Une coalition politique vient de voir le jour pour gouverner les Pays-Bas, six mois après le succès historique du Parti de la Liberté de Geert Wilders.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique,
00:04 Dominique Reynier, bonjour !
00:05 Bonjour Nicolas Demorand !
00:06 Une coalition politique vient de voir le jour, Dominique, pour gouverner les Pays-Bas, 6
00:12 mois après le succès historique du parti de la liberté de Gerd Wilders.
00:16 Et ce parti, Nicolas, de droite populiste que certains classent à l'extrême droite,
00:21 vient de s'associer avec trois autres formations, dont le parti libéral, le VVD, qui lui est
00:27 membre, au niveau européen, du groupe macroniste Renaissance, alors que le parti de Wilders,
00:34 d'extrême droite, est membre, au niveau européen, du groupe Identité et Démocratie, qui est
00:39 le groupe de Marine Le Pen et du RN.
00:41 Autrement dit, c'est comme si en France, Renaissance et le RN gouvernaient ensemble.
00:46 Et ce type d'attelage est-il singulier aujourd'hui en Europe ?
00:50 Non, et la situation similaire se retrouve un peu partout.
00:55 En Italie, où les trois partis italiens de droite associés dans le gouvernement de
01:00 Giorgia Meloni sont rattachés à trois groupes concurrents au niveau du Parlement européen,
01:06 La Lègue à Marine Le Pen, Fratelli d'Italia au groupe de Giorgia Meloni, c'est son parti,
01:13 Forza Italia au groupe d'Ursula von der Leyen, c'est le PPE, donc on voit bien ici, droite
01:20 populiste, droite classique.
01:21 En Finlande, on trouve la même situation aujourd'hui, les populistes du parti des
01:26 Finlandais du groupe de Marine Le Pen sont associés au niveau national avec deux partis
01:32 qui relèvent du PPE et un parti qui appartient à Renaissance au niveau européen.
01:37 Même chose, toujours aujourd'hui en Suède, où deux partis membres du PPE sont associés
01:42 à un parti de Renaissance et avec un parti d'extrême droite, les Démocrates de Suède,
01:48 qui appartient lui au groupe de Giorgia Meloni au niveau européen.
01:52 Et ça c'est nouveau ?
01:53 C'est une tendance très récente mais puissante Nicolas.
01:56 La tendance date du début des années 2000 avec en Autriche une coalition droite et extrême
02:02 droite de 1999 à 2005 et 2017 à 2019, ça fait quand même 7 ans en tout.
02:08 On a observé une situation comparable en Bulgarie, en Lettonie, en Estonie, en Slovénie,
02:14 le parti tchèque, anneau populiste et eurosceptique, a même rejoint en 2017 le groupe centriste
02:22 Renew au niveau européen.
02:24 A gauche aussi, le Slovaque Robert Fitzow, qui a été victime récemment d'un attentat
02:30 avec son parti, le SMER, membre du groupe social-démocrate européen, a engagé depuis
02:36 2006 des accords avec un parti d'extrême droite raciste, extrêmement violent, le SNS.
02:42 Le SMER a été depuis suspendu du parti socialiste européen.
02:48 En Grèce, Syriza, qui a été membre du groupe mélenchoniste au niveau européen, s'est
02:54 associé à un parti de droite eurosceptique et souverainiste, les Grecs indépendants.
02:59 En Roumanie, même chose à gauche avec le parti social-démocrate.
03:02 Bref, la récente coalition néerlandaise a été critiquée au motif qu'elle associait
03:08 les libéraux de Renew Europe à l'extrême droite.
03:11 Mais ces dernières années, les alliances de ce type se multiplient partout en Europe.
03:15 La poussée du populisme et de l'extrême droite est telle que les partis de droite
03:19 comme de gauche en dépendent de plus en plus s'ils veulent gouverner.
03:23 (Dominique Régnier, merci)