - Oui, on s'est rencontrés pendant de nombreuses heures, on a parlé de tout ça,
39:25 et en fait ils sont un peu désabusés maintenant, ça fait 23 ou 24 ans que leur fille est morte,
39:31 ils ont un peu renoncé à l'idée que la justice un jour allait leur apporter une réponse,
39:36 ils savent que la réponse ne viendra pas de la justice,
39:39 ils se raccrochent un peu à des petits signes de temps en temps,
39:43 il y avait notamment un surnom de Chandra qui était Ladybug, pour dire coccinelle,
39:47 et donc dès qu'ils voient une coccinelle, ils pensent que c'est leur fille qui leur envoie un signe,
39:51 ils se raccrochent un peu à ce qu'ils peuvent,
39:53 mais même plus de 20 ans après, c'est très difficile pour eux d'en parler,
39:57 et finalement son père a beaucoup de mal à en parler sans se mettre à pleurer.
40:01 - Merci infiniment Hélène Coutard d'avoir été aujourd'hui l'invité de L'Heure du Crime,
40:05 je rappelle votre livre "La disparition de Chandra Lévy"
40:07 qui sort dans la collection Society aux éditions 10-18,
40:11 merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignon,
40:14 préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer, réalisation Jonathan Griveaux.
40:19 L'heure du crime, présenté par Jean-Alphonse Richard, sur X.