Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il est en ligne avec Philippe Candeloro. Le patineur a donné une interview au Figaro en disant avoir l'impression qu'être hétéro aujourd'hui, c'est une maladie.
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00:00Les confidents de Philippe Candéro, à nos avis du Figaro, j'ai l'impression qu'être hétéro aujourd'hui c'est une maladie.
00:06Partagez-vous cet avis, avez-vous ce sentiment ? L'ancien patineur artistique s'est lâché dans une interview, il va être avec nous en ligne au téléphone mais je vous propose d'écouter ce qu'il a dit au Figaro.
00:15Avec le MeToo, avec le wokisme et tout ça, on n'est plus aussi naturel qu'au départ.
00:20C'est-à-dire ?
00:21Moi en 2006, quand j'ai commencé à Turin, je parlais...
00:26Vous êtes complètement censuré ?
00:28En fait, on ne nous dit pas, tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas faire ci, tu ne peux pas faire ça, c'est juste qu'on s'auto-censure aujourd'hui.
00:34Par peur de dire que chaque mot qu'on va prononcer de notre bouche va être presque une insulte.
00:38Moi je suis hétéro, oui.
00:40Est-ce que c'est une maladie aujourd'hui d'être hétéro ?
00:42J'ai l'impression que oui.
00:43Moi aujourd'hui, on essaie finalement de m'enlever mon ADN, m'enlever ma façon dont j'ai vécu toute ma vie.
00:50C'est-à-dire avec mes blagues potache à la con, oui, j'ai une mère qui est normande,
00:53donc on a été dans les mariages normaux où c'est pouet-pouet, cucu, machin et tout,
00:56et on s'amuse à tourner les serviettes et tout.
00:59Et on voudrait nous faire croire aujourd'hui que tout ce qu'on nous a appris, on doit nous désinnuber de tout ça.
01:05Et ça c'est dur, parce qu'on veut t'enlever tout ça.
01:07Oui, alors si aujourd'hui on ne peut plus dire à une dame,
01:09« Ah, vous êtes magnifique madame », sous prétexte qu'on est en train de lui faire du harcèlement,
01:13il faut lui dire, « Ça va vieille bique ? »
01:15Moi ça me frusque que soi-disant on ait un pays de liberté et que finalement on n'est plus aussi libre que ça.
01:22C'est rigolo remarqué, il est passé par le studio l'autre jour.
01:25Philippe Cornet-Laurent, bonjour !
01:27Bonjour Pascal, ça va ?
01:29Vous ne trouvez pas que vous poussez un peu le bouchon un peu loin ?
01:32Enfin, on peut dire à une femme, aujourd'hui,
01:36« Vous êtes jolie », sans imaginer qu'elle va porter plainte.
01:41Et sans arrière-pensée surtout !
01:44En tout cas, arrière-pensée, sans vouloir la mettre dans son lit en clair.
01:47On peut dire à quelqu'un, « T'es vachement jolie, ça te va bien », etc.
01:50Ça nous arrive quand même, j'espère !
01:52Oui, je suis d'accord avec vous.
01:54Le problème, c'est justement l'arrière-pensée.
01:56Il n'y a que l'intelligence artificielle qui pourra déterminer dans quelques temps
01:59si on a des arrière-pensées ou pas.
02:01Mais c'est quand même une réalité où on a un petit peu peur,
02:05aujourd'hui, de chaque mot qu'on va prononcer.
02:08Effectivement, on ne sait pas comment la personne va le prendre.
02:11Moi je ne dirais pas ça.
02:13Je dirais qu'il y a effectivement, aujourd'hui, qui est mise en place,
02:17une volonté ou une obligation de ne pas offenser,
02:21et notamment de ne pas offenser les damnés de la Terre.
02:25Alors, qui sont les damnés de la Terre ?
02:27Pour faire court, c'est les victimes de l'homme blanc.
02:29Et l'homme blanc, il a été perçu comme colonisateur,
02:33comme capitaliste, comme tout ce que vous voulez.
02:35Alors ça, c'est vrai. C'est-à-dire qu'il y a des blagues que tu ne ferais plus.
02:38Il y a combien de temps ?
02:40Je suis d'accord avec vous, mais il y a des blagues que tu ne ferais plus.
02:42Ça, c'est vrai.
02:43Et puis, ce qui est nouveau, c'est que le second degré est pris comme du premier degré,
02:49et qu'effectivement, beaucoup de gens...
02:52Dans le temps, tu pouvais blaguer sur tout, en fait.
02:55Sur les juifs, sur les belges, sur les homosexuels, sur tout.
02:57Et aujourd'hui, les gens disent, ah oui, mais vous m'offensez.
03:00Alors, effectivement, ça limite l'humour. Ça, c'est vrai.
03:03On ne fait plus de blagues. Je ne dirais pas faire des blagues sur n'importe quel sujet.
03:07Vous avez raison.
03:08Bon, ça, ça a changé. Je suis d'accord.
03:11Alors, on fait comment ?
03:13On a le droit de se moquer, par exemple, des beaufs.
03:16On a le droit de se moquer, effectivement, des gens qui font tourner les serviettes et des ploucs.
03:21Ça, on a le droit.
03:22Mais il y a des choses dont on n'a pas le droit de se moquer.
03:24C'est vrai, c'est vrai.
03:25Pourtant, ça peut les offenser, quand même.
03:27Oui, mais on s'en fiche d'offenser les ploucs.
03:31Après, moi, c'est vrai que je n'ai pas cette relation-là avec les gens.
03:34Je n'ai pas l'impression d'être désobligeant, d'être malsain et d'être malpoli,
03:38puisque les gens, ce n'est pas ce qu'ils me témoignent dans la rue.
03:40Je continue à être celui que je suis, parce que j'ai l'impression que c'est aussi comme ça que je suis né auprès de ma popularité
03:49et que j'essaie de la garder.
03:50Donc, si c'est ça la longévité de ma notoriété, je vais la garder.
03:54Je ne vais pas tout changer.
03:55Mais c'est vrai qu'en télé, aujourd'hui, quand on est dépendant d'une chaîne comme France Télévisions,
03:59parce que là, ils m'embauchent pour commenter le patinage,
04:02quand je viens sur votre antenne ou sur une chaîne de télé, je suis moi.
04:06Donc, en fait, ça ne regarde que moi de m'exprimer de la manière dont j'ai envie.
04:10Et effectivement, là, il n'y a plus personne pour vous protéger.
04:13Mais pourquoi vous dites, j'ai l'impression qu'être hétéro, aujourd'hui, c'est une maladie ?
04:18Je n'ai pas ce sentiment quand même !
04:21Non, mais c'est parce qu'une fois, avec Philippe Vandel,
04:25j'avais raconté mon enfance, parce que quand je faisais du patinage,
04:29effectivement, on me traitait de tapet de tafiole, parce que je faisais du patinage.
04:33Donc, toute ma vie, j'ai un peu souffert de ça.
04:35Et j'avais dit, effectivement, dans les vestiaires, il n'y avait pas de vrai mec.
04:38Et aujourd'hui, quand tu dis que t'es hétéro, t'as l'impression que tu dis quelque chose,
04:42tu offenses les homos.
04:45Non, c'est l'expression que vous venez d'employer, qui peut être offensante.
04:49Si pour vous, un vrai mec, c'est un hétéro,
04:53là, il y a quelque chose d'offensant.
04:55Tu peux être un vrai mec et un homo !
04:57Je suis d'accord, mais il y a 25 ou 30 ans,
05:02il y a 25 ou 30 ans, on était éduqués avec ces éléments de langage.
05:06Aujourd'hui, je dois apprendre avec d'autres éléments de langage,
05:09pour pouvoir m'exprimer et essayer de garder mon naturel,
05:11qui jusque-là était ma marque de fabrique,
05:14et en plus, ma marque d'engagement auprès des télés.
05:17Aujourd'hui, ce n'est pas que je me sens boycotté par les télévisions,
05:21mais c'est vrai que je fais un peu peur, parce que du coup,
05:23on a peur que je lâche une bombe à un moment donné,
05:26parce que j'ai envie d'être naturel.
05:28Oui, mais là, d'abord, vous avez raison,
05:30parce que moi, j'ai été élevé dans les années 70,
05:32et je sais très bien comment on parlait.
05:34C'est toujours intéressant, d'ailleurs, de voir la représentation
05:36de l'homosexualité dans la fiction.
05:39L'homosexuel a été représenté,
05:42c'est Michel Serrault dans La Cage aux Folles.
05:44Voilà, c'était ça la réalité.
05:46On se moquait des homosexuels, ils étaient efféminés.
05:49On avait cette représentation.
05:51Aujourd'hui, pardonnez-moi, mais tu peux être homosexuel
05:54et absolument pas efféminé.
05:56Il n'y a pas de raccord.
05:58Et le vrai mec, tu peux être un homosexuel et un vrai mec,
06:01et personne ne le contestera.
06:03Dans les années 70, c'était différent.
06:05Moi, je trouve que c'est plutôt une bonne chose, au fond, Philippe.
06:08Et je trouve que c'est plus facile d'être homosexuel en 2024
06:11qu'en 1974, il y a 50 ans.
06:14Je vous le rassure.
06:16Non, mais c'est plus facile, parce que t'es pas...
06:19D'abord, tu peux le dire,
06:21le nombre d'enfants qui n'ont pas dû dire à leurs parents
06:23que d'être homosexuel, ça devait quand même pas être simple à vivre.
06:26Moi, je préfère...
06:27Il y a beaucoup de choses, si vous voulez,
06:29que je n'aime pas dans notre époque,
06:31mais il y a des choses, je trouve,
06:33où c'est plus facile de vivre.
06:35Moi, je ne conteste pas ça.
06:37Au contraire, effectivement, il y a des gens qui,
06:39toute leur vie, se sont sentis mal
06:41d'être finalement mariés avec une femme
06:43et qu'au bout de quelques années, ils se sont découverts
06:45que ce n'était pas leur mode de vie,
06:47leur sexualité,
06:49et qu'on changeait de bord.
06:51Au contraire, heureusement que ça existe,
06:53parce que si on vit pour être mal dans sa peau,
06:55ce n'est pas la peine de vivre.
06:57Bon, on va marquer une pause, et puis vous allez pouvoir échanger avec Fabien,
06:59et puis ça nous fait plaisir de vous avoir,
07:01parce qu'effectivement, vous n'avez pas votre langue dans votre poche.
07:03Et puis, ce qui est bien avec Philippe,
07:05c'est qu'il donne une interview au Figaro,
07:07il lui demande de réagir, et il dit oui, monsieur Tessier.
07:09Exactement, ça va vite avec Philippe.
07:11Exactement, il assume.
07:13Il est franc.
07:15C'est le sportif de haut niveau qui veut ça, Pascal.
07:17C'est vrai.
07:19Le sportif de haut niveau, je peux vous en parler,
07:21puisque j'ai des témoignages désormais personnels à vous donner.
07:23C'est vrai qu'ils sont plutôt...
07:25C'est-à-dire ?
07:27C'est-à-dire que... Mais vous savez très bien, arrêtez...
07:29Je pense aux auditeurs, pardon.
07:31Je ne pose plus de questions.
07:33La jeune femme...
07:35Je veux savoir, je ne suis pas au courant.
07:37Non, mais mon amoureuse est une ancienne sportive de haut niveau.
07:39Donc j'ai découvert, d'ailleurs,
07:41des psychologies que je ne connaissais pas aussi intimement.
07:43Forcément, je les voyais...
07:45Vous parlez de performance, Pascal ?
07:47Non, je ne parle pas de performance.
07:49Mais je vois effectivement un caractère,
07:51quelque chose d'entier parfois,
07:53quelque chose de franc,
07:55de direct.
07:57Je voyais ça peut-être différemment quand j'étais journaliste
07:59avec les footballeurs. Et là, je suis confronté
08:01à une réalité. Et c'est intéressant.
08:03C'est des mentalités,
08:05effectivement, qui sont différentes,
08:07peut-être.
08:09Oui, en fait.
08:11Pour être un champion, il faut être entier.
08:13Parce qu'à un moment donné, quand vous êtes sur le terrain,
08:15il faut réfléchir à faire plaisir à Pierre-Paul Jacques
08:17et à vous-même.
08:19Je vous rassure, de temps en temps, elle n'a pas le temps de réfléchir.
08:21Effectivement, sur le terrain.
08:23Mais c'est vrai que...
08:25Vous avez parfaitement raison. Et c'est passionnant, d'ailleurs.
08:27Parce qu'il ne faut pas douter.
08:29Alors que nous, on est plus parfois dans le doute,
08:31dans le questionnement.
08:33Mais c'est pour ça que...
08:35C'est très intéressant, la psychologie d'un sportif
08:37de haut niveau. Il ne faut pas douter, de toute façon.
08:39Il est 11h14.
08:41La pause. Et nous revenons.
08:43Et pour réagir avec Pascal Praud sur Europe 1,
08:45de 11h à 13h, un seul numéro. Celui-ci.
08:47Appelez Pascal Praud au
08:4901 80 20 39 20 FR.
08:51Europe 1.
08:53De 11h à 13h sur Europe 1 et avec
08:55Philippe Candelero en ligne avec nous, Pascal.
08:57Il est avec nous, Philippe Candelero, parce qu'il a donné
08:59une interview au Figaro. J'ai l'impression qu'être
09:01hétéro aujourd'hui, c'est une maladie.
09:03Il a également
09:05dit, on ne nous dit pas.
09:07Tu ne peux pas dire ça.
09:09Tu ne peux pas faire ci. On s'auto-censure.
09:11Pas peur que chaque mot qu'on va prononcer
09:13sera presque une insulte
09:15ou en tout cas perçue comme telle.
09:17On essaie de m'enlever mon ADN, a-t-il dit aussi,
09:19la façon dont j'ai vécu toute ma vie, c'est-à-dire
09:21avec mes blagues potaches à la con, ajoute-t-il.
09:23Et là, on est avec Fabien,
09:25qui est conducteur de car. Bonjour Fabien.
09:27Et vous êtes, je peux le dire,
09:29puisque vous
09:31souhaitez intervenir en tant que
09:33tel, si j'ose dire. Vous avez dit, je suis gay.
09:35Donc, qu'est-ce que
09:37vous souhaitez dire à Philippe Candelero ?
09:39J'ai été surpris par
09:41le terme maladie.
09:43Parce que nous, on nous a accusés d'être
09:45malades pendant des années. Donc, je pense
09:47qu'il ne faut pas utiliser ce mot-là à tort et à travers.
09:49Après, je n'avais pas vu la totalité
09:51de ce qu'il avait dit par rapport à MeToo et compagnie.
09:53Maintenant, je comprends un peu mieux
09:55ce qu'il a voulu dire. Quand il dit qu'il se retient
09:57de dire certaines choses
09:59ou de faire certaines remarques, je peux le comprendre.
10:01Moi, je fais l'inverse. Moi, je dis
10:03tout haut ce que je pense et je pense ce que je dis.
10:05Ça m'a valu pas mal d'ennui, mais
10:07je m'assume. Je suis un peu comme lui.
10:09Personne ne me dira ce que j'ai à dire
10:11ou personne ne me dira ce que j'ai. Je dis
10:13que je suis homo, tout le monde le sait.
10:15Je conduis des cars, j'ai été dirigeant d'une équipe
10:17de rugby. Voilà, tout le monde le sait.
10:19À partir du moment où on est franc
10:21avec les autres et franc avec soi-même,
10:23je pense que tout passe sans aucun problème.
10:25Oui, alors aujourd'hui, parce que dans le temps,
10:27si vous disiez que vous étiez homosexuel
10:29dans les années 70 ou 80,
10:31c'était peut-être plus compliqué, ne serait-ce que d'éclaircer
10:33votre métier. Moi, justement, j'étais
10:35homo dans les années 80 et je pense qu'on était
10:37plus libre dans les années 80 qu'on l'est maintenant.
10:39Ah bon ? C'est intéressant
10:41ce que vous dites. Moi, j'ai pas forcément
10:43cette impression.
10:45Si, au moment où tous les groupes sont sortis
10:47et qu'ils affichaient qu'ils étaient gays,
10:49je pense à Bronskibit, je pense
10:51à des tas de George Michael,
10:53je pense à des tas de groupes comme ça,
10:55Frankie Ghost et Hollywood. Moi, je pense que
10:57la meilleure période pour nous, les gays,
10:59alors, évidemment, Orbil Sida, bien entendu,
11:01qui est arrivé à ce moment-là, mais je pense que
11:03dans les années 80, on était beaucoup plus libre qu'on l'est maintenant.
11:05Vous habitiez où ?
11:07À côté de Montauban,
11:09dans un tout petit village.
11:11Alors oui, j'allais vous dire, j'en suis
11:13étonné parce que
11:15j'avais le sentiment, mais vous
11:17apportez un témoignage contraire
11:19que notamment dans des villages,
11:21notamment dans des villes de province,
11:23c'était plus difficile d'assumer son
11:25homosexualité que
11:27lorsqu'elle était noyée à Paris.
11:29Mais bon, je me
11:31trompe sans doute ?
11:33Peut-être que moi, je suis un peu spécial,
11:35mais peut-être que pour certains, c'est le cas.
11:37Mais moi, je ne le ressens pas comme ça.
11:39En tout cas, les propos de Philippe, ils ne vous ont pas choqué,
11:41ils ne vous ont pas peiné.
11:43Non, mais le terme maladie, si, parce qu'il y a
11:45eu quand même des gens, même encore dans
11:47certains pays, il y a eu des gens qui sont
11:49incarcérés, qu'ont été malades.
11:51Oui, mais ça, vous le prenez au premier degré. Mais vous voyez,
11:53c'est la discussion qu'on avait encore hier.
11:55Philippe Candeloro dit ça
11:57au deuxième degré, et il ne faut pas
11:59prendre cette phrase au premier
12:01degré, c'est toute la difficulté
12:03de l'époque. Oui, non, mais je ne le prends pas moi,
12:05c'est certains, on peut le comprendre comme ça.
12:07Oui, mais j'entends, mais écoutez,
12:09qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Il y aura toujours des gens
12:11qui prennent mal les choses. Cette affaire
12:13de second et premier degré, Philippe Candeloro,
12:15elle est au cœur de nos discussions, tous les jours
12:17on en parle. C'est-à-dire que vous dites une chose
12:19qui est au second degré,
12:21quand vous dites aujourd'hui, j'ai l'impression
12:23que c'est une maladie, et si elle est prise au premier degré,
12:25effectivement, les conséquences
12:27ne sont pas les mêmes, Philippe Candeloro.
12:29Moi, je reviens sur ce que
12:31votre auditeur disait, c'est-à-dire que
12:33moi j'ai l'impression qu'aujourd'hui, quand on est gay,
12:35finalement, on a plus de liberté d'expression,
12:37parce qu'on peut tout dire, on peut continuer à se marrer
12:39sur n'importe quel sujet, parce qu'on
12:41ne vous le reprochera pas. C'est ça où
12:43quand je dis que si on est hétéro et qu'on
12:45dit qu'on aime les femmes, moi quand je fais des
12:47milliers de photos tous les jours, je ne sais plus
12:49quoi faire de mes mains, par exemple, parce qu'avant j'avais
12:51forcément la collate facile, parce que
12:53c'était pour faire une photo un peu sympa
12:55et pas être figé comme si on était au musée Grévin.
12:57Donc, je veux dire, aujourd'hui
12:59c'est vrai que c'est ces choses-là qui nous font peur, parce qu'on
13:01ne sait plus quel mot utiliser, et à chaque fois qu'on va
13:03réfléchir à sortir des mots, on va devenir de plus en plus
13:05maladroit, en fait.
13:07Non, mais je comprends
13:09qu'aujourd'hui, la prise
13:11de parole des personnalités,
13:15ils tournent cette fois leur langue
13:17dans la bouche,
13:19bien sûr. Nous, on est à l'antenne très souvent,
13:21tous ensemble, autour de la table.
13:23On peut faire plaisir à certains et certaines,
13:25de tourner cette fois sa langue dans sa bouche.
13:27C'est entendu, mais
13:29il y a des plaisanteries que je ne ferais pas,
13:31je ne me risquerais pas à faire certaines
13:33plaisanteries, bien sûr.
13:35Une fois, l'invité que vous avez eu, qui avait
13:37justement expliqué, pour rebondir sur ce que
13:39vient de dire Philippe,
13:41quand il est dans la chambre d'hôtel,
13:43le matin, qu'il se fait amener le petit déjeuner
13:45par une femme... C'est Patrick Sébastien qui avait
13:47dit ça. C'est Patrick Sébastien
13:49qui avait dit ça. Voilà, il filme avec son téléphone
13:51parce qu'il a peur de ce qui pourrait lui arriver.
13:53On en est là aujourd'hui.
13:55Alors attention, c'est Patrick Sébastien qui est
13:57une immense vedette
13:59et qui effectivement
14:01a peur peut-être
14:03d'être
14:05non pas instrumentalisé mais
14:07d'être accusé injustement
14:09et qui effectivement racontait
14:11que dans le petit déjeuner,
14:13quand il se le fait servir
14:15dans sa chambre, il filme,
14:17la jeune femme frappe à la porte et il
14:19filme la jeune femme et...
14:21Alors je ne sais pas s'il le faisait d'ailleurs.
14:23Ou pas. Il nous a dit qu'il le faisait.
14:25Bon, j'imagine, c'est pas simple.
14:27Pascal, il aurait dû donner ce conseil
14:29à Strauss-Kahn au Sofitel la dernière fois.
14:31J'entends bien. Mais vous, par exemple, Philippe,
14:33est-ce que vous faites très attention parce que vous êtes une
14:35personnalité, est-ce que vous
14:37faites très attention,
14:39vous êtes peut-être une personnalité sollicitée,
14:41vous avez peut-être des femmes qui vous écrivent
14:43des choses tendres,
14:45des femmes qui vous sollicitent
14:47sexuellement, disons, les choses,
14:49est-ce que vous faites très attention à ça
14:51parce qu'aujourd'hui, vous ne savez pas sur qui
14:53vous tombez ?
14:55Ça a été le cas il y a quelques années,
14:57avant que je sois marié,
14:59justement, c'était la sollicitation qui faisait
15:01peut-être l'envie.
15:03Aujourd'hui, on sait aussi que je suis marié,
15:05j'ai trois filles,
15:07c'est pour ça que mes blagues potages que j'essaye de temps en temps
15:09pour essayer de faire de l'humour, ça passe pas du tout.
15:11Mes filles sont en train de devenir
15:13aussi parfois féministes, donc quelque part,
15:15ça me recadre.
15:17Du coup, j'ai eu
15:19des petites culottes arrivées à la maison,
15:21des trucs comme ça à l'époque.
15:23C'est pas vrai.
15:25Bien sûr, avec des déclarations d'amour,
15:27et puis même des fois, il y en a qui
15:29sonnaient dans ma chambre d'hôtel, alors que j'étais avec ma femme
15:31dans la chambre, et qui disaient, allez, descends, je sais que t'es
15:33avec ta femme, mais descends, on va passer un peu en quart d'heure.
15:35Ben oui, mais...
15:37Mais sérieusement,
15:39des petites culottes, on vous envoyait ?
15:41Ah oui, bah oui,
15:43c'était pas nouveau.
15:45Mais par la poste ?
15:47Bah bien sûr !
15:49J'ai pas encore eu
15:51des petites culottes sur la glace, parce que ça voudrait dire
15:53qu'elles se soient déshabillées peut-être sur l'instant même.
15:55Bon, mais c'est vrai
15:57que vous avez dit une chose très juste, c'est quand on a des filles,
15:59surtout des filles aujourd'hui,
16:01elles sont ados, j'imagine, vos filles ?
16:03Elles ont 24, 22 et 18,
16:05donc je suis en plein dedans.
16:07Donc effectivement,
16:09là elles sont des jeunes filles de leur époque,
16:11j'imagine, et elles disent de temps en temps
16:13« Papa, arrête tes conneries, arrête de dire
16:15des choses comme cela. »
16:17C'est ça, alors moi
16:19c'est pas trop grave, je suis un sportif, mais imaginez
16:21les humoristes aujourd'hui, comment
16:23ils peuvent continuer à faire leur métier,
16:25à essayer de nous faire rire avec, on va dire,
16:27allez, 3500 mots du petit Robert
16:29qui sont bannis aujourd'hui, quelque part.
16:31Donc je m'interroge,
16:33là en plus avec Nelson, on fait une comédie
16:35en ce moment avec
16:37Sa Patina à Tokyo,
16:39où justement on évoque un petit peu ce côté
16:41of the boys, mais d'une manière de comédie.
16:43Alors on n'est pas dans la cage aux folles,
16:45mais quelque part,
16:47on sous-entend des choses, et puis on essaie de se défendre,
16:49et puis à la fin on dit que c'est très bien comme ça,
16:51et puis voilà, aujourd'hui on est dans une nouvelle génération,
16:53il faut accepter la différence
16:55des gens, parce que c'est ce qui fait
16:57aussi ce nouveau monde.
16:59Non, mais c'est intéressant
17:01parce qu'effectivement,
17:03ce sont des questions que
17:05chacun se pose, et notamment le rire.
17:07On a parlé avec Philippe Val
17:09l'autre jour, et nous parlions
17:11du rire, est-ce qu'on peut rire
17:13de tout ou pas ?
17:15Forcément, il y a des aujourd'hui...
17:17En fait, à partir du moment
17:19où on met en place
17:21cette idée qu'il ne faut pas offenser,
17:23forcément ça limite le rire,
17:25puisque par définition, il y a toujours
17:27quelqu'un qui sera offensé
17:29de ce que tu peux dire.
17:31Bien sûr !
17:33Monsieur Olivier Guénac !
17:35Oui, c'est Fabien qui veut intervenir ?
17:37Non, c'était Philippe.
17:39En fait, dans une salle,
17:41quand vous faites, il y a 99% des gens
17:43qui rigolent parce que vous avez dit une connerie.
17:45Peu importe si on a offensé Pierre,
17:47Jacques ou un autre sujet.
17:49En fait, les 99% effacent
17:51peut-être le 1% de gens qu'on a offensés.
17:53Donc en fait, sur le live, je trouve
17:55qu'on peut encore un peu
17:57se permettre de rester qui
17:59nous sommes. Mais comme tout est
18:01filmé aujourd'hui, que donc tout peut être
18:03détaillé et sortir du contexte,
18:05c'est là où justement, après,
18:07tout le monde,
18:09n'importe quelle communauté peut s'emmêler.
18:11C'est là le danger.
18:13C'est pas vraiment sur le live. Moi, si je sentais
18:15qu'on me lançait des tomates ou qu'on m'insultait
18:17à chaque fois que je sortais une connerie, j'aurais forcément
18:19avalé ma langue depuis très longtemps.
18:21Et c'est pas le cas.
18:23Merci Philippe Candeloro.
18:25Merci d'avoir été durant cette première partie
18:27avec nous.
18:29Merci également d'être vous,
18:31parce que c'est assez rare
18:33aujourd'hui d'avoir une parole
18:35aussi franche, et puis aussi sympathique,
18:37et puis aussi plaisante. Je pense que
18:39le paradoxe, c'est que le grand public
18:41est à 99%
18:43avec vous, et c'est effectivement
18:45parfois
18:47les médias qui pensent que
18:49une partie des gens vont être offensés
18:51qui en font des tonnes, ou quelques minorités
18:53actives qui vous empêchent de
18:55pouvoir dire ce que vous pouvez dire.
18:57C'est ça le paradoxe. Parce que le public, c'est ce que vous avez
18:59dit en début d'interview d'ailleurs, les gens dans la rue
19:01ils vous adorent, et c'est vrai aussi
19:03pour des gens comme Patrick Sébastien,
19:05parfois.
19:06Vous avez dit le mot de la fin, c'est la minorité
19:08en fait, qu'on est dirigé par les minorités
19:10aujourd'hui, c'est ça qui est ennuyeux.
19:12C'est ça, vous avez parfaitement raison.
19:13Je trouve que le monde va mal quand on en est là,
19:15parce que finalement, ils peuvent déclencher une guerre
19:17comme ils veulent, s'ils veulent.
19:19Vous avez parfaitement raison, c'est-à-dire que le poids
19:21des minorités actives, et on le voit
19:23par exemple, tous les jours on en parle.
19:25À Sciences Po, il y a 15 000 étudiants
19:27qui veulent bosser, il y en a 100
19:29qui bordélisent,
19:31pour reprendre l'expression
19:33de Gérald Darmanin, qui bordélisent
19:35les amphis, et c'est les 100 qui
19:37prennent le pouvoir. C'est comme ça.