• l’année dernière
Si le covid n’a pas eu un impact fort sur la valorisation des œuvres d’art, l’inflation et les évènements géopolitiques se font de plus en plus ressentir sur le marché. Les collectionneurs ont ainsi tendance à investir dans des œuvres peu risquées, déjà adoubées par les institutions notamment.

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00:00 [Musique]
00:04 Les trois dernières années ont été marquées par différentes crises,
00:07 crise sanitaire, crise géopolitique, crise économique.
00:10 Comment gérer sa collection d'œuvres d'art face à ces événements ?
00:14 Nous allons poser la question à Delphine Brochand,
00:16 qui est conseillère en gestion privée de patrimoine artistique
00:19 chez Fine Art Consulting. Merci beaucoup d'être avec nous.
00:22 Bonjour.
00:23 Alors, première question, est-ce que, déjà,
00:26 les derniers événements des dernières années,
00:29 je pense au Covid, à l'inflation, les événements géopolitiques,
00:34 les différentes guerres que nous avons vécues,
00:36 est-ce que ça, ça a des impacts directs sur la valorisation d'une œuvre d'art ?
00:41 Alors, j'ai envie de dire, on va répondre par rapport à la globalité du marché.
00:44 Par rapport à la globalité du marché,
00:46 il est certain que le marché continue de démontrer sa résilience.
00:50 Il y a aussi une autre chose très intéressante à voir,
00:53 c'est la capacité de rebond du marché sur des timings,
00:57 aujourd'hui, qui sont de plus en plus étroits.
00:59 Alors, oui, si on regarde les dernières ventes qu'il y a eu à New York,
01:03 oui, il y a eu quelques baisses de prix,
01:05 il y a des prix qui ont été moins poussés que d'habitude,
01:09 mais je vais vous donner un exemple marquant.
01:11 Quelques jours après les événements qu'il y a eu d'Israël,
01:14 il y a eu une vente aux enchères de la collection Rothschild,
01:16 le 11 octobre dernier, l'estimation était autour de 20 à 30 millions d'euros,
01:20 et la collection s'est vendue à 60 millions.
01:25 Donc, oui, il y a quelques prix qui sont moins poussés,
01:28 mais ça concerne davantage des artistes,
01:31 avec des prix particulièrement spéculatifs,
01:34 donc je dirais qu'il y a plutôt un réajustement de marché,
01:37 plutôt qu'une baisse, donc ça reste très confiant.
01:40 Donc, par exemple, les oeuvres d'art qui sont exceptionnelles,
01:43 elles trouveront toujours preneur de la revanche,
01:45 peut-être que le milieu de marché, lui, va un peu plus se stabiliser,
01:48 ou va subir plus de conséquences.
01:51 Est-ce qu'on peut dire ça comme ça ou pas ?
01:53 Vraiment, non, je parterais davantage des prix qui sont davantage poussés,
01:57 qui sont spéculés, qui sont trop marquétés,
02:00 avec des artistes qui ne représentent peut-être pas un véritable intérêt
02:03 au sein de l'histoire de l'art,
02:06 et dans ce cas-là, les clients ont besoin de se sentir plus sécurisés,
02:09 et vont peut-être davantage se concentrer vers des artistes plus institutionnels.
02:13 Et mise à part sur la valeur de l'oeuvre,
02:16 est-ce que ce genre d'événement peut avoir un impact sur autre chose
02:20 qui peut, du coup, concerner les actifs artistiques ?
02:23 C'est-à-dire ?
02:26 Par exemple, je dis, peut-être en termes d'assurance,
02:29 en termes de gestion des actifs,
02:32 est-ce qu'il va falloir faire attention à différents critères,
02:35 autres que la valorisation de l'oeuvre ?
02:38 Pour pouvoir optimiser sa gestion de collection ?
02:41 Que y ait des crises ou qu'il n'y en ait pas,
02:44 de toutes les manières, il y a des critères de sécurité très importants,
02:47 qui sont liés à l'authenticité de l'oeuvre.
02:50 Et aujourd'hui, il faut énormément faire attention,
02:53 être particulièrement vigilant si vous n'avez pas d'experts,
02:56 ou de comités d'experts qui existent, ou qui sont en stand-by.
02:59 Ce qui peut particulièrement inquiéter des acheteurs,
03:02 et remettre en cause des acquisitions
03:05 du fait de l'instabilité de l'authenticité.
03:08 Donc la première chose importante à faire,
03:11 c'est de solidifier ces dossiers,
03:14 et de pouvoir vérifier les provenances des oeuvres,
03:17 quand on a des doutes sur l'authenticité des pièces.
03:20 Ce serait le premier conseil que vous donneriez à vos clients,
03:23 quand il y a une crise extérieure au marché de l'art qui pourrait subvenir ?
03:26 En période de crise, mais en toute période également.
03:29 C'est quelque chose d'extrêmement important,
03:32 de pouvoir solidifier ces dossiers,
03:35 et l'authenticité des oeuvres d'art.
03:38 Ce qui n'est pas suffisamment fait,
03:41 au regard de ce qu'on peut voir.
03:44 Il y a autre chose qui peut provoquer la baisse,
03:47 qui est très importante, ça concerne les scandales du marché de l'art.
03:50 On l'a vu avec le mobilier du 18ème,
03:53 qui était un segment de marché qui malheureusement était déjà fragilisé,
03:56 et qui a reçu un coup très dur,
03:59 quand il y a eu l'affaire des faux à Versailles.
04:02 En termes de conseils en acquisition,
04:05 est-ce que ça va varier,
04:08 quand on est en période de crise ?
04:11 Il va y avoir des priorités qui vont peut-être se déplacer.
04:14 Et ce que je vous disais à l'instant,
04:17 le fait de pouvoir se concentrer davantage
04:20 sur des artistes solides,
04:23 des artistes institutionnels.
04:26 On en a un en ce moment,
04:29 un exemple parlant qui est un immense artiste, Nicolas Dostal,
04:32 pour lequel il y a une exposition jusqu'au mois de janvier,
04:35 au musée d'art moderne.
04:38 C'est intéressant de pouvoir porter son regard
04:41 sur des artistes qui ont une œuvre intemporelle
04:44 qui est immédiatement identifiable.
04:47 Et pouvoir peut-être prendre plus de distance
04:50 avec une fois de plus ces artistes trop spéculatifs,
04:53 mais qui n'ont pas véritablement de fond,
04:56 ou qui n'ont rien de nouveau à apporter
04:59 en termes de langage plastique.
05:02 Et c'est ce qui va faire la différence
05:05 entre un artiste meneur et un artiste suiveur.
05:08 Et les meneurs, bien évidemment, font davantage se valoriser sur le long terme.
05:11 - D'accord, donc n'y aisez plus sur les artistes qu'on connaît,
05:14 qui sont estampillés par des institutions, etc.
05:17 - Mais surtout des artistes qui ont une importance importante
05:20 dans l'histoire de l'art.
05:23 Pour autant, il ne faut pas non plus se désintéresser
05:26 des artistes émergents.
05:29 Par exemple, avec une excellente artiste, Eva Medin,
05:32 sur laquelle des personnes peuvent se faire plaisir,
05:35 avec des petits budgets entre 5 000 et 15 000 euros.
05:38 Une artiste qui a d'ailleurs été repérée par Hermès,
05:41 qui lui a demandé de faire ferser.
05:44 - Pourquoi cette artiste émergente en particulier ?
05:47 - Elle a un univers, déjà, qui est tout à fait spécifique,
05:50 qui est un univers particulièrement innovant,
05:53 avec un art très global, je dirais,
05:56 sur différents types de médiums,
05:59 avec un univers qui est inspiré du fantastique,
06:02 de la science-fiction, avec une qualité d'exécution
06:05 qui est tout à fait remarquable.
06:08 Et en plus de ça, le fait qu'elle ait travaillé
06:11 comme scénographe fait qu'elle apporte une attention
06:14 toute particulière à la façon dont elle met en avant ses œuvres.
06:17 - Pour revenir un peu sur la gestion de sa collection,
06:20 vous nous avez parlé de vérifier la provenance
06:23 de toutes ses œuvres, etc. Est-ce qu'il y a d'autres conseils
06:26 que vous pourriez donner à vos clients ?
06:29 - Tout à fait. Il y a l'authenticité, qui est très importante.
06:32 Il y a aussi les conditions de conservation.
06:35 - Et ça, ce serait propre aux périodes de crise ?
06:38 - En période de crise, pour optimiser la gestion de sa collection,
06:41 je ne pense pas. Je dirais que ce sont des réflexes
06:44 qu'il faut avoir sur le long terme de façon régulière,
06:47 c'est-à-dire de pouvoir suivre le marché de façon régulière,
06:50 d'avoir anticipé les bons timings et les bonnes opportunités
06:53 pour pouvoir réaliser un arbitrage.
06:56 - Et enfin, on va terminer sur cette question.
06:59 Est-ce qu'il y a des tendances de création ?
07:02 Est-ce que la crise extérieure au marché de l'art a un impact
07:05 sur la création et du coup forcément un collectionneur
07:08 doit suivre ce mouvement ?
07:11 - Je dirais qu'il y a des tendances globales,
07:14 mais finalement en période de crise, les tendances restent
07:17 très récentes. On a constaté sur le marché les tendances globales.
07:20 Il y a un grand retour depuis quelques années à la peinture,
07:23 la grande peinture. Les collectionneurs, les amateurs d'art
07:26 recherchent particulièrement la peinture.
07:29 L'art africain contemporain connaît un engouement
07:32 depuis plusieurs années. La place des femmes,
07:35 également, comme artistes, connaissent un engouement...
07:38 - On l'a vu en début d'émission sur le Classement Art Press.
07:41 - Donc un engouement extrêmement très important.
07:44 L'abstraction suscite beaucoup d'intérêt,
07:47 notamment l'abstraction des années 50,
07:50 pour ce qu'on a dit tout à l'heure,
07:53 pour cet aspect intemporel.
07:56 C'est vrai que dans ces périodes de crise,
07:59 les clients qui ont besoin de se rassurer et d'être sécurisés
08:02 vont porter leur regard sur ces artistes,
08:05 ces valeurs sûres, solides. Et au même titre que Nicolas Destal,
08:08 dans le même esprit, avec des artistes parfois plus accessibles
08:11 et de très grande qualité, vous avez Hans Artung
08:14 ou Georges Mathieu comme artistes français.
08:17 Mais c'est vrai aussi que l'art et la culture restent
08:20 des soft powers très puissants et des investissements durables.
08:23 - Merci beaucoup Delphine Brochon.
08:26 Je vous rappelle que vous êtes conseillère en gestion privée
08:29 de patrimoine artistique chez Fine Art Consulting.
08:32 Quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine
08:35 pour un nouveau numéro d'Art et Marché.
08:38 ♪ ♪ ♪
08:41 [Musique]

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