• il y a 8 mois
Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:00 On va parler de la France industrielle et de ces usines qui tournent et qui créent de l'emploi.
00:05 On parle aéronautique, on va à La Rochelle où on prépare l'avion de demain avec Arthur Léopold,
00:10 léger créateur, co-fondateur de Elixir Aircraft.
00:15 Est-ce que c'est rentable encore d'être, j'allais dire, constructeur d'avions indépendant ?
00:20 Alors la réponse simple c'est oui, mais avant de parler de rentabilité,
00:23 on a des grosses étapes dans notre métier, la fabrication d'avions qui sont particulièrement difficiles.
00:28 Il faut d'abord obtenir une certification, on a mis 6 ans,
00:31 et ensuite pouvoir livrer des avions et ensuite on va parler d'industrialisation et de rentabilité.
00:36 Et là vous produisez, ça y est ?
00:38 Ça y est, on a commencé à le produire en 2022, premier exemplaire livré en 2022
00:42 et aujourd'hui on est sur la route de l'industrialisation.
00:44 Combien à terme quand ça marchera bien ?
00:46 Alors l'objectif c'est d'ici 5 ans, un petit peu plus, d'aller jusqu'à 30 avions par mois
00:50 et aujourd'hui on est un petit peu plus qu'un par mois.
00:52 Et là donc vous envisagez d'autres sites de production ?
00:55 Tout à fait, aujourd'hui on a ce qu'on peut qualifier de preuve de concept,
00:58 on a 3 petits sites qui nous permettent de montrer qu'on sait faire tout de A à Z
01:01 et maintenant il faut passer à l'étape supérieure
01:03 et donc on est en train de lancer une usine de 15 000 m².
01:05 Ah oui, usine à La Rochelle, c'est plutôt la plage, la mer en général La Rochelle non ?
01:09 Ah bah oui, oui, tout à fait, c'est un endroit de rêve, la plage, les bateaux, les îles et les avions.
01:15 C'est aussi un super endroit pour accueillir des collaborateurs et des clients.
01:18 Mais pourquoi vous n'êtes pas à Toulouse, c'est le berceau de l'aéronautique non ?
01:21 Ah alors parce que moi j'ai un passé à la fois dans l'aéronautique et dans le notice
01:25 mais j'ai du mal à détacher les deux et d'où ma volonté de rester au bord de la mer
01:29 pour associer ces deux milieux.
01:31 On en parlera justement après de ce parcours.
01:34 Mais cet avion, vous dites, il est vraiment nouveau, révolutionnaire
01:37 parce qu'il a une conception nouvelle, c'est bien ça ? Il ne ressemble à rien d'autre ?
01:41 Tout à fait, alors de l'extérieur il ressemble à un avion, un bel avion, un avion moderne
01:45 mais à l'intérieur, l'aérostructure, le squelette de l'avion il est révolutionnaire
01:48 puisque d'habitude c'est plusieurs milliers de pièces qui sont rassemblées entre elles,
01:52 chez nous c'est quelques centaines de pièces seulement.
01:54 Donc ça fait un avion qui est plus léger, qui dit plus léger dit aussi plus performant
01:58 et donc beaucoup plus respectueux de l'environnement.
02:00 Et je lisais dans le journal du dimanche qu'il n'y a pas de soudure, il n'y a pas de rivets ?
02:06 Tout à fait, donc notre avion il est en fibre de carbone, ce qui nous permet de le faire de manière très légère
02:10 et on utilise cette fibre de carbone de manière innovante,
02:13 ce qui nous permet par exemple de faire une aile complète sans rivets, sans vis, sans collage, sans riftage, sans soudure
02:19 et c'est vraiment une seule aile au lieu de plusieurs milliers de pièces assemblées entre elles.
02:23 Qu'est-ce qu'il faudrait que Boeing fasse alors ? Ça tiendrait peut-être plus le coup non ?
02:26 Alors on ne va pas parler de Boeing mais aujourd'hui on a effectivement un programme de recherche avec Airbus
02:29 pour échanger des bons procédés, notamment celui-là.
02:32 À ce point-là, c'est ça, avec Airbus ?
02:34 Tout à fait.
02:34 Ça veut dire qu'à terme les avions seront d'une seule pièce en fin de compte ?
02:37 Alors un Airbus c'est une autre dimension, c'est d'autres problématiques que les nôtres
02:41 mais il y a certaines applications sur les Airbus où ça peut arriver.
02:44 Et alors on peut produire mieux et moins cher ?
02:47 Ça c'est possible parce qu'il y a quand même des concurrents, si on regarde Piper, Cessna et tous les autres.
02:51 Vous venez de citer les deux majors qu'on vise, c'est nos concurrents directs.
02:56 Aujourd'hui, grâce à notre innovation qu'on qualifie de "one shot",
02:59 on est capable de mettre moins de temps à fabriquer un avion avec moins de pièces.
03:02 Donc on peut produire à 100% en France tout en étant très compétitif.
03:06 Et avec des aides de l'État ?
03:07 Tout à fait, alors on a la chance, ou en tout cas on a la difficulté d'être dans un milieu qui est difficile.
03:12 Il faut 10 ans pour arriver sur le marché, donc évidemment sans investisseurs et sans aide de l'État,
03:16 on n'y arrive pas et aujourd'hui on a la chance d'être très soutenu par l'État français.
03:20 Alors ces avions, c'est pour des particuliers, c'est aussi pour s'amuser, c'est du loisir, mais les aéroclubs aussi ?
03:27 Alors effectivement, la cible principale, c'est la formation, la formation de pilote privé,
03:31 mais surtout la formation de futur pilote professionnel, pilote de ligne, pilote dans la défense, etc.
03:37 Aujourd'hui, avec un Elixir, on décarbone de 70% la formation d'un futur pilote professionnel.
03:42 C'est-à-dire qu'il n'y a plus de rejet CO2, c'est ça que vous voulez dire ?
03:47 On en rejette 70% de moins que nos concurrents aujourd'hui sur le marché
03:51 et on travaille à améliorer, aller jusqu'à 90% via des programmes collaboratifs.
03:55 Donc là, c'est aussi une condition parce qu'on a entendu certains hommes politiques dire
04:00 "il faut en finir avec les aéroclubs, ça pollue, c'est un luxe".
04:04 J'imagine que vous réagissez mal.
04:06 L'impact sur la planète des aéroclubs français, il est infinitésimal.
04:11 Néanmoins, ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas s'améliorer.
04:14 Et aujourd'hui, avec un Elixir, on peut diviser par pas loin de 3, voire 4, la consommation ou l'émission.
04:20 Donc il ne faut pas se priver, surtout qu'on prépare la génération suivante d'ores et déjà.
04:24 Elixir, c'est un nom curieux, ça fait un peu médicament, non ?
04:27 Ah, ça fait surtout exception.
04:31 On voulait un nom déjà qui soit compréhensible dans toutes les langues.
04:33 Et ça, c'est réussi, puisque vous allez en Asie, en Amérique, en Afrique, on comprend ce mot.
04:38 Et c'est un mot qui véhicule des valeurs de qualité, d'exception.
04:42 Et on est particulièrement fiers de ce nom.
04:44 Donc Elixir, c'est pour une sorte de cure de jouvence, c'est ça aussi un peu ?
04:48 C'est exactement ça, une cure de jouvence.
04:50 Aujourd'hui, il y a 200 000 avions légers dans le monde, 200 000 avions à rajeunir,
04:55 puisque leur moyenne d'âge, c'est 50 ans.
04:56 Donc un gros marché, de la mer à l'avion, si je comprends bien,
04:59 parce que vous étiez marin avant, c'est ça, et vous êtes monté dans les airs.
05:01 Alors j'ai eu la chance de faire les deux depuis mon plus jeune âge.
05:04 Et c'est vrai que la technologie qu'on utilise aujourd'hui dans l'aéronautique,
05:07 on est les premiers à l'amener dans l'aéronautique,
05:09 c'est une technologie qui est utilisée dans la course au large depuis plusieurs décennies,
05:13 qui est un milieu qui est assez dérégularisé, où il y a assez peu de normes.
05:17 Mais par contre, on accepte de prendre des risques et on innove en permanence.
05:20 Ce qui veut dire que quand vous étiez skipper, vous avez pris des idées sur les bateaux
05:22 pour un jour faire un avion un peu semblable finalement, sauf qu'ils volent.
05:25 C'est exactement ça.
05:27 Et aujourd'hui, il n'y a pas un bateau qui fait le Vendée Globe sans un mât en one shot,
05:30 sans une dérive, un foil en one shot.
05:33 Et nous, on a transféré ça dans notre industrie.
05:35 Et les Suisses veulent faire des bateaux volants.
05:37 J'ai vu, il y a une société qui s'appelle Mobile Fly qui prévoit des bateaux volants sur le lac Léman.
05:42 Est-ce que vous y croyez ?
05:43 Clairement, aujourd'hui, on a déjà des bateaux qui volent.
05:45 Alors aujourd'hui, c'est plutôt des bateaux de très haute performance.
05:48 Mais avec du travail, il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas répandre ces technologies.
05:52 Le bateau volant, en quelque sorte, c'est un avion.
05:55 Merci beaucoup Arthur Léopold-Léger.
05:58 Donc bonne chance pour cette industrie.
06:00 On espère que ça restera longtemps en France, parce que le but, c'est de réindustrialiser le pays.
06:04 Vous y croyez à la réindustrialisation ?
06:06 À nous, clairement.
06:07 Et 100% des pièces qui sont faites sur mesure pour notre avion sont faites en France.
06:10 D'accord, donc c'est tendance. Merci.
06:13 [Musique]
06:17 Merci.

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