Une nouvelle manière d’investir dans l’art est proposée par l’entreprise Artex, une bourse d’échange d’actions d’œuvres d’art réglementée et supervisée par l’Autorité des marchés financiers du Liechtenstein. Trois études pour un portrait de Georges Dyer de Francis Bacon est la première œuvre à faire partie de l’échange.
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00:00 Yassir Benjaïloun Twimi est cofondateur et directeur général d'Artex.
00:08 Il est notre invité pour nous détailler cette nouvelle manière d'investir dans l'art
00:12 à travers une bourse d'échange d'action d'œuvres d'art réglementée et supervisée
00:17 par l'autorité des marchés financiers du Lichtenstein.
00:20 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:22 Merci à vous.
00:23 Est-ce que vous pouvez tout simplement d'abord nous expliquer comment une telle opération
00:28 est possible, comment ça s'est fait de créer une bourse d'échange d'action d'œuvres
00:33 d'art ?
00:34 On a regardé effectivement comment les gens peuvent investir de manière sûre dans l'art
00:41 et à ce moment-là on s'est rendu compte que historiquement il fallait acheter des
00:44 œuvres d'art très importantes.
00:46 Quand vous regardez les plus riches de ce monde, en moyenne c'est entre 19 et 24% de
00:51 leur richesse qui est investie dans l'art.
00:54 Ils investissent dans des œuvres majeures aussi ce qui permet de préserver leur capital.
00:59 En général ce qu'on a fait jusqu'à maintenant dans les 50 dernières années c'est qu'on
01:03 a utilisé des fonds.
01:04 Donc on investit de l'argent dans un fonds d'investissement, celui-ci est géré par
01:10 un gérant de fonds qui est payé pour ça, qui le garde chez lui jusqu'au moment où
01:14 il peut le revendre quelques années plus tard, en tirer des bénéfices et vous les
01:18 distribuer.
01:19 Et nous on a décidé d'aller complètement dans une autre voie qui n'est pas la même
01:29 qui est celle de créer carrément une bourse.
01:31 Pourquoi créer une bourse ? Parce que d'abord nous arrivons avec une bourse à avoir tout
01:37 le système bancaire qui travaille avec nous parce qu'on lui offre le cadre régulatoire
01:45 qui protège les investisseurs.
01:47 C'est important la protection des investisseurs, la bourse est l'une des choses les plus
01:51 régulées au monde et qui permet au système bancaire de distribuer des actions de manière
01:57 très simple à des investisseurs potentiels.
02:00 Et ensuite le système bancaire permet aussi d'atteindre n'importe qui, n'importe où.
02:06 Et c'est ça la force d'avoir, la difficulté c'était d'avoir une licence du régulateur
02:11 européen, ensuite de convaincre les banques de participer et c'est fait au bout de 4
02:18 ans de travail et de labeur, on a lancé notre première oeuvre au mois de mars, Francis Bacon.
02:23 Trois études pour un portrait de George Dyer.
02:25 Mais alors comment ça se passe ? Parce que du coup c'est vrai que ces oeuvres là ne
02:28 sont pas divisées en mille morceaux.
02:30 Comment ça se passe pour avoir une action d'oeuvre d'art ?
02:34 En fait ce qu'on fait c'est qu'on a une société au Luxembourg, donc à l'intérieur
02:39 de l'espace européen bien sûr, qui va émettre des titres d'une valeur nominale.
02:45 Le lancement pour la Francis Bacon c'est 92 euros, ça tourne toujours autour de 100
02:49 euros, on fait l'équivalent de dollars en euros.
02:52 Et donc on fait un processus d'introduction en bourse comme vous allez le trouver dans
02:58 un Oronext ou Deutsch Börs ou London Stock Exchange, c'est pareil.
03:02 Nous avons des banques qui vont prendre et qui vont nous aider dans le placement de ces
03:07 oeuvres d'art, de ces titres auprès d'investisseurs qui ont un compte, titre dans une banque ou
03:13 dans une institution financière.
03:14 Une société du coup qui va acheter l'oeuvre d'art et qui va ensuite émettre des titres
03:20 pour le compte de la société.
03:21 Voilà, donc elle va financer l'achat de l'oeuvre d'art par l'émission de titres.
03:28 Et par conséquent à la fin de ce processus d'introduction, vous détenez, si l'oeuvre
03:34 vaut 100 millions d'euros, il y a 100 millions de dollars, ça vaut 1 million de titres et
03:38 donc vous détenez un titre, un millionième d'un titre.
03:42 Et là cette oeuvre d'art, elle a été vendue en 2017 chez Christie's, c'est cette société
03:45 justement qu'il a achetée aux enchères ou il y a eu quelqu'un d'autre entre 3 ?
03:48 Non, en fait c'est le propriétaire qui l'a achetée pendant la vente aux enchères, qui
03:54 au lieu de la revendre à travers des maisons de vente aux enchères, a choisi de la vendre
03:59 à travers Artex.
04:00 Donc c'est lui qui avait les fonds au départ, parce qu'elle a été vendue à 50 millions
04:04 d'euros.
04:05 52 millions de dollars.
04:06 C'est ça.
04:07 Et le montant initial c'est 100 dollars, les titres ont été émis il y a 2 mois, comment
04:17 est-ce que le coût a évolué depuis ?
04:18 On a eu d'abord, l'émission s'est faite à 92,2 euros et 20 centimes, il y a eu le
04:29 premier mois, je pense que le titre a pris 6% à peu près et durant le mois d'avril
04:34 il y a eu des prises de profit mais on est toujours autour de 94, 95 aujourd'hui, au-dessus
04:40 du... on est à plus de 3% depuis le lancement, on est monté jusqu'à plus de 6%, donc il
04:46 y a eu une prise de bénéfice qui est assez naturelle, qui suivent toujours les IPO et
04:51 je pense que voilà, aujourd'hui on traite autour de 94, 95 euros.
04:56 Et ça n'importe quel individu individuel peut acheter ?
04:59 Vous avez, il y a deux niveaux, en fait vous devez passer par une institution financière,
05:06 nous ne sommes pas une plateforme où vous pouvez aller vous loguer et acheter, parce
05:09 qu'on est une bourse et donc une bourse ne peut traiter qu'avec des intermédiaires
05:13 financiers réguliers, qui eux aussi doivent évaluer si vous pouvez investir, c'est ça
05:17 le niveau de protection qu'on offre et donc si vous avez votre compte à BNP Paribas,
05:23 crédit agricole, etc. s'ils font partie ou ils sont liés à notre bourse, vous pouvez
05:27 juste faire passer un ordre et s'exécuter comme si vous achetiez n'importe quelle autre
05:31 action en France, le BMA, le BMAH, whatever.
05:35 Et là il n'y a pas de temps, il n'y a pas de limite au temps, donc cette oeuvre d'art
05:39 elle reste sur cette bourse, il n'y a pas de... on ne termine pas la procédure ?
05:45 Non, c'est une oeuvre d'art qui va traiter, c'est un produit assez particulier parce que
05:51 le vrai comparable, on peut le comparer parfaitement à l'or.
05:54 L'or n'a pas de revenu, l'or arrive à combattre l'inflation à cause de sa rareté, donc
06:00 on est dans la même configuration.
06:02 C'est-à-dire que sur le long terme, investir dans l'art et dans de l'art de très haut
06:06 des trophées comme ce qu'on fait aujourd'hui, va forcément avoir des retombs plus importants
06:11 que garder de l'argent ou investir sur des rendements très bas.
06:15 Maintenant les variations intermédiaires pour arriver au long terme peuvent, le marché
06:20 peut monter, il peut descendre, nous sommes un marché comme un autre.
06:23 Avec tous les risques qu'il y a derrière ?
06:24 Bien sûr, avec tous les risques qu'il y a derrière.
06:26 Vous investissez dans un titre, aujourd'hui on a l'avantage d'être dans un marché qui
06:30 vient de commencer.
06:31 Dans la première oeuvre d'art, nous avons eu une omniprésence de la Suisse et de l'Angleterre,
06:39 surtout la Suisse qui a beaucoup et qui apprécie énormément, donc je dirais 70% de nos acheteurs
06:47 sont en Suisse.
06:48 Le marché français a un potentiel énorme pour nous, il prend un petit peu plus de
06:52 temps mais il est très naturel, on est en France, c'est l'art, donc forcément c'est
06:58 juste une question de temps pour nous.
07:00 Nous travaillons avec beaucoup d'intermédiaires bancaires et financiers français mais aujourd'hui
07:06 pour les prochains j'espère qu'on aura une participation en France beaucoup plus importante.
07:09 Et où est située l'oeuvre aujourd'hui ?
07:12 Aujourd'hui elle est à Genève, donc il y a un endroit où la plupart, beaucoup de
07:18 gens gardent les oeuvres parce qu'elle doit être préservée dans des conditions idéales,
07:23 elle doit être protégée, donc elle est au Franc-Port de Genève avant de choisir sa
07:32 destination vers un musée, l'un des musées européens.
07:36 C'est parce qu'on va pouvoir aller la voir après ?
07:38 Bien sûr, c'est notre vocation, c'est que toutes les oeuvres qui sont traitées à l'intérieur
07:44 d'Artex doivent aller, leur vocation c'est d'aller dans des musées au début l'Europe
07:50 et ensuite le monde entier si on peut.
07:52 Est-ce qu'idéalement vous allez faire ce genre d'opérations de manière très régulière,
07:57 vous vous êtes fixé une fréquence ?
07:59 On s'est fixé par exemple pour cette année, on veut faire entre 6 introductions à 8,
08:05 à l'année prochaine probablement une vingtaine et ensuite nous on va vouloir en faire toutes
08:11 les semaines si possible.
08:12 Donc c'est une cadence assez soutenue à partir du moment où ce mode de vente et d'achat
08:17 et de propriété d'oeuvres d'art devient un peu plus connu, un peu plus normal et développé,
08:27 il n'y a aucune raison de… et notre vocation c'est d'abord assez rapidement construire
08:31 un indice et ramener au moins les 30, 40 artistes les plus importants de notre histoire.
08:36 Merci beaucoup Yassir Belgenoun-Touimi, je rappelle que vous êtes cofondateur et directeur
08:40 général d'Artex, merci d'avoir été avec nous et quant à nous on se retrouve la semaine
08:45 prochaine pour un nouveau numéro d'Art et Marché.
08:47 Merci infiniment à vous.
08:48 Merci.
08:49 Merci.
08:50 Merci.
08:51 Merci.
08:52 Merci.
08:53 Merci.
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