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MusiqueTranscription
00:00 - Bonjour Henri Dass. - Bonjour Madame.
00:02 - Vous êtes cet auteur, compositeur, interprète francophone,
00:06 ami de plusieurs générations d'enfants devenus adultes et toujours aussi fan malgré le temps qui passe.
00:11 Votre répertoire pour enfants n'a effectivement pas pris une ride, même si les réseaux sociaux ne figurent pas dans vos textes.
00:16 C'est Salvatore Adamo qui vous a repéré de passage en Suisse, qui vous a donné envie de venir à Paris
00:21 et de vous essayer d'ailleurs d'affronter les terrasses de café, les petits cabarets de la Rêve Gauche.
00:26 Avant de représenter la Suisse au concours de l'Eurovision de la chanson, c'était en 70,
00:29 vous êtes arrivé d'ailleurs quatrième.
00:31 Au départ, il y a eu des disques pour les adultes, ensuite des disques pour les enfants,
00:36 et là vous êtes de retour avec des disques pour les adultes,
00:38 avec cette mini-collection que vous avez mise en place autrement.
00:42 Là c'est le troisième volet, ça s'appelle "En avant toutes".
00:45 Vous revenez finalement à vos premières amours.
00:47 - Oui, enfin les premiers amours c'était un petit peu une obligation.
00:50 Je ne savais même pas qu'à ce moment-là que j'allais pouvoir faire une chanson pour enfants.
00:54 Et puis un jour j'ai eu un fils, et ce fils quand il avait 5 ans,
00:58 je lui ai écrit une chanson parce que sa petite sœur est arrivée au monde.
01:02 Et j'ai fait une chanson qui s'appelle "Ma petite sœur est jolie".
01:05 Et il chantait tout le temps avec moi, et j'ai voulu garder un souvenir de sa voix.
01:10 Mais c'est mes amis qui m'ont dit "Écoute Henri, il y a quelque chose dans ces chansons, vas-y continue".
01:16 - C'est Salvatore Adamo qui vous repère en premier.
01:18 Et en même temps, ça vous donne envie de venir à Paris, de vous essayer aux terrasses de café.
01:23 C'est sans doute le public le plus difficile.
01:25 - Oui c'est ça, j'avais deux ou trois copains ici à Paris,
01:30 et je lui ai dit "Je fais quoi avec ma guitare ?"
01:33 "Tu vas à la Contrescarpe, il y a un bistrot qui s'appelle la Contrescarpe.
01:38 Tu restes devant le bistrot, comme ça, sur la place avec ta guitare."
01:42 Et là il y a des artistes qui passent, tous les 20 minutes il y a un artiste qui passe.
01:47 Et ces artistes faisaient un tournus dans tous les cabarets de Paris.
01:51 Alors il y en a évidemment qui avaient du retard,
01:53 et il me dit "Tu verras, si jamais le patron est embêté parce qu'il y a un artiste qui a pris un peu de retard,
01:58 il va t'appeler parce que tu as une guitare."
02:00 C'est ce que j'ai fait, et je suis monté sur scène et j'ai chanté des deux, trois trucs,
02:04 et puis il m'a dit "Bon d'accord", et j'ai fait quelques semaines à la Contrescarpe.
02:09 - Cet album, il démarre avec le titre "Passe le temps".
02:12 Quel est votre regard sur le temps qui passe alors, Henri Nès ?
02:16 - Je peux en parler, je peux en parler parce que je pense que tout le monde ne sait pas,
02:20 mais je suis mort une première fois, et je ne suis pas mort,
02:23 donc en fait j'ai pu vivre ma mort, d'ailleurs sans me rendre compte.
02:28 Je n'ai pas vu de petite lumière, de rien du tout.
02:31 C'était quoi la question ? "Vite passez le temps" ? Oui c'est ça, évidemment.
02:35 On s'aperçoit que le temps passe rapidement.
02:39 Quand j'ai donné ce disque à ma fille, elle a pleuré sur cette chanson
02:44 parce que tout d'un coup elle s'aperçoit que le temps passe,
02:46 elle arrive bientôt à la cinquantaine, et puis elle voit ses enfants partir de la maison,
02:51 et toute cette vie derrière elle qui est en train de se filocher,
02:55 et ça lui a fait mal, ça lui a fait peur un peu.
02:58 - Je voudrais que vous me parliez de la chanson "L'adieu".
03:00 - Écoutez, mon épouse m'a quitté il y a maintenant six ans,
03:04 et quand elle m'a quitté, évidemment c'était une grande douleur.
03:08 On a vécu 55 ans ensemble, c'est elle qui m'a accompagné à Paris
03:12 quand les moments étaient difficiles.
03:15 Elle a toujours été intelligente dans l'écoute.
03:19 Elle ne m'a jamais dit "non non, ce mot-là, tu ne peux pas le dire, j'aime pas ça".
03:24 Elle écoutait, puis elle ne disait rien.
03:26 Donc avec le fait qu'elle ne dise rien, je comprenais dans ses yeux
03:30 qu'elle avait aimé quelque chose là-dedans, et que je pouvais aller jusqu'au bout.
03:36 Donc elle m'a accompagné depuis tout ce temps-là,
03:39 et quand elle est partie, c'était pour moi une espèce de trou béant terrible.
03:47 J'ai fait cette chanson qui s'appelle "L'adieu",
03:50 qui raconte un petit peu ce qui s'est passé à l'hôpital
03:55 quand on s'est retrouvés, toute la famille,
03:58 on était peut-être une dizaine avec des amis, et puis les conjoints,
04:02 autour de son lit, et on savait qu'elle allait partir,
04:05 elle était au soin palliatif, et on est tous allés l'embrasser.
04:09 C'est un peu ça qui me donnait envie d'écrire cette chanson.
04:11 - Merci beaucoup de nous accompagner, de continuer de nous accompagner.
04:15 - C'est très gentil à vous de m'avoir invité, merci beaucoup.